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Brussels Summer Festival 2017 : mardi 15 août

Pour la soirée de clôture du BSF, les organisateurs avaient mis les petits plats dans les grands. Denis Gerardy, Directeur, n'est pas peu fier d'avoir pu signer Pet Shop Boys, le duo anglais légendaire des années '80 et '90, pour un show exclusif. La Place des Palais est dès lors 'the place to be' ! Les prévisions météo sont plutôt inquiétantes mais au final, il n’y aura pas de pluie et on assistera à un magnifique crépuscule. Un cadeau des cieux !

On n’a malheureusement pas pu assister au concert d'André Brasseur ; mais les avis récoltés sont dans l'ensemble tout à fait positifs. En fin d'après-midi, le patriarche de l'orgue Hammond a, paraît-il, réchauffé les premiers arrivants grâce à ses instrumentaux 'vintage', dont « The Kid » et surtout « Early Bird », un 45 tours qui date de 1965 et s'est écoulé à plus de 6 millions d'exemplaires. Excusez du peu !

Après l'orgue, on passe au Piano Club. Cette formation liégeoise de synthpop est dirigée par Anthony Sinatra, co-leader du Hollywood Porn Stars ; et en dix ans d'existence, elle a gravé trois longs formats et deux Eps. Sur les planches Piano Club est, disons, déroutant. Contrairement aux enregistrements studio, le groupe a recours à des choeurs féminins. Sur le podium de la Place des Palais, l'ensemble nous apparaît assez décousu, voire déplacé. On en profite donc pour déguster une petite Kriek, histoire de se préparer pour les deux têtes d'affiches internationales.

A 20h15 tapantes, Goldfrapp prend possession des lieux. Fondé en 1999, ce duo londonien réunit Alison Goldfrapp (voix, synthés) et Will Gregory (synthés). Comptant sept albums dans leur escarcelle, ces champions de l'électro/pop se sont taillés un joli succès, surtout entre 2003 et 2005, grâce à des tubes comme « Strict Machine » ou « Oh La La ». Leur prestation est fortement attendue, si l'on en croit la foule qui s'est massée devant le podium, couvrant plus de la moitié de l'esplanade.

Vêtue de rouge et arborant une coiffure rousse, Alison Goldfrapp ressemble un peu à Shirley Manson (Garbage). Son acolyte, Will Gregory, n'est pas du voyage mais c'est un groupe au grand complet qui accompagne la chanteuse : un batteur, un bassiste, et surtout deux séduisantes claviéristes dont les coiffures sont également rousses. La musique est quasi à 100% 'live' ; un choix qu'il faut saluer, car il aurait été très facile pour ce band insulaire de dispenser un set 100% électronique. La setlist se balade entre le dernier opus du groupe, « Silver Eye » (2017) et les deux LP phares, « Black Cherry » et « Supernature ». Caractérisé par son beat irrésistible, « Train » lance la machine ou plutôt la 'strict machine', dès l'entame. La partie centrale du show est par contre plus en retenue mais dès « Systemagic », issu du dernier long format, le spectacle repasse à la vitesse supérieure.

‘It's nice to see you dancing’, constate avec plaisir l'artiste anglaise. Détail insolite : c'est en tant que danseuse qu'elle a entamé sa carrière... en Belgique ! Et le public ne cessera de danser jusqu'à la fin, au fil des hits ; comme sur « Number One », « Ride a White Horse » et, bien sûr, « Strict Machine », qui clôture en force. Dans l'ensemble, un show très satisfaisant, sans grosses surprises mais parfaitement en place. Bien sûr, on est en droit de regretter les trouvailles scénographiques qui rehaussaient le spectacle de Goldfrapp, il y a dix ans ; mais on peut comprendre qu'à 51 printemps, Alison Goldfrapp ne souhaite plus la présence, à ses côtés, de danseuses déguisées en chevaux...

S'ensuit une interruption de plus d'une heure, temps nécessaire pour terminer l'installation du matos destiné au spectacle, qu'on annonce monumental, des Pet Shop Boys. Pour satisfaire aux exigences techniques du band, les organisateurs ont dû demander à Stageco d'agrandir le podium, qui s'étend au final sur 24x22m. Huit semi-remorques ont été mobilisées pour le transport et il a fallu près de trois jours pour tout mettre en place. Vu que ce show est exclusif pour la Belgique, une partie de l'Allemagne et le Nord de la France, des dizaines de bus ont acheminé les fans venus rien que pour voir les 'Boys'.

A 22h30, la Place des Palais est bondée. Rémy Bricka vient d’achever son traditionnel bain de foule. Le show des Pet Shop Boys peut commencer et, pendant le titre d'introduction, « Inner Sanctum », on découvre le gigantesque écran vidéo disposé en fond de scène. Pendant tout le concert, il affichera des structures visuelles abstraites, souvent en 3D, basées sur le rond rouge, le motif de la couverture du dernier opus, « Super ».

Neil Tennant, le chanteur, et son acolyte Chris Lowe, apparaissent, habillés d’un costume noir et coiffés d'un casque argenté. Histoire de rappeler qu'ils étaient là bien avant Daft Punk ? Allez savoir... Dès « Opportunities (Let's Make Lots of Money) », le duo pose sa signature musicale : un savant mélange de synthpop, de disco et de sons 'cheesy' carrément 'kitsch' issus des années '80. « Pop kids », son dernier single, s'inscrit parfaitement dans cette lignée et fait mouche : tout le monde danse, chante et tape dans les mains.

Sans céder à la facilité, le tandem impose l'écoute d'une grande partie de son dernier long playing ; ce qui fait considérablement baisser la tension, voire l'attention. « In the Night », « Burn » et « Love Is a Bourgeois Construct » permettent de découvrir la face cachée des deux artistes anglais, moins facile d'accès mais néanmoins riche et subtile. Il faut attendre « West End Girls » et surtout « It's A Sin » pour que le show prenne enfin toute sa dimension. Le son devient nettement plus puissant. Les batteries de laser illuminent le podium et la nuit bruxelloise. Même si sa mélodie est en grande partie 'pompée' sur le couplet de « Wild World », de Cat Stevens, « It's A Sin » est d'une efficacité redoutable.

Pendant « Go West », les ballons de toutes les couleurs éclatent en 3D sur l'écran géant et on se retrouve dans une énorme discothèque pour la clôture du set. En rappel, après « Domino Dancing », on va vivre le moment le plus marquant du spectacle. Et il se produira pendant « Always On My Mind ». Ce succès de Brenda Lee, déjà repris par Elvis Presley, atteint ici une dimension stratosphérique. Enfin, c'est sur une reprise de « Pop kids » que le rideau se referme définitivement.

En conclusion, les 'Boys' n'ont pas déçu. On sait que Chris Lowe est statique derrière ses claviers et que Neil Tennant, malgré ses changements de tenue et son slogan répété à l’envi, ‘Come on, Brussels !’, n'est pas le plus grand showman de ce côté-ci du Rio Grande mais le spectacle a véritablement été époustouflant ! Et il a permis au BSF de se clôturer comme il se doit... sur un bouquet final.

Philippe Blackmarquis

Pour lire notre évaluation finale du festival, c'est ici.

Setlist Pet Shop Boys :

Inner Sanctum
Opportunities (Let's Make Lots of Money)
The Pop Kids
In the Night
Burn
Love Is a Bourgeois Construct
Se A Vida É (That's The Way Life Is)
Love Etc.
The Dictator Decides
Inside a Dream
West End
Girls
Home and Dry
Vocal
The Sodom and Gomorrah Show
It's a Sin
Left to My Own Devices
Go West
(Village People cover) (with "Heart" introduction)

Encore:

Domino Dancing
Always on My Mind (Brenda Lee cover)
The Pop Kids (reprise)

Setlist Goldfrapp :

Anymore
Train
Ocean vague
You Never Know
Slide In
Everything Is Never Enough
Become the One
Systemagic
Number 1
Ride a White Horse
Strict Machine

Pour regarder les photos du festival, c'est .

(à noter que les photos étaient interdites pendant le concert des Pet Shop Boys)

 


Alors que Phil Blackmarquis couvre les spectacles qui se déroulent à la Place des Palais, votre serviteur a jeté son dévolu sur le Mont des Arts et la salle de la Madeleine, pour y assister aux shows d’Atomic Spliff et de Joe Bel. Les Lokerse Feesten viennent de s’achever, donc il faut embrayer…

A 9h15 précises, Atomic Spliff déboule sur les planches. La formation liégeoise pratique un reggae particulièrement ‘roots’. Tout en se servant généreusement des Sound Systems, l’expression sonore oscille entre ragggamuffin, dancehall et rub a dub. Propices à la bonne humeur, les paroles, chantées dans la langue ce Voltaire, sont humoristiques et traitent de leurs expériences quotidiennes. A ce jour, le collectif a publié deux elpees, « Rass Attack » en 2015 et « Robomuffin », en 2017.

Le crew est imposant et les musicos sont, à l’instar de votre serviteur, quasi tous barbus. Il réunit donc Daddy Cookies et Stone Man (NDR : les Mc’s), le guitariste Kevin Maclot (NDR : il pourrait jouer le rôle de Lépold II, dans un biopic), le claviériste Brieu Di Maria, le bassiste Boris Valley Colledos, le drummer Renaud Baivier, sans oublier les deux ‘Flagmen’ (des agitateurs de drapeaux, aux couleurs jamaïcaines, fallait s’en douter), dont Bernard Jaegero. Les musicos et les 2 ‘Flagmen’ précèdent l’arrivée des 2 Mc’s. Ils sont cool Man ! Et vont mettre le souk et la faya (NDR : le feu, faut se mettre à niveau, man !) Le set s’ouvre par « Moving », un extrait du dernier opus. Pas de cuivres pour ce morceau épique. « A Fond » incite la foule à se remuer le popotin, jumper, lever les bras et applaudir. Ya Man, on bouge !

Les « Good Vibes » sont directement injectées dans nos veines. Ode au pacifisme, « Peacefull Warrior » rend hommage à Bob Marley.

« Mr Postman », où comment voir son facteur sous un angle différent. Chaque jour, il dépose ses factures dans la boîte aux lettres. Mais le destinataire attend surtout un colis posté en Jamaïque. Qui n’arrive décidément pas ; et on doit se demander ce qu’il contient. Un morceau dansant et agréable à l’écoute. Tout comme les entraînants « Rock And Steady » (NDR : il vient de sortir en 45 trs !) et « Well Now ». Le show s’achève par « Positif ». Stone Man demande à l’auditoire à s’accroupir. Et d’un geste de la main, Daddy Cookes somme le collectif à prendre la pause. Avant de donner le signal de la reprise, y compris pour la foule qui se relève et se met à jumper. On va alors participer à 5 minutes de folie…

Joe Bel adore la Belgique. C’est sa seconde visite au BSF. Elle va se produire en compagnie d’un groupe électrique. Elle a le trac, car elle est venue défendre les nouvelles compos de son futur album. Un premier opus qu’on attend impatiemment et qui se fait… « Désiré ». Faut dire que jusqu’à présent, elle n’a publié qu’un Ep, en 2015, baptisé « Hit The Roads », et participé à la BO du film, « Tout Pour Etre heureux ».

La chevelure rousse et les yeux couleur noisette, la Lyonnaise est séduisante, craquante même. Chaude, sa voix campe un hybride entre Nneka, Selah Sue, Nina Simone, Norah Jones et BJ Scott, le grain soul de Sarah Carlier, en plus. Sa musique mêle folk, r&b, folk, soul, reggae, ragga, world, pop et rock.

Sur les planches, elle est soutenue par un claviériste, le drummer Jean Prat et le guitariste Benoît Richou. Joe se sert aussi bien d’une sèche que d’une électrique. La salle est pleine à craquer. Il fait très chaud. Le set s’ouvre par « First Time », un morceau folk aux accents reggae. « Stronger » aurait pu figurer au répertoire de Selah Sue. Une constante, l’intensité libérée par la plupart des morceaux, même lors des plus mélancoliques. Après avoir assisté à autant de concerts, votre serviteur se sent de plus en plus fatigué. Il s’éclipse en promettant d’aller la revoir, lors de la sortie officielle de son nouvel album…

Atomic Spliff  + Joe Bel

Didier Deroissart

(Organisation : Brussels Summer festival)

 

 

Lokerse Feesten : dimanche 13 août

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C’est toujours la grosse affluence pour le dernier jour des Lokerse Feesten. L’affiche accueille la fraîche et belle Emma Bale, qui vient tout juste de fêter ses 18 ans, et l’étoile montante insulaire, Anne-Marie. A l’instar de l’an dernier, le roi des platines, Lost Frequenties, se produira dans la foulée du traditionnel –et toujours superbe– feu d’artifice, avant que Craig David ne clôture le festival, pas un autre Dj set…  

 

Après avoir décroché un hit, grâce à « Fortune Cookie » (NDR : il a été consacré disque de Platine), et participé à de nombres festivals majeurs, dans toute l’Europe, Emma Bale a publié début de cette année, un nouveau single, qui recense déjà plus de 500 000 vues sur Youtube (voir ici). Il s’agit d’un extrait de son futur album. Malinoise, Emma Bale, aka Emma Balemans, est souvent comparée à Birdy, Gabriel Aplin voire même Adèle.

Deux petites estrades sont posées sur le podium. L’une est destinée au claviériste, à gauche, et l’autre, en vis-à-vis, au drummer. Vêtue d’un pantalon blanc et d’un survêtement brun à frous-frous, Emma monte sur les planches, en accusant 15 bonnes minutes de retard. Elle est rayonnante. Et souriante. Elle entame son set en solitaire, armée uniquement d’une gratte semi-acoustique, le « All I Want » de Kodaline. Limpide, délicieuse, sa voix évoque de plus en plus celle de Gabriel Aplin…

La chanson terminée, elle présente ses musiciens qui débarquent. La formation attaque alors le nouveau single, « Worth It ». Miss Bale arpente la scène de long en large. Elle fait parfois front, face à ses musicos, qu’elle regarde, sans doute pour se rassurer. Elle invite la foule à lever les bras, lorsque le show prend une orientation davantage électro. Elle nous réserve une adaptation du « Parachute » de Coldplay ; et manifestement elle se montre très à l’aise dans le domaine de la reprise. La set list nous réserve de nouvelles compos, comme « Joan », « Need To » et « Curaçao ». Et puis l’incontournable « Run », qui avait été remixé par Lost Frequencies. Lorsque soudain, un petit problème technique vient enrayer la machine. Heureusement, Emma est capable de rebondir. Ah, on dirait qu’elle va entamer une ‘macarena’. En fait, non, elle décide de prendre un bain de foule. Heureusement, le contretemps est rapidement résolu. Le concert reprend son cours normal et on sent qu’il monte en puissance. Les musicos semblent prendre leur pied et participent activement à une version très électro et infernale de « Strangers ». De quoi inciter les festivaliers à remuer le popotin. Le show s’achève au bout de 40 bonnes minutes, par une autre nouvelle composition, « Cheers ». Pas de trace de la cover de « Strange Oditty » d’Oscar And the Wolf. Pourtant, deux jours plus tôt, Max Colombie avait enflammé la Grote Kai, en l’interprétant. Emma Bale se produira ce 24 novembre (NDR : release party ?) à l’ABClub, mais c’est déjà sold out.

Anne-Marie embraie. De son vrai nom Anne-Marie Nicholson, elle est originaire de l'Essex. Avant de se lancer en solitaire, elle avait décroché trois titres de championne de monde de Shōtōkan-ryū (NDR : un forme de karaté) et milité comme choriste chez Rudimental. Son premier Ep, « Karate », remonte à 2015. Il est suivi d’une flopée de singles et de quelques collaborations, notamment auprès de Sean Paul, pour le tube « Rockabye » du groupe Clean Bandi. Elle propose une musique qui agrège dancehall, reggae, ragamuffin, électro, hip hop et r&b. En bref, son répertoire s’adresse surtout à la bande FM.

Sur le podium, elle est soutenue par un drummer, un bassiste et un claviériste, groupe qu’elle drive comme une véritable pro. Une déferlante de percus et de sonorités électroniques alimente le morceau d’ouverture, « Breathing Fire ». La voix d’Anne-Marie est à la fois mélodieuse et graveleuse. Parfois aussi délicate ou carrément soul. Elle occupe bien l’espace scénique. Et possède un don inné pour partager ses émotions. Assez dansant, « Do it Right » invite l’auditoire à remuer le popotin, mettre les bras en l’air et frapper dans les mains. « Used To Love You » nous entraîne dans le raggamuffin. Son timbre lorgne alors plutôt vers Selah Sue. Afin de reprendre son souffle, elle plaisante avec le public, avant d’aborder « Perfect », un titre plus paisible. « Boy » trempe dans le funk et le r&b. « Alarm », dans le dancehall et le hip hop. Elle va mettre toute la plaine dans sa poche, en interprétant le fameux « Rockabye » ; et même sans Sean Paul, la version est superbe. Et elle achève son show –trop court !– par le judicieusement intitulé « Cia Adios »…

Après le feu d’artifice, place à Lost Frequencies, aka Felix De Laet. A peine âgé de 23 ans, ce Dj, compositeur et réalisateur artistique belge jouit déjà d’une sacrée popularité à travers le monde. Ainsi en 2014, son remix du single « Are You With Me », une compo issue de la plume d’Easton Corbinentre, est entré au sein de nombreux charts et a atteint la première place dans plusieurs pays d'Europe. Lost Frequencies pratique une forme de deep house, qu’on qualifie également de ‘tropical’, dans l’esprit de Kygo, Thomas Jack ou Matoma.

Sur l’estrade, on remarque la présence d’un immense ensemble, composé de 3 parallélépipèdes rectangles. Ils sont superposés. Des effets lumineux vont défiler sur ces boites ainsi que sur l’immense écran placé à l’arrière. Ces formes géométriques sont placées de biais sur le devant de la scène. Le Dj trône au sommet, derrière ses machines. Et il va nous en mettre plein les tympans et les mirettes. La foule va ainsi être bombardé d’une déferlante d’effets pyrotechniques, de fumigènes, de pétards de confettis (des ronds, des carrés et des longs) et de lumières en tout genre. Il parle très peu mais quand il ouvre la bouche, c’est pour inciter la fosse à jumper et applaudir. Tout comme l’an dernier, il bouge très peu, derrière ses platines. Il se concentre sur son job et aligne les tubes qui squattent la band FM. Et manifestement, il est doué dans ce domaine.

Hormis la pluie, on peut affirmer que la treizième édition des Lokerse Feesten a été une réussite. A l’année prochaine, pour 10 jours de folie ; et ce sera du 3 au 12 août…

Lost Frequencies + Anne-Marie + Emma Bale

(Organisation : Lokerse Feesten)

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Brussels Summer Festival 2017 : dimanche 13 août

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Ce dimanche 13 août, Puggy est programmé en tête d’affiche. Jusque là rien d’étonnant pour un trio qui, lors du même BSF, mais au fil des éditions, est passé du Magic Mirrors à la Place des Palais, en transitant par les scènes intermédiaires. D’autant plus qu’aujourd’hui, il remporte un vif succès. Mais drôle d’idée d’aller voir cette formation qui se produit aux quatre coins de la Belgique, toute l’année. Sauf que… ce soir, il est flanqué d’un chœur gospel. Et on en avait déjà eu un petit aperçu lors de la conférence de presse, qui s’était déroulée en juin dernier. Donc, c’est ‘the place to be’. Et puis on pourra revoir Jesus & Mary Chain, qu’on espère dans une meilleure forme, qu’à l’AB. On peut toujours rêver…

Avant de retirer son sésame, sous le Magic Mirrors, il y a une belle trotte. Et tout au long du parcours, on entend la fin du set de The Black Box Revelation. Apparemment, depuis les derniers concerts auxquels j’ai pu assister, rien n’a guère changé. Surtout le volume sonore, qui est toujours aussi puissant. D’après certains confrères, la formation a surtout réussi son exercice de style, dans le domaine de la reprise. Elle est souvent différente, c’est tout à leur honneur ! La cover en question ? Le « Heart of gold » de Neil Young. Vu l’attachement porté à l’artiste canadien, valait peut-être mieux ne pas être présent, à ce moment-là…

C’est en avril dernier que votre serviteur avait assisté au spectacle de Jesus & Mary Chain. A l’AB. Un set mi-figue mi-raison, qui hormis lors de l’un ou l’autre titre et surtout lors du final, manquait singulièrement de punch. Fallait donc craindre une resucée de ce show. Et pour cause, la prestation remonte à un peu plus de quatre mois… Si le concert s’ouvre par un encourageant « Amputation », morceau issu du dernier opus, « Damaged & Done », la suite semble corroborer cette impression de monotonie ambiante. Sauf qu’au bout d’une vingtaine de minutes, l’intensité électrique monte soudain en puissance ; et hormis les deux morceaux plus pop (le single « Just like honey » et « Always sad »), au cours desquels Bernadette Denning vient chanter en duo avec Jim, le reste va nous replonger, comme à la belle époque, au sein d’un climat sauvage, malsain, glacial, spectral, sensuel et cool à la fois, propice aux émotions sombres, au tourment intérieur et à la romance pure. Entre beauté et violence, les compos défilent. Les changements de cordes sont glorieux. Des cordes tour à tour cristallines, bourdonnantes, surf ou chargées de feedback mélodique. On aura même droit à deux titres plus punk, mais dispensés dans l’esprit des Cramps. Faut dire que même s’il s’est planté en retrait, devant ses deux baffles et amplis orange, William (NDR : chaussé de lunettes et les cheveux en broussailles, il ressemble de plus en plus à un des musiciens des Melvins) est en pleine forme. Lui et le second gratteur déversent une avalanche d’électricité sur « You trip me up ». Et la voix de Jim passe aujourd’hui bien mieux la rampe. Veloutée ou venimeuse, elle se transforme en slogan pendant « Reverence » : ‘I want to die just like Jesus Christ’ (Trad : je veux simplement mourir comme Jesus Christ). Et « I hate rock’n’roll », morceau qui achève le set est de la même veine. Franchement, on ne s’attendait pas à un tel retour gagnant. Faut dire qu’il suffit parfois de choisir une tracklisting qui tienne la route. En tout cas, c’est une bonne surprise !

Set list : « Amputation », « April Skies », « Head On », « Far Gone and Out », « Between Planets », « Blues From a Gun », « Always Sad », « Mood Rider », « All Things Pass », « Some Candy Talking », « Halfway to Crazy », « Nine Million Rainy Days », « Just Like Honey », « You Trip Me Up », « The Living End », « War on Peace », « Reverence », « I Hate Rock 'n'roll »

Les haut-parleurs crachent un air de musique country… qui vire brusquement en thème électro. La Place des Palais est noire de monde. C’est –paraît-il– sold out. A mon humble avis, manifestement! Puggy grimpe sur l’estrade. Le trio est accompagné par son fidèle claviériste/percussionniste et un chœur gospel réunissant 8 musiciens, de parité/hommes/femmes. Il s’agit du Wings Gospel Choir de Didier Likeng, un auteur/compositeur/arrangeur/professeur et directeur artistique d’origine camerounaise qui drive de nombreuses chorales. En outre, il a bossé pour des tas d’artistes dans l’univers de la chanson française et de variétés ; et notamment pour Axelle Red ainsi que Philippe Lafontaine. Toute cette équipe est vêtue de blanc et s’installe au milieu, légèrement en retrait. Soit devant Matthew Irons, lui, habillé d’un costard rouge. Le bassiste campe à l’extrême gauche et le drummer à droite. Matthew pète la forme. Il ne tient pas en place. Et il communique constamment avec son public. A l’une ou l’autre reprise, comme un Dj. Ouais, c’est moins convainquant ! Il se fend d’une émouvante ode à Bruxelles, ma belle… Plus intéressant, il explique qu’il va interpréter deux titres issus de la bande originale de « Bigfoot Junior », film d’animation pour lequel le band a composé la musique. En écoutant la voix et le toucher du chanteur/guitariste, il n’y a pas de doute, il est hanté par un autre Matthew, Bellamy, le leader de Muse. Même si pendant « I’m still with you », son falsetto lorgne plutôt vers Jón Þór Birgisson (Jónsi), la tête pensante de Sigur Rós. Mais venons-en au cœur du sujet : la collaboration entre le groupe et le chœur gospel. D’abord, je dois l’avouer franchement, sans cette coopération, Puggy n’entrait pas vraiment dans mes priorités. Mais dans l’univers de la pop et du rock, toute expérimentation est louable et mérite qu’on s’y intéresse… surtout quand elle audacieuse. Car finalement, au cours de ce concert, on a vécu des moments de véritable magie. Surtout lorsque le combo et la chorale sont entrés en osmose. De quoi vous flanquer des frissons partout. Ce collectif a été moins transcendant, comme livré à lui-même, quand il s’est attaqué à un morceau de funk/r&b, sans les stars de la soirée. Mais s’est illustré lors d’un morceau joué en beatbox collectif. Ou en imprimant un tempo reggae à l’aide des voix. On reprochera cependant, un certain déséquilibre entre les deux pôles, surtout lorsque le format électrique a pris le pouvoir. De quoi plaire aux jeunes aficionados qui attendaient avant tout les tubes, afin de danser, chanter ou reprendre en chœur les refrains. Il faut cependant féliciter les membres de Puggy pour avoir osé tenter une telle expérience. C’est ce qui fait avancer la musique. Maintenant, et c’est un avis tout à fait personnel, il serait intéressant de revivre une telle coopération, mais sous un format plus acoustique, au sein d’un endroit intimiste. Sincèrement, le moment pourrait alors toucher au sublime. Ce n’est qu’une suggestion.

Sans quoi, au cours du set, le drummer s’est réservé le lead vocal pour un titre. Matthew en a interprété un seul à la sèche. Et puis, inutile de dire que les nombreux fans présents (NDR : et beaucoup d’autres aussi) ont savouré ce concert, qui s’est prolongé en rappel par « When you know », repris en chœur (NDR : et le mot est faible !) par la foule, haranguée par Matt, une compo qui aurait pu figurer au répertoire de Supergrass, faut-il le rappeler. 

(Organisation : BSF)

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Alcatraz 2017 : dimanche 13 août

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Tout comme la veille, l’affiche de ce dernier jour de l’Alcatraz Festival va nous réserver son lot de valeurs sûres qui supportent vaillamment le poids des années, mais aussi quelques groupes plus contemporains. L’occasion de montrer par l’exemple ce que certains font de l’héritage laissé par l’âge d’or du Metal ? Ou une opportunité d’attirer un nouveau public ? Quoiqu’il en soit, la nouvelle tombe vers 16h : le festival est sold out en cette journée dominicale. Quelques 25 000 metalheads ont se sont déplacés, soit 10 000 de plus que l’année précédente. Les chiffres ne mentent pas : les organisateurs ont tapé dans le mille.

La météo semble moins maussade que samedi. Les fréquentes averses ont eu raison de l’accessibilité des chemins, transformant la terre battue en boue épaisse. L’affluence est encore maigre en cette fin de matinée et les visages des festivaliers sont marqués par les deux jours précédents, nourris aux décibels, aux précipitations et aux joies du camping. La hardiesse des premières heures laisse la place à l’endurance, une endurance nécessaire avant d’affronter ce dernier acte.

Après avoir traversé la plaine, votre serviteur se plante du côté droit du podium, où Raven s’apprête à clôturer son set. Enième band de ce week-end à jouer du riff sous la bannière de la New Wave of British Heavy Metal, Raven jouit d’une expérience certaine du ‘live’. Et pour cause, il a été fondé en 74 (!). Comme on a pu le constater précédemment, certaines formations explosent et touchent des sommets tandis que d’autres traversent modestement les années, reconnues uniquement par les plus férus de ce style. Les frères Gallagher (eh oui, ça ne s’invente pas…) appartiennent définitivement à cette seconde catégorie. Et ils n’ont pas l’air de s’en plaindre pour autant ! Survoltée sur l’estrade, débordant d’énergie, la fratrie semble prendre son pied face aux quelques aficionados qui ont eu le courage de se lever pour venir les applaudir. Le tube « On and On » clôture cette première prestation de la journée, alors que l’auditoire donne de la voix tout au long du refrain. Mark Gallagher frappe, à plusieurs reprises, le bas de sa guitare sur le plancher ; non pas par énervement mais plutôt comme pour expulser un trop plein de bonne humeur. Se prendre un tel shoot de bonnes vibes heavy en apéritif ; il y a pire pour commencer la journée !

Responsable d’un Ep et d’un seul elpee ‘live’, Carnation est un peu l’exception qui confirme la règle. Et pour cause, il s’agit d’une jeune formation ! Qui pratique un Death Metal lourd, étouffant, mais malheureusement un tantinet répétitif. Il est néanmoins encourageant de remarquer que le quintet anversois met tout en œuvre pour tenter de convaincre les spectateurs, présents plutôt en nombre, sous la tente de la Swamp Stage. Simon Duson, visage peint en rouge et arborant une épaisse chaîne métallique qui forme un ‘X’ sur tout le corps, vide ses tripes. En outre, on sent chez le combo une détermination qui ne peut qu’être chargée de promesses...  

Midi pétante, un autre dinosaure du Rock nous fixe rendez-vous. Evoluant à la croisée des chemins du Hard Rock et du Heavy Metal, UFO (NDR : né en 1969, ce combo londonien est également étiqueté NWOBHM !) grimpe sur l’estrade. Et il va nous livrer un set rafraîchissant et très susceptible de nous communiquer la banane. Phil Mogg est coiffé d’un chapeau et son pantalon est retenu par des bretelles. La classe ! Le moindre de ses gestes est empreint d’une noblesse figée dans le temps. Touchant ! Une impressionnante aura émane de ce petit bonhomme qui fêtera, l’an prochain, ses 70 balais. Un vrai gentleman ! ‘Comment vous faites pour être déjà là à nous applaudir ?’, s’étonne-t-il en s’adressant aux spectateurs. ‘Hier, à cette heure-ci, j’étais encore dans mon lit !’. Mogg se moque également, mais gentiment, des VIP, perchés trente ou quarante mètres plus loin, en leur signifiant qu’un concert se vit face à la scène. Après un solo de Vinnie Moore, guitare posée derrière son cou, le band prend poliment congé de son audience, à l’issue de son tube incontournable, « Doctor Doctor ». Une leçon de rock’n’roll, en toute humilité !

Autre ambiance, autre style et transition d’un ovni à l’autre. Sous une épaisse fumée, les musicos de Dr. Living Dead opèrent leur entrée, visages recouverts d’un masque en forme de tête de mort. Tous possèdent un large bandana posé au-dessus des orbites, recouvrant une partie du front, signe distinctif des adeptes du Crossover, fruit d’un croisement entre le Thrash et le Punk Hardcore. Les similitudes entre la musique du band suédois et Suicidal Tendencies, un des fers de lance de ce genre, sont flagrantes ; d’ailleurs, la jeune formation ne s’en cache pas. Un passage de flambeau ? Les artistes vont délivrer un set explosif, enchaînant les morceaux les uns après les autres et déclenchant à plusieurs reprises des circle pits et autres bousculades plutôt musclées. ‘Les gars, c’est notre dernière date en Europe. Vous risquez de ne plus nous voir pendant quelques années donc… donnez-vous à fond’. Malgré une performance plutôt répétitive, Dr. Living Dead est parvenu à offrir un set énergique, dont il aurait été dommage de se priver !

Retour à la vitesse et à la puissance du Thrash sur la Prison Stage, en compagnie de Sacred Reich. Les Arizoniens appartiennent à cette catégorie de groupes réputés incontournables, malgré quatre albums studio au compteur, en 32 ans d’existence. Le band au nom sulfureux (mais ne partageant, fort heureusement, aucune opinion de cet ordre) profitera d’un set de 55 minutes pour asséner, en dix morceaux, son Thrash old school, sans prise de tête. Les artistes prennent leur pied sur les planches. Derrière son micro, Phil Rind affiche une bonhomie certaine. Il est souriant, voire même taquin : ‘On ne dirait pas que vous êtes à votre maximum aujourd’hui. On en attend plus de vous aujourd’hui…’, balance-t-il à la fosse. Avant de se reprendre : ‘En fait, vous en attendez peut-être le même de nous… Here we go !’. Un homme se plante à côté de moi, sa toute jeune fille perchée sur les épaules, un casque de chantier jaune protégeant ses oreilles. L’enfant adresse un signe au chanteur, et ce dernier ne manque pas de lui répondre tendrement, visiblement ému de voir en face de lui quelqu’un de si jeune. Il ne manquera d’ailleurs pas de lui remettre son plectre de guitare à la fin du show. Quand on a un tel potentiel dévastateur, il est interpellant de se demander pourquoi les Américains, questionnés sur leurs projets futurs ont annoncé, l’année dernière, qu’ils n’avaient pas pour ambition de publier un nouvel opus…

La fosse est compacte devant le podium principal pour accueillir Life of Agony. Pas étonnant, quand on sait qu’il s’agit d’un des groupes les plus attendus du week-end. Tel un Phénix, la formation responsable d’un subtil mélange de Hardcore, de Stoner et de Metal alternatif, a vécu une réelle renaissance depuis 2014. Après quelques querelles internes, elle est enfin de retour pour de bon. Keith Caputo a commencé à combattre ses vieux démons en changeant de sexe, se transformant au fil des mois en Mina Caputo. Revenu sur ses rails, c’est armé d’un nouvel album, « A Place Where There's No More Pain », que le quatuor se présente devant une audience chauffée à blanc. Grosse acclamation lorsque Mina débarque, chaussée d’épaisses lunettes noires et vêtue d’un poncho noir transparent. « River Runs Red » donne le coup d’envoi d’un des sets les plus explosifs et le plus violents de la fosse, vécus à l’Alcatraz. Telle une déflagration, les metalheads se bousculent, se cognent, sont transportés à bouts de bras, sur le podium. La chanteuse s’avance à l’avant de la scène, soulève son poncho et dévoile un soutien-gorge rose bonbon. Mina est fière de son nouveau corps et n’entend pas le cacher. Après quelques morceaux, elle saute de l’estrade et vient se planter contre les barrières, afin d’être encore plus proche de son auditoire tout en l’invitant à l’accompagner de la voix. Les spectateurs des premiers rangs se bousculent, s’entassent et s’époumonent avec elle, quand ils n’essaient pas de lui attraper le bras. Qu’on ne vienne plus jamais dire que les métalleux ne sont que des machos fermés d’esprit… « World Gone Mad » est un titre brossant le portrait d’un monde qui devient de plus en plus fou… ‘Mais il ne faut pas tomber dans le piège, nous ne sommes qu’une seule nation, peu importe notre origine, la langue parlée ou la religion pratiquée’, étaye Caputo, lors d’une de ses nombreuses diatribes résolument positives et pacifiques qui invitent à davantage d’ouverture d’esprit. Poussant même jusqu’à l’ironie, en rappelant que le groupe vend quelques t-shirts au stand merchandising. ‘Je dois bien pouvoir nourrir mes chiens, ce sont mes enfants… les seuls que je peux vraiment avoir’, lâche-t-elle, en se massant le ventre. Les artistes déversent toute l’énergie accumulée ; et le public leur rend le double. « Underground » clôt ce set musclé. La chanteuse vide prématurément les lieux, visiblement vidée par un don de soi délivré en si peu de temps. Elle ne sera d’ailleurs pas présente une heure et demie plus tard, lorsque les musicos accorderont des autographes au stand prévu à cet effet. Une interjection pourrait à elle seule résumer leur prestation : wow !

C’est sur le trashy « Rain » (comme si on en manquait encore…) que Trivium entame son heure de show. Le groupe américain, qui s’est d’abord fait connaître à travers des covers de Metallica, ne cesse de progresser. Ses concerts sont intenses… Matt Heafy, gratte à la main et t-shirt déchiré à l’effigie d’Amon Amarth, est plus charismatique que jamais. Mais à force de vouloir devenir trop carré, le band finit par manquer de spontanéité. Tout est calculé, mimiques comprises (on avait déjà eu droit aux nombreux ‘hoe gaat het ?’ en début d’année, au Trix d’Anvers). Il manque juste encore ce grain de magie qui permettrait au band de passer de la mention ‘bien’ à ‘très bien’. Curieusement, il ne va interpréter que des plages issues de son dernier elpee, « Ember to Inferno : Ab Initio », préférant jouer la carte du répertoire le plus notoire. Son subtil mélange de Thrash et de Metalcore fait mouche, les bras sont levés et le public y met de la voix. Trivium glisse néanmoins dans sa set list, « The Sin and the Sentence », nouvelle composition parue deux semaines auparavant, qui laisse présager un retour moins expérimental que pour son dernier LP. C’est sur l’épique et ô combien puissant « In Waves » que les Floridiens laisseront leurs fans sur les rotules.

Passage ensuite par la scène secondaire où I Am Morbid s’apprête à prendre le relais. Il s’agit d’un changement de programmation de dernière minute. Morbid Angel a dû annuler sa tournée suite à des problèmes de passeport d’un de ses membres. La similitude des noms –I Am Morbid / Morbid Angel– va au-delà de la simple ressemblance de patronyme. En effet, dès juin 2015, Tim Yeung (guitariste) et David Vincent (vocaliste) avaient quitté Morbid Angel. Un peu plus d’une année s’écoule et le duo annonce la naissance d’un nouveau combo, qu’il baptise I Am Morbid, et dont l’unique objectif se résume à interpréter des plages issues des quatre premiers opus de Morbid Angel. Old school, quand tu nous tiens… Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça cogne dur. Les fans des premiers jours ont dû s’y donner à  cœur joie, les autres se sont peut-être lassés d’une certaine linéarité. C’est du Death Metal, OK, mais certaines compositions devraient quand même préserver un certain groove (à l’instar de « Where the Slime Live », par exemple) et ne pas toutes être passées à la moulinette Death, suivant la recette imaginée par David Vincent…

Les transitions d’un groupe à l’autre sont parfois abruptes. On passe ici du rouleau compresseur du Death au Heavy Metal pur jus à paillettes de Doro. Une chose est sûre, la Metal Queen a entraîné sa horde de fans. Devant le podium principal, c’est full. Il faut dire qu’un concert de Doro, c’est un peu la grand-messe du Heavy. Mais également comme quand on regarde un ‘Mad Max’ : on connaît le scénario à l’avance, mais on regarde quand même et on prend son pied. Active depuis ’82, Doro n’a plus rien à prouver et appartient à ces figures iconiques du mouvement. Ce qui ne l’empêche pas de rester très humble. Sa bonne humeur est plus que communicative. Elle aime son public et on le ressent profondément. La blonde dont le contour des yeux est peint en noir entraîne avec elle une marée de poings levés dès son premier morceau, « Raise Your Fist in the Air ». Doro, ce sont aussi des refrains facile à retenir et aisément tirés en longueur (« Burning the Witches », « We Are the Metalheads », « All We Are », notamment). Bref, un bon moment au cours duquel les metalheads ont pu ressentir un fort sentiment d’appartenance à une même communauté, reprenant ensemble les mêmes hymnes glorieux. Ce qui ne peut jamais faire de mal…

Alors que la foule était déjà compacte pour la vocaliste allemande, elle se densifie encore quelque peu pour accueillir comme il se doit Amon Amarth. Qu’on ne s’y trompe pas ; il s’agit de la véritable tête d’affiche du festival. Si vous êtes arrivés en retard, n’espérez pas vous faufiler jusqu’aux premiers rangs en catimini. C’est peine perdue. Sur les planches, un immense casque de Viking, coupé au niveau des yeux, deux cornes dépassant de chaque côté, a été installé. En son centre, repose le kit de batterie de Jocke Wallgren. L’imposant Johan Hegg débarque, tout de noir vêtu, la barbe de la même couleur, et sa corne de Viking accrochée à la ceinture. Le riff de « The Pursuit of Vikings » retentit sur la plaine courtraisienne et marque le début d’une heure et quart de combats acharnés et épiques. Les Suédois n’ont pas lésiné sur les moyens : effets pyrotechniques, bagarres de fantassins jouées par des acteurs sur l’estrade, énormes backdrops évoquant des tableaux représentant des combats normands les plus épiques les uns que les autres, mise à feu de deux énormes runes. Bref, autant d’artifices visuels qui alimentent un spectacle époustouflant. D’autant plus que cette mise en scène ne vient que compléter une interprétation des morceaux au poil, bénéficiant d’un très bon son. Tel un one man show, Johan Hegg s’affiche fréquemment seul entre les morceaux, introduisant le reste du spectacle par des anecdotes ou des histoires de Vikings. Of course ! On aura ainsi droit à quatorze compos de Death Metal symphonique lors de cette prestation tout simplement incroyable –toute en force, puissance et envolées guerrières– érigeant ce set comme un des meilleurs (si pas le meilleur) de tout le festival. Le belliqueux « Twilight of the Thunder God » se clôture sous une pluie d’applaudissements et d’étincelles. Hegg remercie la foule et s’abreuve jusqu’à la lie de ce mystérieux liquide contenu dans sa corne. Veni, Vedi, Vici.

L’Alcatraz Festival s’apprête maintenant à finalement souffler ses dix bougies en compagnie d’une de ces formations qui ont permis l’émergence du Neo-Metal ; en l’occurrence Korn. Un choix qui peut paraître curieux, vu le style des autres formations programmées au cours de ces trois jours.  Une volonté de rendre au Neo-Metal, genre souvent dénigré, ses lettres de noblesse ? Ou une tentative de rameuter un maximum de peuple ? Si la seconde option l’emporte, le pari est plutôt perdu : la foule réunie face à la Prison Stage est moins dense que lors du set d’Amon Amarth. Un large backdrop gris/beige est tendu en arrière-plan. En son centre figure le logo de Korn en lettres rouges, dont la lettre ‘R’ a été, bien évidemment, reproduite à l’envers. La scène est constituée d’escaliers de cubes de lumières amovibles, au sommet desquels trône Ray Luzier, derrière sa batterie. Les shows proposés par Korn sont –et c’est de notoriété publique– de qualité variable. Heureusement, aujourd’hui les musicos semblent dans un bon jour. « Rotting in Vain », single issu du dernier LP « The Serenity of Suffering », ouvre le bal. Et dans la foulée, le band californien va nous réserver une setlist résolument old school, piochant ses compos au sein de ses premiers long playings. A l’instar de « Falling Away From Me », « Make Me Bad », « Somebody Someone » ou encore « Blind ». Un regret ? De temps à autre, les grattes sonnent encore un tantinet électro (NDR : un délire auquel la formation américaine avait succombé, il y a quelques années, et qui a desservi sa cause, plus qu’autre chose) et ne rendent pas les tonalités d’époque. Jonathan Davis est en forme et ne lésine pas sur le dialogue auprès de son public. Les autres artistes restent davantage enfermés dans leur bulle, cachés derrières leurs dreadlocks. Munky est même prostré sur le côté droit du podium et reste à l’écart des autres musicos. Comparé au set précédent proposé par les Vikings, celui du band yankee s’est révélé moins époustouflant. Ce qui ne l’a pas empêché de remplir son contrat : rappeler les meilleures heures du Neo-Metal. Qu’on aime ou pas, bien rares sont les spectateurs présents à ne pas succomber au headbanging lorsque la ligne de basse si lourde, arme redoutable chez Korn, claque au cœur de la campagne. Vêtu d’une jupette aux teintes dorées (NDR : fini le kilt !), Jonathan Davis monte sur l’estrade armé de sa cornemuse pour introduire « Shoots and Ladders ». Et en toute logique, le combo va achever sa prestation par un « Freak on a Leash », repris largement en chœur, sous une pluie de feu d’artifices. Après avoir distribué leurs derniers onglets et baguettes, les artistes rejoignent les backstage… avant qu’un homme ne débarque sur les planches, prenant par la main une femme et l’emmène au centre de la scène. A mieux y regarder, il s’agit en fait d’Ira Black, le guitariste de I Am Morbid. Il fait mine de plier le genou et… demande la main de Jessica Chase, la femme qui deviendra désormais son épouse.

Qui a dit que les Metalleux ne pouvaient pas être romantiques ?

Organisation : Alcatraz Music + RockTribune    

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Brussels Summer Festival 2017 : samedi 12 août

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L’ouverture de la grande scène, à la Place des Palais, permet au BSF de prendre une toute autre dimension. Il s’agit déjà de la 7ème journée. Mais en ce samedi 12 août, il fait froid. Et il pleut. De quoi doucher l’enthousiasme des festivaliers. Car l’endroit n’est rempli qu’à moitié, alors que les années précédentes, il était carrément blindé de chez blindé. Pourtant, ce soir l’affiche est alléchante…

Rinôcérôse ouvre le bal et va nous réserver un retour gagnant. ‘Il y a plus de 7 ans qu’on ne s’était plus produit’, confie Jean-Philippe Freu, à l’auditoire, en début de set. Le combo montpelliérain (NDR : l’accent des musicos trahit ses origines, quand ils s’adressent à la foule !) n’a été actif qu’entre 1997 et 2009. Mais ce soir, le band va nous livrer un set sans le moindre temps mort  (NDR : hormis une petite panne technique provoquée par le chanteur). Jean-Philippe aurait dû préciser : « We are not the Infadels », titre du premier opus de ce band londonien, car l’ex-leader a rejoint son projet hexagonal. C’est bien Bnann Watts qui bondit d’un côté à l’autre du podium, comme au temps de son ancienne formation. Les beats électro émanent d’un minuscule synthé (NDR de la taille d’un autoradio !) contrôlé par l’un des guitaristes et balisé par la ligne de basse tracée par la (toujours) aussi charmante (et blonde) Patrice Carrié. Tour à tour, les différents membres se relayent au chant. De quoi donner l’impression d’assister à une démonstration entre les différents intervenants. Dans un style qui oscille de Primal Scream à Oasis, en passant par LCD Sound system. Quand les compos ne virent pas carrément au prog/rock, et notamment lors des morceaux les plus instrumentaux (NDR : dont certains ont servi à des campagnes publicitaires ou des génériques TV). Dommage qu’il n’y ait que quelques centaines de personnes dans la fosse. Car, suivant l’adage, les absents ont eu tort ! En espérant simplement ne plus devoir attendre (cent) 7 longues années avant les revoir, comme l’indiquent les Parisiens, quand ils parlent de leur cathédrale…

Goose a toujours joui d’une énorme popularité, au plat pays. On se souvient d’ailleurs, qu’à ses débuts, soit en février 2013, ses trois concerts prévus à l’Ancienne Belgique, avaient fait salle comble. Pas étonnant dès lors, qu’il y ait un peu plus de peuple. La fosse se transforme ainsi en immense dancefloor (NDR : enfin à l’échelle du BSF ; on n’est pas à Tomorrowland, non plus). « So Long », « Control », « Call me » et « Words » allient simplicité et efficacité. Bien que construite sur des beats électro, l’expression sonore invite riffs de gratte plus rock et ligne de basse new wave… Et si vous souhaitez en savoir davantage sur ce band courtraisien, rendez-vous dans ces colonnes, d’ici quelques semaines, pour lire l’interview réalisée par notre collègue, Philippe Blackmarquis…

Cap ensuite vers La Madeleine où l’ambiance est totalement différente. Et pour cause, le spectacle opère un retour aux 80’s, en compagnie d’Allez Allez. L’auditoire réunit essentiellement des quinquas. Devenu culte, le band belge a connu une carrière aussi fulgurante que courte, puisqu’elle s’est déroulée entre 1981 et 1985. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, il avait signé chez le label Virgin, s’était produit au festival Werchter et avait enregistré une ‘Peel Session’. Mais ce parcours a pris un fameux coup dans l’aile, lorsque la chanteuse, Sarah Osborne, a craqué pour le chanteur d’Heaven 17 (NDR : c’était une autre époque !) et a quitté définitivement la scène musicale. L’idée de la reformation est née, il y a tout juste un an, lorsque Serge Van Laeken, aka Marka (l’ex-bassiste du combo qui a ensuite embrassé une carrière solo), a invité ses potes dans le cadre du festival des Solidarités, à se réunir sur les planches. Et notamment le guitariste Kris Debusscher et le drummer Roby Bindels. Le nouveau line up implique le charismatique gratteur Paul Curtiz et le claviériste (NDR : un Tournaisien !) Thom Dewatt. Mais également deux chanteuses blondes (NDR : dont l’ex-Hooverphonic, Kyoko Bartsoen), qui se relaient sur le podium. Le set connaîtra quelques moments d’anthologie, dont « Marathon dance » et l’inévitable « African queen ». Moment choisi par le percussionniste africain de s’autoriser un pas de danse, et un chant liminaire. Après 1h10 de spectacle, le public exige un rappel en scandant le titre mythique « Allez allez ». Un hymne que le band va accorder lors d’un final déjanté…

La soirée s’achève au Mont des Arts, par un autre artiste belge, mais bien plus contemporain : Milow. S’exprimant dans un français parfait, Jonathan Vandenbroeck partage sa bonne humeur et sa joie de vivre entre les titres, ne cachant pas son bonheur de revenir au BSF. La réputation du songwriter n’est plus à faire. Très populaire au Nord du pays, il a aussi réussi à se forger un succès international. Sa voix est douce et lancinante. On se demande même parfois pourquoi il a engagé une choriste anglaise (NDR : encore une blonde, c’est la soirée !) Peut être pour exécuter ensemble, quelques pas sautillants. Malheureusement, le public ne semble pas très réceptif au concert. Les spectateurs qui squattent les premiers rangs se montrent les plus chaleureux ; mais la plupart des autres sont attroupés au bar ou préfèrent rester tranquillement assis sur les marches de la statue du Roi Albert Ier, sises à l’arrière de la place. M’enfin, il est vrai que la fatigue commence à envahir les organismes, et ce sont les oreilles bien remplies que nous quittons la capitale…

(Organisation : BSF)

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Alcatraz 2017 : samedi 12 août

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Courtrai était en ébullition ce week-end du 12 et 13 août. Et pour cause : l’Alcatraz Festival fêtait ses dix ans d’existence. L’occasion de proposer une affiche particulièrement intéressante, faisant la part belle à de grands noms du Heavy et du Thrash Metal. Immersion au cœur de ce festival à taille humaine, préférant définitivement mettre l’accent sur la qualité plutôt que la quantité.

Premier constat : le Dieu Helios semble avoir décidé de bouder la petite sauterie de ce week-end en laissant la place aux nuages grisâtres et à la pluie. Les lunettes de soleil sont donc troquées contre un k-way. A proximité du campus sportif, théâtre des opérations maléfique de ce week-end, encore peu fréquenté à cette heure matinale de la journée, deux files d’attente se sont formées pour entrer sur la plaine ; et celle des hommes est considérablement plus courte que celle des femmes. Il est décidément temps que les services de sécurité comprennent que ce genre de rencontre n’attire pas seulement le genre masculin et qu’il serait opportun de prévoir davantage d’effectifs féminins. Le sol est boueux et glisse ; ça promet d’être fun !

Après avoir longé une série d’échoppes prêtes à ravitailler en nourriture les âmes affamées, votre serviteur débouche face à la Prison Stage, la scène principale, où Rage, qui à ce jour ne compte qu’un seul LP à son actif, démarre à l’instant même les hostilités. Timing parfait ! Son Heavy Metal est doublé d’une bonne humeur communicative. Les musiciens ne jouent que devant quelques badauds, mais ne semblent pas trop affectés pour autant. Ni pa la pluie qui tombe à présent dru sur la plaine et encore moins pour la corde de la basse à Peavy qui lâche en fin de morceau, obligeant l’artiste à s’absenter quelques instants en backstage. ‘Merci pour le gars qui m’a prêté sa basse, c’est sympa, même si je ne sais pas qui c’est’, s’exclame-t-il en se marrant. C’est sur le puissant « Higher Than the Sky », entrecoupé au beau milieu d’une reprise de « Holy Diver » de Dio, que le trio allemand met fin à ses quarante-cinq minutes de show. Car c’est aussi ça l’Alcatraz : pas question de n’accorder qu’une poignée de minutes aux formations qui ouvrent le bal. Une marque de respect à l’égard des artistes qui est très appréciée. Vous en voulez une autre ? Les concerts ne se chevauchent pas ; vous avez donc la possibilité, si le cœur et les jambes vous en disent, d’assister à toutes les prestations !

Quelques mètres plus loin, King Hiss inaugure la Swamp Stage en proposant un Rock Stoner hypnotique. Il s’agit, pour le combo flamand, de la première date de sa tournée qui va sillonner la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas et s’achever par une première partie de tous les concerts de Channel Zero, fer de lance du Metal en Belgique, prévus pour la fin de l’année. Le show de cette fin de matinée n’est certes pas une grande découverte, mais permet néanmoins de passer un bon moment rock’n’rollesque.

Place à présent à Sweet Savage, un band fondé à la fin des seventies. Originaire d’Irlande du Nord, il est considéré comme un des précurseurs de la New Wave of British Heavy Metal (au même titre que Saxon, Iron Maiden ou encore Motörhead), mais dont le parcours chaotique et le manque de succès commercial ne lui a pas permis de prendre son envol à l’époque, mais bien… trente ans plus tard. ‘Ce morceau-ci, Kirk Hammet, le guitariste de Metallica, m’a un jour confié que c’était selon lui le meilleur morceau de Heavy Metal qu’on avait pu écrire…’ proclame, un peu goguenard, Ray Haller, le bassiste/vocaliste originel, avant que ne démarre le vitaminé « Eye of the Storm ». Bien que la formation semble parfois hasardeuse sur les morceaux à jouer, le trio va livrer un set rentre-dedans, où les 50 minutes laissent au final un petit goût de trop peu. Il est à noter que le guitariste Vivian Campbell, également membre fondateur du Sweet Ravage, assiste à ce show depuis le backstage (NDR : il milite aujourd’hui chez Last in Line, dont on reparlera un peu plus tard…) On aurait pu espérer qu’il rejoigne ses ex-partenaires, en cours de route, mais il ne s’est pas décidé… Le combo quitte le podium après avoir accordé une délicieuse reprise du « Whiskey in the Jar » de Thin Lizzy, laissant derrière lui ce refrain si entêtant…

Du côté de la Swamp stage, les musiciens de Monkey3 ont pris possession des lieux. En quelques morceaux de prog/rock mélodique, strictement instrumental, le groupe helvète parvient à constituer une bulle dans le temps, dont l’aura part progressivement de la scène pour petit à petit englober tout le chapiteau. Le set se révèle à la fois poétique et émouvant, bien que le décalage soit un peu brutal par rapport au reste de l’affiche. L’expression sonore de Monkey3 nécessite une mise en condition au préalable et il est peut-être un peu dur d’apprécier un set exclusivement orchestral, dans le cadre d’un festival.

Après avoir avalé un hamburger sur le pouce (NDR : il faut reconnaître que les différents stands ‘food’ servent de la nourriture dont la qualité est supérieure aux autres festivals : elle coûte toujours un bras, mais au moins c’est bon !), Death Angel, le premier groupe de Thrash Metal de la journée, va entamer son set. Il est d’ailleurs quelque peu surprenant qu’il se produise si tôt. Et pour cause, il s’agit d’un des pionniers du style. En outre, il a permis au Thrash de naître au cœur du berceau californien, début des années ’80, aux côtés notamment de Slayer, Megadeth, Metallica ou encore Exodus. Mark Osegueda monte sur les planches, une bouteille de Bombay Sapphire à la main (bon… ce sera plus pour la forme qu’autre chose, le vocaliste n’y buvant que quelques gorgées pendant le show). Bien que la formation privilégie son dernier LP, « The Evil Divide », gravé l’an dernier, elle n’oublie pas pour autant ses fans d’hier, en entamant sa prestation par le morceau éponyme de « The Ultra-Violence », une composition qui remonte à 1987. En cinquante-cinq minutes, les musicos de Death Angel vont donner tout ce qu’ils ont dans le ventre, délivrant un concert condensé et sans concession, emmené par un Mark Osegueda à la puissance vocale vraiment impressionnante.

Deux bières plus tard et retour au Heavy. Et pas n’importe qui : Last in Line, dont le line up un peu particulier réunit d’anciens membres de Dio, groupe culte de Heavy Metal sous le lead de Ronnie James Dio. La motivation de ce band est simple : ressusciter les heures de gloire de Dio, dissous en 2010, suite au décès de son iconique chanteur. Le quintet a exhumé pour le plus grand plaisir de la foule, des morceaux devenus des hymnes, tels que « Stand Up and Shout », « Holy Diver » ou encore « Rainbow in the Dark ». Bon, évidemment, le pauvre Andrew Freeman, qui a la lourde tâche de reprendre le micro, n’a pas le coffre de Ronnie James Dio (NDR : est-ce mission impossible de le remplacer ?), mais on ne va néanmoins pas bouder sa joie de revivre ces titres interprétés par les musiciens d’origine. Faut-il préciser que l’auditoire a évidemment donné de la voix pendant un peu moins d’une heure (45 minutes pour être précis, car la formation s’est arrêtée dix minutes plus tôt, que prévu…) ? Ce genre de formation, c’est en fait un pari gagné d’avance. Mais qu’importe… du moment qu’on prend son pied !

Toujours dans la veine du Heavy Metal, Iced Earth se singularise en injectant dans sa solution sonore une dose de Power Metal, une autre de fantasy ainsi que l’une ou l’autre référence historique belliqueuse. Manifestement, le combo américano-canadien jouit d’une grosse popularité en Belgique, car la fosse est devenue de plus en plus compacte. Les musicos débarquent un à un sur l’intro de « Great Heathen Army » avant que le cri aigu (et si typiquement Heavy) de Stu Block ne vienne déchirer la plaine courtraisienne. Malgré un nouvel opus, « Incorruptible », publié il y a un peu moins de deux mois, la bande à Jon Schaffer n’en interprète que deux extraits, préférant puiser, ça et là, des titres issus de « Dark Saga », tels que « I Died for You », « The Hunter », « Vengeance Is Mine ». Iced Earth est typiquement du genre à rendre sa superpuissance contagieuse. Chaque morceau est un combat, une victoire arrachée, une ruée courageuse vers l’ennemi. On arrive en soldat, on repart en chevalier. Une fois de plus, l’exemple démontre que l’Alcatraz n’a pioché que des grosses pointures pour fêter sa décennie d’existence. C’est par l’épique, mais néanmoins émouvant « Watching Over Me », que le groupe tire sa révérence, largement acclamé par la foule.

La soirée commence à poindre le bout de son nez. J’y pointe d’ailleurs le mien sous la Swamp Stage pour y écouter quelques morceaux bien gras d’Obituary, un des pionniers du Death Metal. L’atmosphère est lourde, très lourde, et le combo figure parmi les incontournables. Mais comme votre serviteur a déjà assisté à un des ses concerts, il y a quelques mois ; et que l’estomac commence à crier famine, le ravitaillement s’impose avant d’accueillir un autre groupe mythique, mais qui milite dans l’univers du Thrash…

En l’occurrence, Testament. Né au début des années 80, à l’instar de nombreux bands du style, Testament (NDR : à l’origine il répondait au patronyme de Legacy), tourne depuis plus de trois décennies. Il parvient cependant encore à innover, à surprendre, tout en conservant sa propre identité. C’est par « Brotherhood of the Snakes », titre maître de son premier long playing, qu’il déterre la hache de guerre. C’est précis, c’est direct ; et on se prend un tas de riffs dans les dents. Et puis que serait ce band ynakee, sans sa figure emblématique, Chuck Billy ? Moitié Amérindien, moitié Mexicain, l’imposant vocaliste, quand il ne s’époumone pas derrière le micro, part alors dans d’impressionnants soli de pieds de micro (!) dont lui seul a le secret. Grâce à son impressionnante discographie, Testament est parvenu à faire vibrer les cordes vocales des fans d’aujourd’hui (« Dark Roots of Earth »), d’hier (« Low ») ou d’avant-hier (« Over the Wall »). Imitant de nombreux artistes programmés durant ce week-end, le frontman a tenté de chevaucher l’une des deux Harley Davidson trônant fièrement de chaque côté de la scène. Mais… personne n’a eu finalement l’audace de mettre son envie à exécution. Dommage !

La pluie est désormais loin et le soleil commence à montrer quelques traces de fatigue… N’est-ce donc pas le moment idéal pour accueillir les légendes de Venom ? Non pas un, non pas deux, mais bien trois backdrops tapissent le fond de la scène : la tête de bouc satanique reproduite sur la pochette de l’elpee, « Black Metal », est entourée de part et d’autre d’un pentagramme sur sa pointe. Pas de doute, Venom a toujours privilégié son inspiration satanique. C’est donc sur une introduction particulièrement machiavélique que les trois musicos opèrent leur entrée : le musclé Dante derrière ses fûts, aux cymbales avant exagérément hautes et inclinées à 90 degrés, le mystérieux guitariste La Rage, boule à zéro et bouc noir de rigueur, et finalement la figure de proue, le malsain chanteur et bassiste Cronos, au physique de gobelin habité depuis bien longtemps par le Malin. La basse est grasse et fortement mise en avant, la voix de Cronos est nasillarde et bourrue, les morceaux sont bien souvent primitifs et pourtant… l’alchimie est là et la sauce prend. Un concentré de puissance brute de décoffrage, sans aucun artifice. C’est la rencontre entre la hargne du punk, la puissance du Thrash et la mélodie du Heavy, le tout saupoudré d’une aura noire, pourrie et froidement satanique. Pas étonnant que ce band ait influencé bon nombre d’autres groupes, non pas spécialement pour les morceaux en eux-mêmes, mais pour ce qui en émane. Non seulement les pionniers du Thrash s’y réfèrent, mais également la scène Death Metal et, bien évidemment, la scène Black Metal qui empruntera son nom au second album du groupe. Old school jusqu’au bout des orteils, Venom était donc un des groupes à ne pas manquer ce samedi. A de nombreuses reprises, certains titres, tels que « Pandemonium », « Welcome to Hell », « Countess Bathory » ou encore « Black Metal » vont réveiller la part sombre de certains festivaliers. Un show magique et ensorcelé, démontrant que la puissance ne vient pas toujours de l’intensité des blasts, de la rapidité des riffs, de la hargne du chant ou d’une quelconque combine, mais qu’il faut aller la chercher… au-delà. Or, rares sont ceux qui sont parvenus à la trouver…

Un exemple de l’héritage laissé par Venom ? Abbath ! Et s’est sur la Swamp stage que le guitariste/vocaliste prend possession des lieux, entouré de l’énigmatique bassiste King et du drummer Raud. Aussi folklorique qu’insaisissable, Olve Eikemo incarne en même temps un des personnages mythiques du mouvement Black Metal. Il était la figure de proue d’Immortal, mais revêt aussi la caricature de ce que le Black Metal peut refléter (si vous n’en êtes pas encore convaincus, jetez un œil aux clips d’Immortal, vous comprendrez). Tête d’affiche de cette scène secondaire, Abbath est victime pourtant, d’entrée de jeu, d’un mauvais son. Beaucoup trop brouillon, il ne laisse que peu de place à la guitare. La situation finit heureusement par s’améliorer après quelques morceaux, tout comme l’abus de fumée sur scène. Un peu, c’est bien. Trop… on ne voit quasiment plus rien. Abbath n’a gravé pour l’instant qu’un seul long playing sous son pseudonyme ; moralité, l’éventail disponible dans le setlist est quelque peu réduit. Alors pas question de se compliquer les méninges : on aura droit à trois extraits de son nouvel elpee, un titre issu de son aventure intermédiaire vécue chez I, soit entre celle d’Immortal et d’Abbath, et six des meilleures plages d’Immortal. Encore une fois, la magie opère. Alors qu’Abbath ne peut s’empêcher de faire pitre entre chaque morceau, se lançant dans des diatribes que personne ne comprend, le set se révèle tout simplement dévastateur tout en nous réservant la quintessence du Black Metal. Une prestation qui aurait pu prendre l’eau, vu les problèmes techniques, mais qui finalement a été sauvée de justesse par la puissance des compos. Le maître fou a parlé.

Après quelques heures de décibels autant dans les oreilles que dans les jambes, cette journée d’Alcatraz marquée par un attachement aux valeurs traditionnelles, ne pouvait au final pas mieux se terminer que par la prestation de Saxon. La bande à Biff Byford émarge depuis plusieurs années au panthéon du Heavy Metal, et arbore fièrement le blason de la ‘New Wave of British Heavy Metal’. Il figure donc parmi ces groupes incontournables susceptibles de clôturer la journée de ce type de festival qui met bien en exergue les formations ‘old school’. Même le décor planté sur l’estrade rappelle la vieille école : un backdrop sur lequel est reproduit le logo du groupe et la pochette de leur denier LP « Battering Ram », un mur d’amplis Marshall séparé en son milieu par la batterie de Nigel Glockler, sous laquelle on retrouve à nouveau le logo du band. Punt.

Célébrant ses quarante ans d’existence ( !), Saxon se la joue résolument rétrospective en cette fraîche soirée estivale. Il faut dire que ce n’est pas le choix qui manque, vu les 21 albums studio ! Après avoir ouvert le bal par le dernier single en date, « Battering  Ram », le combo anglais va nous inviter à nous balader dans le temps, d’une décennie à l’autre, au gré de sa discographie. Vêtu d’une longue veste noire cintrée sur laquelle vient reposer au niveau des épaules sa chevelure blanche, Biff arpente le podium de long en large, saute sans arrêt sur l’estrade qui sert à la batterie et n’est jamais à court d’anecdotes glanées pendant sa longue carrière. Réputé pour son franc-parler et sa détente facile, n’osez pas lui dire qu’il est un papy du rock en fin de carrière, au risque de vous faire botter le derrière en bonne et due forme. Tout comme le chanteur de Testament, Biff est attiré par les engins motorisés aux extrémités de la scène, lui servant de parfait alibi pour lancer « Motorcycle Man », issu de « Wheels of Steel », une compo qui remonte à 1981, suivi de « Power & The Glory », datant de 1983. Le band ne manque pas de rendre hommage à Lemmy Kilmister, chanteur/bassiste tant regretté de Motörhead, en rappelant les nombreuses tournées que les deux formations avaient accomplies ensemble et en lui dédiant « 20,000 Ft », une piste publiée en 80, sur l’album « Strong Arm of the Law »…

Choisir Saxon en tête d’affiche, c’était pour l’Alcatraz Festival une occasion de se faire plaisir (le band est plus généralement placé en début de soirée), mais surtout l’opportunité d’offrir à ses festivaliers un groupe taillé sur mesure pour eux, une valeur sûre, incontestable et incontestée du Heavy Metal. C’est finalement sur « Denim & Leather », une composition datant de 81 que les trentenaires, quadras et quinquagénaires, groupes d’âge largement majoritaires ce week-end, s’en iront rejoindre leurs pénates, le cœur et l’esprit plus que jamais emplis du précieux Metal.

(Organisation : Alcatraz + RockTribune)

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Alcatraz 2017 : vendredi 11 août

Pour fêter son dixième anniversaire, les organisateurs du festival Alcatraz avaient mis les petits plats dans les grands. Et ils peuvent être fiers du résultat. Ce jubilé méritait donc d’être célébré dignement. Et ce sera le cas. D’abord, il s’est étalé sur trois au lieu de deux jours ; la journée du vendredi a ainsi permis de découvrir quelques groupes intéressants. Et puis, le site a accueilli un nouveau chapiteau. Baptisé ‘Swap stage’, sa configuration est judicieuse ; et il a vu défiler, à mon humble avis, les groupes les plus brutaux du festival. Mais pas de chevauchement entre deux concerts. Les formations successives ne se produisent jamais au même moment. C’est suffisamment pertinent pour être souligné. Enfin, un service de location de tentes de camping a permis à celles et ceux qui n’avaient pas le loisir de rentrer à la maison ou qui n’étaient plus en état de regagner leurs pénates, de les dépanner. Une bonne initiative !

Ce vendredi, votre serviteur est retardé par ses obligations professionnelles. Heureusement, la route est cool et l’accès au parking facile d’accès. Ce qui va permettre d’assister à la seconde partie du show de Krokus. Au cours duquel le band va se fendre d’une cover de Neil Young, « Rockin’ in the free World ». En m’informant auprès des collègues, il appert que le combo a également repris une autre compo, le célèbre « American Woman » du Guess Who, un titre qui dans sa version originale, était purement savoureux…

La musique de Denner/Shermann n’est pas vraiment ma tasse de thé. En outre, je n’ai pas pris le temps de jeter une oreille à son premier elpee, « Masters of Evil ». Néanmoins les covers de Mercyful Fate marquent un maximum de points ! Pour gouverne, Michael Denner et Hank Shermann figuraient au sein du line up originel du band à King Diamond. Ce qui explique le choix des morceaux…

La soirée s’achève par le set d’Udo Dirkschneider, mieux connu pour avoir été le chanteur d’Accept. Et tout comme au Graspop, la setlist a réuni les meilleurs morceaux de ce mythique groupe allemand. De toute évidence, cette sélection de la quintessence de son répertoire a une nouvelle fois mis le feu aux planches. “Starlight”, “Princess of the Dawn” et “Metal Heart”, sans oublier, évidemment, les incontournables “Fast as a Shark” et “Balls to the Wall” vont se révéler de véritables tueries…

Organisation : Alcatraz Music + Rock Tribune

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Brussels Summer Festival 2017 : jeudi 10 août

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Pour sa soirée consacrée au Rock Dur, au Hard Rock ou encore au Metal (au choix !), le Brussels Summer Festival a misé cette année sur la francophonie : The Black Tartan Clan, Mass Hysteria et Trust. Trois concerts symboliques pour chacune de ses formations : un adieu, un anniversaire et un come-back. Tous les ingrédients réunis pour passer un bon moment. Ou presque.

Les pavés du Monts des Arts sont glissants. Il est préférable d’éviter les flaques d’eau qui se forment ça et là dans le Parc jouxtant la scène, au risque de se retrouver prématurément les pieds détrempés. Le ciel n’est qu’un camaïeu de gris, chargé de nuages farouchement résolus à arroser de long en large le public bruxellois. Les k-ways deviennent le dresscode, concurrencés par des protèges pluies, de couleur orange pâle, distribués gratuitement à l’entrée du festival, dont le port vous fait étrangement ressembler à un préservatif sur pattes. Bienvenue en Belgique, un pays qui a décrété que, désormais, l’automne débuterait au mois d’août.

Mais restons optimistes : qui dit pluie, dit notamment Ecosse et dit donc cornemuse. L’atmosphère plutôt humide n’est donc pas en totale inadéquation avec l’arrivée des Belges de Black Tartan Clan. L’imposant Mac Hoze opère son entrée, kilt noir et béret de rigueurs, armé de sa cornemuse. Il suffit d’un souffle dans son instrument pour que les notes enivrantes et si typiques viennent électriser la place bruxelloise. Dès ce premier morceau, la bonne humeur et la joie manifestée par les musicos de fouler les planches viennent surprendre de plein fouet le mauvais temps. Le punk/rock celtique des Belges diffuse une chaleur très vite appréciée par les spectateurs, présents en nombre pour une première partie. Torse nu, sourire en coin et guitare à la main, le charismatique Mac Touche harangue la foule, invitant généreusement à la fête. ‘N’oubliez pas de venir faire un coucou aux filles du stand merchandising. On a quelques CD, vinyles et sweaters à vendre. Elles seront contentes si vous leur donnez un peu d’argent, ce sont des femmes hein !’, balance de manière un peu bourrue, le chanteur. A ses côtés, Mac Hoze Junior, quand il ne donne pas de sa voix en accompagnant Mac Touche, intervient au banjo, délivrant une aura folklorique aux titres. Plus le temps passe, plus les jambes se délient et les corps se mettent à danser. Les fidèles du groupe affichent présents aux premiers rangs, reprenant en chœur la plupart des compos. Et pour cause… le 25 juillet dernier, The Black Tartan Clan a annoncé le départ de son chanteur pour d’autres horizons, signant dès lors la fin de l’histoire de la formation, après dix années passées à sillonner la Belgique et les pays environnants. Elle clôture son dernier morceau et salue, émue, son public pour la dernière fois.

 

Pas de répit pour les braves : les averses semblent se plaire à Bruxelles. Partie de chassé-croisé entre techniciens et le matériel de Mass Hysteria commence à s’emparer des lieux. Le logo du groupe squatte désormais l’arrière de la scène. Les musiciens font un à un leur entrée sur l’estrade, au rythme de l’intrigante introduction de « Chiens de la Casse », morceau d’ouverture de leur dernier elpee en date, « Matière Noire ». Casquette noire vissée sur le crâne, l’air toujours aussi sérieux et le regard projeté au loin, Yann balance le premier riff du titre, suivi d’un déferlement de batterie, marquant le début des hostilités. Une heure de show sous tension où, contrairement à leurs habitudes, les Français enchaîneront les compositions les unes à la suite des autres, ne laissant pas à Mouss l’occasion de s’embarquer dans ses classiques diatribes anti-système. ‘Bon, les gars, on a tellement speedé qu’on a encore un peu de temps devant nous’, lâchera-t-il, en fin de set. Alors qu’il avait été initialement décidé de ne jouer que quatorze morceaux, un petit quinzième (« Tout est Poison ») viendra finalement compléter la set-list du jour, pour se solder par, en tout et pour tout, une heure de show exécutée sur les chapeaux de roue. Malgré un début de parcours un peu bancal, entre Mouss qui s’emmêle les pinceaux au niveau des paroles et Yann qui rencontre des soucis techniques avec sa gratte, les artistes rattrapent ensuite vite la sauce et font graduellement monter la fièvre. Une dilatation de l’espace-temps qui atteindra son point d’orgue lorsque Mouss, motivé par son guitariste Yann et malgré ses craintes (‘Mais tu es fou, si l’un d’eux tombe, il va se fracasser le crâne sur les pavés !’), rejoindra la foule sur « P4 » afin de déchaîner autour de lui un circle-pit endiablé. Mass Hysteria l’a dans son ADN. C’est une nouvelle preuve. Même si le public bruxellois n’était ce soir pas spécialement acquis à sa cause, il a néanmoins fini par lui mettre la tête à l’envers. Il aurait été dommage qu’il en soit autrement, vu que les Français fêtaient ici leur 100ème concert de la tournée. Fort heureusement, il semble qu’ils aient dépassés leur phase dépressive de la fin de l’année 2015, où ils avaient annoncé un break pour une période indéterminée. ‘C’est notre dernière date en Belgique… pour cette année !’, signale le chanteur, en s’adressant à la fosse. ‘Ne vous en faites pas, on entrera en studio l’année prochaine et puis on repartira sur les routes dès 2019…’ Les autres membres paraissent acquiescer, malgré quelques sourires forcés qui indiquent peut-être, que ce n’est pas tout à fait ce qui était prévu… Quoiqu’il en soit, « Furia » parvient à décocher un carreau dans le genou des rares personnes qui n’étaient pas encore convaincues que Mass Hysteria possède cette incroyable capacité à mettre le feu dans le cerveau...

Changement de décor et place à présent aux vedettes du jour. Après avoir vécu ses heures de gloire au début des années ’80, et de nombreux tumultes internes, Trust est donc de retour sur les planches afin de souffler son quarantième printemps. L’occasion de se lancer dans la ‘Au Nom de la Rage Tour’, une tournée qui conduira les artistes aux six coins de l’hexagone mais en offrant néanmoins l’exclusivité de la première date à la Belgique. Trois grand tapis recouvrent à présent la quasi-totalité de la scène, une lampe munie d’un abat-jour atypique sert de décor au fond de la scène. Des petits chiens en peluche, de tailles et couleurs différentes, ont également rejoint la stage. Une guitare stylisée est en outre placée devant la batterie. L’ambiance est plantée, les artistes peuvent grimper sur le podium, en accusant un léger retard par rapport au timing prévu. Les membres du line up original sont les premiers à débarquer : le guitariste Norbert Krief, vêtu d’une chemise couleur bordeaux et de chaussures assorties, suivi du chanteur Bernie Bonvoisin, bob vert aux motifs d’ananas vissé sur le crâne, lunettes de soleil et t-shirt jaune criard orné d’une tête de mort. Pour cette nouvelle formation, ils sont accompagnés par David Jacob à la basse (il a déjà sévi chez Trust de ’96 à ‘00), Ismalia Diop à la guitare (mais bassiste de ’06 à ’11) et un nouveau venu à la batterie, Christian Dupuy.

‘Bonsoir Bruxelles ! Vous êtes très beaux, vous êtes une belle nation, c’est un honneur…’, clame Bernie, après quatre morceaux. Non seulement le frontman n’est pas des plus communicatifs, mais lorsqu’il s’adresse à son public, le discours reste bien souvent énigmatique voire même parfois hautain. ‘Vous avez l’air cassé, non ?’, ose-t-il un peu plus tard. Soit il s’agit là de second degré, soit l’artiste n’a pas trop conscience que c’est plutôt lui qui semble à coté de ses pompes. Et dans la plus totale introspection. On devine son regard, dissimulé derrière ses lunettes de soleil, fixant le sol de manière obnubilée. A moins que ce ne soit le registre de ces morceaux, placé face à lui tel l’incarnation d’un souffleur, qu’il s’empresse d’éclairer lorsque les lumières deviennent plus tamisées, afin de garder un œil sur ses lyrics? Sans parler de ces quelques gestes suspects face à la batterie et dos tourné au public ou ses quelques retours en backstage, quand son nez semble le démanger.

Des observations certes anecdotiques, mais qui amplifient un sentiment croissant éprouvé tout au long du show : on s’ennuie. Le public, déjà plus clairsemé que lors du set de la formation précédente, continue progressivement à déserter les lieux. Certains bâillent, d’autres tuent le temps en buvant quelques bières. Les morceaux s’enchaînent mais la sauce ne parvient pas à prendre. Fidèle à son engagement sociétal, Bernie ne manque néanmoins pas d’écorcher le Président français, Emmanuel Macron, et son mouvement ‘En Marche arrière’. Une compo est également dédiée à Adama Traoré, ce jeune de 24 ans, qui aurait été tué par les forces de l’ordre françaises le 19 juin 2016.

Les fans des premiers rangs semblent conquis par le retour sur les planches de ces icônes françaises du Hard Rock. Mais ils semblent être les seuls véritablement convaincus. Alors, qu’en est-il vraiment : un tour de chauffe qui manque de goût pour cette première date de la tournée ou un revival des années ’80 que seuls les aficionados et autres nostalgiques pourront apprécier ? On approche de l’heure et demie de show, la scène est plongée dans le noir. Quelques acclamations s’élèvent et Trust finit par revenir sur l’estrade afin d’interpréter son titre phare incontestable, « Antisocial ». Les spectateurs en-dehors des premières lignes se mettent enfin à bouger et donnent de la voix. Une consolation un peu maigre pour ce retour tant attendu qui, à première vue, ressemble davantage à un soufflé retombé. La rébellion a perdu de sa passion…

Black Tartan Clan + Mass Hysteria + Trust

(Organisation : Brussels Summer Festival)

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Lokerse Feesten 2017 : jeudi 10 août

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Le septième jour des Lokerse Feesten va nous entraîner au cœur de la musique urbaine, en compagnie de Lil Wayne et Coley ainsi que néo-soul grâce à Jamie Lidell. Et il appartiendra au Dj Mark Ronson, considéré dans cet univers, comme le roi de la pop, de la soul et du funk, de clôturer la soirée. Une soirée copieusement arrosée. Pas toujours agréable d’assister à un festival, quand les robinets sont constamment ouverts. Et pourtant, il y a du peuple sur la Grote Kaai.

Ronnie Flew & Deuxperience Band ouvre le bal sous une pluie battante. En nombre aux premiers rangs, les adolescentes accordent une belle ovation au frontman du band batave, dès qu’il grimpe sur l’estrade. Il s’exprime uniquement en néerlandais. En Belgique, ce rappeur et producteur néerlandais est surtout connu pour avoir consigné le tube « Drank & Drugs ». Aux Pays-Bas, il est devenu une véritable référence sur la scène r&b ; et ce depuis déjà plusieurs années. Il compte ainsi plus de 150 millions de vues sur YouTube. Sur les planches, le groupe est soutenu par deux choristes. Teinté de dubstep, de raggamuffin et pimenté de sonorités caribéennes (NDR : les nombreuses percus –djembé, steel drum, tambour bèlè– y contribuent largement), son hip-hop est plutôt mélodique. Le set est plutôt plaisant, mais il déborde du timing prévu. Donc les organisateurs demandent aux musicos de l’abréger. Ils font la sourde oreille. Conclusion, ils seront évacués par les membres de la sécurité. Pas de quoi les rendre heureux, manifestement...

Coely a grandi à Anvers. Ce prénom, elle le doit à la contraction de celui de son père ‘Colin’ et de sa mère (‘Elysées’). Son bagage culturel, elle le doit à sa mère, directrice d’une chorale d’église au Congo. Elle pratique un mélange détonnant de hip hop old school, de soul, de gospel et de dance-hall. Et rappe comme une Américaine. Elle est capable de communiquer des vibes à la manière de Laurijn Hill, donner des coups d’accélérateur dans le style de Busta Rymes et même d’assurer une séance de human beatbox. Et elle peut compter sur son pote, Dvtch Norris, dont la voix soul est puissante, pour mettre le feu aux planches.

« Différent Waters » ouvre le show. « My Tomorrow » est empreint de néo-soul et de r&b. Coely arpente les planches de long en large en haranguant la foule. Titre de hip hop ‘old school’, « Wake Up Call » lorgne vers le r&b. Les chorégraphies sont impeccables. Dvtch opère des allers-retours entre l’estrade et le backstage. Il est bien sur les planches pour « The Rise » et « Don’t Care », deux morceaux sculptés dans un rap incendiaire. Les ‘boom, boom, ratata’ fusent de partout. Autre grand moment, la cover du « Could You Be Love » de Bob Marley, interprétée à la manière de Ky-Mani Marley. Elle n’en oublie pas pour autant sa rituelle séance de human beatbox. Et le spectacle de s’achever par « Celebrate ». Manifestement, Coeley est à l’aube d’une grande carrière internationale…

Artiste caméléon, mais particulièrement soucieux de son look, Jamie Lidell réussit mieux que personne le mélange des genres. Chargée de groove, sa superbe voix est à la fois hantée par James Brown, Otis Redding et Marvin Gaye. Il s’en sert aussi parfois comme un crooner. Sa musique est le fruit d’un cocktail préparé à base de neo-soul, gospel, funk et d’électro (NDR : faut dire qu’il adore triturer les machines). Ce soir, il est flanqué de sont backing group, The Royal Pharaohs. Et cette véritable bête de scène va nous proposer de larges extraits de son septième opus, « Building A Beginning ».

Son énergie communicative n’a aucun mal à convaincre un large public qui le lui rend bien. Faut dire qu’au cours de son set, il va privilégier ses hits, dont « Another Day », « Little Bit Of Feel Good », « Building A Beginning », « Julian », « I Live To Make You Smile » et « Walk Right Back ».

Les précipitations continuelles qui se sont abattues depuis quelques heures sur la Grote Kaai, depuis quelques heures, finiront par avoir raison de votre serviteur. ‘Te veel is te veel’ et il tire sa révérence pour revenir en forme le lendemain… 

Mark Ronson + Lil Wayne + Jamie Lidell & The Royal Pharaohs + Coely + Ronnie Flew & Deuxperience Band

(Organisation : Lokerse Feesten)

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Brussels Summer Festival 2017 : mercredi 9 août

C’est le 4ème jour du BSF, et le festival monte tout doucement en puissance. Ce soir : ouverture de la scène du Mont des Arts et vu la météo clémente, les auspices sont bons. Au programme, Rive, Typh Barrow et Noa dans la Salle de la Madeleine tandis que Clara Luciani et Faon Faon squatteront le Magic Mirrors. Mais c'est le Mont des Arts qui a retenu notre attention, pas tellement pour Jain, la tête d'affiche, mais bien Fishbach et surtout Lescop.

Il est 19h15 précises et l'esplanade n'est remplie qu'à moitié quand Mathieu Peudupin, alias Lescop, monte sur le podium. Le Français a toujours été un de nos favoris et, si vous sondez les pages de Musiczine, vous retrouverez deux chroniques de concert et une interview qui lui sont consacrées. ‘Bonsoir, Bruxelles ! Ca fait longtemps !’, déclare Lescop. En effet, 4 ans se sont écoulés depuis sa dernière visite ; une absence qu'il a mise à profit pour publier « Echo ». C'est d'ailleurs par la plage titulaire de ce second opus que la formation entame le show ; d'abord tout en douceur, au sein d’une atmosphère solennelle rappelant... « Atmosphere » de Joy Division. Mais bien vite, une rythmique robotique ou plutôt ‘motorique’ suivant le terme employé pour désigner le 'krautrock', vient secouer la compo, rehaussée par des notes de guitare en ‘sustain’ façon « Heroes » de Bowie. Une magistrale entrée en matière.

Classieux et discret, en pantalon et veste jeans, Lescop s’est planté au milieu du podium. Il est flanqué du guitariste Cédric Leroux (NDR : physiquement, cet ex-Phoebe Killdeer campe un hybride entre Prince, Fred Chichin et Phil Lynott !), qui affiche une grande maîtrise sur son instrument, tout en exécutant des mouvements saccadés et épileptiques, du bassiste (NDR : il s’est installé à gauche de l’estrade) Antoine de Saint-Antoine, l'acolyte des débuts chez Asyl ; sans oublier la préposée aux synthés Maud Nadal, ainsi qu’un batteur.

La formation poursuit son voyage au cœur d'une new wave moderniste via « David Palmer », « Ljubljana » et « Quelqu'un à qui penser ». Les rythmiques sont hypnotiques et les arrangements, dépouillés. On pense bien sûr à Taxi Girl, Etienne Daho ou encore Indochine ; mais aussi à The Cure, The Sound et Suicide. La musique, très filmique, est influencée par le cinéma, surtout les réalisateurs Jean-Pierre Melville, Fassbinder et Schlöndorff. « La Nuit Américaine » en est une preuve évidente, même si Lescop nous a précisé qu'il n'avait pas encore vu le film de Truffaut, quand il l'a écrite. Sur ce titre, il apparaît concentré et les yeux fermés, il ressemble à Ian Curtis. Ses mouvements respirent l'élégance discrète. Il les anime de quelques déhanchements légèrement androgynes.

‘Je veux vous voir danser un peu plus que ça !’ réclame Lescop. Le public est maintenant plus nombreux, remplissant presque entièrement la cuvette du Mont des Arts, mais il est en effet assez apathique. « C’est la nuit » va les remuer, grâce à ses boucles électro, ses arpèges répétitifs et sa rythmique un peu martiale. Pendant « Dérangé », Maud Nadal passe à la guitare, permettant à Cédric Le Roux de s'aventurer dans un solo frénétique. L'intro carrément punk de « Un Rêve » fait monter la pression encore un peu plus. Et enfin, c'est le moment tant attendu: « La Forêt » ! Le public acclame chaleureusement les premières notes de basse et le rythme minimal de batterie. Lescop se campe en front de scène et son interprétation est impeccable. Nous dansons en remuant la tête, comme ensorcelés par cette mélodie envoûtante.

Lescop termine sa prestation par « Le Vent », un morceau consacré aux ‘souvenirs brûlants’. ‘C'est le dernier titre du show et aussi le dernier de notre tournée’, confie le chanteur. Le moment est touchant et clôture le show comme il avait commencé, dans une atmosphère solennelle. Un très bon concert mais on est impatient de le revoir à nouveau seul, dans une salle, pour un concert plus conséquent...

Le temps de déguster une petite Kriek et place à Fishbach ! Flora Fishbach (de son vrai nom) est originaire de Normandie mais a surtout vécu à Charleville-Mézières. Elle est une des grandes révélations françaises de ces derniers mois. Au Mont des Arts, elle va accorder un show déroutant, irrégulier mais fascinant.

Sa musique est étrange, et mêle des influences qui oscillent de Rita Mitsuko à Niagara, en passant par Patti Smith, Daniel Balavoine et Mylène Farmer. Un cocktail étonnant, voire détonnant ! La setlist se focalise sur le premier LP, « A ta merci », tout en accordant une mention particulière à « Y Crois-tu », « Un Autre que Moi » et « le Château ». Obsédée par la mort et le suicide, l'artiste chante « On Me Dit Tu » et « Mortel » sur des rythmes jouissifs, dans une espèce de farandole mortifère. Fishbach danse sur les tombes...

La clope au bec, elle affiche cette moue désabusée presque provocante mais on la sent fragile, écorchée vive. Distante, presque décalée par la situation, elle semble vivre comme dans un rêve, habitée par son univers. Entre les chansons, elle passe plusieurs dizaines de secondes, en silence, à regarder le public, créant un malaise presque palpable. Derrière elle, on remarque Michèle Blaise, époustouflante à la basse et aux voix, Nicolas Locart aux synthés et Alexandre Bourrit à la guitare.

Attention : musicalement, c'est très fort. Les harmonies sont recherchées, les rythmiques fouillées et les mélodies, superbes. Les arrangements sont très riches : ça va dans tous les sens. Tantôt new wave disco cheesy des années '80, tantôt valse bastringue et baroque, tantôt électro rétro-futuriste. Et il y a cette voix, mutante, oscillant entre notes aiguës et graves, une mezzo dramatique, voix d'enfant, de déesse, de sorcière... Quand Fishbach quitte la scène, on n'a qu'une envie : se replonger au plus vite dans son univers unique et captivant. Ce concert ? Une belle Fishclaque*...

Si le public est, pour la plus grande partie, resté assez indifférent face à Lescop et à Fishbach, c'est parce qu'il est venu pour Jain. La Toulousaine est devenue la coqueluche des médias et des radios mainstream. Véritable Stromae au féminin, elle mélange électro et sonorités africaines, tout en proposant un côté ouvertement ‘urban dance’ : une recette qui fait merveille auprès du grand public mais laisse votre serviteur de glace. Pourtant, il faut le reconnaître, en ‘live’, c'est du lourd : le show est époustouflant, les visuels très recherchés. Jain a une forte présence et a l'art de faire participer le public. Nous vous renvoyons donc vers les chroniques des journaux nationaux pour un compte-rendu complet du spectacle. Pour notre part, nous nous rendons backstage à la Madeleine, pour retrouver Lescop et l'interviewer. A suivre dans les colonnes de Musiczine et sur les ondes de Radio Vibration, dans l'émission WAVES !

* copyright Franck Limonier (Divagation)

(Organisation : BSF)

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