C'est dans le cadre d'un involontaire triptyque psychédélique que s'inscrivait, ce samedi, le showcase du label Rocket Recordings. Involontaire, car cette affiche résultait des hasards de la programmation du Magasin 4 qui proposait deux jours plus tôt Spectrum/WoodenShjips et le lendemain Mugstar. Une agréable alternative au psych lab d'Eindhoven pour ceux qui n'aiment pas trop les festivals ou n'ont pas les moyens d'y assister ; d'autant plus qu'une partie des groupes cités et que l'on citera plus loin y figuraient également.
Mais revenons à l'objet de ce compte-rendu ; à savoir la présentation de 4 artistes du label, dont Gnod, invité à clôturer la soirée. En arrivant devant les portes du Magasin 4, on apprend qu’une des trois formations a déclaré forfait, Teeth of the Sea, pour cause de van défectueux. Il faudra donc s’armer de patience avant de découvrir la première à monter sur les planches : Lay Lamas. Pas grand monde à ce moment-là pour écouter les Italiens qui tentent d'installer une ambiance un peu primitive/chamanique/bucolique (biffez la mention inutile) à l'aide d'une batterie au départ très basique qui souvent se contente de marquer le temps, d'une guitare pas excessivement bavarde mais parfaitement adaptée au genre, une basse assez groovy et quelques sonorités diverses assez proches de bruits issus de la nature (l'ambiance bucolique évoquée ci-dessus). Petit à petit, la sauce prend et le jeu s'étoffe mais quand débarque une voix plutôt pop, je m'accommode assez mal de son timbre... Moment à partir duquel je vais décrocher de leur set... Un set malgré tout relativement honnête pour un hors d’oeuvre qui s’est déroulé devant un bien maigre public.
Anthroprophh va constituer la véritable énigme de la soirée. Véritable référence pour les amateurs de psyché fuzz, Paul Allen, le guitariste de The Heads, y milite. Le trio passe, en effet, sans transition aucune entre morceaux ‘climatiques’ et véritables concours de solos pour batteries et guitares, des compétitions dignes de dinosaures du rock qui mériteraient davantage leur place sur les ondes de Classic 21 ou la scène du Spirit of 66 qu'au Magasin 4... On a eu beau chercher et on cherche toujours le fil rouge entre l'excellente pièce rituelle installée par une batterie tribale et des drones de cordes organiques, un peu sales, et le morceau qui a suivi, typiquement classic voire hard rock. Progressivement, lassé par ces digressions incessantes, l'attention se dissipe et on commence à attendre ce qui vraisemblablement devrait être le clou de la soirée : à savoir les fabuleux Gnod.
Pour les avoir vus à plusieurs reprises, je peux vous garantir que ces Mancuniens nous réservent toujours des surprises. On ne sait jamais sous quel line up ils vont se produire ni quel genre de performance ils vont livrer : techno post indus, psyche zen ou plus heavy voire encore drones extatiques... Bref, la gamme dans laquelle ils s'expriment est assez vaste et le résultat souvent heureux. Comme ce soir d'ailleurs où ils nous embarquent directement dans un trip kraut motorik et aérien illuminé par un superbe sax (une première en ce qui me concerne). La magie s'installe directement et l'attention du petit nombre d'aficionados réunis dans le club bruxellois est bien focalisée. On passe alors à du plus lourd dans la frappe de batterie au sein d’un climat hyper répétitif n'offrant que la fuite ou l'hypnose. En choisissant la seconde solution, on boira jusqu'à la dernière goutte le breuvage... Je glisse alors ironiquement à l’oreille d’un des programmateurs de la salle : 'Et maintenant c'est fini!' ; et, effectivement, le groupe s'arrête et salue l'audience perplexe et espérant au moins se voir accorder un rappel. Mais il n'en sera rien. La formation a apparemment jugé que le charme était rompu après ces deux compos très longues certes mais qui n’ont offert au final qu'un live de 40 min maximum! Ce qui ne peut évidemment que laisser un goût de trop peu compte tenu de 3 remarques. Primo, seuls 3 des 4 groupes prévus se sont produits. Secundo, le dernier passage de Gnod en ces murs avait été écourté non pas par leur faute mais à cause d'un quidam qui avait trop abusé de substances et trouvé judicieux de balancer sa bière sur leur matos. Tertio, le band occupait la tête d'affiche, tout simplement. Il me semble quand même qu'en tenant compte de ces paramètres, les spationautes auraient pu nous emmener encore visiter un p'tit bout de galaxie en plus... non? Reste à compter sur leur prochain passage pour nous débarrasser de ce léger sentiment de frustration.
(Organisation Rocket Recordings + Magasin 4)
Gnod + Lay Lamas + Anthroprophh