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Bozar Electronic Arts Festival 2017 : vendredi 29 septembre

Le Bozar Electronic Arts Festival fête déjà sa sixième édition ; et pour être franc, c'est un des meilleurs festivals de musique électronique en Belgique. Le lieu ? Le Bozar (le Palais des Beaux-Arts, pour celles et ceux qui ne connaissent pas Bruxelles). Cet endroit est bien entendu magique et l'organisation, impeccable, mais c'est surtout la programmation qui est intéressante. Elle combine classicisme, expérimentation et avant-garde, sans négliger un côté 'mainstream', voire même 'clubbing'. Pour les aficionados de la musique 'dark' orientée 'wave', comme votre serviteur, il y a toujours quelque chose à se mettre dans le creux de l’oreille. Les années précédentes, l'affiche était rehaussée par la présence, notamment, de Silent Servant, Regis, Andy Stott ou encore Veronica Vasicka. Pour cette édition, c'est surtout la soirée du 29 septembre qui a retenu notre attention, car elle nous réserve des concerts de Black Rain et de Ben Frost.

La soirée commence bien : dans le hall, nous croisons Alison Lewis, mieux connue au sein des milieux 'dark' sous le pseudo de Zanias, une artiste interviewée à plusieurs reprises par votre serviteur. Ancienne chanteuse de la formation légendaire de dark-pop Linea Aspera, elle incarna également la moitié de Keluar. Et elle nous signale qu’elle prêtera sa voix à Black Rain. Une bonne nouvelle !

Black Rain, c'est un des multiples projets imaginés par l'Américain Stuart Argabright, connu grâce à Death Comet Crew et Dominatrix mais surtout à Ike Yard, la formation new-yorkaise pionnière de la 'no wave'. Active depuis les années 80, Black Rain a connu une renaissance en 2012 après la sortie des « Soundtracks 1995-1995 » de William Gibson, publiées sur l’écurie britannique Blackest Ever Black. Inscrit au catalogue de labels tels que Les Disques du Crépuscule et Factory Records, le projet est largement reconnu comme précurseur pour la musique industrielle, proto-techno et post-punk.

Au Bozar, Stuart Argabright est accompagné par Soren Roi, aux synthés modulaires et à la guitare, et Otto Lindholm à la contrebasse. Argabright se consacre au laptop, au synthé et à la basse. Dans le ‘Studio’, le petit amphithéâtre du Bozar, plein à craquer, la formation déroule sa musique dark ambient teintée de rythmiques technoïdes. Les compos sont assez bruitistes, atonales et sombres. La setlist se focalise sur « Black Pool », le dernier opus en date du projet, publié l'année dernière, mais propose également des nouveaux titres. Ils devraient d’ailleurs figurer sur le prochain disque, dont la sortie est prévue pour la fin de l'année. Dans le dernier tiers de la prestation, Alison Lewis rejoint le trio pour interpréter quatre titres, dont les deux « Profusion (I et II) ». Drapée dans un superbe ensemble noir aux allures de sari, elle fascine et impressionne. Telle une diva gothique, elle alterne mélodies lancinantes et phrasés plus expérimentaux. Par moments, sa voix lorgne sur le chant lyrique de Lisa Gerrard, une des chanteuses, on le sait, qui l'ont le plus marquée dans sa vie. Un set été intense et profond, qui constitue une excellente mise en bouche avant le plat de résistance...

Ce plat de résistance nous est servi par Ben Frost. L'Australien, qui réside en Islande, est un fidèle du festival ;  il a déjà foulé les planches du Bozar en 2012 et 2014. Aujourd'hui, il est clairement devenu une 'superstar' de la musique électronique et c'est en majorité pour lui que le public a investi en masse la grande salle Henri Leboeuf. La musique de fond dispensée avant le concert se résume à un son monotonique régulier, semblable au beep d'un électrocardiogramme. Enervant mais idéal pour créer un manque et susciter le désir avant le déferlement qui va suivre.

Vers 21h40, accusant 10 minutes de retard, l'artiste prend possession de la scène, sous les fumigènes. Arborant une barbe et des cheveux longs, campé derrière une large table placée au centre du podium, sa stature de bûcheron en impose. Le light show est exclusivement composé de lumières d'un bleu électrique rappelant la pochette de « The Centre Cannot Hold », son dernier opus produit par Steve Albini qui, jolie coïncidence, sort ce jour même chez Mute Records.

Si, sur disque, la musique de Ben Frost peut paraître parfois monotone, son incarnation sur scène est, par contre, d'une puissance impressionnante. Les écarts de dynamique sont frappants : on passe des atmosphères les plus 'ambient' aux explosions soniques d'infra-basses et de synthés. On reconnaît la plupart des thèmes du dernier LP, notamment « Ilonia » et « Entropy in Blue », mais les séquences rythmiques et les modules mélodiques sont triturés et torturés en live par un Ben Frost véritablement possédé. Un autre possédé, c'est le fan lourdingue du premier rang qui, en transe depuis le début du concert, va jusqu'à monter sur le podium pour congratuler l'artiste, avant d'être fermement éconduit par un membre de la sécurité.

Les jeux de lumière sont bluffants. Les vidéos projetées sur l'énorme écran, tendu au fond de l’estrade, deviennent progressivement plus précises et représentent des nuages en mouvement ou des mousses qui se gonflent comme un Alien, le tout dans la couleur bleue obsessionnelle qui évoque Klein.

L'univers sonore ressemble à un voyage dans les tréfonds des geysers islandais. Le calme sourd, sombre et profond, avant le surgissement des forces telluriques. On pense à Autechre, The Knife, Empyset, Prurient ou Blank Mass ; mais la signature musicale de l'Australien est foncièrement originale. 

Cette symphonie tirée des abysses de la terre s’achève au bout d’une heure. Et pour ponctuer ce show époustouflant, Ben Frost vient saluer la foule, la main sur le cœur. A revoir au plus vite !

Le programme prévoit encore la prestation de Pantha du Prince et la performance ‘SpaceTime Helix’ proposée par Michela Pelusio et Glenn Vervliet. Mais la soirée a été suffisamment riche. Ce sera pour une autre fois !

(Organisation : Bozar)

Nuits Sonores 2017 : samedi 16 septembre

Après la soirée d'inauguration (voir notre chronique ici), les Nuits Sonores bruxelloises entrent dans le vif du sujet, en proposant deux nuits de musique électronique, ce vendredi et ce samedi, dans le Palais 10 du Heysel.

Pour rappel, 'Les Nuits Sonores', c'est un nouveau festival pluridisciplinaire qui s'inspire grandement de son grand frère lyonnais, actif depuis 14 ans. La Ville de Bruxelles a en effet demandé à l'équipe lyonnaise de développer une version locale de ce festival dans notre capitale, en adaptant le concept français aux lieux et aux artistes locaux.

Si la nuit du vendredi a rencontré un succès mitigé, par contre, celle de samedi a attiré la très grande foule. Le public est déjà nombreux dès l'entame du programme, à 22h, pour écouter DC Salas, la nouvelle coqueluche de l'electro bruxelloise. Il n’a suffi qu’un seul Ep, « Peru », paru en 2010 sur l’éminent label Doctor Vinyl, pour propulser DC Salas au coeur de l’effervescence de la scène électronique noir-jaune-rouge. Le Nicolas Jaar belge est parvenu à réchauffer les esprits (et les articulations) au sein d’un Palais encore transpercé par un air un peu trop glacial pour la saison.

Mais la plupart des jeunes se sont déplacés pour le prodige de l'électro à la française : Rone. Erwan Castes ne paie pourtant pas de mine : chaussé de lunettes et l’air un peu gauche, on dirait un geek. Mais qu'on ne s'y trompe pas : à 36 ans, c'est une véritable superstar. Au Palais 10, en tout cas, son arrivée déclenche une gentille hystérie. Le musicien vient se planter derrière ses machines et derrière lui, en backdrop, on distingue l'énorme reproduction du visuel créé par Michel Gondry, une évocation moderne du Metropolis de Fritz Lang. Le son est puissant : on ressent les infra-basses et les décibels! La setlist fait la part belle à « Mirapolis », le prochain LP, qui doit sortir en octobre prochain. On reconnaît « Brest », dont des extraits sont déjà disponibles sur les plates-formes de streaming. Mais c'est un ancien titre, le fameux « Parade », caractérisé par sa voix incantatoire, qui déclenche bien entendu la folie dans la fosse. Anecdote, le musicien traverse un moment de panique lorsque ses machines stoppent net le temps de deux 'glitches' inopinés : une occasion de regretter une fois de plus l'omniprésence des playbacks et autres séquences préprogrammées dans ces spectacles sensés être 'live'.

Cet incident est bien vite oublié, d'autant qu'un autre hit, « Bye bye macadam », vient mettre tout le monde d'accord. La version en live est étonnante. Pulsants, les synthés sonnent comme des orgues de barbarie. On se croirait au plein milieu d'une fanfare pour un monde moderne. A la fin du spectacle, Rone s'avance vers le public pour le remercier. Et il faut le reconnaître, ce gars incarne véritablement le rêve de tout 'nerd' passionné de musique et d'ordinateurs. Le public, en tout cas, en a eu plein les oreilles et, vous n'y couperez pas, plein les neu-Rones...

Après un (trop long) intermède rempli par la Djette tunisienne Deena Abdelwahed, il est enfin temps d'accueillir le 'boss' : Laurent Garnier. Il est 4h du matin et le hall du Palais 10 est encore rempli aux ¾ de sa capacité. Manifestement, l'artiste aurait dû commencer plus tôt et bénéficier de plus de deux heures dans la programmation. Car il n'est jamais aussi bon que lors de longues chevauchées musicales qui peuvent atteindre 5 heures, voire en mode 'All Night Long'. Qu'importe : ne boudons pas notre plaisir et profitons à 200% d'un set une fois de plus époustouflant d'érudition et d'intelligence. Pas le temps de divaguer dans l'ambient ou le jazz : la tonalité principale se révèle d'emblée techno-electro, tout en intégrant des nuances house et opérant quelques incursions dans l'EBM. Il termine d'ailleurs sa prestation par le remix de Boys Noize du célèbre « Als wär's das letzte Mal » de D.A.F.

Ce qui frappe à nouveau, c'est l'incroyable maîtrise technique du Parisien. On admire sa manière d’isoler un loop, de le faire tourner avant de l'enrichir de rythmes ou de samples, créant ainsi 'on the fly' une partition inédite. Et elle peut perdurer avant que, par miracle, elle ne glisse vers un autre track qui attendait la touche du Maître pour sortir de sa boîte. Bravo, Laurent !

En conclusion, on peut écrire que les Nuits Sonores ont réussi leur pari. Pour une première édition, c'est un succès. Mais, pour la prochaine édition, il serait sans doute judicieux de faire évoluer le concept bruxellois, pour le rapprocher du modèle lyonnais et pas seulement organiser deux nuits et un circuit. Enfin, si la combinaison entre musique électronique, arts visuels et performances constitue un objectif louable, il serait souhaitable qu’elle se réalise au sein de lieux vraiment insolites, intégrés au sein du tissu urbain.

En outre, il ne suffira plus de se contenter d’un petit débat sur l'avenir de l'Europe : il faudra créer en pratique une interaction visant à revitaliser les quartiers. Si elle n'a pas réalisé d'emblée ces objectifs ambitieux, la première édition bruxelloise constitue, en tout cas, un premier pas dans la bonne direction.

(Organisation : Nuits Sonores & Brussels Expo)

 

 

 

Nuits Sonores 2017 : vendredi 15 septembre

Après la soirée d'inauguration (voir notre chronique ici), les Nuits Sonores bruxelloises entrent dans le vif du sujet, en proposant deux nuits de musique électronique, ce vendredi et ce samedi, dans le Palais 10 du Heysel.

Pour rappel, 'Les Nuits Sonores', c'est un nouveau festival pluridisciplinaire qui s'inspire largement de son grand frère lyonnais, actif depuis 14 ans. La Ville de Bruxelles a en effet demandé à l'équipe lyonnaise de développer une version locale de ce festival dans notre capitale, en adaptant le concept français aux lieux et aux artistes locaux.

Le choix du Palais 10 comme salle de concert principale a suscité bien des interrogations. N'était-il pas trop ambitieux, voire téméraire, d'investir un espace aussi vaste (4.330 m2, quand même), et plutôt méconnu du grand public, pour héberger un festival qui effectue son galop d'essai ? Verdict : si la nuit de vendredi a rencontré un succès mitigé, par contre, celle du samedi a rassuré les organisateurs. Faut dire que les fans se sont déplacés en masse, au Parc des Exposition, pour les têtes d’affiche, Laurent Garnier et Rone.

Dans la programmation du vendredi, c'est surtout le DJ set de The Hacker qui a retenu l'attention de votre serviteur. Le musicien grenoblois, Michel Amato de son vrai nom, s'est surtout rendu célèbre grâce à son duo avec Miss Kittin'. Aux Nuits Sonores, il a accordé un set puissant, principalement electro-techno mais agrémenté de touches EBM (Electro Body Music) et Wave du meilleur acabit. Malheureusement, il n’a pas eu le privilège de se produire sur la grande scène mais à l'étage, dans la ‘Ambassador Room’, dont la curatrice n’est autre que notre amie Jane, la patronne des soirées Catclub et BlackOut. L'espace est donc plus intimiste, propice à un contact plus rapproché entre l’artiste et le spectateur. Dans sa playlist, on épinglera surtout l'excellent remix du titre « I Want U » de DJ Hell ainsi que l'extraordinaire rework de « Sato Sato », de D.A.F, par l'Allemand Westbam.

Avant lui, dans cette même salle, Jane a invité Kong, un résident du Catclub, responsable de la branche bruxelloise de 22Tracks et animateur radio à Studio Brussels. Il va dispenser un DJ set house élégant mais sans réelle surprise. Si, une bonne surprise quand même, celle d'entendre le légendaire « How Much Are They ? » de Jah Wobble en milieu de parcours ! Après lui, Haring a suscité davantage de réactions grâce à un live très house, psychédélique, à la limite de la Trance. Le musicien/producteur bruxellois cumule les bonnes références, comme celles empruntées à Max Cooper, Rone, XXYYXX ou Tycho, mais il brise trop souvent l'élan en multipliant les intros et les outros. Etonnant, si la prestation est annoncée ‘live’, elle recèle des titres de Rain and Flashing Lights et Och… En fin de set, il va s’autoriser un nouveau track. Intitulé « Brussels » il souffre de sonorités un peu trop dubstep. Mais si vous souhaitez en connaître davantage sur cet artiste, rien de tel que d’écouter son premier opus, « In Spaces », sorti en mai chez City Tracks.

Le hall principal du Palais 10 accueille Modeselektor. C’est le point d’orgue de la nuit. Malheureusement, la salle est à moitié vide (ou pleine, selon), lorsque Gernot Bronsert et Sebastian Szary grimpent sur l’estrade. En outre, le light show, annoncé comme ‘une scénographie particulièrement soignée destinée à installer un design et des light shows spécifiques dans la salle et pas uniquement sur scène’, se révèle somme toute assez classique. Seul décor distinctif : la double rampe de néons blancs disposée au-dessus de la foule.

La musique de ce duo allemand navigue astucieusement entre électronique, rap, techno et IDM. Actif depuis plus de 20 ans, il a l’art de réussir tout ce qu’il produit, y compris les collaborations. Que ce soit auprès de Siriusmo (Siriusmodeselektor) ou encore d’Apparat (le défunt Moderat). Le set aux Nuits Sonores est impressionnant, glacial, principalement atonal et parfois, carrément expérimental.

Avant cette prestation, on a découvert L'Or du Commun, un groupe de hip-hop bruxellois assez attachant. Primero, Loxley, Swing et Dj Junior Goodfellaz ont réussi à installer une bonne ambiance, grâce à leur humour et leur énergie déconcertante, malgré une salle aux 3/4 vide, en ce début de programme…

(Organisation : Nuits Sonores & Brussels Expo)

 

Nuits Sonores 2017 : jeudi 14 septembre

Les Nuits Sonores bruxelloises, c'est un nouveau festival pluridisciplinaire qui s'inspire grandement de son grand frère lyonnais, actif depuis 14 ans. Suivant une idée d'Henri Simons, le directeur de l'Atomium, la Ville de Bruxelles a demandé à l'équipe lyonnaise de développer un festival dans notre capitale, en adaptant le concept français aux lieux et artistes locaux.

L'idée originale des Nuits Sonores consiste à combiner musique électronique, arts visuels et performances dans des lieux de préférence insolites, tout en créant un débat d'idées et prônant l'interaction urbaine ainsi que la revitalisation des quartiers. Si elle ne réalise pas d'emblée cet objectif ambitieux, la première édition bruxelloise constitue un premier pas dans la bonne direction.

Durant 4 jours et 3 nuits, soit du 14 au 17 septembre, Bruxelles accueille deux nuits de concerts dans le Palais 10 du Heysel, un circuit d'activités organisé en collaboration avec plus de 20 collectifs et salles de la capitale ainsi que diverses conférences-débats.

Aujourd'hui, la journée de lancement est surtout marquée par la soirée d'inauguration au Bozar et par un circuit de concerts qui va squatter cinq lieux emblématiques de la ville. 

Dans l’'event hall' de Bozar, les sonorités subtilement 'dark' du Dj Sofa accueillent les visiteurs. De loin, le track évoque le « Venus in Furs » du Velvet: la soirée commence bien !

Le programme prévoit tout d'abord une partie officielle, consacrée aux discours et allocutions. Derrière le pupitre installé sur l'escalier, Paul Dujardin, directeur de Bozar, Philippe Close, bourgmestre fraîchement nommé et Bianca Debaets, secrétaire d'état à la Région, dressent le contexte politique et culturel du festival. Ensuite, Vincent Cary, directeur, et Pierre-Marie Oullion, programmateur, tous deux chez Arty Farty, l'équipe d'organisation lyonnaise, détaillent le programme et sa philosophie. Malheureusement, les allocutions adoptent un format 'conférence de presse' très (trop) officiel, et surtout pas du tout adapté à un auditoire qui, d'ailleurs, ne se gêne pas pour bavarder, créant ainsi une joyeuse cacophonie.

Le parcours se poursuit dans le 'Studio' de Bozar, où se produit une troupe estonienne, dans le cadre du Bozar Electronic Arts Festival, qui s'étend, lui, du 14 au 30 septembre. L’Estonie, pays pionnier dans le secteur du numérique en Europe, est en quelque sorte 'invitée d'honneur' au Bozar, entre autres par le biais d'expositions d’art vidéo numérique (« L’archéologie de l’écran »). Quant à la performance, elle a été baptisée ‘Demultiplexia’ et consiste en un spectacle multimodal, mêlant musique électronique, danse, théâtre et neurosciences. Le NeuroTheatre Collective y met en scène un danseur et une danseuse portant un casque qui enregistre leurs émotions et les traduit en sons et en images vidéo projetées sur un écran. Quatre spectateurs sont invités à participer à l'expérience, comme 'médiateurs'. L'expérience est intéressante mais manque de contenu et de scénarisation.

Après le Bozar, en route pour le ‘Circuit’ qui relie cinq lieux bruxellois : l'Ancienne Belgique, le Bonnefooi, le Brass, le Fuse et la galerie Horta. D'abord, rapide crochet par la galerie Horta, où les Garages Numériques (GN) organisent la deuxième édition de leur festival. Ils y présentent les cultures digitales sous de nombreuses formes, croisant les styles et les esthétiques dans un large espace d’exposition consacré à la musique, aux performances audiovisuelles et disposant d’une salle de conférences.

Cap ensuite vers l'Ancienne Belgique, et précisément l'AB Club, où Monolithe Noir achève son set. On a déjà eu l'occasion de dire tout le bien qu’on pense de ce projet monté par Antoine, le sympathique disquaire 'Balades Sonores'. Equipé de ses contrôleurs et de ses synthés modulaires, il déroule de superbes séquences tantôt ambient, tantôt industrial techno. La salle est quasi-pleine et réserve un très bon accueil à ce musicien-bidouilleur qui, depuis sa participation au Concours-Circuit, multiplie les concerts en Belgique.

Le temps de boire un verre de vin, de féliciter Antoine et de tailler une bavette en compagnie de deux amies françaises, et le 'Live' suivant embraie. En l’occurrence, celui, très attendu, de Raime. Ce duo londonien réunit Joe Andrews et de Tom Halstead. Ce soir, le tandem est épaulé par une drummeuse, Valentina Magaletti. Raime compte déjà deux albums dans à son actif, tous deux parus chez Blackest Ever Black, une écurie qui porte bien son nom vu qu'elle héberge des projets sombres, très sombres même... Si le premier elpee du duo, « Quarter Turns Over A Living Line », baignait plutôt dans une forme de 'dark ambient', grâce à ses pépites d'une noirceur abyssale, comme « Exist In The Repeat Of Practice », l'opus 'sophomore', comme on dit en anglais, a marqué une rupture assez radicale.

Sur le podium de l'AB Club, c'est, en grande majorité, ce nouvel avatar de Raime que nous découvrons. Oubliées, les compositions lentes, 'drone' et introspectives ; on retrouve bien sûr les infra-basses et les samples qui font la marque de fabrique du projet mais aujourd'hui, ces éléments sont intégrés dans des rythmiques plus rapides, exécutées par des machines et par la batterie en 'live' ; et, cerise sur le gâteau, Tom Hastead joue de la guitare ! L'ensemble débouche sur un univers cross-over, sis quelque part entre Vatican Shadow et... Rage Against The Machine. C'est dark, pulsant, énergique et très vite, le public ondule sous les vagues ensorcelantes de « Tooth ». Un set impressionnant, qui donne méchamment envie de (re)découvrir cet album étonnant.

Direction Fuse, pour assister au DJ set de Red Axes. Cependant, l’entrée est refusée à votre serviteur, suite à une erreur. Son nom ne figure pas sur la 'Press List'. Il ne lui reste plus qu’à rejoindre ses pénates afin de se ménager pour vivre les deux nuits prochaines, programmées au sein du Palais 10 au Heysel. Elles sont hautement prometteuses puisqu'on pourra y voir et écouter, entre autres, Modeselektor, The Hacker, Haring, Rone et Laurent Garnier... A suivre !

(Organisation : Nuits Sonores, Bozar, Brussels Expo, Be Culture ainsi qu’une vingtaine de salles et collectifs bruxellois).

Solidarités 2017 : dimanche 27 août

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Cette cinquième édition des Solidarités confirme l’ampleur prise par ces Fêtes au sein du paysage des festivals. Record d’affluence, affiche de plus en plus attrayante, site agrandi… Une fois de plus, la Citadelle de Namur affichait toute sa splendeur afin de satisfaire tous les goûts et toutes les saveurs. Théâtre, conférences, animations pour enfants et bien sûr musique. Retour sur quelques concerts d’un festival qui pourraient marquer un tournant dans son existence…

Le dimanche commence par une injonction qui invite à flemmarder : Va à la plage ! Le quatuor mené par Julien Coene donne le ton d’une journée plutôt bien entamée. Des paroles pas forcément du plus grand raffinement, mais dans ce Maquis, sous le soleil, face à un parterre encore un peu clairsemé, la musicalité du groupe fonctionne bien. Il laisse flotter un air festif en montrant « Le chemin » qu’il faut emprunter pour une bonne journée de festival. Il est léger, judicieusement programmé en ce début d’après-midi, comme le concert d’un apéro qui se prolonge. Un bon petit moment simple de dimanche.

La suite pourrait presque déjà être qualifiée de dernière ligne droite pour ces Solidarités 2017. Quatre concerts dans des styles différents vont libérer toute la puissance de ce festival. En commençant par l’excellent Saule. Baptiste Lalieu avait déjà été une des très bonnes surprises, lors de l’édition 2015, en compagnie de son groupe Gonzo. Il va confirmer son talent de showman et de musicien. Libérant une pure énergie procurée par le contact auprès du public, Saule livre une prestation convaincante. Et c’est dans la simplicité que le chanteur belge puise sa force. Il suffit de voir son look : un jean, un t-shirt. Un costume de scène on ne peut plus quelconque. Mais pas besoin de fioritures. Saule envoie du lourd et séduit vraiment la foule. Le public reprend en chœur des chansons qu’il ne connaît pas forcément. Mais « Comme » les refrains se prêtent bien à ce genre d’exercices… Ce ‘Dusty man’ n’est pas en permanence très attendu mais se révèle toujours bien présent. La classe musicale n’est ni dans le costume, ni une tentative de démonstration vocale brute de décoffrage. Elle est parfois du côté d’un gars qui vient sur les planches pour s’éclater avec UN public, même pas forcément le sien. De toute façon, il a tellement de moments à partager et un telle envie de les transmettre, qu’ils finiront par passer…

Il y a deux ans, Cali boutait le feu à l’Esplanade ! Renvoyé sur la scène du Maquis, cette année, il revenait pour faire encore plus de « Choses défendues ». Envolé le petit décor intimiste de sa ‘chambre’ dans lequel il a effectué sa dernière tournée qui vient à peine de se terminer. Retour en compagnie de son groupe pour ce dingue de scène qui a, une nouvelle fois, transformé son concert en un des moments les plus forts de ce festival. Artiste ultra dévoué à son public, le ‘live’ est son oxygène ; et les applaudissements ainsi que les cris du public lui communiquent davantage d’énergie que ne peut contenir un seul homme. Sa folie fait trembler d’excitation la fosse… Impressionnant reste le mot qui vient en premier pour évoquer cet extraordinaire show que Bruno Caliciuri lui a de nouveau réservé. Dès les premiers pas, dès son apparition sur l’estrade, tout change. La Citadelle semble avoir été érigée pour ce conquérant pacifiste des foules. Il n’existe pas d’autre histoire qui compte que celle mise en place en compagnie de cette populace unie, ralliée à la cause de ce grand seigneur qu’il est. Et si pour les purs fans d’un artiste, les festivals ne permettent pas d’atteindre la qualité des concerts en salle, cette règle semble ne pas s’appliquer à Cali qui est d’une régularité étincelante. Il est venu pour tous, amateurs de son art ou pas. Mais s’il est capable de faire hurler au délire les aficionados, il montre aussi pourquoi il est indiscutable quand il s’agit de solidarité. Au beau milieu de ce concert, il rappelle aussi pourquoi cette valeur est si importante en demandant, et en obtenant, un silence complet afin de rendre hommage aux victimes de l’attentat perpétré à Barcelone. Mais quoiqu’il en soit, quand il affirme, chaque fois, répondant à la question « C’est quand le bonheur? », que le bonheur ‘C’est ce soir !’, il dit vrai. Une heure de pur et intense euphorie qui touche, émeut, rend dingue, gonfle la réserve d’énergie… Un regret ? Le temps trop court de son set qui ne permet pas de découvrir les facettes les plus tendres du Perpignanais, parce que cet « Amour parfait », qui ravissait lorsqu’il se produisait seul sur les planches, n’aurait pas dû prendre fin si vite. Parce qu’avec lui, c’est « La vie quoi ! ». Si ce n’est déjà fait, cet artiste est à découvrir en ‘live’ de toute urgence.

Tryo clôt la salve de spectacles sur l’estrade du Maquis, pour cette édition 2017. Cette formation colle aussi à notre quotidien, parce qu’elle s’inquiète des problèmes rencontrés par notre société. Ses qualités musicales durables et son engagement justifient donc amplement sa présence aux Solidarités. Et là aussi, l’expérience des festivals transparaît clairement. Pas de vrai code de conduite si ce n’est celui de prendre du plaisir, quitte à se charrier pendant les chansons, et d’en donner. Ils vont largement réussir à faire « Souffler » leur « Vent debout » sur le public namurois. Les générations s’y croisent, se laissent porter par ce souffle, que ce soit en étant « Désolé pour hier soir » depuis 14 ans ou en chantant l’hommage à « Watson ». Les musicos prouvent que la diversité est tellement belle. Il suffit de voir au sein même du groupe français comment les styles et les qualités varient et apportent de la richesse à l’ensemble. Alors oui, dit ainsi, on frôle le discours de Miss Monde ; ce qui n’empêche pas cet aspect rassembleur et unificateur d’être leur marque de fabrique. Par exemple, Danielito, le seul à ne pas chanter, ferait danser les plus réfractaires tant il est excellent aux percussions, quels que soient les instruments. Comme quoi il ne faut pas forcément faire du rock pour envoyer du lourd. Tryo arrivera par son talent à maintenir l’ambiance folle installée par Cali. Finalement, heureusement qu’une heure séparait les deux concerts pour recharger les batteries, reposer les mains, récupérer les voix. Et en parlant du chanteur qui a atteint « L'âge d’or », depuis son opus précédent, Mali va prendre plaisir à raconter un petit bout d’histoire supplémentaire au beau milieu du célèbre tube « Désolé pour hier soir » : ‘Et là, cette fille, elle m'a dit, je crois que je ne t’aime plus’. C’est comme s’il avait prononcé une formule magique. Réagissant au quart de tour, le public se remet à chanter comme s’il était remonté dans le temps. Tryo invite alors l’auteur original de la chanson pour en interpréter un petit extrait ensemble. Un moment inoubliable qui restera gravé dans l’histoire des Solidarités. Bref, de nouveau un concert énorme dans lequel chaque spectateur semble avoir injecté autant de fougue et d’énergie que les artistes eux-mêmes.

A peine le temps de quitter le Maquis que des ‘Alors regarde’ résonnent sur tout le site, l’affluence en mouvement reprenant déjà en choeur les refrains. C’est effectivement Patrick Bruel qui achève cette cinquième édition des Solidarités. Plus besoin de présenter cette superstar française qui rallie devant la scène de l’Esplanade toutes les générations. 22 ans que le chanteur d’origine algérienne n’a plus foulé les terres namuroises. Et il fait savoir que pour lui, c’est un manque. Il reprend surtout des grands classiques qui l’ont propulsé aux sommets de la chanson française. Si l’émotion est toujours aussi présente, l’énergie semble s’être un peu envolée, comme la jeunesse de l’artiste. Il est vrai qu’à l’approche de ses 60 balais, l’époque des révoltés « Rock, Haine, Roles » ou des nostalgiques « Musique vieille » est loin derrière lui. Il met bien du coeur pour insuffler de l’énergie à son set. Et la communiquer au public. Mais juste après la reprise, le souffle est un peu plus difficile. Il est vrai que cette mini tournée n’était pas prévue et n’a pas laissé à Patrick son temps de préparation physique habituel. Musicalement, l’expérience lui permet de gérer et d’offrir un spectacle de qualité. Un « Casser la voix » bien placé opère toujours son petit effet. « Une place des grands hommes » berce par sa nostalgie heureuse. Mais aussi des « Maux d’enfants » qui touchent. C’était le lot proposé par le grand Patrick. La connexion et la communion entre l’artiste et le public restent toujours très fortes. C’est qu'il ne fait pas que bien chanter, il sait aussi parler. Et après autant de temps sans côtoyer les Namurois, Patrick Bruel avait bien du mal à abandonner la scène belge, pays qu’il affectionne depuis tant d’années.

Un dimanche grandiose qui place la barre très haute pour les futures éditions. On regrettera cependant, la programmation de Puggy comme tête d’affiche, au détriment de Cali ou Tryo. Ce dimanche a été placé sous le signe de l’engagement d’artistes, d’échanges dingues avec le public, de confirmations ‘live’… Les Solidarités ont établi un record d’affluence de manière assez méritée tant l’organisation et l’affiche étaient excellentes. Bien sûr, à l’avenir, il reste encore quelques soucis logistiques à régler ; mais les Solidarités ont vraiment inscrit, en cinq ans, leur nom aux festivals wallons. Bref, une cinquième édition des Solidarités qu’on pourrait qualifier de ‘référence’…

(Organisation : Solidarités)

Solidarités 2017 : samedi 26 août

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Cette cinquième édition des Solidarités confirme l’ampleur prise par ces Fêtes au sein du paysage des festivals. Record d’affluence, affiche de plus en plus attrayante, site agrandi… Une fois de plus, la Citadelle de Namur affichait toute sa splendeur afin de satisfaire tous les goûts et toutes les saveurs. Théâtre, conférences, animations pour enfants et bien sûr musique. Retour sur quelques concerts d’un festival qui pourraient marquer un tournant dans son existence…

On entre directement dans la soirée de samedi puisque c’est par Broken Back que commence ce petit tour d’horizon. Ses débuts, Jérôme Fagnet, les accomplit depuis son lit d’hôpital sur lequel il est cloué, suite à un déplacement vertébral. Afin de mieux supporter sa convalescence et la douleur qui le tenaille, il se plonge dans la musique, et adopte le patronyme Broken Back, pour concrétiser son projet et son histoire qu’il est venu partager aux Solidaires. Si le Breton semble avoir bien compris comment être totalement dans l’air du temps, son univers se révèle très stéréotypé, peuplé de clichés, peu imaginatif et sans grand impact. Il ne parvient jamais vraiment à faire décoller l’ambiance. Il faut dire qu’il ne peut compter ni sur un répertoire original et emballant, ni sur une voix remarquable et encore moins s’appuyer une vraie prestation scénique. Affirmer que ces quelques dizaines de minutes passées auprès de Broken Back étaient désagréables serait cependant fortement exagéré, mais il ne marquera pas de si tôt la scène de son empreinte. Peu de chance que l’Esplanade se souvienne de lui.

Julian Perretta va apporter un peu plus d’énergie et de voix sur les planches du maquis. Les spectateurs sont d’ailleurs un peu plus nombreux devant ce podium. La meilleure arme du Londonien s’appuie sans doute sur un répertoire assez riche de diversité et permet de cacher parfois la carence en qualités scéniques. Ses effets vocaux manquent de naturel et poussent doucement vers l’agacement. Parce qu’il chante davantage pour lui-même que pour le public aussi. On l’écoute un peu sans l’entendre. Le set de Julian est d’honnête facture, sans plus.

La première tête d’affiche de la soirée va donner un coup de fouet à cette première journée des Solidarités. Puggy dévoile un univers, paramètre tellement crucial en live, au sein duquel il entraîne les spectateurs. Une certaine classe émane du trio, et tout particulièrement de Matthew, dont le costume de couleur rouge et noir pourrait servir lors d’une demande en mariage. Finalement, c’est sans doute ce Graal que tout artiste de scène cherche à atteindre. Cette alchimie, cette union sacrée entre les musicos et l’auditoire. Et manifestement, l’envie de donner est bien présente. Le plaisir pris par les compères transparaît clairement et renforce celui de la fosse. Puggy prouve qu’il mérite les espoirs placés en lui. Mais au bout d’une heure, la montre commence à démanger le poignet et à attirer le regard. Le concert semble perdre de la vitesse, tire quelque peu en longueur. Motif ? L’aspect un rien trop ‘bon élève’, trop scolaire du groupe. Le show manque de folie, de surprises. C’est réglé comme du papier à musique. Un peu trop ! Et trahit l’inexpérience de Puggy. Le groupe adopté par le public belge va devoir encore bourlinguer quelques années avant d’atteindre son plein potentiel et se lâcher un peu plus. Mais en attendant ce petit plus, il est encore un peu léger pour figurer en tête d’affiche. D’ailleurs, si on compare ce concert à celui de Louise Attaque, accordé à la même place et à la même heure, l’an dernier, il n’y a pas photo : celui de la bande à Gaëtan Roussel éclatait de son talent les Solidarités.

Première année que la soirée du samedi se prolonge sur les premières heures dominicales. Pour la circonstance, Lost Frequencies est chargé d’une double mission : terminer le samedi en beauté et galvaniser les festivaliers de retour le lendemain. Et si le live DJ n’est pas forcément toujours le plus sexy, dans la discipline, Lost Frequencies tire plutôt son épingle du jeu. Un répertoire assez accessible au tout public. Pas de chichis dans le look. Ce qui ne l’empêche pas ‘d’avoir une gueule’, une prestance derrière les platines… Felix De Laet, de son vrai nom, est clairement investi dans l’animation de sa soirée et partage auprès de son auditoire. Reste que ce genre de prestation ne ravit pas forcément le public familial namurois. Ce qui explique l’heure très tardive de la programmation.

La journée de samedi aura surtout proposé des artistes émergents, dans l’air du temps. Malgré les fortunes diverses, dans l’ensemble, la journée est montée en puissance, même si la puissance live a peut-être été le point un peu plus faible de ce samedi, vécu au sommet de la Citadelle.

(Organisation : Solidarités)

 

Août en Eclat 2017 : samedi 26 août

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Treize années déjà que le Centre culturel de Soignies organise son annuel ‘Août en éclat’. Gratuit et pluridisciplinaire, il se déroule dans le centre historique de la ville.
Cet évènement fédère à lui seul une vingtaine de spectacles. Outre ceux consacrés à la musique, il accueille un village des enfants, un marché du monde et des saveurs ainsi que des animations de rue.
La température est extraordinairement chaude ce samedi. Il est environ 14 heures lorsque votre serviteur foule cette jolie place.
Les badauds déambulent, s’arrêtent songeurs devant les nombreuses échoppes avant de plonger subrepticement sur les rares sièges disponibles aux terrasses des cafés.
Nombreux sont les enfants aussi qui profitent de leurs derniers jours de congés d’été, comme pour prolonger indéfiniment cette sensation de liberté qui les envahit…

Deux scènes sont plantées. Sur la plus grande, se produit From Kissing. Le patronyme est inspiré d’une phrase qui figure dans une chanson de The Cure. Bizarre, l’expression sonore dispensée est très éloignée de celle du légendaire groupe insulaire.

Pourtant, le gars préposé à la gratte n’est pas né de la dernière pluie. Il s’agit de Massimo Panza. Il a notamment milité au sein d’un autre projet baptisé Stevenson, mais dont les ambitions étaient sans doute excessives…

Il est épaulé par Chris Willems (chant), Bastien Preaud (basse, synthé, prog, chœurs) et Timothée Hugé (batterie). Les musicos sont originaires de Mons, Nivelles et Bruxelles. Et c’est en 2013 qu’ils ont eu envie de se lancer dans cette nouvelle aventure…

L’ascension sera rapide. Publié l’année suivante, un premier Ep cinq titres est alors disponible sur différentes plates-formes de streaming, comme iTtunes, Deezer ou Spotify…

Suivi par « Get Up », produit par Anthony Sinatra (Hollywood Porn Star, Piano club) et Vince Lemineur (Suffocating Minds).

La musique du band est rageuse, insolente et dépoussière les clichés du genre. Elle est taillée pour le live ! L’énergie rock transcende véritablement le parterre et laisse préfigurer de beaux pogos entre ami(e)s.

Le singer assure à lui seul le show. Le petit bonhomme (1 mètre cinquante à tout casser), ne ménage pas ses efforts. Biberonné au ‘speed’, il rebondit comme un marsupial, et ne cesse de se mêler au public ; sa seule limite se mesurant à la longueur des câbles du micro. Ce qui débouche sur une ambiance franchement exaltante…

Sur l’estrade traînent trois masques de papier mâché. Il paraît qu’ils ont suivi la tournée du combo pour plus ou moins 70 dates. Chris choisit les spectateurs qui devront s’y coller. A voir la tête des cobayes, ces déguisements ne doivent pas sentir la rose…

Le temps de reprendre ses esprits et J.L.B Riddim embraie. Et dès les premiers accords, le set s’emballe. Trop petit, le podium a dû mal à canaliser la vitalité du quintet. Dont la musique est néanmoins très éclectique ! Si le reggae constitue le fil rouge, le genre ne néglige pas pour autant le ska, les rythmes traditionnels africains ou encore les chants folkloriques…

Mené tambour battant depuis 2008 par Thomas Jakubczyk, le line up du combo a souvent changé, avant de se stabiliser. Le leader s’inspire de séjours accomplis en Belgique et en Afrique de l'Ouest pour écrire ses compos…

C’est sur les planches que talent du jeune homme est davantage perceptible. Les concerts reflètent davantage un environnement et le disque sert de prétexte.

Frénétique, l’énergie libérée est difficilement descriptible. Thomas court, danse, se trémousse tout en posant des textes rageurs qui véhiculent néanmoins des messages de positivisme, de paix et d’amour.

C’est par la reprise déconcertante de « Li ptite gayole » (NDR : hymne wallon par excellence, popularisé par Julos Beaucarne) que Mister Thomas sonne le glas de ce qui restera un grand moment de folie dans l’esprit d’un public amusé et réceptif par autant d’imagination...

Au loin, vrombrit le sound check de Noa Moon. Les fans inconditionnels s’agglutinent en masse contre les ‘crash barrières’.

Elle est flanquée de deux charmantes musiciennes ; à sa droite, une claviériste et à sa gauche, la préposée aux quatre cordes (elle à l’air de s’ennuyer ferme). Elle sont toutes les trois vêtues d’une tenue identique : un haut blanc et un fuseau noir. Le drummer, lui, porte une chemise rayée assez classe.

Le show ne révèlera pas de grandes surprises. Les titres choisis sont essentiellement puisés au sein de son dernier opus, « Azurite », un patchwork de plages douces et sucrées.

Sa prestation lors du festival de Ronquières, bien que d’honnête facture, avait été perturbée par le trac. Elle semble plus à l’aise devant un parterre plus condensé.

Les premières gammes s’échappent. Manon De Carvalho, à l’état-civil, ne manque pas de peps et nous réserve des morceaux aux envolées délicates et sautillantes.

Si ses interventions sont mises à la sauce ‘prout-prout’ (tout le monde, il est beau et gentil), riches et particulièrement et dansantes, les compositions véhiculent de jolis accents électro/folk, presque intimistes, et soulignent une certaine modernité dans le son.

Rive, binôme sexué se prépare.

Formé en 2015, ce duo s’est rapidement illustré en décrochant des prix au dernier Franc’Off de Spa et au Bota, dans le cadre du concours ‘Du F. dans le texte’…

Si l’un et l’autre ont évolué à travers les projets plutôt rock ‘Juke Boxes et Arther’, ils sont aujourd’hui responsables d’une forme d’électro/pop aux réminiscences anglo-saxonnes.

Au centre, la belle Juliette Bossé apporte les nappes de synthé sulfureuses et pince les six cordes tout en assurant les vocaux. Blonde, filiforme, la trentenaire est vêtue classiquement de noir, pour la circonstance.

A sa droite, Kevin Mahé se charge des fûts. Véritable bête de scène, c’est plus qu’un drummer, mais un savant fou à quatre bras.

Coiffé d’une casquette sobre aux couleurs noires et blanches, il frappe ses peaux tantôt à l’aide de baguettes, tantôt de mailloches, lorsque ce n’est pas les deux à la fois, pour y trouver la caisse de résonance parfaite. Des loops intelligemment construits viennent aussi enrichir l’espace sonore.

Son regard bleu et perçant se pose délicatement sur la jeune femme afin de mesurer toute la légèreté des doigts qui ondulent allègrement sur les ivoires.

Le contraste est étonnant. Miss Bossé incarne le côté ouaté et délicat du tandem, en traçant une ligne mélodique sulfureuse épicée d’une pointe de mélancolie. Mister Mahé, entretient l’aspect tribal.

Les textes sont ciselés dans la langue de Voltaire. Le grain de voix éthéré et fragile de la donzelle passe mal sur les frontaux. Les basses dominent et il faut vraiment se concentrer pour saisir l’essence du contenu véhiculé.

C’est vraiment dommage parce qu’il ne s’agit pas que de simples mots posés ci et là maladroitement au gré d’un imaginaire narratif. Plutôt un conte aux accents surréalistes doté d’un pouvoir surnaturel qui emmène son auditoire vers une forme d’onirisme auquel il est difficile de résister.

Le résultat procure une musicalité dont la vague émotionnelle sans précédent est susceptible de suspendre le temps.

Le public reste assez frileux et semble ne pas se presser au portillon. Pourtant, ce duo cherche à écrire une nouvelle page dans l’histoire de la pop. Un livre dont la quatrième page de couverture résume à elle seule le condensé de ce qui peut se faire de mieux dans l’univers musical, aujourd’hui.

Auteur d’un premier Ep (« Vermillon »), financé par la plateforme de crowdfunding ‘Kiss Kiss Bang Bang’ (et dont l’artwork représente la symbolique du corps modelé ‘Renaissance’), la paire montre toute l’étendue de son talent à travers des morceaux comme « Rouge » et « Vogue » (le clip les a propulsés auprès du grand public en recensant plus de 115 000 vues sur Vimeo).

Les compos s’écoulent paisiblement entre trame nostalgique ou orgasmique. Si le jeu de la mise en scène est simple, il se suffit à lui-même. Le charme et l’émotion opèrent quoi qu’il en soit.

Les compères quittent les fans à l’issue de l’exécution d’un exercice de style au piano à quatre mains. La magie de la « Nuit » opère. Une dernière touche qui sonne comme un happy end joyeux…

Gageons que l’album qui devrait sortir prochainement sera à la hauteur de leurs ambitions.

Les musicos de FùGù Mango (prononcez Fou-Gou-Mang-Ô) activent les derniers réglages, sur l’estrade.  

Formé en 2013, à Bruxelles, le combo implique les frangins Lontie, Jean-Yves (guitare) et Vincent (chant et percus), tous les deux issus de feu Bikinians. Ils partagent une même passion pour le groove, les rythmes africains et l’indie pop…

Le line up inclut également Anne. Elle se réserve les backing vocals, les claviers et la basse. Et elle se plante au centre du podium. Mais également un nouveau venu. Qui s’installe à l’extrême droite. Enfin, pas un novice, puisqu’il se chargeait autrefois des bases rythmiques, auprès d’Arno. Il a désormais la lourde responsabilité de remplacer Franck Baya qui a préféré quitter le navire pour se lancer dans d’autres aventures (il a aussi prêté, dans le passé, son concours à Coffee Or Not, Sarah Carlier, Clare Louise et bien d'autres).

Ce départ précipité a contrait le combo à se servir de percussions électroniques et programmer certaines mélodies sur des machines.

En ‘live’, ils parviennent à nous faire voyager aux quatre coins de la planète, distillant ici et là des beats afro et latino sous une couche de synthés verdoyante et luxuriante. Et le tout est sublimé par les harmonies vocales d’Anne et de Vince, réminiscentes du binôme The XX, un groupe de rock londonien…

En milieu de parcours, le combo ose attaquer la cover du « Golden Brown » des Stranglers. Le plus grand succès du mythique band insulaire.

Plutôt que de se contenter d’un simple copier/coller, il parvient se rapproprier un ‘classique’, qui date quand même de plus de 30 ans…

Allez Allez est programmé à 22h30. La fatigue et cette vague de chaleur tropicale ont miné les organismes. Celui de votre serviteur, également. Qui préfère donc faire l’impasse et regagner ses pénates…

(Organisation : Août en Eclat)

 

 

Scène sur Sambre 2017 : vendredi 25 août

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C’est la septième édition du festival Scène sur Sambre et la foule est au rendez-vous. L’affiche de cette première journée est alléchante. Et proposera Opalis, une formation issue du terroir, Delta, un band dont la popularité grimpe en flèche. Puis Black Box et Store Losers, deux combos très rock’n’roll issus du Nord du Pays, mais méconnus en Wallifornie. Mais encore Puggy, dont c’est le retour après 7 ans d’absence sur les barges, et dont on espère un set sans pluie et surtout sans orage. Et c’est le combo courtraisien Goose qui clôturera la programmation de ce vendredi 25 août.

Mais mauvaise nouvelle : ce sera la dernière édition. Dorénavant, sauf revirement, il n’illuminera plus de ses éclats, la Plaine de la Paix. Cédric Monnoye jette le gant. Non seulement, il est fatigué par les difficultés d’organisation d’un tel événement, de logistique également, mais il est confronté à la flambée des prix liée aux cachets des artistes –qu’il juge parfois exorbitants– et à ceux nécessités par les mesures de sécurité…

Christophe Delire, aka ‘Le Cap’tain Hublot’, présente le groupe qui va se produire en ouverture : Opalis. C’est le régional de l’étape. Né en 2009, il puise ses influences chez Coldplay, Ghinzu, Muse, Radiohead et Blur. Le quatuor réunit le guitariste Jonathan Boninsegna, le bassiste Arnaud Gérain, le multi-instrumentiste Jean-Christophe Wauthier (chant, claviers, gratte) et le drummer Grégory Delrivère. Lorsqu’il grimpe sur l’estrade, le public commence à débarquer. Dans ces conditions, pas facile d’attirer son attention.

Dès « Fade Away », le band nous plonge dans son univers electro/pop. Caractérisé par ses beats particulièrement nerveux, « Sickness », « Find A Home » et « Afraid Of The Day », qui s’enchaînent, permettent au set de monter en puissance. Quand elle n’est pas glaciale et contaminée par la cold wave, la voix de Jean-Christophe est tantôt hantée par Jon Stargasm ou alors Matthew Bellamy. La cover du « Song 2 » de Blur est excellente, et surtout respectueuse de la version originale.

Cap’tain Hublot décrit Delta comme la révélation de l’année 2017. Votre serviteur n’avait pu assister à sa prestation, dans le cadre du festival Les Gens d’Ere. Son oreille sera d’autant plus attentive pour son set. Le quatuor est venu défendre son dernier elpee, « A Ciel Ouvert », un disque qui sortira ce 27 octobre.

« En Visant La Lune » ouvre le bal. C’est confirmé, les lyrics sont interprétés dans la langue de Voltaire. Et ce morceau nous propulse immédiatement dans la stratosphère. Une compo soulignée par des cordes délicates et séduisantes…

« Un fils et son père » relate une histoire de famille. Des grattes semi-acoustiques trament « Je Tire ». Le concert est de plus en plus plaisant et s’enflamme lorsque le combo attaque « Pas la Fin Du Monde », à l’issue duquel les acclamations sont nourries. Les popotins commencent à remuer. Le « Verre De Trop » n’est pas à moitié vide, mais à moitié plein et se savoure « A Ciel Ouvert », probablement la compo la plus excitante du futur opus. Un chouette show !

Dans l’auditoire, on rencontre un musicien issu de l’Afrique du Sud. Il est venu applaudir The Sore Losers, dont les musicos sont devenus ses amis. Il signale d’ailleurs partagé à un périple, dans son pays, en leur compagnie, auquel avait également participé, le Black Box Revelation…

The Sore Losers puise ses sources chez les Raconteurs, Rolling Stones, Black Keys et The Stooges. Ses prestations ‘live’ sont d’ailleurs devenues notoires ; ce qui lui a permis de figurer dans la programmation de festivals aussi prestigieux que Rock Werchter, le Pukkelpop et le Pinkpop.

Son dernier long playing, « Skydogs », a la rage. Mais dévoile également des idées en pagaille. L’elpee est cependant davantage brut de décoffrage et instinctif que les précédents. Il ne dure que 32 minutes, mais envoie du lourd et se révèle particulièrement efficace. Faut dire que les sessions ont été réalisées dans les conditions du ‘live’, afin de conserver toute la magie et l’énergie des premières prises.

Très rock’n’roll, la prestation va se révéler particulièrement explosive. Stoner atmosphérique, « Blood Moon Shining », extrait de « Skydogs », prend aux tripes et procure, en même temps, un régal pour les oreilles. Le son est d’ailleurs nickel. Les brûlots se succèdent: « Got It Bad », « Cherry Cherry », « Can’t you see me running » et « Nightcrawler ». De quoi inciter le mélomane à acheter le nouvel LP.

Votre serviteur doit quitter la plaine pour réaliser l’interview de Puggy. A l’issue de cette belle rencontre, dont les propos seront reproduits au sein de Musiczine, prochainement, il revient au sein de l’auditoire, afin d’écouter les trois dernières compos de The Black Box Revelation. Un duo batterie/guitare toujours aussi influencé par le blues yankee, le psyché rock et le garage. Celui des 70’s, plus précisément. Même que les interventions de gratte, dispensées par Jan, lorgnent de plus en plus vers Jimi Hendrix. Sans pour autant renier ses références originelles, qui oscillent de Led Zeppelin aux White Stripes, en passant par The Black Keys et Black Rebel Motorcycle Club. Après un impressionnant « My Perception », le combo achève son set par le carré et flamboyant « Set Your Head On Fire ». Manifestement, au fil du temps, TBBR a acquis une belle maturité…

Puggy est un peu le chouchou du public belge. Le trio avait clôturé le premier festival des Barges, sous un véritable déluge, non pas de décibels, mais de flotte. Ce qui n’avait pas empêché le combo de se révéler très pro, dans la tempête, tout en attirant naturellement la sympathie des spectateurs et des organisateurs. Benoît, l’ingé son, confie en aparté, que ce concert adoptera un format classique. Pas de nouveau morceau, ni de chœur gospel. Pas de surprise à attendre donc pour tout aficionado qui suit le band à la trace, depuis une quinzaine d’années. Le trio a composé la B.O. du film « Big foot Junior » ; mais pas davantage de trace de ces titres, dans la set list…  

Depuis la parution de « Colours », le line up a intégré un claviériste. En l’occurrence Mathieu Vandenabeele, aujourd’hui considéré comme le quatrième larron du band. Des lumières bleues et blanches clignotent avant que la formation ne débarque. Matt avait oublié sa Gibson de couleur brune à l’hôtel. Un crime de lèse-majesté ! Ouf, il l’a bien récupérée. Il est vêtu d’un costard rouge. Ziggy, d’un vert et Romain d’un bleu. C’est devenu un rituel, le show s’ouvre par « Fight Like You’Re Fighting ». Les hits se succèdent. Depuis « How I Needed You » à « Teasers », en passant par « Something You Might Like » et « When You Know ». Ce qui n’empêche pas Matt et Ziggy –toujours aussi impérial derrière ses fûts– de s’autoriser des séquences improvisées. Ca recommence ! Le ciel s’assombrit et la pluie se met à tomber, en seconde partie de set. Heureusement, pas d’éclairs pour déchirer le ciel, ni de vent violent pour décoiffer les festivaliers. Bien ficelée, la pop de Puggy attire de plus en plus d’admirateurs. Faut dire que les arrangements de leurs compos sont soignés. Et bénéficient de splendides polyphonies vocales. Et puis, la communion entre le public et l’auditoire est toujours aussi forte. Cependant, Puggy devrait quand même penser à intégrer de nouveaux morceaux dans son set. Le prochain concert se déroulera au Théâtre National, dans le cadre du Festival Des Libertés. Ce sera le 27 octobre 2017. Et bonne nouvelle, il bénéficiera de la participation de la chorale The Gospel Wings. Puis, c’est l’inconnu. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de nouvelles dates…

Votre serviteur fait l’impasse pour Goose. Le lendemain, il participe au festival ‘Août en éclat’, mais dans un autre rôle que celui dévolu pour Musiczine…  

Goose + Puggy + Black Box Revelation + Store Losers + Delta + Opalis

(Organisation Scène sur Sambre) 

W-Festival 2017 : dimanche 20 août

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Il y a un peu moins de monde ce dimanche 20 août, sur le champ d’aviation d’Amougies, où se déroule la troisième journée du W-Festival. 6 600 personnes quand même ! Le vent souffle encore (NDR : la veille, on avait l’impression que le site était balayé par un courant d’air !), mais en ce début d’après-midi, la température est clémente. Et surtout, il ne pleut pas. Deux prestations sont très attendues : celle de Big Country et de Fischer Z. Et puis en finale, il y aura Front 242. Compte-rendu.

T’Pau, est une formation britannique qui a rencontré un succès certain au cours des eighties, et notamment à travers ses singles. Du line up initial, il ne reste plus que Carol Decker (NDR : c’est une rousse, il n’y a pas photo !) et Ronnie Rogers. Carol déploie une énergie phénoménale pour dynamiser le set. Puissante, sa voix domine toute l’instrumentation. Qui manque quand même de consistance. Mais est-ce une raison pour compenser cette carence par un volume sonore bien trop élevé. Si bien, que le concert ne semble intéresser que les fans de la première heure. Pour les autres, il se révèle sans intérêt et constitue un moment propice pour aller se désaltérer…

Big Country enchaîne. Un combo écossais fondé en 1981 par feu Stuart Adamson, ex-leader du mythique Skids, et le guitariste Bruce Watson. Ce dernier est le dernier membre fondateur du band écossais, puisque le drummer Mark Brzezicki n’a rejoint le line up qu’en 1982. Aujourd’hui, il implique le fils de Bruce, Jamie, à la seconde gratte, le bassiste Scott Whitley et le chanteur Simon Hough, dont la voix rappelle étrangement celle d’Adamson. Seule différence, il a les cheveux peroxydés et ne joue que de la sèche. Le combo est en forme et semble prendre son pied sur les planches. Son set va inclure ses principaux hits, dont « Look away », « One great thing », « Wonderland », « Fields of fire » et l’incontournable hymne « In a big country ». Rafraîchissantes, carillonnantes, glorieuses, jumelées, les cordes de grattes adoptent régulièrement les tonalités celtiques, dites ‘cornemuse’, marque de fabrique de la formation. Bruce dialogue régulièrement avec le public, l’invite à frapper dans les mains ; en outre, son subtil humour ‘scottish’ fait littéralement mouche, notamment quand il exhibe une bière, qui n’est pourtant pas bien belge. Chargé de passion et d’amour de la musique, le concert laisse la foule pleine de bonnes vibrations. On n’en demandait pas plus…

Les roadies viennent suspendre un blackflag noir, sur le quel est reproduit le logo ‘Fisher Z’, en arrière-plan. Pendant tout ce temps, les musicos opèrent leur soundcheck. Y compris John Watts, coiffé d’un petit chapeau, et dont on peut admirer la superbe gratte de couleur bleue et jaune. Fischer Z vient de publier un nouvel album. Intitulé « Building bridges », il remet au centre du jeu de quilles la guitare. Et on va s’en apercevoir tout au long du show. Pourtant, si la set list inclut plusieurs morceaux de son dernier elpee, ce sont les classiques qui vont faire la différence. Depuis « Room service » (NDR: ben oui, le titre au cours duquel on entend à tue-tête 'It’s all right') à « Marleen », en passant par « So close », le tube « The worker » et « So long », toutes des chansons que la foule reprend en choeur. Le reggae blanc fait encore des ravages, un style pas vraiment dans les cordes de votre serviteur, mais que le band insulaire parvient à faire apprécier. Au sein du combo, figure Jamie Bush, le drummer qui a participé aux sessions de son dernier essai et puis de jeunes musicos. Dont un claviériste, également coiffé d’un petit chapeau, un bassiste, qui caresse ses cordes à l’aide de ses doigts, et un second gratteur. John a toujours le sens de l’humour. Se référant tantôt à la bière belge (NDR : décidément), aux piqûres de moustiques essuyées lors de son séjour en Belgique ou encore se lançant dans un histoire abracadabrante sur la destination du suppositoire. Tout en tirant parti d’attitudes théâtrales. Sa voix n’est plus capable de monter autant dans les aigus, mais elle est toujours aussi savoureuse. Et son backing group tient parfaitement la route. Ses compos adoptent un profil bien plus électrique, ce qui leur communique davantage de punch. De quoi réjouir l’auditoire. Probablement le sommet du W-Festival ! Fischer Z, John nous le rappelle, reviendra en Belgique, ce 14 novembre à Borgerhout, salle De Roma.

Tom Bailey, c’est le dernier membre fondateur de Thompson Twins, un groupe qui s’était séparé en 1993, et dont le Néo-Zélandais Alannah Currie était également l’autre pôle. En 2014, Bailey a participé à la fameuse tournée ‘Retro Futura Tour in the USA’ ; ce qui lui a donné envie de poursuivre sa carrière sous le patronyme Tom Bailey’s Thompson Twins. Donc pour y interpréter les compos de son ex-groupe mythique, mais en compagnie d’un tout nouveau line up. Exclusivement féminin, puisqu’il implique Amanda Kramer (claviers/backing vocals), Charlotte Raven (également claviers/backing vocals) et Paulina Sczepaniak (drums électroniques). Le set qui bénéficie à nouveau de superbes projections vidéo et d’un excellent light show nous rappelle que Thompson Twins a aligné toute une série de tubes (« Doctor doctor », « Hold me now », « You take me up » et « Love on your side ») ; mais malgré les talents de chanteur et de multi-instrumentiste affichés par Tom, le concert –trop électro à mon goût– ne parvient pas à restituer les heures de gloire du band…

Front 242 doit encore monter sur les planches, mais comme le groupe belge n’a toujours pas décidé de composer de nouveaux morceaux, et après avoir assisté, au cours des dernières années, à plusieurs de ses shows, coulés dans un même moule, votre serviteur décide de rentrer au bercail. En sortant du site, on checke un peu la future affiche du festival, entrevue sur les écrans, lors des intermèdes, qui annoncent, notamment, la participation de DAF, Modern English, Chameleons, Kim Wilde, Midge Ure, A Flock of Seagulls et Clan of Xymox, pour l’édition 2018. Ce sera du 16 au 19 août ! En espérant que le temps soit encore de la partie. Mais quatre jours de festival pour des quinquas, va falloir entretenir sa condition !

(Organisation : W-Festival)

Voir aussi notre section photos ici

 

 

W-Festival 2017 : samedi 19 août

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Changement de site pour la deuxième édition du W-Festival, puisque si l’an dernier, elle s’était déroulée à Wortegem-Petegem, près d’Audenarde, en 2017 elle s’est implantée sur le champ d’aviation d’Amougies. En 1969, ce village avait déjà accueilli le premier grand festival sur le Continent. Et l’affiche proposait notamment Pink Floyd, Ten Years After, The Nice, Yes, Gong, Soft Machine ainsi que Frank Zappa. Le W-Festival se concentre surtout sur les eighties. Pas étonnant que l’auditoire réunisse une majorité de quinquas. Et ce samedi, on recense 7 300 spectateurs, alors que la veille, on dénombrait déjà 1 500 âmes, lors d’une soirée destinée aux campeurs.

Hormis les VIP ainsi que les artistes, spectateurs et journalistes doivent parquer leur véhicule dans un immense champ de blé, qui vient d’être moissonné. Ouf, il fait sec. Et pourtant, à quelques kilomètres, il est tombé des hallebardes.

Le temps d’arriver sur le site (au bout d’une petite dizaine de minutes de marche, quand même), de retirer son accréditation qui donne droit au backstage, moment au cours duquel on saluera l’amabilité du personnel, les Kids ont terminé leur show. Mais Stéphane est déjà sur place…

En 1976, Ludo Mariman et quelques potes d’école, dont les frères De Haes, ont la ferme intention de se rebeller contre le monde des adultes. Si aujourd’hui, Facebook & Co. est devenu la référence, à l’époque, le punk reste encore un des meilleurs moyens de contester l’establishment. C’est alors qu’ils fondent Crash, alors que l’âge de ses membres oscille entre 12 et 18 ans. Et vu le contexte, ils modifient le patronyme, tout naturellement, en The Kids.

Tout va très vite pour eux ! Une année seulement après sa formation, le band assure le supporting act pour Iggy Pop et Patti Smith, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France. Ce qui va également lui permettre de se produire New York.

Manifestement, les musicos jouissent encore d’une popularité intacte. Certains ont pris de la bouteille… et du bide ; mais le talent est toujours présent. 

Les fans inconditionnels se sont déplacés en nombre aujourd’hui, gobelet de bière à la main et fumette aux lèvres. Woodstock et Amougies, même combat ? Les cheveux longs en moins, alors. Ils arborent fièrement leur T-shirt sur lequel est mentionné à l’encre route : ‘The Kids 1976-2016’. Le plus jeune d’entre eux doit avoir cinquante balais, au minimum !

Teint jauni, peau plissée et cheveux dégarnis, les musiciens montent d’un pas décidé sur l’estrade. On n’imagine pas encore ce qu’ils ont encore dans le falzar pour réserver un set plus ou moins crédible ! Ah, le rôle de drummer a quand même été confié à un jeune loup. Un kid, quoi !

Et tout au long d’une prestation particulièrement énergique, le band va nous balancer des riffs de guitare toujours aussi explosifs, en s’appuyant sur une rythmique inimitable.

L’auditoire scande les paroles des compos comme si c’était un hymne national. Faut croire que ‘Punk is not dead !’ (S.R.)

Chanteuse de Kosheen, Sian Evans est très peu populaire au Sud de la Belgique. Grande fan de Joni Mitchell, elle rencontre cependant un énorme succès en Flandre, aux Pays-Bas et en Angleterre. Elle s’était déjà produite l’an dernier au W-Festival, et on avait pu constater que si elle avait du coffre, c’était aussi une fameuse showwoman. Et tout comme en 2016, elle invite le public à frapper dans les mains tout en arpentant l’estrade de long en large. Vêtue d’une robe légère, qui ondule et lui moule impudiquement le corps tout en laissant deviner son intimité (question indiscrète, elle en avait une ou pas ?) suivant les caprices du vent, elle est soutenue par un guitariste, un claviériste, coiffé d’un chapeau de paille, un drummer et un bassiste dont la gratte est de teinte rouge écarlate (NDR : qui a dit de honte ?)… Et à nouveau, la voix de la Galloise communique l’essentiel du relief à une musique qui malheureusement en manque singulièrement. Sauf en fin de parcours, lorsque enfin, le set commence véritablement à décoller…

 

On se souvient surtout de Blancmange pour son énorme tube « Living on the ceiling », paru en 1982. Et pourtant les deux albums de la bande à Neil Arthur et Stephen Luscombe ont été certifiés disque d’or. A cette époque, on prédisait même au duo, un succès comparable à ceux de Depeche Mode et Soft Cell. Aujourd’hui, pour des raisons de santé, Stephen Luscombe ne peut plus tourner. Ne reste donc plus que Neil Arthur aux commandes. Il est soutenu par deux préposés aux synthés et aux machines, ainsi qu’un guitariste. Le leader n’a pas vraiment l’air concerné, et la synth pop, parfois à coloration orientale, fait vraiment pâle figure. On reconnaît bien l’un ou l’autre hit, dont le tube susvisé, mais au vu de la piètre prestation, on préfère aller se restaurer…  

 

Peter Hook était également présent l’an dernier, en compagnie d’un groupe. Privé de batteur, le team n’avait pas laissé un souvenir impérissable. En outre, la prestation était bien trop tirée en longueur. Sur les planches, le leader est toujours soutenu par son backing group, The Light. Il y a bien un drummer, au centre du jeu de quilles, mais en retrait. Un préposé aux synthés et aux machines, planté au fond à gauche. Un guitariste et le fils de Peter, à la seconde basse. Hook est vêtu d’un t-shirt blanc. Avant d’entamer le show, il rend un hommage aux victimes des attentats de Barcelone. Il se consacre au chant et en début de parcours, manifestement, sa voix tient la route. Surtout sur les compos de Joy Division. A l’instar d’« Atmosphere » qui ouvre les hostilités. Mais au fil du temps, elle finit par montrer ses limites. Notamment lorsqu’elle attaque les morceaux de New Order. En fait, son guitariste, qui se charge des backing vocals et à une seule occasion du lead, possède une superbe voix, proche de celle de Bernard Summer. C’est sûr, il pourrait aisément reprendre ce rôle. Ce qu’il ne fait pas encore suffisamment. N’empêche, musicalement, le set tient parfaitement la route. Et lors des titres de New Order, comme « Ceremony » ou « Everything’s gone green », on retrouve ces lignes de claviers tourbillonnantes si caractéristiques. « Isolation » est percutant. « She’s lost control » incite la foule à reprendre les paroles en chœur. Balisé par la boîte à rythmes, « Celebration » propose une variation funk. Et en finale, la foule entre littéralement en communion grâce à « Love will tear us a part  », Peter tendant le micro pour l’écouter chanter d’une seule voix. Peter est manifestement touché par cet épanchement d’émotion. Au vu du bonheur affiché par les festivaliers, ce moment privilégié risque de devenir inoubliable… Avant de quitter le podium, Hooky enlève son t-shirt et le balance dans la foule. Un concert impressionnant et bouleversant de sincérité !

Place ensuite à Anne Clark. La petite blonde est devenue bien ronde (NDR : ça rime !) Elle est bien soutenue par l’ingénieur du son HerrB (Helicopter Electric Regenerative Rotor Brake), aux manettes et aux claviers, mais aussi par un aide-mémoire, placé sur un pupitre, pour lui rafraîchir la mémoire. Pratiquant ce qu’on appelle le spoken word, la poétesse/vocaliste va bénéficier d’un superbe montage vidéo pour enrichir son set. Qui s’ouvre ainsi par « Sleeper in Metropolis », soutenu par des projections d’images du célèbre film muet. Au fil de la prestation, elles se concentrent surtout sur le temps qui passe. En fin de parcours, elle nous gratifie d’un faux/vrai (biffer la mention inutile) rappel, pour clore définitivement le show par son autre hit, l’inévitable « Our darkness »…

Le 8 mars 1982, Human League accordait un concert aux Halles de Courtrai. Pas un souvenir impérissable ! En fait, Martyn Ware et Ian Craig Marsh avaient quitté la formation, depuis 1980, pour fonder Heaven 17. Pourtant, c’est à partir de cette époque que le groupe va commencer à récolter du succès. Bref, 35 ans plus tard (NDR : le combo compte quand même 40 ans d’existence), il se produit à quelques kilomètres de la ville flandrienne. Sur les planches, on remarque la présence d’une batterie électronique, sise au milieu, et de deux claviers, surmontés d’énormes keytar, dressés aux extrémités gauche et droite. D’une blancheur éclatante, tout ce matos est surélevé et installé en retrait. Devant, trois micros. Un central, destiné à Phil Oakey, et deux externes, à Susan Sulley et Joanne Catherall, les choristes. La première a gardé sa ligne. La seconde a pris quelques kilos. Et c’est un euphémisme ! Elles portent des robes de soirée, de couleur noire. Celle de Joanne est plus longue (NDR : elles vont se changer en cours de set). Et elles dansent sur place tout en assurant les chœurs. Des choeurs qui évoquent les B52’s sur « Soundtrack to a generation ». Les trois musicos ont revêtu des costards de couleur noire sur des chemises blanches. La classe ! Phil débarque vêtu d’un immense tablier de boucher. Il a la boule à zéro et est chaussé de lunettes fumées (NDR : qu’il ôtera au bout de quelques morceaux). Durant tout le show, il va souvent arpenter le podium de long en large, d’un bon pas. Le son est excellent et les projections superbes et variées (dominos, dés, jeu de monopoly, abeilles, papillons, têtes de politiciens qui se transforment en têtes d’animaux, etc.) Le deuxième titre, « Love action » rappelle de bons souvenirs à votre serviteur (NDR : c’était un indicatif de l’émission ‘Inaudible’ qui a squatté les ondes, fin des seventies et début des eighties, dans la région de Tournai) et incite déjà le public à remuer le popotin. Parfois, les deux préposés au keytar, empoignent l’instrument, et avancent devant leur console ; en général, pour libérer des sonorités davantage électriques. A l’instar du plus rock « The Lebanon ». La musique devient de plus en plus dansante. Les hits se succèdent, dont « Don't You Want Me », « Mirror man », « Keep feeling fascination » ou encore « Being boiled ». Bref, ces pionniers de la ‘dance music’ n’ont pas failli à leur réputation, même si certains titres ont parfois un peu trop flirté avec le disco…  

A demain !

(Organisation : W-Festival)

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