Après les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le festival, la veille, les organisateurs ont mis tout en œuvre pour rendre le site praticable, tout au long de la matinée du dimanche. Et franchement, le résultat est surprenant. De quoi leur tirer un coup de chapeau. Pourtant, en pénétrant dans l’enceinte, la plupart des spectateurs scrutent le ciel, en implorant peut-être Sainte Claire de leur épargner un remake de samedi. Et finalement, si quelques averses vont encore arroser le Minnewaterpark, au cours de l’après-midi, elles vont carrément cesser, en début de soirée.
On ne va pas trop s’attarder sur le set électro-pop-wave de Sx, alias Stefanie Callebaut, pour se pencher sur celui de Wovenhand. Dave Eugene Edwards a une carrière déjà bien remplie. Notamment au sein de 16 Horsepower. Notre prédicateur est soutenu par un nouveau backing group. Seul le drummer est toujours au poste. Plus de tabouret, de banjo ou de bandonéon, mais de l’électricité. Même les compos intimistes et sobres de son Ep, « Black of the ink » crépitent d’intensité électrique. Du rock pur et dur, mais rituellement aussi rude et sinistre, qui devrait alimenter son futur elpee. Un véritable orage sonore qui n’a toléré qu’une seule accalmie, « Kingdom of ice ». Epatant !
Un bain de soul/funk/r&b pour votre serviteur ! Pas vraiment ma tasse de thé, même si je dois reconnaître que le public est ravi de sa performance. Un paravent de plexi protège le drummer des vibrations produites par les musiciens, parmi lesquels le trompettiste et le saxophoniste se mettent particulièrement en évidence. Le show d’Aloe Blacc s’achève par « I need a dollar », que la foule reprend en chœur.
Blonde Redhead compte près de 20 années d’existence. A la barre les frères jumeaux Amadeo et Simone Pace, ainsi que Kazu Makino. Les deux premiers sont d’origine italienne, la vocaliste japonaise. Amadeo siège derrière les fûts, Simone et Kazu se partagent les guitares et les vocaux. Encore qu’au fil du temps, Simone a également recours aux bidouillages électroniques. Leur répertoire réunit une majorité de titres issus de leur back catalogue. Probablement les meilleurs. Ceux au cours desquels on pense le plus à Sonic Youth. A cause de cette électricité conflictuelle, bourdonnante, nerveuse alimentant des mélodies aventureuses, astucieuses voire extatiques. Le tout traversé par les vocalises acérées de Kazu ou celles plus fluides de Simone, et agité par les drums terriblement efficaces d’Amadeo. Dont la manière de tenir les baguettes est surprenante. De la main gauche, il frappe ses fûts, en glissant son stick entre le majeur et l’index. Le set est entrecoupé de morceaux plus ambient, presque trip hop et même d’une chanson réminiscente de Moby. Anecdotiques. Car le plus intéressant procède des compos les plus intenses, élaborées en crescendo, au cours desquelles Blonde Redhead est vraiment au sommet de son art…
Le succès d’Absynthe Minded a largement dépassé les frontières (?) de la Flandre. Faut dire que Bert Ostyn peut s’appuyer sur d’excellents musiciens. Mais aussi parce que son style jazzyfiant, swinguant, a été complètement digéré par la pop. Et le nouveau single « Space », en est certainement le plus bel exemple...
Quatre percussionnistes disposés à gauche et à droite de la scène, habillés de noir, un foulard rouge sur le bas du visage impriment le tempo. Ils ont chacun deux caisses à leur disposition et vont les marteler tout au long du set en cadence, un peu comme des automates. Croisant parfois leurs sticks en synchro. Ou les combinant avec la boîte à rythmes. Derrière, une toile de fond reproduit des motifs de peau féline (NDR : une panthère ?) Six gros spots illuminent la scène pour mettre en exergue le show des Kills, soit le guitariste Jamie Hince, tout de cuir vêtu, à la guitare, et Alison Mosshart au chant et régulièrement à la basse. Le set est percutant, teinté de glam (pensez à Garry Glitter voire à Adam & The Ants). L’énergie dispensée explosive. Alison déménage de long en large sur les planches. Parfois même lascivement. Une ballade quand même au cours de laquelle, elle va jouer du clavier. Mais en conclusion, un chouette show accordé par VV, Hotel et sa troupe…
Chris Cornell c’est avant tout le chanteur de Soundgarden, même s’il a sévi chez Temple of The Dog et Audioslave. Sans compter son aventure en solitaire. C’est d’ailleurs en solo qu’il se produit ce soir. En acoustique. Six grattes sont alignées derrière lui, de quoi lui permettre de ne pas perdre de temps à les accorder entre les morceaux. Il a toujours une superbe voix, puissante, vulnérable, languissante aussi. Et sa setlist est plutôt bien équilibrée entre les différentes époques de sa carrière. Il reprend même « Imagine » de Lennon (pas vraiment une réussite) et « A day in the life » des Beatles. Cette cover est par contre excellente. Il interprète également une ballade, en s’appuyant sur un piano, diffusé par une bande. Enregistrement immortalisé auprès d’une amie défunte… Dommage que son récital n’ait pas vraiment été programmé à la bonne heure. Plus tôt dans la journée, on aurait sans doute mieux apprécié…
C’est en compagnie de Black Dub que Daniel Lanois a accompli sa dernière tournée. Un backing group au sein duquel figurent le drummer de jazz, Brian Blade, le bassiste Daryl Johanson et la chanteuse/multi-instrumentiste Trixie Whitley (NDR : c’est la fille de Chris Whitley !) Outre sa notoriété forgée à la production (U2, Neil Young, Peter Gabriel et la liste est loin d’être exhaustive), Lanois est également guitariste et chanteur. Quand il en a encore le temps. Aussi, lorsqu’il part en tournée, il vaut mieux ne pas le manquer. C’est en formule trio que le groupe monte sur les planches. Pas de trace de Whitley, cependant. Mais comme elle se produisait vendredi au même endroit, elle viendra apporter sa collaboration aux vocaux sur deux ou trois morceaux, en cours de set. Les drums de Brian sont secs, arides mais percutants et déconstruisent littéralement les normes du blues et du rock. La basse de Daryl gronde et libère énormément de groove. Quant à la gratte de Daniel, elle est triturée à la manière d’un Neil Young. En outre, il possède une belle voix. Falsetto, éthérée, délicate même. Lanois se réserve un instrumental atmosphérique à la steel, simplement épaulé par le drummer. Les trois musicos sont de véritables virtuoses et vont nous offrir un superbe concert chargé d’une intensité électrique vivifiante et pourtant chargée d’émotion… Au cours du rappel, Lanois va nous interpréter son « Jolie Louise », en acadien… Ouf, aujourd’hui on a été épargné par la pluie. Et pourtant, à 1heure du matin, le site était à-moitié vide. Ou plein, selon…
(Organisation Cactus)