Il paraît que c’est déjà le dernier jour… Dans ce microcosme dourois, on oublie les jours, les heures, les conventions et surtout que toutes les bonnes choses ont une fin. On part gonflés à bloc pour profiter, comme il se doit, de ces dernières heures passées au paradis.
Petit moment exotique en compagnie de Naâman. Jeune Français fan de la Jamaïque et de ses traditions musicales, il s’est imposé sur la scène reggae. Autant dire que son physique autant que son background sont atypiques ; mais aussi qu’ils poussent à l’admiration. Sa voix est absolument incroyable. La Dance Hall est sous le charme. Une version rallongée de « Skanking Shoes » conclut le seul concert de reggae auquel je me serai rendue.
On se dépêche d’assister au début de set de Casseurs Flowters, nouveau groupe d’OrelSan et Gringe. Je dois bien avouer que m’y rends par curiosité, très peu attirée par ce genre musical. Pour une fois, nous voyons la Last Arena clairsemée. Nous aurions dû nous douter que le public cible du Dour Festival n’a que peu d’intérêt pour un groupe de rap français, apprécié par beaucoup d’ados. Orelsan et Gringe montent sur les planches, accompagnés de deux DJ’s. Force est de constater qu’ils font le show. Leurs paroles sont tantôt totalement futiles, tantôt très réfléchies, mais souvent ridicules… On ne peut nier leur énergie débordante mais ce n’est pas assez pour rester toute l’heure…
Allons jeter un œil à la Cannibal Stage et à Punish Yourself. Comme d’habitude, c’est démentiel. Entre peinture phosphorescente et grand n’importe quoi sur scène. Il est parfois difficile de se concentrer sur leur musique tant on accorde de l’importance à leur comportement. Performance scénique ou concert ?
A 23 heures direction la RedBull Elektropedia pour Len Faki. On se faufile à l’intérieur de la tente où comme d’habitude la chaleur et l’humidité règnent en maître. C’est encore une star de la techno que nous propose le line-up de Dour. Rasé, en débardeur, il arrive aux platines et commence son set. Une heure trente de techno qui passera extrêmement vite. Sans le son on ne croirait pas écouter de la minimale tant les gens dansent. Temps écoulé pour Len Faki, deux minutes de break permettent aux fans de techno de sortir pour laisser la place aux fans d’électro. Nous annonçons Brodinski ! Ce n’est vraiment pas mal mais nous nous attendions à mieux. Ses enregistrements sont un peu plus puissants et originaux que son live, au final assez classique.
C’est pourquoi nous décidons lettre le cap sur Last Arena pour y assister à la prestation de Boys Noize. C’est le dernier artiste à se produire en plein air, sur la scène principale, cette année. Pour sa troisième participation à Dour, il nous offre un live mémorable. Ce DJ reconnu mondialement n’a plus rien à prouver. On pourrait critiquer son manque de renouvellement ; mais sa recette habituelle est un véritable succès. Le public est en délire, tout le monde sans exception danse au rythme de son électro épurée et presque mécanique. Encore un excellent moment qui se hisse sans surprise dans mon ‘top 5’ de cette édition.
Il est deux heures du matin. En ce moment, totalement ébahis par Boys Noize, qui remercie chaleureusement son public, nous pensons juste être déçus de tout ce que nous entendrons après lui. C’était sans compter sur un drôle d’oiseau…
2h30. Les lumières s’éteignent. Le Dance Hall est plongé dans l’obscurité. Mr. Oizo n’est plus à présenter. C’est en sa compagnie que nous allons clôturer le festival cette année (bien que forts tentés par Boris Brejcha, deux scènes plus loin). Il nous ferait presque oublier le très bon Boys Noize. Encore une fois, les fans d’électro sont conquis par ce DJ totalement détaché de la situation, pas du tout concerné par son live. Il se contente de balancer ses tracks sans montrer aucune émotion. Il finira même par faire son sac avant même d’éteindre ses platines, partant ainsi ‘sans dire au revoir’. Néanmoins, c’est une des meilleures prestations que nous avons pu voir sur les quatre jours. « Positif » (Vous êtes des animaux !), son tube, met le public dans un état de transe. Avant un remix du « Riverside » de Sidney Samson, il nous passe même du Gesaffelstein (NDR : le top 1 de l’édition Dour 2013). Que demander de plus ? Peut être une heure supplémentaire… Car la ‘journée’ s’achève une heure plus tôt en ce dimanche, à quatre heures du mat’ au lieu de cinq.
Cette heure trente passée en compagnie de l’Oizo nous a laissé sur notre faim. Il est de ces concerts dont on n’ose pas regarder sa montre de peur qu’il prenne fin. Il est de ces endroits dont on ne compte pas les jours car on aimerait y passer l’éternité. L’ambiance qui règne sur la plaine en ce dimanche soir est incroyable. Certains escaladent les installations pour y décrocher des panneaux, d’autres improvisent des concerts sur les poubelles… Tout nous pousse à continuer la fête au son des enceintes des bars et ce jusqu’au petit matin. Nous sommes accompagnés de centaines de campeurs déjà nostalgiques et que rien ni personne ne fatiguera. Consolez-vous mélomanes car l’organisation nous a annoncé aujourd’hui que l’édition 2015 s’étalera sur cinq jours. Au revoir et merci Dour, à l’année prochaine.
(Organisation Dour Festival)
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