Treize années déjà que le Centre culturel de Soignies organise son annuel ‘Août en éclat’. Gratuit et pluridisciplinaire, il se déroule dans le centre historique de la ville.
Cet évènement fédère à lui seul une vingtaine de spectacles. Outre ceux consacrés à la musique, il accueille un village des enfants, un marché du monde et des saveurs ainsi que des animations de rue.
La température est extraordinairement chaude ce samedi. Il est environ 14 heures lorsque votre serviteur foule cette jolie place.
Les badauds déambulent, s’arrêtent songeurs devant les nombreuses échoppes avant de plonger subrepticement sur les rares sièges disponibles aux terrasses des cafés.
Nombreux sont les enfants aussi qui profitent de leurs derniers jours de congés d’été, comme pour prolonger indéfiniment cette sensation de liberté qui les envahit…
Deux scènes sont plantées. Sur la plus grande, se produit From Kissing. Le patronyme est inspiré d’une phrase qui figure dans une chanson de The Cure. Bizarre, l’expression sonore dispensée est très éloignée de celle du légendaire groupe insulaire.
Pourtant, le gars préposé à la gratte n’est pas né de la dernière pluie. Il s’agit de Massimo Panza. Il a notamment milité au sein d’un autre projet baptisé Stevenson, mais dont les ambitions étaient sans doute excessives…
Il est épaulé par Chris Willems (chant), Bastien Preaud (basse, synthé, prog, chœurs) et Timothée Hugé (batterie). Les musicos sont originaires de Mons, Nivelles et Bruxelles. Et c’est en 2013 qu’ils ont eu envie de se lancer dans cette nouvelle aventure…
L’ascension sera rapide. Publié l’année suivante, un premier Ep cinq titres est alors disponible sur différentes plates-formes de streaming, comme iTtunes, Deezer ou Spotify…
Suivi par « Get Up », produit par Anthony Sinatra (Hollywood Porn Star, Piano club) et Vince Lemineur (Suffocating Minds).
La musique du band est rageuse, insolente et dépoussière les clichés du genre. Elle est taillée pour le live ! L’énergie rock transcende véritablement le parterre et laisse préfigurer de beaux pogos entre ami(e)s.
Le singer assure à lui seul le show. Le petit bonhomme (1 mètre cinquante à tout casser), ne ménage pas ses efforts. Biberonné au ‘speed’, il rebondit comme un marsupial, et ne cesse de se mêler au public ; sa seule limite se mesurant à la longueur des câbles du micro. Ce qui débouche sur une ambiance franchement exaltante…
Sur l’estrade traînent trois masques de papier mâché. Il paraît qu’ils ont suivi la tournée du combo pour plus ou moins 70 dates. Chris choisit les spectateurs qui devront s’y coller. A voir la tête des cobayes, ces déguisements ne doivent pas sentir la rose…
Le temps de reprendre ses esprits et J.L.B Riddim embraie. Et dès les premiers accords, le set s’emballe. Trop petit, le podium a dû mal à canaliser la vitalité du quintet. Dont la musique est néanmoins très éclectique ! Si le reggae constitue le fil rouge, le genre ne néglige pas pour autant le ska, les rythmes traditionnels africains ou encore les chants folkloriques…
Mené tambour battant depuis 2008 par Thomas Jakubczyk, le line up du combo a souvent changé, avant de se stabiliser. Le leader s’inspire de séjours accomplis en Belgique et en Afrique de l'Ouest pour écrire ses compos…
C’est sur les planches que talent du jeune homme est davantage perceptible. Les concerts reflètent davantage un environnement et le disque sert de prétexte.
Frénétique, l’énergie libérée est difficilement descriptible. Thomas court, danse, se trémousse tout en posant des textes rageurs qui véhiculent néanmoins des messages de positivisme, de paix et d’amour.
C’est par la reprise déconcertante de « Li ptite gayole » (NDR : hymne wallon par excellence, popularisé par Julos Beaucarne) que Mister Thomas sonne le glas de ce qui restera un grand moment de folie dans l’esprit d’un public amusé et réceptif par autant d’imagination...
Au loin, vrombrit le sound check de Noa Moon. Les fans inconditionnels s’agglutinent en masse contre les ‘crash barrières’.
Elle est flanquée de deux charmantes musiciennes ; à sa droite, une claviériste et à sa gauche, la préposée aux quatre cordes (elle à l’air de s’ennuyer ferme). Elle sont toutes les trois vêtues d’une tenue identique : un haut blanc et un fuseau noir. Le drummer, lui, porte une chemise rayée assez classe.
Le show ne révèlera pas de grandes surprises. Les titres choisis sont essentiellement puisés au sein de son dernier opus, « Azurite », un patchwork de plages douces et sucrées.
Sa prestation lors du festival de Ronquières, bien que d’honnête facture, avait été perturbée par le trac. Elle semble plus à l’aise devant un parterre plus condensé.
Les premières gammes s’échappent. Manon De Carvalho, à l’état-civil, ne manque pas de peps et nous réserve des morceaux aux envolées délicates et sautillantes.
Si ses interventions sont mises à la sauce ‘prout-prout’ (tout le monde, il est beau et gentil), riches et particulièrement et dansantes, les compositions véhiculent de jolis accents électro/folk, presque intimistes, et soulignent une certaine modernité dans le son.
Rive, binôme sexué se prépare.
Formé en 2015, ce duo s’est rapidement illustré en décrochant des prix au dernier Franc’Off de Spa et au Bota, dans le cadre du concours ‘Du F. dans le texte’…
Si l’un et l’autre ont évolué à travers les projets plutôt rock ‘Juke Boxes et Arther’, ils sont aujourd’hui responsables d’une forme d’électro/pop aux réminiscences anglo-saxonnes.
Au centre, la belle Juliette Bossé apporte les nappes de synthé sulfureuses et pince les six cordes tout en assurant les vocaux. Blonde, filiforme, la trentenaire est vêtue classiquement de noir, pour la circonstance.
A sa droite, Kevin Mahé se charge des fûts. Véritable bête de scène, c’est plus qu’un drummer, mais un savant fou à quatre bras.
Coiffé d’une casquette sobre aux couleurs noires et blanches, il frappe ses peaux tantôt à l’aide de baguettes, tantôt de mailloches, lorsque ce n’est pas les deux à la fois, pour y trouver la caisse de résonance parfaite. Des loops intelligemment construits viennent aussi enrichir l’espace sonore.
Son regard bleu et perçant se pose délicatement sur la jeune femme afin de mesurer toute la légèreté des doigts qui ondulent allègrement sur les ivoires.
Le contraste est étonnant. Miss Bossé incarne le côté ouaté et délicat du tandem, en traçant une ligne mélodique sulfureuse épicée d’une pointe de mélancolie. Mister Mahé, entretient l’aspect tribal.
Les textes sont ciselés dans la langue de Voltaire. Le grain de voix éthéré et fragile de la donzelle passe mal sur les frontaux. Les basses dominent et il faut vraiment se concentrer pour saisir l’essence du contenu véhiculé.
C’est vraiment dommage parce qu’il ne s’agit pas que de simples mots posés ci et là maladroitement au gré d’un imaginaire narratif. Plutôt un conte aux accents surréalistes doté d’un pouvoir surnaturel qui emmène son auditoire vers une forme d’onirisme auquel il est difficile de résister.
Le résultat procure une musicalité dont la vague émotionnelle sans précédent est susceptible de suspendre le temps.
Le public reste assez frileux et semble ne pas se presser au portillon. Pourtant, ce duo cherche à écrire une nouvelle page dans l’histoire de la pop. Un livre dont la quatrième page de couverture résume à elle seule le condensé de ce qui peut se faire de mieux dans l’univers musical, aujourd’hui.
Auteur d’un premier Ep (« Vermillon »), financé par la plateforme de crowdfunding ‘Kiss Kiss Bang Bang’ (et dont l’artwork représente la symbolique du corps modelé ‘Renaissance’), la paire montre toute l’étendue de son talent à travers des morceaux comme « Rouge » et « Vogue » (le clip les a propulsés auprès du grand public en recensant plus de 115 000 vues sur Vimeo).
Les compos s’écoulent paisiblement entre trame nostalgique ou orgasmique. Si le jeu de la mise en scène est simple, il se suffit à lui-même. Le charme et l’émotion opèrent quoi qu’il en soit.
Les compères quittent les fans à l’issue de l’exécution d’un exercice de style au piano à quatre mains. La magie de la « Nuit » opère. Une dernière touche qui sonne comme un happy end joyeux…
Gageons que l’album qui devrait sortir prochainement sera à la hauteur de leurs ambitions.
Les musicos de FùGù Mango (prononcez Fou-Gou-Mang-Ô) activent les derniers réglages, sur l’estrade.
Formé en 2013, à Bruxelles, le combo implique les frangins Lontie, Jean-Yves (guitare) et Vincent (chant et percus), tous les deux issus de feu Bikinians. Ils partagent une même passion pour le groove, les rythmes africains et l’indie pop…
Le line up inclut également Anne. Elle se réserve les backing vocals, les claviers et la basse. Et elle se plante au centre du podium. Mais également un nouveau venu. Qui s’installe à l’extrême droite. Enfin, pas un novice, puisqu’il se chargeait autrefois des bases rythmiques, auprès d’Arno. Il a désormais la lourde responsabilité de remplacer Franck Baya qui a préféré quitter le navire pour se lancer dans d’autres aventures (il a aussi prêté, dans le passé, son concours à Coffee Or Not, Sarah Carlier, Clare Louise et bien d'autres).
Ce départ précipité a contrait le combo à se servir de percussions électroniques et programmer certaines mélodies sur des machines.
En ‘live’, ils parviennent à nous faire voyager aux quatre coins de la planète, distillant ici et là des beats afro et latino sous une couche de synthés verdoyante et luxuriante. Et le tout est sublimé par les harmonies vocales d’Anne et de Vince, réminiscentes du binôme The XX, un groupe de rock londonien…
En milieu de parcours, le combo ose attaquer la cover du « Golden Brown » des Stranglers. Le plus grand succès du mythique band insulaire.
Plutôt que de se contenter d’un simple copier/coller, il parvient se rapproprier un ‘classique’, qui date quand même de plus de 30 ans…
Allez Allez est programmé à 22h30. La fatigue et cette vague de chaleur tropicale ont miné les organismes. Celui de votre serviteur, également. Qui préfère donc faire l’impasse et regagner ses pénates…
(Organisation : Août en Eclat)