Ce soir, à la Rotonde, dans le cadre des Nuits Botanique, deux artistes plutôt atypiques, si pas carrément décalés ont été programmés.
Dès 20 heures, Mathilde Fernandez grimpe sur les planches. Cette jeune Niçoise, aujourd’hui partagée entre Bruxelles et Paris, est un véritable OVNI dans le paysage musical. Dès les deux premières chansons, « Amérique » et « Egérie », on est plongé dans son univers singulier. Imaginez un mix entre la folie et la démesure de Catherine Ringer, le lyrisme de Kate Bush ainsi que la synth-pop aux accents gothiques de Mylène Farmer et vous obtiendrez une solution personnifiée par Mathilde Fernandez. Adoubée par la presse 'indé' et encensée, entre autres, par Christophe, cette artiste touche-à-tout, issue du milieu des arts visuels, échappe à toute catégorisation. Seule sur scène et vêtue d'une large jupe à carreaux colorés, elle fascine et provoque l'enthousiasme des fans venus nombreux en ce début de soirée.
Dans la setlist, elle a bien entendu inclus les titres de son deuxième Ep, « Hyperstition », paru il y a quelques semaines. « Oubliette » en constitue le morceau-phare et on se délecte à nouveau des envolées lyriques quasi-mystiques de Mathilde, exécutées avec une maîtrise irréprochable. Dans « Mon Dieu » et « Pressentiment Prémonitions », peut-être ses deux plus belles compos, la chanteuse se lance dans une danse empreinte d'une grande sensualité et, pour clôturer ce set endiablé, elle nous offre un inédit : « Temple Sourire ». Avant de quitter l’estrade, elle remercie le public et présente le spectacle suivant en précisant qu'elle ‘jalouse leur accent...’
Le principe d'un festival est d’aller à la découverte d’artistes ou de formations au hasard de la programmation élaborée par les organisateurs. Assister au show d’Hubert Lenoir, un illustre inconnu, revêtait donc pour nous un intérêt particulier. Très précoce, ce jeune chanteur québécois a formé son premier groupe à l’âge de 17 ans : The Seasons. Son premier LP, « Pulp », à l’origine d’une reconnaissance critique, lui a permis de partir en tournée un peu partout dans le monde. Intitulé « Darlène », son nouvel essai est un album concept, accompagné d’un roman du même nom, écrit par Noémie D. Leclerc, sa meilleure amie. Dans cet opus, Lenoir y marie les influences r&b, jazz, glam et psyché rock afin de réaliser une œuvre pop, éclectique, imprévisible et audacieuse.
Le résultat en live ? Un opéra post-moderne et une performance explosive et carrément punk. Soutenu par un groupe au complet, Hubert campe une créature hybride, un peu comme si Brian Molko avait mangé Eminem, Rita Mitsuko et Johnny Rotten. Complètement survolté, il passe en revue, au cours de sa prestation, tous les comportements outrageants du rock : stage diving, crachats, gestes obscènes et strip-tease (presque complet). Fidèle à son personnage ambigu, il échange des baisers appuyés à son guitariste et à sa choriste. Le public, en majorité québécois, réserve un triomphe au musicien et quand le groupe se retire, Lenoir refuse de quitter les planches afin d’accorder à son public un dernier titre a capella. Qu'on aime ou pas, il faut reconnaître que ce soir, Hubert Lenoir a retourné la Rotonde...
Hubert Lenoir – Mathilde Fernandez
(Organisation : Botanique)
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