La pop sauvage de Metro Verlaine

Un coup de foudre, et puis le romantisme comme mode de vie, Metro Verlaine est avant tout une histoire de passion. Fondé en 2013, après un voyage à Londres qui a laissé des cicatrices et un sale goût de ‘lose’ au fond de la gorge, l'histoire de Metro Verlaine…

logo_musiczine

Malice K sur les ondes…

Malice K est un artiste né à Olympia, WA, et basé à Brooklyn, dont la palette sonore est composée d'alt 90s et de lyrisme effronté, créant une rare fusion de pop rock indie décalé. Ancien membre du collectif d'artistes Deathproof Inc, il s'est forgé une…

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Nos partenaires

Dernier concert - festival

Manu Chao - Bau-huis
frank_carter_and_the_ratt...
Festivals

Boutik Rock 2009 : samedi 21 février

Écrit par

Du mercredi 18 au samedi 21 février, le Botanique accueillait la 9e édition de la Boutik Rock. Un rendez-vous devenu incontournable pour les amateurs et les professionnels. Et pour cause, ils ont l’opportunité de se rencontrer. Une initiative du ministère de la Communauté Française. Pour cette nouvelle édition, la programmation pop/rock avait été élargie aux formations de hip hop ou plutôt –devrais-je dire– de ‘musiques urbaines’.

Etre sélectionné parmi les groupes belges émergents, c’est une sacrée aubaine. Une opportunité destinée à séduire, non seulement un public curieux et friand de nouveautés, mais surtout à inciter les organisateurs belges et étrangers, qui se sont déplacés pour la circonstance, de programmer ces groupes au cours de l’année. Une des rares initiatives servant à promouvoir la musique dans un lieu reconnu …

Pendant quatre soirées, 7 groupes se sont relayés entre la Rotonde et l’Orangerie. Hormis The Moon Invaders, venu confirmer la puissance de son ska, ces groupes en devenir offrent de belles perspectives à la musique made in Belgium. On soulignera la diversité des genres : le metal de Suicide of Demons, les ensembles festifs Balimurphy et Pablo Andres, l’indie représenté par Auryn, la scène hip hop illustrée par Veence Hanao et Invaderz. Une brochette d’artistes dont certains font déjà parler d’eux depuis quelques semaines.

Zoom sur samedi soir où Les Héritiers et Komah n’ont pas ménagé les guitares électriques ni leurs cordes vocales. Du rock métalleux à plein poumons. Pour les amateurs conquis, Komah offrait sa démo à la sortie. Une façon sympa de transmettre le son en dehors des MySpace et autres sites de streaming.

Après la foudre et les éclairs, Lionel Solveigh est apparu comme un rayon de soleil qui perce à l’horizon. Tout en douceur, de la chanson folk, authentique et jouée magistralement par un multi-instrumentiste. A l’aide de sa guitare, de son harmonica ou de son ukulélé, il nous a prouvé que, parfois, il ne faut pas être à 5 sur scène pour séduire le public.

Nestor ! ne laisse pas indifférent non plus. Un répertoire résolument plus post-rock et sans fioritures. On ressent inévitablement les influences de Radiohead et de Franz Ferdinand.

Je dois avouer que revoir les Bikinians en ‘live’ m’avait laissé sceptique. Et pourtant, depuis les Fêtes de Wallonie, au cours desquelles j’avais eu l’occasion de les découvrir, il faut reconnaître que le combo a pris de l’assurance. Leur rock punk s’est affirmé. Il balance tout en demeurant modéré. En quelques mois, les musiciens ont appris à apprivoiser beaucoup mieux la scène et s’épuisent moins. Le résultat en est d’autant plus persuasif.

papa dada. Franchement, leur prestation était quelconque et ils ne m’ont pas du tout convaincus. Pourtant lauréat du concours Court-Circuit, ils proposent une pop british gentille. Les compositions sont fades par rapport à la palette artistique sévissant actuellement en Belgique.

Les courageux restés sur place après minuit ont pu admirer ces extra-terrestres venus déchirer nos tympans. J’ai nommé UFO Goes UFA. Des musiciens à la pointe, un chanteur déjanté et des compositions électrisantes…

Un repos bien mérité après avoir découvert le rock sous toutes ses coutures. La Boutik Rock s’ouvre et s’enrichit. Espérons que l’année prochaine d’autres genres musicaux seront proposés. La richesse culturelle se construit aussi sur base de la promotion de musiques qui ne sont pas nécessairement pop/rock ou folk. Un grand pas dans ce sens est en marche depuis un peu plus d’un an ! Pourquoi ne pas rebaptiser l’événement : ‘La Boutik des Musiques Actuelles’ ?

Les Héritiers – Komah – Lionel Solveigh – Nestor ! – Bikinians – papa dada – UFO Goes UFA.

 

Festival D'Hiver Rock 2009 : samedi 21 février

Dominée par le ska, la veille, l’affiche de ce samedi 21 est plus éclectique. Plusieurs groupes flamands ont été invités, confirmant ainsi que la culture rock est bien mieux implantée au Nord du pays qu’en Wallonie. Le public est plus mûr que celui du vendredi, aussi. Et même s’il est moins nombreux (800 entrées pour 1000, le premier jour), le bar tourne nettement mieux. Les quelques ados sirotant un coca avec leur sucette, ont laissé place à des rockers avertis, qui profitent également d’une troisième scène installée près du bar. Tout ces éléments communiquent une véritable ambiance rock’n’roll au festival… Hey, ho, let’s go !

Et notre journée commence à 15h15, par Haircuts That Kill, un groupe régional qui pratique du métal old school. Faut dire que la formation est composée de ‘vieux’ routiers vouant un culte à Iron Maiden. Deux guitares (dont une Flying V) friands de soli, une basse, une batterie et un chanteur à la voix écorchée. Ca ne nous rajeunit pas…

Peu de monde pour assister au set de Khâro, duo qui a gagné l’Open Stage de Mouscron. Un couple issu du Nord de la France composé du guitariste Eric Karolewicz et de la chanteuse Caroline Hembise. Lui, n’est plus tout jeune, mais franchement, il a un toucher de guitare assez impressionnant, rappelant parfois Vini Reilly (Durutti Column), notamment dans l’art de maîtriser la reverb. Elle possède un timbre cristallin, réminiscent de Lisa Gerrard (Dead Can Dance). Et puis, il y a une boîte à rythmes. On est à nouveau replongé au sein des eighties, mais dans un univers mélancolique, visionnaire, gothique, propice à l’envoûtement. Dommage ces jeux de lumières totalement à côté de la plaque. A revoir dans un petit club et surtout à suivre de très près…

Ce n’est pas la première fois qu’Adolina se produit au d’Hiver Rock. Faut dire que la formation tournaisienne existe depuis 1998. En pratiquant quelque chose comme du post-emo-punk-core. En dix années d’existence, le band n’est toujours pas parvenu à (ou n’a pas souhaité) faire évoluer son style. Après deux titres, on s’est donc éclipsés…

Hormis un des deux guitaristes, le quatuor Perils Of Penelope est constitué de très jeunes musiciens. Le drummer doit avoir à peine 14 ans. A croire qu’ils sortent du conservatoire. Le look très clean, ces excellents instrumentistes pratiquent un post rock mâtiné de prog. Un peu comme s’ils célébraient une rencontre hypothétique entre Explosions In The Sky et Yes. Dommage qu’il n’y ait pas de vocaliste. Un falsetto, par exemple. Ils devraient même risquer d’envoyer une invitation à Jon Anderson…

The Big Royal Kunamaka Orchestra nous vient de Clermont-Ferrand. Il reconnaît pour influences majeures le Fantomas de Mike Patton et System Of A Down, et n’hésite pas à incorporer, dans sa solution sonore rock, pop, salsa, valse, métal, grindcore ou black metal. Mwouais ! Enfin, c’est ce qui est écrit dans la bio. En fait, leur muse est un peu trop calquée sur Muse…

Tang est encore un groupe d’emo. Il nous vient de Lille et réunit des musiciens particulièrement talentueux. L’intensité est permanente. Le climat sombre. Les arrangements impeccables. Mais la voix du chanteur est atroce. Il braille, hurle, vocifère et oublie de chanter. Quel gâchis !

PPZ30 devient un habitué du D’Hiver Rock. Il devait jouer plus tard, mais a remplacé Kabukibuddah, dont le parcours depuis Lyon avait été solidement perturbé. Pas de mauvaise surprise, puisque la formation belge est toujours aussi excitante sur les planches (NDR : oui, les albums deviennent de plus en plus pénibles). Une et un trompettistes, un drummer, un guitariste (NDR : coiffé d’impressionnantes dreadlocks) très porté sur les accords métalliques, un bidouilleur ainsi que notre showman Bruce Ellison, réputé pour ses onomatopées caractéristiques (NDR : parfois on se demande s’il chante ou se mouche). Le backing group assume à la perfection. Résultat des courses on aura droit à un bon set de PPZ30 rappelant le funk metal des Fishbone ou autre Red Hot Chili Peppers de la fin des eighties (NDR : encore !) 

Barbie Bangkok est une formation issue du Nord du pays. Elle a été révélée par le Rock Rally de Humo. Elle a ainsi été finaliste, la même année que les Van Jets et Absynthe Minded. A l’instar des B52’s, le groupe s’appuie sur deux filles aux claviers. Dont une joue aussi de la basse. Et il faut reconnaître que la musique de la mythique formation d’Athens a exercé une influence sur celle de Gand. Leur pop/rock, catchy, groovy est très dansant. Les voix alternées et les harmonies vocales très caractéristiques. Et puis les musiciens font preuve l’humour et du détachement. Quant à leur petit côté funky, ils l’ont certainement puisé chez Talking Heads. Alors surprise, le guitariste Rodrigo Fuentealba est également de la partie. Il apporte également sa collaboration à Novastar ainsi qu’à Gabriel Rios, mais avait surtout participé à l’aventure du défunt Fifty Foot Combo. Le quintet va terminer son set par une cover du « I’m coming out » de Dionne Warwick, popularisée par Donna Summer (NDR : et encore, pas sûr que ce soit celle-là !)

L’un des grands moments de la soirée et, n’ayons pas peur des mots, de ce festival, nous viendra de l’Enfance Rouge. Non, l’ensemble n’est pas Suisse, comme on aurait pu le croire, mais italo-franco-tunisien. Après un passage remarqué au festival de Dour, il y a quelques années, ce sextet a encore décidé de frapper fort. D’un côté, il y a les Européens. Une bassiste/chanteuse (Chiara Locardi) qui s’installe au milieu de la scène (NDR : elle ressemble à Kim Gordon !), un guitariste/chanteur (François-Régis Camuzat) dont le timbre et les attitudes peuvent rappeler Franz Treichler (Young Gods), planté à droite, et un drummer qui se place sur la gauche du podium, de profil (Jacopo Andreini). De l’autre, les musiciens français d’origine maghrébine. Soit un percussionniste (Wassim Derbel ?) assis. Au fond à droite, un violoniste (Zied Zouari), perché sur une chaise haute (NDR : il descendra de son perchoir au milieu du show pour accorder une intervention époustouflante) et juste à côté de lui, une joueuse de qânun (Hend Zouari). Un instrument qui ressemble à une cithare, mais qu’elle pince à l’aide de doigtiers en métal. Et ce mélange harmonieux entre noisy (NDR : Sonic Youth ?) et culture arabe est absolument savoureux. La rencontre entre intensité électrique et mélopées orientales fait absolument merveille. Pas de world ici, cependant, mais un style atypique susceptible de provoquer des moments d’exaltation. La combustion sonore est souvent lente, avant d’exploser dans un déluge d’énergie pure. On en oublierait presque les lyrics particulièrement engagés, prolétaires, donc rouges et surtout anti-USA. Même si en fin de parcours, la salle n’est plus qu’à moitié remplie, les mélomanes apprécient. Ils sont aux anges. Ils applaudissent chaleureusement. Et nous aussi. Ce qui nous vaudra un des rares rappels à avoir dépassé le timing. Mais cela en valait la peine…

Changement de salle et de style, en compagnie des ‘west-vlamingen’ de Balthazar. Originaire de Courtrai, qui n’est rappelons-le, qu’à une vingtaine de kilomètres du lieu du festival, cette formation bénéficie d’une certaine popularité au nord du pays. Une popularité renforcée par la participation à des concours (NDR : celui du Rock Rally de Humo, par exemple) et le passage dans des talk-shows sur les chaînes flandriennes (NDR : ah, pourquoi n’avons-nous pas la même culture en Wallonie ?) Studio Brussel (NDR : Allo Pure FM !) a également mis la gomme pour soutenir Balthazar, en intégrant leurs singles dans le top de leur ‘Afrekening’ (NDR : la hitlist alternative de la radio rock du pays). Sur scène, les boîtes à rythme se marient bien au violon. Malgré leur jeune âge, le groupe semble déjà bien en place et rôdé sur scène. L’un des chanteurs possède une dégaine à la Stephen Malkmus (Pavement), et jouit d’un timbre vocal séduisant. Violoniste, mais également chanteuse, Patricia Vanneste me fait parfois penser à Sarah Neufeld d’Arcade Fire. Certains titres joués ce soir rappellent même les débuts de dEUS. Bref, un groupe à voir et à revoir ; et, espérons le pour eux, un avenir prometteur.

Ce samedi donc une troisième scène avait été installée près du bar. Vu la proximité du public et des pompes à bières, on y baignait au sein d’une ambiance punk et rock’n’rollesque. Et les Bruxellois de Nervous Shakes s’y intègrent parfaitement. Leur image est soignée, voire précieuse. Certains membres ont même copié leur look sur des mythes du passé. On a ainsi ressuscité les défunts Lux Interior (Cramps) et Joey Ramone ou encore réincarné le David Bowie de l’époque « Heroes ». Et leurs compos passent allégrement d’un punk basique à deux accords, au rockabilly dansant, tout en lorgnant vers le surf rock. Le public apprécie, mais en poussant constamment les caricatures vers les extrêmes, le set finit par lasser.

Pendant ce temps, les Washington Dead Cats miaulent sur la scène Noté. Il y a 25 ans, ce groupe signait chez le label Bondage. Oui, oui, le fleuron du rock alternatif, et des Béruriers noirs, en particulier. Pas étonnant que dans la salle on croise de nombreux quadragénaires arborant des tee-shirts de cette époque. On en a même vu à l’effigie de ‘La souris déglinguée’. Mais sur les planches, le style de Français oscille entre rock/punk alternatif et rockabilly plus classique ou ce qu’on étiquette habituellement de punkabilly. Le chanteur Mat Firehair ne cache pas son admiration pour Elvis et les Clash. Deux références qui donnent une idée plus ou moins exacte du style pratiqué par ce groupe. La générosité et le dynamisme de Mat Firehair faisant le reste. Bref, l’un des moments forts de ce festival… pour les amateurs du genre du moins.

Issu de Ternat, Freaky Age est né en 2003. A cette époque, la moyenne d’âge du combo oscillait autour de 14 ans. Trois ans plus tard, le quatuor participe à la finale du ‘Rock Rally’ de Humo, devenant ainsi les plus jeunes finalistes à avoir jamais joué sur la grande scène de l’AB. Leur pop/rock est énergique et leurs mélodies urgentes, le timbre vocal de Lenny Crabe (NDR : les cheveux longs sur lesquels sont vissés un petit chapeau) campe un hybride entre Julian Casablancas (NDR : des Strokes) et Billie Joe Armstrong (NDR : de Green Day). Deux guitares, dont celle de Lenny, une basse et des drums. Classique ! Une dégaine rock’n roll/garage. Pas étonnant que le groupe reconnaît pour influence majeure les Strokes. En fin de parcours, le groupe va nous gratifier d’une version très personnelle et particulièrement réussie du « Pinball Wizard » du Who.

Un trio monte sur le podium en jogging. Il s’agit de Kaboukkibuddah, une formation lyonnaise au nom quasi imprononçable et dont le style n’est guère identifiable. Il y a du rock, du jazz, du funk, de la noise et de l’humour (NDR : français). Et puis un jeu de scène complètement farfelu et énervé. La chanteuse passe allègrement du clavier, au violoncelle en transitant par la batterie. Le chanteur/guitariste possède une voix sinusoïdale. Le batteur a un look à la Frank Zappa, à moins que ne ce soit à la Omar Rodriguez-Lopez (Mars Volta, At The Drive-In). Il joue aussi du trombone à coulisses et chante d’un timbre écorché rappelant Tom Waits. Bref, les musiciens n’arrêtent pas de brouiller les pistes, déjà fort glissantes de leur expression sonore. Quelque part entre Sloy, Dead Kennedys ou Didier Super, leur spectacle complètement déjanté fait rire. Et c’est ce que recherche le trio. Pari donc gagné pour Kaboukkibuddah (NDR : à vos souhaits !)

La soirée se clôture par la prestation d’un groupe flandrien (NDR : un de plus !) : A Brand. Ces Anversois (NDLR : et oui, toujours Anvers, véritable mine d’or du rock belge) déboulent en proposant un jeu de scène très original. Parfaitement disposés comme sur un échiquier, leur batteur occupe une position centrale, alors que les quatre autres musiciens/chanteurs se postent en tandem, de chaque côté du drummer. Leurs costumes de scène très 60’s me rappellent les Hives, même s’ils ont ajouté une petite touche kitch à la Abba ! Ce sont d’ailleurs deux courants qui semblent canaliser leur flux sonore, soit un rock/garage/punk dont les remous sont provoqué par du disco décalé. Une approche oblique qu’ils accentuent dans leur chorégraphie simpliste mais bien cadencée et synchronisée. Et finalement le show est plutôt agréable à regarder et écouter ; mais il se fait tard, et le public est de moins en moins nombreux. Une petite centaine de spectateurs, tout au plus, a encore la patience d’assister à leur prestation… Et personnellement, vu la fatigue, nous leur consacrerons ultérieurement un article plus conséquent. A tête reposée. Lors d’un de leurs prochains concerts, qui devraient se multiplier, vu leur potentiel…

A l’année prochaine !

 

Festival D'Hiver Rock 2009 : vendredi 20 février

Dans la série, on prend les mêmes et on recommence, cette 7ème édition du festival ‘indoor’, baptisé D’Hiver Rock, réunissait toutes les conditions pour se traduire en réussite. Premier atout deux salles, permettant aux concerts de se dérouler en alternance. Une dont la configuration est proche de la Rotonde du Botanique (mais en moins intimiste), et au sein de laquelle des spectacles sont régulièrement programmés (la salle Lucas). Et une autre, annexe à la grande salle Jean Noté, dont l’originalité procède de sa hauteur et de son aspect industriel. Sans oublier l’accueil toujours charmant réservé par les organisateurs, le prix démocratique des entrées –notamment pour les ados– (NDR : ce vendredi, parmi le millier de spectateurs présents, on recensait une grande majorité de jeunes dont l’âge oscillait entre 12 et18 ans). En outre, le choix de la date, coïncidant avec le début d’un congé scolaire. Et puis l’affiche était résolument ska. Soit des circonstances idéales pour attirer en masse ces jeunes vers la Maison de la Culture.

C’est à la formation régionale Lucie Carton que revenait l’honneur d’ouvrir les hostilités. Ils sont neuf sur scène et proposent une musique festive rappelant Les Négresses Vertes. Différence, les vocaux sont essentiellement partagés entre une très jolie vocaliste au timbre limpide et un lutin enthousiaste (NDR : circonstanciellement, aussi guitariste). Elle, souriante, soufflant un véritable vent de fraîcheur tout au long du set ; lui et ses inflexions théâtrales. Ils traitent, dans leurs lyrics, de questions relatives à la vie et à son absence. Le reste du groupe se partage guitares, basse acoustique, backing vocaux, djembé et accordéon. Ce dernier, Pedro, apporte une touche cabaret particulièrement judicieuse à l’ensemble. Sans oublier les deux cuivres. C’est malheureusement ici que le bât blesse, car ils ne sont pas toujours en phase. Dommage, car le collectif dispose d’un fameux potentiel…

Autre formation locale, Cova 10 pratique un mélange de ska, de rock et même de dub. La musique dispensée par ce sextuor ne maque pas d’énergie ni d’enthousiasme, le chanteur affiche même une belle assurance comme showman. Les sonorités des claviers passent aisément du vintage au moog. Mais le tout manque cruellement d’originalité…

Jaya The Cat est né aux States. A Boston, très exactement. C’était au début des années 2000. Lors d’une tournée en Europe, le groupe décide de rester sur le Vieux Continent et de s’installer à Amsterdam. Depuis, le line up a connu de multiples modifications. Il ne demeure d’ailleurs plus que le chanteur/guitariste Geoff Lagadec, comme membre original, le drummer, David ‘The Germ’ Germain, n’ayant rejoint la formation qu’un peu plus tard. Ce sont également les deux derniers Yankees, le reste du combo étant constitué de Bataves. Leur set est très pro ; mais si le cocktail laidback de ska, de punk rock et de reggae proposé est impeccable, il souffre à nouveau d’un manque flagrant d’originalité. On retiendra surtout les poses de Geoff, dont les manipulations de sa six cordes valent le détour. Il joue de sa gratte en la serrant très haute contre sa poitrine, mais la tient aussi parfois comme un sac à main, par le corps, lorsqu’il se concentre sur son micro…

La première révélation du d’Hiver Rock nous est venue de la formation française Le Gros Tube. Une fanfare ? Oui, mais mieux encore qu’une fanfare. Un collectif déambulatoire de huit musiciens où on retrouve un sax, une trompette, un trombone à coulisses, un banjo, un sousaphone et une grosse caisse. Sans oublier la caisse claire garnie de cymbales. En fait, si vous avez déjà assisté à un concert de la formation hexagonale Ils Marchent Debout, vous devriez vous faire une idée précise de la manière dont joue ce drummer ambulant. Son tambour et ses accessoires sont fixés à hauteur de la ceinture, pour lui permettre de circuler sur les planches. Le style musical s’inscrit cependant davantage dans l’esprit de Mardi Gras BB. Parce que leur mélange de funk et de jazz est teinté de dixieland. Ca swingue, ça met l’ambiance et impossible de rester de marbre face à un show aussi irrésistible. Si bien qu’en fin de parcours, il n’y avait plus un seul spectateur qui ne remuait pas au moins la tête ou les jambes…

Le plus gros succès de foule sera décroché, cependant, par les régionaux de Skarbone 14. Dès 20h35, la salle est comble. Et les pogos ainsi que les jumps se multiplient au sein du public. Pas de doute formation joue à domicile, et l’audience, constituée majoritairement d’ados, lui est entièrement acquise. Néanmoins, il faut avouer que les musiciens ne se sont pas contentés de se reposer sur leurs lauriers. Faut dire qu’au cours des dernières années, ils ont multiplié les échanges avec d’autres groupes, participé à des festivals réputés comme Couleur Café ou figuré à l’affiche de Dour, à plusieurs reprises. Et puis leur attitude scénique est beaucoup plus professionnelle. Ainsi, la position des cuivres, est davantage mise en évidence. En outre, leur dernier album « Délivré sans ordonnance », a été enregistré au sein des déjà célèbres studios bruxellois ‘Rising sun’, sous la houlette de Rudy Coclet (NDR : oui, oui, rien que ça !) Respect donc pour ce groupe, même si ce n’est pas notre tasse de thé. D’ailleurs si les autres formations qui se sont produites au cours de la soirée nous ont davantage bottés, il faut admettre que Skarbone 14 a décroché la palme de l’applaudimètre et du succès de foule…

Grosse déception cependant pour La Ruda, pourtant présenté et pressenti comme la grosse tête d’affiche de ce festival. Un set annoncé sous une version acoustique. Mais de l’acoustique largement électrifiée ; car les guitares et la basse étaient bien branchées. Bien sûr, le jeu de scène et le light show se sont révélés à la hauteur, plongeant le public au sein d’une ambiance cabaret. Encore que cette atmosphère au départ intrigante contrastait trop par rapport à l’attitude du chanteur. A son look rétro. A son air un peu trop sérieux pour un tracklisting constitué titres punk-rock. Bref ça ne collait pas. Pourtant la voix nasillarde de Pierrot (NDR : auteur, compositeur et chanteur) est toujours aussi caractéristique, rappelant celles des groupes de rock français dits ‘alternatifs’, comme Bérurier Noir. Mais très vite, le spectateur lambda (NDR : et nous aussi) finit par décrocher. La Ruda nous avait habitués à des sets explosifs (NDR : à l’instar de ceux accordés au festival de Dour), et le live de 2000, « La Ruda Salska en concert » en est le plus beau témoignage. Coïncidence, mais leur dernier opus en date, « Les bonnes manières » est plutôt décevant. La formation angevine serait-elle sur le déclin ?

Nettement plus percutant que la Ruda, Percubaba va mettre, pour la dernière fois de cette soirée, le feu à la salle Lucas. La musique de Percubaba est le fruit d’un mélange improbable, mais réussi, entre le ska, le reggae, le hip-hop et le punk-rock. Sur les planches, trois chanteurs se relaient, dans un style qui n’est pas sans rappeler les délires de Massilia Soundsystem, même si l’expression sonore lorgne davantage vers les Ogres de Barback, les Fils de Teuhpu ou encore Babylon Circus. Bref, le spectacle est agréable à écouter, mais aussi à voir. Très sympathiques, les membres du groupe n’hésitent pas à communiquer leur bonne humeur (NDR : une carence chez La Ruda). Quoique distribué par Pias, le groupe pratique aussi ce bon vieux principe d’auto-distribution, et accueille lui-même les fans à son stand avant le concert. Pas étonnant que le public lui rende bien cet enthousiasme. Enfin ce qu’il reste du public ;  car une bonne frange des plus jeunes, qui n’avaient probablement pas obtenu la permission de minuit, sont rentrés sagement à la maison.

La fatigue commence à se faire sentir. Il est donc l’heure également de retrouver les bras de Morphée. Reste encore le set des régionaux de la DK Danse. Mais demain, une longue journée nous attend, et on se contentera de recueillir, le lendemain, les échos de la prestation de ce combo alliant l’electro/hip-hop au free-jazz.

Concours Circuit 2008 (finale)

Cette année, la finale de Concours-circuit a puisé ses graines de star dans une cuvée de pop rock caféiné. Les cinq finalistes semblent avoir affronté autant leurs compositions que leur énergie. De l’ambiance générale, on retiendra des mines échevelées, des gestes explosifs, des mises en scène corsées. (C.P.)

Il revenait à la formation The Archbishop d’ouvrir le concours. Un quatuor namurois qui aurait presque pu postuler à la version rock dur du Court-circuit (NDR : c’est pour la saison prochaine !) Surtout à cause du guitariste. Casquette et veste en cuir laissant apparaître son torse nu. De grande taille. On le verrait bien intégrer n’importe quel gang de Hells Angels. Et sa technique sur la râpe est plutôt impressionnante. Le chanteur porte la barbe. De couleur rousse comme ses cheveux. Il possède un bon timbre vocal. Mais ses inflexions passent complètement à travers. Parfois on a l’impression qu’il chante faux. Il joue aussi de la guitare rythmique. A propos de rythmique, la section ne manque pas de punch, mais elle ne parvient que trop rarement à canaliser correctement les compos. Si bien que souvent, on a l’impression que chaque musicien joue sa propre partition.

Alpha 2.1. maîtrise bien son électro-rock glamour. Suffit d’observer les airs lascifs du vocaliste, enrobé d’un boa blanc. Deux guitares, basse, batterie pour faire exploser le rock’n’roll ; clavier, synthé et platine pour arrondir les angles à coups de courbes électroniques. Un peu ‘too much’ quand les chœurs en ouhouh et ahahah s’épanchent dans une inondation baroque. Trop consensuel quand les douceurs sucrées évoquent Tahiti 80. Accrocheur quand les percussions prennent la main. Et au final, on se laisse emporter sans trop de résistance par cette fusion cohérente des angles et des courbes.

Après l’univers enfumé d’Alpha 2.1., papa dada goûte l’eau fraîche. C’est pop au possible. Spontané là où c’est imparfait. On est surpris par le manque d’assurance de cette voix sur le fil du rasoir, dont les inflexions semblent empruntées à Billy Corgan des Smashing Pumpkins. Perplexe vis-à-vis des imperfections des arrangements. Mais agréablement surpris par la fraîcheur des chansons. Et ça emporte en tout les cas le cœur de l’assemblée. On se laisse en effet gagner par la détermination du piano aux mélodies balle magique –dans la lignée du ‘pop song’ de Vénus– (NDR : à moins que ce ne soit dans l’esprit de Ben Folds), qui compense largement l’absence de guitare. Et quelque part, ça fait mouche.

Bikinians, quant à eux, se distinguent par leur professionnalisme. Pas une bavure ; contrairement à papa dada, la voix est parfaitement maîtrisée ; on sent les gestes sûrs et déterminés, les compositions travaillées au millimètre. Rien n’est laissé au hasard et l’explosion punk-rock ne laisse pas un instant de répit. On regrette le sens mélodique parfois assommé par ces guitares cinglantes mais une chose est sûre, en creusant un peu plus, on se lassera du manque de variété des compositions. Mais sans réfléchir trop au comment ni pourquoi, c’est diablement efficace. Par contre, la formation repassera pour l’attitude. Un peu trop sophistiquée pour un style qui se veut garage. Voire même complètement décalée par rapport à l’image crade, malsaine, rageuse, que ce type de musique véhicule habituellement (NDR : pensez aux Strokes, aux Vines, et même aux Stones de la mi-sixties)

OK Cowboy ! monte sur les planches. Ils sont ‘tout feu tout flamme’. Le spectacle fait dans la séduction. Droit au but. Poses sexy, décolleté non ménagé, danse sensuelle. Des rythmes aux amphétamines oscillant entre l’électro, le disco et le punk, sur une voix soul-funk. C’est éclectique mais peu importe. Ça a l’ambition des inconscients. Et si le guitariste et le batteur semblent plus en marge du cabaret, la chanteuse fait la bringue avec elle-même. Jouissif. Sauf quand elle partage ses idées décousues et ses rires incontrôlés ; mais avec des boules Quiès à moitié enfoncées, c’est parfait. N’empêche, leur set va s’achever par un long morceau dont le groove va littéralement souffler l’auditoire. Un final opéré en force qui ne pourra que frapper les esprits…

Les Vagabonds étaient annoncés comme des vainqueurs en puissance de la finale. Et plusieurs stations radiophoniques diffusaient déjà régulièrement certaines de leurs chansons sur leurs ondes. Pas trop bon de figurer comme favori avant l’heure. Pourtant, leur folk rock intimiste, très mélodique, flirtant volontiers avec la country, ne manque pas de charme. Les harmonies vocales sont excellentes. Le chanteur appuie de temps à autre ses vocaux d’un harmonica. Le bassiste balise bien les mélodies. Lors des titres les plus électriques, pour ne pas dire crazyhorsiens, il est même capable de leur donner une impulsion pixiesque. Mais il excelle aussi à la sèche, cédant alors le relais de ses quatre cordes à un cinquième larron. Sous cette forme la plus acoustique, on ne peut alors que penser aux Tellers. Et c’est bien là que le bât blesse. Les styles sont beaucoup trop proches. Et s’il existe une formation qui répond au nom des Tellers, il n’en faut pas deux. Surtout en Belgique. Le groupe aurait –et ce n’est qu’un avis personnel– tout intérêt à se démarquer de cette référence. Sans quoi elle risque de leur coller aux basques, encore pour un bout de temps. Dommage, car leur set frisait la perfection…

Et finalement, la délibération du jury s’est déroulée sans la moindre contestation. Délégué pour la presse dans le jury final, je m’attendais à vivre des négociations longues et difficiles. Comme il y a deux ans. Pas du tout ! Tout le monde était sur la même longueur d’ondes. papa dada (NDR : c’est vrai que le patronyme n’est pas génial !) vainqueur, OK Cowboy ! deuxième, The Bikinians remportant le prix des auditeurs de Pure FM et The Archbishops celui de la Fiesta du rock. En outre, papa dada repartait également avec sept prix 'coup de cœur'! (BD)

Pour plus d’infos : http://www.concourscircuit.be

 

Soirée JauneOrange 2008 : vendredi 12 décembre

Écrit par

C’est dans un Botanique bondé que le collectif liégeois est venu fêter la sortie de sa quatrième compilation maison. Une copieuse galette de 21 titres où les stars du collectif (Superlux, Hollywood P$$$ Stars, Malibu Stacy) côtoient les nouvelles recrues (Dan San, Pale Grey).

Le concept de la soirée est simple. La Rotonde accueille les artistes pratiquant une musique intimiste, plus adaptée à cette petite et très belle salle, alors que l’Orangerie va se réserver les plus électriques. C’est là que les riffs vont fouetter l’air et les beats sans fioritures décoincer les guiboles (et le reste). Au total, une vingtaine de groupes vont se succéder lors d’une soirée sans temps mort, riche en surprises et, surtout, en bonne musique.

El National Quaterback ouvre les festivités à la Rotonde. Nouveau venu dans le collectif, ce quatuor rock n’a sûrement pas inventé la poudre. Ces jeunes gens pratiquent un rock indé qui fleure trop les années 90 pour totalement convaincre. Première surprise de la soirée, le chanteur des Malibu Stacy les rejoint pour un titre. Il faut dire que le chanteur des Quaterback n’est autre le frère de David. Et chez JauneOrange, la famille ça compte ! Le reste de la soirée confirmera largement cette impression.

Les vétérans de 7evenPm enchaînent rapidement pour jouer les trois morceaux qui leur sont dévolus. Quota accordé à tous les artistes, il faut le rappeler. Il faut dire que ces vaillants trentenaires sont actifs depuis le début de l’aventure JauneOrange. Nourri à la pop anglaise et aux sonorités américaines, leur rock n’a jamais vraiment touché le public, malgré leurs nombreuses années d’existence. Ce soir, leur prestation a beau être généreuse, leur musique est un peu trop poussiéreuse pour accrocher et appartient donc à une période révolue.

Changement de registre en compagnie de Pale Grey. Une guitare, une basse et un laptop. Ces nouvelles recrues du collectif proposent une musique très mélodique au cours de laquelle, ils s’amusent à expérimenter les sons. Cette pop atmosphérique rappelle un peu New Order (la voix du chanteur surtout) mais aussi un certain Notwist. Pas mal du tout !

Direction l’Orangerie pour assister au prochain tiercé de poulains. **Two-Star Hotel ouvre le bal et débute son set par « Cheeze Brain », chouette titre punk pop disponible par ailleurs sur la nouvelle compile JauneOrange. C’est toujours un bon moment de voir cette formation sur les planches. C’est dans ces conditions qu’elle parvient à montrer sa vraie nature : celle d’une machine à danser à la mode new wave, dans le sens le plus large et éclectique du terme. Ces trois excellents morceaux font même oublier la relative déception provoquée par leur deuxième album, paru en début d’année.

Electric Ladies Blues enchaîne en beauté. Une formation qui porte bien son nom. ELECTRIC SIN D est une authentique bête de scène, une chanteuse qu’on avait déjà eu l’occasion d’entrevoir sur les planches, en compagnie du groupe Seasick. Elle arpente la scène telle une possédée et éructe comme à la belle époque des Babes In Toyland. Un de leurs titres s’intitule « Motherfucker » et leur elpee « The Devil is a woman ». De quoi annoncer la couleur d’une musique réminiscente à la fois de Jesus Lizard, Lydia Lunch, Birthday Party ainsi que du rock noisy et barré en général. Une sacrée claque, qu’on vous invite à aller voir en ‘live’ au plus vite.

Le boogie-punk de The Experimental Tropic Blues Band suit l’ouragan des Electric Ladies Blues. A défaut d’être original, ce trio ressuscite fougueusement les fantômes de Little Walter et Howlin’ Wolf mais aussi le Jon Spencer Blues Explosion originel.

En s’absentant quelques minutes pour se rendre aux toilettes du Botanique, on rencontre un Américain. Il se plaint que ‘pissing is expensive in Belgium’. On lui rétorque que cinquante cents c’est pas la mer à boire, surtout quand on a traversé l’Atlantique pour venir se geler les gonades dans la capitale de l’Europe…

Retour à la Rotonde pour se reposer les oreilles. En fait, Tsu vient d’attaquer son set. Autre nouvelle recrue du collectif, ce groupe est drivé par le chanteur des Pale Grey. Ce quatuor pratique une pop pastorale gentillette. Hormis une belle chanson interprétée en ouverture, sa musique s’essouffle assez vite. Un comble pour une prestation d’à peine quinze minutes… Il existe certes du potentiel chez ces jeunes gens, mais il reste aussi beaucoup de pain sur la planche.

Les intrigants Dan San leur emboîtent le pas. C’est aussi une autre des bonnes surprises de la soirée. Leur folk rock psychédélique doit beaucoup à Elliot Smith et dans une moindre mesure à Nick Drake ; mais surtout à Simon & Garfunkel pour les superbes harmonies vocales. La belle chanson intitulée « Pillow » ouvre leur concert et ce groupe a tellement de charme qu’on vous invite à aller jeter un œil et tendre l’oreille sur leur MySpace : http://www.myspace.com/dansanmusic

Le pouvoir de fascination de Blue Velvet est sûrement moins puissant. C’est peut-être la raison pour laquelle la Rotonde se vide progressivement aux notes de leur pop très professionnelle (mais pas très enthousiasmante) qui rêve de gloire et d’Amérique.

Retour à l’Orangerie pour apprécier le show de Hollywood P$$$ Stars. Une formation dont l’histoire a commencé sous la forme d’une plaisanterie. Pour finalement se traduire par une véritable aventure. D’ailleurs le combo est désormais le fer de lance de JauneOrange. Pas de surprise ici, mais leur rock ciselé et nerveux est impressionnant de maîtrise. Surtout que les gaillards prennent un plaisir visible à se déhancher sur scène. Rock’n’roll quand tu nous tiens !

C’est encore en sueur que le batteur des Hollywood empoigne une basse pour entamer la prestation de Les Singlets. Il est rejoint sur le podium par le bassiste et le guitariste des Malibu Stacy. Leur court set, pas encore très au point, est une plongée sans prétention dans l’univers du punk glam et du rock ‘burné’ proche d’AC/DC.

Place ensuite à la pop ‘weezerienne’ des Malibu Stacy et leur. Le combo ouvre sa courte prestation par « Duck & Cover », ballade dont le style lorgne vers les derniers jours de Pavement. Très pro comme d’habitude, le groupe assure tranquillement, sans surprise.

La fatigue commence à se faire sentir… Et il faut bien avouer que s’il n’y avait pas la figure menaçante de Bernard pour nous rappeler qu’il faut chroniquer toute cette soirée, on s’éclipserait bien à l’anglaise… Mais le devoir est plus fort que tout et on se traîne à la Rotonde pour assister à la prestation profondément ennuyeuse de Vancouver, autre vétéran du collectif liégeois. La musique du groupe renvoie à un certain rock geignard et bruyant qui sévissait dans les années 90. Malheureusement, le manque de solidité des compos est flagrant, tout comme l’ennui qui plombe les spectateurs dans la salle.

My Little Cheap Dictaphone est venu présenter quelques morceaux d’un projet très ambitieux. Dirigé par Redboy (par ailleurs guitariste des Hollywood), la troupe prépare en effet un opéra rock ! Un spectacle complet impliquant costumes et orchestre symphonique. Ce concept devrait aboutir l’année prochaine. Une idée originale et audacieuse qui mérite d’être saluée. Les quelques titres (dans une veine très cabaret) présentés par l’équipe baignent en tout cas dans un climat proche de Kurt Weill.

Ensuite, le band de Redboy vient soutenir Elvy. Pour un titre. L’homme prend ensuite seul les commandes. Il s’accompagne uniquement à la guitare sèche pour nous plonger dans son univers ‘americana’. Cette musique dépouillée et sincère est manifestement destinée aux fans du Neil Young dans sa phase acoustique.

La soirée touche à sa fin et Piano Club déboule sur le podium. Sa pop est gonflée aux synthés ‘vintage’. Anthony Sinatra (chanteur des Hollywood P$$$ Stars) a le chic pour composer des morceaux qui semblent surgir d’un film pour ados américains des années 80. Le groupe n’avait plus répété depuis un an, mais personne ne s’en rend vraiment compte. Le son est gros et les titres efficaces, à l’instar du single « Andy », achevant la prestation.

Me & My Machines enchaîne. Si je ne m’abuse, cet artiste répondait autrefois au pseudonyme de Mr Poulpy. Son électro bastonne. L’efficacité est au rendez-vous ; mais le chant maniéré a raison des dernières gouttes de patience coulant dans les veines de votre serviteur…

La formule plus maîtrisée de Superlux est bien plus convaincante. En quelques années, la formation a bien mûri ; et son électro pop met littéralement le feu à l’Orangerie. Leur cocktail sonore est pêchu et subtil. Et franchement, réussir ce type de mixture n’est pas à la portée de n’importe qui.

La soirée s’achève par les hilarantes élucubrations décadentes du Colonel Bastard et sa majorette poilue et enrobée. Ce quart d’heure de furie technoïde et couillonne fait l’unanimité et amuse franchement la galerie. Le colonel montre son zizi à tout le monde et la (le) majorette éructe comme un(e) damné(e). Bref, on a l’impression d’être tombé dans une kermesse aux horreurs. Une manière comme une autre de clôturer la soirée… (NDR: et on vous invite à aller jeter un oeil sur les photos consacrées de cet événement)

Organisation : JauneOrange/Botanique

Festival Les Inrocks 2008 : samedi 14 novembre

Écrit par

Le deuxième jour de cette édition des Inrocks 2008 se déroulait donc au Splendid. Toujours à Lille. Pas trop de monde lorsque le premier groupe monte sur le podium. Un public qui va cependant affluer au cours de la soirée, pour finalement bien remplir la salle lors de la prestation des deux derniers groupes. Faut croire que de nombreux spectateurs ne s’intéressaient qu’à Friendly Fires et à Foals. Et quelque part, ils n’avaient pas tout à fait tort.

Parmi les quatre groupes programmés lors de cette soirée, il revenait à The Wild Beasts d’ouvrir les hostilités. Une formation issue de Kendal, en Grande Bretagne. Un seul album à leur actif, « Limbo, Panto », paru en juin de cette année. Ce qui frappe surtout chez ce quatuor, c’est l’amplitude vocale du chanteur/claviériste/guitariste, Hayden Thorpe. Parfois mâle et rauque ; souvent falsetto, dans un registre fort proche de Jimmy Sommerville. En outre, les backing vocaux conjugués par le bassiste et le drummer accentuent la limpidité des harmonies vocales. Un bonnet de laine sur la tête, Hayden ressemble à un bûcheron canadien. Au début du set, il joue même de la gratte assis devant son clavier. Musicalement, leur pop, légèrement teintée de jazz, est un peu trop propre pour pouvoir communiquer une quelconque envie de remuer dans la salle. On a même l’impression que le drummer se décarcasse… pour ne pas trop heurter le sens mélodique. Bref, c’est sympa, mais un peu mou quand même.

Place ensuite aux Virgins. Un quartet new-yorkais manifestement influencé par le garage, le funk, le britrock et le r&b. Les plus jeunes penseront aux Strokes. Les vétérans aux Stones. En outre, c’est le bassiste, Nick Zarin-Ackerman (NDR : vu sa tête, il doit être d’origine amérindienne) qui balise toute la solution sonore de ses interventions très groovy et ma foi fort judicieuses. Quant au chanteur, Donald Cumming (NDR : il a aussi trempé dans le monde du cinéma), sa voix traînante et languissante a beau conter des textes terriblement urbains, elle manque quand même d’intensité pour parvenir à faire passer ses émotions.

On en arrive donc à Friendly Fires. La presse en parlait tellement, qu’on craignait devoir se farcir un hype. C’est tout le contraire que cette formation de St Albans nous a démontré. St Albans, c’est un patelin sis, dans le Hertfordshire, en Angleterre. Pas d’une quelconque banlieue de New York. Pourtant, leur punk funk est terriblement excitant. Un punk funk contaminé par le funk, la shoegaze et la pop. Une sorte d’hybride entre !!! et Radio 4. Le tout revisité par Franky Goes To Hollywood et LCD Soundsystem. Il y a de l’électro, mais c’est joué live. Du groove. Beaucoup de groove. Pour la scène, le trio de base est soutenu par deux mucicos dont un bassiste. On vibre aux rythmes des percus latino, dignes du carnaval de Rio. Les accès de guitare sont cinglants, pyrotechniques. Le public remue dans tous les sens, fait la fête. Et puis au centre de la scène s’agite Ed Marcfarlane. Il va même descendre dans le public. Le chanteur/danseur (à ses heures guitariste ou claviériste) a une bonne voix, mais elle se fond dans l’ensemble. Ses déhanchements sensuels, spasmodiques, chaloupés, communiquent un feeling voluptueux à la foule. On ne voit pas le temps passer. C’est la révélation du festival ! Et comme dirait, notre photographe préposé pour la circonstance, c’est ‘the next big thing’ !

Pas facile dès lors pour Foals de clôturer la soirée. Et pourtant, il y est parvenu sans aucune difficulté. En fait, Foals est avant tout un groupe de scène. Et au fil du temps, ses prestations deviennent de plus en plus convaincantes. Enfin, c’est ce que m’ont rapporté plusieurs spectateurs au cours d’une conversation impromptue relative à leur set. Le quintet d’Oxford pratique une forme de math rock mâtiné de post punk et de noise atmosphérique. Dans un style susceptible de rappeler The Rapture et TV on The Radio. Pas étonnant quand on sait que leur album, « Antidotes », paru en mars de cette année, a été produit par David Sitek. De petite taille, Yannis Philippakis est le guitariste/chanteur. Il virevolte d’un côté à l’autre de la scène. Monte même sur les baffles. Le second gratteur, Jimmy Smith, tient ponctuellement sa guitare très haute, comme si c’était un médaillon. Les musiciens sont hyperactifs et communiquent cette intensité à la foule, qui se met à danser. Yannis possède un timbre vocal volatil, versatile, épousant même parfois des inflexions ‘robertsmithiennes’. Mais ses interventions au chant sont parcimonieuses. Les rythmes dansants, hypnotiques. Les cordes de guitares staccato, contagieuses, rampantes. Les drums implacables. Les lignes de basse pulsantes. Il y une urgence dans leur musique qui nous fait tourner la tête. Yannis abandonne le temps d’un morceau sa râpe, pour se mettre à frapper sur une caisse claire. Puis disparaît dans la foule. On le cherche. Et puis soudain, il se retrouve juste en face de votre serviteur. Il a deux sticks dans les mains et me regarde d’un air hagard. Puis continue son chemin. Après avoir pris un bain de foule, il remonte sur le podium. Il avait sans doute envie de prendre la température de la salle. Tout le monde semble d’avoir perdu ses repères, d’autant plus que le groupe se lance dans une équation semi-psychédélique, semi-noisy. Puis tout s’arrête ; et il ne subsiste plus qu’une sensation de vide. Pas de rappel. Les lumières s’allument. La musique de fond reprend ses droits. Et on se décide, bon gré, mal gré, à quitter les lieux. Mais franchement, ce soir, le festival des Inrocks a vibré en compagnie de Friendly Fires et de Foals…

The Wild Beasts + The Virgins + Friendly Fires + Foals

(voir aussi notre rubrique Live Photos) 

Organisation : A Gauche De La Lune et Aéronef (Lille)

 

Festival Les Inrocks 2008 : vendredi 13 novembre

Écrit par

Tiens, c’est curieux, l’édition 2008 du festival des Inrocks à Lille se déroule un jeudi et un vendredi. Pour ce premier jour, il a élu domicile à l’Aéronef de Lille. Cinq groupes sont à l’affiche. Dont les Ting Tings. Ce qui explique sans doute pourquoi il y a foule. Même que le balcon est ouvert. On n’est même pas très loin du sold out. Mais venons-en donc au programme.

Late Of The Pier a déjà commencé son set depuis un bon quart d’heure, lorsque nous arrivons sur les lieux. Leur premier album (« Fantasy Black Channel ») est paru en août dernier ; mais apparemment ce n’est pas la priorité d’EMI, puisque le disque n’a bénéficié que d’une promo très limitée. Au fil de la prestation, on se demande même ce qu’ils foutent chez un major ; car franchement, si les idées du quatuor de Nottingham sont intéressantes, elles demeurent encore trop à l’état de brouillon. On perçoit quand même des influences qui oscillent de Queens of The Stone Age à Muse, en passant par ELO et Gary Numan ; mais on conclut rapidement que vu leur manque d’expérience, il aurait peut-être mieux valu qu’ils continuent à se produire dans des bars et des clubs, afin d’acquérir une certaine expérience, plutôt que se lancer dans une aventure qui risque peut-être de tourner court beaucoup plus vite que prévu.

Les Black Kids ont également enregistré leur premier opus cette année. « Partie traumatic ». Produit par Bernard Butler, il est paru en juillet dernier. Un quintet issu de Jacksonville, en Floride. A droite de la scène militent deux claviéristes féminines. Pas des bombes sexuelles comme chez les B52’s. Ni des modèles de dynamisme. A l’instar de Kate Pierson et Cindy Wilson, à leur âge. Pourtant, c’est bien chez la formation géorgienne que les Black Kids puisent une partie de leurs influences. Surtout le feeling new wave. Et chez Go ! Team également. Pour le mélange de funk, de disco et de techno. Vêtu d’un t-shirt affublé d’une tête de mort, le chanteur/guitariste me fait penser à un Jimi Hendrix adolescent. Sans manifester la même dextérité à la guitare, malheureusement. Bref, une prestation incolore et inodore.

Alias Stéphanie Sokolinska, SoKo est française. Elle est même née à Bordeaux. C’est aussi une actrice de cinéma. Un joli brin de fille aux yeux malicieux, à la chevelure de jais et au sourire taquin. Elle possède une voix juvénile, campant même un timbre sis quelque part entre Kymia Dawson et Carla Bruni. Et chante dans la langue de Shakespeare des lyrics qui parlent aussi bien de l’interruption de grossesse que de l’incertitude des relations amoureuses. Pour son set, elle est épaulée par un drummer et une claviériste/violoniste. Soko ne se contente cependant pas de chanter. Elle glisse allègrement de la guitare aux claviers (NDR : un casio), en passant par les percus et surtout l’ukulélé. Bref, c’est très minimaliste. Plutôt original, mais au fil du temps la prestation suscite un profond ennui. Et nous pousse à prendre un peu l’air. On reviendra ainsi en fin de parcours, pour assister à ce qui nous semble le style qui lui correspond le mieux. Dépouillé, mais velvetien. Une longue compo au cours de laquelle les accès grinçants de la violoniste conjugués aux accords plaqués et écorchés de Soko, vont littéralement déchirer l’atmosphère. Dommage que tout le set n’était pas de cette trempe.

Bref, en arrivant au quatrième groupe, je me demandais quand même si nous allions enfin pouvoir flasher sur l’une ou l’autre prestation. Ce sera enfin le cas pour Cajun Dance Party. Un quintet londonien partagé entre un drummer (NDR : un sosie de Laurent Voulzy !), un bassiste, un guitariste, un chanteur/guitariste et une claviériste. Blonde et pulpeuse, pour ne rien vous cacher. Et qui possède une superbe voix ; mais dont elle ne révèle cette aptitude qu’en fin de parcours, sur « The Hill, The View & The Lights », un titre qui s’achève dans un véritable délire psychédélique. Chez C.D.P., on est surtout impressionné par le guitariste, Robbie Stern. Non seulement, c’est loin d’être un manchot ; mais il parvient à communiquer une fameuse dose d’intensité aux mélodies. Quant au vocaliste, Daniel Blumberg, il possède un timbre versatile, rappelant parfois Robert Smith, parfois Luke Pritchard (The Kooks). Et, paradoxalement, lorsqu’il ne joue pas de la rythmique, il porte son instrument sur le dos, un peu comme Joe Strummer du Clash. En outre, il ne faut pas sous-estimer le rôle de la section rythmique. A la fois discrète mais solide, elle apporte un fameux groove post punk aux compos. Un set enfin digne d’intérêt. Il était temps ; et autant dire que nous avons poussé un fameux ‘ouf’ de soulagement ! A noter que leur premier elpee, « The Colourful Life », a également bénéficié de la mise en forme de Bernard Butler.

Les Ting Tings ne sont pas encore montés sur les planches que le public est déjà en délire. Ce type de réaction me rend souvent très sceptique. Les Ting Tings sont deux sur scène. Jules De Martino, le batteur (NDR: il est également préposé aux backing vocals) et la chanteuse/guitariste Katie White. Belle fille. Bien maquillée. Comme on colle aux affiches (NDR : il y a longtemps que je l’avais plus ressortie, celle-là !) Le drummer siège à gauche du podium. Un support en arc de cercle passe au-dessus de sa tête pour qu’il puisse donner de la voix. Dans le micro, bien sûr. Katie bondit d’un côté à l’autre de la scène. Elle change de gratte quasiment à chaque morceau. Sa voix me rappelle parfois celle Polly Harvey. Elle peut même raper comme celle de Debbie Harry. Les compos sont bourrées de punch. Le public reprend en chœur leurs singles. Mais la multiplication de gadgets électroniques et préenregistrés finit par agacer. Cette perfection devient artificielle et me rappelle quelque part l’époque du play-back. Ce qui n’enlève rien aux qualités du duo ; mais franchement, on aimerait les voir au sein d’un véritable groupe. Histoire d’écouter des versions différentes de leur album. Goûter à la magie du vrai ‘live’ ! Pas devoir se farcir une réplique fidèle d’un répertoire. Aussi au bout d’une bonne demi-heure, on décide de s’éclipser. Pour vivre, on l’espère, le lendemain, une soirée un peu plus excitante…

Late of The Pier + Black Kids + SoKo + Cajun Dance Party + The Ting Tings

(voir aussi notre rubrique Live photos)

Organisation : A Gauche De La Lune et Aéronef (Lille)

Roubaix à l'accordéon 2008 : jeudi 21 octobre

Le festival ‘Roubaix à l’accordéon’ en est à sa douzième édition. Il accueille dans la rue, les bistrots ou en salle, de nombreux artistes et groupes de tous les styles, venus des quatre coins du monde. Un mélange des genres qui permet de retrouver à la même affiche Mano Solo, Juliette Greco, Juliette, Blankass ou encore Pigalle. C’est le cas cette année. Et Pigalle, formation punk mythique du début des années 80, se produisait ce jeudi 21 octobre en la salle Watremez…  

En première partie, Balbino Medellin a reçu un bon accueil du public ‘ch’ti’. Son premier album « Le soleil et l’ouvrier » lui a permis d’accomplir une tournée de plus de 80 dates, dont un détour par la Cave. Un concert dont les Roubaisiens semblent se souvenir. D’ailleurs les premiers rangs réunissent des aficionados qui reprennent les refrains en chœur. Ces mêmes fans associent ainsi ce concert à une double affiche. Il est vrai que ses textes de la vie de tous les jours, interprétés d’une voix si particulière, soutenus par la guitare et l’accordéon, sont très agréables à écouter. Et puis il y a le physique du chanteur : imaginez un hybride entre Mr Propre et un marin qui aurait échoué dans tous les ports du monde. Mais au fil du temps, le set finit par nous lasser ; et on décide d’aller prendre une bonne bière (belge) au bar.

Car on est venu pour Pigalle. Un groupe fondé en 1982 dans une cave du quartier du même nom. ‘Un quartier magique à l’époque. Au temps où le quartier était encore vivable…’ s’amuse à rappeler son fondateur François Hadji-Lazaro. Pour la reconnaissance du grand public, il faut attendre fin 1990, et la sortie de leur album « Regards affligés » ainsi que du single « « Dans la salle du bar-tabac de la rue des Martyrs » (dont le refrain reste ancré en tête, comme un paquebot bien amarré). C’était la grande époque du rock alternatif français, qui bousculait tous les genres. Tant musicalement, à travers un punk énergétique, souvent teinté de folk, que commercialement, vu leur méthode d’auto-distribution. Et leur label ‘Boucherie Production’ en est la plus belle illustration. Mais cet élan va s’essouffler fin des années 90.

10 ans plus tard, et après trois albums solos, François Hadji-Lazaro reprend la route flanqué de ses fidèles compagnons : J-P à la batterie, Boubouche à la basse ainsi que les deux François. Combarieu à la guitare et Benichou aux claviers ainsi qu’à l’accordéon (NDR : quelle polyvalence !) Une compile est également sortie entretemps : « Neuf et occasion ». Vu son titre, pas étonnant qu’il réunit vieux tubes, compos originales et collaborations diverses, comme celle apportée par Emily Loiseau.

Ce mardi 21 octobre, leur tournée passait donc par Roubaix, dans le cadre de la fête à l’accordéon. La salle joliment rénovée de Watremez n’est pas remplie ; mais il y a bien 500 personnes pour manifester leur enthousiasme. Comme souligné dans les comptes-rendus consacrés aux Charlatans et aux Cranes, deux formations qui ont également aussi connu leurs heures de gloire début des 90’s, l’audience est surtout composée de trentenaires voire de quadragénaires. Mais aussi éclectique. Punks, skins, altermondialistes et autres looks caractéristiques.

Le set commence tranquille. Pourtant, dès « Les lettres de l’autoroute » la foule se met à remuer et les premiers pogos se déclenchent. François Hadji-Lazaro passe aisément de la flûte traversière à l’accordéon, du banjo à la guitare ou au violon. Les titres mélancoliques et les morceaux plus festifs alternent. On comprend ainsi plus aisément la signification du titre de leur avant-dernier elpee, « Rire et pleurer ». Ce spectacle de deux petites heures est ponctué par la reprise du « Les Vieux à la poubelle » des Garçons Bouchers, puis un « La salle du bar tabac… » assez électrique, histoire de clôturer le show dans la bonne humeur. Avant que le groupe ne revienne une énième fois sur scène pour se lancer dans une version acoustique et plutôt expérimentale du même titre.

Après ce show, on aurait bien arrosé notre soirée de quelques bonnes bières (belges s’il vous plaît, Bavik et Petrus sur la carte). Mais le personnel préposé à la sécurité en a décidé autrement. Ca ne rigole pas en France ! Nous avons donc été priés de quitter la salle le plus rapidement possible. En emportant quand même le sentiment d’avoir vécu une chouette soirée, malgré tout.

Pigalle – Balbino Medellin

Organisation : La Cave aux Poètes

 

Riffs' n' Bips 2008 : samedi 11 octobre

Écrit par

La cinquième édition du Riffs n Bips a donc vécu un gros succès populaire. Plus de 6 000 personnes s’y étaient donné rendez-vous ! Pour parvenir jusqu’au site, pas de problème. Mais pour trouver l’entrée réservée à la presse, fallait une bonne boussole. Et à l’intérieur, on a l’impression de participer à un jeu du labyrinthe. Heureusement, les bénévoles sont extrêmement sympathiques et nous aident à retrouver notre chemin. Finalement, après avoir effectué le même parcours plusieurs fois, on a compris ; et on ne se retrouve plus par hasard derrière le podium.

Entrée en matière réussie pour The Von Durden Party Project, une formation dont les membres sont issus des quatre coins de la Wallonie. Un set musclé, pétillant, énergique au sein duquel les musiciens recrachent élégamment toutes leurs influences qui oscillent de The Subways aux Queens of the Stone Age, en passant par les Infadels, les Kinks et Blur. J’ai même envie d’y ajouter Franz Ferdinand pour le sens mélodique et les Arctic Monkeys pour l’attitude. En gros le combo joue une sorte de stoner/punk/garage balayé par un zeste d’électro, pour faire dansant. C’est bien dans l’air du temps, c’est sympa, mais ce n’est pas nouveau. Responsable d’un album à ce jour « Death Discothèque », la formation doit encore digérer ses influences pour se créer sa propre voie. Et ma foi, elle en a le potentiel.

Starving est un peu la formation locale, puisqu’elle est issue de Dour. Le line up implique un nouveau batteur et une nouvelle claviériste. Par contre, c’est toujours Claudia qui est sous les feux des projecteurs. Son timbre vocal limpide mais argentin continue d’apporter un vent de fraîcheur à une musique plutôt eighties. Faut dire que les synthés vintage n’y sont pas pour rien. Pourtant le groove proposé par le line up est solide. Mais on ne peut se détacher de l’attitude sexy de la vocaliste. D’autant plus qu’elle a opté pour une coiffure plus sobre. Moins chauve-souris. Les textes sont pour la plupart interprétés dans la langue de Molière. Finalement assez sombres. Et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que Claudia est occupée de marcher sur les traces de Jo Lemaire. Carrière en solo en vue ? Seul l’avenir nous l’apprendra.

Dès que White Rose Movement monte sur les planches, mes yeux se focalisent sur le leader/vocaliste, Finn Vine. Non seulement, il porte des lunettes, mais il ressemble à Jarvis Cocker, l’ex-leader de Pulp. Aussi, on imagine forcément se taper une musique très eighties. Pan dans le mille ! Issus de l’Est de Londres, ces jeunes dandys semblent avoir été nourris à la new et à la cold wave. Celle de New Order, tout particulièrement. Mais aussi de Simple Minds circa « Sons and fascination » et Depeche Mode. Synthé glauque. Batterie robotique. Univers plutôt sombre. C’est à la mode, mais quand on a vécu l’époque en direct, on reste perplexe…

Nada Surf est un combo que j’ai toujours beaucoup apprécié. Et il faut reconnaître que sur les planches, ils ne déçoivent jamais. Mais depuis février dernier, époque à laquelle ils s’étaient produits à l’Orangerie du Botanique, leur set n’a pas beaucoup changé. Seul détail, Daniel Lorca, le bassiste, joue assis. D’après les dernières infos, il se serait pété le genou. Ce qui rend leur prestation moins percutante. On aura quand même droit à quelques superbes titres, dont certains repris en chœur par le public, comme les inévitables « Popular », « Inside of love », « Weightless », « Hi-speed soul », « Always love » et « Fuck it », véritable moment de défoulement pour la foule. Et reconnaissons-le, Matthew Caws est toujours aussi sympa !

Formation gantoise, Arid jouit d’une grosse popularité. Aussi bien dans le Nord que dans le sud du pays. Premier atout, les musiciens sont loin d’être des manchots. D’ailleurs, personnellement, j’estime que c’est le groupe qui s’est fendu du meilleur set ce soir. Pas pour rien qu’un rappel lui a été réclamé. Mais instrumentalement parlant. Et pas seulement pour le succès récolté par ses tubes. Ou parce qu’ému par le romantisme ambiant, quelques vieux couples ont entamé un slow. Que ne chante pourtant pas Klaus Meine des Scorpions, même si à cet instant, la voix de Jasper Steverlinck m’y fait beaucoup penser. Pour certains, il possède un très beau timbre. Mais ses inflexions constamment dispensées dans le même registre finissent par agacer. Et la force du groupe devient alors une faiblesse. J’ignore si on lui a un jour reproché. Ou alors, s’il a écouté ces griefs. Car Jasper a suffisamment de talent pour marcher sur les traces d’un certain Jeff Buckley... Pas qu’on lui demande de se jeter dans l’Escaut, mais tout simplement qu’il module son organe vocal. Et Arid pourrait alors passer en division supérieure.

Cali est un extraordinaire showman. Et il l’a une nouvelle fois prouvé ce soir. Il monte sur les planches, coiffé d’une casquette (qu’il jettera dès le second morceau) et enflamme instantanément le public. Il arpente le podium de long en large et entame son premier morceau en criant dans un porte-voix. Ils sont sept sur scène dont deux cuivres : un tromboniste et un trompettiste. Il se prend tout à coup pour un Mc’s, mais surtout enchaîne les tubes et au beau milieu de son concert, nous balance un réquisitoire musclé pour nous rappeler la situation des sans-papiers. Il se souvient de sa famille persécutée par le régime franquiste (NDR : sa famille est d’origine catalane) et ose la comparaison. Moment très émouvant. Le show défile à du 200 à l’heure. Il invite régulièrement le public à participer à la fête. Et avant de reprendre le « Without you » de U2, rythme personnellement une compo sur une caisse claire, qu’on est venu lui apporter. Rappel inévitable. Cali descend dans le public. « C’est quand le bonheur ? ». Il fonce au bout de la salle. Monte sur une table et se laisse porter par la foule jusqu’à la scène. Cali a beaucoup transpiré. Les spectateurs aussi. Un spectacle ‘live’ d’exception. Accordé parfois au détriment de l’aspect musical… Mais c’est sans doute une question de goût…

La tête d'affiche de ce 5ème festival Riffs' n' Bips était bien le collectif bruxellois Front 242. Fondé en 81, ce groupe est une des sources de l'Electro Body Music ; et on pouvait donc rêver d’un show de rêve pour l'organisation. En outre, la formation peut toujours compter sur un contingent de fans fidèles. Tout comme lors du festival FeestInHetPark à Audenarde, leur set s’est révélé très dynamique. Le public a bien réagi à des titres comme "Take-one", "Welcome to Paradise" ou encore le morceau ‘trance’ "Moldavia". Enfin, des compos comme "Religion" et "Headhunter" ont permis de vivre un final étincelant. Côté regrets, on notera la brièveté de la prestation (une heure à peine) ainsi que l’absence de grands classiques. (J.M.)

Et pour clôturer le festival, Dr. Lektroluv était de la fête. Chemise blanche, masque vert, énormes lunettes, combiné téléphonique en main (en réalité un vieux cornet…) il assène ses beats techno et electro. Un pilonnage qu’il va opérer jusqu’aux petites heures pour le plus grand bonheur des nightclubbers… (J.M)

Ah oui, et je vous invite à rejoindre notre rubrique ‘Live photos’ pour y découvrir les superbes clichés réalisés par Sindy…

 

 

Hippopotard 2008

Écrit par

Dans le domaine des festivals rock en Belgique, il existe une multitude de petites structures qui se lancent dans l’organisation. Parfois avec succès, parfois beaucoup moins. Une chose est sûre, c’est grâce à elles que de nombreux groupes débutants opèrent leurs premier pas. Et leur permettent surtout de se produire en public. D’oser quitter leur garage ou leur cave de répète pour se frotter à l’exercice du ‘live’. C’est ainsi qu’on peut y faire des découvertes ou tout simplement assister à la confirmation d’un talent en devenir. Mais pour en revenir à ces petites structures, il faut reconnaître qu’il leur faut aussi une fameuse dose de persévérance et beaucoup de passion pour tenir le coup. Tout particulièrement en Wallonie, où les subsides accordés pour organisations locales, dans l’univers de cette sub culture qu’est le rock, sont quasi-inexistants. Aussi, lorsqu’il n’y a pas assez de public, les organisateurs prennent la tasse et finissent par se décourager. Et on espère que ce ne sera pas le cas pour le Hippopotard qui a compté, au plus fort de son affluence, un maximum de 100 spectateurs. Or, il s’agissait déjà de leur troisième édition. Il serait grand temps que le public lambda se rende compte qu’en Belgique et en France, il existe aujourd’hui une multitude d’artistes talentueux ; et même parfois bien plus intéressants que certaines hypes britanniques et américaines qui disposent, en outre, très souvent d’autres moyens… C’est dit !

Bref, il n’y avait qu’une trentaine d’âmes lorsque Copyright ouvre les hostilités. Un quatuor issu du Nord de la France. De Béthune très exactement. Un line up classique : basse/batterie/guitare/chant, même si le vocaliste empoigne parfois une gratte. Un chanteur qui ne manque pas de charisme, mais triture un peu trop souvent sa voix à travers des pédales de distorsion. Pas une très bonne idée. Le soliste joue sur une Flying V. Le drummer est plutôt habile. Quant au répertoire, il est composé de covers : Blur, les Doors, les Stones, Queen, etc. Et elles sont, ma foi, plutôt bien exécutées, sans plus.

Lorsque New Bag monte sur les planches, il y a une centaine de personnes dans la salle. Faut dire que c’est la formation locale. Leur répertoire est également composé de reprises. Mais plus personnelles. Cependant, ce qui frappe d’abord chez cet ensemble, c’est l’accoutrement des musiciens. Plutôt kitsch. Enfin pour le bassiste, vêtu d’une robe de type léopard, mais en version noir et blanc et coiffé d’un chapeau de cow-boy. Et le claviériste/rythmique. Déguisé en Ecossais, mais avec un débardeur de femme. Le soliste, se contentant du chapeau. Quant au vocaliste, Jean-François, il porte tout simplement un training. Curieux, car il ne se frotte jamais au hip hop… Il aurait ainsi peut-être plutôt intérêt à porter un costard. Blanc même, comme en pleine période new wave romantique. Par contre, il possède un timbre assez remarquable, modulable à souhait pour interpréter toutes les adaptations. Que ce soit à travers celle des White Stripes, de Radiohead ou encore de Queens of The Stone Age, cette dernière caractérisée par un excellent groove, par ailleurs. Par contre, celle du « Money » de Pink Floyd ne m’a pas vraiment convaincu. Trop approximative. En fin de parcours, la bande de joyeux drilles invite tout le monde à faire la fête et la tenancière du bistrot les rejoint sur le podium pour essayer de pousser la chansonnette. Physiquement, elle ressemble à Lio, mais ne chante pas « Banana split ». Dommage ! Avis personnel, si le groupe veut décoller, faut qu’il se mette à écrire ses propres compos.

Curieusement, pour assister au set du quartet lessinois Abyss, il ne reste plus qu’une cinquantaine d’âmes dans la salle. Abyss reconnait pour influence majeure Muse. Il reprend d’ailleurs l’une ou l’autre compo de leur répertoire. Mais aussi IAMX. A cause de la touche électro qu’il injecte dans sa solution sonore. Au cours du premier morceau de leur prestation, deux des musiciens jouent d’ailleurs conjointement des claviers : un Roland et un Yamaha. A cet instant, on ne peut que penser à Das Pop. Mais lorsque les synthés sont moins présents, leur répertoire me fait davantage penser à Yel. Surtout pour les ballades. Mais aussi à Mud Flow pour le sens mélodique. Encore que les accents empruntés à Muse font régulièrement surface. D’autant plus que le falsetto du chanteur est aussi limpide. Particularité, il est de très grande taille et n’hésite pas à se coucher sur les planches, lorsqu’il est en transe. Tout en continuant à chanter, d’ailleurs. Abyss est manifestement composé d’excellents musiciens. Et en particulier le bassiste/claviériste, impressionnant dans sa capacité à jongler entre ses deux instruments. Un groupe à suivre, c’est une certitude. 

Ah oui, j’allais oublier, d’une capacité de 300 personnes, la Rotonde est une superbe salle…

 

Page 48 sur 61