C’est déjà la deuxième journée complète à Dour. Le temps passe assez vite et il faut avouer qu’après avoir passé une très bonne journée ce jeudi, on s’attend bien évidemment à une meilleure encore, le lendemain. Mais plus chaude également. D’ailleurs la température va frôler les 35 degrés. Pas de panique cependant, car il y a de quoi se rafraîchir sur le site. Et puis les festivaliers vont avoir l’honneur de rencontrer Damon Albarn aujourd’hui. En route !
C’est devenu une habitude, ma journée débute par le show d’un groupe belge. Et à nouveau sous le chapiteau de ‘La petite maison dans la prairie’. Fùgù Mango n’est pas venu sur la plaine de la Machine à Feu seul. C’est accompagné des Binti, un collectif réunissant six sœurs, chargées des backing vocals, que le quatuor monte sur l’estrade. Ce qui fait évidemment beaucoup de monde sur ce podium étroit ; mais la configuration a été bien pensée. La chorale se mêle aux percussions exotiques, ce qui se solde par un cocktail bien original. Les premiers déhanchements de la journée pour les festivaliers !
Une certitude, le mercure a encore grimpé de quelques degrés, par rapport à la veille. Dès lors, sous les chapiteaux, c’est intenable. Bref, je reste planté au même endroit pour le concert de Klub des Loosers. Resté seul depuis le départ de Dj Detect en 2013, Fuzati demeure malgré tout une figure incontournable du rap français. Chargés de mal être et d’ironie, ses textes ne laissent personne indifférent. Il est épaulé par un backing group en ‘live’. De quoi me ravir ! Suivant un rituel immuable, le rappeur porte un masque blanc qui ne recouvre que la première partie de son visage et sur lequel il pose ses lunettes. Un look particulier mais qui fait totalement partie du personnage. Tout comme sa démarche d’ailleurs qui n’est pas naturelle pour un sou. Bref, il intrigue. Musicalement, le concours d’un groupe permet une fusion savante entre style rock et chant rap. C’est diablement efficace et pour un amateur de rock comme votre serviteur, l’approche de la musique dite ‘urbaine’ est plus aisée. Je prends donc une bonne baffe complètement inattendue. Fuzati m’a en tout cas particulièrement impressionné. Un personnage charismatique et mystérieux. A revoir, c’est une certitude !
Votre serviteur se retrouve en suite face à un dilemme comme Dour et ses huit scènes peuvent en poser. Entre Deerhoof et Zola Jesus, mon cœur balance. Finalement, j’opte pour le band californien… avant de faire demi-tour assez rapidement. L’univers sonore de Deerhoof est trop paisible par rapport à mon humeur du moment. Zola Jesus, c’est autre chose… De son véritable nom Nika Roza Danilova, cette artiste propose une musique gothique, baroque, mais teintée d’électro. Une expression sonore qui colle parfaitement à sa voix, capable de monter très haut dans les aigus. Et le résultat est épatant. Ce bon moment m’a aussi permis de profiter tranquillement d’une petite pause, assis dans le coin de la ‘Jupiler Dance Hall’. Les jambes fatiguent et il faut encore tenir plus de deux jours !
On en arrive enfin à un des moments les plus attendus du festival. Tony Allen nous fait sa review sur la Main Stage en invitant des amis notoires : Damon Albarn et Oxmo Pucino. Pour ma part, l’envie de voir l’homme fort de Blur et de Gorillaz est grande. Il ne s’attarde que pour deux titres, qu’il assure au piano et au chant. Mais quelle classe ! Jet privé pour arriver du Portugal où il tourne en compagnie de Blur, pour fêter à Dour les 75 ans de son ami batteur : chapeau ! En outre, il nous a concédé quelques mots en français. Perso, j’en avais des étoiles plein les yeux. Et heureusement que le Damon s’est déplacé, car le reste du set s’est révélé ennuyeux, ne s’autorisant aucune envolée. Une déception, finalement.
Direction ‘Le labo’ pour assister à la fin du show de Roscoe. Si cette petite scène est vraiment sympathique, elle ne bénéficie d’aucune aération. Et c’est un problème. J’y suis resté très peu de temps. Une véritable fournaise ! Et le genre bien dark du band liégeois n’est pas parvenu à réduire la température. C’est sans doute la raison pour laquelle ce set m’a bien moins plu que celui accordé aux Ardentes, la semaine dernière. Question physiologique : le confort et la chaleur peuvent-ils influer sur la perception de la musique ? La réponse est sans doute affirmative…
The Wombats est une forme de symbole pour votre serviteur. En fait, il a découvert cette formation en 2007, c’est-à-dire lorsque son goût pour le pop/rock a commencé à se développer. Bien sûr, leurs deuxième et troisième long playings font un peu pâle figure. Mais « A Guide to Love, Loss and Desperation » est une petite pépite de rock anglais. Gros coup de nostalgie donc. Sous un soleil couchant, le groupe entame son set par un titre du dernier opus, avant d’enchaîner par le puissant « Jump Into The Fog », un des rares morceaux à épingler sur le deuxième elpee. La foule jumpe. La faire réagir au quart de tour est un véritable art cultivé par le band. Tous les titres ou presque s’achèvent par un refrain contagieux que finit par reprendre en chœur l’auditoire. Pour communier avec les fans, rien de tel ! Après un peu plus d’une heure –en n’oubliant pas d’inclure quelques plus anciennes compos– le trio de Liverpool accorde son titre phare : « Let's Dance To Joy Division », avant de se retirer. Quelle ironie ! Ravi d’avoir pu voir une formation qui a marqué mon adolescence, il est difficile d’être totalement objectif. Mais en observant les visages des spectateurs, j’imagine que le concert était quand même d’excellente facture…
Place ensuite à Glass Animals. Issu d’Oxford, ce jeune quatuor pratique une forme de psyché/pop. Un peu dans l’esprit d’Unknown Mortal Orchestra, programmé la veille. Sauf que c’est moins bien. Les mélodies ne sont pas aussi travaillées et la coloration R&B injectée dans l’expression sonore, n’est guère convaincante. Son LP s’est cependant très bien vendu en Wallonie. Ce qui explique sans doute ce capital sympathie dont il jouit lors du show.
Une grosse pointure va clôturer la programmation sur la Main Stage, ce soir : C2C. Le groupe de breakbeat est supposé mettre l’ambiance –et elle particulière– au sein d’un auditoire conquis d’avance. Les Nantais vont donc livrer une prestation bien maîtrisée en toute décontraction. A leur image finalement. Un concert fort sympathique qui clôt ma journée.
Car malheureusement, impossible d’approcher la ‘Red Bull Elektropedia’ pour assister au set de Nina Kravitz. Il doit y avoir 10 000 âmes autour d’une scène majestueuse, composée de plusieurs tours, garnies d’écrans et de haut-parleurs. Côté son, ça envoie. Mais vu les conditions, je préfère renoncer… Tant pis et rendez-vous demain !
(Organisation Dour festival)
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