Le cadre est magnifique. Les trois scènes ont été installées à des endroits différents, mais en prenant soin de préserver le coup d’œil sur les étendues d’eau des carrières, considérées comme formant un des plus beaux sites de Wallonie. Eclairé, le parcours réunit des groupes de 50 spectateurs accompagnés par des guides bénévoles. Un petit trajet de 1 200 mètres qui longe le haut de la carrière afin d’accéder aux 3 scènes. La distanciation sociale est très bien respectée. Pour une première organisation, c’est vraiment parfait et chaque équipage est complet. Un équipage constitué de 3 ou 4 artistes qui joueront chacun à 5 ou 6 reprises des sets de 30 minutes. C’est un peu court, mais le showcase est d’autant plus captivant. De quoi espérer une prochaine édition en 2021. Dix-huit artistes belges vont se succéder sur les quatre podiums pendant trois jours. Blanche remplace Saule au pied levé. Il s’est blessé au pied. Le soleil est au rendez-vous. Quoi de mieux pour espérer une superbe rentrée musicale des festivals intimistes
Le premier podium est planté au milieu des fleurs et laisse apparaître, en arrière-plan, des roseaux. Elodie Delvaux, aka Blanche, va s’y produire. D’origine namuroise, la jeune fille s’est révélée lors de sa participation à la saison 5 du ‘télécrochet’ The Voice Belgique, en 2016, alors qu’elle n’avait que 16 ans. Elle a également été sélectionnée pour représenter la Belgique, lors de l’édition 2017 du concours Eurovision, qui s'était déroulé à Kiev, et au cours duquel elle avait interprété « City Lights », une chanson écrite par Pierre Demoulin, le chanteur et leader du band liégeois Roscoe. Elodie avoue ne pas être habituée à se produire en mode piano/voix. Elle est généralement accompagnée d’un groupe. Elle demande un autre siège et de l’aide afin que le synthétiseur soit à la bonne hauteur. Timide, elle signale qu’elle doit encore regarder son clavier et sentir ses doigts parcourir les ivoires. Sa voix est douce et mélodieuse. De son répertoire, elle a choisi cinq extraits de son premier album « Empire », paru en mai dernier. Elle ouvre son set par le titre éponyme de son elpee. Si le morceau est ténébreux, sa voix est cristalline, et sa montée en puissance dans les aigus est impressionnante. Une compo empreinte de mélancolie qui évoque une certaine Lanna Del Rey. Hymnique, « 1.2. Miss You » traite du manque d’affection et de la perte d’un être cher. Blanche s’épanche avant d’attaquer « Only You ». Elle aime bien être seule, mais le partage est quelque chose de primordial. En version dépouillée, donc sans percus et électro, les émotions sont davantage palpables. « Moment » parle de la vie au présent. Il faut essayer d’oublier ses doutes et ses peurs. On doit apprendre à se laisser vivre et à profiter du moment présent… Elle accorde un encore sous la forme d’une reprise de London Grammar. Blanche est programmée comme artiste ‘découverte », ce 11 septembre à l’AClub.
Cap vers la seconde scène où nous attend le duo Juicy. Sasha et Julie sont en pleine forme et impatientes de retrouver le ‘live’ après ce long confinement. La setlist prévoit 5 chansons. Montée sur ressorts, Sasha met d’emblée le feu aux poudres. Dans sa danse folle, elle laisse tomber son I-pad placé au-dessus de ses claviers. Lors d’un concert de Juicy, il se produit toujours un incident technique. Ce qui rend finalement chaque prestation différente. Après « Seed And Ride », le tandem attaque « Mouldy Beauty ». C’est au tour de Julie d’être perturbée. La cymbale est tombée sur les planches. On n’y voit pas grand-chose, mais le show est plaisant. Le public est chaud-boulette et la pression monte encore d’un cran. Les filles esquissent un pas de danse et certains spectateurs se mettent également à leur emboîter le pas. D’autant plus que l’entraînant « Mama Told Me » dynamite littéralement l’assemblée. Sasha néglige la guitare, ce soir. Mais votre serviteur est aux anges, puisqu’on lui réserve « La boulette » de Diam’s. Rien que pour lui ! Et puis, par gourmandise, il va assister à un second set de Juicy. Sans la moindre anicroche côté matos. Un concert particulièrement vitaminé. Partout ou Juicy passe, le public est incapable de rester de glace. Juicy se produira le 3 octobre 2020, dans le cadre des Nuits Botanique, accompagnée de 23 musiciens. Les places sont limitées. A l’issue du set, les filles ont confié être heureuses d’avoir pu retrouver les planches, et que cela faisait un bien fou…
Setlist : « Seed And Ride », « Mouldy Beauty », « What You Can’t Confess », « Mama Told Me », « Count Our Fingers Twice ».
Le troisième podium est plus grand. Il est réservé à Balimurphy pour 30 minutes de démonstration. Le line up réunit le drummer Mathieu Catala, les deux gratteurs François Delvoye et le barbu chantant Cédric Van Cailli, sans oublier le contrebassiste Rodolphe Maquet et le claviériste/violoniste Martin Lauwers.
Depuis 1999, cette formation bruxelloise est parvenue à créer un univers bien personnel, grâce à des textes signés Catala et Delvoye et la musique, Cédric Van Caillie. En un peu plus d’une décennie, elle a acquis une solide expérience scénique en se produisant aussi bien en Belgique, qu’à l’étranger, tant sur de petites scènes, que lors de grands festivals. A ce jour, elle a gravé 5 elpees, dont le dernier, « Nos voiles », est paru en 2017.
« Echos » ouvre la prestation tout en douceur. Progressivement, les percus s’incrustent alors que d’abord vaporeuses, les sonorités traitées à la slide s’autorisent des envols plus sauvages. Harmonieuse et talonnée par des accords de gratte semi-acoustique, la voix de Cédric vous prend aux tripes. Il ne manquait plus qu’une seconde, mais féminine, pour le soutenir.
Le vocaux se révèlent de nouveau superbe tout au long de « Je Reste Là », une compo qui nous entraîne jusqu’en Afrique…
Le contrebassiste tire son épingle pendant « Plus Belle Sans Moi », un morceau au cours duquel la foule reprend les ‘la la la’, en chœur.
Les cowboys traversent les grandes plaines de la Wallifornie, tout au long de « Le Calendrier ». Les accords de piano sont sautillants. Un regret, quand même : l’absence de cuivres.
Poussé par une légère brise marine aux embruns délicats, « Nos Voiles » se dressent sur l’embarcation qui flotte au-dessus de la mer.
Et en finale, « Plus Belle Sans Moi » s’achève dans un climat paisible, à la limite du recueillement…
Setlist : « Echos », » Je Reste Là », « Le Calendrier », « Nos Voiles », « Plus Belle Sans Moi »
Balimurphy + Juicy + Blanche
Organisation : Inc’ Rock BW + Festival Songe d’une Nuit BW + Le Coup de Pouce ASBL