Bien que le festival n’ait pas atteint le sold out cette année, il n’en est pas loin. Ce sont en effet 140.000 spectateurs qui se sont pressés sur la Plaine de la Machine à feu, soit 35.000 par jour, juste en-dessous de la capacité maximale du site, limitée à 36.000 personnes.
Et les chiffres de fréquentation n’étaient pas la seule raison de se réjouir des organisateurs qui, du coup, affichaient un large sourire lors de la conférence de presse. Et en parlant de presse, la couverture du festival a été très importante, vu la présence de 850 journalistes dont 500 Belges, 200 Français, 50 Néerlandais et 40 Britanniques. Mais aussi quelques Australiens, Canadiens, Suisses, Tchèques, Allemands, Estoniens, Espagnols, Grecs, Grand-ducaux, Polonais, Réunionnais et Etasuniens.
Le dimanche est généralement le jour du festival au cours duquel l’affiche est la plus alléchante. Ce qui explique la présence d’un plus grand nombre de spectateurs. Enfin, c’était le cas lors des éditions antérieures. Mais cette année la règle a changé ; il faut d’ailleurs bien avouer que la programmation était bien plus intéressante, le jeudi, vendredi et samedi…
Et en évoquant les éditions précédentes, revenons-en à la troisième. Celle qui s’est déroulée en 1991. En pleine explosion du rock alternatif. A cette époque l’affiche réunissait quasi-exclusivement de groupes belges et français issus de ce mouvement ; et en particulier les artistes issus du label ‘Boucherie productions’. Les Wampas s’y produisaient. Et 20 ans plus tard, ils sont de retour à Dour. Leur recette n’a pas changé. Didier Wampas chante toujours aussi faux. Il se démène comme une rock star. Se mêle régulièrement à la foule, allant jusqu’à embrasser des spectateurs pendant de longues minutes. Mais la recette fait mouche. Leur discographie est passée en revue : depuis leur elpee paru en 1993, « Les Wampas vous aime » jusqu’au dernier opus, « Les Wampas sont la preuve que Dieu existe », sans oublier leur single provocateur « Universal » (NDR : provocateur, vu que le combo vient de signer chez la major). Le public passe un bon moment, le show des Wampas se prêtant idéalement à l’ambiance d’un festival. Mais il y a des groupes bien plus novateurs à Dour, ce dimanche ; et notamment The Horrors.
Lors de leur dernier passage à Dour, The Horrors était considéré comme l’un des hypes du moment. Faut dire que le NME avait une nouvelle fois mis la gomme. Enluminée d’une déco aussi kitsch qu’inutile, leur prestation n’était même pas digne d’un film de série B. Une grosse daube, quoi ! Heureusement le band a fait d’énormes progrès et l’a prouvé sur le podium du Club circuit-Marquee. Devant un public moins dense, mais plus attentif que celui des Wampas, les Londoniens vont nous dispenser une pop, certes largement inspirée des 80’s (NDR : pensez à Joy Division et Echo and the Bunnymen) ; mais exempte de revivalisme, comme certains ensembles contemporains ont trop tendance à abuser. Faris Badwan, le chanteur, n’a plus besoin de se maquiller, ni de grimacer outrancièrement. Il manifeste un véritable charisme, digne de Bobbie Gillepsie voire du défunt Ian Curtis. A mon humble avis, les prochains épisodes de The Horrors risquent de devenir fort intéressants. Une bonne raison pour suivre leur carrière de très près.
Autre groupe qui monte : Caribou. Comme son patronyme le suggère, il est issu d’Amérique du Nord. Du Canada très exactement. Paru en 2007, « Andorra », avait été plébiscité par plusieurs rédacteurs de Musiczine (dont votre serviteur) comme un des meilleurs albums de cet exercice. Et sur scène, la bande à Dan Snaith confirme tout le bien qu’on pensait d’elle. Un kaléidoscope hypnotique est projeté sur un écran derrière le groupe, histoire de mieux nous plonger dans leur univers psychédélique. Deux batteurs sont placés face-à-face en avant-plan de la scène. Pas très habituel comme disposition. Leur musique évolue quelque part entre celle de Tortoise et d’Ozric Tentacles. Et à l’écoute de morceaux comme « Yeti » ou « Sandy », on est au bord de l’envoûtement. Car si leur style est plutôt singulier, le band possède un don pour flatter l’oreille. Une découverte, assurément !
Le fidèle animateur de Pure FM, Pompon, s’est multiplié tout au long de cette édition du festival, passant d’une scène à l’autre, pour introduire et présenter bon nombre de groupes. ‘Bon, ben le festival touche à sa fin’, déclare-t-il depuis le Club circuit Marquee. Il est alors 23h, ‘Et profitez-en, car c’est le dernier concert vraiment rock de ce festival’. Car lors de cette édition 2009, passé minuit voire 1h du mat’, il n’y a plus de concert rock. Place alors aux clubbers et amateurs d’éclectro qui prennent alors le relais de la programmation. Une bonne raison pour profiter de la prestation du dernier combo purement rock’n’roll qui foule les planches à Dour. En l’occurrence Boss Hog. A la tête de ce groupe on retrouve l’inusable Jon Spencer (NDR : c’est un habitué du festival, même s’il s’y est souvent illustré en compagnie de groupes différents) et la sulfureuse Cristina Martinez. La mise en route est laborieuse. Mais lorsque Christina se lâche, le show commence à s’enflammer. A charge de Jon de la suivre dans ses délires. Le service technique a du boulot et doit régulièrement intervenir pour rebrancher micros et amplis. Lors de leur show, ils vont nous dispenser une remarquable version de leur single « Whiteout », digne du « Mean machine » des Cramps. Fortement typée ‘Rock garage’, l’audience est ravie. On se serait presque cru revenu à l’époque de Fonzie dans la série « Happy days ».
Un petit crochet par la Magic tent cependant s’impose. Elle est ultra-bondée. Il y a même des spectateurs agglutinés une bonne dizaine de mètres à l’extérieur du chapiteau. Soldout est l’objet de cette affluence. Il mérite donc bien son nom ! Le duo bruxellois est à l’affiche de plusieurs festivals, cet été. Et y rencontre un large succès, à chaque fois. Et vu leur évolution scénique acquise au fil des années, il faut reconnaître que ce succès est mérité. Longue vie à Soldout !
Il est minuit et le festival touche déjà à sa fin pour votre serviteur. Comme précisé ci-dessus, plus aucun concert rock n’est à se mettre sous la dent (NDR ou plus exactement dans le tuyau de l’oreille). Néanmoins, par conscience professionnelle, je décide d’aller assister au set d’une des têtes d’affiche de ce festival. Elle se produit sur la grande scène : Aphex Twin (+ Hecker). Incontestablement, vu le peuple entassé devant la Last Arena, elle atteint le record incontesté de popularité. L’affiche a été dévoilée très progressivement et plus tardivement que lors des précédentes éditions. Mais la participation d’Aphex Twin a été annoncée très tôt. De quoi réjouir les fans d’électro. C’est que Richard David James (de son vrai nom) possède déjà un long parcours derrière lui. A 20 ans à peine, il cofondait le label Rephlex Records, et rencontrait la reconnaissance internationale en éditant « ...I Care Because You Do ». C’était en 1995. Et décrochait un énorme hit en concoctant le single « Windowlicker ». En 99. Depuis, il n’était plus vraiment sur le devant de la scène électro, mais prenait un malin plaisir à brouiller les pistes, changeant tantôt de label ou de même de nom. En ce dimanche, il en a remis une couche. Il a recours à un son surround et sa techno est revisitée voire complexifiée. Ce qui n’empêche pas les basses et les changements brusques de rythmes de faire vibrer la foule. Et en ce qui me concerne, de parvenir à me maintenir éveillé encore quelques instants.
En repassant par le stand presse, j’ai fortuitement eu l’occasion de rencontrer Rigo Pex, du groupe Meneo. De quoi quitter le festival sur une bonne note. Il m’explique son parcours surchargé en festivals qui le conduit d’Amérique du Sud à l’Espagne. Il me décrit sa musique électro comme étant inspirée des bons vieux jeux vidéo bien vintage. Intriguant… Mais mon interlocuteur ne se produit qu’à 3h30. Il m’interroge d’ailleurs sur la nature du public encore présent à ce moment-là. Mais à cette heure, je suis HS. Il faudra donc reporter la vision de ce show fort prometteur à une autre fois. Car pour être capable de suivre un maximum de groupes, parmi les 200 programmés, étalés sur 4 jours, de midi à 5 heures du mat’, il serait peut-être judicieux de prévoir l’an prochain deux rédacteurs, dont un spécialiste de l’électro, vu l’importance croissante que prend ce style. Un appel du pied est adressé à la cellule presse de Dour…
(voir aussi notre rubrique photos)