Un Reinhard peut en cacher un autre

« Together », c’est le single qui annonce le second album de Reinhard Vanbergen, dont la sortie est prévue pour 2023. Paru en 2021, le premier avait bénéficié du concours de Reinhard Roelandts, eh oui un autre Reinhard. Pour cet elpee, Vanbergen se consacrait…

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Les rêves de Holy Bones partent en fumée…

« Smoke And Dreams » : la voix slap back et les claviers 60 's nous entraînent quelque part entre rockabilly et rock'n'roll de crooner, un titre qui parle d'hallucinations nocturnes, de nostalgie et de décadence pour danser en faisant bouger son cerveau et…

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Micro festival 2019 : samedi 3 août

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Niché à l’ombre des coteaux depuis 2010, le Micro Festival, fêtait donc cette année, sa dixième édition. Suite à quelques modifications stratégiques, le site de l’Espace 51, remodelé au cœur d’un des quartiers les plus populaires et sympathiques de l’entité principautaire, accueillait donc de nouveau la foule, à l’ombre d’un chapiteau où pendant trois jours allaient se succéder une multitude de groupes ou artistes aux styles variés afin de la plonger dans des ambiances différentes. Jouant depuis le début la carte de l’éclectisme, le festival chapeauté par le label JauneOrange misait une fois de plus sur la curiosité d’un public majoritairement local, venu en masse, comme à chaque fois, pour cette ‘garden party’ annuelle dont l’affiche audacieuse et en général bien pointue suscite toujours débat. Souvent de bon goût, expérimentale, trash, drôle ou émouvante, la programmation –même si au cours de la décennie certains concerts n’ont pas laissé un souvenir impérissable– a néanmoins forgé l’identité d’un festival, petit dans ses dimensions, modeste dans ses ambitions mais incontournable pour beaucoup. Retour sur cet événement hors format en compagnie d’un chroniqueur aux oreilles bienveillantes.

Clap troisième !

Perdu dans les méandres de l’espace-temps par la faute de quelques Japonais impétueux (voir chronique du jour 2), votre serviteur arrive tardivement sur place.

Les langues qui s’agitent dans l’entourage encensent Yokai responsable d’un krautrock teinté de jazz (ou est-ce l’inverse ?) Un set qui manifestement a séduit.

Sous la tonnelle, malgré l’heure avancée, les étoiles se sont invitées…

Szun Waves, ensemble de trois magiciens du son, tisse les broderies du ciel d’un fil doré. Elles m’attendent et m’invitent à prolonger ce voyage stellaire.

Projet du batteur de jazz Laurence Pike (de Pivot ou PVT), du producteur electro Luke Abbott et du saxophoniste Jack Wyllie (Portico Quartet), le trio brode patiemment sa toile dans laquelle viennent se figer quelques curieux. Juste magnifiques, les envolées au sax se perdent dans une réverbération de cathédrale alors que les dominos de sons binaires dévalent les pentes escarpées que dessinent les motifs de la caisse claire. Transformant l’instant en un moment de grâce.

Sur les montagnes, les conifères se balancent au gré du vent, sur la surface de la mer, le soleil miroite et on redescend lentement sur terre…

Difficile après coup de se concentrer sur le DJ set d’Aboie Poupousse, et encore plus difficile de juger du set suivant, celui du duo frenchie La Récré, qui comme son nom l’indique, n’est rien de moins qu’un projet à vocation distractive. Caractérisé par ses extraits de nanards incrustés dans un jazz easy listening cool, la prestation s’apprécie modérément. Sympa mais sans plus !

L’heure de la fessée est alors arrivée. De la claque annoncée. De l’événement visuel, de la gifle auditive, de la branlée sonore, bref du truc qu’il faut ab-so-lu-ment voir : Shht.

Forcément, annoncé comme tel, l’attente est grande. Est-ce que cette bande d’hurluberlus gantois mérite le buzz répandu autour d’eux ?

Pas certain. Clairement, le groupe travaille autant le visuel que le son. Subtil calcul opportuniste par les temps qui courent. Donc, outre des tenues de scène sans grande originalité (la combi empruntée aux Beastie Boys ou à Man Or Astro-man, entre autres) et des chorégraphies pastiches, que reste-t-il ? Des compositions ma foi entraînantes, allant dans tous les sens et qui doivent sans doute beaucoup à Evil Superstars, des voix abusivement noyées d’effets et une énergie sans faille.

Le chanteur escalade la structure du chapiteau tel un macaque facétieux. Ce qui amuse le public (moins l’ingé son). Mais lorsque les peluches qui depuis deux jours squattent le site se mêlent à la fête, volant dans tous les sens, le côté joyeusement foutraque du set est exacerbé. Pour autant, c’est loin d’être exceptionnel, et si on passe un bon moment, on n’assiste quand même pas au sommet de ce festival. Toujours agréable mais pas immanquable.

Bien plus intéressant, le retour sur nos terres du dandy Allemand Félix Kubin. Pourtant réduit à un set solo sans visuel, contrastant donc cruellement avec la prestation précédente.

Revêtu d’une élégante tenue rouge et noire, rôdé comme une machine, l’électron libre de l’electronica post apocalyptique avec des bulles enchaîne les expérimentations auditives espiègles, non sans y ajouter la touche d’humour qu’on lui connaît. Simple et dénué de tape-à-l’œil, le dadaïste de la musique déviante revisite son style, propre et tordu. D’une efficacité crasse, le quarantenaire, qui baigne dans la musique électronique depuis ses 8 ans, déborde de générosité et démontre qu’aux commandes de ses machines, il reste ‘das model’ du genre. Confus sur la fin car ne sachant plus très bien le timing qu’il lui est imposé, l’ami nous offre un tour gratuit, pour le plus grand plaisir d’un public qui ignore encore que la fin du monde est proche.

Heureusement, à l’autre bout de la plaine, sous la rotonde balayée de lumières led de l’Oasis 3000, Müholos le robot est venu nous sauver. Une bouffée de disco numérique qui balaye la menace pesant sur l’humanité. Irrésistible et dansant, le binôme assure la transition d’une nuit qui entame sa farandole.

Voile à présent sur les Caraïbes en compagnie de The Mauskovic Dance Band, qui comme son nom l’indique ne vient pas de Moscou mais a bien l’intention de nous faire danser.

Le genre de concert festif qui sent bon la tradition de fin d ‘événement.

Chaloupé, groove et sexy, le son secoue le cocotier d’un public qui refuse de rester en si bon chemin…

Et il sera satisfait, car la programmation nous réserve encore le set du grand Cüneyt Sepetçi, légende vivante du Bosphore. Génie de la clarinette et porteur de la tradition stambouliote.

Hélas le line up est réduit à un duo de cabaret, son acolyte préposé au synthé Korg générant une tambouille mi-folklorique, mi-hit-parade de supermarché. Bref, l’ambiance est plus à la fin de mariage qu’à l’apothéose tant attendue.

Dommage, car le virtuose et humble Cüneyt propose une revisite de la musique de ses ancêtres ou encore de quelques classiques européens, en y affichant classe et talent. Mais dans cette formule de bal, ce n’était vraiment pas très convaincant.

Le moment du bilan final est donc arrivé.

À l’heure d’écrire ces lignes, on peut déjà établir que le Micro Festival aura tenu toutes ses promesses. Celles faites à un public qui, sans même connaître la prochaine affiche, est déjà prêt à revenir...

Ainsi, votre serviteur enfourche sa monture et s’enfonce dans la voie lactée.

Bisous, bonne nuit Micro Festival et à l’année prochaine !

(Organisation : Micro Festival)

Yokai + Szun Waves + Aboie Poupousse + La Récré + Shht + Félix Kubin + Müholos + The Mauskovic Dance Band + Cüneyt Sepetçi

Micro festival 2019 : vendredi 2 août

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Niché à l’ombre des coteaux depuis 2010, le Micro Festival, fêtait donc cette année, sa dixième édition. Suite à quelques modifications stratégiques, le site de l’Espace 51, remodelé au cœur d’un des quartiers les plus populaires et sympathiques de l’entité principautaire, accueillait donc de nouveau la foule, à l’ombre d’un chapiteau où pendant trois jours allaient se succéder une multitude de groupes ou artistes aux styles variés afin de la plonger dans des ambiances différentes. Jouant depuis le début la carte de l’éclectisme, le festival chapeauté par le label JauneOrange misait une fois de plus sur la curiosité d’un public majoritairement local, venu en masse, comme à chaque fois, pour cette ‘garden party’ annuelle dont l’affiche audacieuse et en général bien pointue suscite toujours débat. Souvent de bon goût, expérimentale, trash, drôle ou émouvante, la programmation –même si au cours de la décennie certains concerts n’ont pas laissé un souvenir impérissable– a néanmoins forgé l’identité d’un festival, petit dans ses dimensions, modeste dans ses ambitions mais incontournable pour beaucoup. Retour sur cet événement hors format en compagnie d’un chroniqueur aux oreilles bienveillantes.

Entrée en matière idéale pour cette seconde journée, puisque les premières mesures du folk psyché/folk –aux références californiennes– des Liégeois de Ode To Space Hassle (ou OSH en abréviations subtiles) cadence le pied léger de votre serviteur qui foule l’herbe tendre la conduisant jusqu’à eux….

Légères et croustillantes comme des gaufrettes, les plages qui figurent sur l’Ep « Love Won’t Find A Way » ne casseraient pas trois pattes à un canard, mais il faut bien reconnaître l’efficacité de ces compos agréables et exécutées habilement qui doivent autant à Allah Las qu’à nombre de bands issus des nineties. Le combo ne cherche pas l’originalité, rechigne à faire mal là où certains titres s’envoleraient volontiers et se contente de les interpréter le plus fidèlement possible. Entamant le dernier un poil trop tôt, le guitariste se fait charrier par ses acolytes ; et c’est dans la bonne humeur que s’achève (gentiment) ce premier volet.

Un set de DJ Smith vachement revigorant plus tard et nous sommes réunis sous la tente pour un moment de détente en compagnie d’un ensemble qui souffre d’une carence affligeante en originalité. Lewsberg n’étant ni plus ni moins qu’une sérigraphie de ce facétieux Andy Warhol.

Inutile de citer le groupe à l’origine des compositions de ces Hollandais qui s’échinent à calquer (certes fort bien) leur modèle. Voix, tempo, arpèges et fulgurances dissonantes, tout est minutieusement décliné en répliques fidèles, qui sans être des plagiats, n’en demeurent pas moins une belle escroquerie. Amusant et certainement plus agréable qu’un concert de Mister Cover, le set de ces Bataves aura au moins instauré une ambiance décontractée. Mais sur le coup de 17H25, elle prend un fameux coup de fouet par l’entremise du DJ set dispensé par le duo Mark it Zero. Au dehors, il embrase les brins d’herbe qui tantôt me chatouillaient les pieds. 

Excellente initiative du reste car il faut à présent prêter toute son attention à ce qui va rester LA révélation de cette édition 2019.

Les petites frimousses à peine sorties de la puberté des petits écoliers de Black Country, New Road ne paient pas de mine, mais rayon musique, ils vont mettre tout le monde d’accord.

Si leur attitude fragile et intimidée laisse craindre le pire, les premières notes ont tôt fait de révéler un potentiel remarquable. De fait, quelque part entre post punk, free jazz et pop intelligente (ce terme abscons est adorable !), les Britons n’en font qu’à leur tête. Autant guidé que perdu par un saxophoniste épatant (et arborant une vareuse d’un club de foot très local), la concentration rebondit de thème en thème, de titre en titre, de surprise en surprise.

Fort d’une petite réputation glanée par maintes écoutes sur Spotify, ostensible baromètre du succès de nos jours, le quintet impose son savoir-faire dans un registre personnel qui tantôt évoque Gorky’s Zygotic Mynci (mais sans l’accent gallois) ou encore Moonshake.

De bien belles références pour une bien belle promesse.

Contraste majeur comme un doigt de la main dressé, place à présent à un trio lyonnais : Decibelles. Ou la quasi-quintessence de tout ce qui m’horripile. Adoubés par Steve Albini (qui au passage, il ne serait pas inutile de le rappeler, n’a pas produit que des merveilles) et présentés comme la relève d’un certain rock hexagonal, ces trois jeunes gens ne font pas dans la dentelle.

Ce qui en soi est de bon augure, puisqu’il est question de battre le fer tant qu’il est chaud. Mais hélas ! De battre, il est bel et bien question. Sur les fûts autant que sur les nerfs. Chanteuse et drummeuse, Fanny Bouland tape, tape, tape, c’est sa façon d’aimer, ce rythme qui m’entraîne jusqu’au bout de l’ennui, réveille en moi un tourbillon de folie. Vous l’aurez compris, Decibelles sonne à mes tympans comme une armada d’ongles sur l’ardoise d’un tableau. Même de loin, les poils s’hérissent au son de crécelle de la voix. Si ce n’est pas ma came, il semble qu’un certain public, au séant très remuant, apprécie la prestation. On se préserve donc pour la suite.

Drahla, trio issu de Leeds, a lui tout pour séduire. Sur le papier du moins. Emprunté, le groupe va pourtant peiner à convaincre. Terriblement mal à l’aise sur les planches, comme intimidé par un public pourtant on ne peut plus conciliant, ces jeunes gens égrainent scolairement leur chapelet de chansons pourtant appelées à être abrasives. Les bases sont pourtant bien présentes et on ne peut nier le potentiel de ces Anglais dont le post punk a au fil du temps évolué en quelque chose de certes plus Arty, mais néanmoins toujours aussi primal. Une copie mitigée donc, mais qui demande assurément un examen de passage.

De spectacle, par contre, il va être question en compagnie des Nippons de Bo Ningen.

Cheveux tombant en cascades, le quatuor masculin (c’est sans doute une révélation pour certains d’entre vous qui étiez présents) s’adjuge espace et temps au détour d’un set sans concession.

Repéré en première partie de Savages, il y a quelques années, le combo emmené par le charismatique chanteur nommé Taigen démontre tout son potentiel. Redéfinissant le psych rock suivant son propre code, parfois un peu trop chargé à mon goût ; moulinettes et poses glam, déferlantes noisy, élucubrations susurrées et cris sauvages de chat émasculé, déflagrations soniques et kaléidoscope infernal se succèdent, se chevauchent, s’entremêlent et créent un magma hypnotique qui, bien entendu, a pour effet de stimuler l’entrain d’une foule qui n’attend qu’un tel moment pour s’exalter. La cadence est soutenue, voir haletante. Soudain, la silhouette de Taigen, jusqu’à présent drapée d’un pull orange à la trame transparente laissant deviner en filigrane la taille de guêpe du chanteur (Bo Ningen signifie quelque chose comme ‘bonhommes allumettes’) se pare d’un survêtement sportif, avant que le set ne s’oriente vers des contrées étonnamment hip hop. Un métissage improbable mais qui souligne la volonté du groupe de désorienter le public et de baliser son territoire au-delà des frontières d’un genre.

Brassant le feu, conjuguant les styles, Bo Ningen assume pleinement son statut de fer de lance d’un mouvement halluciné et hallucinant.

Un concert plein qui met l’auditoire sur les genoux et incite votre serviteur à jeter l’éponge en ce deuxième jour.

Traversé d’ondes magnétiques phosphorescentes, il franchit le portail de l’espace-temps et s’en va retrouver ses pénates.

Bisous, à demain, Micro Festival !

(Organisation : Micro Festival)

Ode To Space Hassle + DJ Smith + Lewsberg  + Mark It Zero + Black Country, New Road + Decibelles + Drahla + Bo Ningen

Micro festival 2019 : jeudi 1er août

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Niché à l’ombre des coteaux depuis 2010, le Micro Festival, fêtait donc cette année, sa dixième édition. Suite à quelques modifications stratégiques, le site de l’Espace 51, remodelé au cœur d’un des quartiers les plus populaires et sympathiques de l’entité principautaire, accueillait donc de nouveau la foule, à l’ombre d’un chapiteau où pendant trois jours allaient se succéder une multitude de groupes ou artistes aux styles variés afin de la plonger dans des ambiances différentes. Jouant depuis le début la carte de l’éclectisme, le festival chapeauté par le label JauneOrange misait une fois de plus sur la curiosité d’un public majoritairement local, venu en masse, comme à chaque fois, pour cette ‘garden party’ annuelle dont l’affiche audacieuse et en général bien pointue suscite toujours débat. Souvent de bon goût, expérimentale, trash, drôle ou émouvante, la programmation –même si au cours de la décennie certains concerts n’ont pas laissé un souvenir impérissable– a néanmoins forgé l’identité d’un festival, petit dans ses dimensions, modeste dans ses ambitions mais incontournable pour beaucoup. Retour sur cet événement hors format en compagnie d’un chroniqueur aux oreilles bienveillantes.

Le parfum d’un soir d’été flotte dans l’air et les rayons du soleil s’attardent paresseusement sur les flancs de colline, alors que doucement, le public découvre le nouvel aménagement du site. Mieux pensé et fort joliment décoré, celui-ci s’apprête à être foulé par une cohorte débonnaire, venue en grande partie savourer les premières heures du mois d’août avec, en guise de bande son, un pêle-mêle de genres et de noms dont le mélomane lambda n’a jamais entendu parler.

Passés maîtres dans l’art de dénicher les perles rares de labels underground ou encore de ramener au premier plan quelque individu dont la notoriété est enfouie dans le passé, les organisateurs du Micro Festival, fidèles à leurs premiers préceptes, proposent en effet une affiche bigarrée, dont ce premier soir est la parfaite illustration.

Ainsi, c’est à Monolithe Noir, projet du Bruxellois d’adoption Antoine Pasqualini, qu’est laissé le périlleux honneur d’entamer les hostilités. Il est flanqué de son batteur attitré ; ce qui explique pourquoi le Percussive Ensemble est accolé au patronyme. Les vagues analogiques battues par les vents mauvais et les pluies synthétiques régurgitées par ses claviers se fracassent sur des rythmiques soutenues qui bientôt, ne demandent qu’à caresser les oreilles de votre serviteur, hélas encore distantes de bien trop de kilomètres, puisque à l’heure où le set se déroule, il est encore sur la route, frustré de manquer le spectacle.

Autrement dit, ne sachant comment s’est déroulé ce premier fait d’armes, il y a de quoi nourrir quelques regrets.

Mais déjà, d’un pas alerte, les portes du site sont franchies, juste à temps pour découvrir The Germans, dont le rock référencé et sexy tarde à convaincre, même si certains éclats titillent une curiosité toute naturelle.

Habité de généreuses intentions, le combo gantois tente de donner corps aux titres de son dernier elpee en date, « Sexuality ». Mais, emmené par un leader au look improbable (le mauvais goût vestimentaire n’est pas automatiquement synonyme d’étiquette artistique), le concert s’empêtre et ne parvient pas à se dépêtrer… À vouloir séduire en tout point, à tout prix, au détriment parfois d’un certain équilibre, la musique de The Germans devient indigeste et perd l’attention du mélomane là où elle voudrait le charmer. En résultent des compositions allant dans tous les sens, et pas toujours maîtrisées. Seule éclaircie, quelques fulgurances disséminées ci et là et quand même une apothéose en courbe ascendante…

Suite à ce cocktail finalement récréatif, les portugaises se tournent à présent vers l’un des moments forts ou du moins attendu de cette édition : Michael Rother.

La polémique peut d’ores et déjà enfler. Pourquoi ? Parce que derrière ce patronyme se cache l’un des piliers de la musique allemande du début des seventies et qu’à ce titre, bon nombre de spectateurs présents ce soir vont en être pour leurs frais. Car si la carrière de ce savant et féru d’electronica ne s’arrête pas à Neu !, dont les albums ont tracé pas mal d’autobahn pour les générations suivantes et encore à venir, l’ex-Kraftwerk a principalement œuvré dans un registre ambient (en témoigne sa collaboration avec Brian Eno) dont le principe repose essentiellement sur une rythmique robotique et, d’autre part, des ‘paterns’ mélodiques simples et redondants, dessinant des motifs épurés jusqu’à la moelle et dont la répétition graduelle se décline en dégradés pastels. En soi, rien de bien dérangeant, si le son n’était lui aussi victime d’un tel traitement. Un son qui a évolué (régressé diront les mauvaises langues) mais s’est cristallisé dans les années 80 (et franchement pas le meilleur versant), figeant par là même toute l’essence du krautrock initial. En résumé, que Michael Rother joue des morceaux de Neu !, d’Harmonia ou des compositions plus récentes, tout, exactement tout, sonne de la même manière. Et ce son épuré et, disons-le, passéiste (quelqu’un écoute encore Dire Straits de nos jours ?) jure affreusement avec le tempo kraut, machine toute aussi répétitive, mais calée dans une mouvance d’ordre hypnotique. Une dualité qui désarçonne et finit par lasser la majorité de l’auditoire, les deux guitares au jeu monotone et sans relief corroborant cette impression…

Pour autant, le concert de Michael Rother est-il un échec ?

Honnêtement, non. Si l’émotion est restée canalisée et l’ivresse contrôlée, il n’en reste pas moins que cette sommité (ne parlons pas de légende) a délivré un set fidèle à ses travaux étalés sur quatre décennies. Certes, on peut s’étonner de l’orientation mélodique de la plupart des titres interprétés ce soir, mais ils résultent d’une révolution personnelle, gravée dans le vinyle et donc sans surprise. En gros, Michael Rother a fait du Michael Rother, faisant fi de toute nostalgie.

Aux échos chagrins et aux protestations outrées, répond au loin le chant du hibou, alors que la nuit tombe, enveloppant de ses bras, la plaine fustigée.

Une bien belle phrase pour ne rien dire mais qui introduit parfaitement la prestation onirique suivante.

Propulsé tête d’affiche après une poignée de concerts seulement, le Liégeois Daortia est donc invité à redresser la barre. Challenge difficile s’il en est mais que Hughes Daro, accompagné d’un visuel impeccable, assuré par Victor Ziegler, va relever haut la main.

En se servant de boucles obsédantes se répercutant en drones mélancoliques, ses mélodies graciles esquissées par une basse et son chant haut-perché s’envolent dans les nuées noisy d’un shoegaze électronique. Le local de l’étape focalise l’attention d’un public loin d’être conquis d’avance (nul n’est prophète en son pays).

Si le set, certes linéaire, tend à résonner dans un tunnel infini, débouchant en un maelström bourdonnant, les oreilles les plus aguerries auront décelé certaines influences majeures déclinées en loops grisants.

Sorte de concert abstrait et opaque mais aux nuances poétiques et subtiles, d’où l’on ressort soit charmé, soit accablé. Vous vous en doutez, votre serviteur appartient à la première catégorie...

Ainsi, sur ces réverbérations aux teintes abyssales se termine cette première journée, déjà riche en émotions diverses. Là-bas, les langues vont continuer à se délier, ici le ciel va se replier, et perso, je m’en vais me coucher !

Bonne nuit Micro festival, et à demain !

(Organisation : Micro Festival)

Monolithe Noir & Percussive Ensemble + The Germans + Michael Rother + Daortia

Bagnols Reggae Festival 2019 : samedi 27 juillet

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‘D’un côté à l’autre de la rivière, tout le monde y trouve son bonheur…’

Le réveil s’effectue sous les nuages et sur fond de rumeur d’orage et de tempête ; mais il en faut bien plus pour démotiver les jeunes lions ralliant le site pour l’ultime soirée qui s’annonce inédite. Un public quasiment doublé de volume pour ce troisième jour de grande messe Rasta.

Comme chaque matin –Oups ! il est déjà 18h– un petit décrassage s’impose devant la sono du Blackboard Jungle qui ouvre le bal, accompagné du fidèle MC Oliva.

Une heure plus tard, Amoul Bayi et Saah Karim prennent les commandes de la control tower pour un set roots et spirituel, très ancré et groovy.

Le temps d’un petit crochet, on profite du groupe d’ouverture qui n’est autre que The Skatalites. Il est déjà occupé de faire monter doucement la pression. Doreen Shaffer, membre fondateur, entame un set ska/rocksteady qui nous rappelle les débuts des Wailers. Très vite, Stranger Cole rejoint la formation afin de dérouler une suite de standards : « Bangarang », « Artibella », « Rough & Tough », ... Un sympathique arrosage sonore de la cité rhodanienne.

Vers 20h, place à un autre vétéran du reggae : Horace Andy. Le Jamaïcain ne supporte pas l’avion –ce n’est pas nouveau– mais il est toutefois plus en forme que lors des dernières prestations accordées en Europe. Il libère une belle énergie et boucle ses 45 minutes de live par le mythique « Skylarking ».

Le public est désormais chaud-boulette afin d’accueillir le concert exclusif d’un mythe vivant du mouvement rasta, j’ai nommé Eek-A-Mouse. Nous aurions pu espérer voir les deux Caribéens se croiser puisque le même groupe s’affaire à les backer. Malheureusement, l’entente n’est pas au beau fixe entre les deux figures du reggae jamaïcain. Eek-A-Mouse entre en scène après un morceau en guise d’introduction. L’ambiance monte d’un cran immédiatement. Tout y passe pour le plus grand bonheur du public. Les variantes vocales sont impressionnantes. La maîtrise bluffe la foule en délire. Malgré quelques larsens lors des envois d’effets sur la voix, le set est solide. Le chanteur fait décoller l’auditoire lors d’un magistral « Wa Do Dem final ».

Il n’est pas encore 22h que la soirée bat déjà son plein. C’est à ce moment que la pluie s’invite et vient entamer la motivation du public –pourtant resté compact– devant le légendaire Third World.

Au Dubclub, c’est une tout autre méthode. Une fois les trois stacks couverts, doncprotégés, Nico (Blackboard Jungle) distribue deux énormes bâches au public qui se constitue un abri improvisé permettant de continuer à danser et skanker sur les rythmes endiablés de Dawa Hifi ft Parly B. Cette petite douche bienvenue ne s’éternisera cependant pas...

Iration Steppas semble ébahi par la motivation de la foule et le rend bien lors d’un set solide et puissant aux influences roots qui se clôture en Stepper style détonnant. Mackie Banton accompagne Mark au micro et le vétéran Mike Brooks vient prêter de la voix au mix bien senti de Mark Iration. Les exclusivités de Michael Prophet, OBF, Sizzla, Linval Thompson, Daddy Freddy s’enchaînent à une vitesse folle. L’homme est en mode multi-tâche et il excelle dans ce rôle. Servis sur un plateau, les Blackboard n’ont plus qu’à mettre au grand jour l’étendue de leur savoir-faire et leurs pépites, accompagnés de Mike Brooks pour clôturer cette soirée par une sélection à réveiller les morts.

Alors que les minutes paraissent très courtes au DubClub, Tiken Jah Fakoly a, une fois de plus, prouvé son talent et son engagement. L’Afrique est toujours au centre des débats, mais le discours s’ouvre à l’écologie, à la sauvegarde de la biodiversité... Une prestation de qualité pour de nombreux fans ravis de revoir le chanteur ivoirien.

Il est maintenant l’heure d’assister à l’une des représentations les plus attendues du week-end. Une formation exceptionnelle, la même que dans le film ‘Rockers’, backée par We The People Band. Leroy ‘Horsemouth’ Wallace, Kiddus I, Big Youth, Lloyd Parks et le trio Kush’Art. Rien que ça ! Malgré l’absence de Bernard Collins pour cause de maladie, le public est aux anges. Les quelques dissonances ne dérangent pas grand monde et on leur accordera indulgence puisque ce live est leur tout premier en Europe. L’hymne « Satta Massa Gana » réjouit l‘assemblée malgré l’absence du chanteur des Abyssinians. La version du « I Pray Thee » de Big Youth est chargée de feeling. Celle du « Graduation in Zion » souffle un véritable vent de folie dans la fosse. Enfin, sur fond aquatique, l’adaptation ‘live’ du ‘Jah No Dead’ Horsemouth réjouit même les plus perplexes. Après un passage de Horsemouth à la batterie, la prestation devient inégale. Les imprécisions s’accumulent. Une raison ? Le régisseur plateau tente de clore le concert. Il y parviendra finalement 40 minutes plus tard que l’heure de fin prévue ; ce qui empêchera le public en nombre à Bagnols de profiter d’un final tant attendu.

Finalement, la recette fonctionne toujours...

Une musique rassembleuse se voulant le vecteur d’une certaine vision de l’émancipation citoyenne, le tout sur un lopin de terre paradisiaque à la météo (presque) parfaite. Quoi de mieux pour définitivement prouver que ce mouvement reste plus que jamais vivant et arbore haut et fort des valeurs de paix, d’amour et d’universalité.

Merci à l’équipe du BRF pour cette belle édition et merci d’avoir d’ores et déjà pris le rendez-vous pour l’année 2020 qui comptera une journée supplémentaire de mise à l’honneur de la culture jamaïcaine dans toutes ses variantes.

Voir aussi notre section photos ici

(Organisation : Bagnols Reggae Festival)

Bagnols Reggae Festival 2019 : vendredi 26 juillet

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‘D’un côté à l’autre de la rivière, tout le monde y trouve son bonheur…’

En cette journée, la chaleur devient supportable ce qui n’enlève rien à la ferveur du public. Plus familial et plus nombreux, c’est ainsi que se profile l’évolution de la fréquentation du lieu. Une fois de plus, la programmation est subtile et bien pensée.

La journée démarre fort sur la plaine du Bagnols Reggae Festival par I-Wayne qui ouvre le plateau dès 18h45. Il n’hésite pas à balancer ses hits dès le début du show et propose un spectacle carré, bien ficelé et chaud, pour ne pas dire bouillant.

Sans tarder, Bushman foule les planches pour ravir un public attentif et passionné. Les prestations sont trop courtes au goût du public qui en réclame encore.

Entre les deux espaces scéniques, l’Ensemble National du Reggae entame un répertoire constitué de reprises explosives. Tout y passe, du « Chase the Devil » de Max Roméo au « Nightnurse » de Gregory Isaacs en passant par le « Do u remember » d’Eek-A-Mouse. Et ce, pour le plaisir des oreilles du groupe de passionnés qui encercle l’ensemble dans une synergie impressionnante.

Pendant ce temps-là, côté DubClub, Blackboard Jungle honore son engagement en proposant un mix solide en guise d’ouverture pour laisser la place à un premier invité arrivé tout droit de Jamaïque : Rory Stone Love. Le public est vite conquis par un set Roots et Dub recelant plusieurs petits trésors et dubplates sorties spécialement du studio. L’ambiance est lancée, l’assemblée –encore plus chaude que la veille– est emballée.

Pas le temps de traîner puisque Queen Ifrica prend d’assaut la mainstage en affichant autant de prestance que charisme. Après une introduction assurée par son impressionnante choriste, la chanteuse balance son « Calling Africa » qui bluffe la foule. Une petite boule de feu est là, pleine d’humanité, de sincérité et d’engagement militant. Elle alterne moments plus intimes, envolées saccadées typiques du Dancehall ou encore dédicaces aux anciens qu’elle a pu croiser avant d’entamer sa représentation exclusive. La Fyah Muma ne manque d’ailleurs pas l’occasion d’inviter Big Youth et Mike Brooks à partager un morceau à l’occasion de ce concert unique en France.

Tandis que le duo local Ashkabad retourne littéralement le dancefloor à l’aide de basses vrombissantes dans un mix electro-dub explosif, à l’énergie débordante et faisant voler la poussière, c’est Johnny Clarke flanqué du We The People live-band qui communique un sentiment d’extase auprès des festivaliers. Lloyd Parks et Johnny Clarke semblent en osmose, la playlist se déroule et les tubes pleuvent. Le toucher des musicos est d’un naturel épatant, leur Reggae-Roots d’une efficacité redoutable...

Pas le temps de reprendre son souffle, car Massaï Warriors est actuellement en pleine montée de feu à la saveur Dub-Stepper pour une foule de danseurs déchaînés. Le MC est furieux, parfois hors de lui alors que le mix est sec et percutant.

Le collectif fait monter la pression au DubClub jusqu’à 1h10 du matin avant de laisser la place au tant attendu Channel One, un sound system anglais qui va calmer la fièvre lors d’une intro aquatique du traditionnel « Jah No Dead » entonné par Burning Spear (comme dans le film ‘Rockers Jamaïca’) pour enchaîner par une sélection mystique : « Legalize It » de Peter Tosh, « Beware de Yabby You » et encore « Satta Massagana » des Abyssinians. Beaucoup d’amour et de partage pour une session inoubliable qui se terminera aux petites heures.

De l’autre côté, Morgan Heritage et Alborosie clôturent la programmation du jour en apportant une teinte plus douce. Rien d’étonnant pour la famille Morgane Heritage qui incite tout le monde à danser grâce à des reprises bien senties comme le « Jah Jah City » de Capleton ou encore à l’aide de tubes interplanétaires tel le « Unto Zion » de Ras Shiloh. Une construction instrumentale très arrangée, aux influences tour à tour jazz ou pop. L’interprétation des morceaux est très rigoureuse et ne laisse aucune place à l’improvisation sauf peut-être sur certains morceaux de leur futur elpee.

Un peu plus tard, Alborosie –égal à lui-même– clôture en beauté sa longue prestation généreuse et fédératrice.

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(Organisation : Bagnols Reggae Festival)

Bagnols Reggae Festival 2019 : jeudi 25 juillet

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‘D’un côté à l’autre de la rivière, tout le monde y trouve son bonheur…’

Dans un cadre idyllique, plus de 18 000 festivaliers ont foulé la plaine du Parc Arthur Rimbaud de Bagnols-sur-Cèze à l’occasion d’un week-end fédérateur et vecteur d’émancipation. Grâce à une programmation jonglant entre les pointures de la musique jamaïcaine tout en ravissant les aficionados du Sound-System, le pari de la deuxième édition du Bagnols Reggae Festival est réussi.

Un trio d’ambassadeurs français du reggae décide, en 2018, de relancer un grand événement musical aux couleurs vertes, jaunes et rouges dans la capitale française du reggae. A l’initiative, figurent Jérôme Levasseur qui produit des artistes reggae depuis belle lurette et Meziane Azaïche, directeur du mythique Cabaret Sauvage à Paris. Les deux compères se sont associés à la structure Bazar Musique pour ressusciter la culture Roots à Bagnols.

En marge de la programmation, un festival ‘OFF’ s’ouvre dès le mercredi 24 juillet au cœur de la cité. La Médiathèque propose plusieurs diffusions. L’Ensemble National du Reggae réveille le centre-ville chaque matin. La Cave Mallet est investie par une exposition exceptionnelle de Fluoman (1952-2005), précurseur dans l’utilisation de l’acrylique fluorescente et peintre inspiré par l’iconographie africaine et le mouvement rasta ; et enfin, le camping se réveille lors d’une jam session ouverte à tous et animée par Neboty Roots et son projet Roots Jam Session. Inutile de vous préciser la plus-value apportée par ces différents éléments à l’ambiance générale déjà festive et fraternelle.

La journée est chaude, très chaude. Le thermomètre affiche plus de 36°C, le climat sudiste ajoute d’emblée un peu de magie à l’endroit magnifique en bord de Cèze où se déroule l’événement.

Et c’est parti pour une journée marathonienne de bonnes vibrations.

Le Dub Club ouvre le bal par Blackboard Jungle et MC Oliva aux commandes. L’occasion de préciser que les 24 basses du Blackboard Jungle sound-system ont fait vibrer les fous du genre durant tout le week-end grâce à une sono réglée aux petits oignons et une culture de l’accueil inégalable.

Cependant, pas le temps d’assister à la prestation des Rouennais, car l’Ensemble National du Reggae entame déjà un set au plein cœur du site pour accueillir les festivaliers comme il se doit.

Du côté de la grande scène, Samory I ouvre la programmation du jour devant un public peu nombreux mais intéressé. Soutenu par un solide live-band, la voix puissante de ce jeune disciple du new roots fait le job face à un public satisfait de ce premier concert.

Côté Dub Club, Bunny Dread entame un show qui rencontre des difficultés techniques. De quoi mettre à mal la qualité d’écoute d’une sélection plutôt éclectique.

Après cette prestation plutôt inégale, Irie Ites prend les commandes du Sound-System pour une lourde tâche : remplacer King Jammy (absent pour raisons de santé) au pied levé. Fort heureusement, il est soutenu par des MC’s de classe internationale, à savoir Linval Thompson et Trinity. Un concert solide, des animateurs aux anges et une sélection qui se termine par une grosse dubplate d’Eek-a-Mouse.

Pendant ce temps, se sont enchaînés sur la mainstage le Sénégalais Meta Dia & the Cornerstone ainsi que Black Roots. Les premiers ont dispensé un set dans la continuité du new roots proposé par Samory I tout en y mêlant des textures plus typiques de l’Afrique, continent à travers lequel le voyage nous réserve beaucoup de plaisir. Bien que l’ambiance monte crescendo, le public est bien plus ombreux pour le second qui réserve une prestation exclusive en France. Malgré de départ d’un membre du groupe, enregistré au cours des jours précédents, la foule donne la force au band pour délivrer un reggae puissant et sensible à la fois. Une prestation forte en émotions pour un tableau parfait. La virtuosité est au rendez-vous.

On jette un œil et surtout une oreille sur la touche Dancehall proposée par Busy Signal qui s’inscrit plus difficilement dans une programmation plutôt axée roots et foundation.

En outre, quand on rejoint l’arène, de l’autre côté du site, Manudigital enflamme l’assemblée lors d’un set explosif flanqué de Lieutenant Stitchie. Pas une seconde de répit, les tracks s’enchaînent et l’homme derrière le micro est en grande forme. Les dubplates volent, les exclus aussi et Stitchie est littéralement accroché aux barrières crash. Quelques galères du côté de la MPC de Manu mais rien qui ne puisse l’empêcher de brillamment ‘retourner la danse’

La soirée se clôture tout doucement par une grosse tête du reggae jamaïcain : Don Carlos. Le band est calé comme un métronome, ça groove sur un son bien construit, de manière classique. La prestation de l’artiste est au niveau, probablement la plus intéressante de la soirée. Les tubes s’enchaînent : « Hog and Goat », « Lazer Beam », « Natty Dread Have Him Credential », ... Le public ne pouvait espérer mieux pour clôturer cette belle journée.

Le temps d’un petit sprint final afin d’écouter le set de clôture du Blackboard et direction le camping pour les uns et l’after-party pour les plus résistants. Que ce soit d’un côté ou de l’autre de la rivière, tout le monde y trouve son bonheur.

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(Organisation : Bagnols Reggae Festival)

Les Nuits Secrètes 2019 : samedi 27 juillet

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Le temps qui règne sur la petite ville post-industrielle d'Aulnoye-Aymeries (NDR : c’est dans le nord de la France), sise à 18 km de Maubeuge et nichée au creux du bassin de la Sambre, est décidément bien maussade. Il pleut comme vache qui pisse depuis ce matin et les gros nombreux nuages bas ne laissent présager rien de bon…

Paradoxalement, les gens se sont pressés en masse malgré tout. On doit assurément frôler le sold out…

Les Nuits Secrètes constituent le fleuron de cette bourgade de quelques centaines d’habitants. Le festival devient une véritable machine de guerre et propose une affiche de plus en plus pointue. Faut dire qu’avec ses 18 berges, le petit est devenu un adulte déterminé. La preuve par M qui, pas plus tard que la veille, tenait la chandelle ici…

Il y a peu de temps encore, la plupart des ‘live’ étaient gratuits. Aujourd’hui, il faut désormais mettre la main au portefeuille si on veut se faire plaisir et dorloter ses acuités auditives. Nécessairement les cachets des artistes et les coûts inhérents à la sécurité ont fait grimper les budgets relatifs à l’organisation.

Les rues jalonnent d’artistes qui jouent encore gratos pour stimuler leur popularité ; mais vu la flotte abondante qui s’abat, pas sûr que le succès soit au rendez-vous.

Pas de changements importants pour cette nouvelle édition. Il existe toujours une grande scène ouverte à bâbord et un espace couvert à tribord. Baptisé l’‘Eden’, il s’agit d’une infrastructure métallique initialement conçue pour accueillir le pôle régional des musiques actuelles. Pas vraiment le paradis, mais de quoi s’abriter en cas de mauvais temps ; ce qui n’est déjà pas si mal…

Les organisateurs ont aussi pensé à celles et ceux qui souhaitent remuer le popotin jusqu’aux petites heures. C’est le seul écueil à éviter, les vieux os de votre serviteur lui rappelant gentiment que l’arthrite frappe dès l’âge mûr…

Le live de Blood Red Shoes est quasi terminé lorsque votre serviteur débarque sur le site ; et c’est bien dommage… Un réel regret !

Il s’agit d’un groupe de rock originaire de Brighton, en Angleterre, réunissant Steven Ansell (voix et percussions) et Laura-Mary Carter (voix et guitare).

Le duo compte plusieurs années d’expérience scénique et déploie sur les planches une énergie débordante pour faire vivre une musique déjà bien punchy à l’état brute.

La distorsion des guitares de Carter s’adoucit au contact des sonorités des claviers ; ce qui rend l’ensemble moins punk-rock qu’il n’y paraît sur certaines compos.

Autre style, autre genre en compagnie d’Odezenne, un groupe français (NDR : il est originaire de Bordeaux, en Gironde) alternatif.

Formé par Alix Caillet, Jacques Cormary et Mattia Lucchini, le combo s’est taillé une place de choix dans le monde du rap et du hip hop. A son actif, onze années de carrière et quatre albums.

Son approche stylistique lui permet de décomplexer une musicalité hybride entre nappes de synthé vintage, rythmes saccadés et expressions narratives nonchalantes. Ce qui les différencie peut-être de leurs pairs et leur confère une empreinte reconnaissable entre toutes.

La manière dont il parvient à fédérer une ligne mélodique souvent monocorde et des textes un peu simplistes comme « James Blunt » ou « Au Baccara » est surprenante. Des centaines de badauds marmonnent les refrains.

L’éventail des thématiques est varié, mais tombe souvent dans des clichés vulgaires très premier degré, à l’instar de « Je veux te baiser » (‘Ton cul, ton cul, ton cul / À la limite ta chatte / Mais toujours à quatre pattes / A dada sur mon bide’).

Un spectacle destiné à un public averti, mais une belle découverte quand même.

Flavien Berger est programmé à l’Eden. Un chançard vu du temps qui se dégrade…  

Curieux, mais sans grande motivation, votre serviteur pousse une pointe jusque-là.

Il s’agit d’un artiste français sont la musique hybride agrège électro et psychédélisme, un mariage de sons qui peut surprendre, mais interpelle assurément.

Pour la petite histoire, Berger découvre la composition musicale sur sa Playstation 210 avec Music 2000. C’est dire… Son univers est très particulier. Difficile de le cataloguer. Entre le bidouilleur de bruits et le manipulateur de machines. En parfait autodidacte, il (ré)invente un genre à la Kraftwerk, ponctuant ses compos de jeux de mots incompréhensibles du style ‘faut-il parler pour ne rien dire ?’ Question inutile ! Mais qui suscitera tout de même son flot de réponses chez les quidams…

C’est sympa dix minutes, mais l’ennui guette votre serviteur qui n’a que faire d’un saltimbanque.

La pucelle de va bientôt faire son entrée. N’y voyez là aucune insulte ou insinuation, il s’agit tout bonnement de la signification danoise de son nom de scène.

A même pas trente berges, la blonde platine possède un joli curriculum vitae. Son succès décollera en flèche en 2015 grâce à Major Lazer qui lui demande d’y poser sa voix sur un titre.

On est bien loin de MOR (‘mère’ en Danois), un groupe punk qu’elle a drivé.  Karen Marie Ørsted, à l’état-civil, arbore un look sporty-vintage qui lui va comme un gant.

Aux premières nappes atmosphériques, les soubresauts envahissent son corps qui s’emballe follement à chaque mouvement ondulatoire de ses quatre membres, tel un pantin désarticulé. Elle bouge, sautille et court dans tous les sens.

Son univers est souvent comparé (à juste titre d’ailleurs) à celui de vocalistes electro/pop tels que Grimes, Purity Ring ou Twin Shadow.

Sa présence aux Nuits suscite un engouement sans précédent. La foule est compacte et il est impossible d’atteindre le frontstage depuis plus de trente minutes déjà.

Un podium trône au centre du parterre côté public. Elle s’y lance tout à coup, affranchie d’une pinte dans la main droite. Elle y monte d’un pas décidé, accompagné d’un comparse, et danse alors frénétiquement en éclaboussant les convives qui ne demandaient rien.

Son corps félin exulte, ravive la senteur de l’été et procure des sensations brûlantes dans le bas ventre. Pour une personne issue des pays nordique, on peut affirmer qu’elle n’a pas froid… aux yeux.

Elle devient femme lascive et ténébreuse lorsque ses doigts flirtent avec l’ivoire pour chantonner un « Mercy » d’une sensualité forte, soulignée par une voix douce et suave. Le paroxysme est atteint à cet instant.

L’étincelle finement perceptible dans ses yeux se transforme alors en un brasier géant sur « Blur », dont l’intro et les riffs de gratte ne sont pas sans rappeler le lointain « Where is my mind » des Pixies, pour ensuite déclencher un véritable feu d’artifice à travers « Leon On ».

Après un show d’une bonne heure, quoi de mieux pour achever un set qui restera l’un des meilleurs de cette journée ? « Final song » bien évidemment …

Fils du chanteur Marka et de la comédienne Laurence Bibot, Roméo Elvis s’est affranchi de son pote Le Motel et fait désormais cavalier seul. Une époque bien révolue. Mais, il n’en oublie pas ses origines « Lenita ».

Aujourd’hui, sa renommée s’étend au-delà des frontières. La rançon de la gloire…

L’artiste a bien bourlingué depuis ses débuts en multipliant des collaborations aussi nombreuses qu’internationales : Todiefor, Vladimir Cauchemar, Matthieu Chedid, Témé Tan ou encore Damon Albarn (Blur). Pas étonnant puisque le gaillard a acquis une certaine expérience en côtoyant, notamment, L’Or du Commun, Caballero & JeanJass, Angèle (évidemment), Lomepal, Thérapie Taxi ou encore HER…

Il aime rappeler, qu’il y a dix ans, il figurait au milieu des festivaliers. Comme quoi, il ne faut jamais abandonner ses rêves les plus fous… La messe est dite !

« Chocolat » résonne que déjà la foule comprend ce rapport particulier que le zinneke et cette friandise entretiennent...

Rien de tel pour se chauffer les esprits que « Pogo », une plage chantée en duo en compagnie de M, sur disque, qui provoque inévitablement une danse des plus viriles dans la fosse. Pourquoi pas, selon ses dires, profiter du moment pour mettre son nez dans le trou du cul de sa voisine…

Grâce à des compositions qui sentent bon la bonne humeur et la joie de vivre, le frère d’Angèle s’offre le luxe de proposer un live varié et (réellement) engagé en dispensant des compos satiriques (parfois) ou introspectives lorsqu’il s’agit d’évoquer les ruptures qui rendent « Malade ». Une chanson paradoxalement pétillante, reprise en chœur par des milliers des personnes. C’est dire la popularité du petit Belge dans l’Hexagone !

Sur le fond, la plupart des compositions n’apportent en réalité pas grand-chose. Sur la forme elles provoquent un raz-de-marée collectif. Et c’est sans doute le plus important. Les chansons existent davantage pour être vécues que pour être entendues.

Un concert chargé d'intensité au cours duquel le ket va multiplier les comportements excentriques, tout en remerciant chaleureusement les musiciens.

Quoi de plus normal enfin que de mettre en exergue la belle capitale lors d’un « Bruxelles » ravageur qui laisse un goût de trop peu.

En guise d’happy end, il encourage le peuple à acheter son album deux fois… Pourquoi faire simple lorsqu’on peut faire compliqué ?

Le reste du festival ne sera qu’une suite de prestations électroniques.

Il est temps de rejoindre ses pénates. En espérant que la prochaine édition soit au moins aussi bonne que celle-ci

(Organisation : Les Nuits Secrètes)

Blood Red Shoes + Odezenne + Flavien Berger + MØ + Romeo Elvis

Les Gens d’Ere 2019 : dimanche 28 juillet

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Le paysage d’Ere a bien changé. Rien à voir avec celui de l’avant-veille. L’herbe verte a laissé place à une gadouille monumentale. La faute aux pluies torrentielles qui se sont abattues en fin de soirée.

Côté température, pareil. Si vendredi, les festivaliers suaient comme des cochons, la brise de ce dimanche a de quoi faire regretter la canicule.

Après un vendredi riche en émotions, place à une programmation orientée vers les plus jeunes en compagnie d’artistes aux univers très variés.

Sur la scène ‘Plein Ere’, Beautiful Badness est à l’affiche. Quatre musiciens : Olivier à la guitare, Gilles à la batterie, Antoine au clavier et Raphaële à la basse et aux cordes, autour de l'auteur, compositeur et chanteur, Gabriel Sesboué.

Autant de personnes hyper connectées autour d’un même et unique pôle, celui d’une musique enivrante et envoûtante.

En puisant son inspiration aussi bien chez Radiohead que Queen, la formation est parvenue, avec tact et intelligence, à réaliser une forme d’équilibre entre noirceur et légèreté.

Le tout sublimé par une palette de polyphonies hallucinantes proposées par Sesboué ; que ce soient dans les graves ou dans les aigus haut-perchés. Cet équilibre entraînant vite l’auditeur dans un univers fantasmagorique où règne la volupté et la bienveillance, à l’instar du somptueux « Sunny Morning ».

Un talent et une imagination sans limite donc ! Pour s’en convaincre, il suffit de s’attarder à la reprise magistrale de « I’ll be there for you », un titre de Rembrandts mieux connu pour avoir figuré dans le générique de la série ‘Friends’.

Les fans de l’artiste Cascadeur devraient s’y retrouver.

Sous le chapiteau, se produisent Les déménageurs. A voir les dizaines de bambins qui frétillent d’impatience, les compos du band doivent probablement s’adresser aux gosses de pas plus hauts que trois pommes.

Effectivement, accoutrés comme des lutins, les joyeux lurons, drivés par la charmante Lilli, s’en donnent à cœur joie pour émoustiller un parterre qui ne doit pas dépasser à tout casser les 8-10 ans, grâce à des chansons telles que « Pas la peine d’aller au zoo », « Un hippopoquoi », ou encore « Grasse matinée »

Votre serviteur observe quelques instants et déménage courageusement…

Place ensuite à Naya qui va nous réserver une excellente prestation. Probablement l’une des meilleures surprises du jour. Vêtue d’un rouge rappelant la couleur du rubis (comme la couleur de son album s’amuse-t-elle à rappeler), la belle a récolté un succès certain, grâce à un duo partagé auprès de Tom Grennan, pour « Quelque chose de toi »…

De sa voix tantôt légèrement éraillée, tantôt nasillarde à la Zaz, cette fausse timide révèle une maturité et une franchise impressionnantes pour quelqu’un âgé d’à peine dix-neuf ans.

Son « Great Ocean Road » donne le ton de ce qui va devenir une suite de jolies chansons sur fond de légèreté et de nostalgie.

Plus punchy, « Belunivers » révèle une couleur différente. Avant que la suite du set ne rencontre une succession d’incidents techniques, son MAC lâchant prise et la privant d’accompagnement.

Courageuse, elle mène, malgré tout, la barque dans une atmosphère bon enfant à travers des titres comme « Ego KO », « Cat Song » (en hommage à son chat) ou encore « Une fille de la lune », dont le clip a été réalisé par l’équipe du Temple Caché qui a notamment bossé pour Rive, un duo électro pop belge.

Il y a des rencontres qui ne s’oublient pas et celle-ci en fait assurément partie !

Typh Barrow ramène manifestement du peuple. La popularité de la jeune femme acquise dans le télécrochet ‘The voice’ y est certainement pour quelque chose…

C’est toute fleurie qu’elle intronise un concert qui restera intimiste. Les musiciens qui l’entourent ont eux aussi arboré des chemises à courtes manches aux motifs hawaïens.

Jouer dans cette partie du pays est une première pour elle. Elle s’installe devant le piano spécialement acheminé et de ses doigts posés délicatement sur l’ivoire, enflamme un « The Whispers » des plus surprenants.

Son grain de voix, proche de Amy Winehouse, lui confère un côté chaleureux et se marie parfaitement à un style pop et soul lorgnant vers le jazz et le blues.

A vrai dire, hormis l’une ou l’autre chanson, le live est plutôt gnangnan et ne décolle pas des masses, sauf lorsqu’elle s’agite comme un shaker pieds nus « Taboo ».

Finalement, on ne retiendra que cette compo et la reprise du « Gangsta's Paradise » de Coolio….

L’une des personnalités les plus en vogue ces derniers temps est la Saint-Ghislainoise Alice on the roof.

Remarquée dans le cadre de The Voice Belgium, où elle atteint la demi-finale, Miss Dutoit peut se targuer aujourd’hui d’être devenue une artiste à part entière…

Drivée par Marc Pinilla, le charmeur du groupe Suarez, la jeune femme a réussi à imposer un style qui n’appartient qu’à elle, notamment grâce à un premier opus baptisé « Higher », largement diffusé sur les ondes noir-jaune-rouge...

L’évidente qualité des compositions lui a permis de conquérir une critique médiatique et populaire unanimes bien utiles pour oser et acquérir un crédit scénique auprès des puristes.

Flanquée d’un masque, elle s’avance tambour battant dans une robe rose trop ample pour ses menues hanches tout en insistant sur le fait que sa grand-mère se trouve dans le public. C’est alors qu’elle chantonne « Madame », ode à la femme sans verser dans un féminisme primaire.

Le temps de troquer sa tenue pour un bleu paillettes, son « Mistery Light » défroqué confirme que les compos de la belle ont acquis en maturité. « On My Own » qu’elle enchaîne immédiatement en est la preuve formelle. Comparaison n’est pas raison paraît-il…

L’humour (un peu facile) est devenu une nouvelle qualité chez celle qui était encore une grande timide il y a peu de temps. Elle se rappelle de son inexpérience lorsqu’elle s’était produite à la Maison de la Culture de Tournai, il y a trois ans à peine…

S’accordant une pause bien méritée, elle interroge ensuite l’auditoire pour s’enquérir de la présence de célibataires. Evidemment, la gente masculine ne tarde pas à se manifester en masse. Même son petit copain, à la grande surprise de l’artiste… Ou encore, lorsqu’elle se remémore se regarder dans le miroir et se trouver la plus belle.

Bref, plus qu’une suite de chansons, on assiste à une véritable mise en scène au cours de laquelle une Alice versus ‘2.0’ s’émancipe enfin et se livre sans concession dans un exercice de style qui lui va comme un gant, finalement…

Sa voix éthérée et candide se pose pudiquement sur chacun des textes, comme pour les épouser. La plume est devenue plus incisive, joviale et sautillante grâce à Vianney qu’elle connaît bien, aime-t-elle à souligner.

Assurément, le Français permet d’ajouter une dimension supplémentaire fort intéressante sur « T’as quitté la planète ». Gageons qu’elle exploite davantage ce terrain dans le futur…

Madame Dutoit n’oublie pas pour autant l’anglais qu’elle pose parfaitement (elle a vécu une année en Oregon) ci et là sur des lignes mélodiques parfois parfumées d’une électro-pop léchée par « Easy come easy go ».

Ces quelques années à s’essayer et à s’apprivoiser lui ont été manifestement bénéfiques et lui ont procuré une certaine crédibilité en s’appropriant les codes du genre, malgré une prestation cousue de fil blanc.

Au loin, un tout autre jeune homme s’épanche sous les bâches tentaculaires. Il s’agit de Amir, encore un gars issu de la télé-réalité qui s’est illustré en gravant notamment « J’ai cherché », un morceau extrait de l’elpee « Au cœur de moi ».

Trop peu pour votre serviteur qui préfère se rincer le gosier avant de reprendre la route …

(Organisation : Les Gens d’Ere)

Beautiful Badncess + Les déménageurs + Naya + Typh Barrow + Alice on the roof + Amir

Les Gens d’Ere 2019 : vendredi 26 juillet

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Le festival Les Gens d’Ere est né d’une initiative peu commune entre une bande de copains qui, pour fêter la fin des examens, avait décidé de boire un godet autour d’un peu de musique dans l’enceinte d’un hangar. C’était en 1998.

Aujourd’hui, il s’agit d’un véritable festival dont le succès et la renommée croissent au fil du temps et dépassent les frontières.

Sans oublier les têtes d’affiche à faire pâlir de jalousie ses grands frères tout en gardant à l’esprit un côté intimiste, bon enfant et une mixité sociale rarement observée dans ce genre d’événements. Comme quoi, on peut faire du sérieux, sans s’y prendre vraiment…

A l’instar de l’année précédente, les festivités s’étalent sur trois jours. Le premier est essentiellement destiné aux (re)découvertes, à travers une programmation plutôt intergénérationnelle, le second est consacré aux covers bands et enfin, le dernier s’adresse à un public un peu plus jeune. Un line-up dont la diversité est intéressante et très susceptible de satisfaire un large public…  

Si au cours des jours précédents, il n’était vraiment pas indiqué de pointer le bout du nez, vu la température caniculaire, la prudence est aujourd’hui conseillée, car des orages violents sont attendus. Les K-ways sont d’ailleurs visibles à perte de vue…

Lorsque votre serviteur débarque, déjà s’envolent les dernières gammes de la jeune singer/songwriter belge Tanaë.

A entendre sa voix soul et ses mélodies pop accrocheuses, nul doute que sa prestation aura laissé quelques bons souvenirs auprès de la poignée de spectateurs présents.

Epsylon prend immédiatement le relais. Pas des jeunes premiers puisqu’il y a plus de dix ans qu’ils militent dans l’univers du rock celtique. Le groupe a déjà tourné en Chine, au Koweït, au Kazakhstan, Chine, Canada, Angleterre et un peu partout en Europe.

La veille, il se produisait en Bretagne. Aussi avant d’entamer le concert, comme pour se justifier, le porte-parole signale avoir roulé 10 heures pour assurer sa participation dans le plat pays. Un effort vite récompensé par une salve d’applaudissements bien méritée.

Le bassiste a le pied dans le plâtre. Il doit rester en position assise ; ce qui ne facilite pas ses mouvements.

La formation, née entre Nantes et la Vendée, est responsable d’une musique qui mêle rock, folk et pop, mais surtout notoire pour créer une ambiance celtique. Ce qui lui permet de se positionner un peu en marge par rapport à la palette de sons proposée aujourd’hui. Pourquoi pas après tout ? Il en faut pour tous les goûts !

Interprétées dans la langue de Molière et à l’aide d’instruments traditionnels, les compos, telles que « La même histoire », sentent l’air marin, le vent iodé et le coquillage ensablé.

Si la ballade « Aux hommes debout ! », soulignée par un accordéon, marque les esprits, c’est surtout « Requiem » qui incarne le mieux l’univers mystérieux voire mystique de ces hommes venus d’ailleurs.

Mustii est maintenant attendu par une horde de femmes en chaleur sous un chapiteau tout aussi brûlant. Faut dire que le gaillard est plutôt beau gosse. Dents blanchies pour sourire ravageur, coiffure soigneusement peignée et yeux hypnotiques, il profite de sa plastique de mannequin pour lécher du regard, sans trop de scrupules, les plus jolies filles. Et apparemment, elles sont ravies. Ceux qui les accompagnent un peu moins…

La salle est pleine à craquer. Les quelques piliers de comptoir à moitié éméchés ont déserté le bar, déposé leur pinte et sont venus tendre l’oreille.

Un grand drap blanc trône au milieu du podium. Il est agité par de gros ventilos plantés en arrière-plan. Chaque balancement laisse entrevoir un ‘21st Century Boy’ luminescent.

Jeune artiste belge, acteur, auteur, compositeur et interprète, son univers musical baigne au cœur d’une pop électro enivrante, sensuelle, douce et abrupte à la fois.

La trentaine, le gamin diplômé de l'IAD jouit déjà d’une sacrée expérience scénique. Depuis pas mal de temps, il écume à tour de rôle des centaines de salles de concerts et des festivals.

Il arbore une tenue pour le moins étrange ce soir : une cape noir ornée de brillants. Ses musicos sont habillés de blanc. Seul le drummer est drapé d’un vieux marcel, histoire de ressembler à un vieux belge…

Thomas Mustin, à l’état-civil, s’est fait connaître auprès du grand public en publiant un Ep fraîchement réussi baptisé « The Darkest Night ».

Aujourd’hui, c’est un premier album qu’il est venu présenter. C’est donc par un « What a day » qu’il entame un tour de chant, rythmé par des chorégraphies à couper le souffle.

Sueur perlant sur le front, il avoue que la canicule n’a pas fini son œuvre et enchaîne de suite par le puissant et inévitable « 21st Century Boy ».

Tom fait bien davantage que chanter. Il vit sa musique, la respire, la transpire, joue avec le son et les rythmes. Tout est millimétré. Les sons synthétiques sortent des machines, posées ci et là, et inondent immédiatement les conduits auditifs des aficionados. C’est très énergique. Lorsqu’il ne sautille pas, il court d’un bout à l’autre de l’estrade, monte sur les praticables, se roule par terre ou se met à feindre une gestuelle quasi-érotique.

De nombreux spectateurs sont surpris de constater que lorsqu’il s’agit de mouiller sa chemise, il n’a pas froid aux yeux. D’un pas décidé, il s’élance dans la foule pour s’essayer au crowdsurfing… avec succès !

Les chansons conventionnelles et de jolies ballades ténébreuses alternent. Etrangement, la puissance de sa voix haut-perchée contraste avec son physique de jeune premier.

Sa reprise du tube séculaire « Tainted Love », un titre signé Ed Cobb du groupe The Four Preps, et popularisé par le duo britannique Soft Cell, emmené par Marc Almond, constitue un des moments forts du spectacle. Une compo très intelligemment réappropriée.

Les détracteurs estimeront le set sans doute un peu trop prévisible. Mais manifestement, le petit sait y faire et attire un public de plus en plus réceptif aux frasques pourtant parfois poussives.

Torse nu, Mustii clôt sa prestation d’une rare intensité par « Feed Me »…

Skip the use, va mettre le souk pour cette première journée !

Fondé en 2008, ce combo a vu sa notoriété grimper en flèche au point d’être rapidement invité à se produire lors des festivals internationaux, en assurant même des premières parties pour Trust et Rage Against the Machine.

Le line up a connu quelques changements depuis ses origines, notamment lors du départ d’une de ses chevilles ouvrières, Mat Bastard, qui va embrasser une carrière solo auprès de ses potes de Carving, tandis que d’autres membres formeront The NoFace. Un divorce par consentement mutuel acté fin 2016.

De courte durée puisque le couple Bastard/Yan Stefani est à nouveau en lice pour une nouvelle aventure que l’on espère la plus longue possible.

L’explosivité du black n’est pas une légende. Dès les premiers riffs entraînants, irrésistibles même, son corps transgresse les lois de la gravité. Une seule certitude, le ‘live’ sera explosif !

Le son est bien rock. Il lorgne même souvent vers le punk. Comme l’attitude des musiciens d’ailleurs.

Très vite, on ressent l’envie de sautiller, de se déhancher et de pogoter. D’ailleurs, à quelques mètres du podium, un noyau réunissant une centaine de personnes s’excite. Ils s’évertuent à se cogner corps contre corps.

Il ne faudra pas cinq minutes pour que le public succombe dans une frénésie schizophrène. Et tout particulièrement, lorsque l’illuminé lui demande de réaliser un déplacement de masse de la gauche vers la droite et inversement provoquant une certaine cohue. Le tout dans un esprit bon enfant, bien évidemment.

De temps à autre, le singer égratigne les VIPs en justifiant le fait qu’il a l’envie de leur casser les couilles parce qu’ils ne paient pas…

Plus qu’un showman, le saltimbanque de la chanson marque un engagement assumé à travers ses compositions très incisives, notamment lorsqu’il évoque son indignation envers des partis politiques de droite et au cours desquelles il ne manquera pas de brandir un majeur en hurlant ‘fuck you’. Certains y verront de la provocation, les autres une démarche militante…

Moment d’émotion lorsque la petite fille de Yann vient lui rendre une petite visite sur les planches, le temps d’un bisou.

« More Than Friends » rappellera combien le talent du combo est puissant.

Il est difficile de se frayer un chemin pour assister à la prestation de Kyo. Pour les distraits, c’est le groupe de midinettes qui s’est fait connaître en gravant sa « Dernière Danse », ballade soutenue par une rythmique nonchalante figurant sur « Le Chemin », second opus du band, mais premier à être popularisé auprès du grand public, le premier du nom, éponyme, ayant passé complètement inaperçu.

Fondé en 1994, ce combo français est drivé par Benoît Poher (chant et guitare) et implique ses potes Florian Dubos (guitare), Nicolas Chassagne (guitare) et Fabien Dubos (percussions et saxophone). Ce soir, un gars est flanqué au synthé.

Kyo semble clairement incarner le groupe destiné aux ados vu les centaines de milliers de jeunes filles qui poussent des coudes pour débarquer les premières sur le site.

D’un bleu profond, la pénombre laisse à peine entrevoir le minois du chanteur qui approche maintenant la quarantaine…

Le drummer habituel est remplacé par un inconnu. Impossible de connaître la cause de cette défection aussi soudaine qu’imprévue. Il semble d’ailleurs qu’elle ne soit pas la première…

C’est alors que « Le Chemin », autrefois interprété en compagnie de Sita, ouvre les hostilités. Une histoire d’amour de presque vingt ans.

Si la recette de Kyo repose avant tout sur des textes introspectifs et des accords passe-partout, elle n’en demeure pas moins efficace.

Des textes incisifs couchés sur une bande son moderne et modulaire comme « Je cours », chanson racontant le destin d'un adolescent, rejeté de tous, qui cherche le bonheur malgré lui dans un univers ténébreux. Un sujet toujours autant d’actualité.

Dans un registre aussi sombre, sur fond de violence familiale, de maltraitance et d'alcoolisme, « Sarah » prend une dimension très profonde lorsque Benoît pose son grain de voix délicat et éthéré sur une nappe synthétique du plus bel effet.

C’est alors que les smartphones illuminent une chanson dont la morosité est vite mise au placard à cause de « Ton mec », dont la thématique brosse un adultère devenu la règle et non plus l’exception.

Le temps de quelques compos, Florian Dubos, bassiste/guitariste, s’empare du micro et de sa voix suave, livre de belles ballades, pour ensuite revoir Ben « Tout envoyer en l’air » avec ses « Poupées russes », deux chansons qui ont permis au groupe de montrer toute l’étendue de son énergie et de sa maîtrise de la musique.

Bref, un live à la hauteur de ce que tout festivalier est en droit d’attendre. Résultat : « Je saigne encore ».

Enfin, le singer revient armé d’une GoPro (une caméra d’action) pour tourner le clip d’une nouvelle chanson qui devrait figurer sur le prochain album. On ne mesure pas toujours la sincérité des propos, mais force est de constater qu’ils communiquent le sourire aux organisateurs et renforcent leur confiance pour les années futures…

Fort du succès rencontré, gageons que la bande à Benoît s’efforcera, comme lors du rappel, de garder le « Contact » !

Enfin, l’Orchestre Zénith joue les prolongations. Un cover band issu du coin. Un de plus. Peut-être un de trop. Comme quoi, l’affiche d’un tel événement peut également receler des faiblesses…

(Organisation : Les Gens d’Ere)

Tanaë + Epsylon + Mustii + Skip the use + Kyo + Orchestre Zénith

Dour Festival 2019 : dimanche 14 juillet

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Le soleil se lève pour la dernière fois sur l'édition 2019 du festival de Dour. La fatigue se lit maintenant et de plus en plus facilement sur le visage de tous les festivaliers et nombreux sont ceux qui rêvent de retrouver leur bon lit douillet. Mais avant de revenir au bercail, tous doivent encore affronter une journée entière de concerts.

Et le programme commence, pour votre serviteur, au Labo, en compagnie d'It It Anita. La musique proposée par la formation liégeoise est à l'image des son chanteur : robuste ! Pas étonnant que le groupe figure régulièrement dans les colonnes des sites spécialisés en metal. Et s'il n'y avait ce sens mélodique très soigné, il y mériterait absolument sa place. Ce qui est clair par contre, c’est que ça claque, et pas qu’un peu ! Certains passages plus hypnotiques semblent simplement destinés à nous faire baisser la garde avant une surenchère de batterie et de guitares. Bref, un set à éviter en cas de gueule de bois.

Ce sont les petits phénomènes flamands du moment qui embraient sur les planches du petit chapiteau. Whispering Sons a largement franchi les frontières du pays et est maintenant reconnu sur la scène internationale comme une étoile montante du post-punk. Fort de leur album « Image », paru en 2018, les Limbourgeois peuvent également compter sur le charisme androgyne de la chanteuse Fenne Kuppens. Sa voix grave, presque masculine, et son comportement scénique impressionnent d’emblée un public majoritairement néerlandophone. Ténébreuses, les compos flirtent avec la cold wave des années 80. L’intensité est totale et l’atmosphère autant menaçante que passionnante. La température grimpe au fil du show et atteint son paroxysme lors du tube « Alone », un single qui est resté cinq semaines d’affilée au sommet du classement dressé par les auditeurs de Stu Bru. En trois-quarts d'heure, Whispering Sons est parvenu à mettre l'auditoire dans sa poche...

On change complètement de style lors du set de Viagra Boys. Les ‘bad boys’ suédois débarquent tous les cinq sur le podium la clope au bec et une bière en main. Le contexte est posé bien que le patronyme laissait déjà présager la folie du quintet. Sebastian Murphy, le chanteur, n’attend qu’un seul morceau pour faire tomber la chemise et exhiber son torse complètement couvert de tatouages. Il hurle, recrache sa bière et vacille sur les compositions bien punks du groupe. C’est une véritable bête de scène, en fait. Comme dans ses chansons, il manie humour noir et ironie à merveille. Ainsi, il se réjouit de pouvoir faire la fête un samedi soir (alors qu’on est dimanche) et avoue adorer jouer en… France… Bonjour le déphasage ! Aussi surréaliste que le personnage, c’est le single « Sports » qui permet au concert de prendre une autre dimension. Murphy n’hésite pas à exécuter une dizaine de pompes (NDR : volontairement ridicules) sur les planches pour illustrer son propos. Les autres membres ne sont pas du genre à s’effacer non plus. Bassiste et batteur assurent également le show. Les Suédois finissent par se retirer avec classe et courbettes. Une dernière touche d’ironie pour un concert complètement décalé dans lequel on en n’oublierait presque la musique. Un vrai spectacle quoi !

‘C’est le dernier jour du festival, vous pouvez tout casser’. Ces mots émanent de la bouche du Roi de Dour : Romeo Elvis. Sur le pont dès mercredi comme DJ, il était de retour en tête d’affiche dimanche sur la Last Arena pour mettre le feu à la Plaine des Éoliennes. Et il ne va laisser que quelques secondes de répit aux festivaliers, pourtant épuisés. Seul son titre « J’ai Vu » marquera une pause dans un concert chargé d'intensité durant lequel Roméo va multiplier les comportements excentriques. Torse nu, grimpant sur les pylônes, le ket bruxellois a régalé la véritable marée humaine qui s’était déplacée pour assister à son show, sur la scène principale. Pas de doute, c’était bien lui la grosse tête d’affiche de Dour 2019.

Avant de terminer le festival, il nous reste un moment à passer auprès de Fat White Family. Le groupe le plus déjanté d’Angleterre était de retour à Dour pour présenter, entre autres, son nouvel album « Serf’s Up ». Le collectif londonien s’est forgé une solide réputation en live et va à nouveau confirmer tout le bien qu’on pense de lui. La bande à Lias Saoudi pratique un punk aussi nonchalant que provocateur. Ce dernier disque est clairement l’aboutissement de leur carrière. Moins brouillon et mieux construit que ses précédents essais, il est également la preuve que les Insulaires ont enfin réussi à canaliser leur énergie. Heureusement sur l’estrade, il n’en est rien… à quelques exceptions près. Il est dommage en effet que la puissance du set soit à deux reprises cassée par des titres plus lents et moins adaptés au show. En outre, déchaîné, Saoudi va confirmer qu'il est un grand amateur du bain de foule. Les nouveaux single « Feet » et « Fringe Runner » s’insèrent à merveille dans un set presque aussi fou que le leader du groupe. Car derrière son regard d’ange, Saoudi cache une rage qui ne cesse d’exploser. Dans certains morceaux comme sur « Touch The Leather », on a même l’impression qu’il rentre en éruption tel un volcan trop longtemps endormi. Bref, Fat White Family en live, c’est tout simplement un régal et une parfaite manière de terminer ce Dour de bien bonne facture. Du grand spectacle !

En accueillant 251.000 festivaliers sur les cinq jours, Dour a battu son record d’affluence lors de cette édition 2019. Le festival conserve, malgré son succès, son ADN qui fait la part belle aux découvertes et aux artistes ‘Made in Belgium’. 20% de la programmation était en effet consacrée aux artistes qui battaient pavillon noir-jaune-rouge. Une énorme réussite pour la deuxième année sur la Plaine des Éoliennes qui est maintenant complètement adoptée par le public. Et qui ne va cesser de s’améliorer lors des prochaines éditions, on en est sûr. A l’année prochaine donc… Et merci Doureeeuuuh !

Voir aussi notre section photos ici

(Organisation : Dour Festival)

It It Anita + Whispering Sons + Viagra Boys + Romeo Elvis + Fat White Family

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