Prévision météo pour ce samedi 7 août : malgré quelques passages nuageux, le temps restera généralement sec sur le nord de Liège… durant la première partie de la journée. Le soleil se lèvera aux environ de quatorze heures (heure locale). Euh… sur la baie de Vivegnis.
Horaire respecté : les Pirato Ketchup arrivent sur leur planche de surf et lancent les festivités. Les premiers pains-saucisses commencent à frétiller tout autour à l'écoute de ce fourre-tout musical décliné à la sauce Wallifornie. Oui, « La bonne du curé » et Sœur Sourire sont capables de remuer leurs fesses à la mode Tarantino. Wallifornication. C'est jouissif et entraînant. Et sacrément rentre-dedans. Une excellente entrée en matière.
Dans la foulée, un interlude musical est assuré par un DJ. A quelques pas. Dans le jardin. Premières bières. Ambiance décontractée. Tout le bonheur de n'avoir qu'une seule scène où se produisent les artistes. On a le temps de se ressourcer. Décidément, chez JauneOrange, quand on fait les choses, on les fait bien.
Passé 15 heures. Boston Tea Party ou la formule qui n'en finit pas de ne pas s'user (NDR : elle concerne les duos mixtes déclinés au format Rock) envahit le devant de la scène. Ça cogne sec, surtout sous les talons d'Eline Adam, la chanteuse, qui bat la mesure sur une estrade de bois transformée en grosse caisse de fortune. Un beat un rien éreintant sur la longueur. Mais les chansons tiennent la route. Rien de révolutionnaire (à l'inverse du mouvement homonyme emprunté par le groupe), mais c'est néanmoins suffisamment bien foutu pour capter l'attention du public parsemé. Et oui, c'est qu'on en est encore qu'à l'apéro...
Flash météo : en cette fin d'après-midi, le passage d'une tornade est annoncé sur les coteaux de la Principauté. Elle sera accompagnée d'un déluge de décibels et de forts orages.
Bon, maintenant, on rigole plus. Ou bien si ! On rigole. Enfin, je sais plus. Attention. Mesdames et Messieurs, voici venir le Colonel Bastard et son Bionic Commando. Loufoque, déjanté, irrévérencieux et survitaminé, ce combo emporte tout sur son passage. Le chapiteau se remplit, les clowns se déshabillent, le public applaudit et en veut encore. Oui, Colonel Bastard, c'est du spectacle. Mais en plus du côté visuel, dans le registre électro-dance-techno-foutraque, c'est vachement bien balancé. Un set explosé et un public conquis, amusé, ou médusé. Bref, personne ne reste indifférent. Une performance. Une grande expérience.
Les joyeux troublions quittent la scène, et on s'affaire déjà à y faire place. Car il en faut de la place pour les trois batteries et les cinq guitares d’Action Beat. Nul doute, ça va faire mal. Et quand ils commencent en chœur, ça fait effectivement mal aux tympans. Action Beat, c'est une machine diablement efficace, parfaitement huilée, solidement rythmée. Lourde comme un orage d'été, puissante comme la foudre. Un bloc de marbre qui éclate et se reforme instantanément. Parfois trop homogène, manquant d'aération, mais au final, une leçon de bruit aux faiseurs de bruit.
Quelques bières plus loin, nous attendent le duo (non mixte) des Black Diamond Heavies. Un orgue qui n'a rien à envier à une guitare, une batterie qui n'a rien à envier à l'enfer. Quand le blues se fait sale, sauvage, et habité. D'une puissance sexuelle phénoménale (dixit une amie en pâmoison). L'antre de l'Espace 251 Nord est en feu en l'espace de quelques titres. Ça sue et ça dégouline. On aime ça!
Météo des festivals, flash spécial : après les dernières intempéries, le calme devrait revenir dans les environs de Saint Léonard. Une embellie suivie de quelques ondées sont néanmoins à prévoir.
Kelpe déploie ensuite son intimisme/minimalisme électro sur les planches. Point de vue sono, c'est pas le genre d'endroit pour jouir pleinement de toutes les subtilités de ce type de musique. De fait, noyée dans un son brouillon et submergé de basses fréquences, les compositions du duo (tendance, je vous le dis !) s'évaporent quelque peu dans les brumes du soir tombant. Néanmoins, ce petit coup de fraîcheur fait du bien à ce moment de la journée.
Un ravier de frites dégusté aux rumeurs de switch dans le haut de l'affiche, et effectivement, Efterklang déboule un rien plus tôt que prévu. Et là, c'est la classe et l'élégance venant du grand Nord. Des chansons enrobées et ciselées par des orfèvres Pop. Grandioses mais pas pompeuses, elles affichent une grande maturité. Assurément, l'avenir se dessine en lettres d'or pour ce groupe Danois d'une humilité déconcertante. A découvrir, si ce n'est déjà fait.
Déjà la nuit a pris possession du ciel, et la pluie tombe à verse. Pas de quoi cependant refroidir les ardeurs des Chiliens de Panico, dont le set finit d'enflammer le public liégeois. Rawk-&-roll entêtant, toutes guitares devant, basse rebondissante, reverb dans la voix, et charisme à petit prix. Fair Trade, avez-vous dit ? Pas loin d'une leçon d'hypnose spirituelle, les morceaux claquent comme les coups de fouets de Zorro. L'album sortira fin septembre et je ne saurais que le conseiller vivement aux amateurs de Make Up et autres formations de la trempe. Excellent et judicieusement placé en tête d'affiche.
Enfin, sous le déluge du ciel, les spectateurs quittent l'enceinte du premier Micro Festival, qui a tous les points de vue, se sera avéré une franche réussite. Convivial, démocratique, parfaitement organisé, défricheur de talents et d'une qualité inversement proportionnelle au prix de la place. Perso, je dis : proclamons JauneOrange d'utilité publique!
Organisation JauneOrange