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Dour festival 2007 : samedi 14 juillet Spécial

Écrit par Charlotte Plaideau, Sébastien Leclercq et Bernard Dagnies
&

C’est un pur plaisir d’entamer la soirée dans l’ambiance soul-funk de Nicole Willis et son backing-band The Soul Investigators, des Finlandais funkysants rencontrés dans la patrie de son compagnon Jimi Tenor. Vêtue d’une robe bain de soleil, la peau dorée et envahie par une agitation sensuelle, la diva est irrésistible. Sa voix chaleureuse aux teintes Aretha Franklin glisse fluidement sur les rythmiques efficaces et maîtrisées des Soul Investigators. Dans la lignée des Meters, les instruments à cordes ont des accents sixties, les percussions sont chaloupées, et les instruments à vent (saxophone, trombone, trompette, flute) respirent un blues ensoleillé. Délicieusement anachronique, ce son nous transporte à l’âge d’or de la ‘motown’. Dour a créé la pyramide à remonter le temps, et on l’en remercie de toutes nos oreilles. On y comprend aussi pourquoi Gilles Peterson fait de « Keep Reachin’Up » son album de l’année, tandis que Ninja Tune et le New Musical Express couvre ce troisième opus de louanges. Non, la soul n’est pas révolue.

Ecouter les Two Gallants, c’est aussi pénétrer dans un autre espace-temps. Une guitare et une batterie suffisent aux deux compères de San Francisco pour se créer un univers bien à eux. Le soleil au zénith, la terre craquelée et rocailleuse ; au loin résonne un harmonica vagabond. Mais il en faut peu pour que le ciel se couvre, et que la ballade ébauchée explose d’un coup en riffs orageux. Car c’est là toute la spécialité des Two Gallants : acheminer le caractère brut et roots du folk en nervosité punk ultra contemporaine. Contrairement à leur tournée acoustique (succédant à l’E.P. « The scenery of farewell »), ils ont retrouvé ici leur rage électrique. Leur ‘pulk’ - pour reprendre la contraction de punk et folk qui les hérisse tant depuis que, soustraite d’une plaisanterie en interview, les journalistes en usent et abusent à souhait. Et cette émotion fiévreuse n’est pas hasardeuse. Elle est le ton qui convient pour décrire une Californie érodée par l’oisiveté, l’alcool et la déchéance. L’horizon n’est ni radieux ni désespéré, ce qui rend profondément cohérent leur son à la fois sensible et écorché.

A la tombée de la nuit, la fièvre du samedi soir retombe légèrement ; la programmation est mitigée jusqu’à l’heure de la métamorphose en citrouille. Minuit sonne, et les loups sortent enfin hurler à la lune. Hurlements intériorisés d’abord travers l’électronica déconstruite d’Autechre. Comme d’habitude, le public est plongé dans l’obscurité. Les curieux de passage en viennent à se demander si le concert a déjà commencé. Les autres sont déjà loin ; entraînés par un beat syncopé qui restera en apparence identique du début à la fin. Mais dans les tréfonds de la conscience, tel un kaléidoscope, il se fait, se défait, s’allonge, s’écaille, se dédouble pour finir par exploser en miettes dans un cerveau habité. Une fois encore, et fidèle à sa réputation scénique, le fier disciple du label Warp ne cherchera pas le consensus, encore moins la conciliation. Contrairement à leur set exceptionnellement accessible du Reset festival (mars 2007), Autechre a préféré ici exhiber ses formes sans complexes ; à travers des reliefs parfois ingrats, d’incessants décalages sonores et des rythmes scandés à l’infini. Et si un live est rarement idéal pour découvrir sans initiation les étranges robots d’Autechre, des milliers d’yeux brillent néanmoins dans l’obscurité, fixes, profondément captivés par ce son ultra-expérimental en quête incessante du choc sonore. Niché au creux d’un savant calcul mathématique, leur son alimente ainsi une électro en mode free-jazz, profondément introspective. Autechre se vit en transe, ou ne se vit pas.

Aussi instantanément que s’évanouit l’univers tortueux et fascinant d’Autechre, s’élèvent les beats jouissifs de Justice. Les deux Dj puisent immédiatement dans leur registre  incontournable pour être sûr de saisir tout le public d’un coup de main. Mais pas de maître. On aurait pu faire plus en finesse, mais il est 2h, la soirée a mis du temps à démarrer, alors on se plonge dedans jusqu’au cou, sans réfléchir. On passe juste l’inévitable moment karaoké quand surgit l'hymne tant attendu « You are my friend, you’ll never be alone again ». Come on! Impossible d’échapper au remix de Simian, mais puisque l’ambiance est à son comble… Et profondément communicative vu la proximité des corps. On respire l’air et l’enthousiasme du voisin. Dans cette mare humaine, les réserves et snobismes tombent. Ca fait boumtchak, ça prend, ça ravit. Ca flirte entre la house et le disco, l'électro et le funk. Si on n'y a pas spécialement vu ‘se tenir dans la main les gothiques et les fluo kids’ (comme le promettait le dossier de presse), il faut avouer qu'ils font consensus, crête rose ou pas. Plus de raison de cacher sa joie face au jeune duo anglais qui comble 10 000 personnes de son terrible "Let There Be Light" et son incontournable "D.A.N.C.E.". ; qui remixe autant pour Britney Spears que pour Soulwax, Franz Ferdinand et Daft Punk ; qui remplit le Recyclart, gonfle le Botanique et fait littéralement exploser la Red Frequency à Dour. Respect.

Pas le temps d’oser se montrer exténués, car Vitalic prend la relève sur le même ton. On ne boudera pas son plaisir, sous prétexte que le Français est prévisible et que les mixes ne sont pas toujours impeccables. Dans le brasier, on n'y voit que du feu. Car il pleut des tubes. Et c’est parfaitement jouissif de se laisser transporter par la techno confortable de Pascal Arbez et ses laptops. Surtout sur "Poney part 1","La rock 1" ou "My friend Dario", où la foule en sueur atteint l'extase. Ca danse et ça transpire aussi des sourires. Tout « Ok Cowboy » y passera, et c’est tant mieux pour retrouver ses repères. Judicieux pour un troisième jour de festival, où les oreilles ont déjà goûté aux expériences sonores les plus incongrues, aux visions les plus invraisemblables (merci le coup du parapluie entre les fesses). Vitalic ajuste les esprits dispersés et, de son électronique fédératrice, convainc une fois de plus un public en furie.

Pour ceux qui, de cette électro souriante, avaient conservé l’esprit bon enfant, autant dire sans détour qu’ils le perdront instantanément à l’écoute d’Otto Von Shirach. A mille lieues de la niaiserie candide, l’Américain dispose de tous les instruments de torture pour transformer un set en monstruosité sonore. Mais jamais la folie n’avait été d’aussi bonne facture. Signé sur l’excellent label de Mike Patton (Fantomas, Mister Bungle, etc), Jack l’éventreur ne découpe pas les petits enfants au marteau-piqueur, mais opère un dépeçage soigneux et sélectif de bons morceaux, baignant dans la coupe nette breakcore, la sueur hardcore et le goût du metal. Jamais horreur n’avait été aussi proprement perpétrée, aussi savamment maîtrisée. Pour y parvenir, le possédé viole une guitare électrique, scalpe un punk, égorge un laptop, et fout une grosse fessée à tous ceux qui n’ont pas encore pris assez de psychotropes. Parce qu’il en faut, et en quantité, pour apprécier le meurtre collectif qui, contre toute apparence, est aussi un vrai coup de génie.

C.P.

 

Et qu’ont retenu Sébastien et Bernard de cette journée ?

Tout fan de Fugazi qui se respecte ne peut manquer, sous aucun prétexte, Joe Lally. Si le bassiste reste habituellement en retrait de son groupe, Guy Picciotto et Ian McKaye se partagent le devant de la scène. Mais aujourd’hui, son aisance étonne. Après l’intro a capella, les choses sérieuses commencent. Si la technique de basse est reconnaissable entre mille, le duo guitare-batterie demeure plutôt discret. Par contre un surprenant saxophoniste apporte une touche jazz-rock à la cover de « Morphine ». Les nostalgiques du groupe trop tôt disparu, victime du décès inopiné de Mark Sandman, retrouvaient ainsi ce savant mélange de basse et de saxo.

A l’instar de Sick Of It All la veille, Walls of Jericho est parvenu à faire vibrer l’Eastpak tent, tel un château moyenâgeux pris d’assaut par des barbares remontés. Il faut bien dire (et écrire) que le Borinage regorge ( ?!?!?) de groupes hardcore et autres aficionados du style. Si la chanteuse Candace Kucsulain rappelle Shirley Manson pour son dynamisme et son physique (les tatouages en plus), elle possède nettement moins de finesse, et sa voix sonne comme un bûcheron québécois à l’ouvrage. Quoiqu’il en soit, l’énergie est au rendez-vous, et l’on se demande comment le chapiteau tient encore en place alors que la moitié du public s’agite comme des possédés. Les ‘circle pits’ s’étendent d’ailleurs bien au-delà de la table de mixage !

Et cela ne s’arrange pas vraiment lors de la prestation de Punish Yourself. Les Français évoluent dans un registre davantage métal-indus. Leur public est conquis d’avance, et ceux qui ne les connaissent pas sont rapidement impressionnés par leur show toujours aussi sensuel, coloré et énergique.

Michael Gira a dû se demander ce qu’il avait fait au bon Dieu pour jouer devant 200 personnes. Au sein du mythique Swans, formation qui s’est séparée en 1997, il s’est produit régulièrement devant des milliers et parfois même des dizaines de milliers de spectateurs. Son nouveau groupe, Angels of Light, évolue dans la zone crépusculaire de l’underground. Mais en solo, il semble prêcher dans le désert. Et pourtant, c’est lui qui a découvert Devendra Banhart. Alors, allez comprendre ? En fait, il faut croire qu’il paie aujourd’hui son attitude imbuvable vis-à-vis de la presse, attitude qu’il a entretenue jusqu’il y a dix ans. Pourtant le personnage semble avoir changé. A l’issue de son set, il vient à la rencontre du public, en profite pour vendre quelques albums mais signe aussi des autographes et taille une bavette avec quelques fans. Aurait-il changé ou aurait-il enfin un peu plus de plomb dans la tête ? A mon avis, vu sa situation, difficile de faire autrement… Mais venons-en à son concert. Un superbe chapeau blanc (de type Dallas) vissé sur la tête, il joue assis en s’accompagnant à la guitare sèche électrifiée. Une six cordes qu’il réaccorde régulièrement. Son timbre vocal est toujours aussi intense et puissant, même si parfois, on a parfois l’impression qu’il n’est pas tout à fait en phase avec la mélodie. N’empêche, ces ballades obscures, ces mélopées incantatoires et hypnotiques, ces émotions brutes et arides, vous frappent en plein cœur. Et difficile de ne pas être fasciné par cette musique à la fois belle et douloureuse… Gira se produira à plusieurs reprises en Belgique au cours des prochains mois. A mon avis, il aura alors rôdé les chansons de son nouvel opus, « We are him ». Et dans l’ambiance feutrée d’une salle, il est encore capable d’envoûter…

Le prix de la démesure sonore est revenu à Motorpsycho. Sans la moindre contestation ! Impossible de rester à proximité du podium. A moins peut-être de porter des boules Quiès et de ne pas connaître de problèmes cardiaques. A 200 mètres de la scène, le son était encore bien puissant, mais supportable. A croire que le groupe cherche à battre le record de décibels établi par un certain Grand Funk Railroad, début des seventies. C’est vrai que musicalement, le trio s’inspire de plus en plus des seventies. Quelque part entre prog, psychédélisme, métal, krautock et noisy, leurs longs morceaux sont particulièrement élaborés et jouent autant sur les climats que les tempos. Une référence ? Peut-être le chaînon maquant entre Amon Düül et Iron Butterfly ; mais chez Motorpsycho, il n’y a plus de claviériste depuis 2003. Et encore, il n’apportait sa contribution qu’en studio.

Griots & Gods feat. The Young Gods & Dälek : en voilà une idée qui n’était pas bonne. Lorsque les musiciens des Young Gods se lancent dans de longs développements atmosphériques, on prend un plaisir certain à se laisser bercer par ces envolées visionnaires ; mais lorsque Dälek vient poser sa voix de rapper, c’est la cata. Et je me suis tiré, vite fait, bien fait. Quel massacre !

Lorsqu’on évoque Notwist, on ne peut s’empêcher de parler de toute une pléiade de groupes qui gravitent autour d’eux : Console, Lali Puna, Ms John Soda, Tied & Tickled Trio, Couch, des formations ou des projets qui relèvent de ce qu’on appelle l’indietronica, soit un mélange d’indie pop et d’électro (fallait s’en douter). Là, je ne vous apprends rien, toutes les bios consacrées à la formation allemande sont sur la même longueur d’ondes. Sur disque, je dois avouer que leur création se révèle plutôt agréable mais sans grand relief. Live, leur prestation m’a plus qu’agréablement surpris. L’électronique est mise au service d’une musique particulièrement électrique, mais également mélodique. Drivés par les frères Acher, le quintet prend une toute autre dimension sur les planches, évoquant tour à tour Radiohead, House Of Love, Tool et même le Pink Floyd ; et en particulier sur une des plus longues plages interprétées ce soir, furieusement réminiscente du célèbre « Set The Controls For The Heart Of The Sun »… Et comme dirait notre rédacteur en chef néerlandophone Johan, on est vraiment curieux d’entendre leur nouvel opus…

Pour arriver sur la plaine de la Red Frequency, il a fallu près d’une demi-heure. Moralité, je n’ai pu assister qu’aux trente dernières minutes du set de Girls In Hawaii. Une foule incroyable déambulait alors sur le site ; et une grande majorité d’entre elle voulait assister à leur prestation. Il devait d’ailleurs y avoir au moins 20 000 personnes. Juste le temps d’écouter deux ou trois nouvelles chansons. Très pop, très mélodique, très studio. Et puis l’une ou l’autre issue de leur premier opus, dont l’inévitable « Flavor » en rappel. Toujours une belle et solide décharge d’adrénaline libérée dans l’esprit du célèbre « You really got me » des Kinks…

Le big problem, à l’issue de ce concert sera de sortir de la Red frequency. Certains voulaient en sortir, d’autres y entrer pour participer au show du Peuple de l’Herbe. Et pas assez de place pour laisser passer ce flux et ce reflux ressemblant de plus en plus à un goulot d’étranglement. Des impatients et des inconscients se sont mis à pousser exagérément. Et la situation a failli tourner au drame. Des spectateurs ont tout simplement failli être écrasés. Et d’autres étaient au bord de l’évanouissement. J’étais au beau milieu du jeu de quilles, et franchement je n’en menais pas large. Heureusement, dans la nuit, le chemin d’accès a été élargi de 5 mètres. Mais quelle frayeur ! Je ne parvenais même plus à situer où je me trouvais et j’ai bien mis 20 minutes avant de rejoindre la sortie… (B.D.)

S.L. & B.D.

 

Informations supplémentaires

  • Date: 2007-07-14
  • Festival Name: Dour
  • Festival Place: Plaine de la Machine à Feu
  • Festival City: Dour
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