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Les gens D’Ere 2017 : vendredi 28 juillet

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Il y avait un longtemps (?!?!?) que votre serviteur n’avait plus goûté à l’ambiance d’un concert de Puggy (NDR : c’était à Courtrai, salle de Kreun, en mars dernier). Et justement il se produit à Ere, une entité de la ville Tournai, dans le cadre d’un festival champêtre. Perdu au milieu des campagnes, un immense chapiteau attend les festivaliers. C’est la grosse fête au village. Mais il ne reste plus qu’une centaine de sésames, à l’entrée. On annonce 3 500 spectateurs. Faut dire que Saule et Puggy rameutent du peuple. L’ambiance est bon enfant et réunit toutes les générations. L’ouverture du site est fixée à 18 heures, et le début des hostilités, prévu pour 19 heures.

La soirée débute sur la Scène ‘Terrasse’ par le duo féminin sucré/salé Faon Faon. Un patronyme plus que révélateur. Le duo réunissant Fanny Van Hammée et Olympia Boule a pas mal de choses à dire dans la langue de Voltaire. Les deux biches sont toujours aussi radieuses. Au fil du temps, elles se sont forgé une sérieuse réputation scénique, à travers une setlist qui fait mouche lors de chaque concert. Objectif : inciter la foule à remuer le popotin tout en entretenant une certaine bonne humeur participative et communicative. Un gros nuage noir plane au-dessus du site. « Faon sous la douche » serait-elle une chanson prémonitoire ? Caractérisée par la conjugaison des deux voix, son refrain caresse délicatement les tympans. Les cordes et les claviers se chamaillent pendant « Utopie ». De quoi bousculer les codes établis par le tandem. « Eskimo » fait paradoxalement monter la pression. Dans le Grand Nord, un eskimo est perdu sur son îlot de glace. Il mange des grumeaux d'igloo. ‘C'est pas vraiment rigolo, car on a froid aux dents et mal au ventre’. « Cat’s Eyes » change de continent. Cap vers l’Asie. Et le Japon tout particulièrement. Pour y retrouver ses mangas. « Mariel » a perdu son centre de « Gravité », alors elle grimpe la « Montagne » par paliers successifs. Et le show de s’achever par « Mariage ». Elles n’aiment pas la couleur blanche. Elles le proclament. Et puis nous parlent de bistouquette et d'amour sans condition, entre autres…

L’homme bio est donc atterri dans la nature. Pour y planter un Saule. Baptiste Lalieux est venu défendre son dernier opus, « L’Eclaircie », paru début de cette année. Il est soutenu par quatre musicos. En début de parcours, le son est brouillon. Mieux vaut prendre du recul et s’installer près de la table de mixage. Le problème est cependant rapidement résolu. Extrait de son nouvel elpee, le plus pop/rock « Je reviens » ouvre le set. Et embraie par l’optimiste « Mieux nous aimer encore ». Suivant sa bonne habitude, Baptiste communique instantanément sa bonne humeur à l’auditoire. Son humour est même parfois dévastateur. Dès « Un type Normal », l’ambiance monte d’un cran. « Madame Pipi », cette brave dame, est appréhendée sous un angle nouveau. Le « Dusty Man » sans Charlie passe quand même bien la rampe. Le Géant vert n’en oublie pas, bien sûr, « Comme », un single fédérateur et particulièrement radiophonique. La reprise du célèbre « Smells like teen spirit » de Nirvana rebooste l’ambiance. Et « Chanteur Bio » clôt le concert, avant un rappel constitué de deux titres. Manifestement, entre la foule et Baptiste la relation est presque fusionnelle…

Delta se produit sur la Scène ‘Terrasse’ ; mais votre serviteur préfère se réserver une bonne place, sous le chapiteau, pour assister au spectacle de son groupe favori. Il y a déjà bien du monde sous la tente. Plus qu’une heure à attendre la prestation de Puggy.

Après une intro classique préenregistrée, « Fight Like You’Re Fighting » ouvre le set. La frappe de Ziggy, sur ses fûts, est invariablement métronomique. Armé de sa belle Gibson brune, Matthew en profite pour ciseler ses riffs. Romain, qui se sert d’une vieille basse Fender jazz 1965, se met à sautiller. Déjà le light show se met à clignoter. « Feel So Love » baigne au sein d’un climat oriental ; même si le claviériste accentue le profil électro de ce morceau. « Soul » est sculpté dans le funk. Les accords spasmodiques dispensés par Matt semblent empruntés à Nile Rodgers. Manifestement, hormis les incontournables classiques du band (« How I Needed You », « Teasers », « Something You Might Like » et « When You Know », qui clôt le show), Irons délaisse de plus en plus sa gratte semi-acoustique pour la plus électrique. C’est l’anniversaire du fidèle ingé-son (retours de scène). Matt l’invite sur les planches. Il est accompagné de son collègue Benoît. La foule lui a apporté un petit cadeau. Surprise ! C’est une bière… Puggy et le public entament alors à l’unisson l’inévitable hymne ‘Happy Bithday’. Un rappel, bien sûr, qui va s’achever en « Territory » conquis. Matt improvise une petite chanson en invitant l’auditoire à participer à « You Call Me Up ». Il partage la fosse en trois parties, pour participer à l’exercice de polyphonie vocale. Dommage que la set list n’ait pas inclus quelques extraits de la B.O. du film « Big Food Baby », dont Puggy a écrit la musique…

Un festival bien organisé, un accueil chaleureux et à taille humaine. Saule et Matthew Irons n’ont pas oublié de remercier le public et l’organisation. A l’année prochaine pour de nouvelles aventures. Pour gouverne, votre serviteur était présent… incognito… mais pour Musiczine, il faut le souligner…

Puggy + Saule + Faon Faon

(Organisation : Les Gens D’Ere)

 

Amphi Festival 2017 : dimanche 23 juillet

En route –déjà– pour le deuxième et dernier jour de l'Amphi. Pour rappel, ce festival est le rendez-vous annuel de la communauté 'dark' allemande. Planifié très professionnellement, il réunit plus de 12 000 passionnés de musiques 'sombres', posant un accent particulier sur les artistes du répertoire de l'organisateur allemand, le label/booker Protain.

Après avoir participé à la croisière ‘Call the ship to port’ du vendredi (voir notre compte-rendu ici ) et vécu un samedi assez épique et plutôt chaud (voir ), nous entamons le dernier chapitre sous un ciel un peu tristounet qui distille quelques gouttes de pluie.

Premier concert au programme de notre journée : Near Earth Orbit (NEO), dès 14 heures, sur la ‘theater stage’. Fondé en 2015, ce projet est emmené par Ashley Dayour et Artaud Seth. Dès le début du show, on est projeté dans le futur (en 2034), au sein d’un univers ‘dystopien’. Trois écrans projettent des images de science-fiction alors que les musicos sont enveloppés dans des sweaters à cagoules noirs : super dark ! En ouverture, « Trans-Neptunian Objects » impressionne déjà. En raison de son beat puissant et robotique, mais également de l'atmosphère particulière qui règne tout au long du morceau. Musicalement, on pense à un KLF trempé dans un bain de 'gothic rock' façon Sisters of Mercy. On y retrouve ce même côté grandiloquent, à la limite de l'hyperbole. Les thèmes évoqués dans les paroles et les vidéos surfent sur la vague des théories de la conspiration, un fatras mêlant OVNI, voyages spatiaux et mondes apocalyptiques. Après quelques titres, le spectacle commence malheureusement à lasser ; d'autant plus que le son est bien trop criard et le recours aux stroboscopes, systématique. C'est néanmoins une intéressante découverte, à approfondir !

Sans tarder, cap sur la main stage, où Das Ich a déjà entamé sa prestation. Quel plaisir de revoir le projet de Stefan Ackermann (chant, paroles) et Bruno Kramm (musique, instruments, backing vocals). Au cours des années '90, ce duo allemand avait jeté les bases d'un style électro-goth baroque, à nul autre comparable.

Après avoir combattu un cancer, Stefan Ackermann est de retour et il est en pleine forme. Il a juste pris un petit peu de bide ; ce qui ne l'empêche pas de gesticuler et de grimacer comme un diable sorti de sa boîte. Bruno Kramm est grimé en clown et complète ainsi le spectacle, très burlesque, de Das Ich. La setlist réunit, en général, des hits qui ont forgé la notoriété du duo : « Die Propheten », « Kain und Abel » ainsi que l'incontournable « Gottes Tod », l'hymne gothique par excellence. Plus étonnant, Ackermann réclame, de manière impromptue, la setlist, ne sachant plus par quel morceau embrayer. Néanmoins, on peut affirmer que ces retrouvailles, passées en compagnie de ces leaders incontournables du mouvement gothique, se sont révélées particulièrement agréables… 

Pendant ce temps, dans la ‘theater stage’, c'est The Other qui a pris ses quartiers. Cette formation locale pratique un horror/batcave/postpunk qui flirte parfois avec le heavy metal. Parfois, on croirait même entendre un ersatz d’Iron Maiden. Pas vraiment notre tasse de thé.

C’est donc l’occasion d’aller boire un thé ou plutôt un café, avant d’assister au final d'Ordo Rosarius Equilibrio, le groupe suédois de neo/folk. A maintes reprises, dans le passé, on a pu apprécier, en ‘live’, la musique douce et fascinante de Tomas Pettersson. Le charme opère ici une nouvelle fois. Deux torches ont été plantées sur l’estrade ; et pendant « Three Is an Orgy », un des titres-phares de l'"Ordre", on est plongé dans un univers mystérieux, voluptueux et carrément fétichiste. Un régal !

Sur la main stage, la nostalgie est au rendez-vous ; et pour cause, Apoptygma Berzerk vient d’entamer son set. Notre périple en Scandinavie se poursuit vu que cette formation drivée par Stefan Groth est norvégienne. « In This Together », « Starsign » et « Shadow » donnent le ton, celui d'une futurepop/synthpop mélodique et énergique. Groth affiche toujours son look à la Brian Molko et parvient invariablement à entretenir une très bonne ambiance. Et la succession de hits alternatifs comme « Deep Red », « Eclipse », « Non-Stop Violence », « Kathy’s Song » et « Love Never Dies » n’y est pas étrangère…

Malheureusement, la pluie nous incite bien vite à nous replier sur la ‘theater stage’, où nous assistons de loin à la prestation de Letzte Instanz. Le folk/metal de ce band allemand n’est guère passionnant, malgré quelques sonorités intéressantes, produites par le violon et le violoncelle.

Mais la grande claque de cette journée, on va se la prendre en clôture du programme, au sein de cette même ‘theater stage’, grâce à l’‘All-star project’ de Daniel Myer. Surdoué, ce musicien allemand est un véritable stakhanoviste qui multiplie les concepts et les collaborations. Haujobb (NDR : un patronyme qu'il faut veiller à prononcer correctement...) constitue son principal projet, autour duquel gravitent Architect, Destroid, Aktivist et bien d’autres. En outre, depuis quelques années, il milite également chez Covenant. Sans oublier ses innombrables remixes.

Pour ce show, Daniel Myer a invité toute une flopée d'amis, plus ou moins connus, à donner de la voix. Après "For You" un premier titre d'Architect impressionnant de puissance, Eskil Simonsson, le chanteur de Covenant, monte sur le podium pour interpréter tout d'abord « Lightbringer », un titre signé Covenant, suivi d'« Input Error », issu de la plume de Haujobb, dans la version remixée par notre ami Oliver Chesler, alias The Horrorist. Force est de constater qu'Eskil a pris un coup de vieux ; la conséquence malheureusement logique de nombreuses années d'excès divers et multiples. Mais ne boudons pas notre plaisir ; le spectacle est de qualité, et se poursuit par une version ‘live’ remarquable de « Sound Mirrors », une plage extraite du dernier elpee de Covenant.

Après le « Friend or foe (The Betrayal) » de Destroid, chanté par Daniel Myer, c'est au tour de Sven Friedrich, le vocaliste de Dreadful Shadows, Zeraphine et Solar Fake, de prendre place comme 'guest' sur le podium pour un épisode malheureusement gâché par des problèmes techniques. A trois reprises, la 'backing track' se plante, contraignant le groupe à recommencer le morceau. L'occasion pour nous de se fustiger à nouveau de cette tendance, de plus en plus répandue, qui vise à remplacer les musiciens par des bandes de play-back ou, à tout le moins, par des séquences préprogrammées. Un véritable fléau !

Heureusement, le chanteur suivant, notre Jean-Luc De Meyer national (NDR : un des deux frontmen de Front 242), ne va pas vivre ces problèmes. Nous avons droit à un superbe "God", lent et solennel, ainsi qu'à une très belle version de « We Must Wait » du duo Myer-De Meyer, une compo qui remonte déjà à 2014. La voix grave et profonde du Belge émerveille et sa présence est imposante. Bravo, Jean-Luc !

Au suivant ! Le prochain sur la liste des invités s’appelle Tomas Tulpe, un musicien allemand qui a rencontré un certain succès outre-Rhin grâce au semi-hit « Ich bin ein Grufti »  (NDR : ‘Grufti’ est synonyme de ‘Goth’, en allemand). Le personnage est sympa et assez rigolo : un intermède 100% fun.

Mais le grand moment se produira dans la foulée. L’introduction est hypnotique. Une voix, à la limite du 'spoken word', scande un texte. C'est le chanteur de Klangstabil, Boris May! Après "Dead Market", de Haujobb, le morceau n’est autre que le sublime « Math & Emotion », du duo allemand. La version retravaillée par Daniel Myer est tout simplement époustouflante. Propulsé par un beat et des arrangements surpuissants, Boris May éructe tel un possédé, baigné dans une obscurité hallucinante que viennent déchirer les flashes sur les écrans et les stroboscopes. Le public est véritablement en transe et on atteint un orgasme sonore total. A la fin du morceau, la clameur est assourdissante : un grand moment !

En ce qui nous concerne, le concert aurait pu (ou dû) s'arrêter là. Mais il y a encore un dernier 'guest' : Andy LaPlegua, le fondateur de Combichrist, combo qui était programmé sur la main stage, en début de soirée. Ce showman est talentueux ; mais passer après Boris May, ce n'est vraiment pas un cadeau.

C'est donc toujours sous le choc de la chanson de Klangstabil et satisfait par ce show en tous points remarquable que nous quittons la salle et le site.

Ce festival aura été, de nouveau, d’un bon cru. Rappelons ses points forts : une organisation impeccable, un cadre idyllique au bord du Rhin et un concept de concert-croisière très original en ouverture. On connaît malheureusement aussi les points faibles de l'Amphi : programmation trop focalisée sur les mêmes groupes et lors de cette édition, la distance qui sépare les deux scènes de la troisième, même si les organisateurs ont planifié des navettes en bus (gratuites) ; ce qui a permis de résoudre, en partie, le problème. En tout cas, rendez-vous l'année prochaine !

Near Earth Orbit + Das Ich + Ordo Rosarius Equilibrio + Letzte Instanz + Apoptygma Berzerk + Daniel Myer Project  

(Organisation : Protain / Amphi)

Voir aussi notre section photos ici

Amphi Festival 2017 : samedi 22 juillet

Le festival Amphi est programmé, depuis 2006 au Tanzbrunnen, à Cologne (NDR : la première édition s’était déroulée l’année précédente, à l’Amphitheater de Gelsenkirchen). Il s’agit du rendez-vous annuel de la communauté 'dark' allemande. Planifié très professionnellement, il réunit plus de 12 000 passionnés de musiques 'sombres', posant un accent particulier sur les artistes du répertoire de l'organisateur allemand, le label/booker Protain.

Après la croisière ‘Call the ship to port’ du vendredi, au cours de laquelle Front 242 a entamé en force les hostilités (voir notre compte-rendu ici), le festival débute officiellement ce samedi, sur les bords du Rhin. Trois scènes sont accessibles. Au sein du domaine ‘Tanzbrunnen’, en plein air, il y a la ‘main stage’. A l’intérieur, la plus intimiste ‘theater stage’. La troisième a été aménagée à bord du MS Rheinenergie, un bateau qui devait normalement jouxter le site ; mais comme le niveau de l’eau du Rhin est trop bas, l’embarcation est restée amarrée de l'autre côté du fleuve. Et comme 20 minutes séparent les différents podiums, on comprend aisément les choix cornéliens auxquels les festivaliers sont confrontés.

Premier rendez-vous dans notre parcours : Holygram, un quatuor colognais extrêmement prometteur. Sur la ‘theater stage’, il propose un post-punk sophistiqué, aux frontières de la shoegaze et du krautrock. On pense tour à tour à The Cure, The Chameleons mais aussi à The Jesus and The May Chain ainsi qu’à Neu!... Chaussé de lunettes rondes colorées, le chanteur, Patrick Blümel, affiche un petit côté Liam Gallagher ; mais ici s’arrête la comparaison. La setlist privilégie les plages du premier Ep (NDR : un éponyme), mais les compos inédites laissent entrevoir une évolution vers un style plus éclectique. Après le show, le combo a accepté de nous accorder une interview. A suivre dans les colonnes de Musiczine et lors de l'émission de radio WAVES !

Après l'interview, nous décidons de rejoindre la ‘theater stage’ pour le set de Frozen Plasma ; mais l'accès y est rendu impossible à cause d'une file kilométrique. Effet pervers de l'éloignement de la 3ème scène, les festivaliers s'agglutinent devant les 2 podiums du site central.

On se résout donc à rejoindre le bateau pour assister à la prestation d'Esben and the Witch. Etabli à Berlin, ce trio anglais est emmené par la voix exceptionnelle de Rachel Davies. Dès le début du spectacle, on est hypnotisé par ce timbre, qui évoque Björk et Siouxsie Sioux, bien sûr, mais aussi PJ Harvey, Chelsea Wolfe et Julianne Regan (All About Eve). Nordiques, les atmosphères alternent ‘soundscapes’ et éruptions quasi-métalliques. Dommage que « Marching Song », le hit alternatif du combo publié en 2010, n’ait pas été interprété. N’empêche, ce concert s’est révélé fascinant et a également suscité l’envie de découvrir plus avant sa discographie.

Plutôt que de retourner vers la ‘mainstage’, où doivent se succéder Diary of Dreams et Fields of The Nephilim, on décide de s’attarder sur le bateau pour le show de Diorama. Le projet de Torben Wendt, assisté de Felix Marc (également chez Frozen Plasma), a toujours emporté nos suffrages. La formation allemande pratique une synth-pop/futurepop romantique, aux harmonies extrêmement riches et aux mélodies immédiatement mémorisables. Pensez à Depeche Mode quand Martin Gore se consacre au micro. Le tout, combiné à un sens du beat qui communique un accent presque électro-indus à certaines chansons.

Remarqué lors de ses débuts par Adrian Hates (Diary of Dreams), Torben Wendt a surpris tout son monde, quand il a grimpé sur la main stage, en compagnie de son mentor, pour attaquer « Butterfly Dance » et « The Curse ». Un moment, assurément magique, auquel votre serviteur n’a pu, malheureusement, assister…

Retour sur le bateau où, suite à des problèmes techniques, le set de Diorama accuse un long quart d'heure de retard. Ce qui semble être une mauvaise habitude ; et pour cause, la formation a rencontré la même mésaventure à Utrecht, lors du Summer Festival. Conclusion, le temps imparti est réduit. Et comme elle n’a pas pris l’initiative de supprimer les deux ou trois morceaux les plus calmes, qui figurent en milieu de parcours, la set list a été amputée de certains hits irrésistibles comme « Synthesize Me »…

Ce qui ne va pas empêcher le band de nous réserver des moment particulièrement brillants ; à l’instar de bijoux comme « Exit The Grey » ou « Her Liquid Arms (HLA) », le public reprenant toutes les paroles en chœur. On se rend compte rapidement de la popularité, énorme, dont jouit Diorama sur ses terres. Les plages du dernier elpee, « Zero Soldier Army » passent très bien l'épreuve du ‘live’, surtout « Off » et « Polaroids ». « Over » est dédiée à Chester Bennington, le chanteur de Linkin' Park, disparu il y a peu. Sur le podium, Torben Wendt s’impose par sa taille (NDR : 1m90, quand même) mais son charisme naturel exerce un pouvoir de séduction. La gent féminine est d'ailleurs sous le charme des deux 'frontmen' du groupe.

Mais le sommet du set est atteint lorsque Felix Marc rejoint Torben Wendt au-devant de l’estrade pour une interprétation conjointe de « Defcon ». Bref, si ce show nous a quelque peu laissé sur notre faim, il nous a donné diablement envie de revoir ce band, si attachant !

La soirée s'achève ensuite sur le bateau par la prestation de Clan of Xymox, un des grands classiques des festivals 'dark', depuis trois décennies. Créée en 1981, cette formation batave pratique une cold-wave/darkwave fortement inspirée par The Cure et Cocteau Twins. Après s’être égaré dans le style électro, le 'Clan' est revenu à ses anciennes amours. Cette année, il a publié un opus remarquable baptisé « Days of Black ».

Et bien entendu, ce sont les titres de ce nouvel LP qui forment la trame de la set list. La plage titulaire, « Your Kiss », « Leave Me Be » et surtout le superbe « Loneliness » passent très bien la rampe auprès de classiques comme « A Day », « Emily » ou « Louise ». Ronny Moorings, qui dirige la formation depuis 30 ans, focalise, bien sûr, tous les regards, sur l’estrade. A cause de sa coiffure 'curesque', son fond de teint blanc et sa silhouette… on ne peut plus gothique. S’il n’est pas un véritable showman, il ne manque pas de charisme. Seule ombre au tableau, l'absence de Mojca Zugna, bassiste et par ailleurs compagne de Ronny Moorings. Le public, lui, est aux anges et manifeste un enthousiasme sans retenue, particulièrement sur les titres les plus connus, qui nous ramènent à l'époque où le 'Clan' faisait partie du prestigieux label 4AD. Comme, par exemple, le sublime "Muscoviet Mosquito", interprété avec maestria lors du rappel. Bref, une prestation sans surprise mais en tous points irréprochable.

Autre regret, celui ne n’avoir pu transiter d'une scène à l'autre afin de vivre, au moins en partie, les concerts de Fields of The Nephilim et de Die Krupps. Espérons que les organisateurs trouveront une solution l'année prochaine pour rassembler les 3 scènes sur un seul site.

Les afterparties ? On préfère zapper afin de garder la forme pour le 3ème jour du festival, qui s'annonce, lui aussi, épique...

Holygram + Esben and The Witch + Diorama + Clan of Xymox

Voir aussi notre section photos ici

(Organisation : Protain / Amphi)

 

 

 

Amphi Festival 2017 : vendredi 21 juillet

Quand on vous propose d’assister à un concert de Front 242, lors d'une croisière sur le Rhin, il est difficile de refuser ! Ce concert événement marque l'ouverture de l’édition 2017 du festival Amphi 2017, qui se déroule chaque année, à Cologne. Rendez-vous annuel de la communauté 'dark' allemande, il attire plus de 12 000 passionnés de musiques 'sombres', tout en mettant un accent particulier sur les artistes du répertoire de l'organisateur allemand, le label/booker Protain.

La croisière, baptisée ‘Calling the ship to port’, en référence à une chanson–phare du répertoire de Covenant, a permis à plus d'un millier de privilégiés, dont votre serviteur, d'embarquer sur le 'kolossââl' catamaran MS Rheinenergie, amarré sur le Rhin, juste à côté de la 'Altstad' colognaise. Sur le pont, la vue est carrément surréaliste : les passagers, tous habillés de noir, forment une véritable marée noire. Ignorant les sourires sarcastiques des touristes, nous sirotons une bière Kölsch sur le pont du bateau en contemplant au loin la magnifique (et très gothique) cathédrale de Cologne, le 'Dom'.

Dès 20 heures, après l'appareillage du bateau, il est temps d'entamer le programme des sets, qui sont accordés à l'intérieur, dans un espace impressionnant. Après Scheuber et Neuroticfish, qui assurent la 'mise en bouche', c'est Front 242 qui est chargé d'assurer la tête d'affiche. 

Est-il vraiment nécessaire de présenter Front 242 ? Formé en 1979 à Aarschot et établi ensuite à Bruxelles, ce groupe pionnier de la musique électronique a créé ce qu'on appelle l'‘Electronic Body Music’, un genre qui mélange accents industriels, beats robotiques et atmosphères sombres, le tout combiné à une démarche synth-punk agressive, sans être pour autant violente. Le groupe a connu une gloire quasi-planétaire à la fin des années '80, grâce au hit « Headhunter », dont la vidéo, dirigée par le célèbre Anton Corbijn, a squatté les playlists de MTV et des radios alternatives. 

Aujourd'hui, après plus de 35 ans de carrière, il ne crée plus de musique originale, mais continue à livrer des prestations ‘live’ qui forcent l'admiration.

Le concert accordé lors de cette croisière exceptionnelle ne dérogera pas à la règle. Les hits imparables défilent : de « Don't Crash » à « Headhunter », en passant par « Moldavia », « Take One » et un touchant « Kampfbereit », lors du rappel. Comme d’habitude, la musique est puissante et la présence scénique des deux 'frontmen', Jean-Luc De Meyer et Richard 23, impressionnante. Le public ne s'y trompe pas, et réserve un accueil délirant au quatuor belge. Le pit est le théâtre d’un pogo endiablé exécuté par des fans, torses nu. En ce jour de fête nationale belge, pas de doute, Front 242 a conquis l'Allemagne !

Toujours aussi sympas et accessibles, les membres du groupe étaient disponibles avant le show pour une bavette ou un selfie, ce qui nous a permis de faire des jeux de mots plus ou moins foireux en compagnie de Jean-Luc De Meyer et de programmer une interview avec Patrick Codenys.  

A 1 heure du matin, le catamaran était de retour à Cologne, refermant ainsi la première soirée d'un festival plein de promesses.

(Pour regarder le reportage photo de Gregory Lécrivain, c'est ici)

Organisation : AMPHI + Protain

Front 242 + Neurotic + Scheuber

Dour Festival 2017 : dimanche 16 juillet

Écrit par

C’est entre fatigue et excitation que le réveil s’opère ce dimanche, car il s’agit déjà du dernier jour de l’édition 2017 du Dour Festival. La journée est placée sous le signe du rap francophone, mais pas que. La diversité fait la force de Dour, et on va à nouveau entre être témoin aujourd’hui !

Dés 14h40, les hostilités commencent à la Caverne. Au programme le rock/garage de Meatbodies. Le groupe appartient à la scène émergente américaine de ce style musical. Le trio est venu présenter son album « Alice », paru plus tôt dans l’année. Les morceaux sont à la fois puissants et mélodiques. La musique n’est pas foncièrement originale, mais elle ne manque pas d’allure ; surtout cette petite touche jazzyfiante qui vient pimenter certains morceaux. En outre, le set est cohérent. Un bon petit groupe pour entamer la journée du bon pied…

Dead Vally embraie. Un duo réunissant une guitariste et une drummeuse. C’est tout ! Il pratique un rock classique assez proche de celui de The Kills, d’ailleurs programmé vendredi. Rien de bien neuf à l’horizon, mais les deux filles compensent leur manque de folie par une attitude vraiment sympathique. On passe donc un bon moment en leur compagnie.

12 ans après son dernier passage à Dour, Millionaire est donc de retour. Le groupe de Tim Vanhamel est venu défendre son très attendu nouvel opus. La recette n’a guère changé malgré toutes ces années... Les riffs de guitares sont puissants et les changements de rythmes fréquents. Le tout est porté par des compositions toujours mélodiques qui rappellent sans surprise le grand frère dEUS. La sympathie du leader limbourgeois constitue la cerise sur un gâteau déjà copieusement garni. Il fait l’effort de s’exprimer en français alors qu’il n’est clairement pas à l’aise dans la langue de Molière. Une attention appréciable ! Et une heure de régal !

La prochaine étape passe par le concert de Romeo Elvis à la Jupiler Boombox. Malheureusement, le chapiteau est comble ; et le mot est faible ! Une dizaine de rangées se sont formées à l’extérieur de la tente… Impossible donc d’assister dans de bonnes conditions à la prestation… Mais l’ambiance qui règne devant la scène prouve bien l’incroyable chemin parcouru en deux ans par les deux potes. ‘Bruxelles is coming’, c’est une certitude !

Tiens mon Gsm vibre. Ah, c’est une notification qui émane de l’application Dour. Le festival a accueilli 242 000 personnes en 5 jours et 55 000, rien que pour le samedi. Le record d’affluence est battu. L’organisation a de quoi se réjouir, même si certains problèmes logistiques sont à régler, pour rendre le festival, moins inconfortable. Il est intolérable de devoir patienter plus d’une heure pour accéder au parking, de devoir marcher 45 minutes chargé comme des baudets pour atteindre le camping et de devoir parcourir plusieurs kilomètres pour atteindre le site. Pire encore, ce grief concerne l’hygiène et le bien-être. Et pour cause, il est carrément scandaleux de patienter plus d’une heure pour accéder aux douches (payantes en plus !) Quant à la propreté des toilettes, elle laisse largement à désirer. C’est totalement inadmissible. Surtout pour ces dames forcées de passer par ces cabines d’un autre temps, même si c’est pour évacuer les litres de bières ingurgitées. Certaines préfèrent même se soulager… sur le site… ce qui en dit long… Des désagréments, heureusement compensés par la programmation du festival. On y reviendra à la fin de cet article.

La musique reprend ses droits pour les derniers concerts. C’est à la Last Arena que Metronomy est invité à apporter au festival sa touche légère de pop bien ‘british’. Enfin, c’est ce qui est annoncé. En vérité, le band de Joseph Mount a décidé de largement muscler son expression sonore. Exit les petites mélodies pop mélancoliques. Les Anglais sont venus retourner la Plaine. Le set est beaucoup plus rock que d’habitude. Certains hymnes sont même totalement différents. Ou presque. A l’instar de « Love Letters » et « Reservoir » qui semblent avoir acquis une nouvelle jeunesse. Anna Prior –la magnifique drummeuse– va même abandonner ses fûts pour attaquer une version très sensuelle de « Everythings Goes My Way ». Du bonheur pour les oreilles… et les yeux ! Le band nous réserve même une nouvelle compo intitulée « Lately ». Bonne surprise, le morceau est tramé dans des interventions au synthé, bien plus sauvages que traditionnellement. Metronomy vit peut-être sa crise d’adolescence. En tout cas, c’est clairement l’amour qui est au cœur de sa sublime performance. Et pour cause, Mount ne cesse de répéter qu’il n’y a rien de plus beau dans la vie que d’aimer quelqu’un. Pas pour rien que Metronomy sait se faire aimer. C’est incontestable…

Pas encore remis de nos émotions, on va rapidement retomber sur terre à la Caverne. Sleaford Mobs va nous asséner une volée de claques, au pied du terril. L’accent british aiguisé à la lame, le duo a l’intention de dénoncer les inégalités sociales qui sévissent au Royaume de sa Majesté, sur un ton post-punk ultra minimaliste. En fait, le concept du duo est purement théorique. Jason Williamson se réserve bien les vocaux ; mais son compère, Andrew Fearn, a déjà préparé toute l’instrumentation en amont. Son rôle est simple : jongler avec les sons à l’aide de son ordinateur… entre deux gorgées de houblon. La scène est surréaliste, car déchaîné, Jason balance des punchlines, souvent plutôt vulgaires, à l’adresse des spectateurs ; et tour à tour, ceux sis à droite ou à gauche du chapiteau, encaissent. Volontairement ridicule, le spectacle a de quoi surprendre le festivalier lambda. Et mêmes les autres. On a beau connaître sa réputation, l’attitude d’Andrew est totalement loufoque. Et finalement, on sourit chaque fois qu’il profère ses inéluctables ‘f******’…

PNL a entamé son set ; mais c’est plutôt vers le Labo que nous allons prendre notre dose de rap quotidienne. Le trio Bon Gamin s’y produit devant une fosse peu garnie mais particulièrement motivée. Il y en a qui ont une belle santé après 5 jours de festival… Comme pour Metronomy, c’est l’amour qui est au centre des débats. Ils déblatèrent, bien sûr, mais s’embrassent régulièrement entre les morceaux. Ils semblent très contents d’être là et de voir la grosse centaine de personnes reprendre leurs refrains. Une bonne humeur communicative qui contraste terriblement avec Sleaford Mobs. Chouette moment avant de passer au concert final.

C’est Justice la grosse tête d’affiche du jour, et peut-être même bien du festival. La formation française a mis la gomme pour soigner son nouveau spectacle. Le light show est phénoménal.  Les spots changent d’orientation à chaque morceau. On en oublierait presque la musique. Pas de surprise à ce niveau, c’est du Justice classique mais propre. Les morceaux les plus célèbres du combo enflamment la Plaine ; ceux moins connus laissent un peu de marbre. Mais la fatigue doit certainement jouer un rôle…

L’édition 2017 du festival de Dour est donc terminée. Mais avant de conclure ce compte-rendu, impossible de ne pas avoir une petite pensée pour ces pauvres automobilistes qui ont dû patienter plusieurs heures, balayés par la poussière du parking, avant de pouvoir repartir le lundi matin, midi ou même soir. Sans quoi, la recette du Dour Festival n’a guère variée. Elle est toujours aussi efficace. L’ambiance qui y règne n’existe nulle part ailleurs. Particulièrement éclectique, la programmation est très susceptible de plaire à tous les membres d’une même famille. Et puis, le site se prête idéalement, à ce genre d’événement. Cinq jours de plaisir mais comme à chaque fois, en bout de course, on est quand même heureux de rentrer chez soi. Car la nuit qui suit, c’est sans doute la meilleure de son année. Plus qu’un an à attendre !

(Organisation : Dour Festival)

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Dour Festival 2017 : samedi 15 juillet

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On en arrive déjà au week-end ! L’occasion de rapidement faire un crochet par le domicile, sis à quelques kilomètres, afin de profiter de sanitaires corrects (NDR : une des plus importants désagréments du festival) et de manger un peu moins gras que les jours précédents ! En outre, la journée est un peu plus calme. Et clairement la plus faible de la programmation. Mais ce n’est pas une raison pour faire la fine bouche, car vers 1 heure du matin, la tornade Die Antwoord devrait balayer la Plaine de la Machine à Feu !
Malheureusement, les files qui se forment pour atteindre le parking sont interminables. Résultat des courses : on manque les premiers concerts. Deux petits accès pour laisser pénétrer des milliers de véhicules : c’est largement insuffisant. Sans oublier, qu’il reste encore plusieurs bornes à marcher avant d’arriver sur le site. Une indication ? Certains jours notre podomètre indiquait plus de 25 kilomètres au compteur ! Les organisateurs en sont néanmoins conscients et devraient améliorer cette situation, lors des prochaines éditions…

Bref, on débarque au Labo, au beau milieu du set de Frànçois and the Atlas Mountains. Il est le premier groupe francophone à être signé sur le prestigieux label Domino. Une sacrée référence ! Le combo de french pop transpire la bonne humeur ; et peu importe si la fosse est peu garnie, les musicos ont tous l’air très heureux d’être présents. La diversité instrumentale favorise également une immersion dans ce ‘Monde poétique’, créé par la formation hexagonale. Et « Les Plus Beau », morceau choisi pour final, synthétise à merveille le set. Le refrain, ‘Soyons les plus, soyons les plus beau’, est repris en chœur par les spectateurs qui affichent de grands sourires. Un joli moment de communion entre auditoire et un collectif qui a le soleil au bord des lèvres…

C’est à la Petite Maison dans la Prairie que Jagwar grimpe sur l’estrade. Un trio dont la musique émargerait au rock progressif. Enfin, d’après les infos recueillies sur le net. En fait, on est loin du compte. Elle baigne au sein d’une électro-pop particulièrement paisible et sans relief. Pas de quoi fouetter un chat (NDR : un Jagwar ?) Sur les planches, le band témoigne de tellement peu de dynamisme, qu’on n’a pas envie de s’éterniser...

Surtout que juste en face, à la Caverne, le tour d’Alcest est arrivé… Et c’est un tour de force ! Le climat ténébreux entretenu par le combo français est considéré comme un must sur la scène shoegaze hexagonale. Les plages peuvent paraître interminables, mais elles ne suscitent jamais l’ennui. En fait, elles durent toujours exactement le temps qu’il faut. Jamais trop, jamais trop peu. Ce qui démontre la parfaite maîtrise manifestée par les chevelus nés outre-Quiévrain. ‘Dark’, le light show colle parfaitement au concert. Pas de doute, les musicos ont acquis une belle expérience. Et pourtant, nonobstant cet évident self control, certaines compos s’autorisent quelques envolée délirantes, comme si le band avait besoin de lâcher prise, de temps à autre. Et lorsque ces riffs se révèlent bien moins nets, s’abandonnant au cœur d’un désordre organisé, le résultat est particulièrement jouissif. Finalement, c’est la faiblesse du set de Jagwar Ma qui nous a permis de découvrir et d’apprécier Alcest ; et à ce titre, on doit le remercier…

Rapidement, cap vers le Labo pour vivre la deuxième partie du show de Timber Timbre. Au sein d’une ambiance diamétralement différente. Il n’existe finalement, à Dour, qu’une centaine de mètres, entre brutalité est sensualité… Drivé par le très charismatique Taylor Kirk, le combo canadien est venu défendre son dernier opus, en Belgique. Tramé dans un folk alternatif, son expression sonore est classieuse. De quoi se remettre de ses émotions partagées, lors du concert précédent. Un moment de détente suprême avant de savourer les deux têtes d’affiche de la journée !

Phoenix accuse 20 minutes de retard, quand il monte sur la Main Stage. Pas très sérieux, ce comportement… Heureusement, dès les premiers accords, le charme opère. Et le combo français démontre qu’il mérite le statut de tête d’affiche. Incontournables, ses refrains font rapidement mouche. Et « If I Ever Feel Better » mérite franchement de figurer parmi les meilleures chansons dispensées au cours de l’édition 2017 du festival de Dour. Le léger accent frenchy du chanteur est rafraîchissant. De quoi apporter une touche supplémentaire d’originalité à une musique qui n’en manque pourtant pas. La séduction opère donc… sauf que le concert se limitera à 45 minutes. Une grosse frustration, malgré une excellente prestation…

Une heure plus tard, Die Antwoord débarque. Précisons quand même que votre serviteur s’est réservé une place parmi les 15 premières rangées de l’auditoire. Un détail qui a son importance, car il semble que les festivaliers qui sont restés en retrait n’on pas trop apprécié le spectacle consenti par le band sud-africain. Pourtant, il est unique en son genre. Extraverti, le couple affiche un look extravaguant. La voix de la chanteuse est étrange. Le son, particulièrement agressif. Une forme de rébellion qui se traduit également par des hurlements, des danses suggestives et des sauts dans la fosse… Rien ne nous est épargné. Tout le monde est crevé, mais impossible de s’endormir… Le jeu de lumière est tellement puissant qu’on doit l’apercevoir depuis la place de Mons. Les morceaux à succès défilent. Et tout particulièrement « Baby’s On Fire », un titre qui embrase littéralement la Plaine de la Machine à Feu. A la fin du set, le très jeune fils du duo diabolique fait irruption sur l’estrade. Un moment surréaliste qui conclut finalement et assez logiquement le concert d’un groupe complètement à part.

Le samedi s’achève déjà. Il reste un jour à couvrir pour cette édition du Dour Festival, avant de patienter jusque l’année prochaine. Ce dimanche sera placé sous le signe du rap. On devrait y battre le record d’affluence. On verra demain ! Un peu de repos est le bienvenu…

(Organisation : Dour Festival)

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Dour Festival 2017 : vendredi 14 juillet

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Ce vendredi, place aux groupes rock qui ont acquis une certaine notoriété. Surtout en soirée, vu la présence de Two Door Cinema Club, Circa Waves ou encore The Kills. Puis, Pendulum devrait clôturer la fête, jusqu’aux petites heures du matin ; surtout si on est pris dans la tourmente du drum&bass. La journée sera très longue, car le premier concert intéressant commence à 14h30 et l’extinction des feux et des lumières est prévue pour 4h. On chausse ses grosses godasses et on y va !

Direction la fournaise du Labo pour entamer les hostilités. Mountain Bike est venu présenter son deuxième album, devant une foule encore un peu dans le gaz. Excentriques, les musicos grimpent sur l’estrade coiffés de perruques. Les pauvres vont devoir s’en débarrasser rapidement, tellement on suffoque sous ce chapiteau. Et en ce tout début d’après-midi, la chaleur est insupportable. Etienne et son band ont choisi leurs plus belles compos, fruit d’un mélange entre rock/garage un peu malsain, célébré sur leur premier elpee, et pop plus élaborée, proposée sur le second, un disque publié au printemps dernier. Ajoutez à la recette, une bonne dose d’énergie et le résultat est parfait pour enfin vous revigorer. C’est le deuxième passage à Dour du quatuor franco-belge ; et il est toujours aussi convaincant !

All Them Witches est programmé à la Caverne. La musique de cette formation américaine oscille entre psyché/rock aux réminiscences sixties et post rock. Le son est dense. Le public semble apprécier et certains festivaliers osent un pogo. La démarche est encore timide, mais elle a le mérite d’exister. D’ailleurs, lors de morceaux plus atmosphériques, quelques audacieux se lancent dans le crowdsurfing, grâce à la bienveillance de spectateurs toujours très attentifs aux bonnes trajectoires de ces courageux amateurs de sensations fortes.

Pas le temps de voir la fin du set, cependant, car il est temps de mettre le cap sur la Main Stage pour assister au set d’Anne-Marie. C’est une des étoiles montantes de la scène britannique ; et bien pop, les titres font littéralement mouche. D’autant plus que cette ancienne championne du monde de Shōtōkan-ryū (NDR : un art martial, qui appartient au karaté-do), ne manque pas de charme…

Circa Waves nous attend dans la Caverne. A l’instar de Temples, le band liverpuldien a brillamment réussi l’épreuve du deuxième album. Une bonne raison pour figurer à l’affiche du Glastonbury, fin juin. Celles et ceux qui apprécient Arctic Monkeys ne sont pas en terre inconnue. Car le band pratique un rock bien british, à la fois puissant et mélodique. Et ce style, votre serviteur aime… Dès les premiers riffs de gratte, la fosse est en effervescence. Les pogos éclatent dans la bonne humeur et la solidarité. Suivant la tradition, quoi ! Mais c’est évidemment lors du morceau final, en l’occurrence l’incontournable « T-Shirt Weather », que l’explosion se produit. Le chanteur demande aux festivaliers de grimper sur les épaules de ses voisins. Et y parvenir, au milieu des mouvements de foule, ce n’est pas du tout évident. Mais rapidement, les audacieux reviennent sur le plancher des vaches, pour savourer la fin de cet excellent concert…  

Dans la foulée, place à une des têtes d’affiche du festival : The Kills. En 16 ans d’existence, le duo anglo-américain a acquis une fameuse expérience. Alisson Mosshart a toujours autant de charme. Sa voix est fiévreuse, alors que la musique est plutôt ténébreuse et glaciale. Et c’est ce contraste saisissant entre passion et réserve qui finit par exercer une forme de fascination. Les compos sont mélodieuses mais puissantes. Riffs appuyés et envolées lyriques se succèdent. Un regret, l’absence de « Future Starts Slow », un de leurs tubes, dans la set list. Vraiment dommage…

Crystal Castles débarque alors dans la foulée. Les deux premiers long playings de ce duo électro avaient reçu un accueil plus que favorable auprès de la critique. Malheureusement, suite au départ de la chanteuse, Alice Glass, la nouvelle paire éprouve toutes les difficultés à trouver la bonne formule. Sur les planches, Edith Frances, la remplaçante, fait pâle figure. Elle semble complètement perdue et pas dans son état normal. Pas sûr qu’elle carbure à l’eau claire. Bien que soutenu par un groupe, le tandem va nous accorder un set à la limite de la décence. Même que privilégiant les lumières claires, le light show agresse gratuitement l’auditoire. Il est à craindre que Crystal Castles ne retrouve plus jamais son lustre d’antan…  

La soirée s’achève par le set électro de Wilkinson, qui pour la circonstance s’est déplacé en compagnie de son groupe. Avant celui, drum&bass, de Pendulum. Il est 4 heures du mat’, et il est temps de penser à prendre un peu de repos. Encore 45 minutes (!) de marche, et on pourra retrouver notre tente. D’autant plus que ce samedi, une nouvelle journée bien remplie nous attend encore. De toute manière, à Dour, le sommeil n’est que de très courte durée…

(Organisation : Dour festival)

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Dour festival 2017 : jeudi 13 juillet

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Le réveil est très ‘matinal’ pour un festival (NDR : ça rime !) Faut dire que la journée est plus qu’intéressante ; et dès le début d’après-midi. Il y aura d’abord Animal Youth et puis surtout Lemon Twigs, Iddles ainsi que Temples. Quand on débarque un peu après 13h, il n’y pas grand monde sur la Plaine de la Machine à feu. Mais qu’importe, le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt… enfin, presque… Comme quoi regarder ‘loin’, c’est regarder ‘tôt’…

Ainsi à 13h20, Animal Youth ouvre le bal, au sein de la Caverne. La formation drivée par Guy Tournai pratique une musique dite ‘shoegaze’ ; mais en l’enrichissant de quelques touches post/punk, elle prend une autre dimension. Le combo belge est venu plaider la cause de son premier elpee, et il le défend plutôt bien. Le set s’achève par une version plus longue de « You Don’t Know Love », véritable tube en puissance. Dommage que la prestation n’ait duré qu’à peine plus d’une demi heure…

Prochain arrêt à la Petite Maison dans la Prairie, juste en face, pour assister au set de Lemon Twigs. Le duo new-yorkais a vraiment surpris tout son monde, lors de la sortie de son premier opus, en 2016. Ces gamins semblent vivre dans une faille spatio-temporelle tellement leur musique est contaminée par les 60’s et les 70’s. Les musicos affichent un dynamisme incroyable et une maîtrise instrumentale hors du commun, échangeant même plusieurs fois de rôle. Impressionnant ! Les tubes potentiels défilent tout au long de ce show bourré d’énergie. Une des premières grosses découvertes du festival !

Iddles va ensuite nous démontrer que Bristol est vraiment une ville qui se nourrit de musique. La formation anglaise pratique un punk ‘old school’. Véritable fanatique, le chanteur possède une voix puissante. Et quand il ne se sert pas du micro, il crache… Le band vient de publier un premier LP, unanimement acclamé par la critique, outre-Manche. Et s’il se distingue par ses compos solides, il est constitué de musiciens charismatiques qui aiment faire le show. A l’instar des deux guitaristes qui finiront par se lancer dans le crowdsurfing. Mais avant le son, c’est le fun qui prime pour les bad boys bristoliens. Ils possèdent l’art de la mise en scène ; aucun doute là-dessus. Et le public est réceptif. Une nouvelle bonne surprise pour cette édition 2017 !

Petite pause pain saucisse avant de se diriger vers la Caverne, où Temples va se produire. Et tout comme pour Lemon Twigs, le quatuor insulaire va nous proposer un voyage dans le temps. Leurs compos puisent leurs racines dans la musique britannique des seventies, et tout particulièrement chez Pink Floyd et ELO. Le combo a passé brillamment l’épreuve –souvent très délicate– du second long playing. Il est même meilleur que le premier. Dès l’entame du set, les morceaux s’enchaînent naturellement. Qu’ils soient extraits du premier ou du deuxième opus. Mais si « Keep In The Dark » (« Sun Structures »), passe parfaitement la rampe, ce sont surtout les compositions issues de « Volcano » qui enthousiasment la foule. A l’instar de « Mystery of Pop » et « Certainty » qui font forte impression. Mais le sommet de la prestation nous viendra, bel et bien, d’un titre plus ancien. En l’occurrence « Mesmerise », pourtant sans grand éclat sous sa version studio. Mais en live, elle est incroyable ! En fin de parcours, l’auditoire, connaisseur, reprend les paroles en chœur, durant de longues minutes. Et tant qu’il n’arrête pas, le groupe continue à jouer. Une situation qui va se prolonger pendant une bonne dizaine de minutes. Le chanteur n’en revient d’ailleurs toujours pas. Il ne s’attendait certainement pas à un tel accueil en Belgique. Ces jambes se plient et aucun doute, les larmes perlent de ces yeux. L’émotion est réelle et non simulée. Un moment de partage exceptionnel ! Et à l’issue du spectacle, cet air va trotter encore et encore pendant de longues heures, dans les têtes… Une énorme claque ! Manifestement, le groupe s’est considérablement bonifié depuis son passage à Tourcoing, en mars dernier. Pour le déloger de sa place de meilleur concert du festival, les autres concurrents vont certainement devoir courir…

The Strypes est donc venu défendre son nouvel album. Et, au cours de l’après-midi, il n’était pas rare de croiser un aficionado, vêtu d’un t-shirt à l’effigie du band. Sa ‘fan base’ est manifestement conséquente. Le rock/garage du combo est plaisant, mais en outre, il ne manque pas de charme. Les musicos ont acquis de l’expérience depuis leur dernier passage à Dour. Malheureusement, il faut regretter l’absence de prise de risques. Tout est un peu trop prévisible. Hormis, sans doute, la reprise du « Psycho Killer » de Talking Heads. Le petit grain de folie qu’on n’attendait plus. Bref, The Strypes aurait tout intérêt à se lâcher davantage, s’il veut passer à la vitesse supérieure…

L’heure de l’électro a sonné ! Et Todd Terje y connaît un rayon dans ce domaine. Le Norvégien a le don de composer des titres qui entretiennent la bonne humeur. Son positivisme contraste avec la nuit d’encre qui baigne la plaine. Les jeux de lumières sont superbes, et tout particulièrement, tout au long de son tube « Dolorean Dynamite ».

Un bon set avant de se diriger, le sourire aux lèvres, vers la tente, après un détour –il est 3 heures du mat’, quand même– par l’incroyable scène Elektropedia, qui accueille alors le drum&bass de Chase and Status. La foule est tellement dense qu’on peut à peine apercevoir le podium. Peu importe, nous nous posons quelques minutes avant de rentrer à la ‘maison’. Le festival est encore long et il est nécessaire de se reposer un peu. Même si dans le camping de Dour, cette notion de repos est toute relative…

(Organisation : Dour Festival)

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Dour Festival 2017 : mercredi 12 juillet

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C’est reparti pour cinq jours de folie sur la plaine de la Machine à Feu. Vers 13h, le pass est récupéré, et direction ‘parking’. Après avoir accompli un détour de près d’une demi-heure pour atteindre cette aire, il faudra encore faire la file pendant près d’une heure avant de pénétrer dans l’espace de stationnement. Décidemment, le parking sera bel et bien au centre des débats, lors de cette édition 2017. Pour le pire malheureusement. Et ce n’est pas fini, car il faudra encore patienter près de 45 minutes avant de commencer à planter la tente. La nouvelle configuration n’est pas idéale du tout…

Bref, après avoir pris un bref apéro, bien mérité, cap vers la Machine à feu. Aujourd’hui, ce sont deux pointures du rap francophone qui vont se succéder de 20h45 à 22h45. VALD ouvre la voie sur la Main Stage. C’est la deuxième fois d’affilée qu’on le retrouve à l’affiche ; et à nouveau, il va réussir à convaincre ses fans. Tout le monde est frais le premier jour, c’est peut-être plus facile de secouer le public ; mais quand même… L’ambiance est déjà excellente et donne le ton pour le reste du festival. Sous un ciel bleu, le petit gars enchaîne ses titres avant de céder la parole à son pote Damso.

Il faut simplement se rendre en face, devant le podium de la Jupiler Boombox. Et l’ambiance monte encore d’un cran. Le chapiteau est surpeuplé. Le public, survolté. Le Bruxellois est une des étoiles montantes en Belgique, et ses punchlines ont même traversé les frontières. « Bruxelles Vie » et « Débrouillard » sont évidemment deux moments forts du show. En outre, même si c’était plus que prévisible, le public s’enflamme lorsque son ami VALD le rejoint sur l’estrade pour interpréter « Vitrine », une chanson issue de leur collaboration. Un concert de qualité, sans aucun doute !

M.I.A débarque alors sur la Main Stage. La Sri lankaise est très attendue… Mais elle va décevoir. Son set sera sans âme et téléguidé de A à Z, jusqu’au rappel, « Paper Planes ». Les réactions sont unanimes ou presque : on vient d’assister à un des plus mauvais concerts du festival. Les organisateurs doivent s’en mordre les doigts, surtout que la jolie brune ne doit pas se déplacer pour trois bières et un pain saucisse…

La soirée s’achève à 2h, après le set d’un gars venu tout droit de Bristol : Vandal. Le co-fondateur du célèbre Soundsystem Kaotik propose de la techno pimentée par quelques touches Reggae et Rave Music. De qui terminer ce mercredi (jeudi ?) sur une note plus positive…  

Le premier jour à Dour constitue toujours une forme d’amuse-gueule. Il permet aux festivaliers de s’installer en début d’après-midi, de se réunir autour d’une bière avant de profiter de quelques concerts le soir. Un début en douceur qui sera suivi par quatre jours de folie. C’est parti !

(Organisation : Dour festival)

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LaSemo 2017 : dimanche 9 juillet

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En ce dernier jour du LaSemo, les conditions estivales demeurent. Il devrait pleuvoir seulement en toute fin de nuit. Une aubaine pour les organisateurs !
La plaine est un peu plus clairsemée que la veille. Est-ce une faute de goût dans la programmation ?
Quand on croise les quelques festivaliers rencontrés les jours précédents, on remarque qu’ils ont tous des yeux gonflés et que leur peau tire sur le jaune. La fatigue commence à opérer !
Le site est d’une propreté à faire pâlir un Dour Festival. Faut dire que les bénévoles travaillent d’arrache-pied afin de l’entretenir. Et le public est fort différent, plus propre, plus familial, plus respectueux aussi ! Si ici, le peuple recherche avant tout un moment de détente, dans le second cas, c’est nettement le côté découverte et festif qui prime.
Votre serviteur est nettement moins tenté par le menu proposé aujourd’hui ! Faute avouée est à moitié pardonnée.

Un nom m’attire particulièrement : celui de Barcella. Je ne sais trop pourquoi, mais je me dirige vers la petite scène où un bon millier de personnes sont rassemblées.

Très impressionnant, le gaillard est vêtu d’une chemise longue en flanelle, et coiffé d’un bonnet en laine. Il en a du courage, alors que le soleil frappe durement sur Enghien. Il perle de sueur tout comme les festivaliers d’ailleurs (NDR : mais eux ne portent que le minimum syndical).

Homme de scène, il a décroché plusieurs prix émérites : championnats de France de Slam Poésie, prix Jacques Brel de Vesoul, récompense auprès de l'académie Charles Cros, pour son spectacle ‘Charabia’, etc.

Très à l’aise sur l’estrade, il jouit d’une longue expérience, puisqu’il a notamment assuré le supporting act de Jacques Higelin, Francis Cabrel, Sanseverino, Cali, Tryo, Zebda ou encore Thomas Dutronc.

Mathieu Ladevèze, à l’état civil, est un amoureux de la langue de Voltaire. Il aime le mot, le détourne de son contexte, l’utilise comme matière première, le façonne, l’envie, l’élève, le fait grandir, trie le bon grain de l’ivraie, avant qu’il ne renaisse dans chacun de ses textes, sur une musique dont la poésie moderne colle parfaitement à la chanson française.

Une évidence ! La seule. Il propose un ‘live’ où n’ont droit de cité que l’humour et la joie de vivre. Le gaillard rend festif ses propos, les malmènes, les triture, les enjolive parfois sans tomber dans la mièvrerie. Les seuls maîtres mots : bonheur et onirisme !

Cataloguer cet artiste de bouffon serait lui faire honte. C’est plus que ça. Bien plus ! Toujours en recherche d’exigence et d’inédit, sa conception musicale est concise et précise, entourant des jeux de mots percutants et réfléchis, tout au long d’un flow soutenu par des textes rageurs et affûtés, qu’il dispense en manifestant une autodérision majeure et éphémère.

Son énergie est contagieuse. Il passera d’ailleurs la moitié du concert sur le toit du piano d’un de ses musicos. Faut croire que le matos est solide. Ce type est vraiment déjanté.

Moment fort du spectacle, lorsque dans un élan de courage, il adresse un message au public féminin venu en masse. Lors d’un discours éloquent, il rend hommage aux… salopes. 

Mais pas misogyne pour un sou (selon ses propres dires), il sous-entend par là, les maladies, les catastrophes, etc. Bref, toutes ces saloperies qui nous empoisonnent la vie et qu’il qualifie ainsi…

Le public, pris au jeu, scande de plus en plus fort, cette expression rendue vulgaire aux oreilles des plus jeunes, présents eux aussi. Alors, pour faire passe la pilule (le politiquement correct est de mise), il insiste pour la transformer en ‘escalope’. C’est plus doux, certes, mais l’essence même a perdu de son intensité et de sa crédibilité…

Après une heure d’une jolie parenthèse inattendue, à bâbord toute ! A une centaine de mètres de là, se déroule un spectacle tout public. Intitulé ‘Voyage en bordure du bout du monde’, il narre les aventures du philosophe Sophocle.

Curieux, je prends place au milieu d’une ribambelle d’enfants bouches bées. Nous nous retrouvons tous au cœur d’une histoire qui traite de clowneries, tragédies et magies noires. Plutôt sympa comme expérience !

Entrons ensuite à l’intérieur du château. C’est un vieux bâtiment et il y fait bien frais ! Un showcase y est à nouveau organisé ! Surprise, c’est à nouveau Barcella qui s’y produit.

Que faire ? Je décide de rester ! L’air est frais et une hôtesse vient apporter aux convives une coupe de champagne. Comment refuser ?

L’angulaire est quelque peu différente. D’un concert accordé devant un millier de personnes, le gars se retrouve prostré face à un petit parterre réunissant à peine trente convives triés sur le volet.

Le set est davantage acoustique, le drummer n’a emporté qu’une grosse caisse, une caisse claire, un charley et une paire de balais. Chauve, le claviériste se sert d’un synthé moins sophistiqué. Pas question de s’y poser !

Mathieu en profite alors pour entamer un tour de chant, privilégiant les compos non abordées précédemment et celles qui ont fait le succès festif que l’on connaît.

L’énergie est forcément plus contenue ici, l’environnement affiche ses limites ! Mais, de nouveau, ce concert est de très bonne facture.

Virage à 180 degrés en compagnie de Soviet Suprem. La peur de prendre dix ans au goulag m’incite à me diriger, tout droit, vers la petite scène. Pas le choix ! Autant dire que je suis entre le marteau… et la faucille (faux cils ?)…

Mais qui sont-ils ? Des soldats de l’ex-URSS ? A en décevoir certains, il s’agit tout simplement d’un groupe s'appropriant un style de musique faussement originaire des pays de l'Union soviétique, mêlant surtout influences balkaniques, militaro-punk et électro. Le tout, chanté dans la langue de Molière.

Mais que veulent-ils ? Déclencher la révolution chez ses sympathisants ? Peut-être ! En tous cas, parfois surnommés les ‘Beastie Boys des Balkans’, Sylvester Staline (alias R.wan, chanteur du groupe Java), John Lénine (alias Toma Feterman, chanteur de La Caravane Passe) rejoints par DJ Croute Chef, ne souhaitent ni plus, ni moins, insuffler chez les quelques léthargiques encore statiques qu’une sacrée dose de sons tonitruants et mettre le feu… au rideau de fer !

Les personnages, créés de toute pièce, prônent le rassemblement des peuples amateurs de musiques festives et la révolution du dancefloor par une relecture des musiques du monde à travers un prisme soviétique sur fond d’accents politiques déjantés. Vous comprenez toujours ? Tant mieux, parce que votre serviteur, lui s’y perd un peu…

Au final, alors que presque trente ans nous séparent de la chute du Mur de Berlin, les codes de la guerre froide sont encore bien présents ! Résultat des courses, ce cocktail a failli faire… Führer !

On n’est plus dans le second degré, mais dans le trentième ! Ames sensibles, s’abstenir donc !

Votre chroniqueur prend maintenant le temps d’une pause bien méritée et s’assied dans l’herbe du ‘Jardin Fleuri’ afin d’y contempler un spectacle de funambule. Suspendues à un fil en acier, les Filles Du Renard Pale défient gracieusement les lois de l’apesanteur, entre poésie et légèreté.

Une bonne quinzaine de minutes plus tard, re-direction la petite scène pour y entendre les Fatals Picards.

Issus de Paris (et non du Nord de la France, comme leur patronyme pourrait le laisser penser), ils prodiguent un savant mélange entre ska et variétés. Autant le dire, c’est kitsch à souhait ! Du spectacle au ras des pâquerettes même…

De quoi mourir d’ennui ! Même leur titre phare, « Bernard Lavilliers », pourtant décapant, ne parvient pas à susciter, en mon for intérieur, un soupçon d’adrénaline. Les bâillements s’éternisent à s’en décrocher la mâchoire. Il est temps de changer d’air !

J’en profite alors pour faire le plein de calories auprès d’un stand vietnamien.

Pas facile pour un artiste de revenir sur le devant médiatique lorsque, pur produit marketing issu de l’industrie musicale, on a connu un succès aussi fulgurant qu’inattendu.

C’est le cas de Saule ! Sa déferlante « Dusty Men », qui l’associe à Charlie Winston, compte plus 100 000 singles vendus et 10 millions de vues sur Youtube !

Mais, c’est mal connaître le Montois d’origine ! Loin de ses collaborations opérées en compagnie de Franco Dragone, Dominique A, Charlie Winston, Benoît Mariage, Sacha Toorop ou encore Samuel Tilman, il vient défendre au LaSemo les couleurs d’un nouvel album, fraîchement sorti...

Intitulé « L’embellie » et mis en forme par l’Américain Mark Plati (David Bowie, The Cure, Alain Bashung et les Rita Mitsouko, entre autres), ce disque est fondé, comme son nom l’indique, sur un positivisme éclairé, un embryon de renaissance.

A 20 heures pétantes, il débarque, entouré de quelques musiciens ! Une prestation sans surprise, entre chansons accrocheuses (« Comme »), belles rythmiques (« Respire ») et titres plus intimistes et profonds (« Delove Song »).

Saule est un amoureux de la sémantique et est doté d’une capacité pour écrire de jolies chansons dans la langue de Molière.

Généreux, exubérant, passionné et persévérant, il dépassera ses limites et sa timidité naturelle sur les planches pour le grand bien du parterre lui aussi… passionné !

Babylon Circus clôture cette dixième édition. Une nouvelle page de l’histoire musicale se tourne ! Comme dit l’adage, toutes les bonnes choses ont une fin !

De nombreux bénévoles sont déjà affairés à démonter une partie du matos, comme la petite scène, les décors, etc.

Le site est nettement plus clairsemé à cette heure par rapport à la veille. Faut dire que le lendemain, c’est un jour ouvré. Qui dit juillet, ne rime pas forcément avec congé !

Formé en 1995 à Lyon, le combo s’est forgé peu à peu une réputation solide qui l’a emmené à découvrir au gré des tournées pas moins de 35 pays différents. 

Objectivement, le travail de créativité est abouti. Les cuivres font la part belle aux compositions, parfois très en retrait par rapport aux guitares. C’est intelligemment construit !

Rock alternatif et chanson française se conjuguent au milieu d'un ska sorti de nulle part. Le groupe a traduit cette diversité en force.

Mais, BC s’y perd un peu au final. Les sonorités laissent percevoir un sentiment de déjà entendu et réentendu, comme s’il s’essayait encore dans un style avant de l’épouser définitivement.

Poussive, la prestation dispensée éveille à peine quelques applaudissements parmi l’auditoire. Seuls les fans insulaires restent éveillés.

Autant y aller tout de go, votre serviteur n’a pas du tout été convaincu par ce qui devait être l’apothéose de la soirée.

Frustrant de terminer sur une fausse note n’est-ce pas ?

(Organisation : LaSemo)

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