Le festival ‘Les Nuits de l’Alligator’ permet à plusieurs groupes ou artistes, imprégnés à des degrés divers au blues/roots, de tourner à Paris et en province. Un festival itinérant qui en 2013, s’est arrêté 26 fois dans 23 villes différentes. Cette 8ème édition se déroulait du 5 au 26 février, et transitait notamment par le Grand mix à Tourcoing. Le 6, s’y produisait les revenants Gallon Drunk ; et ce 26 Motorama ainsi que Wovenhand.
Motorama ouvre les hostilités. Ce combo russe commence à prendre de l’envergure. Aux Pays-Bas, en Allemagne et en Angleterre, il s’est ainsi illustré dans des salles prestigieuses. En Belgique, il s’est produit au ‘trendy’ Madame Moustache de Bruxelles, un endroit plus intimiste. Dès les premiers accords, le band nous plonge dans son post punk revivaliste. Le début du set se révèle plutôt introspectif. Les lumières sont tamisées. Le baryton du leader me fait immédiatement penser à Matt Berninger, le chanteur de The National (NDR : coïncidence, les deux formations sont signées chez le même label, Talitres). Parfois, le spectre d’I Like Trains hante leurs compos. Bien maîtrisées, elles montent progressivement en crescendo. Les musicos viennent souvent au bord de l’estrade. En fin de parcours, le chanteur se lâche et entame quelques pas de danse saccadés, un peu comme s’il voulait pasticher Ian Curtis. Malgré toutes ces références, leur prestation tient parfaitement la route. Motorama est certainement à suivre de très près, d’autant qu’à ce jour, il n’a publié que deux albums et qu’il a encore une belle marge de progression devant lui…
En septembre dernier Wovenhand nous livrait un concert remarquable à l’Eden de Charleroi. J’avais donc vraiment envie de revivre ces moments privilégiés. Première constatation le line up est réduit à un trio. Gregory Garcia Jr a quitté le navire. Et Chuck French a troqué sa guitare contre une basse. Il y a donc une gratte en moins. Evidemment, la musique en devient moins électrique. Explosif, le dernier opus du band, « The laughing stalk », était davantage sculpté dans le rock que le folk. Ce soir, sa transposition en live –la set list se concentrant largement sur cet opus– est beaucoup moins percutante. « Sinking hands » et « A Holy measure » accentuent pourtant le feeling appalachien de l’expression sonore. De quoi permettre au charismatique David Eugene Edwards d’exprimer ses convictions religieuses. Mais j’éprouve énormément de difficultés à entrer dans l’univers de Wovenhand, ce soir. Mon fol enthousiasme est retombé. Pourquoi ? Pourquoi ai-je l’impression de ne pas vivre le meilleur concert du groupe ? L’enchaînement trop rapide des titres ? La durée du set ? Une heure et dix minutes, en tout ! Même le rappel me semble bâclé. « Whistling girl » est un titre sublime. Il est mentionné sur la setlist. Mais ne sera pas interprété. A la place, on a dû se contenter du très pâle « Kicking Bird »…
Wovenhand nous doit une revanche. Jugez plutôt ce que votre serviteur racontait de la prestation accordée à l’Eden de Charleroi ici, et vous comprendrez plus facilement la raison de ma déception.
Setlist
- Closer
- Maize
- In the Temple
- Sinking Hands
- Kingdom Of Ice
- Long horn
- As wool
- Good shepherd
- The Speaking Hands
- Holy Measure
- His Rest
- King o king
Rappel
- Whistling girl (NDLR : sur la setlist mais passé à la trappe !)
- Kicking Bird
Motorama + Wovenhand
(Organisation : Les Nuits de l'Alligator)