Les textes candides mais positifs de Sea Girls…

Ce quatuor londonien –composé de Henry Camamile (chant, guitare), Rory Young (guitare), Andrew Dawson (basse) et Oli Khan (batterie)– s'impose par sa franchise rafraîchissante, ses mélodies accrocheuses et des paroles candides et positives. En outre, Sea…

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The Names à plein volume…

Issus de l'emblématique label Factory, aux côtés de Joy Division, New Order, A Certain Ratio, Durutti Column et Happy Mondays, The Names a consolidé sa place dans l'histoire de la musique. « Volume », c’est le titre du nouvel Ep de The Names. Il réunit quatre…

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Reset Festival : vendredi 30 mars

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RESET, c’est revenir sur ses pas. Signer un nouveau départ. Voilà trois ans qu’à l’exception de quelque Sonic Youth et autres, la programmation des Halles de Schaerbeek laisse perplexe. Récemment passée dans les mains de Marc Jacobs (Recyclart), la renaissance est espérée pour ce printemps 2007. Pas étonnant de trouver ainsi à l’affiche du RESET Festival, une programmation percutante, à l’image de la métamorphose tant attendue.

La salle s’emplit rapidement, malgré les débuts hésitants et chaotiques de The Eternals, dont la molle performance disco-punk fait regretter la fraîcheur et l’efficacité du disque ; regards sceptiques et déçus sont échangés, avec plus ou moins de discrétion chez ceux qui huent sans réserve une prestation ne décollant guère.

Encore à froid, l’entrée gargantuesque de Detroit Grand Pubahs tombe comme un cheveu dans la soupe. L’allure bûcheronne de « Paris The Black Fu » et l’imprévisible bouillonnement de funk, techno, cabaret et dark dancefloor fait sourire. Musique hybride déversée sans complexe par quatre énergumènes en perruque ou masqués. Les réserves tombent, on rit sous cape. L’effort de mise en scène est apprécié ; mais, l’effet de surprise dépassé, l’assemblage difforme n’augure rien de bien convainquant. Las, on aspire à un son plus entier, engagé dans des formes obtuses et entêtées plutôt qu’éclectiques et essayistes.

Le Dieu rockeur a entendu nos prières ; l’entrée de Dj Rob Hall canalise d’emblée les énergies dispersées, et quelques beats simples et efficaces suffisent à l’engouement. C’est puissant, inattendu de la part d’un nom discret et feutré, souvent aperçu en tournée à l’ombre d’Autechre –en compagnie duquel il a par ailleurs fondé le label ‘Skam’. Rob Hall, en DJ old-school et acid, fait évoluer sans heurts un set volontaire et charismatique. Impossible de résister à ces beats bruts et dansants ; et la moitié de Skam démontre qu’il peut aussi exceller dans la promotion d’une électronique basique exempte de tortueuses bizarreries.

Parfaite dépense d’énergie pour accueillir, temporairement exténués, l’électronica déconstruite d’Autechre (Warp). La salle est à fleur de peau, les yeux brillants et toute en sueur ; il en faut peu pour tomber dans la jouissance lorsque s’élève une première nappe délicieusement psychédélique. Beaucoup sont venus avant tout pour plonger dans cette étrange expérience musicale toujours en quête du décalage, de l'accident, du choc sonore saisi au creux d’un savant calcul mathématique. Plus conciliant que d’habitude, c’est, à l’exception de quelques reliefs ingrats, un set accessible même pour les néophytes ; presque fluide, et en tout cas dansant. Inattendu de la part d’un groupe pour qui les prestations live ne sont pas toujours l’idéale mise en valeur d’un son déconstruit. Si Autechre est passé maître dans l’art de s’échapper à mille lieues de l’album pour un live imprévisible -parfois difficile à pénétrer-, la formation a néanmoins réussi la gageure de captiver sans jamais s’enraciner. Ultra expérimentale, cette électro en mode free-jazz nous offre un moment hors du temps, nichée au creux de ces aléatoires sonores, tantôt indigestes tantôt transcendés de crescendos jouissifs. Jamais indemnes, les fans tombent, en transe, dans une nouvelle addiction.

Après telle émotion, l’ambiance ne peut en aucun cas retomber, et, aussi instantanément que s’évanouit l’univers tortueux et fascinant d’Autechre, on perçoit les premiers beats du brillant James Holden. Véritable génie, inclassable, avant-gardiste, le jeune Anglais n’hésite pas à rapprocher acid house, techno, trance et électro. Reconnu pour ses nombreuses collaborations, en signant notamment sur son propre label (Border Community) les Nathan Fake, Petter, The MFA et Lazy fat people, il se pose en figure incontournable pour un festival électro qui se veut varié, prometteur et explosif. James Holden étonne par ses beats inattendus, mais toujours sophistiqués et livrés avec franchise. On savoure tant les morceaux glissant directement vers le dance-floor, que les plus introspectifs dans la lignée de Boards of Canada. Oui, l’électro expérimentale fait encore danser.

Le set s’achève sur une poussée d’adrénaline, et, sans avoir le temps de figer son enthousiasme, Dj Darko –renommé pour ses Statik Dancing au Recyclart– lance un set rapidement sur les rails, malgré un public qui s’effiloche. Pas de regrets, et l’envie d’appuyer à nouveau sur la touche RESET. Rendez-vous à la seconde édition, prévue fin avril.

Organisation : Vaartkapoen Bruxelles en collaboration avec les Halles de Schaarbeek

 

 

Les Nuits Botanique : vendredi 4 mai 2007

Durant ces Nuits du Botanique, certains choix étaient draconiens comme celui de ce vendredi 4 mai. Il fallait en effet choisir entre les stars montantes Cold War Kids, qui avaient mis le feu quelques mois plus tôt à l’AB en première partie de Clap Your Hands Say Yeah (volant même un peu la vedette à ces derniers), et soirée 100% chanson française au Cirque Royal. Finalement c’est pour ce deuxième choix que j’ai opté. Impossible de se tromper de salle, le public est bel et bien typique à l’entrée : plutôt BCBG, jeune et branché. On y croise même certains artistes (Jeff Bodart entre autres).

Vers 20h, Jacques Duvall entre en scène. Plus connu comme parolier (il est l’auteur du tube « Banana Split », immortalisé par Lio et collabore à l’écriture de chansons pour Marc Lavoine, Alain Chamfort ou encore Jane Birkin) que comme chanteur, il célèbre son retour, après 15 ans d’absence… Soutenu par un bon band, impliquant notamment le leader de Miam Monster Miam à la guitare, Duvall balance tant bien que mal ses textes. Il est en effet contraint de faire usage d’un pupitre pour lire ses paroles, et ne s’en cache pas. Il en profite pour remercier les organisateurs pour sa qualité. Les ballades et l’humour au second degré trahissent toutefois une sensibilité bien belge. Mais elle n’est pas du tout désagréable à partager, même si certains textes prêtent à sourire (comme celui consacré à Jean-Claude Van Damme).

Autre artiste, autre style. Valérie Leulliot s’est lancée dans une expérience solo, après avoir vécu une belle aventure au sein d’Autour de Lucie. Elle interprète quelques titres intimistes en s’accompagnant au clavier et tourne presque le dos à la foule. Puis la svelte blonde réveille son public en l’entraîne au cœur de ballades plus folk, dynamisées par ses nouveaux musiciens. Certains titres nous replongent bien sûr dans l’univers d’Autour de Lucie mais nous rappellent aussi Karine Clercq, même si Valérie Leulliot est bien moins jolie que notre Karine nationale, il faut bien l’avouer…

Quelques bons verres consommés au bar plus tard, sur le coup de 22 heures, la foule s’anime. On attend le Breton. Dès l’entame de « La facture d’électricité », le public s’enthousiasme. Bon nombre de jeunes se lèvent et s’empressent de trouver un coin standing, sur les côtés du parterre central, pour pousser un petit pas de danse. Christophe Miossec éprouve cependant des difficultés à trouver sa voix, et plusieurs titres lui sont nécessaires avant qu’il ne puisse la maîtriser. Franchement, j’avoue éprouver toutes les peines à entrer vraiment dans ce concert. Et à l’instar de nombreux autres fans de ses débuts, je pense qu’après la magie du premier album et des premiers concerts, sa situation s’est dégradée. Un peu comme sa voix semble de plus en plus cassée. Cependant, si ce concert n’est pas aussi catastrophique que celui, pathétique, accordé à l’AB en 2002 ou lors du premier passage à Dour, il ne figurera certainement pas dans mes souvenirs impérissables. Seuls les musiciens du Breton donnent de l’intensité aux compos, souvent caractérisées par leur construction en crescendo. Quant au Breton lui-même, on se lasse vite de sa façon toujours identique d’empoigner son pied de micro, de se tenir penché en avant, et de dissimuler difficilement une timidité qui l’empêche de s’exprimer correctement entre les titres…

Pour les invétérés de Miossec, sachez toutefois qu’il reviendra à Bruxelles (enfin, plus exactement qu’il se produira à nouveau en Belgique, car il habite notre capitale), vers le 21 juin, dans le cadre des Fêtes de la Musique.

Miossec + Jacques Duvall + Valérie Leulliot (Cirque Royal)

S.L.

 

L’ouverture officielle a pris place le 30 avril mais ce n’est que le 4 mai qu’ont été lancées les festivités sur le site du Botanique. Lors de ce premier soir, la Rotonde accueillait Me & My Machines, un DJ set (mémorable) de CSS et la new-rave de Shy Child.

Me & My Machines, formation electro-rock signée chez Anorak Supersport, a ouvert le bal sur un set peu convaincant qui se sera d’ailleurs terminé par quelques accrocs techniques. Heureusement pour eux, il n’y avait pas grand monde pour assister à ce spectacle ( !?!?)… 

La soirée s’est enchaînée par un fameux DJ/VJ set de CSS. La formation brésilienne s’est ici limitée à deux membres : l’une des guitaristes ainsi que… le Tour Manager. La bonne blague. Quant au set, n’en parlons pas. D’un amateurisme intégral, les soi-disant DJs à la mine déconfite se sont contentés de faire tourner les disques en tentant ici et là quelques enchaînements des plus exécrables. Heureusement pour ces usurpateurs, il n’y avait pas grand-monde pour assister à ce spectacle ( !?!?!). Quand on pense qu’ils sont ensuite partis l’infliger au pauvre public de The Jai-Alai Savant, à l’AB…

Le nouvel arrivage de la scène new-rave britonne, Shy Child, a ensuite pris possession de la scène. Au grand soulagement d’un public clairsemé, le duo balança un set court mais efficace tiré essentiellement de leur album « Noise Won’t Stop » qui paraîtra fin mai. On regrettera cependant l’oubli des excellents « Technicrats » et « Break Your Neck » extraits de l’EP « One With the Sun ». Mais on ne s’en plaindra pas trop, après avoir subi les deux premières parties de la soirée. Dommage pour ces deux petits gars, il n’y avait pas grand monde pour assister à ce spectacle… Séance de rattrapage au festival de Dour cet été.

Shy Child + CSS DJ/VJ Set + Me & My Machines (Rotonde)

R.S. 

Festival Domino 2007

Coincé entre plusieurs retours et quelques instruments laissés à l’abandon par les Montréalais de Silver Mt. Zion, The Strange Death of Liberal England tente fébrilement de happer l’attention d’un public dispersé. On les comparerait déjà à GY!BE, et bien sûr la référence s’avère paresseuse : ici les guitares et même l’élan collectif (une fille, quatre types) ne pèsent pas lourd dans le calcul, il manque à ces jeunots des titres forts et de la carrure sonore.

Pour le déluge sonique tant espéré, Christian Fennesz s’occupe de tout, et tant pis s’il fait 27° sur les trottoirs du Boulevard Anspach. Bien planqué derrière sa guitare électrique et son laptop riche en textures malignes, l’Autrichien fait patiemment monter la sauce : après une demi-heure de soundscapes bourdonnants dont les effets sur le cortex valent bien une grosse bronchite, notre homme appuie sur la touche ‘stop’ et disparaît tel un spectre de notre champ de vision. Nos oreilles, elles, n’ont pas encore conscience du silence qui trop soudainement a repris l’avantage : ce barnum ambient-noise, qui s’insinue en nous tel un reptile en mue, n’a pas complètement disparu de notre environnement intime. Il y dort, s’y tapit, et resurgit parfois dans le fracas urbain de nos vies esseulées : « Endless Summer » vient d’être réédité et recèle deux tracks supplémentaires ? Nous ne sommes qu’au mois d’avril et déjà c’est l’été : décidément Fennesz est bien un artiste d’avant-garde.

Avant Constellation on ne parlait pas tellement du Canada dans l’atlas des musiques qui comptent, et encore moins de post-rock, une étiquette qu’Efrim, ce soir, piétinera avec emphase (‘Et y a ‘core des gens qui osent dire qu’on fait du post-rock !!!’). Même si Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra & Tra-La-La Band se compose (en gros) des mêmes zigues à la base du label et de Godspeed (Efrim donc, mais aussi Sophie, Thierry, Beckie, Ian, Jessica et Scott : évitons les noms de famille, puisque Constellation est une grande famille), il s’agit ici de faire la distinction. Silver Mt Zion est avant tout un groupe vocal, du moins depuis deux ou trois ans : choral même, incantatoire à sa manière, empruntant ses gimmicks aux chants liturgiques et à la musique klezmer. ‘Nous allons vous jouer surtout des nouveaux morceaux’, déclare d’entrée de jeu Efrim, de profil face à l’un des cinq microphones qui tracent un cercle au milieu de la scène. C’est parti pour une longue rêverie quasiment inédite, comme au Botanique il y a deux ans, dont ressortira l’immense « One Million Died To Make This Sound », la chanson, le refrain, scandé en chœur pendant de longues minutes cathartiques, au-delà de la patience de certains spectateurs (surtout un seul, interpellé d’ailleurs par le groupe lors du rappel). En guise de classiques aux envolées magiques, les fantastiques « Mountains Made of Steam » et « Take These Hands and Throw Them in the River », sans parler de ce « BlindBlindBlind » encore non disponible sur disque mais qu’on avait entendu, bouche bée, l’année dernière au Cirque Royal. ‘Imagiiiine the vuuuue…’ : une heure de pure lévitation électrique et tendue, vers un ailleurs utopique mais tellement rassurant, mélancolique et politique. Vivement l’été, le vrai, que sorte enfin ce cd live !  

Org : AB Brussel – Dominofestival

 

Les Nuits Botanique 2007 : dimanche 6 mai

Là où le bât blesse, quand on apprécie les deux albums de Jérôme Deuson alias aMute, c'est d'avoir l'impression, à chacun de ses concerts, de s'être trompé de salle. Mais où est donc passée l'élégante tension qui habite ses disques, remplacée sur scène par un magma sonique plus proche des Smashing Pumpkins période « Gish » (notre homme est fan) que de Tim Hecker ou de Intr_Version ? Epaulé en concert par le Sea Horse Band, Jérôme Deuson préfère appuyer fort sur nos certitudes rock'n'roll qu'opter pour l'émotion à fleur de peau (cette putain !) Et ce n'est ni son batteur à la poigne trop véloce ni son bassiste sans cesse tournicotant (un transfuge de Major Deluxe) qui changeront la donne : aMute en concert déçoit parce qu'il veut trop séduire, alors que sur album tout est dans le non-dit et la quiétude introspective.

S'ils sont huit sur scène, les Canadiens de Do Make Say Think se révèlent a contrario plus condensés dans leurs manies post-rock. Deux batteurs, deux trompettistes, un saxophoniste/claviériste, un guitariste, un bassiste et une violoniste : le barnum, pourtant, n'est ici pas une menace? Qu'on se le dise : après plusieurs années d'absence en nos contrées la clique de Montréal (parmi elle, des membres de Broken Social Scene) n'avait pas intérêt à décevoir ses fans. Promo oblige, le set était centré sur les compos de « You, You're a History in Rust », dernier album sorti il y a quelques semaines. Au rayon des classiques, « Horns of a Rabbit », « Classic Noodlanding » ou encore « The Landlord is Dead », bref du post-rock mâtiné de cuivres vaporeux, mais moins accidenté que celui de leurs potes de Godspeed. `J'espère qu'on est meilleurs que la dernière fois, parce qu'à l'époque on avait dû se taper 20h de voyage pour venir jusqu'ici !' Les `Ouh ouuuuh !!!' du public à chaque nouvelle embardée les auront sans aucun doute rassurés : après quasi deux heures d'un live incandescent malgré quelques temps morts, Do Make Say Think quitte la scène avec un grand sourire. Tabernac' quel panache !

G.E.

aMUTE + Do Make Say Think (Botanique)

C'est devant un Cirque Royal entièrement conquis à sa cause que Saule et les Pleureurs ont enchaîné titres intimistes et rythmés, parfois dans des versions inédites, passant du free style au reggae. Les Pleureurs, tout à tour fanfare, troupe de saltimbanques, et véritable groupe, sont décidément les compléments naturels et indispensables de Saule, qui deux ans après leur premier passage aux Nuits Botanique, y reviennent en tête d'affiche, superbement mis en valeur par le décor et les éclairages signés Dragone. Alternant intelligemment chansons lentes et enlevées, Saule a réussi son pari de faire monter l'assistance sur la scène du Cirque Royal, le temps d'une chanson.

De l'émotion, du rythme, un contact toujours sympathique avec son public : Saule, s'il parvient à poursuivre dans cette voie, risque bien de devenir une nouvelle coqueluche des scènes francophones.

 B.H.

 Saule et le Pleureurs (Cirque Royal)

 

Les Nuits Botanique 2007 : mercredi 9 mai. La Nuit Boring

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Soirée en demi-teinte proposée ce jeudi 9 mai à l’Orangerie. Heureusement, la configuration assise de cette dernière nous aura permis de tester le confort des sièges. Des sièges presque aussi intéressants que la série de concerts accordés par Superflu, Seb Martel, The Kissaway Trail et Peter Von Poehl.

 On pourrait se forger une réputation de mauvaise langue et se contenter de dire que Superflu, c’est un peu comme Dionysos si ces derniers avaient été chiants. Mais finalement, sur la longueur, ils nous ont certainement offert le set le plus enthousiasmant et le plus charmant de la soirée. Après un départ plutôt quelconque et au fur et à mesure du set, les Français ont trouvé leurs marques pour véritablement se révéler sur le très bon « 25 ans ». Dans l’ensemble, Superflu constitue donc une formation qui gagne à être revue sur scène ; mais dans d’autres conditions.

 20 minutes plus tard, Seb Martel prend la place de Superflu. Et, à vrai dire, hormis l’ultime petite ritournelle en espagnol, seule à sortir du lot, le reste du set était carrément ‘borderline’, comme dirait l’autre. En d’autres termes, limite médiocre. Suivant…

 Que le dealer du rédacteur qui a titré sa chronique de The Kissaway Trail « Les Arcade Fire du Danemark » se fasse connaître. Je veux la même chose. Et en 10 exemplaires, siouplé ! The Kissaway Trail a beau être composé d’excellents musiciens, et le bassiste avoir un petit air de Win Butler, la formation danoise est loin d’égaler le brio des Canadiens. Sur scène, comme sur disque, The Kissaway Trail a du mal à convaincre, malgré quelques bons morceaux, ici et là…

 Enfin, place à la tête d’affiche de la soirée, Peter Von Poehl. Fort d’un excellent album (« Going To Where The Tea Trees Are ») et d’une tournée opérée en compagnie des Français de Air, le géant suédois ne s’est pas vraiment distingué. En cause, un set assez plat, entrecoupé d’interventions assez gauche du jeune homme (cette affreusement mauvaise anecdote !) Ce dernier ira même jusqu’à se lancer dans une atroce reprise de « Heartbreak Hotel », durant laquelle une petite partie du public fuira à toutes jambes. Von Poehl sauvera les meubles sur la fin de sa prestation, en enchaînant « A Broken Skeleton Key », « Going To Where The Tea Trees Are » et « Lost In Space ». Occasion rêvée de s’éclipser avant que le rappel ne vienne boucler cette soirée bien morne. On ne peut pas gagner à tous les coups...  

 
Superflu + Seb Martel + The Kissaway Trail + Peter Von Poehl 

 

 

Les Nuits Botanique 2007 : samedi 30 avril 2007.

La sonnette retentit vers 20h00 alors qu’on vient à peine de tremper nos lèvres dans un gobelet de mousse, et surprise : c’est Keren Ann qui déboule sur la scène du Cirque Royal, en robe H&M et tongs brésiliennes. A peine un ‘Bonjour’ plus tard et voilà les trois premiers titres emballés et pesés, « In Your Back », « The Harder Ships of the World » et « It Ain’t No Crime ». Trois morceaux tirés du nouveau disque de l’Israélienne, plus rock, moins intimistes : il semblerait que l’exil de la chanteuse en Amérique l’ait poussé à rogner un peu les angles, à limer tout particularisme. Finies les cocasseries ambient-folk à la Lady & Bird, Keren Ann joue désormais du rock country à la sauce Emmylou. « Sailor & Widow » suivi de « Nolita » nous rassurent pendant 10 minutes : le public, attentif, ose enfin lâcher un premier râle de satisfaction. Le nez dans son Fender, Albin de la Simone remplit correctement son contrat de travail, tout comme Thomas Semence (du backing band de Jean-Louis Aubert) à la guitare et (parfois) à la basse. Soupirs et bâillements dus à la position assise, et à ces nouveaux titres (« Where No Endings End », « Lay Your Head Down ») qui souffrent d’une nonchalance conservatrice. Keren Ann n’interprétera aucun de ses morceaux ‘en français dans le texte’, même si elle est à Bruxelles et non pas à New York, nouveau terrain promotionnel. Heureusement « Chelsea Burns », « Not Going Anywhere » et « Spanish Song Bird » rappelleront à notre bon souvenir que la Française d’adoption a sorti par le passé de bons petits disques. Depuis lors la roue a tourné et Keren Ann n’occupe plus le devant de la scène… D’ailleurs il est 21h00 et c’est déjà fini : comme apéro on espérait quelque chose de plus fort.

Auréolé du Prix Constantin et boosté par une presse dithyrambique, Abd Al Malik entretient une relation des plus fécondes avec la Belgique : c’est ici qu’il a eu l’idée de son premier album solo (« Gibraltar »), et c’est sûrement pour ça qu’il est si souvent dans la place. ‘Bruxelles… Je t’aime !’ seront d’ailleurs ses derniers mots à l’égard du public, debout pour l’acclamer. Entouré du jazzman Laurent De Wilde et d’autres musiciens acquis à sa cause humaniste et rebelle, le slammeur raconte ses histoires avec une belle persuasion et un sens chaloupé du groove. « Soldat de Plomb » démarre les festivités, suivi de « M’Effacer » mais sans le support vocal de Keren Ann, ‘partie rejoindre son amoureux’, dixit Abd Al Malik : dommage, l’occasion était belle et franchement attendue… En matière d’effacement la chanteuse aura prouvé une heure plus tôt qu’elle sait de quoi elle parle, mais en fin de compte peu importe : la vedette, ce soir, c’est Abd Al Malik, un type vraiment sympa. Après « 12 Septembre 2001 » notre homme se fait grave (« La Gravité »), avant de balancer un « Gibraltar » fiévreux qui emballe l’assemblée. Un hommage à Jacques Brel plus tard (« Ce grand rappeur »), Abd Al Malik entonne « Les Autres », « Céline » et « L’Alchimiste ». Le public est conquis par ce mix de jazz, de hip hop et de chanson française, même si l’on cherche des yeux les b-boys de service. ‘Vive la Belgique arc-en-ciel et débarrassée de toutes ses peurs’, lancera le jeune homme cagoulé en début de concert : en programmant sur la même scène Keren Ann, Truffaz et Malik, le Botanique a bien compris le message. Relever le défi de l’ouverture d’esprit, voilà une belle bataille à laquelle nos salles de concert devraient plus souvent se résoudre. Le Botanique l’a fait, le public a suivi : on ne pouvait rêver mieux pour le démarrage de ces Nuits.

Keren Ann + Abd Al Malik (Cirque Royal)

 

Les Nuits Botanique 2007 : vendredi 11 mai 2007. La Nuit Belge.

Une ‘nuit belge’ ? Voilà un concept qui a déjà fait ses preuves l’année dernière, et qui encore une fois se solde par un succès public des plus revigorants, tous styles confondus. Evidemment les groupes à l’affiche n’ont déjà plus grand chose à prouver, et l’on ne retrouve pas à l’affiche K-Branding, I Love Sarah, Opak ou Lugubrum, mais plutôt The Tellers et Sioen –ce qui n’est pas pareil. Démarrage pied au plancher avec Les Anges, autrement dit Hulk + la claviériste déjantée de feu Fifty Foot Combo, ce groupe gantois qui a cessé d’exister après douze années de folles empoignades surf’n’roll. « The Worst is yet to come », titre l’une de leurs douze chansons, et heureusement pour eux nos rockeurs jouent avant les poussifs Mud Flow : la messe est déjà dite, merci pour le raccourci. En 40 minutes les Louviérois et leur nouvelle copine (à la langue bien pendue) auront montré de quel bois ils se chauffent : ça brûle à nos oreilles, ça bout dans le calbutte… Tel un bison en rut leur rock ne laisse aucun répit mais beaucoup de traces : dans le cerveau, sur le teint du miroir (« 50 euros »), à cet endroit du slip où les fesses se raidissent sous les assauts du riff. Ssssss… Nos tympans sifflent, oui, face aux déflagrations boogie de « Be a man » et de « You wanna have it all » : t’en veux ? Tu vas en avoir pour ton compte, à toute berzingue et sans temps morts intempestifs. Les Anges prêchent le rock’n’roll 50’s-70’s comme personne en Belgique : vivement le paradis qu’on se délite sans honte !

 

Après, bon… Il y avait Sharko. Qu’on attendait certes au tournant (son dernier album taillé pour le succès FM) mais sans grand intérêt : le type est bon sur scène, ses morceaux tout autant,… Reste la surprise, chez lui pas trop de mise. Il n’empêche que ce soir, dans un chapiteau bourré à craquer, Sharko a livré un de ses meilleurs concerts : virevoltant, pro mais pas trop, tubesque et diablement festif. Tout « Molecule » (ou presque) y passera, sans oublier les vieux hits (« Tonite », « Spotlite », « I Went Down », « Excellent (I’m special) ») qui pour le coup sonnent comme de vrais hymnes ‘un peu’ belges. C’est que David Bartholomée a retenu les leçons de ses anciens échecs publics : à force de faire le clown personne n’achetait ses disques, et c’était bien dommage. Fini le temps de l’entertainment tarte (parce que trop prévisible) : place aux refrains assimilables en cinq secondes, à répéter en chœur pour conjurer la mauvais sort. « Motels », « Trip », « Sugarboy », « Rock 1 » : l’heure est aux hymnes racés, façon U2 (l’âge d’or)/Police. L’avenir nous dira si Sharko et ses valeureux compagnons (Teuk Henri à la guitare, Julien Paschal à la batterie) veulent devenir le nouveau Placebo, mais une chose est sûre : avec un inédit dont le refrain martèle les mots ‘Godspeed’, ‘You !’, ‘Black’, ‘Emperor’, on l’entrevoit cette fois sans drache nationale.

Les Nuits Botanique 2007 : samedi 5 mai. Revenge of the Nerds.

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Soirée internationale sous le chapiteau des Nuits Botanique. D’un côté, Alex Gopher pour la France, de l’autre Just Jack pour la Grande Bretagne et, cerise sur le gâteau, The Whitest Boy Alive pour la Norvège et l’Allemagne. Et les ‘twelve points sont revenus incontestablement à ces derniers.

 En ouverture de la soirée, un Alex Gopher faiblard s’est contenté d’enchaîner essentiellement les titres de son disque éponyme. Son electro-pop n’a d’ailleurs l’air de ne produire ses effets que sur quelques rares membres de l’assistance. Même son excellent « The Child », reprise de la grande Nina Simone, a eu droit à un traitement ‘guitaristique’ des plus futiles. Une belle déception.

 Ensuite, place à Just Jack pour lequel la majorité du public était manifestement présente. Responsable d’un set quasi similaire à celui présenté au Witloof Bar quelques semaines auparavant, Jack et ses potes ont prouvé une fois de plus que lorsque l’on passe sur Pure FM et Mint, il ne faut pas grand-chose, sur scène, pour satisfaire le public…

 Apparu sur scène quelques minutes après le départ de Just Jack, Erlend Øye se fera happer presque instantanément par une horde de groupies. De quoi donner de l’espoir à tous les nerds de la planète. Après une séance de dédicaces et photos forcées (non pas que monsieur Øye ait eu l’air de s’en plaindre, au contraire), The Whitest Boy Alive au grand complet débarque sur scène et balance un set magistral introduit par « Inflation ». Entre quelques singeries et impros (« Harder Better Faster Stronger » de Daft Punk glissé entre deux titres), Erlend se montre aussi en forme qu’au festival de Dour 2006, si pas plus. Après avoir dédicacé le maladroit « Above You » à la Wallonie, la formation termine sa prestation par un remarquable « Burning », repris en chœur par quelques fans des premiers rangs. Encore un 10/10 pour le garçon le plus blanc du monde.

 Alex Gopher + Just Jack + The Whitest Boy Alive

 

D'Hiver Rock 2006 : samedi 25 février / Experimental Tropic Blues Band nous en mis plein les oreilles, Punish Yourself plein la vue...

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La deuxième journée du festival débutait à 16 h20. Une journée bien chargée attendait votre serviteur ; d'autant plus que quatre groupes de métal étaient programmés dans une troisième salle, à partir de 19h20. Dont Vandal X. Une prestation à laquelle je n'ai malheureusement pu assister, puisqu'au même moment se produisait Experimental Tropic Blues Band. Et de cette scène, je n'ai pu assister qu'à quelques minutes du set dévastateur de Morning Red. Une certitude, plus de monde dans les salles qu'au bar lors de cette deuxième journée, même si le jus de houblon semble encore avoir coulé à flots…  

Issu de Lille, Glory Pop est le lauréat de l'Open Stage de Mouscron, édition 2006. Un quatuor qui remet au goût du jour le style théâtral, parodique et humoristique de Bonzo Dog Band. Encore que parfois, leur humour décalé évoque les Monthy Python. Pas étonnant d'ailleurs que la formation adore les déguisements. Entrant sur scène vêtus d'une bure blanche, semblable à celle des adeptes du Ku Klux Klan, les membres du band terminent en string, après avoir transité par les accoutrements les plus farfelus possibles et imaginables (plumes, scaphandre et j'en passe). A un tel point qu'on finit par en oublier la musique qui tire un peu dans tous les azimuts. On y recèle même du rap et du glam (NDR : évidemment). N'empêche le chanteur est capable de passer du clavier au violon avec un certain talent. Et une chose est sûre : on s'amuse tout au long de leur prestation…

Peu réceptif au hip hop, je me suis quand même risqué à assister au set de Prise de Son soutenu par les Choco Pops. Collectif particulièrement jeune, Prise de Son rape comme mille et un autre groupe du style dans l'Hexagone. A leur avantage, des textes engagés et surtout intelligents, en phase avec les problèmes des banlieues en France. La présence des Choco Pops donne cependant une toute autre coloration à l'expression sonore. Le trio guitare/basse/batterie a des planches, et notamment le drummer. Balèze (au propre comme au figuré), il donne une amplitude phénoménale à la musique proposée. D'ailleurs, livré à lui-même au beau milieu du set, le collectif lasse très rapidement. Et il faudra le retour du backing group pour que la prestation retrouve des couleurs. N'empêche pour une première, cette collaboration méritait d'être vécue et demande même une suite…

Skeil est un quintet lillois qui pratique une sorte de funk/acid/jazz directement inspiré par Jamiroquai voire Steely Dan. C'est également le nom du chanteur/claviériste et leader de cette formation. Un chanteur qui possède un falsetto d'une grande limpidité. En outre son backing group n'est pas constitué de manchots ; et en particulier le saxophoniste. Malheureusement, leur solution sonore manque paradoxalement de groove. Mortel pour un combo qui revendique un tel style musical…

Ensemble courtraisien, Rencontrez l'Amour baigne dans le surf jusqu'au cou. Pas de chanteur, mais une musique instrumentale instituée, il y a près d'un quart de siècle par les Shadows, et perpétuée encore aujourd'hui par Dick Dale. Au début, c'est sympa, mais au bout de 20 minutes, on atteint le stade de saturation. Et on retourne au bar.

Sarah Markewich est américaine. New-yorkaise, très exactement. Elle vit cependant aujourd'hui à Courtrai. Depuis 9 ans. Vocaliste chez Greyn elle possède une superbe voix qui rappelle tantôt Nathalie Merchant des 10.000 Maniacs, tantôt Ani DiFranco. Le quintet pratique une sorte de pop/rock semi-acoustique particulièrement soigné. Mais aussi très ennuyeux. Et le groupe a beau se réclamer des Violent Femmes, dont il interprète d'ailleurs une cover, on se demande s'il ne devrait pas privilégier les bars nightclubbiens.

Apparemment, la pub de Morning Red a fait recette. Après avoir distribué moult tracts pendant deux jours, ils sont parvenus à attirer la foule dans la salle réservée aux groupes de métal. Disposant de deux chanteurs, le sextuor pratique une musique féroce, turbulente, fruit d'un cocktail improbable entre Mass Hysteria, Colcut, Soulfly et Incubus. Et le public averti réagit instantanément à cette flambée de fureur. Un set dévastateur auquel je me suis soustrait après dix minutes, histoire de sauver ma peau… et mes tympans…

Raspoutitsa n'est pas le nom d'un ancien agent du KGB, mais le patronyme d'une formation issue de la région tournaisienne responsable d'une style musical particulièrement original qui oscille entre chanson française et prog, en passant par l'électro et la pop. Mais la force du groupe procède des lyrics de Mathieu. Des textes lourds de sens et de pertinence. Il joue également de la guitare. Et chante. Pourtant, son timbre n'a rien d'exceptionnel ; mais ce soir, ses inflexions ont fait la différence. D'ailleurs, à ces débuts, Cantat avait-il une belle voix ? Après trois années d'absence, le groupe a décidé de sortir un maxi (NDR : dont le digipack est absolument superbe !) et de repartir en tournée. Franchement, on est ici en présence d'un talent à l'état brut. Qui mérite d'être poli. Peut-être pas toujours facile d'accès, il faut le reconnaître… Et quoi, Ferré était-il facile d'accès ?

Fondé en été 2000, Two Star Hotel a été signé par le label allemand Sounds Of Subterrania, une écurie qui compte en ses rangs King Kahn, Dirtbombs, Melt Banana, El Guapo Stuntteam et The Monsters. La formation liégeoise a d'ailleurs sorti son premier opus en 2005. Et à l'écoute de cette plaque, cette signature se justifie. En fait, TSH pratique un cocktail de boogie, de funk et de punk qu'ils appellent avec dérision du 'plastic-avant-rock' (NDR : si on veut bien !). Sur scène le groupe se présente vêtus en rouge et noir, un foulard noué autour du cou. Deux guitaristes (qui disposent d'un rack de grattes assez impressionnant, dont une transparente !) alimentent leur solution sonore aride, énergique, convulsive, qui transpire le sexe et le rock'n roll. D'ailleurs, dès les premiers accords, vous avez une envie irrésistible de taper du pied. Et leur nouveau chanteur semble s'être facilement moulé dans l'ensemble. Pantalon de cuir noir, poses lascives, il se déhanche, harangue la foule, et termine même son set au milieu du public.  

PPZ30 n'est pas né de la dernière pluie, puisque le combo existe depuis 1992. Malheureusement, leur funk métal semble avoir pris un sérieux coup de vieux. Pas que l'énergie soit absente ; au contraire ! Mais elle est le fruit d'une accumulation de clichés qui finissent par devenir agaçants. Et leur dernier album, « Duck my sick » en est la plus belle illustration. Heureusement, sur les planches, la formation est toujours aussi intéressante. Et puis rien que la présence de Bruce, le chanteur/showman, est un véritable régal. Bénéficiant du concours d'une section de cuivres le combo n'a donc pas failli à sa réputation. Enthousiasmant même ceux qui ne les avaient jamais vus…

Experimental Tropic Blues Band ! Nous ne sommes plus dans la même division… Les héritiers naturels des Cramps et de Jon Spencer Blues Explosion ont encore frappé… Psycho Tiger et Boogie Snake étaient au sommet de leur forme, même si en final, ils ne savaient plus trop où ils étaient. Et le public leur a rappelé en leur accordant une formidable acclamation. Qui a débouché par un rappel ! Une chose est sûre leur psycho boogie (NDR ou si vous préférez leur rock'n roll blues & roots) est unique en leur genre. Toujours pas de bassiste, mais deux râpes qui se conjuguent à merveille, déchirent l'espace sonore ou l'enflamment pour mieux le rendre dansant et sulfureux, pendant que Devil d'Inferno martèle tribalement ses fûts. Et les voix des deux solistes (une plus claire, l'autre caverneuse) se complètent parfaitement. Bref, même si le public ne faisait pas la danse du scalp, il pogotait ferme. Et difficile de ne pas avoir des fourmis dans les jambes à l'écoute de leur musique. Assurément le moment le plus fort de ce samedi. Le groupe est actuellement en studio pour enregistrer son tout premier long playing…

Encensé par la presse traditionnelle pour son premier album « Skyline society » (NDR : impossible d'en dire quoique ce soit, puisque aucun exemplaire promo n'est parvenu à Musiczine), Major Deluxe s'était déjà produit lors de l'édition 2002 du D'Hiver Rock, pour un set dont le souvenir ne restera pas impérissable. Depuis, la formation de Sébastien Carbonnelle a effectué d'énormes progrès. Leur musique easy listening, orchestrale, perfectionniste est irréprochable, mais franchement soporifique. En fermant les yeux, on avait l'impression d'être dans son salon, bien calé dans un sofa soyeux, prêt à tomber dans les bras de Morphée. Manquait plus que le casque sur les oreilles. Mais je n'étais pas dans mon salon…

Alors là, j'ai été surpris. Pas que la musique soit sensationnelle, mais le look de Punish Yourself est impressionnant. Les corps des musiciens et d'une danseuse aux seins nus, peints aux couleurs fluo donnent vraiment un effet visuel qui ne peut laisser indifférent. Côté musique, Punish Yourself pratique une sorte de métal indus qui ne lésine ni sur l'électronique, ni sur les pulsions primaires. En vrac, leur attitude implique le sado-masochisme, le sang, la dope, la fascination pour la mort et j'en passe. Fallait voir les fans du style accoutrés comme des punks de la fin des 70's ou maquillés à la manière de Marylin Mansun, se bousculer devant la scène. On a même eu droit à l'irruption d'un exhibitionniste sur le podium, que le service d'ordre a éjecté manu militari... Episodiquement, la danseuse actionnait une disqueuse pour en laisser cracher des étincelles semblables à des flammes. Sex, drugs & Cyberpunk ? Euh… Plutôt plein la vue…

Et pour terminer la journée, rien de tel qu'un moment de franche rigolade. Que nous a accordé Colonel Bastard, en l'occurrence Jérémy, le chanteur d'Experimental Tropic Blues Band. Avec pour seul accompagnement un micro et un lecteur CD pourrave, il a réalisé une performance à la fois délirante, décalée et sans complexe (NDR : c'est dans le dossier de presse !), qu'il termine par un strip-tease improvisé (NDR : ce n'est pas dans le dossier de presse). Bref, un bon moment de bonne humeur pour clore cette deuxième journée…

Cactus 2007 : dimanche 8 juillet

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A deux kilomètres du centre de Bruges, une file de voitures avance au compte-gouttes. Il faudra patienter plus d’une demi-heure pour atteindre la gare, lieu habituel de parking lors de ce festival. Mais mauvaise surprise, en arrivant, l’aire de stationnement est comble et n’accepte de laisser entrer de voitures qu’au prorata de celles qui sortent. Je prends une mauvaise décision : essayer de trouver un emplacement ailleurs. Peine perdue. En fait, un immense marché aux puces s’est installé près de la station. Moralité, il ne me reste plus qu’à faire la file devant cette foutue barrière, en attendant que la situation se débloque. Vu le retard enregistré, impossible de vous parler de Tokyo Ska Paradise Orchestra. Quant à Ojos de Brujo et The Congos, Sam, notre collaborateur néerlandophone, nous en relate les faits marquants. Alors venons-en aux choses sérieuses. Et la toute première c’est que le festival est sold out ce dimanche…

Composé de 11 membres, Ojos De Brujo pratique un cocktail séduisant de rap, de flamenco et de world. Le groupe espagnol implique un DJ et un rappeur dans son line up, histoire de rester dans le coup. Leur prestation très rythmée est une invitation à la danse. Visiblement les musiciens sont en forme et ne manquent pas de le confirmer en multipliant les sorties en solitaire. Ce qui, soit dit en passant, n’est plus trop dans l’air du temps. En outre quoiqu’agréables à l’écoute, ces démonstrations de virtuosité altèrent le dynamisme de leurs compos. Dommage ! Néanmoins, on les créditera d’une prestation de bonne facture… (Sam Derijcke, traduction Suzanne, adaptation B.D.)

The Congos nous replongent dans le passé. Proche de l’univers balisé par Lee Scratch Perry et Bob Marley. Quatre vieux potes qui ont dû fumer des tonnes de joints au cours de leur vie. Suffit de voir leur look et surtout les traits de leurs visages pour s’en convaincre. Le quatuor s’est limité aux prestations vocales, confiant l’instrumentation à un backing group constitué de jeunes loups. Des musiciens responsables d’un mélange rafraîchissant de reggae et de dub, combinaison caractérisée par des parties de guitares incisives, une ligne de basse lourde et profonde ainsi que des percus pétulantes. Fort agréable et divertissant, leur set s’est déroulé sous un soleil retrouvé et n’a jamais suscité l’ennui ; ce qui arrive pourtant un peu trop souvent chez les formations pratiquant le reggae. (Sam Derijcke, traduction Suzanne, adaptation B.D.)

Neuf années que Buffalo Tom n’avait plus enregistré d’album. Le trio avait bien repris la route l’an dernier, mais en interprétant d’anciennes chansons. C’est chose faite aujourd’hui, puisque « Three easy pieces » vient de sortir ce 9 juillet. Une bonne moitié des nouvelles compos figurent d’ailleurs dans leur tracklist. Le reste se concentre sur leurs classiques dont « Velvet Roof » (qui ouvre le set) “Mineral”, ”Taillights Fade”, “Summers gone”, “Tangerine”, et “I’m allowed”, ainsi qu’une cover des Stones, « Stray cat blues », interprétée lors du rappel. Pas de changement majeur dans le style de B.T., même si Chris Colbourn, le bassiste participe davantage aux vocaux, parfois même au lead vocal. Le timbre écorché de Tom Janovitz abrase bien évidemment leurs compos particulièrement électriques (Tom prend toujours un énorme plaisir à triturer ses six cordes), même lorsqu’elles se muent en ballades. Et le sens mélodique est toujours aussi soigné, traduisant certaines compos en véritables hymnes. La foule leur a réservé un franc succès ; et franchement c’est tout à fait mérité !

Tom McRae possède une voix exceptionnelle. Il s’accompagne tantôt à la guitare acoustique (jouée en picking), tantôt à la guitare électrique. Et reçoit le soutien de deux excellents instrumentistes : tout d’abord, le pianiste/claviériste Ollie Cunningham dont les instruments sont calfeutrés derrière une tenture noire ornée de loupiotes, et le violoncelliste Oli Krauss. Le set est à peine commencé que Tom s’excuse d’attirer la pluie chaque fois qu’il se produit lors d’un festival. Sympa ! Et curieusement, le ciel commence alors à se charger de nuages, devenant de plus en plus menaçant. Heureusement, il ne pleuvra pas ; mais dans la nuit, lors du retour, après 10 bons kilomètres, la route était mouillée. Et renseignement pris, c’est l’heure à laquelle des averses orageuses s’étaient abattues sur le pays. Faudra l’envoyer dans les pays qui souffrent de sécheresse. Blague à part, Tom –qui compte quand même déjà 4 albums à son actif, dont le dernier, « Kings of Cards », est paru début de cette année– a dispensé un superbe récital tout en douceur et empreint de mélancolie en proposant un éventail de nouvelles compos, mais aussi ses classiques, que le public reprend souvent en chœur, comme ce « Bloodless » au cours duquel Oli a empoigné un accordéon ou en finale, « Boy with Bubblegum » judicieusement rehaussé par l’envol de bulles à savon. Un avis personnel : si la prestation ne souffre d’aucun reproche, à l’instar d’un Damien Rice, Tom aurait peut-être intérêt à s’entourer d’un quatuor à cordes. Il tirerait alors la quintessence de son talent…

Gabriel Rios écume la plupart des concerts estivaux. Un beau gosse au charme fou (sur scène, les filles n’ont d’yeux que pour lui) d’origine portoricaine, mais établi à Gand, qui réussit la fusion entre rock, pop et musique latine. Il chante d’ailleurs alternativement en espagnol (de moins en moins souvent) et en anglais. Il est entouré d’un groupe composé de figures notoires issues du nord du pays : le guitariste Rodrigo Fuentealba (Novastar, Fifty Foot Combo), le percussionniste Kobe Proesmans (Zita Swoon, El Tatto del Tigre), la choriste Eva Schampaert (Moiano, Mrs Hyde, An Pirelé), le claviériste Peter Lesage (Flip Kowlier, Moiano), le bassiste Maarten Standaert (Moiano) et le drummer Karel De Backer (Flip Kowlier, Novastar). Toute une équipe dont l’énergie communicative électrise un public conquis d’avance. Et pour cause, Rios est particulièrement populaire dans la région…

Une multitude de techniciens et de roadies s’affairent sur la scène pour installer le matériel imposant des Flaming Lips. Vêtus de salopettes rouges, ils sont drivés par Wayne Coyne en personne qui s’amuse de temps à autre à tester son canon à serpentins. Un écran géant reflète celui d’un computer programmé par un informaticien. Pas de doute on va en avoir plein les yeux et les oreilles… Et le show peut commencer. Wayne surgit à l’intérieur d’une énorme bulle transparente qui roule dans la foule. Les mains tendues, les spectateurs déplacent la sphère au dessus-de leurs têtes. Renversant ! Le retour sur le podium s’opère en douceur et les musiciens ont pris place sur les planches. Un claviériste, un bassiste, un drummer et un guitariste déguisé en squelette. De chaque côté de la scène une dizaine de personnages plus excentriques les uns que les autres dansent : des pères-Noël, des lapins, des super héros, des cosmonautes. C’est le carnaval revu et corrigé par Disney, Dada et les Teletubbies en même temps. Encore que lorsqu’une multitude de ballons démesurés commencent à rebondir sur la foule, je commence à me demander si Wayne ne s’est quand même pas un peu inspiré de la série culte « Le prisonnier ». Pas seulement, évidemment. Confettis et serpentins sont projetés dans l’air et dessinent des figures de feux d’artifice avant de retomber comme une pluie sur la foule (c’est mieux que de l’eau !) On est subjugués! Des lasers tournants ou en pointillés bombardent les spectateurs. C’est la guerre des étoiles ! Et puis il y a quand même la musique. Tantôt funkysante, tantôt psychédélique (et pas seulement à cause de la machine à fumée), blues, techno, country, etc., mais tellement pleine de sensibilité et tellement proche de Mercury Rev. Derrière, sur l’écran géant, une fille nue danse. Puis des animaux se chamaillent ou alors le visage en gros plan et déformé de Wayne reproduit ses mimiques filmées par une caméra installée sur son micro. L’après-midi en backstage, j’avais surpris Wayne suivre un roadie portant un énorme miroir dans lequel il répétait des facéties, tout en marchant. Et je me demandais bien à quoi ce réflecteur allait bien pouvoir servir. En fait, plusieurs spectateurs braquent de mini faisceaux lasers vers le podium depuis un bon bout de temps, et en particulier sur Wayne. Et franchement cet acharnement devient agaçant. Mais Wayne a trouvé la parade. Il provoque le public en lui demandant de focaliser ces faisceaux de couleur rouge sur lui. Et soudain, il sort ce miroir pour jouer à l’arroseur arrosé. Inattendu et bien pensé ! Wayne remercie le public du Cactus et complimente les organisateurs pour l’esthétique du site de ce festival. Il n’oublie pas de vilipender à Bush à travers la chanson “The YeahYeahYeah Song” et sollicite le public pour la reprendre en chœur. Il achève son set par « Do you realize », une chanson empreinte d’une grande mélancolie. Beau et poignant à la fois ! Soudain, tout s’arrête. Wayne remercie encore la foule et se retire. Le charme a duré 1 heure trente pile. Je me retourne vers Sam pour lui demander s’il est bien 1 heure du matin ! Réponse affirmative. Le temps est passé tellement vite… (Tracklist : Race For The Prize - Free Radicals (A Hallucination Of The Christmas Skeleton Pleading With A Suicide Bomber) - Yoshimi Battles The Pink Robots (Part 1) - Yoshimi Battles The Pink Robots (Part 2) - Vein Of Stars - The YeahYeahYeah Song...(With All Your Power) - In The Morning Of The Magicians - The W.A.N.D. - Cow/Duck Jam - The Spark That Bled - She Don't Use Jelly - Do You Realize??) (sauf erreur ou omission)

 

 

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