C'est la quatrième journée du Festival des Nuits Botanique. Le temps est toujours aussi propice à écouter de la musique. Votre serviteur couvre les concerts sous le chapiteau. Pas une sinécure, car le son est souvent médiocre. A cause des infra-basses. Heureusement, ce soir, hormis Tout Va Bien, les sets sont décrétés ‘unplugged’. De quoi être rassuré !
The Leisure Society ouvre le bal à 19h30. Une formation fondée à Londres en 2006, par le banjoïste/mandoliniste Nick Hemming et le multi-instrumentiste Christian Hardy. Ils sont alors rejoints par d’autres musiciens pour étoffer le line up. Qui militent également chez The Miserable Rich et Sons Of Noel and Adrian. Nick est également impliqué au sein de ce dernier combo. Inspiré par le rock, le folk et la pop, The Leisure Society a déjà publié quatre albums, dont le dernier, « The Fine Art Of Hanging On », est paru chez le très respecté label indépendant insulaire, Full Time Hobby (Timber Timbre, Micah P. Hinson, Tunng, Jacco Gardner).
C'est la quatrième fois que le band se produit au Botanique. Folk, « We Were Wasted » ouvre le bal, une compo réminiscente de Simon & Garfunkel. Il s’agit d’un extrait du premier elpee, « The Sleeper », paru en 2009. La conjugaison entre les deux voix est vraiment magique. Surtout lors des refrains. Nick se consacre à la guitare semi-acoustique. Christian aux claviers. Pas la moindre agressivité dans l’instrumentation. Nick plaisante en signalant qu'il adore la bière. Il a collé un carton de ‘Bass’ sur sa gratte. Un groupe à revoir, mais sous un format plus électrique...
Joe Bel est née en 1987, à Lyon. Il y a quelques années, elle décide d’abandonner ses études d'Histoire de l'Art pour se consacrer à l'écriture et la composition de chansons. Elle monte pour la première fois sur scène, début 2012, armée de sa seule guitare. Son premier Ep, « In The City » paraît automne 2012. Elle s’était déjà produite en 2013, à l’AB, en première partie d’Asaf Avidan. En 2014, Joe signe chez Wagram, écurie pour laquelle elle a gravé un deuxième Ep, « Hit The Roads ». Le guitariste Julien Lacharme (Aplpha Blondy), le bassiste Benoît Lecomte (JMPZ) et le batteur et percussionniste Robin Vassy accompagnent désormais la jeune autodidacte.
Joe Bel possède une voix soul douce, chaude, profonde et sensuelle, assez proche de celle de Selah Sue. Sa musique puise ses influences dans le r&b, le hip hop, le folk et la pop. Joe joue d’une gratte électro-acoustique et est accompagnée d'un musico à la guitare électrique. Elle entame son set par le titre maître de son Ep. Elle a certainement un message à faire passer à travers « No No », une compo qui raconte l'histoire d'une personne qui ne tient jamais parole. « Before » est une douce ballade folk. En une demi-heure, Joe Bel a démontré qu’elle avait du potentiel. A revoir, mais lors d’une prestation plus complète… (voir photos ici)
Tout Va Bien est un nouveau phénomène issu du Nord de la Belgique. C’est le pseudo choisi par Jan Wouter Van Gestel. Agé de 21 ans, ce Malinois a toutes ses dents… et elles sont longues… C’est un des trois lauréats de l’édition 2013 du concours ‘De Nieuwe Lichting’, organisé par Studio Brussel. Il a assuré dernièrement le supporting act d'Ozark Henry, à l'Ancienne Belgique, et a signé chez Parlophone Music Belgium (Novastar, Das Pop). Ce qui lui a permis de publier un premier LP fin avril, « Kepler Star ». On peut donc affirmer que pour lui… Tout Va Bien !
Dès qu’il se met à chanter, on pense immédiatement à Antony Hegarty, le leader d’Antony and The Johnsons. Une voix fragile, chargée de spleen, qui vous déchire l’âme et qui colle parfaitement à sa musique atmosphérique directement influencée par Patrick Watson et Radiohead. Et les singles, « This Fight » ainsi que « Old Love », en sont les plus belles illustrations. Sur les planches, il est épaulé par un backing group (drummer, guitariste, bassiste et préposé aux synthés). « Messiah » amorce un virage électro. Jan cherche à dynamiter son show. Sa voix s’adapte alors aux beats électro. Malheureusement, le concert part en sucette. Les infra-basses reviennent au galop et le son devient à nouveau insupportable. Tout Va Bien est un talent en devenir. Il est d’ailleurs déjà à l’affiche du prochain festival de Werchter (voir photos là).
Au cours de son enfance, alors que ses amis se focalisaient sur la pop contemporaine ou le rock indie, Jonathan Jeremiah préférait sonder le passé en écoutant les vinyles de son père, et tout particulièrement ceux d’artistes intemporels comme John Martyn, Cat Stevens, Scott Walker ou encore Serge Gainsbourg. Une passion qui va avoir une importance primordiale sur sa carrière d’artiste…
Il a publié son premier opus, « A Solitary Man », en 2011. L’année suivante, il grave « Gold Dust ». Et il vient de sortir son troisième long playing, « Oh Desire ».
Jonathan pourrait jouer le rôle de Jésus Christ dans un film consacré à la Passion. Troublant ! Il déboule sur les planches, armé d’une sèche. Il a quand même le sourire aux lèvres. Il est accompagné de ses quatre musiciens : David Page à la guitare électrique, Joe Glossop au piano Hammond et aux synthétiseurs, Tom Mason à la contrebasse ainsi que Sebastian Hankins à la batterie. Les claviers sont imposants et masquent la vue de votre serviteur, qui ne distingue pas bien la section de cordes. Une section de cordes limitée à une violoniste et un violoncelliste, en l’occurrence Amber (Gabriel Rios). David s’est installé à droite, et juste derrière lui le drums siège derrière ses fûts.
Le set s’ouvre par « Gold Dust », le titre maître du second LP. Jonathan possède une voix de crooner aux accents soul délicats. Un baryton ténébreux et magnifique. Dans la musique, on ressent son amour pour le folk et la soul classiques. Les sonorités de gratte sont légèrement surf lors de cette compo qui monte graduellement en puissance. Après un plus folk « Rosario », « Heart Of Stone » adopte un profil beaucoup plus rock. Pourquoi installer un nouveau micro ? Et à droite de Jonathan ? Qui annonce une surprise. Votre serviteur pense de suite à Gabriel Rios. Et ô joie, il débarque, la gratte acoustique en bandoulière. Et ensemble, ils vont nous proposer un sublime « Arms », plage tirée du nouvel elpee. La conjugaison des guitares et des voix tient de l’enchantement. Gabriel la pousse dans les aigus. Alors que sans faire le moindre effort, Jonathan la balade dans les graves. Retour au line up de base pour « Lost », un morceau dont les orchestrations et les rythmiques funkysantes sont réminiscentes du son Motown. Après « How Halfheartedly », place au très beau « Oh Desire », titre maître du nouvel opus. Caractérisé par son refrain accrocheur, « Fighting Since The Day We Are Born » constitue un autre moment fort du concert. Jonathan Jeremiah nous réserve un petit solo de guitare semi-acoustique sur « The Birds ». Et le son ? Impeccable ! Pas d’infra-basses. Et le light show était au diapason de spectacle. Qui est passé trop vite. Souvent signe d’excellence… (voir photos ici)
(Organisation: Botanique)
Jonathan Jeremiah + Tout Va Bien + Joe Bell + The Leisure Society