Il s’agit déjà de la 36ème édition du festival Cactus, un festival familial, sans stress, qui a bénéficié, tout au long de ce week-end, d’une météo idéale, soit ensoleillée sans pour autant se révéler caniculaire, même si la température était particulièrement fraîche, le vendredi soir. Excellente initiative, le kiosque info a été installé en bord de site, ce qui libère de l’espace et permet ainsi à la foule de se rendre aux stands ‘food’ et de sortir du Minnewaterpark, plus rapidement…
Il y a déjà bien du monde pour accueillir l’Anversois Amir Fouad, aka Tamino. Sur les planches, cet auteur-compositeur-interprète –habillé chic– est soutenu par Tom Pintens (NDR : au cours des nineties, il a notamment bossé en compagnie de Stef Kamil Carlens), aux claviers et Ruben Vanhoutte, aux drums. La tessiture vocale de Tamino est très large. Il peut monter ou descendre facilement dans les octaves. Il ne compte qu’un Ep à son actif, mais en ‘live’, il parvient à donner une autre dimension à ses compos, et tout particulièrement son single « Habibi » ainsi que « Cigars »…
Het Zesde Metal, c’est le projet de Wannes Capelle, un natif de Wevelgem. Ce chanteur/compositeur/interprète/guitariste (NDLR : également acteur de théâtre) est responsable de titres engagés, sociopolitiques pour la plupart. Au sein du backing group, milite encore Tom Pintens. Il se charge des claviers. Le band monte sur l’estrade au son d’une B.O. d’Ennio Morricone. Wantje n’est pas avare de déclarations entre les morceaux. Mais en néerlandais… Il a enregistré « Calais », pour dénoncer le problème des réfugiés qui veulent se rendre en Angleterre, mais en même temps, il marque son opposition au traitement de la question, par la gauche flamande. Pendant « Dag zonder schoenen », il invite la foule a lancer ses chaussures. Et le public s’exécute. Le sommet du concert sera atteint lors de son mash-up entre « Where is my mind » des Pixies et le « Boze wolven » de Gorki, suivi par son incontournable « Ploegsteert »…
Le répertoire de Michael Kiwanuka est souvent indolent, davantage propice à la glandouille du dimanche matin, qu’à booster son énergie. C’est sans doute la raison pour laquelle, son début de concert s’est révélé bien plus percutant que dans le passé. Et instrumental, son premier titre se singularise par un solo de gratte ‘floydien’. Inattendu ! Et vraiment chouette. La suite est même bien entraînante, son backing group, impliquant 5 musicos, se chargeant d’entretenir le groove. Les points culminants de son set seront atteints, en milieu de parcours, lors du funky « Black man in a white world », caractérisé par des lignes de basse à la James Brown, ainsi que tout au long de très joli « Home again ». Puis –chassez le caractère et il renvient au galop– Kinawuka va en revenir à une majorité de morceaux plus lents, au cours desquels les bavardages dans l’auditoire vont finir par couvrir le volume sonore du concert…
The Verve avait, sans doute, bien plus de potentiel qu’Oasis à son origine ; mais son aventure s’est fracassée sur l’autel de la drogue, de l’alcool et de la dépression. Pourtant, le frontman, Richard Ashcroft, a rebondi en entamant une carrière solo plus que solide. On se souvient qu’en 2005, il avait ainsi accordé un concert étincelant à l’AB. La suite sera moins bien brillante…
Richard Aschroft est donc programmé comme semi tête d’affiche, au festival Cactus. Quand il monte sur l’estrade, on est frappé par sa silhouette : il est maigre comme un clou, a la boule à zéro, est chaussé de lunette noires, et semble avoir pris un fameux coup de vieux. On dirait presque Joe Starr. Il est flanqué d’un drummer, d’un bassiste et d’un gratteur. Ce dernier est sans doute un disciple du nombrilisme. Dès qu’il en a l’occasion, il en remet une, deux voire trois couches. Des soli qui nuisent manifestement à la subtilité des compos. Tout comme les bandes préenregistrées, qui reproduisent claviers et section de cordes. En outre, en début de parcours, la voix de Richard –régulièrement préposé à la sèche ou à la rythmique– n’est pas au top. « Out of my body » est rallongé inutilement. Hymnique, « This is how it feels » a un goût de Cranberries. « Space and time » manque d’âme, malgré l’envolée psyché. Et puis progressivement le charme recommence à opérer. « Sonnet », « Lucky man », « Love is noise », « Break the night with colour » ainsi que le plus optimiste « Music is power » retrouvent des couleurs. Et paradoxalement, c’est quand les morceaux adoptent le profil de la big music, même si elles sont enrichies de cordes préenregistrées, et surtout privés des exercices de style intempestifs du gratteur, que les compos se mettent à décoller. Comme lors de l’inévitable « Bitter sweet symphony », un final qui va faire vibrer notre fors intérieur…
Roisin Murphy n’a pas trop convaincu. Pourtant, son spectacle, impliquant notamment marionnettes, costumes multifonctionnels, masques et boas, a de quoi séduire visuellement. Mais ses 40 premières minutes, tramées sur une forme de mid tempo étrange, souffrent du vocal trop peu mis en exergue, pour ne pas dire noyé dans l’ensemble. La dernière demi-heure sera plus intéressante, grâce des beats hypnotiques injectés au remix de « Sing it back », au « Forever more » de Moloko et surtout à « Jealousy ». Et tout bon Dj sait que lorsque le public commence seulement à danser au cours des 30 dernières minutes de son set, il restera sur sa faim…
(Organisation : Cactus)
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(Merci à Nick)