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Udo Dirkschneider est l'une des incarnations du heavy metal à travers le monde. Il possède une voix unique dans cet univers et façonne des hymnes rock légendaires depuis les années 80. Actif depuis 5 décennies sur scène, Dirkschneider est une véritable icône…

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The Vaccines cueille des œillets roses…

Le nouvel album des Vaccines, « Pick-Up Full of Pink Carnations », sortira ce 12 janvier 2024. Produit par Andrew Wells (Halsey, Phoebe Bridgers), il s’agira du sixième elpee studio du groupe londonien. De la guitare pop classique inspirée des années 60…

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Les Nuits Botanique 2017 : lundi 15 mai

Pour la cinquième Nuit Botanique, l’affiche au sein du chapiteau, est à nouveau diversifiée. Elle propose d’ailleurs Whispering Sons, Agar Agar et Magnus. On ne le répètera jamais assez, ce sont ces associations originales de styles qui créent l'attrait de ce festival. Quand on achète un ticket pour un projet connu, pour le même prix, on à l’opportunité d’en découvrir deux autres.

Malheureusement, il n’y a guère de monde, à 19h30, pour accueillir Whispering Sons. Le sacro-saint couvre-feu décrété à 22h30 provoque, pour triste effet, un 'schedule' qui commence très tôt, beaucoup trop tôt ! Vainqueur de l’édition 2016 du Humo Rock Rally, Whispering Sons mérite pourtant une attention particulière. Cette formation de post-punk est en effet en pleine ascension. Issue de Houthalen-Helchteren, dans le Limbourg, elle s’est établie depuis peu à Bruxelles, où les musiciens poursuivent pour la plupart leurs études. Sa musique s’inspire des pionniers du rock 'dark' : Sisters of Mercy, Bauhaus, Siouxsie et Chameleons, mais également d’un projet plus contemporain comme The Soft Moon, un des fers de lance du renouveau 'wave'. Sur le podium, pas de séquenceurs ou de backing tracks : ils y a cinq musicos, et c'est du 100% live ! De gauche à droite, on reconnaît Kobe à la guitare, Sander aux claviers, l'autre Sander aux 'drums pads' et à droite, le nouveau bassiste, Tur. Au devant de la scène, focalisant tous les regards, Fenne fascine par sa voix grave, sépulcrale, comme une version féminine d’Andrew Eldritch. Le visage auréolé de sa chevelure blonde, elle ondule comme une prêtresse hantée par les mélodies sombres et les musiques caverneuses. Parfois, elle éructe et entame une danse macabre, comme pour exorciser ses démons.

Dans la setlist, le combo limbourgeois privilégie les nouveaux morceaux : il y en a pas moins de quatre sur huit : « Alone », « Skin », « Hollow » et « White Noise » (NDR : merci Fenne pour cette information). Ce dernier fait très forte impression auprès des aficionados. « Performance », « Strange Identities » et surtout « Wall », probablement le titre le plus emblématique, tout comme « Insights », le titre final qui clôture le show en force sont, par contre, mieux connus. Une formation à suivre, pour celles et ceux qui ignoreraient encore, son existence… (Pour les photos, c'est ici)

En ce qui concerne Agar Agar, c'est plutôt votre serviteur qui est dans l'ignorance. En consultant le programme, on apprend qu'il s'agit d'un duo français impliquant Clara, au chant, ainsi qu’Armand aux claviers et boîtes à rythmes. Même si cette musique n'est pas ma tasse de thé, il faut reconnaître que la prestation est excellente. Le style ? De l'électro-pop aux sonorités rave issues des années '90, enrichies par des touches 'synthwave' typiquement années 80. Le recours au célèbre MS-20 de Korg et au synthé Roland explique, sans doute, cette impression. En outre, acides, les lignes de basse adoptent un son ‘early warp’. Bref, l’expression sonore lorgne manifestement vers Daniel Maloso, Black Devil Disco Club voire Ariel Pink. Encore qu’à l’écoute de « Prettiest Virgin », on ne peut s’empêcher de penser à Everything But The Girl. La voix de Clara est superbe, claire et chargée d'émotion. Sa spontanéité et son énergie font mouche. Vêtue d’une chemise large de type bûcheron et d’un jean bleu savamment déchiré, son look est plutôt relax. Le public a maintenant presque investi complètement le chapiteau. Il est sous le charme et réagit très positivement, surtout lors du final électro qu’on pourrait qualifier d’endiablé. Cette musique ne laisse pas 'hagard'... Hum... Jolie découverte, en tout cas ! (Pour les photos, c'est )

Après une dégustation de cidre, il est temps de revenir sous la tente, pour assister au concert de Magnus, la tête d'affiche. Début du millénaire, Tom Barman avait mis son dEUS, entre parenthèses pour fonder Magnus en compagnie du DJ anglais Christian Jay Bolland (CJ Bolland). Le projet compte deux elpees ainsi qu’une flopée de singles et d’Eps dans sa discographie. On apprendra lors du concert, qu’un nouveau disque est en cours de production et devrait voir le jour en septembre.

En attendant, on peut raisonnablement affirmer que Magnus a parfaitement rempli son contrat aux Nuits Botanique. Un Tom Barman, très en forme, très efficace au chant et virevoltant sur le podium, a convaincu un public enthousiaste. La musique proposée est issue du fruit d’un 'crossover', assez original, entre électro, funk, synthpop et wave, autorisant même quelques incursions dans le métal. Sur les planches, le duo est soutenu par Tim Vanhamel (guitare, chant), Joris Caluwaerts (claviers) et Christophe Claeys (batterie). 

Dans la setlist, comparable à celle réservée au concert accordé dans le cadre de l’édition 2016 du Pukkelpop, figurent « Regulate », « Catlike », « Soft Foot Shuffle », « Puppy » et bien sûr, « Singing Man ». Sur ce dernier morceau, une 'backing track' remplace malheureusement Tom Smith. Il est bien évident que la présence du chanteur des Editors aurait apporté une autre dimension à la compo ; mais en son absence, l'utilisation d'une bande-son ne peut que semer le doute : où est le live et où est le play-back ? D’ailleurs, au cours du set, le recours à d’autres bandes laisse perplexe. Une erreur, de casting, à mon humble avis.

Mais en ‘live’, la force de Magnus repose sur la gestion, magistrale, de la dynamique. Tant Barman que Bolland sont des DJ orientés electro ; donc ils sont rompus aux progressions ainsi qu’aux variations de volume et de son. Chaque titre est traduit en remix et les arrangements sont impressionnants. Parfois, le Nine Inch Nails live de la période « With Teeth » me traverse l’esprit. L'énergie et la gestuelle de Barman ne sont d'ailleurs pas sans rappeler celle de Trent Reznor.

Bref, nonobstant les réserves émises pour le recours aux supports magnétiques, cette prestation s’est révélée hypnotique, passionnante et de stature internationale. Tout en libérant un 'groove' irrésistible ! Magnus, c'est tout simplement... grand.(Pour les photos, c'est ici)

Philippe Blackmarquis

Magnus + Agar Agar + Whispering Sons


Pas de nuit belge cette année. Cependant, sur les 11 artistes ou groupes programmés ce soir, 7 sont issus du pays. Ils vont se partager les podiums des Nuits, au Botanique. Le chapiteau fait le plein. Normal, Agar Agar et Magnus sont à l’affiche. Et les autres salles seront également quasi-combles. L’Orangerie accueille Aliocha, Barbagallo, Pale Grey et Noa Moon. Une soirée qui va embrasser différents styles : la pop, le rock, le folk et l’électo. Compte rendu.

Pas grand monde pour applaudir Aliocha Schneider, un jeune auteur/compositeur/interprète (NDR : il est également comédien) né à Paris et établi au Canada. Il publiera son premier elpee, « Eleven songs », en juin prochain.

Aliocha est accompagné, en ‘live’, de son frère, Volodia, aux drums, de Christian Sean (guitare, claviers, glockenspiel) et de Tom Tartarin (basse). L’artiste puise ses racines dans le folk, l’americana et le rock (NDR : parfois même le grunge). Sa musique évoque tour à tour Bob Dylan (surtout), Elliott Smith, Nick Drake ou Scott Matthews. « Ping Pong Club » traverse les plaines du Far West. « Virtue » n’est pas une chanson d’amour. Suivant l’artiste, elle est destinée à Donald. Pas celui de Walt Disney, mais au nouveau président des Etats-Unis, le méchant Trump. Titre radiophonique, rythmé, voire dansant, « Sorry Eyes » lorgne carrément vers Beck. De délicates sonorités de glockenpiel amorcent « Crystal Plane », un morceau de folk atmosphérique qui navigue quelque part entre l’univers de Simon and Garfunkel et d’Iron & Wine. Meilleur moment du set, « Flash In The Pan » est attaqué en picking. Folk vaporeux, « Jamie » est une chanson émouvante écrite pour un ami qui traverse une mauvaise passe. Et paradoxalement, « The Start » clôt le show. Un langoureux récit électrifié du désir de liberté d’un homme, face à celle, parfaite, d’une femme émancipée…(Pour les photos, c'est ici)

De 2008 à 2012, Julien Barbagallo a assuré les drums chez Tahiti 80. Depuis, il a rejoint le groupe australien, Tame Impala. Ce Toulousain est revenu en France, le temps d’enregistrer son premier album solo, « Grand chien ». Et puis il est parti en tournée pour le défendre. L’artiste propose des ballades solitaires, dans la langue de Molière… ce qui m’incite à rejoindre la taverne, pour y déguster une bonne bière (ça rime !)… 

Pale Grey s’est largement converti à l’électro. Il vient de publier « Ghosts », un Ep 4 titres qui précède la sortie d’un futur elpee. Vu le style proposé, votre serviteur ne parvient pas à accrocher et décide de retourner au bar, en attendant le set de Noa Moon…

Il y a 3 ans, presque jour pour jour, Noa Moon foulait les planches de l’Orangerie. Pendant toute cette période, Manon a pris le temps de se consacrer à l’écriture de son second LP, « Azurite ». Dont elle va nous réserver de larges extraits, ce soir. Un album introspectif qui a reçu le concours de Daniel Offermann (Girls in Hawaii) à la mise en forme. Récemment, l’artiste aux yeux bleus avait occupé une résidence de 3 jours, au Salon de Silly. Depuis la sortie du premier album, « Let Them Talk », gravé en 2013, il ne reste plus que le drummer Fabio Zamagni au sein du line up de son backing group. Qui implique aujourd’hui, les claviéristes Laetitia Collet (NDR : elle milite également chez Dan San) et Aurélie Muller (NDR : également préposée à la basse et à la clarinette). En outre, elles assurent les chœurs.  

Armée de sa gratte semi-acoustique, Manon est habillée d’un pantalon et d’une veste de couleur noire. Son sourire est radieux. Comme le soleil qui brille tout au long de « Let It Shine », une compo pop sucrée et sautillante, dynamisée par des percus africaines.   

Retour en Baie de Somme pour « The sea ». Le sable est chaud. On s’allonge sur la plage. A l’écoute du bruit des vagues. Les embruns marins vous titillent les narines. Sur son nouvel elpee, Manon aborde régulièrement le thème de l’eau. La sirène est recouverte d’écailles et plonge au cœur de l’« Ocean ». Elle s’y berce langoureusement, alors que les harmonies vocales éthérées, conjuguées à trois voix, vous envoûtent. « Call My Name », c’est un cri du cœur. Le « Paradise » est-il à Kingston ? Imprimé sur un mid tempo, la version est plus lente que l’originale, mais elle est parfaitement reconnaissable. Pour « Azurite », Manon délaisse sa gratte. Ballade teintée de pop et de soul, « Kaleidoscope » est manifestement un hit potentiel. Electro, « Alive » est un titre plus dansant. Le public frappe dans les mains. La reprise du « Lean On » de Major Lazer aurait pu naître d’une rencontre entre Nicki Minaj et MØ. Manon s’attaque au blues à travers « Nightwalk », un morceau (NDR : dévoré par les alligators ?) qui nous entraîne dans le Delta. Place ensuite au single « Sparks », un autre titre dansant. Le concert s’achève par le plus paisible « Just A Song ». Fabio abandonne ses fûts et se consacre aux synthés, alors qu’Aurélie a opté pour la clarinette.

En rappel, « My City » est interprété comme une chorale. Les musicos de Pale Grey s’installent à droite et toutes les filles, à gauche. Et le résultat est magistral.

En se produisant dans le cadre des Nuits Botanique, Noa Moon en a profité pour célébrer la ‘release party’ de son nouvel album, « Azurite ».

Didier Deroissart

Noa Moon + Pale Grey + Barbagallo + Aliocha

Organisation : Botanique

http://musiczine.lavenir.net/fr/photos/inuit-15-05-2017/

 

Les Nuits Botanique 2017 : dimanche 14 mai

Écrit par

En débarquant sur le site du jardin du Botanique, on est toujours autant assourdi par les infra-basses qui se propagent depuis le chapiteau. Même que les structures métalliques des verrières se mettent à trembler. Direction la Rotonde pour assister, sans doute, à la soirée la plus barrée des Nuits. Gruppo Di Pawlowski a désormais pris congé de dEUS et a recommencé son aventure en solo. Et il vient de publier un nouvel elpee complètement déjanté…

Cocaine Piss devait assurer le supporting act, mais suite à des problèmes de santé rencontrés par un des musicos, il a dû déclarer forfait. Et c’est un combo tournaisien, Sects Tape, qui le remplace au pied levé… Il prétend appartenir à une secte religieuse. Hormis le chanteur, dont le masque est plutôt démoniaque, les autres membres portent des capirotes (NDR : ces fameux chapeaux en forme conique !), comme les disciples du Ku Klux Klan ; mais ces déguisements sont de couleur rose.

Le band a signé sur le label Rockerill qui héberge notamment La Jungle, Miss Tetanos et Petula Clarck. Et la liste est loin d’être exhaustive. Le line up réunit un chanteur (The Guru), un bassiste (The Hairy), un drummer (The Tall) ainsi que deux gratteurs (The Fat et The Skinny). A son actif, un premier elpee. Baptisé « We’re all pink inside » il est paru en février dernier et fait suite à deux Eps.

Une bande préenregistrée précède la montée sur les planches de ce clan. Et on est directement plongé dans une ambiance chamanique. Les membres de la caste sont à la fois statiques et dynamiques. Derrière ses fûts, le drummer se démène comme un beau diable. Et les cordistes s’affrontent régulièrement en duel, manche contre manche. Des percus tribales et sauvages amorcent « Commitment », alors que torturées, les cordes alimentent un climat noisy. Elles sont même carrément ravagées tout au long de « Cursed ». Un peu de temps est nécessaire, avant d’entrer dans l’univers du band. Le son est excellent. Brèves, les compos sont excitantes. On ne comprend rien ce que le chamane raconte, mais on s’en balance (NDR : KDB aurait eu une réflexion plus grivoise). Ce gourou (?) s’autorise un bain de foule et salue d’un signe de la tête la plupart des spectateurs. Assisterait-on à la réincarnation d’un dieu ? Ces frères de sang s’embrassent sur la bouche. Un grand gang bang serait-il en préparation ? Une ligne de basse ronflante écorche « Blessed », mais ce sont toujours les grattes guerrières qui ont le dernier mot. « Virgin Iceland » dérive dans le délire punk. Et les compos deviennent de plus en plus frénétiques. Les musicos quittent chacun leur tour le podium, les cordistes après avoir abandonné leur instrument sur le sol. Puis les lumières s’éteignent. Un set déroutant !(POur les photos, c'est ici)

Et la suite le sera tout autant. Bienvenue dans le monde merveilleusement décalé de Mauro Pawlowski. On ne compte plus les projets auxquels il a participé ou participe encore : depuis dEUS à Evil Superstars, en passant par Maurits Pauwels, The Groomset et Gruppo di Pawlowski, probablement le plus déjanté du lot. A ce jour, il a publié « Neutral Village », en 2014, et tout récemment, « In inhuman hands ».

Mauro grimpe sur l’estrade. Seul. D’un air ahuri, il marmonne quelques mots dans son micro. Il le jette violement au sol. Danse comme un sorcier indien. Il chante, vagit et invective la foule. Il agite une maraca. Il déambule sur les planches comme s’il entrait dans une transe chamanique (NDR : encore !) On se demande d’ailleurs ce qu’il fabrique. Mais c’est lui le catalyseur du show. En fait, il s’agit d’une mise en scène minutieusement préparée. Qui va durer plus ou moins cinq minutes. Ses musiciens le rejoignent alors sur la scène. Et immédiatement saturées, bruitistes, stridulantes les grattes entrent en distorsion. La section rythmique est particulièrement syncopée. La basse ronfle, un peu dans l’esprit des groupes de metal, alors que le drumming s’emballe. Et le tout est saupoudré d’effets électroniques aventureux, parfois envahissants. Le light show est aveuglant. La voix de Mauro devient parfois hantée, surnaturelle. Il s’éclipse régulièrement derrière le rideau sis à droite avant de réapparaître. Il se jette alors sur le sol en prononçant, à nouveau, des mots abscons.

Pendant une bonne heure, Gruppo di Pawlowski a proposé un set énigmatique, diabolique, jouissif, explosif, expérimental, chaotique, déroutant, inhabituel et donc underground. Et s’il s’est affalé –volontairement– sur les planches, il est parvenu à emprunter ces chemins de traverse, sans se casser la figure. Et c’est un fameux exploit ! (Pour les photos, c'est )

Gruppo Di Pawlowski + Sects Tape

(Organisation : Botanique)

http://musiczine.lavenir.net/fr/photos/hercules-and-the-love-affair-14-05-2017/
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Les Nuits Botanique 2017 : vendredi 12 mai

Dans le cadre des Nuits Botanique 2017, Camille est venue présenter son nouvel album au Cirque Royal. Son titre ?  « Ouï ». Un mélange tonitruant. Décodage d’une partition bien ciselée.

Camille rime avec poésie. Sa force ? Des rythmes endiablés. Sa prouesse ? Tenir sur le fil la voix, le corps et les enchaînements percussifs. L’art de jouer ou de déjouer les rythmes corporels provient, sans doute, de son éducation musicale initiée très tôt par son père musicien. La percussion est inscrite à l’encre rouge sur sa peau. Omniprésente, elle ne laisse aucun répit. D’ailleurs, elle s’invite dès le premier acte.

Sur les planches, des draps recouvrent les musiciens. Le regard est aussitôt attiré par une couleur adoptée par les trois choristes, le claviériste, les deux percussionnistes et la chanteuse. Le bleu indigo inonde la scène du Cirque Royal. Selon la psychologie des couleurs, le bleu symbolise la relaxation, la détente physique et mentale. Elle procure un sentiment de sécurité et de confiance. Dans l’hindouisme, le bleu est la couleur de Krishna qui incarne l’amour et la joie divine. Sûre d’elle, Camille ose reprendre le « Blue » de Joni Mitchell. Sa voix transperce l’arène.

Peu à peu, à mesure que les morceaux s’enchaînent, les draps indigo disparaissent pour laisser la place aux musiciens. Les titres issus de son nouvel opus alimentent la première partie de son set : « Sous le sable », « Fontaine de lait », « Twix », « Nuit debout », « Je ne mâche pas mes mots » et « Langue ». Camille peut tout faire avec sa voix. Elle a l’art de transporter les mélomanes dans un autre univers. Son univers. Depuis sa plus tendre enfance, la musique a toujours été présente. Pour elle, chanter est naturel. Elle a hérité du talent de son père, lui-même chanteur. Son plaisir ? Transformer une soirée pour qu’elle devienne magique. A cappella ou à la guitare. Cette énergie, il l’a transmise à sa fille. On comprend, sans doute, l’engouement pour cette artiste hors norme. L’auditoire est conquis après chaque prestation.

La suite alterne anciennes compos (« Ilo Veyou », « Paris ») et nouvelles (« Les loups », « Fille à papa) ». Le rythme ne faiblit jamais. Les roulements de tambour invitent l’auteur-compositeur à interpréter l’un des derniers titres de son nouvel opus. « Seeds » est un hymne contre la morosité, le désespoir. Il faut continuer à lutter et semer l’espoir. Pour rappel, certains morceaux ont été écrits pendant la période des attentats de Paris.

Pour clôturer cette soirée, Camille et ses acolytes descendent dans la fosse pour une ronde, tambours battants et sous les applaudissements du public. Par cette démarche, elle s’affranchit des barrières qui cloisonnent les artistes et les mélomanes. Généreuse, elle reprend son célèbre titre « Ta douleur » et invite quelques passionnés à monter sur l’estrade, afin de chanter avec elle. Trois femmes, trois hommes. Une petite fille est hissée sur le podium par son père. Une des choristes la prend sous son aile.  L’ambiance est bon enfant. La foule est conquise.  Avant de tirer sa révérence, Camille entame une déclaration d’amour à Bruxelles, son cirque et son public ‘Bruxelles, ma belle, [..], I love you, I love you et c’est toujours royal de chanter dans ton cirque…’

La richesse des compositions de Camille l’a rendue atypique. Sa large tessiture et sa maîtrise du rythme lui permettent de s’aventurer dans des sphères harmoniques que peu d’artistes osent emprunter. Cependant, les percussions sont quelquefois envahissantes et gagneraient à être plus discrètes, si ce n’est pas encore le cas.

Le nouvel opus paraîtra ce 2 juin 2017.

Ngu Chan Tung

Camille

 

 

Deuxième jour des vingt-quatrièmes Nuits Botanique. En débarquant, il semble y avoir moins de monde que les années précédentes. De désagréables et redondantes infra basses font trembler les structures vitrées de l’institution. Direction bibliothèque pour retirer son sésame. Ce soir, à la Rotonde, Jesca Hoop (une Américaine !) assure le supporting act de The Big Moon (des Insulaires !)

Votre serviteur avait croisé Jesca en septembre dernier, lors d’un set au cours duquel elle se produisait en compagnie de Sam Beam (Iron & Wine). Le tandem avait enregistré un album intitulé « Love Letter Fire », en 2016. Même si elle s’est installée en Grande-Bretagne, Jesca Hoop fait partie des ‘New Weird Americans’. Tout comme Devendra Banhart. Un mouvement folk atypique apparu dans les années 2000 qui entend repousser le format étriqué du folk pour en enrichir la palette sonore. Une chose est sûre, que ce soit au sein d’un répertoire acoustique ou électrique, la voix particulière de Jesca met tout le monde d’accord.

Pendant les 40 minutes qui lui sont imparties, elle va nous présenter des extraits de « Memories Are Now », son sixième opus solo. Le début du set accuse un retard de quelques minutes. Elle est soutenue par un drummer, partagé entre percus organiques et électroniques, un claviériste/bassiste et un guitariste. Jesca se consacre également à la gratte et bien sûr au chant. Son déguisement bouffant de couleur noire me fait penser à une geisha.

Le concert s’ouvre par le très atmosphérique « Song Of Old ». Jesca se la joue en solo. Et « Animal Kingdom Chaotic » est tout aussi vaporeux. Manifestement, le répertoire de Jesca n’est pas destiné aux adeptes du dancefloor. « Peacemaker » nous raconte une histoire de coeur. Jesca Hoop et son guitariste interprètent « Tulip », à deux voix. Et en couches, les harmonies vocales sont superbes. Les musicos se retirent pour laisser Jesca seule sur l’estrade pour chanter « Pegasi », uniquement armée de sa gratte. Au beau milieu de la chanson, elle s’interrompt, se rendant compte, qu’elle a perdu son oreillette droite. « The Coming » est un morceau empreint de douceur. Nouvelle interruption. Pourquoi tu tousses Jesca ? Jesca raccorde sa gratte et meuble le temps en bavardant en compagnie des spectateurs. Ce qui déclenche des rires dans l’auditoire. « Memeries Are Now » clôt cette prestation qui prend enfin son envol. Un peu d’énergie au cours de ce show un peu morne. Le folk peut être génial, pourvu qu’il passionne...

The Big Moon est un ‘girl band’ qui affole les charts insulaires depuis plus d’un an. Excitant, énergique, son rock garage, contaminé par le grunge et le punk, évoque tour à tour Blondie, Girlschool, Runaways, les Ramones ou les Bangles. Ce quatuor britannique réunit la chanteuse/guitariste Juliette Jackson, la seconde gratteuse Sophie Nathann, la bassiste Celia Archer et la drummeuse/claviériste Fern Ford. A son actif, un premier Ep intitulé « The Road », gravé en 2016, et un elpee, baptisé « Love In The 4th Dimension », publié en avril dernier. Paradoxalement, le combo n’a pas encore de label. Juliette, la chanteuse/guitariste, constitue la colonne vertébrale du combo.

Dès les premiers accords du très vivifiant « Silent Movie Susie », la fosse entre en ébullition. Le climat est d’ailleurs rapidement torride. Les morceaux sont courts et hyper vitaminés. Titre étonnant pour l’époque, « Happy New Year » nous réserve une superbe harmonie à trois voix mise au service d’une très jolie mélodie.

Les gonzesses carburent à la ‘duvel’ ! Les claviers envahissent « The Road ». Pendant « Cupid », Juliette et Célia s’affrontent en duel manche contre manche et face à face. « Love In The 4th Dimension » monte dans les tours. Les sonorités de grattes saturent. Plus surprenant encore, la cover basique, voire punk, du « Beautiful Stranger » de Madonna...

Ballade, « The End » marque une pause. Un type apparemment bien imbibé dans la foule, demande le numéro de GSM à Juliette. De quoi déclencher l’hilarité chez les filles. Un peu de douceur berce « Pull The Other One » et « Something Beautiful ». « Bonfire » reprend son envol. Dans un style bien rock garage. Les filles viennent au contact du public. Et le set de s’achever par un « Sucker » chargé de testostérone. Il s’agissait de la dernière date de la tournée ; et il faut l’avouer, les nanas ont donné tout ce qu’elles avaient dans le ventre. Pour le plus grand plaisir du public...

Didier Deroissart

The Big Moon + Jesca Hoop

(Organisation : Botanique)

Les Nuits Botanique 2017 : jeudi 11 mai

Écrit par

La première journée qui marque l’ouverture de l’édition 2017 des Nuits Botanique est déjà bien chargée. Ainsi DAAN remplit bien le chapiteau situé en plein cœur du parc, tandis que la nouvelle dream-pop du duo parisien Isaac Delusion fait vibrer l’Orangerie.
Mais de notre côté, nous optons pour l’intimité du Grand Salon. Si le lieu semblait propice à la chanson française intimiste d’Albin de la Simone, nous déchantons toutefois rapidement.
Arrivés il est vrai quelques minutes en retard, nous devons, comme beaucoup d’autres spectateurs, attendre quelques minutes supplémentaires à l’extérieur de la salle. Les exigences des artistes français nous surprennent souvent. Dans ce cas-ci, il était imposé de ne pénétrer dans la salle qu’à la fin de chaque titre. Pourtant une imposante porte, puis un rideau, puis encore une paroi nous séparent de l’auditoire concentré en masse devant la petite scène.
La chaleur est étouffante, et le public un peu trop massé (accroupi ou assis) devant l’artiste. (NDR : ce qui rend d’ailleurs l’exercice de notre photographe très périlleux).

Albin de la Simone est resté une bonne dizaine d’années dans l’ombre comme musicien ou parolier (pour des artistes de prestiges comme Vanessa Paradis ou Miossec). Avant de publier quatre albums studio entre 2003 et 2013. Et de revenir en 2017 pour un opus rafraîchissant baptisé « L’un de nous », décrivant de nombreuses scènes d’amour et de la vie de tous les jours.

Sur l’estrade, ce soir, l’instrumentation est assez dépouillée. Notre chanteur reste assis derrière son clavier, et ne se lève que pour se détendre les jambes (NDR : comme il ironise). Anne Millioud-Gouverneur l’accompagne au violon et parfois au chant, pendant qu’une autre souriante jeune femme, Maëva le Berre, se concentre sur son violoncelle. Sur la gauche, un percussionniste –aux interventions très minimalistes– switche parfois vers la guitare.

Plutôt discrète, la première partie du set est résolument acoustique et propose des titres comme « Mes épaules », « Il pleut dans ma bouche » ou « L’un de nous ».

Il faut attendre « La fleur de l’âge » pour que notre frontman se livre un peu plus à son auditoire. Lui expliquant comment il a été amené à écrire ce titre, après qu’une ophtalmologue lui ait signifié qu’après 45 ans, il y avait une dégringolade.

La seconde partie du set (étouffée par deux rappels) est, elle, bien plus légère voir loufoque. Les protagonistes se rapprochent de la foule, se lancent dans des compos et chorégraphies plus déjantées. En terminant même par un poème émaillé de quelques touches paillardes.

Un show bobo, agréable malgré tout, mais destiné à un public proche de celui de Vincent Delerm. De quoi, sans doute, apporter certain vent de fraîcheur à la chanson française… (Voir notre section photos ici)

Albin de la Simone 

(Organisation : Botanique)

Roots & Roses 2017 : lundi 1er mai

Le temps est resté menaçant toute la journée du 1er mai, à Lessines, mais pratiquement pas une goutte de pluie n’est tombée. La foule n’y est pas venue cueillir du muguet, mais écouter du blues, du bluegrass, du punk, du punkabilly, du roots, du garage et des dérivés de ces styles. Une bonne nouvelle en appelle une autre, puisque la huitième édition du festival a accueilli 3 700 personnes, soit presque un bon millier de plus que l’an dernier. Faut dire que l’affiche, cette année, propose des artistes qui attirent le peuple, comme les Fuzztones, The Sonics et surtout Pokey Lafarge, particulièrement populaire au Nord du pays.

Il est à peine 11h00 et les régionaux de l’étape, Power Skake, entament les hostilités. Le line up réunit d’excellents musiciens ; en l’occurrence le chanteur/harmoniciste Fred Janus, le contrebassiste Jonathan Blondel, le drummer Antoine Olivier et le guitariste Jérôme Rasson. Ces deux derniers militent également chez Rockin’ and Drinkin’ Guys, un combo qui s’est déjà produit dans le cadre de ce festival. Power Skake pratique un excellent roots/blues/rock, parfois teinté de punk. Le chanteur se démène et occupe tout l’espace scénique. Mais on se demande ce que fabrique le responsable derrière les manettes. Il chipote constamment les paramètres de ses ordinateurs et ne parvient pas à trouver les bonnes balances. Conclusion : le son est exécrable. Pas vraiment sympa pour les musiciens. Aussi, je quitte le chapiteau, après deux morceaux.

Et la qualité sonore n’est toujours pas au rendez-vous pour le set de The Scrap Dealers, une formation liégeoise qui pratique une forme de psyché/noisy/garage inspirée par Spiritualized. Ici, c’est le volume sonore qui est excessif. Les infra-basses vous arrachent les tympans. C’est intenable ! Et puis, franchement, ce style de musique n’est pas adapté à ce type de rendez-vous. Pourtant, il y a certainement du potentiel chez cette formation ; aussi j’espère la revoir dans d’autres conditions. Et comme pour Id!ots, le confort d’écoute est toujours aussi déplorable, votre serviteur prend un bon bol d’air frais.

Il y a quelques années, Jon Spencer avait emporté, dans ses valises, le trio danois PowerSolo, pour assurer le supporting act de sa tournée. Son style ? Du rock’n’roll contaminé à la fois par la noisy et le rockabilly. A l’extérieur du chapiteau, le son est potable. Mais c’est toujours le même type qui est chargé de la console. Donc…

Désespéré, je me rends sous l’autre tente, où la bande à Woody Pines –qui nous vient de Nashville, dans le Tennessee– opère son soundcheck. Et ce jugband va nous livrer une forme d’americana qui se nourrit à la fois de country, blues, hokum et hillbilly. Une expression sonore qui sent bon les grandes plaines parcourues par les cow-boys. Non seulement Woody joue de la sèche, du dobro et imprime le tempo à l’aide d’un tombass, mais il souffle superbement dans un harmo. Il est soutenu par un contrebassiste et un gratteur, également préposé au banjo et à la pedal steel. C’est la première fois que le combo met les pieds sur le sol européen et ce ne sera que du bonheur. Il y a du monde devant le podium. Le son est enfin au point. Et vu le style musical proposé, votre serviteur prend son pied. En attendant impatiemment le set de Pokey Lafarge… (D.D.)

Sur le site, un ring a été installé Et tout au long de la journée, il sera le théâtre de combats de catch. Amusant, mais parfois aussi effrayant ; surtout quand on voit une masse musculaire s’abattre sur un concurrent pour l’aplatir, malgré ce plancher, finalement plutôt caoutchouteux.

Place aux Pine Box Boys, une formation drivée par le chanteur/compositeur/guitariste Lester T. Raw, dont la barbe est impressionnante. Tout comme celle du drummer, d’ailleurs. Le line up implique également un banjoïste (NDR : il joue en picking), un contrebassiste, et sans doute pour la tournée, un cinquième larron qui se charge de la trompette ou du dobro. La musique de cette bande de joyeux lurons (NDR : tout le reste de la journée, ils vont danser le rock’n’roll, dans la fosse, avec leurs copines) oscille du bluegrass à l’americana, en passant par le gothique, alors que les textes, chantés d’un timbre graveleux (NDR : sur son micro, figure un drapeau de l’Arkansas, en miniature), un peu à la manière de Garth Brooks, racontent des histoires de mort, de meurtres et de misère. Un show, fort sympa auquel il ne manquait, finalement, que la participation d’un violoniste. De quoi rendre l’ambiance encore plus festive. Un coup de cœur, quand même, une compo plus pop, intitulée « Dog named death », digne de REM…

C’est en 2005 que votre serviteur avait eu l’opportunité de rencontrer le leader des Fuzztones, Rudi Protrudi (voir ici). Depuis, le band continue de rouler sa bosse, mais plus tout à fait sous le même line up. Aujourd’hui, y figurent deux musiciens italiens. Le premier, Marco Rivagli se charge des fûts. Et le second, Nicoló Secondini, remplace Lana Loveland, l’épouse de Rudi (NDR : qui vient d’accoucher), aux claviers. Le line up est complété par un bassiste et un second gratteur. Les deux guitaristes se servent toujours d’une Vox Phantom qu’ils vont croiser, à la fin du set, comme sur la pochette de l’album « Lysergic legacy ». En 12 ans, Rudi Protudi a bien évidemment changé. Il semble avoir plus de mal à bouger son immense carcasse, et son visage est bien buriné. Il monte sur les planches à partir du deuxième morceau, « 1-2-5 », une cover de The Haunted, au cours de laquelle il souffle dans son harmo, des sonorités écorchées. Lunettes noires, il saisit le micro d'une main et le pied de micro dans l'autre afin de poser le baryton profond de sa voix. Au bout du quatrième titre, il ôte ses lunettes et le suivant, empoigne donc sa gratte pour attaquer « Ward 81 ». Le claviériste nappe les compos de tonalités bien rognées. Parfois trempés dans le feedback, les guitares crépitent et nous entraînent dans un véritable tourbillon de psyché/garage croustillant, rafraîchissant. Un bémol quand même, le son est beaucoup trop fort, et on perd inévitablement les nuances. Plus amusant, c’est le comportement du drummer, torse nu après deux titres, qui focalise les regards. Il ne tient jamais en place, monte sur sa grosse caisse, s’assied de travers ou joue de l’autre côté de ses fûts, parfois couché (?!?!?). Du set on retiendra quand même les inévitables « She’s wicked » et puis la cover de « Strychnine » des Sonics. D’ailleurs, les musiciens sont absolument ravis d’avoir croisé leurs idoles, qui joueront en fin de soirée…

Les membres de The Experimental Tropic Blues Band sont contents de retrouver la scène. Faut dire que ces derniers temps, ils ont été très occupés par la confection de la B.O. du film, « Spit’n’Split », qui va inévitablement alimenter le set (NDR : réalisée avant le spectacle, une interview du groupe vous sera proposée prochainement). Dont en seront extraits « The power of the fist », titre balancé en forme de coup de poing et « Baby bamboo », un morceau davantage à connotation sexuelle. Le trio adapte l’hymne du ‘Roots & Roses’, à la sauce shoegazing. Etonnant ! Mais le plus intéressant procède d’une autre reprise, celle du « Ghost rider » de Suicide. Jeremy harangue la foule. Il invite son luthier sur les planches pour le remercier du travail exécuté sur sa guitare flambant neuve. Et puis, bien dans l’esprit du Jon Spencer, les compos défilent sur un tempo métronomique imprimé par Devil d’Inferno. Jean-François (NDR : qui se sert régulièrement d’un bottleneck) sort ponctuellement son harmo de sa poche, pour déchirer le climat des compos. En final, il va même se laisser porter par la foule, tout en en jouant ou en éructant des vocaux spasmodiques, alors que Jérémy, qui a balancé sa gratte, joue des boutons et des pédales, sur le sol, avant que les deux ne décident de se lancer dans un exercice de hip hop. Un concert rentre-dedans, à la limite de la saturation sonore, qui manque encore de l’une ou l’autre variation pour vraiment plaire au plus grand nombre. Mais est-ce vraiment leur objectif ?

Tout comme The Sonics, Pokey Lafarge s’était déjà produit aux Roots & Roses, en 2014. Et apparemment, il a changé de line up. Il est soutenu par un batteur, un contrebassiste, un trompettiste, un guitariste (électrique) un saxophoniste et un multi-instrumentiste (harmonica, percus, banjo, sèche, etc.), coiffé d’un superbe chapeau de paille. Pokey joue de la semi-acoustique. Au bout de quelques morceaux, il laisse tomber la chemise, pour laisser apparaître un maillot de football américain floqué du n° 83. Vintage, la musique est le fruit d’un mélange de western swing, de folk, de country, de jump blues, de be-bop et de dixieland. Pokey possède une très belle voix, légèrement chevrotante, versatile, un peu comme Jeff Buckley, mais sans en avoir l’amplitude. Et celle du multi-instrumentiste est presque une copie conforme. D’ailleurs, le résultat est plutôt étonnant quand ils les conjuguent. Ce dernier utilise également des percus en os ; et franchement sa dextérité est impressionnante. Bref, ce show particulièrement agréable à écouter, a enchanté un auditoire, certainement conquis, enthousiaste et qui a même obtenu un rappel !

En 2014, le concert des Sonics s’était révélé de bonne facture, mais un peu mou du genou. De quoi laisser dubitatif, quant à une performance de choix, trois ans plus tard. Et pourtant… Du line up initial, il ne reste plus que le saxophoniste (parfois harmoniciste), Rob Lind. Qui affiche quand même plus de 70 balais. Les deux autres membres, Gerry Roslie et Larry Parypa ont cédé leur place au guitariste Evan Foster et au claviériste Jake Cavaliere (The Lords of Altamont). Enfin, en tournée, car les autres fondateurs du band continuent de participer aux sessions d’enregistrement. Et finalement, ce renouvellement a donné un fameux coup de boost à la prestation ‘live’. Le gratteur est d’ailleurs littéralement déchaîné ; mais également talentueux. Et puis, le chanteur/bassiste, Freddie Dennis ainsi que le drummer Dusty Watson, ne sont pas en reste. Ecorchée vive, la voix de Dennis transperce littéralement les hymnes qu’il interprète. Et celle de Cavaliere passe également bien la rampe. Rob bavarde énormément entre les morceaux, incite le public à crier, parle du dernier album (« This is The Sonics », dont la reproduction de la pochette est projetée en arrière-plan), paru l’an dernier, et invite les spectateurs à l’acheter ou alors les t-shirts à l’effigie du groupe. Freddie et Evan osent quelques pas de canard à la Chuck Berry. Les reprises son légion : le « Louie Louie » de Richard Berry, le « Black Betty » de Huddie ‘Lead Belly’ Ledbetter, traduit en hit par Ram Jam en 1977, le célèbre « Lucille » de Little Richard, le « Sugaree » de Grateful Dead, le « Have love will travel » de Richard Berry et celle du « Money (That's What I Want) » des Beatles ; mais aussi les classiques, comme « Boss Hog » (NDR : qui a inspiré le patronyme d’un projet de Jon Spencer) et l’inévitable « Strychnine ». Sans oublier les compos issues du dernier elpee. Une véritable déferlante ! Aux premiers rangs, la foule se lance dans du crowdsurfing. Et puis, le public réclame un rappel. Trois morceaux, au cours duquel la formation légendaire va oser une cover vitaminée du fameux « I don’t need no doctor » de Ray Charles, popularisée par Humble Pie en 1971. Une claque !

Le festival se clôture par les Paladins, un trio roots-rock-rockabilly issu de San Diego, drivé par le guitariste Dave Gonzalez. Sur les planches, il est soutenu par un drummer et un contrebassiste. Le premier titre est instrumental, et après la reprise du « Memphis, Tennessee » de Chuck Berry, nous tirons notre révérence, tout en prenant bien soin de réserver à ce groupe Californien, quelques clichés… (B.D.)

Voir notre section photos, ici

(Organisation : Roots & Roses)

 

 

Wolfrock 2017 : samedi 22 avril

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Déjà dix longues années que le courageux Fabien Dieu, cheville ouvrière hennuyère, œuvre au service de la musique. Et la meilleure !
En outre, ce sont les locaux du Centre culturel de Dour qui hébergent, une nouvelle fois, le Wolfrock.
On se souviendra que pour des raisons obscures, l’édition 2015, qui aurait dû accueillir Jeronimo, avait été annulée.
Drôle d’idée de s’entêter à occuper cet endroit, alors que la Ville, fief du plus grand festival d’Europe, dispose de locaux autrement adéquats !
Dans le public, on remarque la présence de Marc Pinella. Entendez par là, le beau gosse de The Voice Belgique et leader de Suarez ! Inutile de dire que le pauvre a été assailli de demande de selfies par une gente féminine particulièrement excitée à l’idée de poser auprès d’un tel bellâtre !
Antoine Hénaut, artiste belge originaire de Honnelles, avait aussi rehaussé de sa présence cette sympathique manifestation. Curieusement, il n’est pas parvenu à s’attirer la moindre demande de photo. Même constatation pour Joe Salamone (Acta) !
Pourtant, même s’ils sont moins connus que leur comparse, ils se sont forgés une certaine notoriété dans le milieu.
Point positif à épingler, la qualité sonore ! Si dans le passé, l’acoustique était proche de la catastrophe industrielle, malgré les efforts surhumains des gars flanqués à la technique, cette édition a manifestement appris des erreurs du passé !
La salle est étonnamment clairsemée ! Comme les cheveux sur la tête d’un quinqua ! Faut dire que dans cette partie de la région, proche du Borinage, les gens sont davantage biberonnés à la Cara Pils et aux émissions télévisuelles proches de la débilité.
Supputons que les absents soient restés prostrés devant leur TV aujourd’hui, préférant user leur fond de pantalon dans le sofa en grignotant des chips, plutôt que de s’intéresser à un événement culturel, pourtant rendu fort accessible au vu du prix affiché ! Tant pis pour eux, car des découvertes, il y en avait de belles !

A commencer par Wicked Expectation. A peine sortis de l’adolescence, ces quatre gars au visage de poupon grimpent donc sur l’estrade ! Ce sera une des plus belles surprises lors du 10ème anniversaire de cette édition !

Originaire de Turin, le groupe s’est formé en 2012. Ces jeunes gens n’ont pas tardé à se tailler une place de choix dans la jungle musicale. Seulement trois années ont suffi pour sortir un premier elpee prometteur, « Visions », qui leur permet d’ailleurs de tourner en Italie et en Suisse.

Ce soir, ils sont venus présenter leur nouveau né, « Folding Parasite », dont le style oscille entre électronique et pop/rock, tout en revisitant agréablement les poncifs du genre.

Si les sons synthétiques s’avèrent fort contemporains, ils sont soulignés intelligemment par des instruments plus conventionnels. Les guitares électriques renforcent le caractère graveleux des compos et la batterie acoustique permet de syncoper les morceaux en leur communiquant du relief.

C’est surtout en live qu’ils parviennent à étaler toute l’amplitude de leur talent, sans pour autant sacrifier les caractéristiques typiques du shoegaze.

Leur univers pourrait se résumer à la relation triangulaire entre l'homme, les instruments et la technologie, une coexistence souvent houleuse, mais qui dans le cas d’espèce se solde par une complète réussite en générant des innovations incroyables.

Un band dont on entendra encore parler prochainement !

Quelques minutes plus tard, Return From Helsinki est invité à fouler les planches.

Là aussi, ce sont des gamins ! La vingtaine à tout casser ! De l’aveu même du leader, il s’agit de leur tout premier concert. En tout cas, sous cette forme !

Parce qu’à y regarder de plus près, certains d’entre eux ne sont pas des inconnus ! Buzz (ex-The Tangerines ; qui s’était produit ici même il y a quelques années) et John (ex-Larko) font partie de l’équipe !

Le fer de lance de ce combo belge est l’électro. D’ailleurs, l’instrumentation est purement issue de machines électroniques et de synthétiseurs. Plus contemporaine et noisy aussi !

A tour de rôle, chacun distille un savant mélange de rythmes sauvages digne d’un western spaghetti sauce aigre douce voire piquante !

Une dualité constituée de sonorités éthyliques qui créent une atmosphère sous tension, partagée lors d’un show rudement gonflé et à la limite de la transe.

Ils sont bien habités ceux-là ! Un peu trop même ! Les yeux révulsés, le leader mine des gestes orgasmiques à faire frémir ! Que fait-il dans avec sa main dans le pantalon ? La question reste ouverte…

Une (fausse) première particulièrement réussie !

Si le chapitre 4 du livre de la Genèse raconte le fratricide d'Abel commis par son frère Caïn, soit le premier meurtre relaté par la Bible, le duo formé par les frères Greg et Micka Chainis est lui bien vivant !

Après avoir accompagné durant 15 ans une kyrielle de musicos de tous styles, de Ntoumos en passant par Superamazoo, Monsieur Dupont, Acta, Lady Cover et bien d’autres, les jumeaux multi-instrumentistes lancent leur propre projet en 2013 sous le patronyme d’Abel Caine.

Drivé vocalement par Milann Lafontaine (le fils de « Cœur de Loup »), « Miracles », le premier opus du combo, a bénéficié du concours de deux drummers : Pierrick Destrebecq (pierre angulaire du band à ses débuts) et Santo Scinta (qui accompagne Alice on the Roof en tournée).

Après avoir réalisé un check son qui a un peu traîné en longueur, la troupe arrive le sourire aux lèvres et le pas décidé !

Greg se consacre à la basse, Micka à la guitare et au pad électronique, Gorgo aux synthétiseurs et machines et enfin, le fils à papa, au chant et à la guitare.

D’une voix de ténor légère, largement chaude et subrepticement éraillée, les intonations du singer rappellent immédiatement celles d’un certain… James Blunt. Même si les styles sont diamétralement opposés, la mimique vocale est troublante !

La ligne mélodique du set mélange adroitement pop, soul et funky, tout en invitant quelques touches electro.

Il existe une réelle recherche dans les sonorités qui créent un univers particulier. Les amateurs de Two Door Cinema Club, Metronomy, Phoenix et Foster The People s’y reconnaîtront

Les chansons sont accrocheuses et immédiates ! Le public y prend manifestement beaucoup de plaisir. Ca virevolte, sautille, sent la fraîcheur de l’été et l’insouciance des grands soirs !

Les titres s’enchaînent à une cadence métronomique. Les gaillards sont manifestement rompus au ‘live’ !

Les compos sont essentiellement puisées au sein du dernier LP ! Le set est maîtrisé et quasi sans surprise ! C’est propre et lisse ! Un peu trop même…

Soudain, tout explose lorsque « Electric Purple », titre phare matraqué sur les ondes radiophoniques belges, est attaqué !

Les filles remuent leur popotin dans une hystérie frénétique ! « East West », qui les a révélés au grand public, prend le pas ! Aucun temps mort ! La chaleur d’un cran, la température devient difficile à supporter tant l’exaltation est à son comble !

Gorgo sort soudainement de la pénombre, casquette vissée sur la tête. Il s’installe devant l’estrade pour se livrer à une séance de beatbox impressionnante ! Plus qu’un gadget, les sons saccadés produits par sa seule bouche entretiennent une atmosphère légère, proche du hip hop.

En tout, plus de quarante-cinq minutes d’une musique bien construite. A l’instar de la gémellité, résultante d’une ambivalence et de confrontation, à laquelle on aura du mal à trouver de réels défauts !

Milk est très attendu par une large frange du public qui frémit d’impatience.

Fondé en 2004, d’un duo, il est passé à un quatuor ! Les influences majeures remontent jusqu’aux eighties : The Cure, Sneaker Pimps, Fischerspooner, I Am X, mais aussi The Kills.

Après les préparatifs d’usage, une bande son diffuse ‘Faisons l’amour avant de nous dire adieu’. En voilà une bonne idée ! Mais qui tombe mal à propos !

Aline Renard, la préposée au chant, monte sur les praticables ! Que les festivités commencent !

Ce qui aurait dû être un mets à la curiosité insoupçonnée devient vite indigeste dans l'acception ; à cause d’une connotation éventuellement un peu simpliste ou au contraire, un rien précieuse.

Bref, difficile d’accrocher ! Les morceaux cultivent souvent une ambiance sombre comme on en rencontre dans l'électro gothique.

Mais, pas que ! C’est morne et sans relief ! Il y a quelque chose d’inachevé ! Peut-être, votre serviteur est-il trop subjectif ! Quoiqu’il en soit, c’est répétitif à souhait ! Sans oublier le côté très (trop) facile de l’approche artistique ! Ici, on se complaît clairement dans la facilité et la mièvrerie !

Quel dommage ! Parce qu’il faut quand même avouer que chacun essaie d’en faire un max pour mettre le feu (au sens figuré, évidemment) !

A commencer par le drummer qui, dès qu’il le peut, vient rejoindre sa comparse et entame une danse de sioux à s’en faire déplacer les vertèbres !

Lorsque ses gestes ne sont pas à la limite d’un érotisme torride ! Il se touche ainsi le torse en se trémoussant ! Une fille s’approche, le caresse doucement et finit par lui mettre la main au paquet ! Un scénario qui se déroule sous les cris hilares de la quasi-majorité du parterre ! L’épilogue ne nous dira pas comment et avec qui il a fini sa soirée…

Après quinze minutes de ce spectacle navrant, direction le bar ! Là au moins, on est certain de ne pas être déçu !

Enfin, c’est en accusant un peu de retard (il doit être aux alentours de minuit) que The Von Dead a l’honneur de mettre un point final de ce qui restera l’une des meilleures éditions du Wolfrock.

Autant dire que les paupières commencent doucement à devenir lourdes !

Les minois font figure de déjà vu ! En effet, Elliott Charlier (chant) et Nicolas Scamardi (drums) sont les anciens membres de Von Durden. Pour monter ce nouveau projet, ils se sont entourés de Max Tedaldi (Mums and Clowns), Ludwig Pinchart (The Banging Souls) et Leila Alev (The Smock).

Tous ont donc déjà milité au sein d'autres combos et connaissent parfaitement les codes du genre ; ce qui leur permet d’afficher une assurance à toute épreuve.

Fort intéressant, son premier Ep, « Dog Souls Fight », reflètera parfaitement le concert de ce soir !

Un set particulièrement dynamique ! Un rock/noise rock, aux accents stoner, qui sent la transpi, le torse nu et l’arrogance dans l’énergie et l’intention.

Entre guitares dégoulinantes de fuzz, velléités psyché et petites touches féminines judicieusement enrobées de new wave, l’expression sonore trahit un véritable amour de la musique...

Du son bien crasseux et des décibels à n’en plus finir pour terminer en beauté !

Détail croustillant, le bassiste arbore un cache oreille bien étrange. Est-ce pour tenter de dissimuler un crâne dégarni ou pour se protéger les tympans ? Mystère…

Parfois bruitiste, ce show parvient difficilement, et malheureusement, à retenir une frange du public qui s’éloigne peu à peu. Si les uns se dirigent vers le bar, histoire de s’hydrater, les autres jettent l’éponge et regagnent leur véhicule.

Quoiqu’il en soit, le Wolfrock aura tenu ses promesses ! Rendez-vous dans 10 ans ?

 

 

No Sleep 2017 : samedi 15 avril

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Il s’agit déjà de la quatrième édition du ‘No Sleep festival’, un événement qui se déroule à Ath, dans un ancien hangar à grains complètement rénové, situé le long de la Dendre et derrière la gare. L’affiche propose des groupes et artistes en devenir, belges ou français. Honnêtement, en découvrant la salle, il y avait de quoi être inquiet. La raison ? La hauteur du bâtiment. Une frayeur vite balayée, au vu de la présence de Jérémy Samain, l’ingé son du Salon de Silly, derrière les manettes.

The Rackers ouvre les hostilités à 17h00. A son actif, un Ep, « Black » (NDR : dont le titre, « 1, 2, 3 », fait l’objet d’une vidéo ; et c’est à découvrir ici). Ce power trio (NDR : qui a déjà a remporté quelques ‘tremplins’) réunit le chanteur/guitariste Jim, le bassiste Alan et le drummer Yoan. Quoique en retrait, c’est ce dernier qui mène la danse. Sa frappe est métronomique et accentue progressivement l’intensité des morceaux. Ce qui permet à la température ambiante de grimper. Si bien que le batteur se retrouve rapidement en ‘marcel’… L’intro est gorgée de sonorités de gratte saturées, distordues ou triturées par les pédales. Ce sera d’ailleurs le cas, tout au long du set. Qui s’ouvre par « Snap ». La basse ronfle. Le climat est malsain et ténébreux. Et nous plonge dans les 90’s. Plus métallique, « You Could Be My Girl » est chargé de testostérone. Le drummer est vraiment époustouflant. Parfois, le spectre des Doors plane. Mais sans les claviers. Un set particulièrement rock exécuté dans l’esprit de bUNNY bLACK bONES. A suivre de très près…

Quatuor bruxellois, Boda Boda implique les chanteurs/guitaristes Benjamin Caroyez (NDR : ce barbu est né dans la cité des Géants) et Thomas Stadnicki, le drummer Lukas Melville ainsi que le préposé aux synthés Romain Rouklis. Le combo avait décroché le prix du ‘Best Live Act’, dans le cadre des Gentse Feesten, et avait atteint la 3ème place du Concours Circuit, en 2016. Il peut aussi compter sur un fan illustre ; en l’occurrence Dave Grohl (Foo Fighters) qui a déclaré à leur sujet : ‘The best rock band with at least two BODAs in its name’. Et c’est également l’an dernier que le band a publié son premier essai, un Ep 5 titres, baptisé « The Greatest Hits ». Fallait sans douter, la formation pratique un stoner/metal/grunge. Et il est inspiré par Queens Of Stone Age, Mastodon et Nirvana, auxquels les musicos ont certainement été biberonnés. Mais le contenu a été parfumé d’effluves empruntés à Raketkanon et surtout à Tame Impala. Les harmonies vocales sont accrocheuses. Branché sur un ampli à gratte, le synthé sonne comme une basse. Burné, « Bauver » entame les hostilités. Plus expérimental, « Mr. Bad Luck » baigne dans le noise rock. Les guitares s’y révèlent incisives. Et particulièrement efficace, « The Pillow, The Stairs And The Wet White Hair » décoiffe littéralement (NDR : c’est le cas de le dire !) Les percus sont particulièrement nerveuses, notamment sur le morceau de clôture, « Hafid ». Et les synthés y libèrent alors toute leur puissance.

A l’instar de Hyphen Hyphen, Alpes est un combo niçois. Mais ici s’arrête la comparaison, car le premier cité est surtout spécialisé dans le play-back… Fondé en 2013, le quartet réunit le chanteur/guitariste Quentin Munoz (NDR : un blondinet !), le gratteur Paul Chapuis, le bassiste Charles Eynaud De Fay et le drummer Antoine Jenkins. D’après les commentaires laissés sur la toile, les disques du combo sont excessivement soignés (NDR : intitulé « Between moon and sun », son premier elpee est paru en juin 2016) ; mais en ‘live’, il est bien plus percutant. C’est d’ailleurs cet LP qu’il est venu défendre. Si la structure des compos repose sur les deux grattes, l’ensemble est manifestement sucré par la french touch ainsi que le néo-psychédélisme cher à MGMT et Tame Impala. Sculptés tour à tour dans le surf ou le funk (NDR : celui des Scissor Sisters ?), les riffs sont puissants et tranchants. Titre d’entrée, « Feel It » nous entraîne dans un univers psyché pop paisible. Un peu trop, peut-être. La voix est légèrement vocodée. Les chœurs sont séduisants. Les claviers enrichissent judicieusement les bien plus sautillants « Another Secret » et « Betogether ». Le groupe ose deux nouvelles compos : « You Listen While I'm Taking » et « You Down ». Place ensuite au nouveau single, le plus cérébral « Lune et l'autre ». « Fleeting Sadness » et « Moon Boots » sont deux morceaux qui montent progressivement en puissance. Titre judicieux, « Learning To Fly » est davantage atmosphérique. Avant d’atteindre le Mont Blanc, grâce aux bien musclés « The Shy Bow Without » et « Target Tell Me Why »…

Sur les planches, Raphaël Esterhazy, alias Konoba, est flanqué de la moitié du groupe Solkins ; en l’occurrence Maxime ‘big moustache’ Simon, à la guitare et aux claviers, ainsi que Maxime Honhon, à la basse et aux synthés. Un line up complété par un drummer (NDR : encore un barbu !) Konoba vient de graver son premier opus, « Smoke And Mirrors ». Après s’être produit, à de nombreuses reprises, comme supporting act, il est enfin tête d’affiche ! Sur les planches, la complicité entre les différents musicos est étonnante. Il y a également une belle interactivité entre les artistes et l’auditoire, dont les filles (aussi bien les boutonneuses que les plus mûres), aux premiers rangs, boivent les paroles du chamane, comme du petit lait. La scène est décorée de grandes lampes vintage. Un flux lumineux intense arrose la scène. Et « Smoke And Mirrors » ouvre le show. Les deux claviéristes mènent la danse. Raphaël tapote sur sa machine. Il se déhanche et se balance. Atmosphérique, sa voix navigue quelque part entre celle de Joe Newman (Alt-J), Beck et Gotye. « I’M A Wolf » nous raconte l'histoire d'un homme et d'une femme, faits l'un pour l'autre, qui se croisent parfois, mais ne se rencontrent jamais. Big moustache empoigne sa gratte. Raphaël siège derrière les ivoires. Pop/rock spasmodique, « I’Ve Been Dreaming » est un nouveau titre. Place ensuite au moment ‘câlin’ du spectacle. Ainsi, pendant « Love » la foule se rapproche de Raphaël qui prend un bain de foule. Plus lent, sucré et dansant, « Penny Dropped » est inspiré des Fab Four (NDR : déjà ce titre !) Raphaël module sa voix comme il le souhaite. Encore un nouveau titre : « Dancing In The Moonlight ». Raphaël se sert d’une gratte semi-acoustique pour interpréter la cover du « Lover You Should’Ve Come Over » de Jeff Buckley. Surprenant ! Une seule chanson dans la langue de Molière : « L’indifférence ». Sur l’album elle dure 12 minutes. En ‘live’, elle est écourtée, sans pourtant nuire à sa qualité. Konoba n’oublie pas son hit, « On Your Knees », qui a enregistré plus de 2,5 millions de vue sur YouTube. Une autre cover. Celle du « My Body Is A Cage » d’Arcade Fire. Et elle est superbement revisitée. Le show est terminé et on reste indubitablement sur sa faim. Normal au vu de l’excellente prestation de l’artiste. Il se produira encore dans le cadre des Nuits Botanique, au Cirque Royal et lors de la plupart des festivals d’été. Qu’on se le dise ! Un seul regret, c’est que l’édition 2017 du ‘No Sleep’ n’a attiré que 150 spectateurs. Trop peu pour un tel événement !

Pomrad + Konoba + Alpes + Boda Boda + The Rackers

(Organisation : No Sleep ASBL)

 

Sofar Sounds Belgium 2017 : samedi 18 mars

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Deux groupes. Un public. Un lieu intimiste et gardé secret un jour avant les prestations. Des organisateurs passionnés. Ce cocktail, Jean-Michel Kulumba le contrôle de main de maître. Presque tous les mois, des spectacles Sofar Sounds sont organisés tant à Bruxelles qu’à Anvers ou à Gand. Ce concept est né à Londres, en 2009. Depuis, quatre cents concerts sont organisés chaque mois. La communauté Sofar Sounds est présente dans plus de trois cents villes à travers le monde.

Ce soir, la diversité est présente tant sur la petite scène de l’appartement qu’occupe Wip Music, siège de trois jeunes entrepreneurs belges, qu’au sein de l’auditoire. Ici, dans cet espace dédié à la musique, les conversations sont suspendues jusqu’à l’entracte. Le respect des artistes est presque un dogme. L’écoute attentive une nécessité. Le set commence par la voix suave mais puissante de la jeune chanteuse Julie Jadoul, qui n’est pas sans rappeler celle de Jevetta Steele, artiste connue grâce son single « Calling you », qu’on peut entendre dans le film ‘Bagdad Café’. D’entrée de jeu, elle s’impose sur la scène, malgré une nervosité apparente. Les morceaux sont mélancoliques. La tonalité du saxophone et celle de la guitare électrique, jusqu’ici timide, s’équilibrent. Le tempo est lent. Les notes s’accrochent à la ligne mélodique du blues et du jazz. A travers les compos, la jeune Julie s’interroge sur l’amour et le besoin de perfection. A l’instar de la chanson « Sarah Jane » qui parle d’une fille intelligente, drôle et parfaite. La prestation est chaudement applaudie par un public plutôt conquis par la voix au timbre si particulier de Jadoul.

La pause est longue. Les conversations vont bon train. Les organisateurs discutent en compagnie des heureux élus de la soirée (une centaine parmi une guest list de cinq cents personnes). La proximité, l’esprit de communauté sont des valeurs que véhicule Sofar Sounds Belgium. On peut dire que rien n’est laissé au hasard. L’accueil, un bar improvisé, des petits coussins disposés à même le sol. On se sent comme chez soi. Le groupe suivant s’installe.

Soul T est une formation issue de Bruxelles. Le chanteur, qui n’a jamais pris de cours de chant, chauffe ses cordes vocales en choisissant des ballades orientées soul, un style dérivé du gospel et du rhythm and blues (R&B). Le set se poursuit par des rythmes plus funky. Le tempo est plus rapide. Les invités commencent à danser. La facilité de l’artiste à passer d’une voix grave à une très aiguë évoque James Brown, le Godfather of Soul.

Le guitariste ne lésine pas sur les solos de guitare, démontrant ainsi toute l’étendue de son talent. Très à l’aise dans son rôle, Soul T s’amuse et invite ou plus exactement incite le public à répéter ‘I feel so good’. La fin de la prestation est plus surprenante. A cause d’une reprise très funky du « Come together » des Beatles. De quoi terminer une soirée pleine de surprises. On regrettera, cependant, l’excès de soli de gratte ainsi que le manque de rythme pour passer d’une compo à l’autre.

Les derniers mots reviennent à Zara, présentatrice de la soirée, qui nous rappelle l’importance de s’unir pour faire découvrir les artistes belges et étrangers. Elle parle de tous les Sofar Sounds à travers la Belgique (Bruxelles, Anvers, Gand et Liège). Car la musique n’a pas de frontières linguistiques, comme le souligne si bien Jean-Michel.

Soul T + Jadoul

(Organisation Sofar Sounds Belgium)

Persistence Tour 2017 : dimanche 22 janvier

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L’année 2017 démarre sur les chapeaux de roue. Et pour cause : s’il y a bien un évènement qu’il ne faut pas rater –à condition bien sûr d’accepter d’abandonner bouillotte et autres charentaises– c’est la nouvelle cuvée du Persistence Tour, le rendez-vous annuel du gratin du Hardcore (et de ses dérivés). Il faut dire aussi que, cette année, la charge dans le barillet était particulièrement impressionnante en matière de têtes d’affiche. Jugez plutôt : Suicidal Tendencies, Agnostic Front, Municipal Waste et Walls of Jericho.

Ce dimanche après-midi, la température est négative. Pas de neige, ni de verglas. Autrement dit, les conditions sont idéales pour accomplir le trajet sans encombre. En arrivant devant l’enceinte de la salle De Mast, on est surpris par l’affluence. Alors que les hostilités viennent à peine de commencer, il ne reste plus beaucoup de places de parking libres. Quelques demi-tours et marches arrière plus loin, j’en déniche une, derrière le bâtiment. Le froid piquant incite à presser le pas. Une bonne partie du mur latéral droit de la salle –qui peut accueillir un peu moins de 2 000 personnes– est occupée par des stands, proposant le merchandising des sept bands au programme. Il y en a pour tous les goûts : du t-shirt au pull, du bonnet à la casquette, en passant les patchs et les stickers, tout le monde aura le loisir de repartir en emportant un souvenir de cette soirée marathon.

Vu les difficultés de stationnement, Stab, le seul groupe belge à l’affiche, passe malheureusement à la trappe. Un quart d’heure plus tard, c’est Mizery qui est invité à mordre les planches. Originaire de Californie du Sud, il propose un Hardcore old-school à la carapace métallique. Ne révolutionnant certes pas le genre, cette nouvelle formation parviendra néanmoins à sortir son épingle du jeu grâce à une prestation qui est montée en crescendo et en puissance, atteignant son apogée au bout du set.  

Cap ensuite sur New York, en compagnie de Burn, un quatuor drivé par son charismatique vocaliste Chaka Malik. Hormis ses chaussures, soit une paire de Nike aux tonalités rose et vert fluo, il est tout de noir vêtu. Et en jeans. Effets garantis ! Yeux mi-clos, regard perdu dans le vide, mouvements parfois hésitants et s’amusant à faire voltiger son pied de micro dans les airs, Chaka semble être sous influence, sans pour autant perdre la hargne et la forme revendicative de son chant. Se référant au Hardcore plus lent des années 80, Burn jouit d’une certaine aura ; et ce pour avoir semé, ça et là, des graines musicales au sein de bon nombre de formations. En témoigne peut-être la présence en backstage, tout au long du set, de Candace Kucsulain, vocaliste de Walls of Jericho. Cette dernière ne va perdre aucune miette du show, marquant le rythme des morceaux de ses mains et ne quittant jamais le chanteur du regard. Elle sera ensuite rejointe par Daniel Spector et Pokey Mo, respectivement batteurs de Down to Nothing et Agnostic Front. Une belle découverte.

Les roadies s’affairent, emportent les instruments pour laisser la place à Down to Nothing. Quintet ‘Straight Edge’ (mouvance du punk hardcore dont les membres bannissent toute consommation d’alcool, de tabac et autres drogues récréatives), le combo est le premier à bénéficier d’un backflag. Il est frappé du logo du band en lettres capitales blanches et vertes. Tout comme leurs prédécesseurs, les coreux ont pour mission de retourner la fosse en une demi-heure, top chrono. Un pari pour le moins réussi, insufflant une première vague de fièvre dans la salle : premières bousculades, va-et-vient musclés entre les spectateurs et quelques poings qui s’envolent. Les sacro-saints ‘mosh-pits’ commencent à émerger. David Wood, vocaliste du band, n’est également autre que le bassiste du légendaire Terror (voire même temporairement vocaliste, en remplacement d’un Scott Vogel souffrant) ; pas étonnant dès lors, qu’il n’a fallu que très peu de temps à la formation pour mettre le feu aux planches.

La salle De Mast est maintenant bien électrisée pour accueillir l’une des premières grosses pointures de la soirée, Walls of Jericho. Un nouvel opus sous le bras (« No One Can Save You From Yourself »), qu’il a quand même fallu attendre huit longues années avant de le voir sortir, le band de Detroit est attendu de pied ferme. Candace Kucsulain déboule sur le podium, jean noir ultra moulant et t-shirt de musculation à l’effigie du groupe. La chanteuse est en effet une grande adepte du deadlift, c’est-à-dire un exercice de musculation consistant à soulever de terre des charges (très) importantes. Une pratique qui non seulement développe le physique, mais nécessite, en outre, une force mentale phénoménale, afin de pouvoir accomplir l’effort nécessaire au bon moment. Un exercice qui ne peut que se répercuter sur les planches. Candace est survoltée. Elle arpente la scène de long en large et martèle le sol de ses membres surdéveloppés. Sa voix, est devenue de plus en plus grave au fil du temps. Elle lui permet de hurler telle une exorciste s’attaquant au pire des Malins. Certains classiques du band sont évidemment interprétés. A l’instar de « A Trigger Full of Promises » ou encore « The Americain Dream » ; mais la part belle du trop court set (quel dommage !) sera néanmoins constituée de pistes issues de son dernier LP ; et notamment « Relentless » ainsi que « No One Can Save You From Yourself ». C’est finalement sur « Revival Never Goes Out of Style » que le groupe prend congé de l’auditoire. La vocaliste descend de son perchoir pour rejoindre la foule, debout sur les barrières de sécurité, entraînant par la même occasion une ruée des premiers rangs afin de donner du cœur avec la chanteuse. Ça se bouscule, ça joue des coudes, ça s’agrippe les uns aux autres : le dernier morceau arrive à sa fin et il faut donner ce qu’il reste dans les poumons. Le groupe repart aussi vite qu’il est apparu, laissant la fosse entonner le refrain du dernier morceau, telle une promesse de se retrouver bientôt.

Place à présent au mouton noir de la soirée, Municipal Waste, sortant pour l’occasion des ornières Hardcore de la soirée. Le look des musiciens qui assiègent la scène ne laisse pas planer le doute : la fosse va recevoir une bonne dose de Thrash Metal (ou pour les puristes, de Crossover Thrash Metal, un Thrash Metal influencé par du Punk Hardcore). Vieilles vestes en jeans trouées, t-shirt old-school, cheveux longs –dont on épinglera la coupe typique mulet du guitariste Nick Poulos–, bandanas dans les cheveux, bref, toute la panoplie est au rendez-vous. Egalement issus de Virginie, les musicos ne font pas dans la dentelle : ça balance à gros coups de riffs, ça martèle sec et le chant de Tony Foresta est tout aussi violent que rapide. ‘On est content d’être là en Belgique, vous avez vraiment la meilleure bière au monde’, balance-t-il avant de poursuivre : ‘C’est d’ailleurs une chanson pour vous !’. Il ouvre une cannette de Jupiler, boit deux gorgées puis la secoue en arrosant les premiers rangs, avant d’attaquer le morceau évocateur, « Beer Pressure ». N’allez pas chercher de la grande philosophie chez Municipal Waste, les musicos sont venus pour boire des coups et jouer de la bonne musique. Puissante et efficace. ‘Direct to the point’, quoi. Et ça marche ! En marge de cette prestation, on notera quand même la présence, sur le stand le merchandising du band, d’un t-shirt particulier, arborant en façade un Donald Trump se tirant une balle dans le crâne (avec son lot d’hémoglobine, cela va de soi) et dans le dos, le message ‘The only walls we build are walls of death’. Comme quoi, on peut jouer au con et chercher quand même, et subtilement, à passer certains messages politiques…

Il est 21h45 et l’avant-dernier round de ce Persistence Tour est prêt à en découdre. Et pour la circonstance, le combo hardcore légendaire Agnostic Front bénéficie d’un quart d’heure supplémentaire de set, par rapport à ses comparses. Les lettres rouges du logo côtoient, en arrière-plan, une effigie de la Statue de la Liberté ; mais le doux visage a été remplacé par un crâne. En fait il s’agit de l’illustration de la pochette du dernier elpee du combo, « The American Dream Died ». Après une intro constituée d’un pot-pourri du répertoire de la formation, sur fond de sirène des forces de l’ordre, les musicos débarquent un par un. Roger Miret, en digne leader représentant du Punk Hardcore, en affiche ostensiblement le look : bandana sur le crâne surmonté d’une casquette coiffée à l’envers, chemise noire sans manches, short et chaussettes/bas noirs recouvrant entièrement ses jambes. Idem pour son guitariste, Vinnie Stigma, tempes complètement rasées, vêtu d’un t-shirt d’Iron Reagan, un groupe de Crossover américain qui implique notamment des membres de Municipal Waste. L’artiste est armé d’une gratte noire, ornée d’une couronne de lauriers, au dos de laquelle est mentionné ‘Stigma’ en lettres capitales. Chemise noire impeccablement repassée et pantalon de la même couleur, Pokey Mo, derrière ses fûts, ne laissera jamais transparaître la moindre émotion, mû par cette retenue typique de la tradition asiatique. Malgré un son pas vraiment génial, les New-yorkais ne vont pas perdre de temps et asséner, au cours des trois-quarts d’heure alloués, pas moins de quinze morceaux. En trente-sept ans de parcours et onze albums studio, ce n’est évidemment pas le choix qui manque : de « Victim in Pain », sorti en 1984, à « Police Violence », paru l’an dernier et figurant sur son dernier LP, en passant par les incontournables « For My Family » ou encore « The Eliminator » (en titre d’ouverture). Une prestation carrée, marquée en outre par un duo improvisé avec Chris Michez, chanteur de Do or Die, sur « Peace » (un duo assez symbolique en somme, vu que le leader du groupe de Hardcore belge, un des plus notoires du plat pays, a annoncé il y a peu son désir d’en revenir à un style originel, entraînant par la même occasion un remaniement du line up). Roger Miret s’adresse aussi à la foule : ‘Une des meilleures façons de soutenir un groupe, c’est de passer par notre stand merchandising’, avant de poursuivre ‘… car plus que jamais nous avons besoin de vous… ! From the East coast to the west coast… Gotta gotta gotta go !’, et d’enchaîner directement par « Gotta Go », le pit hurlant à gorge déployée le début du morceau, tel un hymne. Les slams s’enchaînent les uns après les autres, n’épargnant pas le boulot de la sécurité. Cerise sur le gâteau –ou plutôt dernier coup de botte dans la fourmilière– les icônes du mouvement signent leur prestation par une reprise pêchue du « Blitzkrieg Bop » des Ramones, achevant dignement les derniers survivants dans l’auditoire.

Le Persistence Tour porte bien son nom : au-delà de la qualité des groupes sélectionnés, suivre ce mini festival du début jusqu’à la fin résulte d’une certaine forme d’obstination voire de ténacité. Et de l’énergie, mieux valait en avoir conservé un peu afin d’accueillir, comme il se doit, l’un des fers de lance du Crossover, Suicidal Tendencies. Un squelette vêtu d’une chemise à carreaux et coiffé d’une casquette à l’effigie du groupe fait à présent face au public, remonté à bloc pour ce final act. Les artistes opèrent également leur entrée un par un. Que ce soit le t-shirt, la vareuse, le bandana, le short ou les chaussettes, tous le vêtements sont les mêmes que ceux vendus sur le stand merchandising. L’introduction de « You Can’t Bring Me Down » bat son plein dans les enceintes tandis que Dean Pleasants, un des guitaristes de la formation, l’accompagne en enchaînant les notes suaves. Mike Muir, vocaliste, crâne quasi-rasé, hormis sa longue tresse qui lui tombe dans le dos et bandana au ras des yeux, se plante sur la droite du podium. Il ne tient plus en place jusqu’à finalement hurler ‘What the hell's going on around here?’. Le coup de feu est parti ! Les musiciens tournent en rond en adoptant ce pas typique du mosh, à longues enjambées. Pas question ici d’une éventuelle mise en bouche ; les Californiens taillent dans le gras directement grâce à l’un de leurs plus grands succès. La fosse se déchaîne, pieds et bras se perdent tout en aidant les coreux les plus remontés à slammer sur le public en transe. Malgré une setlist plutôt atypique –seulement dix morceaux– amputée de son plus grand tube « Institutionalized » (pourtant prévu sur la setlist papier !) et de son dernier single en date, « Clap like Ozzy », le combo reste fidèle à sa réputation et électrise totalement l’auditoire. Trente-sept ans de scène et, pourtant, le groupe témoigne encore tout autant sa joie de se produire en ‘live’. Les musiciens ne tiennent pas une minute en place, et tout particulièrement Mike Muir qui, quand il ne court pas dans tous les sens, se déchaîne sur le rythme des morceaux, en exécutant une gestuelle pour le moins étonnante ; et pour cause, il tourne les bras, mains acérées, tel un rongeur qui creuserait un terrier. Même si le patronyme du combo a résisté pendant plus de quatre décennies, il n’en reste pas moins que le line up a subi de très nombreuses modifications, au fil du temps. Trois des cinq membres ont en effet débarqué l’année dernière, dont Dave Lombardo, le ni plus ni moins ancien batteur de Slayer, parti de la formation après de profonds désaccords. Une arrivée de marque dans Suicidal Tendencies, qui ne peut ajouter qu’une couche de vernis brillant supplémentaire au band. À tel point que lorsque Mike Muir demande au public d’applaudir le batteur, ce dernier apparaît quelque peu gêné du succès récolté et demande d’acclamer également les autres membres du quintet. De « Subliminal » et « I Saw Your Mummy », tirés de leur album éponyme de 83, à « Freedumb » (99) ou encore « Living for Life » (16), les hommes forts du Crossover brasseront des titres dans l’ensemble de leur carrière. Et puis, et c’est peut-être là le plus important, ils ont permis à leur public de faire la fête. De la bonne humeur en barre, à laquelle la fosse a manifestement répondu présente, que ce soit par les dizaines de slams (dont un slammeur en kilt, qui retombera malheureusement assez mal, perdant connaissance après que sa tête se soit fracassée sur les barres de sécurité) ou cet acharnement à monter sur le podium à deux reprises, à l’invitation du groupe. Un beau bordel dont le leitmotiv principal consiste à faire passer du bon temps.

« Pledge Your Allegiance » clôt le set, moment au cours duquel le bassiste Ra Diaz invite la foule à reprendre en chœur les initiales du groupe en mimant les lettres à l’aide de ses mains. Les artistes reposent leur instrument et regagnent le backstage, à l’exception du chanteur qui préfère descendre de l’estrade et venir saluer ses fans, se prêtant au jeu de quelques photos souvenirs. Une attitude humble et modeste –un détail en somme !– mais qui démontre bien la mentalité du band, respectueux et en osmose avec ses aficionados. Une attitude qui caractérise généralement bien les participants à ces Persistence Tour : de la qualité, du respect et un profond amour de la musique et de la culture qui l’entoure. Allez, plus qu’un an à patienter ; on y sera vite !

(Organisation : Heartbreaktunes + ASBL Strike)

Le Père Noël est un Rockeur 2016 : samedi 3 décembre

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Pour cette 16ème édition, les organisateurs du ‘Père Noël est un Rockeur’ ont voulu innover.
Si dans le passé, le précieux sésame était échangé contre un ou plusieurs jouets, il faut aujourd’hui débourser quelques dix euros au profit de Viva For Life, pour l’obtenir.
Les fonds récoltés serviront à financer les associations caritatives qui bossent en faveur de la petite enfance et de la pauvreté en Belgique.
On ne peut qu’applaudir cette initiative ; mais également les bénévoles qui y participent ! Mais avouons tout de même que ce matérialisme outrancier dénature le côté féerique de l’événement ! Preuve du temps qui passe…
Etrangement, Dour, cheville ouvrière, ne les accueille plus ; et les concerts, autrefois répartis tout au long du mois de décembre, se déroulent à la même date, aux quatre coins de la Belgique. Bof, bof !
Bonne nouvelle quand même, ce mini festival est labellisé ‘Ecoresponsable’ ; donc il mène des actions de sensibilisation relatives aux thématiques touchant à l’environnement, la mobilité, l’alimentation et le développement durables.
Les amateurs de bon son ont donc dû faire un choix cornélien (et malheureux pour le coup) entre le VK de Bruxelles, le Rockerill à Charleroi, le Jardinet de Thuillies (qui signe là son grand retour et propose la seule véritable affiche digne de ce nom) et le Manège à Mons.

Direction Capitale Européenne de la Culture 2015 pour votre serviteur.
Quatre groupes y sont programmés !
En passant le portique, force est de constater que Santa Claus a fédéré peu de monde ! Il ne doit pas y avoir plus de 70 âmes dans la salle. On est donc loin du sold out ! Dommage qu’une si belle cause ne rameute pas davantage de peuple…
La météo capricieuse et le renforcement des contrôles de police, en cette période de fin d’année, auraient-ils eu raison de cette semi réussite ? Les lecteurs apprécieront…

Témé Tan a la lourde charge d’ouvrir les festivités. Malheureusement, un problème de timing ne m’a pas permis d’y assister. Ce sera pour une autre fois…

Vers 21 heures 15, Warhaus prend les commandes. Le public est un peu moins clairsemé ! Faut dire que les planches sont squattées par Maarten Devoldere himself ! Pas un inconnu dans le paysage musical…

Penaud, le gaillard se plante face à un public exalté ! Les applaudissements s’élèvent instantanément. Surpris d’un tel engouement, il baragouine quelques mots dans un français approximatif ! Bel exercice de style, quand même, pour un Flamand…

Il est venu présenter un premier opus prometteur paru cet automne : « We fucked a flame into being ». Tout un programme !

Des les premières notes, on est séduit par les mélodies franchement groovy ! Et les compos se révèlent à la fois hypnotiques et contemplatives.

Situé à l’avant-plan, le drummer se sert d’une batterie mi-électronique, mi-acoustique. Et ses interventions sont percutantes voire détonantes…

Les sonorités sont chaudes et sensuelles. La voix de Maarten est particulièrement flemmarde. Parfois on se demande quand même s’il est concerné. Et si c’est vraiment le chanteur du combo iconoclaste, Balthazar. Surprenant !

Il chante dans la langue de Shakespeare. Fluides, feutrées, douces, sucrées même, les plages s’écoulent naturellement…

Les projets solos pullulent, et en général, font souvent pâle figure ! Mais après ce set, tous les doutes qui auraient pu nous tarauder l’esprit, sont balayés. Malheureusement, pour un tel concert, 30 minutes, c’est trop peu. De quoi frustrer les aficionados ; et on les comprend…

Après une pause bien méritée, changement de cap et d’ambiance ! Place aux jeunes gens du Colisée.

Ne cherchez pas midi à quatorze heures, le patronyme s’inspire d’un bouquin intitulé ‘Tempo di Roma’ signé Alexis Curvers. Tout simplement !

La fosse est nettement plus clairsemée… trop occupée à s’en mettre derrière la cravate, au bar, sans doute ! Plus aucun danger de tomber sur une bande de pogoteurs !

A l’origine de cet ovni belge : David Nzeyimana. Il a également fréquenté l’Académie pour suivre des cours de guitare, de violon et de solfège.

Il assure les vocalises. Au départ, il menait la barque en solitaire. Sur les planches, il est soutenu par quelques acolytes ! Ils sont tellement jeunes qu’on peine à voir les premiers poils au menton ! Certains militent chez Robbing Millions et Lonely Drifter Karen.

Le Rwandais a sévi au sein plusieurs formations, endossant même des rôles différents. Son  nouveau projet est né dans l’inimité de sa chambre. Et il a rencontré un succès inespéré grâce au ‘following’ du net. Cet engouement l’a encouragé à poursuivre son aventure et dans la foulée, il a publié un deuxième Ep, baptisé « Vie éternelle II ».

A première écoute, le style proposé est particulier, naviguant entre digital et analogique ! Difficile à cataloguer même. Si pas inclassable ! Vu le recours aux vieux synthés (NDR : de type Bontempi), les références aux eighties sont manifestes. Encore que l’ensemble soit parfumé de fragrances hawaïennes. Quoique rafraîchissant, audacieux, déconcertant, léger et marchant à contre-courant de la norme consensuelle, c’est surtout très (trop) kitsch !

Finalement, ces ados sont venus pour prendre du bon temps. Ils aiment brouiller les pistes, sauter d’un genre à l’autre pour finalement entraîner le mélomane sur un chemin où il ne peut que s’égarer…

Au fil du temps, l’ennui commence à vous envahir. La boîte à rythmes est répétitive. Les sonorités sont bien trop similaires. Une forme de linéarité qui exclut le moindre relief ! A tel point que le set devient insupportable !

A la fin du show, les gosses invitent l’ingé son à prendre le micro pour pousser la chansonnette. Il n’a d’ailleurs pas l’air d’être particulièrement motivé pour ce rôle. Sans intérêt particulier, donc ! Sauf qu’il chante faux. On se serait bien passé de telles pitreries…

Dan San clôt la soirée.

Ce sextuor implique cinq mecs et une fille, Léticia Collet. Non seulement elle se consacre aux claviers, mais elle assure également les backing vocaux.

L’un des plus fervents défenseurs de l'indie folk belge est de retour. Son précédent elpee, « Domino » était paru en 2012. Son dernier, « Shelter » est paru en mars dernier. Depuis, la formation a tourné dans toute l'Europe, accordant plus de 120 dates. Pour enregistrer son nouvel opus, le combo a reçu le concours de Yann Arnaud (Phoenix, Air, Syd Matters), à la production.

Ce n’est pas la première fois que le groupe participe à ce festival ; deux ans plus tôt, il s’était déjà produit, dans le même cadre, sous le dôme de Dour Sport

Une prestation qui ne restera cependant pas impérissable. Molle du genou, imprécise, et sans conviction, elle s’était soldée –dans le chef de votre serviteur– par un ennui profond. A lui décrocher la mâchoire !

Ce soir, le set est bien plus convaincant. Le folk proposé s’avère nettement moins boisé, plus aéré, plus pop, pétillant, toujours bien atmosphérique, mais davantage électrique. De quoi susciter la curiosité.

Les titres valsent, laissant aux temps morts très peu de répit. Le ‘lead vocalist’ est beau gosse. Ses cheveux sont dorés. Comme une jolie femme. Mais sa barbe bien fournie relègue ce phantasme au placard.

D’ailleurs, il semble attirer le public féminin qui s’agglutine contre les barrières de sécurité. Les regards langoureux et les sourires baveux en disent d’ailleurs long, sur son pouvoir de séduction…

Chaque compo constitue une ode au voyage, une évasion vers de grands espaces. Un peu dans l’esprit de Damien Rice, Ben Howard ou encore Maximilian Hecker.

Un membre du combo annonce que le team va se mêler à l’auditoire, le temps d’une chanson.  Et là, le temps va s’arrêter pendant trois minutes trente.

Une émotion fébrile traverse le parterre. La sèche prend le relais. Les autres abandonnent leur instrument et se chargent des chœurs. La respiration est haletante. Quelques larmes coulent. L’émotion est à son comble. Quel grand moment de bonheur !

Le combo remonte alors sur scène pour aborder une flopée de titres sautillants.

Il est temps de se dire au revoir. Les comparses quittent un à un l’estrade, laissant les manettes au batteur qui continue de marteler ses peaux sans relâche…

Si cruellement, parfois le Père Noël est une ordure, il a peut-être aussi un sacré cœur de rockeur !

Dans San + Colisée + Warhaus + Témé Tan

(Organisation : Dour Festival + Go Go ! ASBL)

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