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Esperanzah 2018 : samedi 4 août Spécial

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Deuxième jour de l’Esperanzah, et c’est toujours la canicule sur le site de l’Abbaye de Floreffe… une journée qui promet de bonnes vibes, vu la présence de Juicy. On épinglera quand même le respect scrupuleux du timing tout au long du festival et l’excellente qualité du son sur les 3 scènes.

La navette de bus a pris un peu de retard. Et lorsqu’on débarque côté ‘Jardin’, la prestation de Bai Kamara JR. vient de s’achever. Cap donc vers l’‘Alpha’ pour celle de Nawaris. Le sextuor est encore occupé de réaliser son soundcheck. Hussein Rassim en est la cheville ouvrière et la tête pensante. Originaire d'Irak, ce virtuose de l’oud (NDR : un luth oriental) a quitté sa terre natale, à cause de la guerre, une situation qui ne lui permettait pas de vivre librement de son art. Et pourtant, ce jeune musicien est considéré comme un véritable monument chez lui. A l’issue d’un long parcours, il a donc débarqué à Bruxelles, comme réfugié…

Sur les planches, il est accompagné par la violoncelliste Juliette Lacroix et le saxophoniste/flûtiste Manuel Hermia, mais également par trois percussionnistes, dont l’autre vocaliste Saif AL Qaisi (NDR : également un migrant irakien), le drummer Stephan Pougin (qui double au djembé) et enfin Robbe Kieckens, qui se sert de percus hautes issues du folklore marocain. Le répertoire oscille entre compos traditionnelles irakiennes et personnelles, mais également nord-africaines, et même sculptées dans le blues touareg, des compos au cours desquelles les instruments, le chant aussi parfois, se rencontrent, jouent, engagent des conversations, tout en laissant une belle place à l’improvisation. Atypique, ce band est venu défendre son premier LP, « Migration » (voir clip du titre maître, ici, paru en janvier 2018).

En écoutant cette musique, on ne peut que penser aux influences puisées par Robert Plant, en Orient et au Moyen-Orient. Les interventions de la violoncelliste apportent cependant un feeling mélancolique aux compos, le plus souvent instrumentales. Ce qui n’empêche pas la voix de Saif Al Qaisi de se révéler particulièrement mélodieuse ; quand il chante, of course…  « The Way Back » relate la transhumance vécue par Hussein à travers les Balkans, avant son arrivée, en Belgique, dès 2015. Car on a beau rêver d’horizons lointains, en écoutant cette expression sonore, on ne peut s’empêcher de penser à la guerre, au terrorisme et au fanatisme de Daesh, qui ont ravagé cette région du monde…. Une première claque musicale pour cette seconde journée à Esperanzah.

Il faut se résoudre à affronter la canicule pour se rendre, côté ‘Jardin’ et y découvrir Liniker E Os Caramelows. Fondé en 2015, ce band brésilien ne doit, sans doute, pas être incommodé par la chaleur, car il va faire encore monter la température de quelques degrés en mettant une belle ambiance sur la plaine. Sa jeune chanteuse, Liniker Barros, est transgenre et jouit d’une énorme popularité au pays des cariocas. Le combo pratique une forme de soul/funk tropicale et cuivrée qu’il a baptisé ‘Fonzy’. Les mélodies sont sucrées. Entre le saxophoniste et une des percussionnistes, on ressent une grande complicité. L’autre préposé aux percus, Pericles Zuanon, est particulièrement efficace. Une plantureuse vocaliste assure les chœurs, et sa voix baigne dans le blues et le gospel, alors que suave, celle de la lead recèle du groove. Elle s’y révèle d’ailleurs particulièrement émouvante, lors des compos imprimées sur un tempo lent… 

Sur le podium ‘Alpha ‘, Oum va bientôt grimper sur les planches. On reste donc en Afrique, mais plutôt dans le Maghreb et plus exactement au Maroc. Révélation 2013 de la musique méditerranéenne, elle allie sensibilité et puissance à travers un cocktail qui agrège tradition arabe (chants sahraouis, rythmes gnaouas, etc.) et influences occidentales (jazz, soul, afrobeat, gospel, etc). Sur son troisième opus, « Soul Of Morocco », elle a décidé de chanter en dialecte marocain, la darija.

Plutôt jolie et chaussée de lunettes fumées, Oum a revêtu des habits locaux de couleur jaune. Elle est soutenue par Damian Nueva à la contrebasse, Yacir Rami à l'Oud, Inor Sotolongu aux percussions et Lonrenz Rainer à la trompette. Et toute cette troupe va nous présenter des extraits de son dernier album « Zarabi » ainsi que de « Soul Of Morocco ». Ce dernier elpee évoque un Maroc pluriel, où le désert côtoie les palmeraies et les plaines verdoyantes. La voix d’Oum oscille entre vocalises perçantes et chœurs légers ; et suivant les morceaux on décèle des nuances berbères, égyptiennes, gnawa ou andalouses. Une superbe découverte et l’un des coups de cœurs des programmateurs de l’Esperanzah.

Cap vers le ‘Jardin’, pour une des sensations de ce festival, Goran Bregovic. Bien que constamment assis sur son siège, afin de se consacrer à la gratte, le comparse d’Emir Kusturica, tout de blanc vêtu, dirige un véritable orchestre. Ils sont douze sur les planches. Dont une majorité de cuivres : contrebasse à vent, bugle, cor de chasse, saxo, clarinette et trompette. A côté du leader, on remarque la présence d’un percussionniste au matos minimaliste qui participe également aux vocaux. Sans oublier le concours de deux choristes vêtus de costumes traditionnels. Essentiellement balkanique, la musique proposée intègre une multitude d’influences qui oscillent du rock à la pop, en passant par le reggae, l’électro, le classique, le liturgique et même le tango… Et en live, le résultat est un véritable tsunami sonore. Lorsque la troupe attaque le célèbre chant révolutionnaire italien, « Bella Ciao », 10 000 personnes entrent alors en ébullition. Le public danse, jumpe et est envahi par une onde de ferveur. Et des morceaux comme « Kalasjnikov », « Duj Duj », célèbre pour son bordel désorganisé, ainsi que la perle « Gas Gas », vont littéralement mettre le feu à la fosse. Comme s’il ne faisait pas encore assez chaud…

La plaine est noire de monde, lorsque Juicy monte sur l’estrade. Et votre serviteur ne veut, pour rien au monde, manquer la prestation du duo réunissant Julie Rens et Sasha Vonck. Non seulement elles sont bourrées de talent, mais également jolies, sympathiques et accessibles. Issues du conservatoire, elles cherchent à remettre au goût du jour le r&b et le hip hop des années 2000, dans un style minimaliste et très électrique. Sasha se réserve la guitare et Julie, la boîte à rythmes. Les deux filles se consacrent également aux synthés, samplers et vocaux. Et on est parti pour 60 minutes de folie. Le set s’ouvre par « Warp », une nouvelle compo. Affublées de longs manteaux rouges et coiffées de chapeaux à franges, les filles parcourent les planches dans tous les sens pendant près d’une minute. Avant, enfin, de poser leurs voix. Elles ôtent vestes et couvre-chefs pour laisser apparaître des salopettes de couleur banche, dont les manches sont rabattues au niveau des hanches. Chaud dedans, chaud dehors. Elles interprètent « For Hands On Ass », a capella. Tout au long de « Mouldy  Beauty », elles ondulent sur place en brassant l’air à l’aide de leurs bras. Avant« Something Is Gone », ma voisine me souffle dans le creux de l’oreille que l’on doit s’accroupir. Avant de sautiller comme les filles. Cover de Diam’s, « La Boulette » déchaîne les passions. Nu soul, « Didn't Knock » fustige un certain Théo Franken. Les noms d’oiseaux volent bas. Et le set de s’achever par deux autres nouvelles chansons, « Bolly Wood » et Da Beat ». Juicy se produira ce 31 août, dans le cadre du Crammerock.

Coup de mou pour votre serviteur. Il est tard, la route du retour est encore longue, et il y a encore un troisième jour de festival, ce dimanche. Dommage pour le concert de Bernard Lavilliers. Ce sera pour une prochaine fois…  

(Organisation : Esperanzah)

Informations supplémentaires

  • Date: 2018-08-04
  • Festival Name: Esperanzah
  • Festival Place: Abbaye de Floreffe
  • Festival City: Floreffe
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