La troisième journée est la plus chargée au niveau programmation. Un regret quand même, que l’Alter stage ne serve plus et qu’aux artistes polonais. Et exclusivement ! Dommage, car dans le passé, on avait pu y applaudir les prestations d’ambassadeurs de la scène alternative, comme Swans, Kurt Vile ou encore Thurston Moore. La Main et la Tent stage sont réservés aux grosses pointures.
Après The Last Shadow Puppets, FFS ou encore Giraffe Tongue Orchestra, Prophets of Rage est considéré aujourd’hui comme le supergroupe incontournable. Et pour cause, il réunit le guitariste Tom Morello, le bassiste Tim Commerford et le batteur Brad Wilk, soit les ¾ de Rage Against The Machine, les Dj Lord et le MC Chuck D., issus de Public Enemy, ainsi que le leader de Cypress Hill, B-Real. Le collectif déboule sur l’estrade, le poing levé, alors que les sirènes retentissent. Le team va nous réserver plusieurs tubes signés par les trois formations susvisées, mais également le classique de House of Pain, « Jump around ». Sans oublier de rendre un hommage à feu Chris Cornell, à travers le « Like a stone » d’Audioslave. Si la voix de Chuck D a quelques ratés, lorsqu’il la conjugue en harmonie avec B-Real, le résultat est bien plus concluant. Mais c’est Tom Morello qui joue le chef d’orchestre de toute cette équipe. Difficile de croire que le natif d’Harlem a plus de 53 balais. Il bondit sur les planches tout en alignant ses riffs comme de véritables uppercuts. Seul Flea était parvenu, un an plus tôt, à mettre tout le monde d’accord, dans le cadre de ce festival…
Préado, votre serviteur était fan de Michaël Jackson. Mais peut-on le comparer à The Weeknd ? La question mérite d’être posée. Car en grimpant sur l’estrade, Abel Tesfaye semble manifestement s’en inspirer. Inévitablement, on ne peut que penser aux clips de The King of Pop, tournés à l’époque de « Thriller ». Que ce soit la bande son en intro, le light show ou les effets techniques. Sans oublier la voix du Canadien, dont le timbre n’est pas sans rappeler l’époque « Off the wall » (NDR : sans doute la meilleure !) Et les tubes vont rapidement s’enchaîner. Depuis « Starboy » en ouverture (NDR : mais malheureusement pour les yeux, sans assister à un défilé de lingerie ‘Victoria Secrets’), « Wicked games », le planétaire « Can’t feel my face », le ‘Daft-punkien’ « I feel it coming » et le plus intimiste « The hills », en outro. Un final vécu comme une véritable déferlante de hits. Mais bon ici s’arrêtent les comparaisons, car si Tesfaye est charismatique, semble aussi perfectionniste, et négocie parfaitement ses sorties médiatiques et ses contrats publicitaires (Apple, H&M, …), il lui manque encore cette aura et surtout ce pas de danse (moonwalk) que Bambi était capable de dessiner en live, comme lors de ses shows accordés sur la plaine de Werchter…
Autre podium autre style. Quatuor féminin, Warpaint est accueilli à bras ouverts et sous les cris stridents des festivaliers. Pas étonnant, lorsqu’on sait que la drummeuse, Stella Mozgawa, est d’origine polonaise. Et au sein d’un pays aussi patriotique, pour ne pas dire nationaliste, ce type de réaction est inévitable. D’habitude très discrète sur les planches, elle va s’autoriser quelques déclarations entre les titres. De quoi épater l’auditoire. Mais le concert va souffrir de moments plus faibles. Les frontwomen Theresa et Emily affichent des mines fatiguées. Et il faut attendre la fin de parcours, au cours duquel le combo va nous réserver « Love is to die » et « New song », pour voir enfin, les filles se lâcher. M’enfin, globalement, la prestation est demeurée agréable à l’écoute… et surtout à regarder, tant elles affichent un charme certain...
Les infra-basses assourdissantes résonnent au loin. Pas de doute le trio allemand Moderat a entamé son set. Particulièrement puissants, les faisceaux lumineux transforment cette gigantesque plaine en dancefloor. De quoi réjouir les clubbers les plus enthousiastes, mais pas trop votre serviteur qui rejoint doucement ses pénates, vu l’heure avancée de la nuit…
(Organisation : Open’er)