En septembre 2001, Björk –alors au sommet de son art– se produisait au Botanique, soutenue par un orchestre symphonique, une chorale et un duo électronique. Plus près de nous, Great Moutain Fire avait eu une idée semblable, lors d’un concert accordé au Cirque Royal, également épaulé par un ensemble classique. Ce type d’expérience a été inauguré par Deep Purple en 1969. Pas une grande réussite, il faut le reconnaître. A contrario de ce que vont réaliser Procol Harum, les Moody Blues, The Nice, Renaissance, Barclay James Harvest ou encore ELO, au cours des 70’s ; mais aussi, il ne faut pas l’oublier, de nombreux groupes de métal (Page & Plant, Metallica, Within Temptation, … et la liste est loin d’être exhaustive), par la suite. Et cocorico, à partir de 2012, Hooverphonic a accompli une longue tournée en compagnie d’un orchestre philarmonique, dénombrant parfois plus de 60 musiciens. On ne va pas refaire l’histoire, mais simplement rappeler que ce type d’aventure nécessite une énorme préparation et qu’elle est souvent… casse-gueule ! Bref, le projet imaginé par Julie Rens et Sasha Vovk est audacieux, même s’il a bénéficié du concours de Jean-Marie Rens, le papa de Julie. C’est lui qui s’est chargé de tous les arrangements. Vibration (c’est le nom du collectif) implique donc 23 musiciens, dont quatorze préposés aux instruments à cordes (violons, violoncelles), sept aux flûtes, un contrebassiste et un guitariste. Et c’est Denis Menier qui est à la baguette.
En 2019, lors de la release party accordée au Vk de Molenbeek, suite à la sortie du second Ep, « Crumbs », Juicy avait déjà surpris tout le monde en jouant au milieu du public, flanqué d’un quatuor à cordes, deux flûtistes et un contrebassiste, lors de la partie acoustique du concert. Le duo avait également créé la sensation en 2019, dans le cadre du festival de Dour, en proposant un set réarrangé par le trompettiste Thomas Mayade, impliquant 13 cuivres différents. Mais également la même année à Paris en la salle Le New Morning, appuyé alors par les ‘jazzeux’ de Commander Spoon et la chanteuse Yseult.
Pas de doute lors de cette création, l’orchestre va devoir sortir de sa zone de confort…
Le supporting act est assuré par Wayi. Agée de 28 ans, grande, effilée, cette belle femme afro a figuré dans différentes chorales gospel, au cours de sa jeunesse. A ce jour, elle a gravé un Ep 5 titres, « Love In Progress », en 2019, et un single, « What I Want », en juin dernier. Elton John n’a pas hésité à louer son talent de vocaliste. Et il est vrai que c’est une fameuse voix pour chanter le r&b et la soul. On dirait presque qu’elle s’en sert comme d’un instrument.
Sur scène, elle est épaulée par une choriste et un préposé à la guitare semi-acoustique. Les deux voix se complètent parfaitement et a cappella, le résultat est superbe. A vous flanquer des frissons partout ! Et en fermant les yeux on se plaît à rêver des artistes qui ont illuminé la Tamla Motown ou encore issus de la Nouvelle-Orléans…
Il y a du peuple sur le podium. Outre les 23 musiciens (le guitariste n’interviendra qu’à deux reprises) et le chef d’orchestre, il faut également caser Sasha et Julie. La première se plante à gauche, devant ses pianos, Julie à droite, derrière un tom bass sur pied et des cymbales. La foule est debout. C’est sold out ! Et comme d’habitude, c’est Benoît, l’ingé-son de Puggy, qui est derrière les manettes.
Sous une explosion lumineuse, le set démarre. Julie et Sasha sont vêtues de robes bouffantes à paillettes (NDR : pas pratique pour se déplacer !) ; des paillettes qui illuminent également leurs chevelures.
La setlist va proposer 6 anciens morceaux des 2 premiers Eps (« Cast A Spell » et Crumbs »), revus et corrigés pour la circonstance. Et puis une majorité de titres prévus pour le prochain elpee, dont la sortie est prévue pour l’an prochain.
L’orchestre est impressionnant. Cordes et flûtes nous plongent au sein d’un univers atmosphérique qui fluctue constamment, mais parfait de maîtrise. Les filles et tout particulièrement Julie observent régulièrement le maestro pour rester en phase avec l’ensemble...
Tout en se concentrant sur les ivoires, Sasha et Julie posent leurs voix en couches successives. Et lorsqu’elles fusionnent, le résultat s’avère aussi beau qu’harmonieux ; mais quand elles montent en puissance, elles entrent alors en duel.
Si Juicy puise ses influences majeures dans la musique urbaine et tout particulièrement le r&b et le hip hop, au cours de ce concert, elles vont se frotter, bien entendu aux références classiques, mais également contemporaines et jazz.
Sasha et Julie vont même goûter à la langue de Voltaire, pour deux morceaux, alors que leur répertoire est interprété dans celle de Shakespeare. Tout d’abord « R’n’b de rue ». Puis l’improbable et décalée « La gigue de la quequette », chanson qui adresse un petit clin d’œil à Jean Sébastien Bach.
Conquis, le public a savouré ce moment de bonheur. Mais surtout, Juicy a gagné son pari. Le duo remettra le couvert à l’Ancienne Belgique, en février 2022.
Juicy Orchestra + Wayi
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(Organisation : Le Botanique)