Pour le dernier jour, le soleil a décidé d’être de la partie. D’autant plus de raisons pour faire la fête. Le dimanche est immanquablement le jour ‘familial’ à Couleur Café ; et l’affiche s’y colle parfaitement. Au programme : Seal, Band Of Gypsies 2, Irma, Dub Inc., Alborosie, etc. Sur papier, on ne se laisserait pas facilement convaincre mais, sur scène, l’ultime journée du festival réservait bien quelques bonnes surprises.
On démarre le dimanche mollo devant la grande scène Titan, surplombée par un soleil radieux. Le coup de départ est donné à 18h par le projet Band Of Gypsies 2, qui rassemble deux grands noms de la scène balkanique, à savoir Taraf de Haïdouks et Koçani Orkestar. Au total, 26 musiciens se retrouvent sur la Main Stage du « Coul’Caf’ ». Tout ça pour un résultat tout mou, qui ne donne pas spécialement envie de se dégourdir les jambes sous le soleil de plombs. Et pourtant, c’est ce que l’on attendait de ce type de formations. Il faut dire que le son n’était génial et n’a pas vraiment aidé le public (hormis les irréductibles enthousiastes) à s’imprégner de la musique de la grande troupe.
Une grosse demi-heure plus tard, je découvre que le public, peu nombreux du côté de la grande scène, s’est en fait terré sous l’ombre et dans l’ambiance moite du chapiteau Univers. Impressionnant : Keny Arkana, la petite rappeuse au tempérament de feu, se produit devant un parterre surchauffé et ultra enthousiaste. Des premiers aux derniers rangs, les fans scandent ses textes comme un seul homme. La Franco-Argentine se donne à 100%, avec une hargne assumée et des textes acérés et, surtout, qui ont un sens. On est bien loin du monde édulcoré à la Diam’s. Et pourtant, la jeune femme fédère aussi facilement que sa compatriote. Elle, c’est sûr, on ne manquera pas son retour sur les planches belges.
Pas si attendu que ça, le projet Congotronics VS Rockers. Du moins, pas par l’ensemble du public de Couleur Café. Et c’est bien dommage! Les visiteurs du festival auront préféré se promener autopur du site ou aller jeter un œil aux prestations d’Alborosie et Irma. Pourtant, le spectacle de Juana Molina, Deerhof, Wilbirds & Peacedrums, Kasai AllStars, Konono n°1 et compagnie fait vibrer le chapiteau Univers. Mais c’est devant un chapiteau aux deux tiers vide que la troupe présente son excellent projet. Chapeau bas à Hoquets qui, le temps d’un morceau, ont mis le feu aux planches.
Un peu plus loin, sous la Fiesta, c’est la force tranquille d’Irma qui séduit les festivaliers. Le charme de la Française originaire du Cameroun opère sans effort avec des morceaux ultra-radiophoniques. Son set se clôture sur le méga tube « I Know », repris en chœur par les fans. C’est gentil et mignon comme tout. Un peu trop à mon goût mais la jolie jeune femme à un potentiel de sympathie tel qu’on tombe dans le panneau. Et c’est là que je me rends compte que les cinq minutes que j’avais prévu de consacrer à la chanteuse se sont inconsciemment prolongées d’une vingtaine supplémentaire. On est fleur bleue ou on ne l’est pas…
21h45. Sur la scène Titan, l’heure est venue pour la tête d’affiche de cette édition de faire son apparition. Partout, on ne voit que des sourires et des jeunes femmes hurlant à plein poumons. Seal, chemise noire, lunettes de soleil et magnifiques chaussures jaunes, débarque sur l’estrade et balance quelques uns de ses derniers morceaux bien pourris avant de passer aux choses sérieuses. « Killer » entame le cycle des hits avant la respectueuse reprise du « It’s A Man’s Man’s World » de James Brown. On a droit également au sympathique « I Can’t Stand The Rain » de Ann Peebles avant que le bonhomme ne décide de nous balancer encore trois ou quatre daubes. « Kiss From A Rose », morceau très attendu par les demoiselles de l’assistance, se place en fin de parcours avec l »inévitable hit « Crazy ». Le mari de la Klum aurait pu s’arrêter là, mais non. C’est qu’il tenait encore à partager l’un ou l’autre titre anecdotique de sa discographie. Pas grave, y’a mieux à voir ailleurs.
Mieux à voir mais pas forcément à entendre. Massacre intégral pour le début de set du talentueux Kid Koala. Le DJ estampillé Ninja Tunes aura du souffrir d’un problème technique massacrant ses beats à la tronçonneuse. Limite inaudible. Sous son costume de Koala, le Canadien s’efforce de continuer ses enchaînements sans se laisser démonter par la catastrophe sonore. Ce n’est qu’un bon quart d’heure plus tard que l’un des techniciens se décide enfin à venir vérifier l’équipement du bonhomme. Un petite et simple manip’ plus tard, les oreilles des fans peuvent enfin distinguer autre chose que la soupe qui émanait des baffles quelques instants auparavant. Une petite heure durant, le Kid aux mains d’or aura fait danser les derniers motivés au son d’un DJ set aussi impressionnant que d’habitude. Une bien belle manière de clôturer un festival que l’on espère retrouver l’an prochain au même endroit (rien n’est moins sûr) et, surtout, étayée d’une affiche un chouia plus alléchante.