Il s’agit déjà de la quatrième édition du ‘No Sleep festival’, un événement qui se déroule à Ath, dans un ancien hangar à grains complètement rénové, situé le long de la Dendre et derrière la gare. L’affiche propose des groupes et artistes en devenir, belges ou français. Honnêtement, en découvrant la salle, il y avait de quoi être inquiet. La raison ? La hauteur du bâtiment. Une frayeur vite balayée, au vu de la présence de Jérémy Samain, l’ingé son du Salon de Silly, derrière les manettes.
The Rackers ouvre les hostilités à 17h00. A son actif, un Ep, « Black » (NDR : dont le titre, « 1, 2, 3 », fait l’objet d’une vidéo ; et c’est à découvrir ici). Ce power trio (NDR : qui a déjà a remporté quelques ‘tremplins’) réunit le chanteur/guitariste Jim, le bassiste Alan et le drummer Yoan. Quoique en retrait, c’est ce dernier qui mène la danse. Sa frappe est métronomique et accentue progressivement l’intensité des morceaux. Ce qui permet à la température ambiante de grimper. Si bien que le batteur se retrouve rapidement en ‘marcel’… L’intro est gorgée de sonorités de gratte saturées, distordues ou triturées par les pédales. Ce sera d’ailleurs le cas, tout au long du set. Qui s’ouvre par « Snap ». La basse ronfle. Le climat est malsain et ténébreux. Et nous plonge dans les 90’s. Plus métallique, « You Could Be My Girl » est chargé de testostérone. Le drummer est vraiment époustouflant. Parfois, le spectre des Doors plane. Mais sans les claviers. Un set particulièrement rock exécuté dans l’esprit de bUNNY bLACK bONES. A suivre de très près…
Quatuor bruxellois, Boda Boda implique les chanteurs/guitaristes Benjamin Caroyez (NDR : ce barbu est né dans la cité des Géants) et Thomas Stadnicki, le drummer Lukas Melville ainsi que le préposé aux synthés Romain Rouklis. Le combo avait décroché le prix du ‘Best Live Act’, dans le cadre des Gentse Feesten, et avait atteint la 3ème place du Concours Circuit, en 2016. Il peut aussi compter sur un fan illustre ; en l’occurrence Dave Grohl (Foo Fighters) qui a déclaré à leur sujet : ‘The best rock band with at least two BODAs in its name’. Et c’est également l’an dernier que le band a publié son premier essai, un Ep 5 titres, baptisé « The Greatest Hits ». Fallait sans douter, la formation pratique un stoner/metal/grunge. Et il est inspiré par Queens Of Stone Age, Mastodon et Nirvana, auxquels les musicos ont certainement été biberonnés. Mais le contenu a été parfumé d’effluves empruntés à Raketkanon et surtout à Tame Impala. Les harmonies vocales sont accrocheuses. Branché sur un ampli à gratte, le synthé sonne comme une basse. Burné, « Bauver » entame les hostilités. Plus expérimental, « Mr. Bad Luck » baigne dans le noise rock. Les guitares s’y révèlent incisives. Et particulièrement efficace, « The Pillow, The Stairs And The Wet White Hair » décoiffe littéralement (NDR : c’est le cas de le dire !) Les percus sont particulièrement nerveuses, notamment sur le morceau de clôture, « Hafid ». Et les synthés y libèrent alors toute leur puissance.
A l’instar de Hyphen Hyphen, Alpes est un combo niçois. Mais ici s’arrête la comparaison, car le premier cité est surtout spécialisé dans le play-back… Fondé en 2013, le quartet réunit le chanteur/guitariste Quentin Munoz (NDR : un blondinet !), le gratteur Paul Chapuis, le bassiste Charles Eynaud De Fay et le drummer Antoine Jenkins. D’après les commentaires laissés sur la toile, les disques du combo sont excessivement soignés (NDR : intitulé « Between moon and sun », son premier elpee est paru en juin 2016) ; mais en ‘live’, il est bien plus percutant. C’est d’ailleurs cet LP qu’il est venu défendre. Si la structure des compos repose sur les deux grattes, l’ensemble est manifestement sucré par la french touch ainsi que le néo-psychédélisme cher à MGMT et Tame Impala. Sculptés tour à tour dans le surf ou le funk (NDR : celui des Scissor Sisters ?), les riffs sont puissants et tranchants. Titre d’entrée, « Feel It » nous entraîne dans un univers psyché pop paisible. Un peu trop, peut-être. La voix est légèrement vocodée. Les chœurs sont séduisants. Les claviers enrichissent judicieusement les bien plus sautillants « Another Secret » et « Betogether ». Le groupe ose deux nouvelles compos : « You Listen While I'm Taking » et « You Down ». Place ensuite au nouveau single, le plus cérébral « Lune et l'autre ». « Fleeting Sadness » et « Moon Boots » sont deux morceaux qui montent progressivement en puissance. Titre judicieux, « Learning To Fly » est davantage atmosphérique. Avant d’atteindre le Mont Blanc, grâce aux bien musclés « The Shy Bow Without » et « Target Tell Me Why »…
Sur les planches, Raphaël Esterhazy, alias Konoba, est flanqué de la moitié du groupe Solkins ; en l’occurrence Maxime ‘big moustache’ Simon, à la guitare et aux claviers, ainsi que Maxime Honhon, à la basse et aux synthés. Un line up complété par un drummer (NDR : encore un barbu !) Konoba vient de graver son premier opus, « Smoke And Mirrors ». Après s’être produit, à de nombreuses reprises, comme supporting act, il est enfin tête d’affiche ! Sur les planches, la complicité entre les différents musicos est étonnante. Il y a également une belle interactivité entre les artistes et l’auditoire, dont les filles (aussi bien les boutonneuses que les plus mûres), aux premiers rangs, boivent les paroles du chamane, comme du petit lait. La scène est décorée de grandes lampes vintage. Un flux lumineux intense arrose la scène. Et « Smoke And Mirrors » ouvre le show. Les deux claviéristes mènent la danse. Raphaël tapote sur sa machine. Il se déhanche et se balance. Atmosphérique, sa voix navigue quelque part entre celle de Joe Newman (Alt-J), Beck et Gotye. « I’M A Wolf » nous raconte l'histoire d'un homme et d'une femme, faits l'un pour l'autre, qui se croisent parfois, mais ne se rencontrent jamais. Big moustache empoigne sa gratte. Raphaël siège derrière les ivoires. Pop/rock spasmodique, « I’Ve Been Dreaming » est un nouveau titre. Place ensuite au moment ‘câlin’ du spectacle. Ainsi, pendant « Love » la foule se rapproche de Raphaël qui prend un bain de foule. Plus lent, sucré et dansant, « Penny Dropped » est inspiré des Fab Four (NDR : déjà ce titre !) Raphaël module sa voix comme il le souhaite. Encore un nouveau titre : « Dancing In The Moonlight ». Raphaël se sert d’une gratte semi-acoustique pour interpréter la cover du « Lover You Should’Ve Come Over » de Jeff Buckley. Surprenant ! Une seule chanson dans la langue de Molière : « L’indifférence ». Sur l’album elle dure 12 minutes. En ‘live’, elle est écourtée, sans pourtant nuire à sa qualité. Konoba n’oublie pas son hit, « On Your Knees », qui a enregistré plus de 2,5 millions de vue sur YouTube. Une autre cover. Celle du « My Body Is A Cage » d’Arcade Fire. Et elle est superbement revisitée. Le show est terminé et on reste indubitablement sur sa faim. Normal au vu de l’excellente prestation de l’artiste. Il se produira encore dans le cadre des Nuits Botanique, au Cirque Royal et lors de la plupart des festivals d’été. Qu’on se le dise ! Un seul regret, c’est que l’édition 2017 du ‘No Sleep’ n’a attiré que 150 spectateurs. Trop peu pour un tel événement !
Pomrad + Konoba + Alpes + Boda Boda + The Rackers
(Organisation : No Sleep ASBL)