Rejoindre Budapest constitue déjà toute une aventure. Le vol direct ‘Wizzair’ débarque assez tard en soirée ; aussi on opte pour celui qui relie Charleroi à Bratislava. Puis, on emprunte le train pour arriver à Budapest.
Petit rappel, il est indispensable de bien respecter les consignes de sécurité imposées au sein de la plupart des pays de l'Est. Et tout particulièrement, ne pas accepter les propositions des taxis ni acheter de tickets clandestins. Ainsi, l’an dernier, un groupe de Tournaisiens avait été arrêté à l’entrée du festival, pour s’être procuré des tickets dès leur arrivée, à la gare. Et ils n’ont été relâchés que le lendemain, après interrogatoire et enquête… Pourtant, aujourd’hui encore, quels que soient les transports en commun hongrois, ces revendeurs y sévissent.
Après ce long périple et un rapide crochet par notre auberge, nous arrivons aux portes du paradis : l’île Óbudai. C’est que Sziget se traduit par île, en magyar. Il faut emprunter un long pont métallique qui relie Buda (trad. : colline) au site du festival, un pont qui enjambe le Danube. C’est donc au beau milieu du fleuve bleu qu’une bonne centaine de milliers de festivaliers vont faire la fête durant six jours.
Passé les contrôles toujours un peu stricts dans ces ex-pays du bloc de l’Est, un grand espace vert s’ouvre à nous. Et le plan est bien nécessaire pour s’orienter. L’étendue du site est le double, si pas le triple, de nos grands festivals belges.
Nous nous hâtons pour ne pas manquer le set d’Interpol, programmé à 20 heures sur la Main Stage, réservée au pop/rock. On a quand même quelques craintes avant le début de leur prestation. Et pour cause, le bassiste originel, Carlos Dengler (également responsable de l’écriture des compos) a quitté le groupe, en mai dernier, pour embrasser d’autres projets. D’après une interview accordée dans le NME, la séparation se serait effectuée à l’amiable. Mais depuis le départ de ce membre fondateur, l’ambiance est loin d’être au beau fixe. Elle est même assez tendue. Notamment en tournée. Pourtant, ce soir, suivant leur bonne habitude, le show d’Interpol ne souffre d’aucun temps mort. La musique est impeccable. Le light show est impressionnant, même s’il tire un peu trop sur le rouge. La communication entre Paul Banks et le public n’a jamais été exceptionnelle. Il est plutôt introverti. Et c’est encore le cas, lors de ce set. A contrario, Daniel Kessler se montre plus ouvert. Et le band va nous réserver quelques temps forts, comme "Take on your cruise" ou encore "Barricade"…
Changement de décor sur la scène ‘Rock et Metal’ qui accueille l’un de ses meilleurs ambassadeurs : Motörhead. Petit rappel, si vous n’avez jamais entendu parler de cette formation notoire. Fondée en 1975 par son bassiste et chanteur Lemmy Kilmister, seul membre originel encore présent au sein du groupe, elle est Britannique. Les combos de métal de la vieille génération, sont toujours très populaires à l’Est (NDR : qui est, avouons-le, parfois un peu en retard sur son temps). La foule est déchaînée et franchement ça vaut le coup d’œil. Entouré d’arbres, l’espace réservé à l’auditoire est vite saturé. Vu l’affluence, ce concert aurait dû se dérouler sur la grande scène. Même si le son n’est pas très brillant. Déjà que d’ordinaire, chez Motörhead, il n’est pas extraordinaire, mais aujourd’hui il est à la limite audible.
Direction A38-WAN2 Stage pour aller applaudir Suicidal Tendencies, groupe précurseur du skate punk. Si son style est fondamentalement hardcore, dans l’esprit du heavy metal, on y recèle également des traces de funk et le disco, empreintes que le combo prend plaisir à dispenser, en milieu de set, ce soir. Publié en 2010, leur dernier opus, "No Mercy fools!/the Suicidal Family", compile des anciennes et nouvelles compos. C’est l'infatigable Mike Muir, la tête enserrée dans son rituel bandana (NDR : signe distinctif d'un des gangs de Los Angeles), qui dirige la manœuvre. Les deux guitaristes et son bassiste ont beau avoir la quarantaine bien sonnée, ils ont aussi de l'énergie à revendre. Les musicos bondissent d’un côté à l’autre de l’estrade. Et le public ‘jumpe’ également. Le batteur ? Il a du poids. Une estimation ? Approximativement 150kg tout mouillé. Ce qui ne l’empêche pas de nous gratifier d’un bon petit solo, de plusieurs minutes. Et le band de nous réserver un final explosif, « Pledge your Allegiance », un morceau au cours duquel, il va inviter le public à monter sur les planches. Un beau petit bordel ! On se demande d’ailleurs comment elles ont tenu le coup…
On zappe Pulp, déjà vu à Dour, il y a un mois (NDR : vous pouvez toujours lire, si vous ne l’avez pas encore fait, le compte-rendu qui lui a été consacré pour la circonstance) et on décide de vivre le spectacle de Hurts. Et puis, pas trop de footing à se taper, puisque le band insulaire se produit sur la même scène. Leur style est différent de celui proposé par Suicidal Tendencies. Le public est également différent. Cette nouvelle sensation pop britannique s’était également produite à Wercher. Issus de Manchester, ces beaux gosses avaient décroché le prix du ‘Best New Band’ aux NME Awards, l’an dernier. La voix de Theo Hutchcraft est grave et bouleversante. C’est Adam Anderson qui se charge des claviers. A contrario du titre de leur album ("Happiness") et de leur single ("Wonderful Life"), leur musique trempe dans la mélancolie. Elle est revivaliste, en lorgnant vers des groupes issus des 80’s comme Ultravox ou Spandau Ballet. Mais plus éclectique. Bien que large, leur public est plutôt ado et féminin. Lorsque le combo monte sur l’estrade, les cris des aficionados déchirent l’atmosphère, un peu comme lors des concerts de Patrick Bruel ou Tokyo Hotel. Un auditoire qui semble ravi. Theo ne cesse de prendre des poses. Ce qui permet à Seb d’immortaliser enfin de bons clichés (voyez notre section photo).
Après avoir assisté à ces quelques spectacles, nous décidons de savourer quelques bières locales. Et de faire un petit tour du site. En évitant de marcher sur les corps allongés ou de buter sur un tendeur de tente ; des toiles déployées un peu partout entre les podiums. Ce qui nous change de nos campings hyper structurés. Au fil de notre promenade, on recense une piste de danse tous les 30 mètres, différents bars, des stands de bouffe et d’ambiance. Des lieux de rencontre où toutes nationalités confondues se côtoient et se mélangent.
Mais il est déjà 2 heures du mat'. Après un dernier crochet par une soirée rock-metal, peuplée d’allumés qui reprennent en chœur les grands classiques de SOAD, Metallica, Iron Maiden et autres, il est temps de rentrer, car un long périple folklorique nous attend. C'est sûr, se rendre au Sziget est une histoire en événements. Nous ne manquerons pas de vous raconter les épisodes suivants, au cours des jours prochains.