Il s'agit de la troisième édition du festival Rock And Chill. Un événement qui se déroulait ce 22 novembre dernier, au centre culturel Victor Jara de Soignies. Il y a quelques années, j’avais assisté à un concert dans cette salle ; et j’étais reparti déçu par la qualité du son. Depuis lors, il faut avouer que de sérieuses améliorations ont été apportées à l'acoustique des lieux. On peut même ajouter que ce soir, le son était irréprochable.
Fastlane Candies réunit Alexis Alvarez, aka El Niño, au chant et à la sèche, Krispy Velours, aka Laurent Boutefire, à la guitare, Baptcha à la basse, Jrm aux drums ainsi que Sandy C., aka Cheesy Cliché, aux claviers et au chant. Signé chez JauneOrange, le combo implique des Liégeois et des Namurois. Après avoir publié un Ep 6 titres en 2011, baptisé « Cold Cold Caribbean », le groupe a sorti son premier opus en 2013, « Telenovelas », un album réalisé au Studio 5 (NDR : c'est aussi à Liège) et produit par Xavier Guinotte (My Little Cheap Dictaphone) ainsi que Raphaël Wynands.
C’est la dernière date de la tournée du band. Il y a un bon bout de temps qu’il est sur la route. Il a accordé quelques concerts mémorables en Belgique et lors des festivals d'étés. Ce qui devrait avoir rôdé les musicos en ‘live’. Cependant, il n’est pas toujours facile d’amorcer ce type de manifestation. Le public est peu nombreux. Les spectateurs bavardent. Des conditions malaisées pour capter leur attention. Mais Fastlane Candies est habitué aux ouvertures et premières parties. Il est même devenu habile pour exploiter au maximum la situation.
Caractérisé par sa mélodie contagieuse, « Nothing At All » entame les hostilités. Offensives, les grattes s’imposent. Les percus trament la compo. Les harmonies vocales caressent les tympans. Le public sonégien est mou et sans réaction. C'est comme un moteur diesel, faut le temps pour qu'il démarre. « Second-Hand Boyfriend » est un morceau allègre et sucré. On pense alors à Violent Femmes voire à Clap Your Hands Say Yeah. Le set atteint sa vitesse de croisière à partir de « Girls ». Alexis, dont la mèche de cheveux penche toujours à gauche, demande au public de se rapprocher du podium. Il concède timidement à l’invitation. La rythmique est entraînante et syncopée tout au long de « Telling Stones ».
« Always On The Go » nous replonge dans la cold wave. Celle de The Cure, tout particulièrement. Même la voix est alors proche de celle de Robert Smith. Risqué et réussi à la fois.
« Enough » incite à la danse et à se bouger le popotin. Son refrain est immédiat. Allez Soignies, on y va ! « Wound Me », c’est le premier single du groupe qui a totalisé 10 000 vues sur YouTube depuis sa sortie, en 2011. Il en a fait du chemin, depuis. « Charm » n’en manque pas et « Let Yourself Go » est une invitation à se relâcher. Sandy se réserve le lead vocal pour « La Chica », une superbe compo. Le show s’achève par « Be Like you » et « Summertime's Away », moments choisis par Alexis pour descendre dans la fosse afin d’affronter un auditoire bon enfant. Il le pousse à participer à la fête, tout en distribuant des flyers… Une bonne entrée en matière !
The Whylanders va se produire entre les changements de matos sur scène, à deux reprises. Nous réservant chaque fois 2 ou trois morceaux. Il avait assuré le supporting act de Von Durden, au Botanique, il y a un bon mois. Un duo réunissant le guitariste/chanteur Maxime Simon et le drummer Quentin Jossin, également préposé aux fûts chez Cheeky Jack, programmé ensuite. La paire libère une énergie folle sur les planches et va même y mettre le feu pendant le soundcheck de Jane Doe. Une très bonne idée de combler ainsi les intermèdes.
Cheeky Jack est un sextuor issu du Brabant Wallon. Encore que le rôle de gratteur soit confié à Gregory Chainis (Abel Caine). J’ignorais que Carnières appartenait à cette province… C'est la première fois que votre serviteur assiste à un concert de ce groupe, responsable d’un chouette premier album intitulé « Superlicious ». Actif depuis 2011, il vient de publier « Black Sheep », un Ep 5 titres particulièrement prometteur. Le line up implique également Thomas Verbruggen au chant et à la six cordes, Benoit Tempels au saxophone et machines ainsi que Maxime Siroul aux synthétiseurs. La musique de Cheeky Jack est le fruit d’un cocktail entre pop, funk, soul, reggae et world. Un univers sonore particulier qui puise ses influences dans toute l’histoire de la musique pop/rock. Depuis les sixties aux années 2000. Sur disque, les cuivres occupent une place importante. Moins en ‘live’. Ce qui n’empêche pas leurs compositions de libérer énormément de groove. La participation de Grégory apporte manifestement un plus à l’ensemble. Colorée, la musique nous transporte de Saint-Louis à Minneapolis en passant Kingston (« Lilith Is On Fire »). Une guitare funkysante et un beat électro dynamisent « Paper Chase », afin de nous conduire vers le dancefloor. « Piece Of Wax», issu du premier album « Superlicious », clôt leur prestation, un titre hanté par Big Brother & The Holding Company et James Brown…
Le Centre Culturel sonégien commence progressivement à se remplir. Ce n'est pas souvent la fête à Soignies et il faut en profiter. Jane Doe and The Black Bourgeoises est chargé de mettre le souk. Ou plus exactement de chauffer l’ambiance pour la tête d’affiche, en l’occurrence Sharko.
Issu de La Louvière, Jane Doe and The Black Bourgeoises est une formation qui déborde d’énergie rock'n'roll. Les cordes de guitare sont bien huilées et vintage (Angel Ognito), les claviers bien dosés (Djamys 'Norton'), les lignes de basse fédératrices (Dan Diaz) et les fûts dévastateurs (Nico Scarmardi). Sans oublier le rôle de la chanteuse Jane Doe, aka Julie Meganck, dont la voix campe un hybride entre Joan Jett et Courtney Love. Parfois épaulée par deux voire trois choristes dont les harmonies vocales sont judicieusement dispensées.
Fondé en 2012, leur parcours est antinomique : naissance, composition, studio, album et enfin concerts. Après avoir gravé un premier elpee baptisé « Angel Crash », bien reçu par la critique, le second vient de paraître et s’intitule « Popaganda ».
Leur arrivée sur le podium est triomphale. Et dès les premiers accords on est propulsé outre-Atlantique par « The Hunt », la plage d’ouverture de leur nouvel elpee. Planté à gauche de l’estrade Dan se charge de la basse. Son look doit autant à Don Quichotte qu’à Buffalo Bill (dixit Jean Dujardin). Suffit de demander à Mr. Dan Diaz De La Vega. Baignant dans un climat suranné, « It's All About Risky (When The Wolf Is Coming Down) » est découpé par des riffs de gratte incisifs. Angel se montre à son avantage sur sa six cordes. C’est le nouveau guitariste. Et il fait déjà l'unanimité. A contrario de Dan, la force tranquille, il ne tient pas en place. Il grimpe, bondit et menace du regard. Une bête de scène qui vient davantage booster la vitalité pourtant débordante du combo. Julie n'a rien perdu de sa verve ; mais surtout elle focalise l’attention des mâles, par son attitude sensuelle. Quoique kitsch, son pied de micro lumineux fait toujours sensation.
Les perles s’enfilent : « Boyz Rock It », « Bad Gurtz », « Runaway », « She's A Bitch», « Mercedes » et « Popaganda ». La reprise du « Paint It Black » des Stones est à la fois glamoureuse et rock’n’rollesque. Et le band de clore sa prestation par une autre cover, mais chargée de testostérone, le « Kids In America » de Kim Wilde. Mr. Angel Hendrix et Jane Doe, en toute grande forme, vont alors descendre dans la fosse, pour le plus grand plaisir du plaisir, ravi de ce contact privilégié. 2015 devrait être une année faste pour Jane Doe and The Black Bourgeoises. C’est tout la mal qu’on leur souhaite.
Je fais l'impasse sur Sharko, que je viens de revoir en concert il y a peu ; et puis ma soirée est déjà réussie. J’en profite d’ailleurs pour féliciter et encourager les organisateurs de l'évènement dont la motivation n’a d’égale que leur passion pour la bonne musique.
(Sharko + Jane Doe And The Black Bourgeoises + Cheeky Jack + Fastlane Candies)