C'est l'envie de voir Blondie, groupe mythique ayant peuplé les rêves de mes jeunes années, qui m'a permis de découvrir le festival Rock Zottegem. Pourtant il en est déjà à sa 15ème édition ; et cette année, les 20.000 tickets combi avaient déjà été acquis en prévente. Il faut dire que les têtes d'affiche avaient de quoi séduire un large public, bien que je m'explique mal la présence de Motörhead le vendredi et de Joe Jackson ainsi que de Blondie le samedi.
Pour ne pas manquer Joe Jackson, j’ai donc pris la route un peu plus tôt que prévu. J’avais eu l’occasion d’assister à sa prestation accordée il y a quelques mois à l'Ancienne Belgique ; aussi je crevais d'envie de le revoir. La peur des embouteillages et d'arriver en retard m'a permis de découvrir Gabriel Ros, relativement peu connu au sud du pays, mais qui déclenche, sous le chapiteau de Zottegem, une réaction de frénésie parmi le public. Public de tous les âges, d'ailleurs. Difficile même d'établir une moyenne. Les plus jeunes ont à peine 15 ans, les plus anciens en ont facilement 60... Arrivé trop tard pour pouvoir me placer en frontstage afin de prendre quelques photos, je me suis donc contenté de regarder et d’écouter son set, identifiant au passage l'une ou l'autre de ses compos. Je reconnais que ses rythmes latinos ont de quoi plaire, même si l'originalité n'est pas au rendez-vous. Sa musique est destinée aux festivaliers de tous les âges ; mais il est étonnant que la jeune génération accroche autant que celle des aînés à une musique davantage destinée à un public plus sage.
Pas de retard par contre pour assister au show de l'ami Joe Jackson. Les instructions contradictoires édictées par la sécurité en matière de photo et l'attitude pas sympa du public envers les photographes, qui sont obligés de leur masquer la vue pour espérer rapporter une image, pousseront une bonne partie des professionnels à déguerpir avant la fin de la troisième chanson. En début de concert, l’assistance est pourtant plus clairsemée que pour Ros. Ce qui me permet, au terme de cette séance photos, de retrouver le premier rang d'où j'assiste à un nouveau grand set de Monsieur Jackson. Il enchaîne nouvelles compos issues de son nouvel opus, dont un « Invisible man » en début de parcours, et classiques, dont les refrains sont repris en chœur par l’assemblée, toutes générations confondues. Mais un public de plus en plus nombreux, à mesure que le concert avance. Joe Jackson semble nettement plus populaire au nord qu'au sud du pays... Un regret : pas de trace de "Solo (so low)" dans son tracklisting. Mais il est vrai que si cette chanson peut arracher des frissons à un bloc de pierre, dans une Ancienne Belgique entièrement conquise à sa cause, dans le cadre d’un festival, la présence de ce morceau n’est peut-être pas judicieuse. Après un peu plus d'une heure de spectacle, Joe s’installe derrière le piano pour achever son répertoire et il semble toujours aussi ému de voir la foule l'acclamer comme il le mérite pourtant bien.
Difficile par contre, d'assister au concert de Blondie aux premiers rangs : seules les photos prises depuis la console de son au moyen de ‘longs objectifs’ (NDR : je cite) sont autorisées. La consigne semble boycottée par mes confrères et même la sécu de la console n'est pas informée de l'arrivée des photographes. Problème vite réglé cependant et pendant que le groupe attaque les premières mesures d'un concert qui durera plus d'une heure et demie, Debbie Harry, engoncée dans un sweat trop grand pour elle, arrive sur scène dans une pénombre qui empêche de la reconnaître de prime abord. Le combo alterne anciens titres, comme "Hanging on a Telephone", "One Way or Another", "Picture This", et bien entendu "Heart of Glass", ainsi que compositions extraites des albums post come-back de 1998. Il faut cependant admettre que si les musiciens ont toujours la pêche, la toujours belle Deborah manque de coffre sur plusieurs titres. Tant sa voix que sa gestuelle sur les planches ont pris un sacré coup de vieux. Les grandes années du groupe sont subtilement évoquées par Clem Burke, le drummer, qui exhibe fièrement un T-shirt blanc aux armes du CBGB's... Le corps du set s’achève par une version de "Rapture" d’une durée de presque 10 minutes, entrecoupée de solos, de duos, et d'instrumentaux d'anthologie, prouvant que les musiciens n'ont rien perdu de leur énergie. Seul Chris Stein à la guitare, unique rescapé avec Debbie du line up originel, adopte une attitude fort placide et statique. Retour sur scène pour les rappels : "Atomic" déclenche une véritable hystérie. Il faudra d’ailleurs l’interprétation de "The Tide is High" pour calmer quelque peu les esprits, avant que le groupe ne quitte la scène au terme d'une bonne heure et demie de prestation, soit 1/4h de plus qu'officiellement annoncé.
Entre la joie d'avoir pu voir sur scène un groupe majeur de mes jeunes années et la prévisible déception qu'ils aient comme moi pris 25 ans dans la vue, j’éprouve un sentiment mitigé. Aussi, je n'attends pas l'arrivée de Dr. Lektroluv, mais décide de rentrer sagement à la maison. Quelques notes d'"Atomic" continuent de me trotter dans la tête ; mais je m’inquiète quand même de la prestation que les Sex Pistols accorderont le 2 août prochain, dans le cadre des Lokerse Feesten...