Le festival de Lokeren souffle déjà, cette année, ses 45 bougies. Pendant 10 jours, cette petite ville de 40 000 habitants, située entre Gand et Saint-Nicolas, est envahie d’aficionados de musiques actuelles, en tout genre. Après la soirée métal du dimanche, place au ‘Punk day’, ce mardi 6 août.
Dès 19 heures, une figure emblématique de ce mouvement ouvre les hostilités : Marky Ramone’s Blitzkrieg. Dernier survivant du célèbre band new-yorkais Ramones –si on ne tient pas compte de Richie qui l’a remplacé à la batterie, entre 1983 et 1988– Marky, outre son groupe fétiche, possède une longue carrière derrière lui. Après avoir siégé derrière les fûts chez Dust, il a rejoint The Voidoids en 1977 et The Electric Chairs en 1978. Après la dissolution des Ramones en 1996, il a aussi sévi comme batteur chez Misfits, se produisant nommant dans le cadre du festival de Dour, en 2004. Avant de participer également à différents collectifs comme Marky Ramone and the Intruders ou celui qui nous concerne ce soir. Après une courte intro vintage (« Park avenue beat », le thème de Perry Mason), le band déboule sur les planches. A tout seigneur tout honneur, Marky s’avance en premier et scande au micro sa célèbre devise ‘Hey ho let’s go’, que le public reprend plusieurs fois en chœur. ‘Yeah, it sounds great’ se réjouit-il avant d’aller s’installer derrière la batterie, place qu’il ne quittera plus durant les 45 minutes de show. Et ce ne sont pas moins de 21 titres qui vont défiler tambour battant et sans le moindre temps mort. « Rockaway Beach », « Sheena is a punk rocker », « Beat on the brat », « Gimme gimme shock treatment » ou encore « I wanna be edated » sont autant d’hypercuts décochés par le band et appuyés par l’ancien guitariste de Bad religion, Greg Hetson…
Autre légende du punk, The Damned s’empare ensuite de la Main stage. Formé dans la banlieue de Londres à la grande époque (1976), il a aussi surfé sur la vague gothique et new-wave, au cours des eighties. Derrière le leader Dave Vanian, et ses allures de vampire, le line-up de ce band n’a cessé de changer. A la guitare, le Captain Sensible (NDR : déjà vu au W-festival en 2018) ou encore Monty Oxymoron aux claviers sont les musicos les plus fidèles. C’est aussi sur l’intro d’une vielle série TV (‘The avengers’) que la formation débarque sur le podium. « Love song » rappelle immédiatement qu’elle a classé pas mal de singles dans les charts UK. En moins de 2’, le très punk « Machine Gun Etiquette » nous réserve une véritable déferlante de riffs ; une formule qu’on retrouvera, un peu plus tard, lors de la reprise du MC5, « Looking at you ». Autre single, « New rose » est toujours aussi fringant. Tout comme « Neat neat neat », moment choisi par le chevelu Monty pour s’emballer et se lancer dans une chorégraphie fort hasardeuse, à l’avant de la scène. En finale, le combo va adresser un petit clin d’œil à la Belgique, en adaptant le « Ça plane pour moi » de Plastic Bertrand, dans une version plus proche d’Elton Motello que de Roger Marie François Jouret. Un an plus tôt, Captain Sensible avait aussi exécuté la même cover, en fin de parcours…
Votre serviteur avait déjà zappé le concert d’Heideroosjes, il y a quelques semaines, lors du festival Rock Zottegem. Bien qu’il ait signé chez Epitaph, le punk/rock de ces Bataves m’a toujours paru un peu bourrin, tout comme leur attitude sur scène. Même s’ils semblent plaire aux fans du Nord du pays, une migration vers la Red Bull Music Room s’impose, d’autant plus qu’elle est indoor et que quelques averses commencent à s’abattre violemment sur la place.
Sponsorisée, elle est marquée par les couleurs éblouissantes –bleu et rouge– de la marque de cette boisson énergisante. En tout cas, la programmation y est intéressante et nous réserve des talents wallons, liégeois très précisément, comme It it Anita et Cocaine Piss. Un autre exemple de l’ouverture d’esprit affichée, en matière de culture, de l’autre côté de la frontière linguistique. Pas sûr que nos festivals wallons prendraient, eux, le risque de programmer des artistes flamands, préférant plutôt se limiter aux cover bands. Bref, c’est un plaisir de revoir It it Anita, dont le shoegaze/noise/math rock très efficace, navigue quelque part entre Fugazi, 65daysofstatic et A place to bury strangers. Et d’assister à l’hystérie que son set déclenche chez nos voisins. Il faut dire que littéralement déchaînés, les musicos se dépensent sans compter. Le point d’orgue su show sera atteint lorsque le chanteur s’invite au milieu de la foule. Suivi ensuite par le batteur, torse nu et dégoulinant de sueur, qui emporte avec lui ses cymbales…
Dans la foulée, Cocaine Piss, embraie et va entretenir la flamme. Sa musique est inclassable, la chanteuse hurle toujours autant alors que le guitariste surfe aussi bien sur le rock garage que le punk survitaminé. Et la prestation est accueillie tout aussi favorablement, malgré des morceaux qui frisent la saturation…
Est-il encore utile de présenter NOFX ? Originaire de Los Angeles, il s’est formé en 1983 et a signé une bonne dizaine d’albums sur le label Fat Wreck Chords. Il devra cependant attendre le boom indie de 1994 pour connaître un succès plus populaire, grâce à « Punk in drublic » (NDR : mythique, cet elpee date déjà de 25 ans ; ce qui ne nous rajeunit pas !) Sur les planches, les musicos sont encore bien déjantés. Fat Mike, le leader, est vêtu d’une robe. Coiffé de ses fameuses dreadlocks, Eric Melvin se charge de la guitare rythmique. Après la courte intro « Time Warp », le set embraie par « Dinosaurs Will Die » et « Les Champs-Elysées », deux morceaux bien barrés. El Hefe souffle dans sa trompette, alors que Fat Mike fait de son mieux pour aligner quelques paroles en français. Erik Sandin lance chacun des titres à la batterie, après de longs discours. Pendant « Bob », une chanson caractérisée par son refrain ‘15 years’, le band s’étonne des 45 années d’existence du festival : ’Woawww 45 years, this festival is older than we are !’ Dans la fosse, les pogos ne cesseront tout au long d’un set, propice à la bonne humeur. Car pour avoir la chance de les croiser ensuite en backstage, on peut vous assurer qu’ils sont en permanence dans l’énergie et la grosse déconnade.
Un crochet par la Red Bull Music Room était souhaitable pour SONS, mais l’entrée est saturée de monde, et vu la chaleur étouffante qui y règne, ce n’est sans doute pas une bonne idée de vouloir y accéder à tout prix. Mais le succès de ce groupe belge n’est pas tellement étonnant, quand on sait qu’il a décroché un prix attribué par Studio Brussel, et que son premier opus fraichement sorti, « Family dinner », s’avère très prometteur.
Il est déjà minuit quand Offspring grimpe sur l’estrade. Elle est un peu loin la grande époque des 90’s où le groupe trônait en tête d’affiche, à Werchter. D’ailleurs en 2018, c’est tout en bas de de celle-là, en ouverture et à partir de 12h30, qu’il était programmé dans le cadre du Pinkpop. Dexter Holland semble avoir pris vingt kilos depuis, et rame toujours autant au chant, même s’il semble s’être amélioré (NDR : à moins que ce ne soit grâce à la technologie autotune ?). En tout cas, il peut s’appuyer sur Kevin Wasserman qui continue à se démener comme un beau diable, sur sa gratte. « Americana », « All I Want » et le tubesque « Come Out and Play », en ouverture, plantent le décor. Avant d’introduire un nouveau titre, « It won’t get better ». Le solo au piano concédé sur « Gone away » accorde à la foule un bref répit ; mais on se demande pourquoi le band trimbale ce piano en tournée, alors qu’il ne sert que pour un seul titre. En fin de set, Fat Mike qui ne s’est toujours pas changé, vient prêter sa voix à « The kids aren't alright ». Avant un rappel assez bref : « You're gonna go far, kid » et le hit « Self esteem ». Un show sans grande surprise mais finalement pas décevant non plus. D’ailleurs les quadras semblaient ravis, à son issue…
(Voir aussi note section photos ici)
(Organisation : Lokerse feesten)
Marky Ramone’s Blitzkrieg + The Damned + Heideroosjes + It It Anita + Cocaine Piss + NOFX + SONS + Offspring