Special Friend, tout feu, tout flamme !

Le second elpee du duo Special Friend, « Wait Until The Flames Come Rushing In », paraîtra le 30 juin 2023. En attendant, il nous propose son nouveau single, « Selkie », une ballade toute en nuances et en retenue, chantée en duo par Erica Ashleson et…

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27 fois oui pour Fake Indians…

« 27 Okay », c’est le second single extrait de l’elpee de Fake Indians, qui paraîtra après l’été. L'album a été produit, enregistré et mixé par Sebastian Omerson au Number Nine Studio. Depuis quelques années, les Fake Indians explorent, de long en large,…

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Brussels Summer Festival 2017 : samedi 12 août

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L’ouverture de la grande scène, à la Place des Palais, permet au BSF de prendre une toute autre dimension. Il s’agit déjà de la 7ème journée. Mais en ce samedi 12 août, il fait froid. Et il pleut. De quoi doucher l’enthousiasme des festivaliers. Car l’endroit n’est rempli qu’à moitié, alors que les années précédentes, il était carrément blindé de chez blindé. Pourtant, ce soir l’affiche est alléchante…

Rinôcérôse ouvre le bal et va nous réserver un retour gagnant. ‘Il y a plus de 7 ans qu’on ne s’était plus produit’, confie Jean-Philippe Freu, à l’auditoire, en début de set. Le combo montpelliérain (NDR : l’accent des musicos trahit ses origines, quand ils s’adressent à la foule !) n’a été actif qu’entre 1997 et 2009. Mais ce soir, le band va nous livrer un set sans le moindre temps mort  (NDR : hormis une petite panne technique provoquée par le chanteur). Jean-Philippe aurait dû préciser : « We are not the Infadels », titre du premier opus de ce band londonien, car l’ex-leader a rejoint son projet hexagonal. C’est bien Bnann Watts qui bondit d’un côté à l’autre du podium, comme au temps de son ancienne formation. Les beats électro émanent d’un minuscule synthé (NDR de la taille d’un autoradio !) contrôlé par l’un des guitaristes et balisé par la ligne de basse tracée par la (toujours) aussi charmante (et blonde) Patrice Carrié. Tour à tour, les différents membres se relayent au chant. De quoi donner l’impression d’assister à une démonstration entre les différents intervenants. Dans un style qui oscille de Primal Scream à Oasis, en passant par LCD Sound system. Quand les compos ne virent pas carrément au prog/rock, et notamment lors des morceaux les plus instrumentaux (NDR : dont certains ont servi à des campagnes publicitaires ou des génériques TV). Dommage qu’il n’y ait que quelques centaines de personnes dans la fosse. Car, suivant l’adage, les absents ont eu tort ! En espérant simplement ne plus devoir attendre (cent) 7 longues années avant les revoir, comme l’indiquent les Parisiens, quand ils parlent de leur cathédrale…

Goose a toujours joui d’une énorme popularité, au plat pays. On se souvient d’ailleurs, qu’à ses débuts, soit en février 2013, ses trois concerts prévus à l’Ancienne Belgique, avaient fait salle comble. Pas étonnant dès lors, qu’il y ait un peu plus de peuple. La fosse se transforme ainsi en immense dancefloor (NDR : enfin à l’échelle du BSF ; on n’est pas à Tomorrowland, non plus). « So Long », « Control », « Call me » et « Words » allient simplicité et efficacité. Bien que construite sur des beats électro, l’expression sonore invite riffs de gratte plus rock et ligne de basse new wave… Et si vous souhaitez en savoir davantage sur ce band courtraisien, rendez-vous dans ces colonnes, d’ici quelques semaines, pour lire l’interview réalisée par notre collègue, Philippe Blackmarquis…

Cap ensuite vers La Madeleine où l’ambiance est totalement différente. Et pour cause, le spectacle opère un retour aux 80’s, en compagnie d’Allez Allez. L’auditoire réunit essentiellement des quinquas. Devenu culte, le band belge a connu une carrière aussi fulgurante que courte, puisqu’elle s’est déroulée entre 1981 et 1985. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, il avait signé chez le label Virgin, s’était produit au festival Werchter et avait enregistré une ‘Peel Session’. Mais ce parcours a pris un fameux coup dans l’aile, lorsque la chanteuse, Sarah Osborne, a craqué pour le chanteur d’Heaven 17 (NDR : c’était une autre époque !) et a quitté définitivement la scène musicale. L’idée de la reformation est née, il y a tout juste un an, lorsque Serge Van Laeken, aka Marka (l’ex-bassiste du combo qui a ensuite embrassé une carrière solo), a invité ses potes dans le cadre du festival des Solidarités, à se réunir sur les planches. Et notamment le guitariste Kris Debusscher et le drummer Roby Bindels. Le nouveau line up implique le charismatique gratteur Paul Curtiz et le claviériste (NDR : un Tournaisien !) Thom Dewatt. Mais également deux chanteuses blondes (NDR : dont l’ex-Hooverphonic, Kyoko Bartsoen), qui se relaient sur le podium. Le set connaîtra quelques moments d’anthologie, dont « Marathon dance » et l’inévitable « African queen ». Moment choisi par le percussionniste africain de s’autoriser un pas de danse, et un chant liminaire. Après 1h10 de spectacle, le public exige un rappel en scandant le titre mythique « Allez allez ». Un hymne que le band va accorder lors d’un final déjanté…

La soirée s’achève au Mont des Arts, par un autre artiste belge, mais bien plus contemporain : Milow. S’exprimant dans un français parfait, Jonathan Vandenbroeck partage sa bonne humeur et sa joie de vivre entre les titres, ne cachant pas son bonheur de revenir au BSF. La réputation du songwriter n’est plus à faire. Très populaire au Nord du pays, il a aussi réussi à se forger un succès international. Sa voix est douce et lancinante. On se demande même parfois pourquoi il a engagé une choriste anglaise (NDR : encore une blonde, c’est la soirée !) Peut être pour exécuter ensemble, quelques pas sautillants. Malheureusement, le public ne semble pas très réceptif au concert. Les spectateurs qui squattent les premiers rangs se montrent les plus chaleureux ; mais la plupart des autres sont attroupés au bar ou préfèrent rester tranquillement assis sur les marches de la statue du Roi Albert Ier, sises à l’arrière de la place. M’enfin, il est vrai que la fatigue commence à envahir les organismes, et ce sont les oreilles bien remplies que nous quittons la capitale…

(Organisation : BSF)

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Alcatraz 2017 : samedi 12 août

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Courtrai était en ébullition ce week-end du 12 et 13 août. Et pour cause : l’Alcatraz Festival fêtait ses dix ans d’existence. L’occasion de proposer une affiche particulièrement intéressante, faisant la part belle à de grands noms du Heavy et du Thrash Metal. Immersion au cœur de ce festival à taille humaine, préférant définitivement mettre l’accent sur la qualité plutôt que la quantité.

Premier constat : le Dieu Helios semble avoir décidé de bouder la petite sauterie de ce week-end en laissant la place aux nuages grisâtres et à la pluie. Les lunettes de soleil sont donc troquées contre un k-way. A proximité du campus sportif, théâtre des opérations maléfique de ce week-end, encore peu fréquenté à cette heure matinale de la journée, deux files d’attente se sont formées pour entrer sur la plaine ; et celle des hommes est considérablement plus courte que celle des femmes. Il est décidément temps que les services de sécurité comprennent que ce genre de rencontre n’attire pas seulement le genre masculin et qu’il serait opportun de prévoir davantage d’effectifs féminins. Le sol est boueux et glisse ; ça promet d’être fun !

Après avoir longé une série d’échoppes prêtes à ravitailler en nourriture les âmes affamées, votre serviteur débouche face à la Prison Stage, la scène principale, où Rage, qui à ce jour ne compte qu’un seul LP à son actif, démarre à l’instant même les hostilités. Timing parfait ! Son Heavy Metal est doublé d’une bonne humeur communicative. Les musiciens ne jouent que devant quelques badauds, mais ne semblent pas trop affectés pour autant. Ni pa la pluie qui tombe à présent dru sur la plaine et encore moins pour la corde de la basse à Peavy qui lâche en fin de morceau, obligeant l’artiste à s’absenter quelques instants en backstage. ‘Merci pour le gars qui m’a prêté sa basse, c’est sympa, même si je ne sais pas qui c’est’, s’exclame-t-il en se marrant. C’est sur le puissant « Higher Than the Sky », entrecoupé au beau milieu d’une reprise de « Holy Diver » de Dio, que le trio allemand met fin à ses quarante-cinq minutes de show. Car c’est aussi ça l’Alcatraz : pas question de n’accorder qu’une poignée de minutes aux formations qui ouvrent le bal. Une marque de respect à l’égard des artistes qui est très appréciée. Vous en voulez une autre ? Les concerts ne se chevauchent pas ; vous avez donc la possibilité, si le cœur et les jambes vous en disent, d’assister à toutes les prestations !

Quelques mètres plus loin, King Hiss inaugure la Swamp Stage en proposant un Rock Stoner hypnotique. Il s’agit, pour le combo flamand, de la première date de sa tournée qui va sillonner la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas et s’achever par une première partie de tous les concerts de Channel Zero, fer de lance du Metal en Belgique, prévus pour la fin de l’année. Le show de cette fin de matinée n’est certes pas une grande découverte, mais permet néanmoins de passer un bon moment rock’n’rollesque.

Place à présent à Sweet Savage, un band fondé à la fin des seventies. Originaire d’Irlande du Nord, il est considéré comme un des précurseurs de la New Wave of British Heavy Metal (au même titre que Saxon, Iron Maiden ou encore Motörhead), mais dont le parcours chaotique et le manque de succès commercial ne lui a pas permis de prendre son envol à l’époque, mais bien… trente ans plus tard. ‘Ce morceau-ci, Kirk Hammet, le guitariste de Metallica, m’a un jour confié que c’était selon lui le meilleur morceau de Heavy Metal qu’on avait pu écrire…’ proclame, un peu goguenard, Ray Haller, le bassiste/vocaliste originel, avant que ne démarre le vitaminé « Eye of the Storm ». Bien que la formation semble parfois hasardeuse sur les morceaux à jouer, le trio va livrer un set rentre-dedans, où les 50 minutes laissent au final un petit goût de trop peu. Il est à noter que le guitariste Vivian Campbell, également membre fondateur du Sweet Ravage, assiste à ce show depuis le backstage (NDR : il milite aujourd’hui chez Last in Line, dont on reparlera un peu plus tard…) On aurait pu espérer qu’il rejoigne ses ex-partenaires, en cours de route, mais il ne s’est pas décidé… Le combo quitte le podium après avoir accordé une délicieuse reprise du « Whiskey in the Jar » de Thin Lizzy, laissant derrière lui ce refrain si entêtant…

Du côté de la Swamp stage, les musiciens de Monkey3 ont pris possession des lieux. En quelques morceaux de prog/rock mélodique, strictement instrumental, le groupe helvète parvient à constituer une bulle dans le temps, dont l’aura part progressivement de la scène pour petit à petit englober tout le chapiteau. Le set se révèle à la fois poétique et émouvant, bien que le décalage soit un peu brutal par rapport au reste de l’affiche. L’expression sonore de Monkey3 nécessite une mise en condition au préalable et il est peut-être un peu dur d’apprécier un set exclusivement orchestral, dans le cadre d’un festival.

Après avoir avalé un hamburger sur le pouce (NDR : il faut reconnaître que les différents stands ‘food’ servent de la nourriture dont la qualité est supérieure aux autres festivals : elle coûte toujours un bras, mais au moins c’est bon !), Death Angel, le premier groupe de Thrash Metal de la journée, va entamer son set. Il est d’ailleurs quelque peu surprenant qu’il se produise si tôt. Et pour cause, il s’agit d’un des pionniers du style. En outre, il a permis au Thrash de naître au cœur du berceau californien, début des années ’80, aux côtés notamment de Slayer, Megadeth, Metallica ou encore Exodus. Mark Osegueda monte sur les planches, une bouteille de Bombay Sapphire à la main (bon… ce sera plus pour la forme qu’autre chose, le vocaliste n’y buvant que quelques gorgées pendant le show). Bien que la formation privilégie son dernier LP, « The Evil Divide », gravé l’an dernier, elle n’oublie pas pour autant ses fans d’hier, en entamant sa prestation par le morceau éponyme de « The Ultra-Violence », une composition qui remonte à 1987. En cinquante-cinq minutes, les musicos de Death Angel vont donner tout ce qu’ils ont dans le ventre, délivrant un concert condensé et sans concession, emmené par un Mark Osegueda à la puissance vocale vraiment impressionnante.

Deux bières plus tard et retour au Heavy. Et pas n’importe qui : Last in Line, dont le line up un peu particulier réunit d’anciens membres de Dio, groupe culte de Heavy Metal sous le lead de Ronnie James Dio. La motivation de ce band est simple : ressusciter les heures de gloire de Dio, dissous en 2010, suite au décès de son iconique chanteur. Le quintet a exhumé pour le plus grand plaisir de la foule, des morceaux devenus des hymnes, tels que « Stand Up and Shout », « Holy Diver » ou encore « Rainbow in the Dark ». Bon, évidemment, le pauvre Andrew Freeman, qui a la lourde tâche de reprendre le micro, n’a pas le coffre de Ronnie James Dio (NDR : est-ce mission impossible de le remplacer ?), mais on ne va néanmoins pas bouder sa joie de revivre ces titres interprétés par les musiciens d’origine. Faut-il préciser que l’auditoire a évidemment donné de la voix pendant un peu moins d’une heure (45 minutes pour être précis, car la formation s’est arrêtée dix minutes plus tôt, que prévu…) ? Ce genre de formation, c’est en fait un pari gagné d’avance. Mais qu’importe… du moment qu’on prend son pied !

Toujours dans la veine du Heavy Metal, Iced Earth se singularise en injectant dans sa solution sonore une dose de Power Metal, une autre de fantasy ainsi que l’une ou l’autre référence historique belliqueuse. Manifestement, le combo américano-canadien jouit d’une grosse popularité en Belgique, car la fosse est devenue de plus en plus compacte. Les musicos débarquent un à un sur l’intro de « Great Heathen Army » avant que le cri aigu (et si typiquement Heavy) de Stu Block ne vienne déchirer la plaine courtraisienne. Malgré un nouvel opus, « Incorruptible », publié il y a un peu moins de deux mois, la bande à Jon Schaffer n’en interprète que deux extraits, préférant puiser, ça et là, des titres issus de « Dark Saga », tels que « I Died for You », « The Hunter », « Vengeance Is Mine ». Iced Earth est typiquement du genre à rendre sa superpuissance contagieuse. Chaque morceau est un combat, une victoire arrachée, une ruée courageuse vers l’ennemi. On arrive en soldat, on repart en chevalier. Une fois de plus, l’exemple démontre que l’Alcatraz n’a pioché que des grosses pointures pour fêter sa décennie d’existence. C’est par l’épique, mais néanmoins émouvant « Watching Over Me », que le groupe tire sa révérence, largement acclamé par la foule.

La soirée commence à poindre le bout de son nez. J’y pointe d’ailleurs le mien sous la Swamp Stage pour y écouter quelques morceaux bien gras d’Obituary, un des pionniers du Death Metal. L’atmosphère est lourde, très lourde, et le combo figure parmi les incontournables. Mais comme votre serviteur a déjà assisté à un des ses concerts, il y a quelques mois ; et que l’estomac commence à crier famine, le ravitaillement s’impose avant d’accueillir un autre groupe mythique, mais qui milite dans l’univers du Thrash…

En l’occurrence, Testament. Né au début des années 80, à l’instar de nombreux bands du style, Testament (NDR : à l’origine il répondait au patronyme de Legacy), tourne depuis plus de trois décennies. Il parvient cependant encore à innover, à surprendre, tout en conservant sa propre identité. C’est par « Brotherhood of the Snakes », titre maître de son premier long playing, qu’il déterre la hache de guerre. C’est précis, c’est direct ; et on se prend un tas de riffs dans les dents. Et puis que serait ce band ynakee, sans sa figure emblématique, Chuck Billy ? Moitié Amérindien, moitié Mexicain, l’imposant vocaliste, quand il ne s’époumone pas derrière le micro, part alors dans d’impressionnants soli de pieds de micro (!) dont lui seul a le secret. Grâce à son impressionnante discographie, Testament est parvenu à faire vibrer les cordes vocales des fans d’aujourd’hui (« Dark Roots of Earth »), d’hier (« Low ») ou d’avant-hier (« Over the Wall »). Imitant de nombreux artistes programmés durant ce week-end, le frontman a tenté de chevaucher l’une des deux Harley Davidson trônant fièrement de chaque côté de la scène. Mais… personne n’a eu finalement l’audace de mettre son envie à exécution. Dommage !

La pluie est désormais loin et le soleil commence à montrer quelques traces de fatigue… N’est-ce donc pas le moment idéal pour accueillir les légendes de Venom ? Non pas un, non pas deux, mais bien trois backdrops tapissent le fond de la scène : la tête de bouc satanique reproduite sur la pochette de l’elpee, « Black Metal », est entourée de part et d’autre d’un pentagramme sur sa pointe. Pas de doute, Venom a toujours privilégié son inspiration satanique. C’est donc sur une introduction particulièrement machiavélique que les trois musicos opèrent leur entrée : le musclé Dante derrière ses fûts, aux cymbales avant exagérément hautes et inclinées à 90 degrés, le mystérieux guitariste La Rage, boule à zéro et bouc noir de rigueur, et finalement la figure de proue, le malsain chanteur et bassiste Cronos, au physique de gobelin habité depuis bien longtemps par le Malin. La basse est grasse et fortement mise en avant, la voix de Cronos est nasillarde et bourrue, les morceaux sont bien souvent primitifs et pourtant… l’alchimie est là et la sauce prend. Un concentré de puissance brute de décoffrage, sans aucun artifice. C’est la rencontre entre la hargne du punk, la puissance du Thrash et la mélodie du Heavy, le tout saupoudré d’une aura noire, pourrie et froidement satanique. Pas étonnant que ce band ait influencé bon nombre d’autres groupes, non pas spécialement pour les morceaux en eux-mêmes, mais pour ce qui en émane. Non seulement les pionniers du Thrash s’y réfèrent, mais également la scène Death Metal et, bien évidemment, la scène Black Metal qui empruntera son nom au second album du groupe. Old school jusqu’au bout des orteils, Venom était donc un des groupes à ne pas manquer ce samedi. A de nombreuses reprises, certains titres, tels que « Pandemonium », « Welcome to Hell », « Countess Bathory » ou encore « Black Metal » vont réveiller la part sombre de certains festivaliers. Un show magique et ensorcelé, démontrant que la puissance ne vient pas toujours de l’intensité des blasts, de la rapidité des riffs, de la hargne du chant ou d’une quelconque combine, mais qu’il faut aller la chercher… au-delà. Or, rares sont ceux qui sont parvenus à la trouver…

Un exemple de l’héritage laissé par Venom ? Abbath ! Et s’est sur la Swamp stage que le guitariste/vocaliste prend possession des lieux, entouré de l’énigmatique bassiste King et du drummer Raud. Aussi folklorique qu’insaisissable, Olve Eikemo incarne en même temps un des personnages mythiques du mouvement Black Metal. Il était la figure de proue d’Immortal, mais revêt aussi la caricature de ce que le Black Metal peut refléter (si vous n’en êtes pas encore convaincus, jetez un œil aux clips d’Immortal, vous comprendrez). Tête d’affiche de cette scène secondaire, Abbath est victime pourtant, d’entrée de jeu, d’un mauvais son. Beaucoup trop brouillon, il ne laisse que peu de place à la guitare. La situation finit heureusement par s’améliorer après quelques morceaux, tout comme l’abus de fumée sur scène. Un peu, c’est bien. Trop… on ne voit quasiment plus rien. Abbath n’a gravé pour l’instant qu’un seul long playing sous son pseudonyme ; moralité, l’éventail disponible dans le setlist est quelque peu réduit. Alors pas question de se compliquer les méninges : on aura droit à trois extraits de son nouvel elpee, un titre issu de son aventure intermédiaire vécue chez I, soit entre celle d’Immortal et d’Abbath, et six des meilleures plages d’Immortal. Encore une fois, la magie opère. Alors qu’Abbath ne peut s’empêcher de faire pitre entre chaque morceau, se lançant dans des diatribes que personne ne comprend, le set se révèle tout simplement dévastateur tout en nous réservant la quintessence du Black Metal. Une prestation qui aurait pu prendre l’eau, vu les problèmes techniques, mais qui finalement a été sauvée de justesse par la puissance des compos. Le maître fou a parlé.

Après quelques heures de décibels autant dans les oreilles que dans les jambes, cette journée d’Alcatraz marquée par un attachement aux valeurs traditionnelles, ne pouvait au final pas mieux se terminer que par la prestation de Saxon. La bande à Biff Byford émarge depuis plusieurs années au panthéon du Heavy Metal, et arbore fièrement le blason de la ‘New Wave of British Heavy Metal’. Il figure donc parmi ces groupes incontournables susceptibles de clôturer la journée de ce type de festival qui met bien en exergue les formations ‘old school’. Même le décor planté sur l’estrade rappelle la vieille école : un backdrop sur lequel est reproduit le logo du groupe et la pochette de leur denier LP « Battering Ram », un mur d’amplis Marshall séparé en son milieu par la batterie de Nigel Glockler, sous laquelle on retrouve à nouveau le logo du band. Punt.

Célébrant ses quarante ans d’existence ( !), Saxon se la joue résolument rétrospective en cette fraîche soirée estivale. Il faut dire que ce n’est pas le choix qui manque, vu les 21 albums studio ! Après avoir ouvert le bal par le dernier single en date, « Battering  Ram », le combo anglais va nous inviter à nous balader dans le temps, d’une décennie à l’autre, au gré de sa discographie. Vêtu d’une longue veste noire cintrée sur laquelle vient reposer au niveau des épaules sa chevelure blanche, Biff arpente le podium de long en large, saute sans arrêt sur l’estrade qui sert à la batterie et n’est jamais à court d’anecdotes glanées pendant sa longue carrière. Réputé pour son franc-parler et sa détente facile, n’osez pas lui dire qu’il est un papy du rock en fin de carrière, au risque de vous faire botter le derrière en bonne et due forme. Tout comme le chanteur de Testament, Biff est attiré par les engins motorisés aux extrémités de la scène, lui servant de parfait alibi pour lancer « Motorcycle Man », issu de « Wheels of Steel », une compo qui remonte à 1981, suivi de « Power & The Glory », datant de 1983. Le band ne manque pas de rendre hommage à Lemmy Kilmister, chanteur/bassiste tant regretté de Motörhead, en rappelant les nombreuses tournées que les deux formations avaient accomplies ensemble et en lui dédiant « 20,000 Ft », une piste publiée en 80, sur l’album « Strong Arm of the Law »…

Choisir Saxon en tête d’affiche, c’était pour l’Alcatraz Festival une occasion de se faire plaisir (le band est plus généralement placé en début de soirée), mais surtout l’opportunité d’offrir à ses festivaliers un groupe taillé sur mesure pour eux, une valeur sûre, incontestable et incontestée du Heavy Metal. C’est finalement sur « Denim & Leather », une composition datant de 81 que les trentenaires, quadras et quinquagénaires, groupes d’âge largement majoritaires ce week-end, s’en iront rejoindre leurs pénates, le cœur et l’esprit plus que jamais emplis du précieux Metal.

(Organisation : Alcatraz + RockTribune)

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Alcatraz 2017 : vendredi 11 août

Pour fêter son dixième anniversaire, les organisateurs du festival Alcatraz avaient mis les petits plats dans les grands. Et ils peuvent être fiers du résultat. Ce jubilé méritait donc d’être célébré dignement. Et ce sera le cas. D’abord, il s’est étalé sur trois au lieu de deux jours ; la journée du vendredi a ainsi permis de découvrir quelques groupes intéressants. Et puis, le site a accueilli un nouveau chapiteau. Baptisé ‘Swap stage’, sa configuration est judicieuse ; et il a vu défiler, à mon humble avis, les groupes les plus brutaux du festival. Mais pas de chevauchement entre deux concerts. Les formations successives ne se produisent jamais au même moment. C’est suffisamment pertinent pour être souligné. Enfin, un service de location de tentes de camping a permis à celles et ceux qui n’avaient pas le loisir de rentrer à la maison ou qui n’étaient plus en état de regagner leurs pénates, de les dépanner. Une bonne initiative !

Ce vendredi, votre serviteur est retardé par ses obligations professionnelles. Heureusement, la route est cool et l’accès au parking facile d’accès. Ce qui va permettre d’assister à la seconde partie du show de Krokus. Au cours duquel le band va se fendre d’une cover de Neil Young, « Rockin’ in the free World ». En m’informant auprès des collègues, il appert que le combo a également repris une autre compo, le célèbre « American Woman » du Guess Who, un titre qui dans sa version originale, était purement savoureux…

La musique de Denner/Shermann n’est pas vraiment ma tasse de thé. En outre, je n’ai pas pris le temps de jeter une oreille à son premier elpee, « Masters of Evil ». Néanmoins les covers de Mercyful Fate marquent un maximum de points ! Pour gouverne, Michael Denner et Hank Shermann figuraient au sein du line up originel du band à King Diamond. Ce qui explique le choix des morceaux…

La soirée s’achève par le set d’Udo Dirkschneider, mieux connu pour avoir été le chanteur d’Accept. Et tout comme au Graspop, la setlist a réuni les meilleurs morceaux de ce mythique groupe allemand. De toute évidence, cette sélection de la quintessence de son répertoire a une nouvelle fois mis le feu aux planches. “Starlight”, “Princess of the Dawn” et “Metal Heart”, sans oublier, évidemment, les incontournables “Fast as a Shark” et “Balls to the Wall” vont se révéler de véritables tueries…

Organisation : Alcatraz Music + Rock Tribune

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Brussels Summer Festival 2017 : jeudi 10 août

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Pour sa soirée consacrée au Rock Dur, au Hard Rock ou encore au Metal (au choix !), le Brussels Summer Festival a misé cette année sur la francophonie : The Black Tartan Clan, Mass Hysteria et Trust. Trois concerts symboliques pour chacune de ses formations : un adieu, un anniversaire et un come-back. Tous les ingrédients réunis pour passer un bon moment. Ou presque.

Les pavés du Monts des Arts sont glissants. Il est préférable d’éviter les flaques d’eau qui se forment ça et là dans le Parc jouxtant la scène, au risque de se retrouver prématurément les pieds détrempés. Le ciel n’est qu’un camaïeu de gris, chargé de nuages farouchement résolus à arroser de long en large le public bruxellois. Les k-ways deviennent le dresscode, concurrencés par des protèges pluies, de couleur orange pâle, distribués gratuitement à l’entrée du festival, dont le port vous fait étrangement ressembler à un préservatif sur pattes. Bienvenue en Belgique, un pays qui a décrété que, désormais, l’automne débuterait au mois d’août.

Mais restons optimistes : qui dit pluie, dit notamment Ecosse et dit donc cornemuse. L’atmosphère plutôt humide n’est donc pas en totale inadéquation avec l’arrivée des Belges de Black Tartan Clan. L’imposant Mac Hoze opère son entrée, kilt noir et béret de rigueurs, armé de sa cornemuse. Il suffit d’un souffle dans son instrument pour que les notes enivrantes et si typiques viennent électriser la place bruxelloise. Dès ce premier morceau, la bonne humeur et la joie manifestée par les musicos de fouler les planches viennent surprendre de plein fouet le mauvais temps. Le punk/rock celtique des Belges diffuse une chaleur très vite appréciée par les spectateurs, présents en nombre pour une première partie. Torse nu, sourire en coin et guitare à la main, le charismatique Mac Touche harangue la foule, invitant généreusement à la fête. ‘N’oubliez pas de venir faire un coucou aux filles du stand merchandising. On a quelques CD, vinyles et sweaters à vendre. Elles seront contentes si vous leur donnez un peu d’argent, ce sont des femmes hein !’, balance de manière un peu bourrue, le chanteur. A ses côtés, Mac Hoze Junior, quand il ne donne pas de sa voix en accompagnant Mac Touche, intervient au banjo, délivrant une aura folklorique aux titres. Plus le temps passe, plus les jambes se délient et les corps se mettent à danser. Les fidèles du groupe affichent présents aux premiers rangs, reprenant en chœur la plupart des compos. Et pour cause… le 25 juillet dernier, The Black Tartan Clan a annoncé le départ de son chanteur pour d’autres horizons, signant dès lors la fin de l’histoire de la formation, après dix années passées à sillonner la Belgique et les pays environnants. Elle clôture son dernier morceau et salue, émue, son public pour la dernière fois.

 

Pas de répit pour les braves : les averses semblent se plaire à Bruxelles. Partie de chassé-croisé entre techniciens et le matériel de Mass Hysteria commence à s’emparer des lieux. Le logo du groupe squatte désormais l’arrière de la scène. Les musiciens font un à un leur entrée sur l’estrade, au rythme de l’intrigante introduction de « Chiens de la Casse », morceau d’ouverture de leur dernier elpee en date, « Matière Noire ». Casquette noire vissée sur le crâne, l’air toujours aussi sérieux et le regard projeté au loin, Yann balance le premier riff du titre, suivi d’un déferlement de batterie, marquant le début des hostilités. Une heure de show sous tension où, contrairement à leurs habitudes, les Français enchaîneront les compositions les unes à la suite des autres, ne laissant pas à Mouss l’occasion de s’embarquer dans ses classiques diatribes anti-système. ‘Bon, les gars, on a tellement speedé qu’on a encore un peu de temps devant nous’, lâchera-t-il, en fin de set. Alors qu’il avait été initialement décidé de ne jouer que quatorze morceaux, un petit quinzième (« Tout est Poison ») viendra finalement compléter la set-list du jour, pour se solder par, en tout et pour tout, une heure de show exécutée sur les chapeaux de roue. Malgré un début de parcours un peu bancal, entre Mouss qui s’emmêle les pinceaux au niveau des paroles et Yann qui rencontre des soucis techniques avec sa gratte, les artistes rattrapent ensuite vite la sauce et font graduellement monter la fièvre. Une dilatation de l’espace-temps qui atteindra son point d’orgue lorsque Mouss, motivé par son guitariste Yann et malgré ses craintes (‘Mais tu es fou, si l’un d’eux tombe, il va se fracasser le crâne sur les pavés !’), rejoindra la foule sur « P4 » afin de déchaîner autour de lui un circle-pit endiablé. Mass Hysteria l’a dans son ADN. C’est une nouvelle preuve. Même si le public bruxellois n’était ce soir pas spécialement acquis à sa cause, il a néanmoins fini par lui mettre la tête à l’envers. Il aurait été dommage qu’il en soit autrement, vu que les Français fêtaient ici leur 100ème concert de la tournée. Fort heureusement, il semble qu’ils aient dépassés leur phase dépressive de la fin de l’année 2015, où ils avaient annoncé un break pour une période indéterminée. ‘C’est notre dernière date en Belgique… pour cette année !’, signale le chanteur, en s’adressant à la fosse. ‘Ne vous en faites pas, on entrera en studio l’année prochaine et puis on repartira sur les routes dès 2019…’ Les autres membres paraissent acquiescer, malgré quelques sourires forcés qui indiquent peut-être, que ce n’est pas tout à fait ce qui était prévu… Quoiqu’il en soit, « Furia » parvient à décocher un carreau dans le genou des rares personnes qui n’étaient pas encore convaincues que Mass Hysteria possède cette incroyable capacité à mettre le feu dans le cerveau...

Changement de décor et place à présent aux vedettes du jour. Après avoir vécu ses heures de gloire au début des années ’80, et de nombreux tumultes internes, Trust est donc de retour sur les planches afin de souffler son quarantième printemps. L’occasion de se lancer dans la ‘Au Nom de la Rage Tour’, une tournée qui conduira les artistes aux six coins de l’hexagone mais en offrant néanmoins l’exclusivité de la première date à la Belgique. Trois grand tapis recouvrent à présent la quasi-totalité de la scène, une lampe munie d’un abat-jour atypique sert de décor au fond de la scène. Des petits chiens en peluche, de tailles et couleurs différentes, ont également rejoint la stage. Une guitare stylisée est en outre placée devant la batterie. L’ambiance est plantée, les artistes peuvent grimper sur le podium, en accusant un léger retard par rapport au timing prévu. Les membres du line up original sont les premiers à débarquer : le guitariste Norbert Krief, vêtu d’une chemise couleur bordeaux et de chaussures assorties, suivi du chanteur Bernie Bonvoisin, bob vert aux motifs d’ananas vissé sur le crâne, lunettes de soleil et t-shirt jaune criard orné d’une tête de mort. Pour cette nouvelle formation, ils sont accompagnés par David Jacob à la basse (il a déjà sévi chez Trust de ’96 à ‘00), Ismalia Diop à la guitare (mais bassiste de ’06 à ’11) et un nouveau venu à la batterie, Christian Dupuy.

‘Bonsoir Bruxelles ! Vous êtes très beaux, vous êtes une belle nation, c’est un honneur…’, clame Bernie, après quatre morceaux. Non seulement le frontman n’est pas des plus communicatifs, mais lorsqu’il s’adresse à son public, le discours reste bien souvent énigmatique voire même parfois hautain. ‘Vous avez l’air cassé, non ?’, ose-t-il un peu plus tard. Soit il s’agit là de second degré, soit l’artiste n’a pas trop conscience que c’est plutôt lui qui semble à coté de ses pompes. Et dans la plus totale introspection. On devine son regard, dissimulé derrière ses lunettes de soleil, fixant le sol de manière obnubilée. A moins que ce ne soit le registre de ces morceaux, placé face à lui tel l’incarnation d’un souffleur, qu’il s’empresse d’éclairer lorsque les lumières deviennent plus tamisées, afin de garder un œil sur ses lyrics? Sans parler de ces quelques gestes suspects face à la batterie et dos tourné au public ou ses quelques retours en backstage, quand son nez semble le démanger.

Des observations certes anecdotiques, mais qui amplifient un sentiment croissant éprouvé tout au long du show : on s’ennuie. Le public, déjà plus clairsemé que lors du set de la formation précédente, continue progressivement à déserter les lieux. Certains bâillent, d’autres tuent le temps en buvant quelques bières. Les morceaux s’enchaînent mais la sauce ne parvient pas à prendre. Fidèle à son engagement sociétal, Bernie ne manque néanmoins pas d’écorcher le Président français, Emmanuel Macron, et son mouvement ‘En Marche arrière’. Une compo est également dédiée à Adama Traoré, ce jeune de 24 ans, qui aurait été tué par les forces de l’ordre françaises le 19 juin 2016.

Les fans des premiers rangs semblent conquis par le retour sur les planches de ces icônes françaises du Hard Rock. Mais ils semblent être les seuls véritablement convaincus. Alors, qu’en est-il vraiment : un tour de chauffe qui manque de goût pour cette première date de la tournée ou un revival des années ’80 que seuls les aficionados et autres nostalgiques pourront apprécier ? On approche de l’heure et demie de show, la scène est plongée dans le noir. Quelques acclamations s’élèvent et Trust finit par revenir sur l’estrade afin d’interpréter son titre phare incontestable, « Antisocial ». Les spectateurs en-dehors des premières lignes se mettent enfin à bouger et donnent de la voix. Une consolation un peu maigre pour ce retour tant attendu qui, à première vue, ressemble davantage à un soufflé retombé. La rébellion a perdu de sa passion…

Black Tartan Clan + Mass Hysteria + Trust

(Organisation : Brussels Summer Festival)

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Lokerse Feesten 2017 : jeudi 10 août

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Le septième jour des Lokerse Feesten va nous entraîner au cœur de la musique urbaine, en compagnie de Lil Wayne et Coley ainsi que néo-soul grâce à Jamie Lidell. Et il appartiendra au Dj Mark Ronson, considéré dans cet univers, comme le roi de la pop, de la soul et du funk, de clôturer la soirée. Une soirée copieusement arrosée. Pas toujours agréable d’assister à un festival, quand les robinets sont constamment ouverts. Et pourtant, il y a du peuple sur la Grote Kaai.

Ronnie Flew & Deuxperience Band ouvre le bal sous une pluie battante. En nombre aux premiers rangs, les adolescentes accordent une belle ovation au frontman du band batave, dès qu’il grimpe sur l’estrade. Il s’exprime uniquement en néerlandais. En Belgique, ce rappeur et producteur néerlandais est surtout connu pour avoir consigné le tube « Drank & Drugs ». Aux Pays-Bas, il est devenu une véritable référence sur la scène r&b ; et ce depuis déjà plusieurs années. Il compte ainsi plus de 150 millions de vues sur YouTube. Sur les planches, le groupe est soutenu par deux choristes. Teinté de dubstep, de raggamuffin et pimenté de sonorités caribéennes (NDR : les nombreuses percus –djembé, steel drum, tambour bèlè– y contribuent largement), son hip-hop est plutôt mélodique. Le set est plutôt plaisant, mais il déborde du timing prévu. Donc les organisateurs demandent aux musicos de l’abréger. Ils font la sourde oreille. Conclusion, ils seront évacués par les membres de la sécurité. Pas de quoi les rendre heureux, manifestement...

Coely a grandi à Anvers. Ce prénom, elle le doit à la contraction de celui de son père ‘Colin’ et de sa mère (‘Elysées’). Son bagage culturel, elle le doit à sa mère, directrice d’une chorale d’église au Congo. Elle pratique un mélange détonnant de hip hop old school, de soul, de gospel et de dance-hall. Et rappe comme une Américaine. Elle est capable de communiquer des vibes à la manière de Laurijn Hill, donner des coups d’accélérateur dans le style de Busta Rymes et même d’assurer une séance de human beatbox. Et elle peut compter sur son pote, Dvtch Norris, dont la voix soul est puissante, pour mettre le feu aux planches.

« Différent Waters » ouvre le show. « My Tomorrow » est empreint de néo-soul et de r&b. Coely arpente les planches de long en large en haranguant la foule. Titre de hip hop ‘old school’, « Wake Up Call » lorgne vers le r&b. Les chorégraphies sont impeccables. Dvtch opère des allers-retours entre l’estrade et le backstage. Il est bien sur les planches pour « The Rise » et « Don’t Care », deux morceaux sculptés dans un rap incendiaire. Les ‘boom, boom, ratata’ fusent de partout. Autre grand moment, la cover du « Could You Be Love » de Bob Marley, interprétée à la manière de Ky-Mani Marley. Elle n’en oublie pas pour autant sa rituelle séance de human beatbox. Et le spectacle de s’achever par « Celebrate ». Manifestement, Coeley est à l’aube d’une grande carrière internationale…

Artiste caméléon, mais particulièrement soucieux de son look, Jamie Lidell réussit mieux que personne le mélange des genres. Chargée de groove, sa superbe voix est à la fois hantée par James Brown, Otis Redding et Marvin Gaye. Il s’en sert aussi parfois comme un crooner. Sa musique est le fruit d’un cocktail préparé à base de neo-soul, gospel, funk et d’électro (NDR : faut dire qu’il adore triturer les machines). Ce soir, il est flanqué de sont backing group, The Royal Pharaohs. Et cette véritable bête de scène va nous proposer de larges extraits de son septième opus, « Building A Beginning ».

Son énergie communicative n’a aucun mal à convaincre un large public qui le lui rend bien. Faut dire qu’au cours de son set, il va privilégier ses hits, dont « Another Day », « Little Bit Of Feel Good », « Building A Beginning », « Julian », « I Live To Make You Smile » et « Walk Right Back ».

Les précipitations continuelles qui se sont abattues depuis quelques heures sur la Grote Kaai, depuis quelques heures, finiront par avoir raison de votre serviteur. ‘Te veel is te veel’ et il tire sa révérence pour revenir en forme le lendemain… 

Mark Ronson + Lil Wayne + Jamie Lidell & The Royal Pharaohs + Coely + Ronnie Flew & Deuxperience Band

(Organisation : Lokerse Feesten)

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Brussels Summer Festival 2017 : mercredi 9 août

C’est le 4ème jour du BSF, et le festival monte tout doucement en puissance. Ce soir : ouverture de la scène du Mont des Arts et vu la météo clémente, les auspices sont bons. Au programme, Rive, Typh Barrow et Noa dans la Salle de la Madeleine tandis que Clara Luciani et Faon Faon squatteront le Magic Mirrors. Mais c'est le Mont des Arts qui a retenu notre attention, pas tellement pour Jain, la tête d'affiche, mais bien Fishbach et surtout Lescop.

Il est 19h15 précises et l'esplanade n'est remplie qu'à moitié quand Mathieu Peudupin, alias Lescop, monte sur le podium. Le Français a toujours été un de nos favoris et, si vous sondez les pages de Musiczine, vous retrouverez deux chroniques de concert et une interview qui lui sont consacrées. ‘Bonsoir, Bruxelles ! Ca fait longtemps !’, déclare Lescop. En effet, 4 ans se sont écoulés depuis sa dernière visite ; une absence qu'il a mise à profit pour publier « Echo ». C'est d'ailleurs par la plage titulaire de ce second opus que la formation entame le show ; d'abord tout en douceur, au sein d’une atmosphère solennelle rappelant... « Atmosphere » de Joy Division. Mais bien vite, une rythmique robotique ou plutôt ‘motorique’ suivant le terme employé pour désigner le 'krautrock', vient secouer la compo, rehaussée par des notes de guitare en ‘sustain’ façon « Heroes » de Bowie. Une magistrale entrée en matière.

Classieux et discret, en pantalon et veste jeans, Lescop s’est planté au milieu du podium. Il est flanqué du guitariste Cédric Leroux (NDR : physiquement, cet ex-Phoebe Killdeer campe un hybride entre Prince, Fred Chichin et Phil Lynott !), qui affiche une grande maîtrise sur son instrument, tout en exécutant des mouvements saccadés et épileptiques, du bassiste (NDR : il s’est installé à gauche de l’estrade) Antoine de Saint-Antoine, l'acolyte des débuts chez Asyl ; sans oublier la préposée aux synthés Maud Nadal, ainsi qu’un batteur.

La formation poursuit son voyage au cœur d'une new wave moderniste via « David Palmer », « Ljubljana » et « Quelqu'un à qui penser ». Les rythmiques sont hypnotiques et les arrangements, dépouillés. On pense bien sûr à Taxi Girl, Etienne Daho ou encore Indochine ; mais aussi à The Cure, The Sound et Suicide. La musique, très filmique, est influencée par le cinéma, surtout les réalisateurs Jean-Pierre Melville, Fassbinder et Schlöndorff. « La Nuit Américaine » en est une preuve évidente, même si Lescop nous a précisé qu'il n'avait pas encore vu le film de Truffaut, quand il l'a écrite. Sur ce titre, il apparaît concentré et les yeux fermés, il ressemble à Ian Curtis. Ses mouvements respirent l'élégance discrète. Il les anime de quelques déhanchements légèrement androgynes.

‘Je veux vous voir danser un peu plus que ça !’ réclame Lescop. Le public est maintenant plus nombreux, remplissant presque entièrement la cuvette du Mont des Arts, mais il est en effet assez apathique. « C’est la nuit » va les remuer, grâce à ses boucles électro, ses arpèges répétitifs et sa rythmique un peu martiale. Pendant « Dérangé », Maud Nadal passe à la guitare, permettant à Cédric Le Roux de s'aventurer dans un solo frénétique. L'intro carrément punk de « Un Rêve » fait monter la pression encore un peu plus. Et enfin, c'est le moment tant attendu: « La Forêt » ! Le public acclame chaleureusement les premières notes de basse et le rythme minimal de batterie. Lescop se campe en front de scène et son interprétation est impeccable. Nous dansons en remuant la tête, comme ensorcelés par cette mélodie envoûtante.

Lescop termine sa prestation par « Le Vent », un morceau consacré aux ‘souvenirs brûlants’. ‘C'est le dernier titre du show et aussi le dernier de notre tournée’, confie le chanteur. Le moment est touchant et clôture le show comme il avait commencé, dans une atmosphère solennelle. Un très bon concert mais on est impatient de le revoir à nouveau seul, dans une salle, pour un concert plus conséquent...

Le temps de déguster une petite Kriek et place à Fishbach ! Flora Fishbach (de son vrai nom) est originaire de Normandie mais a surtout vécu à Charleville-Mézières. Elle est une des grandes révélations françaises de ces derniers mois. Au Mont des Arts, elle va accorder un show déroutant, irrégulier mais fascinant.

Sa musique est étrange, et mêle des influences qui oscillent de Rita Mitsuko à Niagara, en passant par Patti Smith, Daniel Balavoine et Mylène Farmer. Un cocktail étonnant, voire détonnant ! La setlist se focalise sur le premier LP, « A ta merci », tout en accordant une mention particulière à « Y Crois-tu », « Un Autre que Moi » et « le Château ». Obsédée par la mort et le suicide, l'artiste chante « On Me Dit Tu » et « Mortel » sur des rythmes jouissifs, dans une espèce de farandole mortifère. Fishbach danse sur les tombes...

La clope au bec, elle affiche cette moue désabusée presque provocante mais on la sent fragile, écorchée vive. Distante, presque décalée par la situation, elle semble vivre comme dans un rêve, habitée par son univers. Entre les chansons, elle passe plusieurs dizaines de secondes, en silence, à regarder le public, créant un malaise presque palpable. Derrière elle, on remarque Michèle Blaise, époustouflante à la basse et aux voix, Nicolas Locart aux synthés et Alexandre Bourrit à la guitare.

Attention : musicalement, c'est très fort. Les harmonies sont recherchées, les rythmiques fouillées et les mélodies, superbes. Les arrangements sont très riches : ça va dans tous les sens. Tantôt new wave disco cheesy des années '80, tantôt valse bastringue et baroque, tantôt électro rétro-futuriste. Et il y a cette voix, mutante, oscillant entre notes aiguës et graves, une mezzo dramatique, voix d'enfant, de déesse, de sorcière... Quand Fishbach quitte la scène, on n'a qu'une envie : se replonger au plus vite dans son univers unique et captivant. Ce concert ? Une belle Fishclaque*...

Si le public est, pour la plus grande partie, resté assez indifférent face à Lescop et à Fishbach, c'est parce qu'il est venu pour Jain. La Toulousaine est devenue la coqueluche des médias et des radios mainstream. Véritable Stromae au féminin, elle mélange électro et sonorités africaines, tout en proposant un côté ouvertement ‘urban dance’ : une recette qui fait merveille auprès du grand public mais laisse votre serviteur de glace. Pourtant, il faut le reconnaître, en ‘live’, c'est du lourd : le show est époustouflant, les visuels très recherchés. Jain a une forte présence et a l'art de faire participer le public. Nous vous renvoyons donc vers les chroniques des journaux nationaux pour un compte-rendu complet du spectacle. Pour notre part, nous nous rendons backstage à la Madeleine, pour retrouver Lescop et l'interviewer. A suivre dans les colonnes de Musiczine et sur les ondes de Radio Vibration, dans l'émission WAVES !

* copyright Franck Limonier (Divagation)

(Organisation : BSF)

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Lokerse Feesten 2017 : mardi 8 août

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C’est le cinquième jour des Lokerse Feesten. Et en ce mardi 8 août, l’affiche privilégie les belles voix. Il y aura Tamino, un talent découvert par Studio Brussel, dont l’organe est aussi bien capable de monter dans les aigus que de descendre dans les graves. Le Britannique Tom Odell également. Une belle gueule d’ange aux intonations puissantes ; et qui joue du piano à la manière d’un Michael Bublé, voire d’Elton John. Mais encore Het Zesde Metaal, dont l’expression sonore est le fruit d’un mélange entre slowcore, alt country et pop sucrée ; mais qui véhicule des textes dans la langue de Vondel. Et en finale, Ben Harper, en solo, armé de sa gratte, le plus souvent semi-acoustique…

Le ciel a ouvert les robinets. La pluie nous attend sur la Grote Kaai. Tamino-Amir Moharam Fouad est le premier artiste programmé. Après avoir remporté l’édition 2017 du concours ‘De Nieuwe Lichting’ chez Studio Brussel, il remplit déjà, et à deux reprises, l’AB Club. L’auteur-compositeur-interprète anversois est le fils d’une mère belge et d’un père égyptien. Une famille d’artistes, car son grand-père, Moharam Fouad, était un chanteur populaire en Égypte. Lors du concours ‘De Nieuwe Lichting’, il s’était distingué en transformant le « I Bet You Look Good on the Dancefloor » d’Arctic Monkeys, en ballade incantatoire.

Il grimpe donc sur l’estrade, armé de sa gratte électrique, habillé de noir, de la tête aux pieds, et attaque immédiatement « Intervals », une composition à la fois douce, belle et envoûtante. Sa voix est empreinte d’une grande mélancolie. Avant d’aborder « Sun may shine », il est rejoint par le claviériste/guitariste Tom Pintens et le drummer Ruben Vanhoutte, ses compagnons de route. Tout au long de ses hits, « Reverse » et « Cigar », sa voix prend aux tripes ; et on ne peut s’empêcher de penser à Jeff Buckley ainsi qu’à Elliott Smith. L’envol est même impressionnant. Elle emprunte un grain rocailleux, très proche de feu Leonard Cohen, tout au long d’« Indigo Night », une compo chargée de tendresse. Il nous réserve deux nouveaux titres, « Will Of This Heart » et « Tummy », que l’auditoire écoute religieusement. Et achève son set par « Habibi ». Tamino se produira bientôt dans la grande salle de l’AB et au Salon de Silly.

Il pleut de plus en plus. Mais Het Zesde Metaal doit embrayer. Il s’agit du projet de Wannes Capelle, un artiste très apprécié au Nord du pays. Originaire de Wevelgem, il est également acteur de théâtre. Engagées, les compositions sont chantées en néerlandais. Dans ces conditions cette formation n’a guère de chance de percer en Wallifornie. Wannes est plutôt volubile entre les différents morceaux. Mais bon, vu l’idiome, votre serviteur ne comprend pas tout ce qu’il raconte. Mais quand même lorsqu’il félicite la foule de rester sous la pluie.

Place ensuite à Tom Odell, un dandy anglais qui affiche une forte personnalité. A son actif, un Ep et deux elpees. Non seulement, il séduit le public féminin (NDR : il affiche un grand sourire, en permanence), mais se révèle vraiment brillant au piano. La combinaison entre vocal et instrument est surprenante. Tom passe, sans filet, de la tendresse à la rupture. Et l’amplitude de sa voix est confondante. Sur les planches, il est épaulé par un gratteur, un bassiste et un drummer. Et lorsque ces quatre voix se conjuguent en harmonie, on est littéralement sur le cul. Dans sa set list, il n’oublie pas ses hits, « Hold Me », « Another Love» et « Magnetised ». Un regret, quand même, le manque d’interactivité. Il faudra d’ailleurs attendre la fin de parcours avant qu’il ne commence à dialoguer avec l’auditoire…

Artiste attachant, Ben Harper assure la finale. Le set est annoncé ‘unplugged’, donc sans son backing group, The Innocent Criminals. Le Californien est venu présenter de larges extraits de son dernier opus, « Call It What It Is ». C’est la seule date de sa tournée en format acoustique. Un piano trône sur les planches ainsi qu’un siège, un pied de micro et un ampli. La plaine commence à se dégarnir, mais il y a quand même encore du peuple. Il débarque sur le podium, coiffé de son éternel chapeau mou de couleur blanche. Entre chaque morceau il change de gratte, en général une Weissenborn, que ce soit une sèche à 12 cordes, une électrique, une semi-acoustique, un dobro ou la lap steel, un instrument qu’il pose sur ses genoux, en position assise. Il s’en sert régulièrement en slide ou à l’aide d’un bottleneck. Des techniques inspirées par les bluesmen du Delta du Mississippi, et réhabilitées par un certain Ry Cooder…

Lors de ce set, Ben va –et c’est une surprise– interpréter trois de ses compos au piano. Et  emporté par son enthousiasme, il va même accorder quatre morceaux, en rappel, causant un gros retard au set Dj qui allait lui succéder. Même qu’en fin de parcours, il ne restait plus qu’une centaine d’âmes sur la plaine…  

Ben Harper + Tom Odell + Het Zesde Metaal + Tamino

(Organisation : Lokerse Feesten)

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Brussels Summer Festival 2017 : dimanche 6 août

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Et c’est reparti pour une nouvelle édition du Brussels Summer Festival ! Cette 16ème mouture commence sur un mode mineur. Seules deux scènes sont concernées ce dimanche, en l’occurrence La Madeleine et le Magic Mirrors. Donc les spectacles se dérouleront en salle. Il paraît que rien n’arrête un festivalier. Ni les travaux sur la route vers la capitale. Ni les difficultés à y garer son véhicule. Mais c’est aussi le cas pour retirer son pass ; car après avoir été redirigés vers quatre endroits différents, le cinquième était le bon.

Quand on débarque au sein du Magic Mirrors, Magyd Cherfi achève son set. Ses compos oscillent entre un raï proche de Rachid Taha, et un jazz manouche à la Sanseverino. Et il n’est pas avare de commentaires entre les titres. La mise en scène est même quasi-burlesque pour introduire « Inch’allah peut-être ».

Les mesures de sécurité freinent considérablement nos déplacements. Mais bon, vu le contexte actuel, elles s’imposent. On arrive enfin dans la Madeleine. Car le jeu en vaut la chandelle. Nouvelle Vague s’y produit. Fondé en 2004, il est drivé par Marc Collin et Olivier Libaux. Ce dernier se consacre à la guitare, assis, côté droit du podium. A ce jour, une bonne dizaine de chanteuses ont transité au sein du line up. Plus charmantes les unes que les autres. A l’instar d’Helena Noguerra ou de Mareva Galenter. Ce soir le duo féminin réunit Mélanie Pain, fidèle depuis de nombreuses années, et Elodie Frégé (NDR : elle avait avoué, lors d’une interview accordée pour à Europe 1, qu’elle a failli rater l’invitation à rejoindre le groupe à cause d’un e-mail non lu). Suivant un même rituel, le band revisite de nombreux succès new wave à leur sauce bossa-nova. Les spectateurs en voient de toutes les couleurs. Depuis le « Blue Monday » de New Order au « All cats are grey » de Cure, en passant par le « I just can’t get enough » de Depeche Mode. La voix presque enfantine de Mélanie –qu’on pourrait croire née d’un hybride entre Elizabeth Fraser et Alison Shaw– se pose à merveille sur certaines compos. Elodie se réserve plutôt des chansons originales, dont « La pluie et le beau temps ». Lors de la finale, le « Love will tear us apart » de Joy Division est repris en chœur par le public. Un public choyé par les musicos, qui précisent que cette date au BSF est l’ultime de leur tournée (NDR : ils rentrent au bercail, après avoir accompli un long périple aux States). Ce qui les incite à nous réserver un second rappel en prenant même le temps de quitter les planches. Une date de clôture de tournée pour une ouverture de festival, la formule était toute trouvée…

(Organisation : BSF)

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Lokerse Feesten 2017 : dimanche 6 août

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Le troisième jour des Lokerse Feesten est consacré au ‘Metal Day’. Pour votre serviteur, c’est le meilleur de ce festival. Il est d’ailleurs décrété sold out depuis quelques temps. L’affiche est alléchante, puisqu’elle propose notamment l’improbable Marilyn Manson, le toujours fringant Alice Cooper, le talentueux Apocalyptica, le très pro Megadeth et les frères Cavalera, censés foutre le bordel sur la Groote Kaai…

Direction la seconde barrière ou l’emplacement de votre serviteur est marqué au fer rouge, depuis 12 ans. A 16 heures pétantes, le présentateur vous accueille d’un ‘Goed Morgen Lokeren’. Après une brève présentation, Fleddy Melculy, l’un des meilleurs metal bands du royaume, monte sur l’estrade. S’exprimant dans la langue de Vondel, il est considéré comme l’héritier illégitime de Lars Ulrich et Lita Ford. Actif depuis 2015, il est mené de main de maître par Jeroen Camerlynck, le frontman de De Fanfaar. Une grande toile colorée reproduisant le patronyme du combo est tendue, en arrière-scène. Le quintet déboule sur les planches. Il implique deux sixcordistes masqués.

Les riffs sont graisseux. La section rythmique est solide. Jeroen est coiffé d’une casquette singulière et chaussé de ‘bril’ noires énormes. « Fuck You Fleedy » constitue le premier brûlot. Et c’est le morceau qui ouvre les hostilités. Les musicos ont la bougeotte. L’auditoire aussi. Et le deuxième titre, « Feestje In Uw Huisje », flanque carrément le souk dans la fosse. Les pecus sont sauvages. Les grattes, incendiaires. Le chant de Jeroen est hurlé mais plutôt mélodique. Avant d’attaquer « Apu Van De Night Shop », on entend une sonnerie de porte de magasin et puis surtout on assiste à un lancement de saucisses ‘BiFi’. Particulièrement métallique, le délire est cependant bien contrôlé. En fait, le message s’adresse à l’univers des magasins de nuit. Nouveau largage, mais de tranches de pain. Une mise en bouche qui prélude « Brood ». La foule est hilare ! Et ce sentiment est communicatif. Un morceau qui semble hanté à la fois par Pantera et Sepultura. Et cette forme de folie douce se poursuit tout au long de « Geen Vlees Wel Vis », une ode pour les végétaliens et les vegans. D’une durée de 30 minutes, le spectacle s’achève par « T-Shirt Van Metallica ». Ce hit parodie les ‘kékés’ qui arborent des tee-shirts de Metallica, mais ‘pensent’ d’abord à U2 lorsqu’on leur parle de « One ». Bref, on a vécu un spectacle hurlant et incendiaire, vu sous un angle humoristique…

The Amity Affliction est une formation australienne. Elle est venue défendre son sixième opus, « This Could Be Heartbreak », paru en 2016. Le band pratique un metalcore racé et ultra mélodique. Les quatre musicos (un bassiste, un guitariste, un chanteur et un batteur) jouissent d’une belle technique. En outre, il se servent de tous les ingrédients nécessaires pour faire décoller leur musique : de jolies mélodies, des râles gutturaux agressifs, des riffs cinglants et un batteur capable d'utiliser une double pédale de grosse caisse. Cependant, il manque manifestement une cinquième roue au char. Qui pourrait se consacrer aux backing vocaux, aux claviers et à la guitare rythmique. Parce que cette instrumentation se traduit par des bandes préenregistrées. De la set list, on épinglera « Open Letter », « All Fucked Up » et « Don’t Lean On Me ». A conseiller aux aficionados de Betraying The Martyrs.

Apocalyptica embraie. Bien que sculptée dans le heavy metal, sa musique est produite par quatre violoncellistes et un drummer. D’ailleurs, pour ce show, l’affiche précise ‘Apocalyptica play Metallica with four Cellos’. Ce sera le cas. Faut dire qu’en général, la set list du band finlandais réunit titres originaux et reprises. « Ender Sandman » sert d’amuse-gueule. Pas de drums pour cette entrée en matière, mais les 4 violoncellistes, assis sur un baffle retourné, tous perchés sur une estrade qui entoure la double batterie… imposante. Cocasse, une cruche à lait retournée et une buse métallique trônent au sommet. Dès les premières notes de « Master Of Puppets », le public s’enflamme et reprend en chœur le refrain. Et pourtant, aucun des musicos ne chante ! Le préposé aux fûts débarque avant « Fight Fire With Fire ». De quoi mettre le feu. Eicca et Perttu se lèvent afin d’interpréter ce morceau imprimé sur un mid tempo. Il faut attendre « For Whom The Bell Talls » pour comprendre la raison de la présence d’une cruche à lait et d’une buse : elles servent de percussions. Eicca invite la foule à applaudir. Eicca et Perttu font tournoyer dans tous les sens, leur chevelure abondante. L’ambiance monte encore d’un cran. Tout au long de « Nothing Else Matters », Perttu glisse son archet le long des cordes pendant qu’Eicca les pince. C’est un moment propice au recueillement au sein de la fosse, avant le tonnerre d’applaudissements réservé au duo magique. Et le combo va nous réserver, en finale, un « Seek & Destroy » littéralement fabuleux. Alors on imagine, vu le light show impressionnant, l’impact qu’il aurait pu avoir, si le set s’était déroulé la nuit. 40 minutes de bonheur, mais on aurait aimé vivre des prolongations...

On attend ensuite les frangins Max et Igor Cavalera. Fers de lance de Sepultura, la fratrie a décidé d’interpréter l’intégralité de l’album mythique « Roots », dans le cadre d’une tournée baptisée ‘Back to roots’. Cet elpee du mythique groupe brésilien était paru en 1996. Au cours des années 90, Sepultura était aussi populaire que Metallica.

Igor siège derrière ses drums. Et ils sont conséquents. Max, préposé au chant et à la guitare, s’installe devant lui. La paire est soutenue par Johny Chow (NDR : il a notamment milité chez Stone Sour) à la basse et Marc Rizzo à la seconde gratte.

Max est un guerrier. Son pied de micro est orné d’une cartouchière de mitrailleuse. Un drapeau brésilien est tendu en toile de fond. Max débute entame des incantations tribales avant d’attaquer « Roots Bloody Roots ». Max invite le public à jumper. La chronologie de l’album est respectée. Max est volubile. Il incite constamment la fosse à exécuter des ‘circle pits’. La gratte d’Igor est redoutable, voire sauvage. Pendant « Attitude », Max se sert d’un berimbau (NDR : instrument brésilien à une corde frappée). Et il invite son frère à marquer le tempo, avant d’aborder l’énergique « Ratamatta ». Le public jumpe toujours et lève les bras en cadence, durant 8 bonnes minutes. Pendant le ‘fucking’ « Straighthate », Igor martyrise ses peaux. Et la formule est faible ! Max et Marc en profitent pour entrer en duel à l’aide de leurs guitares aux sonorités graisseuses. L’équipe n’en oublie pas de rendre un hommage à Lemmy à travers « Aces Of Spades » ; et franchement, la version est meilleure que l’originale. Le concert s’achève alors par un « Roots Bloody Roots » d’anthologie…

Groupe de thrash metal américain, Megadeth est une machine bien huilée. Faut dire que ce combo californien a été fondé en 1983 par le guitariste Dave Mustaine et le bassiste David Ellefson (NDR : peu après le renvoi de Mustaine de son band précédent, Metallica). Et puis il compte pas moins de 15 albums studio à son actif, dont le dernier, « Dystopia », a été gravé en 2016. Cocorico : un drummer belge a rejoint le line up, l’an dernier. Il s’appelle Dirk Verbeuren, et ma foi, il est plutôt doué.

Des images de ‘Marvel Comics’ américains défilent sur l’écran, en arrière-plan. Mais également des vidéos –enflammées– qui décrivent la fin du monde. Mustaine semble avoir perdu sa voix. Pas d’interactivité –et même de contact– entre les artistes et l’auditoire. Mais malgré l’excellent travail opéré par la section rythmique ainsi que la qualité des riffs, le set devient rapidement ennuyeux. Seuls les inconditionnels, et ils se sont quand même déplacés en nombre, semblent apprécier…  

Le spectacle d’Alice Cooper est très attendu. Il vient de publier un nouvel opus, baptisé « Paranormal ». Le maître d’école provocateur est le père spirituel et fondateur du ‘shock rock’. Un rock théâtral qui mêle sexe et violence, mais dont le principal objectif, n’est que de provoquer. D’ailleurs, à 69 berges, le papy Cooper n’a pas besoin de déambulateur. Et il est de retour !

Avant de monter le matos, les roadies installent une toile devant le podium. Elle représente les yeux de Cooper masqués, chacun, d’une toile d’araignée. Un peu avant 22h15, heure fatidique prévue pour le début du show, un light show multicolore inonde la tenture avant qu’elle ne tombe, juste avant l’intro préenregistrée de « Spend The Night ». De la fumée et quelques pétards plus tard (NDR : ou plus exactement dans la foulée), les 5 musicos débarquent. La section rythmique, réunissant le bassiste Chuck Garric et le drummer Glen Sobel. Les gratteurs. En l’occurrence la belle Nita Strauss, Ryan Roxie et Tommy Herriksen. Ils se plantent sur une estrade, l’un à côté de l’autre, en ligne. Puis débarque enfin Alice, revêtu d’une large cape de couleur noire, qu’il jette immédiatement au sol. Armé de son bâton de magicien, il arpente les planches, d’un regard haineux, démoniaque. Parfois il s’en sert comme un vieillard ou même un aveugle. La mise en scène est parfaite. Le set s’ouvre par un vieux standard, datant de 1990, « Brutal Planet ». Pendant « No More Mr. Nice Guy », les trois gratteurs pointent leur manche en avant. Et « Under My Wheels », ils entourent le maître qui appelle Nita, dont la pose est plus qu’équivoque. Le moment sex and rock’n’roll ! La belle a plein d’atouts… dans son manche. Elle continue son show tout au long de « Women Of Mass Distraction ». Manifestement, on remarque une grande complicité entre Alice et la girl. Chaque guitariste a droit à son solo. Celui de Nita est digne de Steve Vai. Les festivaliers enclenchent leurs iPhones. Le maître se retire régulièrement en backstage pour changer de déguisement. Pour notamment enfiler une redingote noire et se coiffer d’un chapeau haut de forme. Pendant « Feed Me Frankenstein », il sort d’une boîte enfumée placée à gauche du drummer, vêtu d’un long tablier banc ensanglanté et armé d’un stéthoscope. Il enfile un masque à gaz. Une machine est installée sur les planches. Elle électrocute l’artiste qui disparaît dans un nuage de fumée, alors remplacée par une grande poupée de 4 mètres de haut. Les musicos feignent d’être tétanisés et vident les lieux. Alice opère son retour et joue… à la poupée pendant « Cold Etyl ». Cooper n’en n’oublie pas son nouveau répertoire, à l’instar de « Paranoiac Personality ». Et le team enchaîne alors sa trilogie « Ballad Of Dwight Fry/Killer/I love The Dead » qui relate la scène au cours de laquelle Alice est placé sous camisole de force… l’infirmière lui administre une piqûre… avant qu’il ne soit mis à l’échafaud…

C’est au moment d’aborder « I’m Eighteen », qu’Alice, s’appuyant sur une grande béquille, est suivi par Marilyn Manson (NDR : son fils naturel ?) qui se produit dans la foulée. Manson s’agenouille devant Cooper et lui baise la main. Une belle marque de respect. Mélangé à une adaptation de « The Wall » du Floyd, « School’s Out » sert de finale et nous réserve son lancer de ballons, ses bulles, ses pétards, ses fumigènes, ses confettis tutti quanti…

Pas de Marilyn Manson pour votre serviteur. Ses shows manquent souvent de constance. Suivant les infos recueillies, celui accordé ce soir n’a guère différé de ce qu’il a montré dans le passé…  

Marilyn Manson + Alice Cooper + Megadeth + Max et Iggor Cavalera + Apocalyptica + The Amity Affliction + Fleddy Melculy

(Organisation : Lokerse Feesten)

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Ronquières 2017 : dimanche 6 août

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Ronquières Festival, second round. L’accès au site est rendu nettement plus difficile que la veille. Les bouchons sont légion et il faut compter parfois plusieurs minutes avant d’avancer de quelques mètres…

Normal ! L’affiche proposée est plus riche que celle du samedi. Mais comment les organisateurs se débrouillent-ils pour proposer de tels artistes à un prix défiant toute concurrence ?

Le soleil inonde la plaine de ses généreux rayons. Les stigmates de la veille sont encore bien présents. Certains endroits sont recouverts de boue et de grandes flaques d’eau jalonnent le parcours. Peu importe, soyons audacieux !

Il est 15 heures précises lorsque votre serviteur franchit le portail Tribord. La fouille corporelle s’est réduite un peu plus encore. Pas de quoi rassurer le festivalier lambda, vu le climat anxiogène entretenu par les attentats !

Au loin, on entend le ‘soundcheck’ de Mustii. Forçons donc le pas ! Le jeune artiste belge a déjà presté l’année dernière, ici même. C’est un habitué des lieux ! De l’aveu même des critiques, il avait littéralement enflammé la foule qui lui avait bien rendu par une salve d’applaudissements jamais entendue auparavant !

Vêtu d’un survêtement en toile de lin de couleur noire, qui contraste avec la blondeur de ses tifs, Thomas Mustin (NDR : à l’état-civil) s’est essentiellement illustré en publiant « The Golden Age » et « Feed Me », deux titres matraqués sur les ondes radiophoniques.

L’univers musical de cet acteur, auteur, compositeur et interprète, baigne au cœur d’une pop électro enivrante, organique et froide à la fois.

A même pas trente ans, le gamin diplômé de l'IAD peut se prévaloir déjà d’une sacrée expérience. Aucun doute, il n’a pas peur de se mouiller le petit gars. Plus qu’un chanteur, c’est un véritable showman !

Son tour de chant commence lorsque deux comparses flanqués en arrière-plan frappent énergiquement sur deux cymbales gargantuesques. Quelle ferveur ! L’improvisation n’a pas vraiment sa place, le spectacle a probablement été joué des dizaines de fois auparavant.

Les sons synthétiques sortent des machines, posées ci et là, et inondent immédiatement les conduits auditifs des aficionados. C’est assez dynamique ! Le ton est donné que déjà une danse frénétique s’empare du jeune mâle.

Tom court d’un bout à l’autre de l’immense plateau, prend le pied du micro et feint de s’en servir comme arme à feu pour tirer sur le public à bout portant… Les mimiques de son visage en disent long sur l’implication de son rôle !

Mustii interprète bien sûr les titres de son Ep, « The Darkest Night », paru l’an dernier. La puissance de sa voix impressionne. De nombreux fans connaissent les textes et les reprennent en chœur. Un premier album est en préparation et devrait tomber dans les bacs au début de l’automne.

De nombreux  spectateurs sont surpris de constater que lorsqu’il s’agit de mouiller sa chemise, il n’a pas froid aux yeux. D’un pas décidé, il descend de l’estrade pour rejoindre ses fans. A ses risques et périls ! Les filles s’efforcent de se maintenir. Pas facile face à un bellâtre aux dents blanchies, sourire ravageur, coiffure soigneusement peignée et yeux hypnotiques. Une plastique à rendre jaloux plus d’un compatriote.

Les chansons conventionnelles et jolies ballades ténébreuses alternent pour le bonheur de tous. Il perle de sueur. Mais, on le sent heureux d’être là. Et l’énergie est communicative…

A tribord toute pour le set de Delta. Un duo 100% belge, derrière lequel se cachent Benoît Leclerq et Julien Joris.

Si en mathématiques, le delta représente la différence entre deux valeurs, la composante de cette formation est à l’antipode de cette affirmation. Davantage que se produire en duo, il existe chez ces musicos une réelle complicité et un amour commun pour la musique

Ils ont d’abord milité au sein d’un combo anglais, baptisé Meridians. C’était en 2010 !

« Héréditaire » et « Le verre de trop » les ont propulsés au sommet des charts radiophoniques au point de les révéler. Certains des textes de leur Ep ont été écrits subtilement par un Jali en forme.

Si le band est responsable de quelques mélodies pop accrocheuses, elles ne parviennent malheureusement pas à éveiller un soubresaut d’attention parmi les festivaliers présents. Faut dire que le set manque cruellement de relief. On bâille à s’en décrocher la mâchoire !

Intéressant donc, mais pas de quoi détricoter mes plus grosses chaussettes d’hiver !

Emma Bale est une jeune artiste qui s’est fait connaître en participant à l’émission ‘The Voice Kid’ sur une chaîne du Nord du pays où… elle a échoué en demi-finale.

Son histoire est digne d’un compte de fée. Le pianiste de l’émission (et producteur du groupe néerlandophone Clouseau) la repère et la prend sous son aile. Elle publie un premier Ep intitulé « My World Untouched ». Extrait de ce disque, « Run » est ensuite remixé par le Bruxellois planétaire, Lost Frequencies himself.

Elle assure même leur supporting act, ainsi que celui de Milow, totalement conquis par le talent de la frêle demoiselle, même pas majeure.

Elle se produit devant une foule compacte à bâbord. Vêtue d’une tunique blanche transparente qui laisse entrevoir… son intimité, la jeune femme, d’une voix fébrile, entame son tour de chant, sèche en main, par un « All I want », cover d’un titre signé par Kadoline, issu de l’album « In A Perfect World », publié en 2013. Une réinterprétation qui atteint plus d’un million de vues sur Youtube et comptabilise aujourd’hui 500 000 streams.

Autant y aller tout de go, les craintes de votre serviteur se sont vite évanouies, car une personne issue d’un produit formaté n’est pas toujours le gage d’une qualité exemplaire. Comme quoi, l’exception confirme la règle ! Mais, il faut bien admettre ici qu’Emma prouve qu’elle mérite une place d’élite dans la sphère musicale.

Son grain de voix touche plus qu’il ne subit. Sa timidité perceptible la rend encore un peu plus intéressante. Une candeur naturelle dont la prestance est grandiose.

Place maintenant à un Cali survitaminé. Sa réputation de personnage complètement déjanté ne faillira pas à la règle. De nombreux festivaliers se sont pressés en masse devant les barrières crash ; car on le sait particulièrement participatif. Doux euphémisme…

Il débute par la lecture d’un texte magnifique, sous la forme de poème. Une dernière césure et ses musiciens commencent un morceau très pêchu, issu de son dernier opus, « Les Choses Défendues ».

Il ne faut pas longtemps avant que le trublion de la chanson française ne fasse monter tous les photographes, pour immortaliser le souvenir d’une photo familiale. Pas culotté pour un sou, il grimpe même sur le dos d’un invité (bien malgré lui, il faut le dire) le temps d’une chanson. On peut se le permettre quand on pèse cinquante kilos, tout habillé !

Dopé à on ne sait quelle substance psychotrope, le chanteur/amuseur ne va cesser de faire le pitre tout au long d’un show décapant ! Enfilant pléthore de tubes, le Toulousain s’est offert, à plusieurs reprises, dans une foule hystérique. Adepte du crowdsurfing, il se laisse porter à tour de rôle par des spectateurs, à bras tendus, parcourant plusieurs dizaines de mètres… tout en continuant à chanter ses turpitudes bien évidemment. Le tout sans perdre le moindre souffle… ni prendre la moindre baffe ! Chapeau bas ! Aucun doute possible, ce Français est un homme de théâtre !

Livrant, tour à tour, des compositions simples, mais accrocheuses, comme « A cet instant je pense à toi », « I want you », « La vie quoi » ou « Elle m’a dit », il prend le parti de choisir ses mots avec une grande délicatesse afin de décrire intelligemment et sincèrement les maux de la vie et la difficulté d’aimer aujourd’hui.

Mais pas que ! C’est aussi un être doué d’un charisme exemplaire et un humaniste engagé. Un homme d’exception également…

Paradis se produit à bâbord ! Mais il temps de prendre une pause et se rassasier. L’impasse s’impose ! Et l’endroit du ravitaillement ne permet pas de profiter d’un un angle visuel opportun ni d’une écoute attentive.

Retour à tribord pour Vianney. Le gars est seul sur le podium. En arrière-plan, on remarque la présence d’un grand panneau sur lequel un ‘V’ est dessiné. Il s’excuse presque de ne pas être soutenu par des musiciens. Il affirme parfois être préoccupé par cette situation ; et prévient le public qu’il utilisera des loops au cours de son récital, afin de se ménager un tapis sonore supplémentaire. Une prise de risque que l’on défend résolument…

Alors qu’il nous avait maculés de ses « Idées Blanches », en se servant d’un titre fédérateur comme « Pas là », l’artiste masculin de l’année, plébiscité lors des Victoires de la Musique 2016, est de retour. Eponyme, son second opus lui vaut, une fois encore, un succès d’estime et critique.

Ses thématiques tournent pas mal autour de l’amour et de ses affres ! Le beau gosse en a apparemment chié avec les gonzesses ! Très personnelles et introspectives, ses compos traient des questions quotidiennes universelles. Vianney se sert d’un style tout terrain qui plaît à une large frange de la population. Populaire, sans être populiste en quelque sorte. Il pose le regard sur son prochain.

Faussement simplistes, les chansons se singularisent par leurs refrains entêtants. Les lignes mélodiques sont chaudes, colorées (« Moi aimer toi ») et voluptueuses, même si elles n’embrasent pas forcément les feux de joie (« Je m’en vais »).

Jouissant d’une réelle identité vocale, celui qui a la tête d’un premier de classe, nous ouvre une palette d’émotions subtiles, humbles, fragiles, mais profondes. Il s’agit d’ailleurs davantage d’un travail d’artisan que le fruit d’une industrialisation musicale bestiale et sauvage. La narration est limpide, enjouée, coquine parfois. Elle invite le festivalier à s’évader le temps de quelques minutes…

Grand moment d’émotion lorsqu’il invite celui qui soigne ses guitares à le rejoindre. Plus qu’un collaborateur, c’est un véritable ami. Il s’agit également de son dernier spectacle. Ils s’étreignent. Vianney s’assied, prend son visage dans les mains, les larmes perles sur ses joues…

Si les mauvaises langues lui reprocheront une prestation un peu molle ; lui peut se targuer de s’être imposé, malgré tout…

Changement de cap et d’ambiance, en passant de l’autre côté du plan incliné. Les musiciens de Tom Odel sont au taquet. L’auteur/compositeur/interprète britannique n’a que 25 ans et chante comme un dieu.

Repéré par le chef de projet d’une Lily Allen qui voit en lui –modestement ?– le nouveau David Bowie, Thomas Peter Odell, a vendu son premier elpee, « Long Way Down », à plus d’un million d’exemplaires ; et sa ballade aux accents sulfureux, « Another Love », lui a permis d’ouvrir les portes du succès. Depuis, le jeune homme a évolué et est parvenu à enchanter nos oreilles, grâce à un second LP baptisé, « Wrong Crowd » (NDR : traduction : les mauvaises fréquentations). Sans doute, celles qu’il a endurées, en Angleterre…

Composé entre Londres, New York, Los Angeles, ce second opus fait à nouveau la part belle aux lignes mélodiques tracées par le piano. Le résultat est davantage engagé et optimiste.

Devant un parterre bien garni, le blondinet s’installe devant cet instrument massif et en martèle les touches d’ivoire avec fracas. Ses mèches lui tombent devant les yeux et son front ruisselle de sueur, comme s’il s’agissait du fruit de ses extravagances.

Il prend manifestement beaucoup de plaisir ! Débordante, son énergie brute navigue aux antipodes de l'électro-pop lisse et contemporaine. Parfois éraillé, son grain de voix souffle comme un conte de Perrault. 

Entre compositions rythmiques, énergiques même, et chansons plus douces, il séduit autant qu’il divise. On ne peut renier un talent certain, c’est évident. La musique vit en lui ! Cependant, il ‘surjoue’. Son set est individualiste à souhait ; un ego qui mécontente, manifestement, l’auditoire…

« Another Love », sonne le glas. Le supplice est enfin terminé !

Julien Doré constitue sans doute l’apothéose de cette sixième édition du Ronquières Festival. Faut dire que le gaillard à la chevelure… dorée, s’est révélé en se présentant au casting de l'émission ‘Nouvelle Star’, en France, il y a dix ans déjà, pour y interpréter « Excellent », une compo signée Sharko... Cette reprise a ainsi permis à David Bartholomé et ses acolytes de rencontrer un nouveau public ; et à ce titre, de récolter un succès ‘culte’ propagé par de nombreux joueurs de ukulélé, sur internet. « I Need Someone » subira le même sort.

Votre serviteur a assisté à son live une semaine auparavant, dans le cadre des Nuits Secrètes à Aulnoye-Aimeries. Verdict : une copie conforme !

L’esperluette en toile de fond flotte au vent. Une brise apporte une note de fraîcheur supplémentaire, comme si on regardait, dans un trou de serrure, les événements, sous un autre angle. Une symbolique de la notion du lien, de trait d’union qui unit les hommes au sein d’un monde où la séparation est plutôt la constante...

Son tour de chant commence par « Le Lac », single issu de son dernier opus. Ce morceau sonne comme un retour aux sources, suscite la réflexion et glorifie l'amour, le féminin et la nature. Réaliser un travail d’écriture introspectif, en solitaire, et dévoiler ses pensées intimes à un max de personnes, constitue une démarche ambivalente… A chacun ses choix après tout !

Le light show est particulièrement judicieux. Les techniciens accomplissent un travail remarquable. A la moitié du ‘live’, des canons sis à proximité de la ‘stage’ tirent une tempête de serpentins géants. De quoi galvaniser l’ambiance...

Communicatif, Julien invite la foule à fredonner le refrain de « I want to go to Winnipeg with you », une chanson qui s’intéresse à une région du Canada au sein de laquelle il n’a jamais mis les pieds. Nous, non plus d’ailleurs. Et alors ?

La suite du set va aligner une déferlante de tubes, dont « Porto Vecchio » et « Kiss Me Forever ». Sans oublier « Paris Seychelles », chanté sur sa grosse bécane, moteur vibrant. Lorsqu’il entame les vocalises de « Coco Câline », une petite fille habillée en panda vient lui faire un… câlin… Le show nous réserve aussi des moments plus tendres, dispensés sous un format piano/voix, à l’instar de « Sublime et Silence ».

Le contraste entre tantôt la douceur et le profil dansant de certaines compos est assez frappant. L’alchimie fonctionne pourtant à merveille, ce soir.

Responsable d’un ‘live’ puissant, énergique et sincère, même s’il y ajoute une pointe d’introspection, Juju ne cherche pas à jouer un rôle. Lorsqu’on force le déroulement des événements, on les abîme… L’artiste serait davantage dans un abandon et une incarnation, mais pas dans un jeu…

Il termine son set, les cheveux mouillés et la crinière ébouriffée. Pas de chance pour lui, la bâche de la structure scénique laisse échapper quelques gouttes d’eau venues de nulle part. Brave gars va !

Dernier concert de ce soir, celui de la tant attendue LP, qui a choisi le nom du restaurant où elle bossait, dans une autre vie.

Plus connue pour son physique ingrat et son homosexualité que sa carrière, Laura Pergolizzi n’a pourtant jamais démérité !

Bien que ses trois albums précédents Heart-Shaped Scar (2001), Suburban Sprawl & Alcohol (2004) et Forever For Now (2014), se soient soldés par des échecs retentissants, elle persévère dès 2016, en gravant, contre toute attente, un Ep de cinq titres intitulé « Death Valley ». Il est propulsé dans les charts mondiaux par le morceau « Lost on You ».

Discrète, voir candide, elle grimpe sur l’estrade, coiffée d’une sorte de béret basque qui dissimule, au passage, ses longues boucles de cheveux bruns. Difficile de distinguer son faciès. La foule est particulièrement dense. Faut dire que dans le milieu, elle s’est forgée une solide notoriété…

Les premiers sons sortis de sa bouche mettent en évidence un grain de voix puissant, mais androgyne. Difficile de deviner qu’une nana se dissimule sous ce couvre-chef. Vraiment impressionnante et bluffante, elle pousse ses inflexions avec une facilité déconcertante. Elle s’en amuse. Le public aussi.

LP surprend également par ses talents de siffleuse. Digne successeur de Micheline Dax et Triggerfinger ? En tout cas, ses lèvres constituent une véritable extension de son instrument.

Entre soul, blues, folk, la dernière ‘organique’ à se produire nous offre une kyrielle de titres peu connus du grand public, mais dont l’intensité et l’aura ne manqueront pas d’attiser encore un peu plus notre curiosité dans les prochains jours.

Un mets qui ne manque décidément pas de piment ! Normal, pour une ancienne serveuse…

Enfin, Henri Pfr prend le relais. Encore et toujours de l’électro ! C’est bon, je jette l’éponge !

(Organisation : Ronquières Festival)

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