Pour fêter ses 25 ans, le festival Pukkelpop a frappé un grand coup. L’édition 2010 a tout simplement réuni la crème de la crème. Tous les artistes qui ont créé le buzz, la saison dernière, s’y sont donnés rendez-vous. Et le public a, évidemment, répondu présent. Tant que, pour la première fois de son histoire, le festival affichait un joli panneau ‘Volzet’ à l’entrée. Joli aussi, le ciel au-dessus de la plaine de Kiewit. Les prières ont été payantes. Amen.
Et qui dit ‘volzet’, dit galère afin d’y dénicher la moindre parcelle de terre inoccupée pour pouvoir y poser ses fesses et sa tente. Bien entendu, quand on débarque à 14h le jeudi, en sachant pertinemment que les portes du camping sont ouvertes depuis la veille à midi, faut pas s’étonner de devoir tourner en rond pendant au moins une bonne heure. Merde, vu le scénario, pas moyen d’arriver à temps pour mater Tame Impala, responsable de l’excellent « Innerspeaker ». T’as plus qu’à espérer qu’ils reviennent à la rentrée...
Après avoir ratissé le champ de long en large, la fine équipe des préposés au camping ‘A’ se porte à mon secours et me libère une petite place à l’extrémité des lieux. Ouf, je vais pas devoir me taper la route jusqu’au nouveau camping ‘B’, sis à quelques longues minutes de marche du site. Une fois installé, c’est la course jusqu’à la Main Stage où Seasick Steve dispense son blues à la masse, face à un public déjà agglutiné devant l’estrade principale. Mais les compos du bonhomme ne se prêtent pas vraiment à une scène de cette taille. Etre programmé au Marquee aurait peut-être été plus pertinent…
De son côté Kelis, qui a avancé son passage de quelques heures, présente son petit dernier, « Fleshtone », sous la Dance Hall. Fini le R’n’B depuis que la jeune maman s’est découvert des penchants électro, nourris par des collaborations auprès, entre autres, de Boys Noize, David Guetta ou Benny Benassi. Son spectacle se clôture par l’immonde « Acapella », acclamé par un public déjà chauffé à blanc.
Le plus dur au Pukkelpop est définitivement l’aventure qui vous attend lorsque vous voulez passer d’un podium à l’autre. Et d’autant plus quand ils sont situés aux extrémités du site. De bonnes chaussures sont donc hautement conseillées. Et une tout aussi bonne dose de patience et de courage aux heures ‘de pointe’ s’impose. Il en faut, d’ailleurs, du courage, pour parcourir l’affreuse distance entre le Dance Hall et le Club. Mais, après la prestation dispensée par Darwin Deez, pas de regret. Le New-yorkais, flanqué de ses trois acolytes, propose une pop qui te met la banane pour le reste de la journée. Sans parler des amusantes chorégraphies auxquelles la troupe atypique s’adonne entre l’un ou l’autre morceau. Et les bouclettes de Mr. Deez sont encore plus impressionnantes vues de près. La formation n’a pas trop l’air de se prendre au sérieux et leur bonne humeur est tout simplement contagieuse.
Suite des festivités plutôt rock’n’roll. D’abord lorsque les Black Rebel Motorcycle Club prennent leurs quartiers sous le Marquee, lors d’un set électrifiant, magnifié par une parfaite retranscription de leur tube « Love Burns ». Un concert suivi d’un événement tragique pour Robert Been, bassiste de la formation, dont le papa –ingé son du BRMC– s’est éteint heures quelques plus tard…
Du côté du ‘Shelter’, c’est plutôt l’insouciance. Biffy Clyro balance un show survitaminé, marqué essentiellement par des morceaux extraits de « Only Revolutions ». Le public est chaud boulette, mais pas moyen de quitter des yeux l’atroce décoloration du leader de la formation britannique. Ridicule…
Retour au calme en compagnie des Ricains de Band Of Horses qui délivrent l’un des plus beaux concerts de la journée. S’ouvrant par l’énorme « Factory », il fait la part belle à « Inifinite Arms ». C’est beau, c’est aérien, et surtout, parfait pour entamer la soirée des étoiles plein les yeux. Putain qu’elle va être bonne cette édition !
Petite pause. De quoi se sustenter, comme dirait l’autre. Et pourquoi pas fermer un œil ? ‘Boooouh, c’est nul, il a raté Iron Maiden !’. J’avoue, ce n’est pas cette décision qui va m’empêcher de dormir cette nuit.
Retour sur le site, juste à temps pour applaudir le duo élégamment bruitiste Fuck Buttons. La première qu’on les avait vus, c’était sur cette même scène du ‘Château’ et les traces de la claque qu’on s’était ramassé sont encore visibles. La seule différence, c’est que, désormais, le duo rassemble trois fois plus de monde qu’auparavant. Un succès amplement mérité. Certes, le set est quasi en tout point identique à ceux proposés à la Rotonde du Botanique et au Festival Domino. Mais quand c’est bon, on en reprend sans poser de questions. Tant pis pour l’indigestion.
Alors on danse ? Rien n’est moins sûr. Groove Armada, c’est un peu n’importe quoi. Surtout lorsqu’on entend la chanteuse qu’ils se coltinent en live. Une catastrophe ambulante accoutrée d’une robe à paillettes qui pousserait une Carrie Bradshaw à se poignarder les yeux.
Heureusement, le calvaire que le maso en moi s’inflige ne dure que quelques minutes. Un peu plus loin, sous le Marquee, le niveau va remonter de plusieurs crans. Une prestation de The Flaming Lips, c’est plus qu’un concert, c’est carrément un happening. D’abord, une entrée en matière qui restera gravée dans les annales. Les partenaires de Wane Coyne débarquent, un à un, à travers une entrée située en plein milieu de l’écran géant planté à l’arrière-plan. Au bout de quelques minutes, le grand Wayne arrive tranquillement dans son fameux ballon et traverse le chapiteau sur les mains tendues d’un public extatique. Cette fois, « Embryonic » ne sera pas le parent pauvre de la setlist. « Worm Mountain », « The Sparrow Looks Up At The Machine », « Silver Trembling Hands », « I Can Be A Frog », tous y passent. Et les vieux tubes ne sont pas en reste (« Do You realize?? », « Yoshimi Battles The Pink Robots ») Des confettis sont balancés via deux canons situés à chacune des extrémités du podium, des ballons multicolores rebondissent partout sous le Marquee. L’euphorie est générale. Entre l’ours qui s’immisce sur les planches le temps d’un morceau (« I Can Be A Frog ») et les mains géantes de Wayne Coyne qui pointent des lasers vers deux boules à facettes fixées au-dessus de la scène pour le plus beau des effets, impossible de retranscrire en détail l’intégralité d’un show des Flaming Lips. T’en prends simplement plein les yeux et tu ressors de là, un sourire figé. Définitivement les grands gagnants de cette première journée, dont le rideau se renferme à 2h du mat’. Une bonne nuit de sommeil s’impose, vu le programme du lendemain…