Flots incessants arpentant les sentiers longeant la Meuse, présences synthétiques et absences éthyliques, frénésies sacramentelles et dévotions païennes, averses météorologiques et canicules publiques, brèves de pissoir et traumatologies de comptoir, ce millésime ardent voit s’éteindre les dernières braises sur la plaine incandescente de la Principauté, avec dans le rétroviseur, un bilan de quatre jours en ces lignes fidèlement relaté…
Dimanche 08 juillet
Un apéritif lunaire à la mélancolie étoilée nous est servi par Roscoe. The Parlotones n’est pas tellement convaincants. Faut dire que leur maquillage ne dupe personne. Ce sera Gaëtan Streel qui va se charger de remettre les pendules à l’heure, son heure, l’heure d’un folk trempé dans l’americana dilué par sa voix d’ange aux accents enivrants et porté par des chœurs à l’unisson de compositions simplement belles, touchantes, enivrantes, ahurissantes. Avec simplicité, humour, et un talent fou.
La première fille à papa monte alors sur l’estrade. Hollie Cook, progéniture du batteur des Sex Pistols, délivre ses réminiscences jamaïcaines dans un style rebaptisé tropical pop.
Le seul couac de ces quatre jours nous viendra du changement de planning très maladroitement orchestré. Et pour cause, le spectacle de Sharon Van Etten a été avancé d’une heure sur l’échiquier de la programmation.
Fort dommage, si l’on songe que très peu de monde avait été tenu au courant de ces modifications. Par conséquent, certains fans ont raté son merveilleux set. D’autres, doivent encore s’imaginer que cette charmante brune aux mélodies poignantes, responsable de textes romantiques, s’appelle François…
Car François & The Atlas Mountain, dont les rythmes africains baignent dans les polyphonies basques, s’est vu propulsé sous le soleil au dehors, et dans un dernier switch, I Blame Coco, curiosité par paternité décalquée, se retrouvait dans une ambiance plus feutrée qui seyait d’autant plus à ses morceaux. Mademoiselle Sting était sage et posée. Aussi rien ne semblait perturber outre mesure l’ambiance bon enfant qui a régné en permanence sur les Ardentes.
Fièrement entouré de quelques beaux calibres, The Bony King Of Nowhere a occupé tout l’espace scénique ne dénotant absolument pas dans cette ambiance de fin de soirée, qui annonçait un moment d’intime communion entre Hubert-Félix Thiéfaine et ses fans. Tragique et théâtral, mais juste et plein d’émotions, son set s’est achevé en rappel par « La Fille Du Coupeur De Joint », pour le plus grand bonheur de ses inconditionnels.
Si Rufus Wainright n’a pas déçu les siens, la véritable excellente surprise de cette soirée est venue de Brooklyn.
Yeasayer va dynamiter les codes d’usage pour servir une pop hybride, fraîche et emballante, que beaucoup présents n’ont pas hésité à qualifier de performance du jour.
Mais c’était sans compter sans l’incroyable talent de M83, dont la performance scénique ‘son et lumière’ ont embrasé la vallée dans cette ode à la modernité passée au crible de ses nombreuses influences.
Cet ovni musical, révélé au grand public par son tube intemporel « Midnight City », nous a réservés une prestation nette et sans bavure, envoyant le public liégeois caresser les étoiles et tâtonner une galaxie de bonheur. ‘Si Dieu avait une voix, il aurait celle de M83’. Cette phrase, entendue dans le public reflète à merveille tout ce qu’il faut penser de cette formation céleste.
Une apothéose en forme d’orgasme.
Pendant ce temps, Rodrigo & Gabriela Y Cuba entament leur set qui réverbère aux échos d’un flamenco endiablé. Sorte de guitar heroes hispanisant, le duo étale ses probantes qualités techniques lors d’un show qui accule les réticents aux prouesses inutiles contre un mur d’incompréhension, face au succès monstrueux généré par un public lambda.
Enfin, en poing d’honneur, Cypress Hill assurera son come-back triomphant, médusant les plus réticents au Hip Hop.
Peu à peu, les grappes de festivaliers regagnent leurs pénates, la question d’un retour l’an prochain ne se posant même pas dans la plupart des esprits.
Oui, encore une fois, ce festival est une belle réussite commune.
(Organisation : Les Ardentes)
Voir aussi notre section photos ici