Openlucht fiesta
Ce lundi il flotte comme un air de kermesse, dans la Province d’Anvers. Nous croisons un tas de monde qui a déjà un verre dans le nez. Faut dire, qu’aujourd’hui, c’est la fête de la Communauté flamande. La Wallonie et la Belgique, eux, jubilent un peu moins, vu le contexte politique actuel. Mais qu’importe, notre soirée risque fort de prendre des allures de Saint-Patrick, puisque les Pogues se produisent dans le cadre du Rivierenhof.
Ce soir, la chaleur est étouffante. Nous avons avalé des kilomètres en voiture, puis emprunté le train et le tram avant d’atteindre la localité de Deurne. Après avoir traversé un grand parc cosmopolite où se mêlent allégrement adeptes du cours de danse, sportifs avertis, familles et autres hippies portés sur la fumette, nous arrivons au portail du superbe site qu’est l’Openlucht Theater. Passé un joli petit bar sis en plein air, on débarque au sein d’une sorte d’amphithéâtre plutôt sympathique. Surtout à cause de cette impression de proximité entre le public et la scène, malgré les 2.000 personnes (enfin c’est ce que l’on estime) présentes. Le festival Rivierenhof n’est pas très connu dans le Sud du pays. Et pourtant cette année, il accueille des concerts exclusifs comme ceux de Dinosaur Jr, Sinéad O'Connor ou encore Manu Chao. Sans oublier celui des Pogues, auquel nous assistons ce soir.
Et on espère, bien sûr, que la formation sera en forme. Car lors de son dernier passage en Belgique, le set était plutôt catastrophique. C’était dans le cadre du festival Dranouter, en août 2010. On craint même un instant le pire, car le groupe, programmé à 21h30, compte déjà 20 minutes de retard sur l’horaire. En fait, il se fait attendre et désirer. Enfin, résonne le « Straight to hell » des Clash. Une intro qui rappelle que Joe Strummer a aussi milité au sein des Pogues afin d’achever une tournée, début des 90’s. Shane McGowan éprouve quelques difficultés à monter sur les planches. Souffrirait-il de la goutte ? Pourtant, le gaillard a quand même l’air dans un bon jour. Le show s’ouvre par les rituels « Streams of Whiskey » et « If I should fall from grace with god ». Il faut pourtant attendre l’instrumental et traditionnel « Repeal of the licensing laws » pour voir l’ambiance monter d’un cran, dans le public. Enfin, on la vit cette ambiance des pubs irlandais où la bière coule à flots, les gens tapent des mains et du pied à tout crin. Sans oublier d’y ajouter l’inévitable connotation punk, of course. Les pogos se multiplient et ne vont plus guère cesser jusqu’au bout du set. Le tout sous le trafic aérien des verres de bière, exécuté au-dessus de l’auditoire. Si la plupart des musicos restent toujours placides, Phil Chevron et James Fearnley n’hésitent pas à venir sur le devant de la scène pour exciter la foule. Du répertoire proposé ce soir, on épinglera encore « Body of an american », « Irish rover » et en finale « Fiesta ». Bref, une setlist sans grande surprise. A se demander si un jour les aficionados ne vont pas en avoir marre de toujours entendre les mêmes morceaux. Mais quand donc les Pogues vont-ils des décider à proposer de nouvelles compos ? Enfin heureusement, il reste cette ambiance unique, sorte de communion celtique, célébrée par le groupe et ses fans…
La première partie a été assurée par le groupe local Donkey Boni. Leur répertoire ? Difficile à cerner. Soit c’est de la pure impro, soit le résultat d’expérimentations élaborées. Le tout plongé dans un climat indus (pensez à Einstürzende Neubauten) et ténébreux (dans l’esprit de Swans). Il semble quand même que le band se soit réservé une cover de leurs voisins dEUS. Leur musique est plutôt originale, mais trop paisible pour chauffer une salle. Surtout en supporting act des Pogues. Bref, on a vécu le calme avant la tempête irlandaise...
(Organisation : Openlucht Theater Rivierenhof)