Everyone Asked About You joue sur l’emo…

Un box consacré au groupe Everyone Asked About You sera bientôt disponible. Remasterisé à partir des bandes DAT d'origine, « Paper Airplanes, Paper Hearts » compilera l'ensemble des enregistrements du combo, y compris l’elpee « Let's Be Enemies » ainsi que…

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The National fait coup double !

The National a sorti un album ‘surprise’ ce 18 septembre. Il s’agit du second elpee gravé en 2003. Intitulé « Laugh Track », il fait suite à « First Two Pages of Frankenstein », paru en avril dernier. La formation a peaufiné la plupart de ces morceaux lors de…

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Ceci n'est toujours pas LaSemo 2021 : dimanche 11 juillet

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Seconde et dernière journée pour ce semblant de festival comme à la bonne vieille époque où tout était permis sans aucune restriction.

Les pluies diluviennes de la veille ont laissé place à quelques rayons de soleil. Et c’est de bon augure ! Les pulls et parkas sont d’ailleurs remplacés par les lunettes de soleil et les t-shirts à manches courtes. Les canards et les vers de terre, quant à eux, tirent la gueule.

La boue et les flaques d’eau se sont substituées à une herbe d’un vert éclatant. Le contraste est saisissant. Même, le marchand de glaces est pris d’assaut ; une image rendue impossible il y a encore vingt-quatre heures.

Vu la programmation un peu plus pop que la veille, ‘Ceci n'est toujours pas LaSemo’ risque d’attirer un public un peu plus mainstream...

En débarquant sur la plaine du Château d’Enghien, c’est Kid Francescoli qui s’y colle. Le gaillard est derrière ses machines.

Il est accompagné pour l’occasion de deux belles et plantureuses demoiselles figées derrière les touches d’ivoire. Une black et une brune à la plastique avantageuse.

Mathieu Hocine à l’état-civil a constitué ce projet musical en 2002. À partir de 2009, il accueille Julia Minkin en compagnie duquel il co-écrit les chansons.

Mais, c’est véritablement en 2013 qu’il rencontre le succès populaire grâce à son titre phare, « Blow up ».

Le Marseillais d’origine n’est pas un inconnu puisque sa musique à maintes fois servi à sonoriser des spots publicitaires (Façonnable, Lanvin, Lacoste5, Chanel, Lancôme, Aldi, Citroën...)

Le trio empiffre les spectateurs d’une multitude de sons électro. Comme une oie qu’on gave, on se sent obligé d’écouter, d’apprécier et d’attendre le morceau suivant. On en redemande encore et encore. C’est captivant à souhait. Mais un set qui ne prend jamais le parti d’une direction affirmée ; c’est soit planant ou dansant.

Il est venu défendre les couleurs de « Lovers », un nouvel album qui marque deux changements notables. La fin de sa collaboration avec Julia et l’expérimentation de différentes voix, dont le portugais.

Le timbre grave du Kid et les vocalises de ses deux demoiselles d’honneur flirtent allègrement, au sein d’un climat très sensuel, mais également suave et cosy qu’alimentent des sonorités chaudes et latines inspirées par sa région d’origine.

La black qui possède un corps sculpté à faire damner un Saint, prend un malin plaisir à émoustiller les nombreux mâles postés aux premiers rangs. Les mouvements de son fessier en disent longs sur ses intentions. De quoi rendre jalouses toutes les compagnes.

Direction la Guinguette, pour y assister au set de David Numwami. Sans doute la plus belle surprise de cette édition.

Ce jeune Africain, ayant élu domicile à Bruxelles, monte sur les planches. Vêtu de noir, il ne possède pour seules armes qu’une sèche bariolée de jaune et rouge et d’une gratte électrique d’une blancheur classieuse. Quoique, cette dernière a certainement bien bourlingué, quand on voit les quelques traces essuyées par sa carcasse…

Plutôt discret, le claviériste semble s’ennuyer ferme…  

Numwami a autrefois milité au sein de Le Colisée, formation pop qu’il avait créée à l’aide de ses potes de lycée. Les fidèles aficionados l’ont aussi aperçu sur scène auprès de Frànçois and The Atlas Mountains et Charlotte Gainsbourg, entre autres. Il a aussi enregistré l’album « Concrete And Glass » en compagnie de Nicolas Godin, la moitié du groupe Air, en 2019.

Depuis, il se produit en solitaire. Il puise son inspiration au sein du post-rock dans l’esprit et du rock dans l’attitude. Entre joie et tristesse, humour et mélancolie, ses compos correspondent parfaitement à l’air du temps ; et si elles ne se distinguent pas par leur originalité, elles atteignent une grâce incomparable.

Sur scène, il se révèle décontracté, chaleureux ou (super) rêveur. Ses compos libèrent un spleen très communicatif. On l’écoute religieusement, sans un bruit, sans un mot.

Ce garçon est vraiment très doué. Sa technique n’a rien à envier à Gilmour ou Knopfler. Impressionnant pour quelqu’un de vingt-six printemps, à peine.

Né au Rwanda, une semaine avant le début du génocide, il aime s’évader au quotidien et sortir de l’ombre, à l’instar de son titre « Beats ! ».

Après un set plutôt feutré et statique, l’artiste sort tout à coup de ses gonds, quitte le podium et se trouve nez à nez avec les spectateurs du premier rang médusés, avant de slalomer entre les chaises au plus grand bonheur des aficionados. Sa seule limite émanant du câble de son micro.

On le sent très fortement impliqué dans son monde, comme il le rappelle à travers « Numwami World ».

La fin de sa prestation est plus étonnante encore. Il frotte son instrument contre le bord du podium comme un schizophrène. Ce qui provoque la rupture de deux de ses cordes. Pas facile dès lors de poursuivre dans de telles conditions.

Bref, on peut en conclure que son concert était à la fois hors norme, sympa mais quand même décalé…

Le concert de Naâman and co vient de démarrer sur l’estrade du Château.

De son vrai nom Martin Mussard, il est issu d'Offranville, près de Dieppe en Normandie.

Ses influences oscillent entre reggae, raggamuffin, hip-hop et soul. Pas vraiment de quoi susciter un intérêt particulier chez votre serviteur qui préfère se remplir l’estomac d’une nourriture thaïlandaise dont les qualités diététiques laissent cependant à désirer.

Direction la Guinguette et son Saule. Le gaillard bâti comme un rock et à l’explosion capillaire ébouriffante, ne laissera pas un bon souvenir dans la mémoire des préposés à la sécurité.

Baptiste Lalieu s’est imposé auprès du grand public grâce à « Dusty Men », un titre qu’il a interprété en compagnie de Charlie Winston, en 2012. Il le reprend d’ailleurs, pour la circonstance ; mais Winston est ici remplacé par le guitariste qui endosse ce rôle avec une facilité déconcertante. Effet différent, mais plaisir intense identique.

Une formule à trois donc, puisque guitariste et chanteur sont accompagnés pour l’occasion d’un drummer qui impressionne par sa dextérité.  

Le combo fonctionne à merveille. Le Montois d’origine enchaîne ses chansons dare-dare à l’instar du titre de son dernier album… qui a failli ne pas voir le jour. En fait, l’artiste avait jeté à la poubelle une première mouture qui ne lui convenait pas au grand dam du label qui voyait là une dépense budgétaire à laquelle il ne s’attendait pas.

Un concert audacieux (Dare se traduit par audace en français), au cours duquel le spectre de Gainsbourg s’est mis à planer ; mais surtout qui a permis de combler l’urgence à (re)donner de la musique au peuple.

Une prestation unique où riffs de guitare et rythmiques syncopées viendront surligner la voix légèrement ébréchée de l’auteur procurant à l’ensemble davantage de hargne et vergogne.

La déferlante de compos « Tu boudes », « Rebelle Rêveur », mettent en évidence un réel amour de la chanson française et cette exigence de la précision. Sans oublier les doubles sens à la Antoine Hénaut, un artiste bien de chez nous.

Les premières notes du « Nevermind » de Nirvana, jouées seulement quelques secondes, histoire d’éviter de payer des droits à la Sabam (dixit les dires du gaillard), ont mis le feu aux poudres, provoquant l’exaltation des festivaliers.

Pogos, embrassades et danses de Sioux – honteusement encouragés par l’artiste, il faut aussi le souligner – ont certes mis une ambiance de feu fort compréhensible, mais ont surtout provoqué une profonde injustice face à tous ceux qui se battent chaque jour pour maintenir des conditions sanitaires acceptables depuis près d’un an et demi. Un comportement déplorable qui aurait le mérite d’être sanctionné !

Bref, une prestation durant laquelle, on passe du rire aux larmes et de la surprise à l’écœurement sur fond de chansons festives et épicuriennes à l’instar de son auteur, entre part d’ombre, enthousiasme et joie de vivre.

On regrettera enfin l’absence de la très jolie « Marta Danse ». Une histoire inspirée d'une vieille dame, Marta Gonzalez, atteinte de la maladie Alzheimer qui à l'écoute du « Lac des signes » se remémore les gestes qu'elle faisait autrefois. Sans doute, une compo hors du temps et bien trop tristounette en un jour qui se doit de tourner la page vers quelque chose de nettement plus positif…

Saule salue le public et clame haut et fort avoir une pensée pour les sans-papiers en grève de la faim à l’église du Béguinage sous une belle salve d’applaudissements.

‘Ceci n’est toujours pas Lasemo’ en version minimale aura en tout cas le mérite d’avoir surmonté un ensemble de contingences entre conditions sanitaires difficiles, météo capricieuse et envie furieuse de recouvrer la vie … la vraie !

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(Organisation LaSemo)

Ceci n'est toujours pas LaSemo 2021 : samedi 10 juillet

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Après avoir vécu une vague successive de (dé)(re) confinements, qui aurait pu imaginer une seule seconde qu'il serait un jour possible de se rincer à nouveau les portugaises comme au bon vieux temps ? Pas grand monde !

Pourtant les organisateurs du LaSemo y ont cru jusqu’au bout et déployé des moyens (in)humains pour perpétuer ce qui fait le fleuron du parc du château d’Enghien depuis toujours : de la musique, de la culture et surtout de la curiosité.

Rebaptisé pour l'occasion ‘Ceci n'est toujours pas LaSemo’, le festival a de nouveau mis en pratique ses principes de développement durable. Ainsi, outre le tri des déchets, on récupère aussi le fruit des entrailles déposé délicatement dans les toilettes sèches (NDR : pas besoin de faire un dessin) pour nourrir les légumes du jardin de bobonne. On demande aussi aux festivaliers ne pas fumer dans les espaces publics (en plein air). Une première en Europe paraît-il ! Ou encore, on préfère la récupération du vieux mobilier et des tourets dispersés çà et là, sur le site, histoire de boire son godet en toute tranquillité. Parfois sur un ton décalé et rempli de bonne humeur.

A l’instar des années précédentes, toute une série de stands permettront aux parents de chiner en toute quiétude en attendant que bambin termine son petit tour de tourniquet avec, pour seul moteur, la seule force d’une paire de guibolles.

Quand on vous dit durable, il ne s'agit pas d'un doux euphémisme.

Parka trop grand et pantalon trop court, l’inimitable et incontournable JeanJean est prévu dans le casting. Le géant givré de service est chargé d’introduire avec humour et légèreté les artistes. Et la verve qui le caractérise est demeurée intacte.

Mesures sanitaires oblige, afin de contenir un maximum de festivaliers, la programmation a été établie en demi-journées identiques.

Un festival mi-figue mi-raisin donc puisque les pluies diluviennes qui se sont abattues ces dernières heures ont fait craindre le pire. De la boue et de grosses flaques d'eau parsèment le parcours et il faut faire des pas de géant pour atteindre sa cible. Ce qui ressemble presque à un décor de film post-apocalyptique.

La programmation est une fois de plus relativement éclectique. Il est 17 heures, lorsque votre serviteur passe le traditionnel portique de sécurité. Cette année, plus aucune fouille n’est permise. Ce qui n’est pas pour autant très rassurant.

La fournée d'avant-midi vient de quitter le parterre, laissant place à quelques centaines de nouveaux spectateurs venus se délecter de l’affiche.

Nicolas Michaux est fin prêt à grimper sur les planches de la Guinguette, un espace joliment décoré de palettes et de vieux vinyles.

Quelques courageux rafistolent le toit de la baraque en y posant une toile de manière à rendre imperméable l’endroit, tandis que d’autres s’évertuent à chasser l’eau du sol à l’aide d’une raclette.

L'ex-chanteur d’Eté 67, une formation qui a sévi de 1998 à 2002, est venu défendre son second album solo studio, « Amour Colère », un opus qui s’inscrit parfaitement dans la lignée parfaite des années 60-70.

Nico est soutenu par deux comparses. Ses soldats amoureux comme il aime les appeler.

Tout en soignant ses arrangements et étalant une dextérité sur sa gratte à faire frémir, celui qui se partage entre le Danemark et la Belgique, interprétera durant près d'une heure des chansons tantôt en français, tantôt dans un ‘franglais’ impeccable et amusant, une série de compositions empreintes de candeur, de douceur et de fraîcheur, dans un style qui oscille entre pop et folk.

D’une voix timorée, le chanteur survole autant les titres de son dernier bébé que ceux du précédent opus, « A la vie, à la mort », sur fond de déclinaisons dichotomiques de la vie (l’amour, le déchirement, etc.).

Plutôt nonchalant et la plupart du temps la bouche ouverte (voulait-il gober les mouches ?), on ne peut pas dire que le gaillard se soit évertué à mettre une ambiance de feu. De l’amour, oui, mais pas une once de colère.

Bien que sa prestation soit quelque peu maniérée, elle a été avant tout réussie, se reposant surtout sur des accords de cordes, sensibles et délicats.

Un bon moment de partage d’une musique de qualité reflétant une finesse dans l’écriture. De quoi rappeler un certain Dominique A dont il pourrait être le parfait héritier...

Que demander de plus ?

Direction la grande scène, derrière l'édifice du château pour entendre une jeune demoiselle, subtilement rebaptisée pour la circonstance ‘L'Impératrice’.

Impliquant 6 membres –Charles de Boisseguin (clavier), Flore Benguigui (chant et texte), Hagni Gwon (claviers), David Gaugué (guitare basse), Achille Trocellier (guitare électrique) et Tom Daveau (batterie)– ce groupe atypique se nourrit clairement de pop chic, d’électro débridée, de french touch et de disco/funk cosmique à coloration 70’s.

Non seulement la gonzesse s'est affublée d'un accoutrement à la Star-Trek, mais elle arbore une chevelure de couleur bleue, telle une Schtroumpfette des temps modernes.

Révélé au grand public par un troisième Ep intitulé « Odyssée », le sextuor embarque immédiatement le public à bord de son vaisseau spatial où les sons disco, funk et groove se succèdent pour le plus grand bonheur des popotins qui trouvent là un bon moyen de s'exprimer chacun derrière sa chaise. Ambiance post-nuke on vous le disait.

Le groupe est venu défendre les couleurs de son nouveau joujou, « Tako Tsubo » (une expression japonaise ‘pièce à poulpe’ signifiant ‘le syndrome des cœurs brisés’) qui marque un tournant dans sa direction artistique post-nuke. Manifestant un sens de l’érotisme décomplexé, les musicos s’appuient sur des synthés rétros, des cuivres chaloupés et des percussions tribales. Et vu l’approche très Frech touch de l’expression sonore, la filiation avec le défunt Daft Punk est inévitable.

Taillé pour le live, le band n’hésite pas à balancer ses tubes (« Peur des filles », « Hématome »), tout en proposant des textes à l’esthétisme léché et visionnaire.  

En naviguant entre mystère, féminité et l'élégance, L'Impératrice ressemble finalement à son avatar.

Les quatre joyeux lurons de La Rue Kétanou embraient. Dès les premières notes, on se rend compte que les chansons seront festives, mais aussi réalistes et engagées très second degré.

Si la liberté de ton et d'expression y est, ce n’est pas du tout la tasse de thé de votre serviteur qui préfère profiter de l’offre proposée par la poignée de food-trucks dispersés sur la plaine.

Retour à la Guinguette pour y découvrir La Yegros, combo menée de front par la grande et plantureuse Mariana Yegros, chanteuse argentine originaire de Buenos Aires.

L’estrade est jonchée de (fausses) plantes qui laissent planer une (fausse) impression d’être plongés dans la jungle.

A l’arrière-plan, une nana un peu rondelette siège derrière les fûts.

Accusant un accent à la Cristina Cordula, la donzelle entame tout de go un show rythmé par des musiciens dont la joie communicative et l’insouciance reflètent bien le tempérament sud-américain…

D’ailleurs les compos sont issues d’un mélange subtil entre différentes influences latino-américaines ; de la cumbia au chanamé, en passant par le carnavalito, la Yegros a le chic pour dégripper les corps les plus rouillés, même si cette musique est plutôt répétitive et finalement sans grand relief.

Son énergie folle, sa liberté de ton et d’action irradie les plus léthargiques. Mais bon, il faut vraiment apprécier ce style pour s’en s’imprégner.

Hormis le plaisir des yeux face à la sensualité de ces corps en mouvement, la prestation n’apporte pas vraiment de plus-value à la soirée.

Malgré les paillettes et l’ambiance festive, il est sans doute plus opportun de regagner ses pénates que de rester les yeux écarquillés devant une telle plastique.

Mais comme le trio invite au lâcher prise –et y parvient– de concert restera, selon les spectateurs présents, comme l'un des plus stimulants de cette édition sur le plan festif.  

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Organisation LaSemo     

Les Nuits Botanique 2020 : dimanche 11 octobre

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Suite à la pandémie du corona, l’édition 2020 des Nuits Botanique a été postposée au mois d’octobre. En outre, les concerts prévus sous le chapiteau ont été reprogrammés en plein air, sur un podium baptisé ‘Scène Parc’. Les spectateurs doivent prendre place sur des sièges laissant un espace vide entre chaque bulle. Sous cette configuration, toutes les places seront occupées. Dehors, il pleut et la température est plutôt froide. Heureusement, il y a de la musique pour réchauffer les cœurs. Et puis, on peut se lever et danser sur place tout en gardant son masque…

C’est la dernière soirée à laquelle votre serviteur assiste, dans le cadre des Nuits Botanique.  A l’affiche : Sage Comme Des Sauvages et en supporting act, Kùzylarsen.

Power trio infernal, Kùzylarsen a choisi le nom de famille de Mathieu Kùzylarsen, comme patronyme. Mathieu se charge de l’oud électrique et du chant. Il est soutenu Alice Vande Voorde à la basse et Julieta au beatbox. Ces deux dernières participent également aux vocaux. Interprétées dans la langue de Molière, les chansons parlent de la condition humaine, mais aussi d’amour et de sensualité. Julieta pratique le human beatboxing (Trad : boîte à rythmes humaine), technique qui consiste à créer de la musique en imitant des instruments, le plus souvent des percussions, uniquement avec la bouche). Cette pratique est fascinante et c’est d’ailleurs Julieta qui focalise toute l’attention du public. L’oud entretient un climat arabisant au concert. A l’instar de Juicy, Mathieu, dont le discours est engagé, dédie une de ses chansons à l’ex-secrétaire d’Etat à la migration, Théo Francken, pour ses accointances avec les partis néo-nazis. A l’issue de la prestation, la foule va réserver une véritable ovation à Kùzylarsen. Pas étonnant qu’il ait été récompensé dans la catégorie chanson française aux derniers Octave de la musique.

Setlist : « Le long de ta douceur », « Clarisse », « Le château vide », « Fils de tous », « La luciole », « 30 ans de voyage », « Fer de Lance », « Plus personne ne chante ici » (en version exceptionnellement ‘a cappella’).

Place ensuite à Sage comme des Sauvages, un duo réunissant Ismaël Colombani et Ava Carrère. Lui est Corso-belge et militait au sein du combo noisy expérimental Vitas Guerulaïtis. Franco-Américaine, elle est diplômée des Beaux-Arts et a fourbi ses armes dans le monde du cabaret à Berlin. A l’actif de ScdS deux albums, « Large La Peau », paru en 2015 et « Luxe Misère », en mars de cette année. Nourri d’humour noir et de rêves exotiques, l’imaginaire du tandem s’est depuis enrichi de rencontres aux quatre coins de la francophonie.

Une estrade est dressée sur le podium, à gauche, pour le percussionniste ; et une autre à droite pour le tandem infernal. Derrière eux on remarque la présence d’un rack sur lequel sont posés deux grattes semi-acoustiques, un oud, un bouzouki et un ukulélé.

Ils sont tous les 3 coiffés d’une couronne de roi épiphanique. Elle est vêtue d’une robe brune à paillettes et lui a enfilé un t-shirt à l’effigie d’une tête de loup et une sorte de smoking fantaisiste à queue de pie…

Le concert démarre en trombe par « Mon Commandant ». On ressent immédiatement de la sympathie pour ces musiciens. Le sourire radieux et les yeux pétillants d’Ava ne sont pas étrangers à cette impression. Parfois, elle me fait penser à Bianca Casady (CocoRosie). Le duo se partage le chant. Ismaël balance ‘Bruxelles vous êtes belle’. Puis ajoute ‘Vous êtes beaux, masqués’. Dynamisé par les percus, « Rouge Colère » baigne au sein d’un climat africain. Tout comme le tribal « Les Oiseaux Parents ». Les singes déboulent de la forêt tropicale et crient à tue-tête.

La musique est le fruit d’un savant cocktail entre chanson urbaine et percus tribales, où se mêlent joyeusement maloya, calypso et rebétiko (une musique issue du répertoire populaire grec). Hormis celle en cajun (« Panier su la tête »), toutes les compos sont interprétées en français. Les textes sont à la fois beaux et imprévisibles, poétiques et pertinents.

Tout est prétexte à nouer le dialogue avec le public. Le combo n’en oublie évidemment pas son single « Inattendu » (?!?!?). En général Ismaël se charge de l’ukulélé, parfois des autres instruments à cordes et Ava, assise, du tambourin marocain. Ava ne l’abandonne que pour 2 chansons afin de se consacrer à la gratte semi-acoustique…

Et à l’issue du set, le trio va nous accorder « Yassou Evropi », en rappel. A revoir, assurément !

Setlist : « Mon commandant », « Rouge Colère », « Inattendu », « Panier su la tête (Alain Peters) », « Les oiseaux parents », « Les Angoisses », « Lailakomo », « Garçon », « De L'eau », « Le goût de la fumée », « Luxe Misère »

Rappel : « Yassou Evropi »

Sage Comme Des Sauvages + Kùzylarsen

(Organisation : Le Botanique et FrancoFaune)

Les Nuits Botanique 2020 : mardi 6 octobre

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Suite à la pandémie du corona, l’édition 2020 des Nuits Botanique a été postposée au mois d’octobre. En outre, les concerts prévus sous le chapiteau ont été reprogrammés en plein air, sur un podium baptisé ‘Scène Parc’. Les spectateurs doivent prendre place sur des sièges laissant un espace vide entre chaque bulle. Sous cette configuration, toutes les places seront occupées ; et comme votre serviteur débarque assez tôt, il s’installe au premier rang. Dehors, il pleut et la température est plutôt froide. Heureusement, il y a de la musique pour réchauffer les cœurs. Et puis, on peut se lever et danser sur place tout en gardant son masque…

En juin 2017, les Parisiens Théo Cholbi (chant) et Florian Serrain (bassiste) fondent Süeür, une sorte de créature sonique explosive. Un an et demi plus tard, le batteur Léo Goizet rejoint le tandem. Eponyme, son premier elpee est paru en janvier dernier. Pourquoi 2 trémas sur les ‘u’ du patronyme ? Parce que lors d’une fête de la musique, il faisait encore 38 degrés, à 21h00…

La musique du trio mêle post-punk, drum & bass, noise, techno et hip-hop, un rap underground qui dresse constamment des passerelles entre la scène francophone (Vald, Fianso, Damso, Booba) et yankee (Ho99o9, XXXTENTACION, Death Grips, …) Death Grips surtout ! Issu de Sacramento, il agrège rap ténébreux et névrosé au punk.   

Avant de monter sur le podium, les baffles crachent de la musique signée Hollywood Undead. Et l’idée est judicieuse.

Constituée d’un drummer et d’un bassiste, la section rythmique est particulièrement dynamique. Le son est puissant et truffé d’électronique générée par un ordinateur et un MPD placé devant le drummer.   

Déchaîné, le chanteur se déplace constamment et pose ses textes incisifs avec une grande précision, des paroles qui s’inspirent de Rimbaud, Booba, Brel, de dialogues de cinéma et de la vie de tous les jours…

Pendant « MTM (Sur Ma Vie) », morceau paru en single avant la sortie de l’album, il déclame : ‘Manger des morts ou vomir des vivants. Ça veut pas dire grand-chose mais ça nourrit ma prose’. Ce qui se traduit pour Théo par ‘Viens partager ta peine avec moi’. Les textures sonores syncopées et profondes rappellent alors Massive Attack et Nine Inch Nails. Süeür, pour les rappeurs, c'est du rock. Et pour les rockeurs, c'est du rap…

Un set littéralement incendiaire !

Setlist : « Pleure », « Ride To Paris », « Petit Jack », « Malfamée », « QLL », « MTM (Sur Ma Vie) », « Peut Être », « En Equilibre », « Coupe Moi ».

Glauque réunit Louis Lemagne et Aaron Godefroid au chant, Baptiste Lo Manto aux claviers et à la batterie, Aadrieian Montens à la guitare et aux claviers et Lucas Lemage, également aux claviers. Encensé par la critique, le collectif namurois est également très apprécié en Wallonie. Faut dire que dans le style, c’est sans doute ce qui s’y fait de mieux. A son actif, deux Eps, parus pendant le confinement : « Glauque » et « Réécriture ».  Glauque c’est d’abord un style hybride, instinctif, qui évolue entre la rage du rock, le côté frontal du rap, les rythmes entêtants de l’électro, invitant parfois des sonorités très métalliques et industrielles ; mais aussi et surtout des textes singuliers, poétiques, parfois névrosés, mais résolument contemporains. Une musique chargée de nuances, subtile, qui reflète bien son époque.  

Il y a du matos sur les planches dont un piano à queue qui sert lors des deux premières chansons. Les interventions aux ivoires sont précises et délicates. Il faut se réveiller ! C’est le début de la compo interprétée en slam à la manière d’un Grand Corps Malade au sommet de son art. Après un départ lent et paisible, les événements se précipitent ensuite. Toujours slammé, « Vivre r2 » se révèle un peu plus électro. Une électronique qui va progressivement envahir l’expression sonore, tout en se mêlant au rap. On aura même droit à de la techno !

Le light show est impressionnant. Le band n’oublie pas « Robot », le single qui l’a fait connaître. Le refrain de « Vivre » est scandé en chœur par la foule debout (‘On est tous voués à vivre’). Les deux chanteurs arpentent les planches de long en large. Les musicos dansent sur place. Parfois Glauque me fait penser au groupe bruxellois Glù…

Et le concert de s’achever en forme d’apothéose par « Deuil ».

Setlist : « Plane r2 », « Robot r2 », « Vivre r2 », « Ego », « Venaire », « Personally », « Will I Be », « Vivre », « Robot r1 », « ID8 r1 », « Plane r1 », « Deuil »

Glauque + Süeür

(Organisation Botanique)

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Les Nuits Botanique 2020 : dimanche 4 octobre

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Suite à la pandémie du corona, l’édition 2020 des Nuits Botanique a été postposée au mois d’octobre. Ce soir, pour accueillir River Into Lake soutenu par un quatuor à cordes ainsi qu’Offo Vrae, la salle de l’Orangerie est en configuration assise et peut accepter 150 personnes. C’est une formule qui plaît à votre serviteur, même si le port du masque obligatoire finira par devenir pénible au fil de la soirée.

Offo Vrae, c’est le nouveau projet de Jawhar Basti. Une nouvelle création qu’il a décidé de chanter dans la langue de Molière et non plus en arabe, et pour laquelle il a reçu le concours du producteur et arrangeur Lennart Hendels.  

Jawhar monte sur le podium vêtu d’une jupe-culotte marron et d’un pull brun foncé. Il porte un collier rouge autour du cou et sa tête est surmontée d’un turban de couleur bordeaux.

Jawhar raconte des histoires chargées de spleen qui parlent de devenir étranger à toutes les rives quittées pour un refuge ultime. Du rêve d’une pergola. D'un balcon qui donne sur la mer. D’une maison que frôle un sable doré. D’un corps qui ne ferait qu’un avec une forêt. Une véritable incitation au voyage. Un set léger et parfaitement maîtrisé au cours duquel, pour deux compos, il reçoit le concours de Yannick Dupont au synthé, qui leur instille quelques petites et délicates touches électro.

Setlist : « Si Ivre », « Souvenir de demain », « En chemin », « L’arabe de vos guerres », « Ces Ombres », « Oh », « Sein Masculin », « Blow », « Pergola »

Boris Gronemberger est loin d’être un inconnu. Non seulement il a apporté sa collaboration à Girls in Hawaii, Françoiz Breut, Castus et le duo Blondie Brownie, mais a surtout drivé V.O. pendant une quinzaine d’années, band bruxellois qu’il a finalement rebaptisé River Into Lake. Et dont le premier elpee, « Let the beast out », est sorti en septembre 2019. Un opus de pop orchestrale combinant malicieusement mélodies pop acérées, harmonies complexes et sonorités héritées des 70’s.

Boris se charge des claviers et des guitares. Il est soutenu par une section rythmique montée sur une estrade constituée de Franck Baya (Cloe du Trèfle, Sarah Carlier, Fugu Mango) à la batterie et de Frédéric Renaux (Coffee Or Not) à la basse et aux claviers. Mais aussi d’une préposée au glockenspiel et au saxophone (Aurélie Muller), d’un claviériste/trompettiste, d’un guitariste et d’une section à cordes (trois violonistes et un violoncelliste).

Et ce sont ces cordes qui vont donner une remarquable dimension au concert.

Paradoxal, mais le drumming de Franck est à la fois sauvage et particulièrement technique. A l’avoir vu en ‘live’, à plusieurs reprises, au sein de différents projets, il est manifeste que ce musicien est un prodige des baguettes.

Elaborées sous la forme de montagnes russes, les mélodies sont raffinées. Les duels entre les différents instruments sont permanents. Le spectre de Grizzly Bear plane. Celui de Beirut également, lorsque les cuivres s’enflamment et supplantent momentanément les cordes généreuses. Mais aussi du Pink Floyd, lors des longues envolées instrumentales. La musique pénètre alors dans une sorte de prog/rock souligné par des harmonies vocales parfois délirantes, dans l’esprit de Dave Penny (Archive). Mais une expression sonore qui tout en évoluant entre seventies et eighties, est très susceptible de virer au shoegaze, au jazz, à la pop classique et à la musique de chambre, tout en conservant une forme contemporaine.

Les neuf petites perles présentées ce soir constituent autant d’hymnes à l’amour, à la vie et à la beauté de l’univers dont la plupart d’entre nous s’écartent un peu plus chaque jour.

Un excellent concert à voir et à revoir…

Setlist River Into Lake

“The book on your chest”, “Far from knowing”, “Misunderstanding”, “Let the beast out”, “Downstairs”, “Between”, “Fiberglass”, “Dig your own way”, « Devil's hand »

River Into Lake (String Quartet) + Offo Vrae

(Organisation : Botanique)

Songe d’une nuit BW 2020 : dimanche 19 juillet

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Le cadre est magnifique. Les trois scènes ont été installées à des endroits différents, mais en prenant soin de préserver le coup d’œil sur les étendues d’eau des carrières, considérées comme formant un des plus beaux sites de Wallonie. Eclairé, le parcours réunit des groupes de 50 spectateurs accompagnés par des guides bénévoles. Un petit trajet de 1 200 mètres qui longe le haut de la carrière afin d’accéder aux 3 scènes. La distanciation sociale est très bien respectée. Pour une première organisation, c’est vraiment parfait et chaque équipage est complet. Un équipage constitué de 3 ou 4 artistes qui joueront chacun à 5 ou 6 reprises des sets de 30 minutes.

Noah Moon est la première artiste programmée. Votre serviteur suit attentivement son parcours depuis plus ou moins dix ans. Elle se produit, en général, au sein d’un trio. Aujourd’hui, elle est soutenue par un drummer (NDR : un nouveau !) et la claviériste Laetitia Collet. Et elle se sert d’une gratte semi-acoustique. Le podium est entouré de fleurs et de roseaux. Manifestement, Manon est boostée par cette opportunité de pouvoir rejouer devant du public, après 4 mois de confinement, une période au cours de laquelle, pour ne pas perdre la main, elle avait accordé de petits concerts intimistes, relayés par les réseaux sociaux.

« Alive » ouvre le set. Allègres et sautillantes, les sonorités électro/pop sont stimulées par de généreuses percus. Souriante, jolie, épanouie, Manon a toujours le (petit) mot pour (sou)rire. Ivoires et percus entretiennent le climat paisible mais chargé de feeling de « Found Me ». Il faut dire que la voix Manon s’adapte aisément à cette atmosphère empreinte de quiétude. Un filet de sonorités semi-acoustiques amorce « Paradise », avant que la plage nous entraîne vers celles, plus ensoleillées, de Kingston. Le soleil est au rendez-vous, mais il y manque le sable et la délicatesse des embruns marins. Mid tempo, « Sparks » évolue au rythme synthétique d’un cheval au trot. Après « Run », le plus acoustique « At Last We Tried » retrouve une certaine forme de sérénité. Et en guise de rappel, « Now » clôt ce concert qui a mis du baume au cœur de votre serviteur, même si Manon n’a pas interprété de nouvelle compos…

Setlist : « Alive », « Found Me », « Paradise », « Sparks », « Run », « At Last We Tried », « Now »

Direction seconde scène que Juicy squattait vendredi. Lubiana est venue nous présenter de larges extraits de son Ep éponyme. Découpé en 5 pistes, il est paru en avril dernier. Elle compose, chante et se sert d’une kora, un instrument de musique à cordes originaire du Mali que l'on trouve dans toute l'Afrique de l'Ouest. Agée de 26 ans, cette jeune Belgo-camerounaise est considérée comme la nouvelle sensation de la scène musicale belge. A cause de deux ses deux premiers singles, « Self Love » et « My Man Is Gone », et de son style qui mêle pop, soul, jazz et world. Elle avait fait forte impression lors de sa prestation, dans le cadre du festival Esperanzah, il y a deux ans ; mais également en première partie de Youssou’n’Dour, au Palais 12.

Avant d’entamer son set, elle raconte que dans son pays, la kora est réservée aux griots qui ne sont que des hommes. Ce sont les poètes et les chantres de l’Afrique de l’Ouest.

Plutôt imposant, cet instrument est posé en hauteur, sur un support, afin qu’elle puisse en pincer les 10 cordes. Epreinte de douceur, la compo est interprétée en solo. Un titre soul, qu’elle chante aussi bien en anglais qu’en dialecte camerounais. A partir du deuxième morceau, elle est rejointe par un préposé aux synthés et IPad. Elle n’en n’oublie pas son hit « I Think ’bout You », un morceau dont les percus électroniques vont faire grimper la température ambiante. En symbiose avec la foule et tout en pinçant les cordes de sa kora, elle lui demande de participer au refrain de « Sunday Last ». Satisfaite, elle le remercie en le qualifiant de lumineux…  

Setlist : « Break Free », « Self Love », « I Think ’bout You », « Sunday Last ».

Le grand podium est réservé, aujourd’hui, à Sarah Carlier. Encore une artiste que votre serviteur soutient depuis plus d’une décennie. Comme d’habitude, la trentenaire a revêtu sa large chemise marocaine. Elle est, bien sûr, épaulée par d’excellents musicos. En l’occurrence le gratteur Yannick Werther (Selah Sue), le bassiste/claviériste Clive Govinden, le programmateur Fabrice Blin et un nouveau drummer qui remplace Boris Tchango, dont le kit a de quoi impressionner.

Sarah ne va pas nous proposer de nouveaux morceaux, mais des versions revisitées d’anciens titres. Soit à la sauce électro/pop. Pas étonnant que le claviériste tire son épingle du jeu. Clive joue de sa basse en slap et tapping. Toujours aussi inspirée par Richie Havens son idole, Sarah s’autorise une cover du regretté New-yorkais. Sa gratte semi-acoustique, Sarah ne va s’en servir que lors du troisième et quatrième set, soit en fonction du répertoire proposé. Bref, une bonne petite répétition générale post covid 19…

Setlist : « Big Planet », « Nation Of Love », « Watch Tower », « Deep Down », « My Dear ».

Organisation : Inc’ Rock BW + Festival Songe d’une Nuit BW + Le Coup de Pouce ASBL

Sarah Carlier + Lubiana + Noa Moon

Songe d’une nuit BW 2020 : vendredi 17 juillet

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Le cadre est magnifique. Les trois scènes ont été installées à des endroits différents, mais en prenant soin de préserver le coup d’œil sur les étendues d’eau des carrières, considérées comme formant un des plus beaux sites de Wallonie. Eclairé, le parcours réunit des groupes de 50 spectateurs accompagnés par des guides bénévoles. Un petit trajet de 1 200 mètres qui longe le haut de la carrière afin d’accéder aux 3 scènes. La distanciation sociale est très bien respectée. Pour une première organisation, c’est vraiment parfait et chaque équipage est complet. Un équipage constitué de 3 ou 4 artistes qui joueront chacun à 5 ou 6 reprises des sets de 30 minutes. C’est un peu court, mais le showcase est d’autant plus captivant. De quoi espérer une prochaine édition en 2021. Dix-huit artistes belges vont se succéder sur les quatre podiums pendant trois jours. Blanche remplace Saule au pied levé. Il s’est blessé au pied. Le soleil est au rendez-vous. Quoi de mieux pour espérer une superbe rentrée musicale des festivals intimistes

Le premier podium est planté au milieu des fleurs et laisse apparaître, en arrière-plan, des roseaux. Elodie Delvaux, aka Blanche, va s’y produire. D’origine namuroise, la jeune fille s’est révélée lors de sa participation à la saison 5 du ‘télécrochet’ The Voice Belgique, en 2016, alors qu’elle n’avait que 16 ans. Elle a également été sélectionnée pour représenter la Belgique, lors de l’édition 2017 du concours Eurovision, qui s'était déroulé à Kiev, et au cours duquel elle avait interprété « City Lights », une chanson écrite par Pierre Demoulin, le chanteur et leader du band liégeois Roscoe. Elodie avoue ne pas être habituée à se produire en mode piano/voix. Elle est généralement accompagnée d’un groupe. Elle demande un autre siège et de l’aide afin que le synthétiseur soit à la bonne hauteur. Timide, elle signale qu’elle doit encore regarder son clavier et sentir ses doigts parcourir les ivoires. Sa voix est douce et mélodieuse. De son répertoire, elle a choisi cinq extraits de son premier album « Empire », paru en mai dernier. Elle ouvre son set par le titre éponyme de son elpee. Si le morceau est ténébreux, sa voix est cristalline, et sa montée en puissance dans les aigus est impressionnante. Une compo empreinte de mélancolie qui évoque une certaine Lanna Del Rey. Hymnique, « 1.2. Miss You » traite du manque d’affection et de la perte d’un être cher. Blanche s’épanche avant d’attaquer « Only You ». Elle aime bien être seule, mais le partage est quelque chose de primordial. En version dépouillée, donc sans percus et électro, les émotions sont davantage palpables. « Moment » parle de la vie au présent. Il faut essayer d’oublier ses doutes et ses peurs. On doit apprendre à se laisser vivre et à profiter du moment présent… Elle accorde un encore sous la forme d’une reprise de London Grammar. Blanche est programmée comme artiste ‘découverte », ce 11 septembre à l’AClub.  

Cap vers la seconde scène où nous attend le duo Juicy. Sasha et Julie sont en pleine forme et impatientes de retrouver le ‘live’ après ce long confinement. La setlist prévoit 5 chansons. Montée sur ressorts, Sasha met d’emblée le feu aux poudres. Dans sa danse folle, elle laisse tomber son I-pad placé au-dessus de ses claviers. Lors d’un concert de Juicy, il se produit toujours un incident technique. Ce qui rend finalement chaque prestation différente. Après « Seed And Ride », le tandem attaque « Mouldy Beauty ». C’est au tour de Julie d’être perturbée. La cymbale est tombée sur les planches. On n’y voit pas grand-chose, mais le show est plaisant. Le public est chaud-boulette et la pression monte encore d’un cran. Les filles esquissent un pas de danse et certains spectateurs se mettent également à leur emboîter le pas. D’autant plus que l’entraînant « Mama Told Me » dynamite littéralement l’assemblée. Sasha néglige la guitare, ce soir. Mais votre serviteur est aux anges, puisqu’on lui réserve « La boulette » de Diam’s. Rien que pour lui ! Et puis, par gourmandise, il va assister à un second set de Juicy. Sans la moindre anicroche côté matos. Un concert particulièrement vitaminé. Partout ou Juicy passe, le public est incapable de rester de glace. Juicy se produira le 3 octobre 2020, dans le cadre des Nuits Botanique, accompagnée de 23 musiciens. Les places sont limitées. A l’issue du set, les filles ont confié être heureuses d’avoir pu retrouver les planches, et que cela faisait un bien fou…

Setlist : « Seed And Ride », « Mouldy Beauty », « What You Can’t Confess », « Mama Told Me », « Count Our Fingers Twice ».

Le troisième podium est plus grand. Il est réservé à Balimurphy pour 30 minutes de démonstration. Le line up réunit le drummer Mathieu Catala, les deux gratteurs François Delvoye et le barbu chantant Cédric Van Cailli, sans oublier le contrebassiste Rodolphe Maquet et le claviériste/violoniste Martin Lauwers.

Depuis 1999, cette formation bruxelloise est parvenue à créer un univers bien personnel, grâce à des textes signés Catala et Delvoye et la musique, Cédric Van Caillie. En un peu plus d’une décennie, elle a acquis une solide expérience scénique en se produisant aussi bien en Belgique, qu’à l’étranger, tant sur de petites scènes, que lors de grands festivals. A ce jour, elle a gravé 5 elpees, dont le dernier, « Nos voiles », est paru en 2017.

« Echos » ouvre la prestation tout en douceur. Progressivement, les percus s’incrustent alors que d’abord vaporeuses, les sonorités traitées à la slide s’autorisent des envols plus sauvages. Harmonieuse et talonnée par des accords de gratte semi-acoustique, la voix de Cédric vous prend aux tripes. Il ne manquait plus qu’une seconde, mais féminine, pour le soutenir.

Le vocaux se révèlent de nouveau superbe tout au long de « Je Reste Là », une compo qui nous entraîne jusqu’en Afrique…  

Le contrebassiste tire son épingle pendant « Plus Belle Sans Moi », un morceau au cours duquel la foule reprend les ‘la la la’, en chœur.  

Les cowboys traversent les grandes plaines de la Wallifornie, tout au long de « Le Calendrier ». Les accords de piano sont sautillants. Un regret, quand même : l’absence de cuivres.  

Poussé par une légère brise marine aux embruns délicats, « Nos Voiles » se dressent sur l’embarcation qui flotte au-dessus de la mer.

Et en finale, « Plus Belle Sans Moi » s’achève dans un climat paisible, à la limite du recueillement…

Setlist : « Echos », » Je Reste Là », « Le Calendrier », « Nos Voiles », « Plus Belle Sans Moi »

Balimurphy + Juicy + Blanche

Organisation : Inc’ Rock BW + Festival Songe d’une Nuit BW + Le Coup de Pouce ASBL

Gogolfeest 2020 : vendredi 31 janvier

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Le Gogolfeest est un festival organisé par Gogolplex, une structure qui compte 10 années d’existence. Elle propose de venir fêter cet événement, en famille, au Recyclart (rue de Manchester à Molenbeek), car le VK est en réfection pour 24 mois. Tous les bénéfices seront reversés à la fondation Gogolplex Vidéo qui contrôle le financement du développement artistico-culturel bruxellois dans la capitale européenne. Pour cette année, le festival est partagé entre concerts et Dj sets, mais, festivités oblige, la consommation de boissons et saucisses est également au menu gastronomique. Sans quoi, à l’affiche musicale figure Stikstof, Juicy, Témé Tam, Les Pandores et parmi les Djs, Vega, YZ, Franco Néro, New Smile, Deer Pony et Alvarez. Mais votre serviteur s’est avant tout déplacé pour Juicy et Témé Tam.

Témé Tan entame les hostilités à 20 heures. C’est le projet de Tanguy Haesevoets. Né quelque part entre Kinshasa et Bruxelles, il a été bercé par les rythmes africains, au cours de sa jeunesse. On l’avait découvert en première partie du duo cubain Ibéyi, à l’Ancienne Belgique. Une prestation décevante, il faut le reconnaitre. En fait, il était venu seul avec ses machines. Ce soir, il est soutenu par trois musicos. En l’occurrence Maï Ogawa aux synthés (Alec et les Japonaises), Mathieu Vandermolen à la basse et la guitare ainsi que Gérard Dubru aux percussions. Les vêtements de ces derniers sont de couleur rouge, alors que Tanguy a opté pour le brun et le gris ; mais ce sont ses chaussures qui focalisent les regards. A leur disposition, il y a pas mal de percus africaines, mais également un ukulélé, une mini-guitare électrique et une semi-acoustique.

La formation est installée en carré au milieu de la fosse, jute devant la table de mixage. Elle rôde ce set acoustique depuis deux bons mois. Il s’agit d’ailleurs de la quatrième prestation sous cette configuration. Tanguy chante sans micro, et se sert d’une gratte, d’un ukulélé, de percus et d’un mpd. L’instrumentation ondule en sourdine, lorsqu’il pose sa voix sur ses chansons. Le set s’ouvre par une nouvelle composition. Précieuse, indolente et atmosphérique. Moment au cours duquel on entendrait presque une mouche voler. Outre 5 titres inédits, il va interpréter, sous une forme plus lente et unplugged, ses tubes « Se Zwa Zo », « Améthys », « Ça va pas la tête ? » et « Matiti », un morceau qui clôt un set captivant, au cours duquel il a permis à notre esprit de voyager entre le Congo et le Brésil, en passant par les Antilles, à travers sa tropical pop, qui plonge ses racines dans la world music et le groove africain, et qu’il épice de nu-soul, de funk, de hip hop, de zouk et de rumba…

Place ensuite à Juicy. Sasha Vovk et Julie Rens forment ce duo explosif, déjanté et un peu féministe. Un premier opus est en préparation et de larges extraits devraient être révélés le 28 avril prochain, dans le cadre des Nuits Botanique…  On annonce même 23 musicos sur les planches, pour cette soirée !

Dans une mise en scène sauvage et désinvolte, les filles font leur entrée, vêtues de pantalons blancs à franches, bodys noir sexy et vaporeux. La salle est bien remplie. La foule se laisse rapidement entraîner par les rythmes hip-hop ainsi que les voix soul/r&b des deux chanteuses. Mais également leur enthousiasme, leur humour au second degré ainsi que leur gestuelle. Les filles vont nous réserver leurs inévitables déhanchements sensuels, les exercices de gymnastique avec le balancement de la jambe d’avant en arrière, la petite pique adressée à Théo Franken, un light show dominé par le rouge et le blanc, assumer une rituelle panne de matos (pied de percu électronique de Julie qui rend l’âme), afficher leur capacité à interchanger leurs instruments, et achever leur prestation par l’excellent « Count Our Fingers Twice ».

Riches, leurs compositions puisent leurs sources dans le jazz. Si la progression des morceaux surprend et déstabilise parfois, on se laisse vite emporter par les voix envoûtantes de Julie et Sasha. Seules sur scène, elles sont à l’aise sur chacun de leurs instruments, que ce soit la guitare, le piano, le synthé, ou la batterie électro… Elles s'en amusent en échangeant leurs rôles au beau milieu des titres. En totale osmose, on assiste à un spectacle coloré et à une expérience musicale de qualité. Le public est conquis comme à chaque concert des filles. On a même droit à une nouvelle compo puissante et envoûtante, « I’m The One ». Ravi votre serviteur vide les lieux avec son fils et son pote, devenus depuis, également aficionados, et prennent alors le chemin du retour, des étoiles pleins les mirettes. Vivement les Nuits Botanique!

 Setlist : « Mouldy Beauty », « Seed And Ride », « Not A Hard Nut To Crack », « What You Can’t Confess », «I Wanna, Yes, I Wanna », « Mama Told Me », « See Me Now », « I’m The One », « Count Our Fingers Twice ».

Juicy + Témé Tan

(Organisation : VK et Gogolflex)

Sonic City 2019 : samedi 9 novembre

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L’édition 2019 du festival Sonic City était particulièrement alléchante. Sous la houlette des curateurs Cate le Bon et de Shame, elle va proposer une quarantaine de groupes pendant 3 jours. Un bon millier de personnes a répondu présent le dimanche et un peu moins le samedi. Votre serviteur y était ces deux jours. Compte-rendu.

Priests avait accordé un excellent concert au Botanique en mai dernier. On espérait donc voir confirmer cette prestation dans le cadre du Sonic City. Le set s’ouvre par le single « Jesus’ son ». Belle entrée en matière ! GL Jaguar, le guitariste, est coiffé d’un chapeau de cow-boy comanche. Cheveux blond platine, chaussée de grandes lunettes de soleil, Katie Alice Greer a enfilé un top de couleur lilas aux reflets scintillants, une salopette blanc/beige dont elle laisse les bretelles retomber pour exhiber son nombril. De teinte orange, mais en latex, le top de la drummeuse, Daniele Daniele, est particulièrement sexy. Légèrement transparent, il dévoile de jolis mamelons… Mais passons au concert. Si la voix de Katie est toujours aussi radieuse, empruntant parfois les inflexions à Siouxsie Sioux voire Kate Pierson, et les envolées de gratte dispensées par GL Jaguar évoquent celles immortalisées par Tristan Garel-Funk chez Sad Lovers & Giants, les balances sont trop approximatives ; et puis le son est trop fort. En outre, les musicos semblent précipités ; et à trois reprises, la préposée aux fûts doit reprendre les morceaux au bout de quelques secondes. Cette dernière vient chanter deux titres, dont « I’m clean », un long morceau coincé entre disco et funk, pas vraiment convaincant. Et si les harmonies vocales échangées entre les deux vocalistes sont très susceptibles de rappeler les B52’s voire les Slits, on regrettera amèrement que le quatuor ne soit pas parvenu à canaliser son énergie furieuse, comme au Bota. Dommage !

Koichi Yamanoha, c’est l’ex-chanteur/bassiste du groupe japonais Screaming Tea Party. Etabli à Londres, il s’est lancé dans un nouveau projet qu’il a baptisé Grimm Grimm. Seul sur le podium, assis sur un siège, il se sert d’une gratte semi-acoustique et de bidouillages électroniques, pour dispenser un acid folk baroque, futuriste et surtout expérimental. Pourtant, ses mélodies sont soignées et les harmonies vocales sous reverb’ et dédoublées réveillent le souvenir des Beatles. C’est très agréable à écouter, éthéré dans l’esprit de Mercury Rev voire de Perfume Garden, mais au bout d’un bon quart d’heure, les compos commencent à toutes se ressembler. Pour info, sachez que cet artiste a été signé par le nouveau label de Kevin Shields (My Bloody Valentine).

En juillet dernier, Whispering Sons s’était produit dans le cadre du festival Cactus et avait laissé une impression mi-figue mi-raisin, ne parvenant pas à entraîner l’auditoire au cœur de son univers, sans doute à cause d’un environnement un peu trop mainstream. Chemisier blanc sur pantalon beige, qui contraste avec les vêtements de couleur noire des autres musicos, Fenne Kuppens, la chanteuse, ne tient pas en place tout au long du set. Elle s’agite comme un pantin désarticulé. Parfois on a même l’impression qu’elle entame un jogging. Si certaines sonorités de guitare semblent héritées de Danse Society, le spectre de Sisters of Mercy rôde régulièrement, la voix de Fenne semblant refouler sa colère, campant même le pendant féminin de celle d’Andrew Eldritch. Mais bonne surprise, les claviers infiltrent judicieusement la solution sonore et le light show colle parfaitement au climat sombre entretenu par le band. Manifestement, le post punk de Whispering Sons s’exprime beaucoup mieux en salle qu’en plein air… Anecdote, lors du dernier morceau l’alarme incendie s’est déclenchée ; ce qui a fait bien rire Fenne…

Cate Le Bon était une des curatrices de l’édition 2019 du Sonic City. Une Galloise qui compte quand même 5 albums à son actif, dont le dernier, « Reward », est paru en mai dernier. Sur scène, elle est soutenue par cinq excellents musicos, dont un drummer et quatre multi-instrumentistes qui se partagent saxophones, claviers, marimba, basse et guitares. Mais ce qui frappe d’abord, c’est la voix de Cate ; vulnérable, cristallin, son soprano évoque parfois celui de Kate Bush. Elle ne se consacre cependant pas uniquement au micro, se consacrant également et régulièrement à la gratte. Entre certains titres, elle interroge l’auditoire avec un regard noir et une expression stoïque. Et quand elle chante ‘I love you, I love you, I love you’, tout au long de « You don’t love me », on dirait qu’elle parle dans le vide. Multiforme, tour à tour minimaliste ou luxuriante, joyeusement excentrique ou furieusement irrésistible, oscillant entre folk, dub, pop, r&b, jazz, cabaret et post punk (NDR : la ligne de basse, surtout !), la musique emprunte même des accents prog réminiscents du Van Der Graaf Generator (deux saxos, cependant), et tout particulièrement lors de « Wonderful ».

En final, le groupe va nous réserver une version percutante de « What’s not mine », Cate (NDR : qui a adopté une coupe de cheveux à la Jeanne d’Arc) en profitant pour étaler toute sa virtuosité sur ses six cordes. Et un petit millier de personne est tombé, ce soir, sous son charme…

Petit détour par le club où Mega Bog se produit. Il s’agit du groupe d’Erin Elizabeth Birgy, une Américaine dont le répertoire propose des chansons nerveuses qui naviguent quelque part entre jazz, folk et indie, mais dont les morceaux s’achèvent souvent de manière impromptue. Blonde, Erin possède une jolie voix, également susceptible de rappeler Kate Bush. Et curieux, le drummer tient presque constamment un stick et un maracca dans une de ses mains, pour frapper ses fûts. Mais trop synthétique, le clavier ne colle pas vraiment au style musical. Aussi, on en profite pour aller casser la croûte…

Après avoir assisté à deux remarquables concerts, dans le cadre du festival Cactus, il y avait de quoi être enthousiaste à retrouver le Thurston Moore Band sur les planches. Il vient cependant de publier « Spirit counsel », un elpee expérimental, pour lequel il a fait appel à des tas de collaborateurs (pour la plupart des amis) dont une douzaine de guitaristes. Et bien ce soir, Thurston va nous réserver deux extraits de cet opus, « Alice Moki Jane » et « 8 Spring street », lors d’un set qui va durer un peu plus d’une heure. Le premier morceau rend notamment hommage à Alice Coltrane, maîtresse de jazz spirituelle, Moki Cherry, artiste plasticien et musicien suédois, et la poète politique Jayne Cortez, trois femmes qui se sont sans doute forgé une identité artistique singulière, en marge de leurs maris célèbres (John Coltrane, Don Cherry et Ornette Coleman, respectivement). Enfin, « 8 Spring Street » tire son nom de l'ancien discours du compositeur Glenn Branca, mentor et guide spirituel de Moore dans l’underground.

Sur les planches, Thurston est soutenu par un second guitariste (NDR : ils jouent tous les deux de grattes à 12 cordes), en l’occurrence James Sedwards, la bassiste de My Bloody Valentine, Debbie Googe, et Pete Shelley, l’ex-drummer de Sonic Youth. Et dès le départ on est un peu décontenancé par la musique proposée qui sera exclusivement instrumentale. Pete (dont la grosse caisse porte le sigle ‘The Style Council’) joue très souvent debout en se concentrant sur les cymbales, alors que les deux gratteurs tissent de longues envolées atmosphériques, psychédéliques, bourdonnantes ou mystiques, des envolées qui montent et redescendent en crescendo en alimentant une forme d’ambient très électrique qui ne néglige ni le feedback ni les longues stridulations. Les deux guitaristes glissent même des sticks à travers leurs cordes pour produire des sonorités proches d’une boîte à musique.

En fin de parcours Moore tient sa guitare horizontalement au-dessus des têtes du public en laissant ses cordes vibrer et rugir frénétiquement.  

Un set parfait, mais terriblement difficile à digérer si on n’a pas écouté l’album. En fait, Thurston est à nouveau en pleine phase expérimentale, dans la tradition la plus pure de la noisy, un peu comme aux débuts de Sonic Youth, mais aussi dans l’esprit de ses nombreuses collaborations ou aventures en solitaire. Le spectateur lambda, amateur de rock plus ou moins classique, a lui dû trouver le temps bien long…

A demain !

(Organisation : Wilde Westen)

Priests + Grimm Grimm + Whispering Sons + Cate le Bon + Mega Bog + Thurston Moore Band

Sonic City 2019 : dimanche 10 novembre

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L’édition 2019 du festival Sonic City était particulièrement alléchante. Sous la houlette des curateurs Cate le Bon et de Shame, elle va proposer une quarantaine de groupes pendant 3 jours. Un bon millier de personnes a répondu présent le dimanche et un peu moins le samedi. Votre serviteur y était ces deux jours. Compte-rendu.

On débarque juste avant le concert de Squids (NDR : traduisez calamars !) Bonne initiative de la part de l’attaché de presse chez PiaS d’avoir transmis l’Ep de cette formation issue de Brighton, sans quoi on manquait un des meilleurs moments du festival. Squids, c’est un quintet réunissant deux gratteurs dont un gaucher, un bassiste qui double à la trompette, un claviériste (NDR : encore que ces musicos sont capables de changer d’instrument en cours de parcours) et un drummer qui se charge également du lead vocal. Un fait assez rare pour le souligner, d’autant plus que ce Ollie Judge assure parfaitement les deux rôles. C’est même lui qui sert de chef d’orchestre chez le combo. Son chanté/parlé évoque tour à tour feu Mark E. Smith (The Fall), David Byrne (Talking Heads) ou encore Fred Schneider (B52’s), alors que capricieuse mais joyeuse, mais aussi envoûtante ou frénétique, voire atmosphérique et tentaculaire (?!?!?), la musique de Squids puise ses sources aussi bien dans le post punk, le jazz, la soul que le funk blanc. Et le résultat est aussi rafraîchissant qu’original. Et puis certaines interventions à la trompette s’évadent à la manière d’un Steven Brown (Tuxedomoon). Ollie vient interpréter un morceau plus paisible sans frapper sur ses fûts, mais simplement sur une cymbale, pour accélérer le tempo. Une belle salve d’applaudissements va ponctuer cette prestation particulièrement convaincante.

The Murder Capital est un autre band dublinois, responsable d’un premier album. Baptisé « When I have fears », il est paru en août dernier, un elpee chroniqué dans nos colonnes ici. Le quintet monte sur le podium : deux guitaristes, un bassiste, un batteur et le chanteur James McGovern. Le show s’ouvre par les deux versions de « Slowdance », deux morceaux relativement indolents et monochromes. McGovern secoue un tambourin, s’en sert même comme un éventail avant de la balancer dans les mains d’un roadie prêt à le recevoir en coulisses. Cheveux coupés assez courts, il a une tête plutôt patibulaire voire inquiétante. Les mains dans le dos, il regarde le sol. Quoique caverneuse, sa voix passe bien la rampe. Le bassiste, Gabriel Paschal Blake ne tient déjà pas en place et se contorsionne d’un air menaçant en exhibant son instrument. Et sa ligne de basse palpite comme un cœur atteint de tachycardie. Gémissements et crépitements de cordes alimentent « Love, Love, Love ». Le drumming de Diarmuid Brennan est aussi syncopé que celui de Stephen Morris (Joy Division). Et « For everything » trahit bien des références aux Young Gods, comme sur le long playing. « Green & blue » constitue un monolithe post punk imposant, taillé par un riff de basse puissant. Le show monte encore en crescendo tout au long de « For everything ». Mais à partir de « Don’t cling to life », la fièvre va s’emparer du band. Des mouvements de danse, puis des pogos se propagent dans la foule. Mais aussi le crowdsurfing. Le leader ouvre alors la fosse à partir de « More is less », et saute dedans pendant le final « Feeding faces ». Paradoxalement, si au fil du set les titres proposés sont devenus plus durs, ils sont restés mélodieux. D’ailleurs, de nombreux spectateurs ont repris les paroles des chansons en chœur. Un des points culminants du festival !

Setlist : Slow Dance I, Slowdance II, Love, Love, Love, Green & Blue, For everything, Don’t cling to life, More and less, Feeling faces

Corridor se produit à l’étage. Un quintet montréalais signé chez Sub Pop. Rien d’extraordinaire jusque-là, sauf que les compos sont interprétées en français. Une première pour le label ! Maintenant, en ‘live’, il faut bien reconnaître que les paroles sont un peu noyées sous le flux des instruments. Le line up réunit deux guitaristes, un drummer, un percussionniste/claviériste et le bassiste/chanteur Dominic Berthiaume ; Jonathan Robert, l’un des deux gratteurs assurant la seconde voix. Et c’est sans doute au niveau des harmonies vocales et de l’intensité des cordes électriques que reposent toute la force de ce band qui doit probablement puiser certaines de ses influences majeures chez Big Star et les Byrds. Malheureusement, les compos manquent cruellement de relief et on a parfois l’impression que tout est dispensé sur un même ton… post punk. Dommage, car ce Corridor mérite de sortir du couloir de l’anonymat…

Deerhunter est né en 2001. Issu d’Atlanta, il est considéré comme un des groupes les plus brillants de sa génération. A son compteur, 8 albums dont le dernier, “Why Hasn’t Everything Already Disappeared?”, est paru au début de l’année. Bradford Cox en est le leader. Grand, filiforme, ce n’est pas vraiment un top model. D’ailleurs, il pourrait incarner facilement un rôle dans un film de zombies. Ce soir, il porte un blouson d’aviateur, des bottillons rouges et est chaussé de lunettes de soleil roses. Elégance ne rime pas nécessairement avec décadence. Un blouson qu’il va ôter assez rapidement, tout comme ses lunettes. Il est épaulé par un claviériste/saxophoniste, un drummer, un bassiste et un guitariste. Suivant les chansons, Cox se consacre exclusivement au micro ou au chant et à la guitare. Des grattes qui peuvent vraiment se charger d’une belle intensité quand un max d’effets est injecté dans des couches délavées, pétillantes, atmosphériques, bringuebalantes ou bourdonnantes. Il dédie « Plains » à son amie Cate Le Bon, une compo qu’ils jouent d’ailleurs ensemble régulièrement. Mais pas ce soir. Il croone aussi sur les morceaux les plus lents, comme lorsqu’il s’assied un moment sur le bord de l’estrade du batteur, pour une composition acoustique, avant que cette valse accélère sous une forme, à nouveau, bien électrique. Le temps d’un morceau, le claviériste empoigne et souffle dans son saxophone, en démontrant toute sa virtuosité sur son instrument. Tout le backing group est d’ailleurs constitué d’excellents instrumentistes. Et puis, un violoniste vient se joindre au band lors d’un final dantesque, propice à la distorsion et au feedback, lors de « He would whave laughed », un hommage au regretté Jay Reatard. 1h20, finalement, c’était vraiment trop court, car le concert était vraiment remarquable.

Setlist : Death in Midsummer, No One's Sleeping, What Happens to People?,  Revival, Desire Lines, Sailing, Take Care, Futurism, Plains, Coronado, Nocturne, Agoraphobia, He Would Have Laughed

Prévenu, votre serviteur prend du recul avant d’assister au show de Shame, un combo bien punk, dans la tradition des Sex Pistols. Issu du Sud de Londres, il a la réputation d’accorder des prestations incendiaires. 

Les baffles crachent la musique du film ‘Les dents de la mer’. Le groupe débarque enfin sur les planches avec 10 minutes de retard. Charlie Steen, le chanteur, porte un costume en pied de poule, dont il va rapidement enlever la veste, puis le t-shirt, pour finir torse-nu.  Mais dès les premiers accords, c’est le délire ! Les musiciens de The Murder Capital envahissent le podium depuis les coulisses et balancent bière et eau dans le public, gobelets et bouteilles en plastique, y compris. Et certains d’entre eux le rejoignent pour lancer la première série de crowdsurfing. Qui ne va d’ailleurs plus d’arrêter avant la fin du show. Certains spectateurs se hissent sur l’estrade et replongent aussitôt dans la fosse. Le bassiste court de gauche à droite quand il ne bondit pas comme un kangourou. Et les autres musicos se démènent presque autant. Seul le drummer (cheveux longs ?) se contente d’imprimer un tempo infernal. Puis avant « The lick », Charlie saute dans cette fosse pour déclarer l’ouverture des moshpits. Quand McGovern, le chanteur de The Murder Capital, réapparaît, c’est pour monter sur la scène et rouler un patin à Steen. Votre serviteur n’a pas pris assez de recul et doit se résigner à battre en retraite, car l’effervescence dans le public gagne du terrain. 2/3 de la foule est en ébullition. Faut dire que Charlie jette littéralement de l’huile sur le feu pour activer cet incendie sonore, en invitant notamment la foule à s’approcher du podium. Il porte son pied de micro sur les épaules comme un haltérophile. Un fameux showman ! Et pourtant, malgré cette sauvagerie, certaines compos sont tramées dans de savoureux échanges de grattes électriques. En 50 années de concerts, il faut avouer que votre serviteur a rarement connu un tel chaos. Mais dans une chouette ambiance. Car il n’a engendré aucune échauffourée et a permis aux festivaliers de manifester –sans doute spontanément– leur bonheur de vivre intensément le moment présent. Bon, il doit bien y a voir quelques bleus ou dents cassées à l’arrivée ; mais les intrépides qui se sont lancés dans la mêlée connaissaient les risques. D’ailleurs, à la fin du spectacle, Steen est revenu sur le podium pour s’inquiéter d’un iPhone perdu et de quelques objets trouvés.

Setlist : Another, Niigel Hitter, Concrete, The Lick, One Rizla, Cowboy Supreme, Tasteless, Human, for a Minute, March Day, Friction, Dust on Trial, Snowday, Gold Hole,

Bref, ce Sonic City était assurément d’un tout grand cru. Maintenant, impossible d’assister seul à tous les concerts. A minuit, ce dimanche, les jambes devenaient lourdes, très lourdes même ; raison pour laquelle entre les shows, il était important de se reposer dans la salle prévue à cet effet. Tiens petite anecdote, quelque temps après le show de The Murder Capital, James McGovern y est passé en catimini, vêtu d’un long manteau, un fichu sur la tête et chaussé de lunettes fumées. Enfin, il faut remercier les organisateurs pour leur accueil et leur sens de l’organisation. Presque tous les groupes ou artistes ont respecté le timing. Le prix des consommations était raisonnable et il y avait de la bière blanche. Epuisée, néanmoins, le dimanche à 22 heures. Seul bémol, le prix du parking. Et impossible d’éviter les emplacements payants, dans les artères adjacentes, sous peine d’amende. Et comme les transports en commun ne peuvent plus vous ramener plus ou moins près de chez vous en fin de festival, comment se passer de véhicule ?

A l’année prochaine !

(Organisation : Wilde Westen)

Squids + The Murder Capital + Corridor + Deerhunter + Shame

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