Le PacRock festival fête ses 10 ans d'existence et c'est donc, si je compte bien, la sixième édition puisqu'il est programmé tous les 2 ans. Les organisateurs ont toujours eu le nez creux pour dénicher la perle rare ou en devenir. Le prix d'entrée est plus que démocratique. Et l’affiche, rock mais éclectique. Depuis la noise au math, en passant par l'électro et l'indie rock. Pour cette édition, elle réunit 19 groupes ou artistes.
Didier débarque sous les rayons de soleil, vers 16h50, lors de la fin du set de La Jungle. La Jungle est un duo montois batterie/guitare particulièrement efficace. Eponyme, son premier elpee a été gravé sur vinyle à 500 exemplaires. Consistant et puissant, son math rock est légèrement teinté de hardcore. Le drumming est à la fois tribal et énergique. Les riffs sont incisifs, intuitifs et instinctifs, comme chez White Stripes ou Black Box. La voix est envoûtante et chamanique.
Peter Kernel se produit sur la grande scène. Helvète, ce duo réunit Aris Bassetti et Barbara Lenhoff. Ils se partagent le chant. Le premier se charge de la guitare, la seconde de la basse. En ‘live’, ils sont soutenus par un batteur. La formation pratique un cocktail de pop/rock indé brut de décoffrage, mais ouvert à l’expérimentation. Le drumming est métronomique. La voix de Barbara me fait penser à celle de Kate Pierson des B52’s. Et sur les planches, leur capital sympathie est boosté à du 200%. Un excellent concert pour un combo à revoir !
Les jeunes Bruxellois de Robbing Millions sont probablement parmi les artistes pop/rock les plus prometteurs de la scène belge. Ce n’est pas un hasard si des formations plus huppées comme Odezenne, Balthazar ou Metronomy les ont choisis pour assurer leur supporting act. La première fois que votre serviteur a assisté à un de leurs sets, c’était à Mons. Leur expression sonore m’avait semblé so british. Mais leur look totalement démodé me rappelait plutôt les nineties, et tout particulièrement la série ‘Hélène et les Garçons’. Pourtant, leur set est à la fois de bonne facture et énergique dans le bon sens du terme. Il est sublimé par l’excellent morceau « Dinosaur ». Un conseil quand même à adresser aux musicos : une nouvelle garde-robe et un coiffeur un peu plus dans l’air du temps ne leur feraient pas de tort… (A.M.)
La première grosse claque nous viendra de Grieved, un ensemble suédois. De Stockholm, très exactement. Très jeunes mais aussi très pros, les musicos vont mettre le souk sur l’estrade du Marquee. Les riffs des deux sixcordistes sont précis, mais ravageurs. Le tempo est infernal. En 25 minutes, le combo va mettre tout le monde d’accord, mais aussi nous laisser sur notre faim.
Les cyclistes de Moutain Bike en ont sous la pédale et sur le porte-bagages. Quatre gais lurons qui prennent leur pied sur le podium. Ils ont une bonne bouille –et tout particulièrement le gros nounours qui siège derrière ses fûts– et semblent avoir définitivement adopté un look pas cher : calbutte et tee-shirt de basketteur. Ils participent à la plupart des festivals et font actuellement le buzz. Minutieux mais percutant, leur garage/rock se teinte parfois de tonalités hawaïennes. Ou vire aussi quelquefois à la pop. La set list épingle une majorité de titres issus de leur premier elpee, paru il y a un peu plus d’un an. Et 4 nouvelles compos. Toutes excellentes. D’ailleurs si leur futur opus est de la même veine, Mountain Bike pourrait bien prendre la tête du peloton, en Wallifornie…
Cap sur la grande scène pour assister à la prestation de Wolf People. Un quatuor gallois signé chez Jagjaguwar (Bon Iver, Viet Cong). La voix est puissante et vitamine leur rock psychédélique empreint de délicatesse, mais très susceptible de montées graduelles en crescendo. Un peu comme bon nombre de groupes de la fin des sixties ou du début des seventies. La seconde claque de la soirée.
Maybeshewill se produit également sur la Main Stage. Ils sont nombreux sur les planches. Et ils se servent majoritairement de claviers. Ce qui apporte une touche électro à leur math rock expérimental. Les musicos déménagent littéralement sur le podium. Mais dehors, il tombe des hallebardes. Je résiste 10 bonnes minutes ; puis complètement trempé, je pars me mettre à sec. Dommage, car le set des Insulaires tenait parfaitement la route…
J’arrive un peu avant l’heure pour le show de Raketkanon sous le Marquee. Il y a deux ans, le groupe gantois avait fait un tabac ici même, en dispensant une expression sonore qui oscille entre électro, black métal, sludge, noisy, psyché et hardcore. La voix du chanteur est technologiquement modifiée. ‘Downtuned’, la guitare libère des riffs huileux, graisseux, lourds et chargés de décibels. Ce gratteur plaisante en signalant qu'il vient des USA et débarque en Belgique pour la première fois. Le drummer et le préposé aux machines se font face. Sur l’estrade, la configuration du groupe est dessinée en cercle comme chez Caribou ou BRNS. Ce qui renforce l’impression de cohésion du band. Le chanteur est un phénomène à lui seul. Il a l’habitude de descendre dans la fosse. Et ne va pas s’en priver pour le bonheur des métalleux. D’inévitables pogos se déclenchent. Les morceaux s’enchaînent sans le moindre temps mort. Le spectacle terminé, je quitte malheureusement ce beau festival. La fatigue commence à gagner votre serviteur. Il part néanmoins heureux de sa journée. De quoi lui rendre la banane pour les prochains jours. A dans deux ans ! Et c’est Adrien qui achèvera la soirée…
These New Puritans est considéré, depuis le début de ce millénaire, comme le détonateur du nouvel élan de la scène pop/rock insulaire. Il est même souvent cité, par les jeunes artistes ou formations britanniques, comme une source d’inspiration. Perso, j’estime même que leur deuxième elpee, « Hidden », est un des meilleurs de ce nouveau siècle. C’est donc une grosse surprise de retrouver le band à Pont-à-Celles ; et en même temps un moment d’excitation à l’idée de le revoir en ‘live’. La déception n’en sera que plus grande… Rien n’est épargné aux Puritains, ce samedi soir. Le temps est exécrable et la pluie chasse une bonne partie des festivaliers. En outre, leur musique n’est vraiment pas adaptée à ce type de festival. Paisible, mais sombre, elle est truffée de sonorités insolites. Par exemple, sur « Attack Music », on y entend de bruits d’épées qui se mesurent au combat. Mais comme le peuple se les gèle, il n’en a rien à cirer de ces détails. D’autant plus que, hormis l’épique « We Want War », le show est mollasson. Insuffisant pour renverser la vapeur. En outre, la set list n’a intégré aucune plage du premier opus, c’est-à-dire les plus adaptées au ‘live’. Parce que plus rock. Pourquoi avoir négligé le hit « Elvis » ? Incompréhensible ! Et pourtant, parmi la vingtaine de personnes présentes, j’ai entendu plusieurs fois cette chanson être réclamée. Enorme désillusion donc pour ce concert au cours duquel on a quand même eu l’impression que les musicos n’étaient pas motivés. Dommage !
J’avais déjà eu l’opportunité d’assister au set d’AKDK, il y a un mois, à Louvain-La-Neuve. Mais je ne parviens pas à digérer mon désappointement causé par la prestation désastreuse de These New Puritans. Pourtant, le light show est judicieusement tamisé et colle parfaitement au climat mystique entretenu par le combo anglais ; mais rien à faire, je ne parviens plus à accrocher… (A.M.)
(Organisation : PacRock Festival)
These New Puritans (UK) // Maybeshewill (UK) // Wolf People (UK) // Robbing Millions // Raketkanon // Grieved (SE) // Alamo Race Track (NL) // Mountain bike // Bed Rugs // AKDK (UK) // Peter Kernel (CH) // Thibet // Quadrupède (FR) // Mont-Doré // Alaska Alaska // Angakok // La Jungle // Ice Spliff // Bronco aka Papyharder.