Ce jeudi 20 janvier, l’AB Club nous proposait le quatrième volet des Norway Now. Deux musiciens, trois concerts venus nous dévoiler toute l’étendue de la musique électronique norvégienne. Un avant-gardisme scandinave fièrement représenté par Lasse Marhaug –aka Jazmaker– et Maja Solveig Kjelstrup Ratkje, plus simplement appelée Maja Ratkje.
Ces deux artistes polyvalents jouissent d’une excellente réputation dans leur pays d’origine. Maître incontesté de la scène noise, Lasse Marhaug a d’ailleurs classé son troisième opus, « Shape Of Rock », 19ème meilleur album de l’histoire de Norvège. Un nom associé à plus de 200 productions internationales. On retiendra notamment les mises en forme opérées pour Sunn O))), Carlos Giffoni, Alan Courtis et son modèle absolu, le Japonais Merzbow.
Quant à Maja Ratkje, ses créations et réalisations musicales pour le cinéma, les concerts, le théâtre, la danse… sont planétairement saluées. Un travail souligné par le magazine musical Paris Transatlantic. Très à la pointe dans l’univers artistique, il a décrit celui de Maja comme ‘Somewhere between Diamanda Galas and Joanna Newsom’. Pour Newsom la comparaison n’est pas frappante ; en revanche, chez Galas, les similitudes sont nombreuses. Un mimétisme stylistique et musical attristé d’une même vision sombre du monde. Bref, une compositrice/interprète hors norme célèbre pour sa voix phénoménale. Une femme défiant les lois de la musique et dont la voix épouserait tantôt l’harmonie angélique de Björk et, à d’autres moments, grouinerait comme un cochon possédé.
Quand les deux acteurs se réunissent, on assiste à l’éclosion de sons incroyablement étranges et fracturés aux samplings chaotiques. Exposition d’une musique bruitiste et hautement expérimentale qui traverse les champs brumeux du glitch. Trois sets de 40 minutes brouillant les lignes de clivage entre bruit et musique, mélodie et rythme, audible et inaudible.
Un concert caractérisé par sa dissonance et par l’importance accordée à l'expérimentation. Une agression sonore visant à montrer les aspects les plus négatifs et lugubres du monde contemporain.
A travers un electro-dark faussement déstructuré, le binôme scandinave nous offre finalement une expérience artistique de haut vol. Un espace de création transformé en grenier à sons où il fait bon chiner de nouvelles sonorités.
Malgré la popularité dont il jouit en Allemagne, en Suède et aux États-Unis, ce genre musical non commercial n’en demeure pas moins un phénomène hermétique réservé à une élite capricieuse. La pauvre assistance parsemée de l’AB Club ce soir en est le meilleur témoin.
Lasse Marhaug and Maja Ratkje