La tournée ‘Never Say Die’ a pris un air de mini-festival Hardcore. Et pour cause, pas moins de sept groupes ont foulé, ce jeudi soir, les planches du Trix à Anvers. En tête d’affiche, Terror, un des flambeaux du style, tout droit venu de Los Angeles. Une formule intéressante permettant d’en avoir largement pour ses oreilles. Immersion.
Capsize avait la lourde tâche d’ouvrir les hostilités. Pas facile de jouer devant une salle aux trois-quarts vide. L’horaire particulier constitue certainement la principale cause. Arriver à destination dès 18 heures au Trix, est quasi impossible, vu les embarras de circulation qui gangrènent Anvers. Ce qui explique pourquoi je n’ai uniquement entendu que deux morceaux de la formation californienne. Ce laps de temps, certes court, est néanmoins suffisant pour se rendre compte que Capsize pratique un Hardcore ‘classique’, peut-être même un peu trop ; et qu’en outre, il faudra encore un peu de patience afin que le band n’acquière son identité propre.
No Bragging Rights s’approprie ensuite la scène. Pas de grande innovation non plus mais le public, de plus en plus nombreux, semble apprécier le show. Quelques envolées à la guitare viennent garantir le tampon ‘Hardcore Mélodique’ du groupe. Le set n’est pas trop long et permet donc d’apprécier le band sans susciter de lassitude. En effet, même si l’affiche réunit un nombre important de noms, la durée de l’ensemble du show reste néanmoins similaire à tout autre concert. Ce qui implique des prestations très courtes : 20 minutes pour le premier groupe, 25 pour les trois suivants, 35 pour les cinquième et sixième et finalement 40 minutes pour la tête d’affiche. Des timings qui ont parfois tendance à laisser un public sur sa faim.
More Than a Thousand monte à son tour sur l’estrade. Le combo portugais propose un Metalcore teinté ça et là de chants clairs, mais qui malheureusement sonnent souvent faux. Une appréciation mitigée ; autant certains morceaux sont monotones, autant d’autres sont véritablement recherchés et ne peuvent qu’entraîner le public, de plus en plus nombreux, à headbanguer et à les applaudir chaleureusement.
Le temps d’installer deux toiles tendues sur la scène, inspirées de l’artwork de leur dernier album, et c’est au tour d’Obey the Brave de fouler les planches anversoises pour y dispenser son Metalcore. Fait intéressant : le chanteur, Alex Erian, prend la peine d’introduire chaque morceau, et les plonge dans le contexte au sein duquel ils ont été écrits (situation familiale, économique, etc.) ; ce qui permet inévitablement de mieux accrocher aux compos et de mieux les ‘vivre’.
Les spectateurs sont maintenant présents en nombre et la température monte au fil des prestations. C’est donc une salle à point qui accueille Stick to your Guns. Une chose est certaine : vu le nombre de t-shirts et hoodies à l’effigie de la formation, le groupe californien est pour le moins attendu. Depuis la création du ‘Never Say Die Tour’ en 2008, reprenant chaque année plusieurs pointures de Hardcore et de Metal, c’est la seconde fois qu’il répond présent. Il a également participé au Festival de Dour, cette année. Autant dire que le public attiré par ce type de rendez-vous a pris l’habitude de venir à leur rencontre. Il suffit d’entendre les premières notes d’« Amber » pour que la foule lève les bras comme un seul homme et commence à s’enflammer. Les hochements de tête timides du début de soirée font maintenant place aux mosh pits musclés face à la scène. Une prestation très réussie, qui se clôturera par un « Against Them All » tant attendu, permettant aux coreux présents d’expulser le reste d’air présent dans leurs poumons afin d’entonner le refrain en compagnie du quintet.
Nouvelle montée en puissance dès l’arrivée de Comeback Kid. Il avait également mis le feu au Festival de Dour, mais en 2013. En outre, il avait accordé une très belle prestation, il y a quelques mois, dans le cadre du Graspop Metal Meeting. Le band canadien figurait également parmi les groupes les plus attendus en cette journée. Pas de fioriture : ne disposant que de 35 minutes, les petits plats sont directement mis dans les grands. Il commence par le pêchu « G.M. Vincent and I ». Telle une traînée de poudre, le feu prend directement et le public présent aux premiers rangs, se rue en direction du podium pour s’époumoner en compagnie d’Andrew Neufeld, le chanteur de la formation. Détail qui a toute son importance : la salle est dépourvue de grilles de sécurité et de stewards. L’accès est donc totalement libre à qui veut monter sur l’estrade ; ce que bon nombre d’aficionados vont accomplir tout au long de la soirée. Alors que les amateurs de ‘stage diving’ se font habituellement porter de l’arrière de la salle vers l’avant, c’est ici l’inverse. En un seul mouvement rapide, hommes comme femmes, se hissent sur la scène, slaloment entres les musiciens et se lancent dans la foule en euphorie, espérant pouvoir retomber sur quelqu’un. Certain(e)s n’y parviennent d’ailleurs pas et se prennent un ‘billet de par terre’ plus vite que prévu. Mais qu’importe, la musique sert d’analgésique et permet très vite oublier les éventuelles douleurs. Sans oublier qu’il s’agit ici d’un public Hardcore : c’est violent, certes, mais tout un chacun reste attentif à relever la personne qui serait au sol ou à aider celle qui ce serait pris un mauvais coup. Une ambivalence où exutoire physique et compassion se côtoient naturellement. Les Canadiens donnent ce qu’ils peuvent et égrènent en dix titres un mélange entre leurs classiques et des compositions de leur dernier elpee, « Die Knowing ». C’est par un magistral « Wake the Dead » (comptabilisant presque un million d’écoutes sur Spotify !) que Comeback Kid achève un set, une fois de plus, sans concession.
Pas besoin de dessin : plus de quatre heures après le début de cette édition 2014 du ‘Never Say Die’, les âmes présentes ce soir dans le Nord de la Belgique sont plus que prêtes à accueillir Terror. Devenu un véritable mythe au sein de la sphère Hardcore, le quintet de Los Angeles n’a pas l’habitude de servir de la soupe tiède. Scott Vogel, vocaliste, entre le premier sur scène, rapidement suivi par le reste du groupe. Le guitariste Martin Stewart entame les premières notes de « Your Ennemies are Mine » et le ‘la’ est directement donné. Le rond typique du moshpit se forme face au podium, bras et jambes s’envolent et la fièvre monte dans l’auditoire. Le combo enchaîne directement par « Stick Tight », autre grand morceau de l’album désormais devenu culte, « Keepers of the Faith ». Pas besoin de ‘surjouer’, tout est présent pour accorder un set 100% punk-hardcore pur jus. Les musiciens semblent contents d’être là, et plus particulièrement Scott Vogel qui incite les spectateurs à se rapprocher d’eux : ‘faites-moi plaisir, faites tous deux pas de plus vers nous. Allez, tout le monde, deux pas en plus !’. Il n’hésite pas non plus à aider les personnes qui voudraient monter sur l’estrade afin qu’ils puissent se relancer deux secondes plus tard dans la foule. Deux jeunes demoiselles, peut-être prises par le feu de l’action, s’embrassent face au public avant de tenter de débaucher les musiciens. Mais le vocaliste décline fermement l’invitation : ‘Désolé mais je suis marié et j’ai un jeune enfant’, adresse-t-il à la foule’. Eh oui, c’est aussi ça l’esprit Hardcore. Les morceaux s’enchaînent et le groupe prévient : ‘il ne reste plus que deux morceaux, profitez-en !’ « Keepers of the Faith » clôture en toute logique ce set puissant, qui flaire bon le hardcore old-school, tant par sa musique que son esprit. Cerise sur le gâteau, Jesse Barnett, vocaliste de Stick to Your Guns, est venu rejoindre Scott pour partager un duo tout au long de « Stick to Your Guns. Une soirée très riche pour tout amateur du genre, le tout dans une ambiance de fête où le but était simplement de se faire plaisir, entre amateurs de musique. Il ne reste plus qu’à attendre la prochaine édition.
(Organisation: Heartbreaktunes + Trix Anvers)