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Philippe Blackmarquis

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samedi, 24 août 2013 03:00

Rock en Seine 2013 : samedi 24 septembre

Pour sa 11ème édition, le festival Rock en Seine proposait une affiche variée de quelque 56 groupes ou artistes, dont plus de la moitié venaient présenter un premier Ep ou album. A l’instar des années précédentes, il investit le vaste domaine de Saint-Cloud, au sud-ouest de Paris. En constante progression depuis sa création, le festival a, une fois de plus, battu son record de fréquentation, alignant deux jours à guichets fermés (vendredi et samedi), soit 40 000 personnes à chaque fois, plus de 38 000 personnes le dimanche, soit un nombre total de 118 000 visiteurs. A l'affiche du samedi, une belle brochette de formations confirmées (Phoenix, Vitalic et surtout Nine Inch Nails, dont c'est le grand retour), mais également quelques unes très prometteuses, qui opèrent leurs quasi-débuts dans un festival de cette envergure.

C'est le cas pour le premier combo auquel nous nous sommes intéressés, In the Valley Below. Ce duo américain, réunissant Angela Gail et Jeffrey Jacob, doit son nom à une chanson de Bob Dylan ("One More Cup of Coffee") et ne compte à son actif qu'un Ep et un single. Mais il manifeste déjà une belle maîtrise. Il pratique une ‘dream pop’ psychédélique, un peu mélancolique, comparable à celle de The Beach House. Sur le podium ‘Pression’, une petite scène 'découverte' lovée à flanc de colline, le couple va séduire un public venu déjà nombreux à quatre heures de l'après-midi. C'est bien entendu la belle Angela qui attire les regards. Dans sa robe en dentelle, couleur blanc cassé, elle remue tout en douceur et grâce ; et sa voix un peu grave fascine. Elle et Jeffrey Jacob se partagent les parties vocales. Et son attitude vis-à-vis de son compagnon est plutôt aguichante. Elle le caresse ainsi sensuellement dans le cou. Après un premier inédit, "Stand Up", très convaincant, la setlist fait la part belle à l’Ep "Hymnal", notamment à "Palm Tree Fire" mais surtout "Last Soul", ma chanson préférée, une petite merveille acidulée, qui évoque bien sûr The Beach House, mais aussi Bat For Lashes, Ladyhawke, voire même Cock Robin. Le son est un peu déséquilibré. Les basses synthés de Jeremy Grant et la batterie de Joshua Clair accaparent trop l'espace sonore, au détriment des très belles harmonies vocales. Pour "Devil", un autre nouveau titre, Angela se fait diabolique, utilisant des chaînes comme élément de percussion. ‘C'est notre premier show en France’, précise-t-elle ensuite, avant d'entamer le très beau "Lover". Puis, place à la chanson la plus connue, "Peaches" ; et le public, assez passif jusqu'alors, se met à taper dans les mains et chanter le refrain. La setlist se referme par un dernier inédit, "Neverminders" et la formation se retire. Un concert en tous points prometteur, qui laisse augurer un premier album de très grande qualité. Je suis devenu fan! Ne les ratez pas en première partie des White Lies fin novembre à l'AB!

Regardez ici l'interprétation de "Peaches": http://youtu.be/nWJ4qOCBkJA

(Setlist: Stand Up, Last Soul, Palm Tree Fire, Devil, Lover, Dove, Peaches, Neverminders.)

Plus tard, sur la ‘Cascade’, la 2ème plus grande scène du festival, située au centre du domaine, c'est l'effervescence car c’est un ensemble français qui va s’y produire : La Femme. Ce combo créé au départ à Biarritz cultive le mystère. Ses membres sont à peine âgés de 20 ans, mais ils ont déjà écumé les salles et publié un 1er album, "Psycho Tropical Berlin". Ils se présentent comme une bande de six potes, juste là pour le plaisir de jouer... et pour boire des bières! Leur expression sonore est le fruit d’un mélange de surf/punk et de pop électro à la française. On pense à Indochine, Taxi Girl, Jacno, Lescop, Daho ou Marie Et Les Garçons, mais en plus déjanté, en plus festif. Live, on est frappés par les trois claviers Nord qui sont alignés au devant de l’estrade. Le leader de la formation, Marlon Magnée, est un chanteur à belle gueule et un excellent claviériste, qui déborde d'énergie. A ses côtés, Clémence Quelennec, également aux voix et aux claviers, apparait comme ‘La Femme’ typiquement française et très attachante. Coiffée d’un petit béret, elle dessine des déhanchements façon 'Twist à Saint-Tropez". Le concert démarre sur les chapeaux de roues par "Amour Dans le Motu" et "Packshot". Chez La Femme, pas d'ordis, pas de séquenceurs : tout est en direct. Même les basses super rapides à l'octave sont réalisées aux synthés par Sam Lefèvre. Dans "Nous Etions Deux", le second single du combo, le rythme est plus lent et on a droit à un slow archétypique, voire même kitsch. Magnée n'hésite pas à fourguer un son d'orgue de foire : ça marche ! Leur morceau éponyme, "La Femme", évoque la musique de Pulp Fiction et le public danse avec délectation. Sacha Got, multi-instrumentiste de talent, exécute ensuite une démonstration au thérémine (NDR : créé en 1919 par le Russe Léon Theremine, cet instrument étrange est constitué d'une antenne verticale). Dans le morceau "Sur La Planche", il démontre également son aptitude au... surf en surfant sur une planche au sein du public : un stage-diving original! Au final, un concert plein d'une saine énergie, un peu fourre-tout mais ce n'est pas grave : on a passé un excellent moment!

(Setlist (tbc): Amour dans le motu, Packshot, Nous étions deux, La Femme, Françoise, Hypsoline, Sur la planche, Télégraphe, Antitaxi, La cabane perchée, Welcome America, La femme ressort.)

Juste à côté, sur le podium ‘Industrie’, c'est un projet belge qui prend le relais : Kid Noize. Son membre principal entretient un mystère à la Daft Punk en apparaissant toujours masqué, tel un primate, échappé de la ‘Planète des Singes’. Mais les mélomanes perspicaces savent très bien qu'il s'agit du leader d'une formation pop-rock belge bien connue... Je n'en dirai pas plus... A ce jour, il ne compte à son actif que quelques mixtapes, des prestations remarquées et un Ep. Energique, son électro véhicule des accents dub. Son set est très dépouillé à la lumière du jour : juste le personnage et ses machines. Dommage qu’il ne soit pas soutenu par un show ou la projection de vidéos, car après quelques tracks, l'attention finit par retomber. Heureusement, la reprise d’"Eisbaer", en milieu de parcours, restitue un peu de punch à l'ensemble. En tout cas, pour les fans d'électro, massés devant la scène, ce sera un réel succès. En attendant Vitalic…

Plutôt que d'aller voir Wavves, nous décidons de camper au plus tôt devant la grande scène, dont Nine Inch Nails doit prendre possession à 20h40. Nine Inch Nails à Saint-Cloud, ça ne s'invente pas... (nail = clou) Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, NIN (ou NIИ) est un groupe légendaire, crée en 1988, dont Trent Reznor est le leader et seul membre permanent. C’est un des pionniers du rock ‘industriel’ (tout comme Ministry) ; mais au fil des années, sa palette musicale s'est étendue pour inclure électro-rock, ambient, trance et synth-pop. En 2009, après avoir gravé 8 albums studio et vendu au total 30 millions de disques, Reznor a décidé de s’accorder une pause pour se consacrer à un nouveau projet en compagnie de sa femme, How To Destroy Angels. Il a coécrit des musiques de films, ce qui lui a valu de décrocher un Oscar, excusez du peu. Mais, en février dernier, à la surprise générale, Reznor ressuscite NIN et annonce rien moins qu'une tournée mondiale et un nouvel album, « Hesitation Marks », dont la sortie est prévue pour le 2 septembre.

Vu la réputation de ‘killer live act’ établie par Nine Inch Nails, les très nombreux fans rassemblés devant la grande scène manifestent leur impatience. Heureusement, il ne pleut pas et il fait déjà assez sombre, ce qui permettra de mettre en valeur le light show. C'est que Monsieur Reznor ne fait pas les choses à moitié : il a emmené sept énormes écrans LED amovibles, qui sont disposés à l'arrière du podium. Quand retentit l'intro de "Somewhat Damaged" dans un vacarme indescriptible, on découvre une toute nouvelle formation sur les planches. Reznor a recruté le bon vieux compère Robin Finck (guitare), Josh Eustis de Telefon Tel Aviv (basse), Alessandro Cortini (claviers) et Ilan Rubin (batterie). Le choix de cet 'opener' vient à propos : plutôt que d'ouvrir par "Copy of A", comme pour d'autres dates de la tournée, Reznor décide de frapper fort dès le début. Pas de chipotage électro, c'est d'emblée le coup de poing dans la gueule. ‘Too fucked up to care anymore!’, éructe Reznor sous un déluge de guitares saturées. On ne peut être plus clair. NIN est de retour et ça va chier!

Après "The Beginning of the End", le band embraie par un "Terrible Lie" lourd et violent. Reznor a l'air en pleine forme et plus énergique que jamais. Pendant "March of the Pigs", le public se lance dans un pogo d'enfer et quelques intrépides se font porter par la foule. Après "Piggy", le spectacle connait une très courte pause et l'énorme classique "Closer" entame la seconde partie, plus sophistiquée, du concert. C'est maintenant que les meilleurs effets lumineux de haute technicité se déploient sur les écrans LED. L'ambiance se calme de plus en plus et en particulier pour "Me, I'm Not" et surtout "Find My Way", le seul extrait du nouvel opus dans la setlist. On passe même à de l'ambient, lorsqu’est abordé "What If We Could?", un extrait de la bande originale de "The Girl With The Dragon Tatoo", suivi du très beau "The Way Out Is Through". Mais le final explosif de ce passage du double elpee culte "Fragile", marque la fin de la partie paisible et on repart plein pot dès "Wish", qui est une tuerie totale (http://youtu.be/luQWjWEKR5c). Les écrans LED répandent des éclairs de lumière éblouissants et toute la plaine de Saint-Cloud explose littéralement sous les hurlements de Trent Reznor.

Moment très rare, à la fin de cette chanson, il remercie le public et les organisateurs : ‘It's nice to be with cool and civilized people’. On ne sait si la pique indirecte est adressée au public du Pukkelpop en Belgique (les fans d'Eminem avaient gâché le concert de NIN) ou aux organisateurs du festival de Reading (qui ont empêché NIN d'utiliser son propre light show). Ce light show fait d'ailleurs merveille sur "Only". Les images pixelisées suivent Reznor en fonction de ses déplacements sur scène. Une technologie signée Moment Factory. La suite, on la connaît : comme d’hab’, NIN termine ses prestations par les hits absolus que sont "The Hand That Feeds" et "Head Like A Hole" (http://youtu.be/nrdNz_jwbms).

L'ambiance atteint son paroxysme lorsque Reznor demande au public de taper dans les mains et qu'un océan de bras se tend devant lui. Un final impressionnant ! Après quelques minutes, NIN revient pour une interprétation inédite, très belle du chef-d’œuvre "Hurt", soutenue par une magnifique vidéo très 'organique'. On n’entend même pas une mouche voler quand Reznor murmure doucement les paroles, déchirantes... ‘I hurt myself today...’ Revivez ce moment magique ici 

Un concert amplement réussi. Un nombre impressionnant de fans dans l’auditoire ont pu communier avec ce groupe hors du commun, que l'on est heureux de revoir comme un vieil ami. Une setlist presque parfaite, un best of imparable, dans lequel manquaient quand même un ou deux nouveaux morceaux ("Copy of A" et "Came Back Haunted"), pour éviter ce petit sentiment de nostalgie. On attend impatiemment l'album et une tournée comme tête d'affiche en 2014…

(Setlist: Somewhat Damaged, The Beginning Of The End, Terrible Lie, 1.000.000, March of the Pigs, Piggy, Closer, Gave Up, Help Me I'm In Hell, Me I'm Not, Find M Way, What If We Could?, The Way Out Is Through, Wish, Only, The Hand That Feeds, Head Like A Hole. Encore: Hurt.)

Après un tel orgasme sonore, nous nous sommes retirés quelque temps dans l'espace VIP pour nous reposer un peu et suivre sur les écrans la prestation de Pascal Arbez, alias Vitalic. Rien de bien particulier à signaler, sinon une succession bien rôdée de hits électro, soutenus par un light show gigantesque, pour le plus grand plaisir des nombreux 'electroheads' qui ont transformé la ‘Cascade’ en énorme nightclub. Au passage, on reconnaît les classiques "La Rock 01", "Terminateur Benelux" et "My Friend Dario". Ils alternent, plus ou moins judicieusement, avec des extraits de la dernière plaque du Dijonnais : "La Mort sur le dancefloor", "No Fun", "Rave Kids Go" et "Stamina".

Sur la grande scène, c'est Phoenix qui a la lourde tâche de succéder à Nine Inch Nails. Bien sûr, la formation versaillaise emmenée par Thomas Mars (le mari de Sophia Coppola) joue ‘à la maison’ et c'est donc devant un public conquis d'avance que se déroule ce concert, dans l'ensemble très réussi. Pour ceux que la voix nasillarde de Bruno Mars dérange, comme votre serviteur, cette expérience sera plus difficile à supporter ; mais les allers-retours entre le site principal et le bar VIP ont eu l'heur d'adoucir l’épreuve. Musicalement, Phoenix pratique une pop assez sophistiquée, combinant rythmiques compressées, guitares vintage, synthés glacés et cadences funk. Les fans se sont régalés à l’écoute de la succession de hits comme "Entertainment", qui évoque beaucoup M83, un autre projet hexagonal d'envergure mondiale, "Lasso", "Lisztomania” ou “Run run run”. Pendant la reprise finale de "Entertainment", Bruno Mars entreprend de surfer sur la foule jusqu'à la régie et de grimper sur l'échafaudage pour remercier ses aficionados. Une cascade qui apparait comme déplacée car Mars n'a ni le charisme ni l'énergie communicatrice d'un Bono! Enfin, à chaque génération ses héros...

Epuisés par cette longue soirée, nous n'avons plus le courage d’accomplir le très long déplacement à pied nécessaire pour assister au concert, très attendu, de Fauve. Il faut dire qu'ils sont programmés sur la petite scène ‘Pression’ à flanc de colline et je n'ose imaginer la cohue qui a dû se presser dans cet espace confiné afin de voir ces petits génies du 'slam' à la française. En plus, la pluie a décidé de faire son apparition et de voler la vedette au ... Blizzard... Une prochaine fois, certainement!

En conclusion, un excellent festival, très bien organisé, que nous recommandons chaudement. Seule ombre au tableau, les files interminables aux bars à houblon, qui ne servaient même pas de bière belge. Une lacune à combler l'année prochaine!

Nine Inch Nails + Phoenix + Vitalic + La Femme + Kid Noize + In The Valley Below

Organisation: Rock-en-Seine
Presse: agence Ephélide

 

mercredi, 07 août 2013 19:54

Totally cold

Le 16 septembre prochain, Lebanon Hanover, une des formations les plus en vue pour l’instant sur la scène cold-wave/minimal wave, accordera un concert exclusif à Bruxelles sur la Péniche Fulmar 1913. Elle viendra présenter son nouvel opus, le troisième, intitulé "Tomb For Two", à paraître en septembre chez Fabrika Records.

Composé d'un couple : Larissa Iceglass, originaire de Suisse, au chant, aux guitares et aux synthés et William Maybelline, d'Angleterre, au chant, à la basse et aux synthés, Lebanon Hanover propose une musique froide, dominée par des voix sombres, hantée par une basse lugubre et déchiquetée par des guitares acérées. Une sorte de pop synthétique apocalyptique, qui rappelle Siouxsie & The Banshees, The Cure, Bauhaus voire Xmal Deutschland.

Au cours d'une interview réalisée en avril dernier à Gand lors du REWIND festival, Larissa et William ont confié avoir choisi le patronyme de leur groupe en référence à un endroit sis dans le Vermont, en Amérique du Nord. "C'est un coin très esthétique. Nous ne voulions pas une appellation du style ‘The Something’, donc nous avons opté pour ce nom, car il ne sonnait comme aucun autre". Il reflète également la dualité anglais-allemand qui est le fondement tant du couple que de la formation.

Pour produire leurs disques, le couple adopte une démarche très DIY, Do It Yourself, très ‘minimale’. "Les sentiments sont plus importants que la production", souligne Larissa. "C'est pourquoi j'aime la musique des années 40, 50, 60 et 70. Elle recèle tellement de chaleur. Après 80, ce n'est plus intéressant pour moi. Il y a trop de fréquences aiguës, difficiles à supporter. Mes oreilles sont habituées à la musique ancienne."

On l'a compris, Larissa et William ne sont pas comme les autres. Ils ne recherchent en aucun cas la célébrité. Il m'a d'ailleurs fallu pas mal de temps, et une première tentative (manquée) à Amsterdam avant de les convaincre d’accorder une interview. C'est qu'ils attribuent une importance primordiale à leur authenticité. "Le plus important au sein de notre groupe, c’est d'exprimer notre point de vue par rapport au monde actuel", poursuit Larissa. "Nous sommes plongés au sein d’un monde très rapide et très dangereux. En fait, notre manière de vivre est différente de celles des autres. Nous n'avons pas de job, ce qui nous donne beaucoup de temps pour penser et écrire. C'est bien de prendre le temps de s'arrêter et de profiter de la vie."

Le couple partage son emploi du temps entre l'Allemagne (Bochum) et l'Angleterre (Newcastle). William préfère l'Allemagne à l'Angleterre, car la population est plus tolérante. "A Newcastle, les gens vous insultent parce que vous êtes vêtus de noir. Ils éloignent même les enfants de nous! (rires). Comme si on était satanistes ou quelque chose comme ça. En Allemagne, c'est différent, vous êtes juste un ‘Grufti’ comme tant d'autres..."

Organisation: Mad About Music
Première partie: Luminance (Belgique, new-wave crossover cold)

Adresse:
PENICHE FULMAR 1913
22 Quai des Péniches 1000 BRUSSELS

Tickets:
€8 en prévente (ELEKTROCUTION Record Shop, 37 Rue des Pierres - 1000 Bruxelles) ou 10€ at the doors

Lien: https://www.facebook.com/events/179654118878431/

 

jeudi, 21 octobre 2021 16:49

_ever Alive : A Tribute to Snowy Red

Cet album est une bombe atomique. Et ce n'est pas juste pour raconter une plaisanterie qui se réfère au hit « Euroshima »... Conçu comme un hommage à Snowy Red, le groupe belge légendaire des années 80 mené par Micky Mike (NDR : disparu trop tôt, en 2009), il est beaucoup plus qu'un simple album hommage. Il s'agit même d’une anthologie de la meilleure musique 'minimal wave'... du XXIème siècle! Pourquoi? Parce que Michael Thiel, alias Weyrd Son, le fils de Micky Mike (NDR : il publie cet album à travers son nouveau label, Weyrd Son Records), a choisi des jeunes artistes à travers le monde entier, pour interpréter les chansons de son père. Aucune trace ici de vétérans issus des 80’s qui auraient pu revendiquer le droit de proposer leurs versions. Au contraire, figurent ici une incroyable sélection de petits groupes alternatifs prometteurs, qui ont accepté avec enthousiasme de participer à ce projet unique. Le titre de l'album, "_ever Alive" l'explique clairement : il s'agit du morceau de Snowy Red, "Never Alive", qui a été adapté pour montrer que cette nouvelle génération est bien vivante aujourd'hui.

Nous avons eu l'occasion d'écouter les chansons quelques jours avant la sortie réelle de ce double album et nous avons été surpris par sa qualité globale. Les 17 titres sont en général assez fidèles aux chansons d'origine, mais à chaque fois, on reconnait parfaitement le style des interprètes. C'est surprenant mais en même temps, logique : la musique new-wave de Snowy Red, caractérisée par ses synthés minimaux, son chant répétitif et ses atmosphères industrielles hypnotiques, a inspiré la plupart des formations présentes sur cette compilation.

Pour acheter le double album :

            sur BigCartel : http://weyrdsonrecords.bigcartel.com/product/_ever-alive-a-tribute-to-snowy-red

            sur Bandcamp : http://weyrdsonrecords.bandcamp.com/

Examinons chaque piste une à une :

L'album commence par un court extrait de la mouture originale du « Never Alive » de Snowy Red ; mais soudainement, le son est déformé et cède le relais à la version de Bestial Mouths. La formation de Los Angeles, réunissant Lynette Cerezo et Christopher Myrick, a mis son empreinte synth-punk sur la chanson et le résultat est progressif, apocalyptique et très 'witchy'.

// TENSE // est un autre combo américain, originaire de Houston. Il a malheureusement splitté, il y a quelques mois. Shari Mari a décidé de tenter une nouvelle aventure, à travers BOAN. Sur cette plage, Robert Lane communique une couleur EBM, très 'Suicide', à « Deep Desire », grâce aux effets opérés sur la voix et à l'atmosphère chaude et humide baignant cette piste. Sa marque de fabrique !

Restons aux Etats-Unis auprès de Strange Powers, le projet de Josh Powers. Originaire de Denver, Powers tisse une toile macabre pour envelopper « Sinkin 'Down » et le résultat emprunte une coloration très 'dark'!

Scorpion Violente adapte le plus grand hit de Snowy Red, « Euroshima (Wardance) ». Le son est minimal, un peu crasseux et très sexuel. Un rituel pour cette formation synth-punk issu de Metz, en France. On se croirait dans une boite SM, à l’écoute de trance psychédélique : un grand moment!

La seconde face du premier disque s’ouvre dans un climat totalement différent. Cold-wave, éthéré et romantique. La chanteuse italienne Valentina Mushy y attaque « Baby Tonight » et on a vraiment l'impression que la compo est issue de son répertoire. Joli!

Violet Tremors est un autre duo qui s’est malheureusement séparé, voici peu. Leur enregistrement de « It's So Good » est incroyable. Sonorités de synthé vintage, beat puissant et voix féminines dominatrices : Jessica White et Lorene Simpson ont un feeling très sensuel et on le ressent !

Place ensuite à la version du « Nowhere » par Mirror Mirror, un duo new-yorkais composé de David Riley et Ryan Lucero. Elle est très proche de l'originale et c'est une tuerie pour le dancefloor. Regardez la vidéo là 

Adapté par Meddicine, « The Long Run » marque une rupture complète. Cette artiste anglaise est en effet spécialisée dans les musiques fracturées pop-noise et les paysages sonores industriels. Alimentée par de vieux sons de synthé et entretenue par sa voix envoûtante et mystérieuse, l'atmosphère est lancinante. Un morceau très expérimental, mais passionnant!

Signé Micky Mike, Carol et Boubou, « Breakdown » est devenu un énorme hit new-beat pour Snowy Red. Il est repris par Nové Mura, le projet solo de Lawrence Pearce. Installé à Los Angeles, ce musicien a également joué chez // TENSE //. Caractérisé par son beat puissant et son énorme riff de basse, cette version est solide. Jessy Champagne (Jewels of the Nile) se charge des backing vocals féminins. Pour info, elle vient de créer un nouveau projet en compagnie de l’ex-// TENSE //, Robert Lane.

La deuxième plaque débute par une cover d’« Euroshima (Wardance) » signée Revelator, le projet solo de Ben Chisholm, le partenaire de Chelsea Wolfe. Par rapport à celle de Scorpion Violente, le morceau est plus ambient, orienté electronica ; et les sonorités sont chatoyantes. Freddy Ruppert (Former Ghosts) se charge des vocaux. Regardez la vidéo de cette chanson ici 

La relecture de « Lies In Your Eyes » par Animal Bodies est un hit potentiel ! Le rythme ensorcèle instantanément grâce à une ligne de basse séquencée et un beat très accrocheur. L’empreinte du groupe canadien (Vancouver) procède de ses riffs de guitare stridents et des vocaux imposants. Perso, il s’agit clairement de la meilleure plage de l'opus. Écoutez-la sur Bandcamp

Newclear Waves, c’est le projet d'Alessandro Adriani (Mannequin Records). Il nous réserve une version technoïde et hypnotique de « Blood Blood Blood ». Quasi enfantine, la petite mélodie est issue de la plume de Micky Mike. Elle est ici exécutée sur un ton beaucoup plus bas, de manière à procurer une sensation complètement différente, plus menaçante, plus énigmatique.

Curieusement, Safyée, aka Alice Thiel, la fille de Micky Mike, est la seule artiste belge qui participe à ce ‘tribute’. Il s’agit, en outre, de la première sortie officielle de Safyée, également impliquée chez Simi Nah. Pour cette cover, elle est soutenue par Scuzzy, musicien et producteur au sein de Simi Nah. Une affaire de famille ! Et le résultat libère une fameuse dose d’énergie. Le son est énorme et concède des accents EBM, alors que Safyée démontre tout son talent de vocaliste… 

Combo new-yorkais, Led Er Est est un des fers de lance de la scène minimal wave. Il affronte la première plage de la face quatre. Lumineuse, leur pop colle parfaitement à « A Picture ». Tous les ingrédients inhérents au combo étasunien sont bien présents : boîtes à rythmes vintage et voix languissante de Samuel kK, proche de Robert Smith.

Bright Future nous livre une version différente de « Breakdown ». Etabli à Brooklyn, ce combo est drivé par le chanteur/guitariste/producteur Frank Midnite. Midnite a ralenti le rythme et a transformé le hit new-beat en une bande-son très lo-fi, filmique, parsemée d'échantillons et d'extraits sonores. Étrange mais intéressant...

Marburg est un des concepts imaginé par un collectif artistique résidant en Pologne, Ebola Collective. Il revendique une éthique DIY (Do It Yourself), et cette vision est flagrante tout au long de cette version, très expérimentale, de « Nowhere », sur laquelle plane des voix qui font penser à des enfants en colère. Regardez la vidéo de cette chanson ici 

L'album se referme joliment par une longue reprise (plus de 7 minutes) de « So Low ». S’y colle, la formation californienne (Los Angeles) Deathday, un ensemble dirigé par les frangins Alex et Giovanni Guillén. La piste trempe dans une atmosphère 100% psyché/shoegaze et la voix est carrément ‘floydienne’. A mi-parcours, la compo monte en crescendo, et atteint son paroxysme noisy, en bout de course. De toute beauté!

Notons que l'album est habillé d’une très belle pochette noire. La photo est signée par l'artiste new-yorkaise Betsy VanLangen. L'album est disponible en version vinyle uniquement : 2x12" (180gr) gris / édition limitée à 500 exemplaires numérotés à la main. Les 125 premiers exemplaires sont enrichis d’un poster. Mastering réalisé par Scuzzy (Simi Nah) à l'AtOMiC Studio à Ostende, en Belgique. 

En un mot: un très beau double opus, et un véritable 'must-have' pour tous les amoureux de la new-wave et de la minimal wave.

 

Mathieu Peudupin, alias Lescop, est issu de Châteauroux, en France. C’est au cœur de l’Indre, dans le Centre. Avant d’embrasser une carrière individuelle, il a milité chez Asyl. Comme chanteur. Ce 6 mai 2013, il se produisait dans le cadre des Nuits Botanique. Nous l’avons interviewé, à l’issue de son concert. Dans sa loge. Autour d’un verre de whisky, en compagnie de mes amis Vincent et Valéria, qui m'ont présenté à l'artiste. Il est détendu et souriant…

« Je suis alternatif, mais pas confidentiel », nous confie d'emblée Lescop en répondant aux critiques sur son côté pop mainstream. « Je n'aime pas trop le côté élitiste de certains artistes qui gravitent dans l’univers de la musique underground. Si j'ai finalement écouté les grands groupes alternatifs comme Einstürzende Neubauten ou Joy Division, c'est parce que j'avais découvert Depeche Mode, New Order ou même Indochine à la TV. Ces formations se sont fondues dans une culture populaire qui proposait des filtres pour entraîner les gens à emprunter une autre voie. » Ce pari, rendre populaire une musique plus alternative, Lescop est clairement occupé à le gagner. Sa ‘pop wave’ minimale, qu’il chante dans la langue de Molière, évolue quelque part entre Daho, Taxi Girl, Indochine et Joy Division. Teintée d'éléments 'dark', elle rencontre un beau succès, notamment grâce au hit lumineux ‘La Forêt’, qui a révélé au grand public un artiste talentueux et réservé.

La musique de Lescop est particulièrement influencée par le cinéma, surtout à travers les réalisateurs Jean-Pierre Melville, Fassbinder et Schlöndorff. Le titre ‘La Nuit Américaine’ en est une preuve évidente, même si Lescop nous assure qu'il n'avait pas encore vu le long métrage de Truffaut, quand il l'a écrite. Etonnant! « En fait, je l'ai composée après avoir regardé 'Gilda', qui met en scène Rita Hayworth. J'avais des images de ce film dans la tête. J'aime bien ce vieux cinéma américain en noir et blanc ; son côté un peu emprunté. C’est un peu comparable à mon approche de la chanson. Mes paroles, par exemple, ont l'air d'être simples, mais en fait elles ne le sont pas. Elles sont légèrement décalées, un peu étranges. Je les aborde quelque part dans l’esprit d’un Jean-Pierre Léaud, le comédien de Truffaut : il jouait faux mais en même temps, c'était juste, car il causait volontairement un décalage. De manière à susciter l'attention du public. J'essaie aussi de créer une tension, une ambiguïté qui invite à tendre l'oreille. »

Dans son processus de composition, Lescop prend comme point de départ une phrase ou une 'punchline' un peu mystérieuse et ensuite la développe. « D'abord, je saisis une phrase un peu bizarre, puis je bâtis une histoire autour, et quand je l’ai terminée, je bosse sur la musique. Pour 'La Forêt', par exemple, je disposais de ces quelques mots : 'La Forêt soudain qui frémit, Puis s'installe le silence...' et j'ai construit le texte à partir de cela, au fur et à mesure des rimes. »

Comme il évoque ‘La Forêt’, je ne résiste pas à l'envie de lui poser à nouveau la question concernant la ressemblance, troublante, entre sa chanson et celle de Dernière Volonté, ‘Cran d'Arrêt’. Toutes deux traitent d'une forêt, d'un pistolet et évoquent une ambiance menaçante. Lescop répond qu'avant que je ne lui en parle, en octobre dernier, il ne la connaissait même pas. « En fait, ce sont des influences communes que nous partageons, c'est le fruit d’un imaginaire collectif. Son thème est assez universel : jalouse, une fille tue son bien aimé dans une forêt. Je suis sûr qu'il doit exister des Chinois ou des Africains qui ont imaginé des histoires semblables. »

Au sein du label Pop Noire, Lescop côtoie une autre nouvelle sensation de la scène 'dark', le groupe Savages, emmené par Camille Berthomier aka Jehnny Beth. « Il y a 15 ans que je connais Camille. Elle est dans une période de sa vie où elle a compris un truc ; et son projet est en train de décoller. Elle a beaucoup travaillé. Elle a mis du temps pour y arriver. Quand je l'ai rencontrée, elle était âgée de 13 ans et avait déjà vachement envie de réussir dans la musique. » Lescop n'est d'ailleurs pas peu fier d'avoir contribué à l'éducation musicale de Camille: « C'est moi qui lui a fait écouter Joy Division pour la première fois! », annonce-t-il à notre grand étonnement! Je m'écrie: 'Voilà un scoop!' Un 'Lescoop' ajoute mon ami Vincent, à l’humour typiquement 'darkomique' (les initiés comprendront cette 'private joke')... Lescop rit également car, curieusement, ce calembour ne lui avait jamais été signifié. Il a fallu qu'il vienne en Belgique pour entendre un tel jeu de mots ! 

En poursuivant notre conversation relative à Savages, Lescop nous confie aimer le côté ‘violent’ de leur musique. Parce que la notion d’agressivité est absente. « On peut être violent sans être un trou du c**. J'aime cette violence. Elles l’assument. Rien à voir avec cette paranoïa qui me saoule. La violence, c'est bien ! Ce qui n'est pas bien, c'est cette agressivité manifestée à l’égard d’autrui. Tout ce qui est important est violent. Les musiques importantes sont violentes et ce n'est pas une question de décibels ! Si tu prends l’exemple de Nico, quand tu écoutes "Chelsea Girl", sa musique est douce, mais en même temps, hyper violente ! Tomber amoureux, c'est violent. Faire l'amour, c'est violent. Ce que je dis, ce que je fais, c'est violent. Mes chansons, aussi. Ce sont des lettres d'amour violentes. II faut ressentir ces émotions capables de te flanquer des frissons partout. S'il n'y a plus ça, c'est fini... »

Quand on évoque ses projets, Lescop avoue avoir envie de diversifier ses activités. « Je vais écrire pour d'autres et bosser sur le scénario d’un film. J'ai besoin d'interrompre ce cycle concerts/album/concerts, etc. C'est pas bien, la routine. Le système qui régit la scène musicale a tendance à te robotiser. Je n'ai pas envie d'adopter ce mode de vie professionnel. Il faut conserver une envie, une fraîcheur... »

Au moment où l'interview s’achève, Lescop se lève soudain et propose : « Si on allait boire un coup ? » Tout comme il y a 6 mois, nous l'avons emmené au Café Central, haut lieu bruxellois de la musique alternative, où nous avons savouré un peu trop de délicieuses bières belges jusqu'au bout de la nuit... Parce qu'ici, Leschop, elles sont bonnes... OK, je sors...

Pour écouter l'interview complète en audio sur Youtube, c’est ici 

(Merci à Mathieu, Vincent, Valeria, Cédric et Antoine!)

Organisation du concert: Botanique

Pour lire la chronique du concert de Lescop, accordé dans le cadre de l’édition 2013 des Nuits Botanique, c’est .  

(Photo : Xavier Marquis)

Le monde a découvert Bauhaus en 1982, grâce au clip d'introduction du film culte "Les Prédateurs" ("The Hunger"). Le groupe y interprétait "Bela Lugosi's Dead" derrière un grillage, lors d’une soirée postpunk décadente. Au cours de sa brève carrière, la formation créée en 1978 à Northampton par Peter Murphy, Daniel Ash, Kevin Haskins et David J, a jeté les bases d'un genre musical nouveau, le rock gothique, en combinant le punk et le glam-rock, tout en n’oubliant pas d’y coller un côté théâtral et cinématique sombre inspiré des films de vampires des années 30. Après la séparation du groupe en 83, Peter Murphy a formé un duo éphémère (Dali's Car) en compagnie de Mick Karn, le bassiste de Japan ; mais s’est surtout concentré sur une carrière solo au succès inégal, publiant huit albums consacrés à un éventail de styles musicaux beaucoup plus large. Bauhaus a reformé brièvement le combo. A deux reprises. Tout d’abord, en 1998 pour le besoin d’une tournée. Et puis entre 2005-2006, pour un autre périple, accompli en compagnie, entre autres, de Nine Inch Nails ; mais également pour graver un elpee proposant de nouvelles compositions, "Go Away White".

Les dernières apparitions de Bauhaus en Belgique remontent à 2006. Lors d’un très bon concert accordé à l'Ancienne Belgique, mais également d’une prestation décevante octroyée aux Lokerse Feesten, en raison d’évidentes dissensions qui avaient éclaté entre les musiciens du groupe. C'est donc en affichant un grand intérêt et une grande curiosité que nous attendions ce concert de Peter Murphy, organisé dans le cade d'une tournée d'hommage (Mr Moonlight Tour) destinée à célébrer les 35 ans d'existence de la formation.

Lorsque le chanteur charismatique monte sur l’estrade, il est accompagné de Mark Gemini Thwaite, son fidèle guitariste (ex-The Mission), du bassiste/violoniste Emilio Chine et du batteur Nick Lucero. Vêtu d'une veste bordée de fourrure et d'un pantalon en cuir, il arbore un look 'dark glam' parfaitement de circonstance. Bien sûr, il accuse ses 55 ans, arborant un début de calvitie mais tant au niveau des prestations vocales que dans son attitude, il assure un maximum! La formation entame le set, en douceur, par "King Volcano", une valse quasi-acoustique interprétée dans la pénombre. Elle embraie par "Kingdom's Coming", une compo également dominée par la guitare à douze cordes, évoquant évidemment une des références majeures du chanteur, David Bowie.

Mais ce calme relatif est de courte durée, car place ensuite au rouleau compresseur: "Double Dare". Un morceau caractérisé par son riff de basse saturé carrément metal, rappellant Killing Joke, voire Black Sabbath. La salle de l'Ancienne Belgique n'est pas complètement garnie, mais on sent déjà que la température monte d'un cran. Particulièrement sauvages, les parties vocales de ce brûlot sont exécutées à la perfection par Murphy. Sa maîtrise est étonnante et il accorde une attention permanente au son, donnant régulièrement des instructions aux ingénieurs responsables, sis sur le côté de la scène. Sa manière de faire varier la distance entre le micro et sa bouche, en fonction de la puissance des sons émis par sa voix, est très caractéristique... Et quelle voix ! Un baryton profond qui vous glace le sang dans les basses et explose de puissance dans les aigus. 

Plus tard, « In the Flat Field » constituera, pour le public, la première occasion de manifester son enthousiasme, et on décèle déjà, ça et là, les prémisses des premiers pogos. Murphy va ensuite puiser dans des titres un peu moins connus de Bauhaus pour en tirer des perles comme « God in an Alcove », « Boys » et surtout le magnifique « Silent Hedges ». Après « Too Much 21st Century », le seul titre tiré de l'album réunion « Go Away White », on a droit au second grand hit du groupe : « Kick in the Eye ». La basse quasi funky/disco d'Emilio Chine communique un groove irrésistible au morceau et Murphy se déhanche avec une belle élégance.

Peter nous accorde ensuite sa première composition 'solo', en l’occurrence la très jolie chanson « A Strange Kind of Love », que le chanteur interprète en s’accompagnant à la guitare sèche. La mélodie instrumentale n'est pas exécutée à la trompette comme sur la version studio mais, très belle surprise, par Chine au violon ; et en fin de parcours, Murphy chante un extrait de « Bela Lugosi's Dead » sur les accords de cette ballade. Transition toute logique pour introduire ce chef-d’œuvre de 9 minutes, qui est considéré comme la première chanson ‘gothique’ de l'histoire de rock. On attendait évidemment les musiciens au tournant sur ce titre et le résultat est tout bonnement époustouflant. En fermant les yeux, on aurait pu croire que Bauhaus renaissait de ses cendres. Le public tout entier chante à l'unisson avec Murphy : ‘White on white, translucent black capes, back on the rack... Bela Lugosi's Dead’. Un superbe moment, rehaussé d'un light show de toute beauté. Regardez la vidéo là 

A partir de cet instant, les hits imparables se succèdent, dont le lumineux « The Passion of Lovers », au cours duquel Murphy virevolte comme un derviche, et surtout, l'extraordinaire club-killer « She's in Parties », un hymne incontournable pour toute soirée 'dark' digne de ce nom. La rythmique est irrésistible et lors du refrain, Murphy oriente le micro vers le public, qui chante avec délectation. Au moment du break, Murphy va se placer à côté du batteur pour jouer du mélodica et l’accompagner aux percussions, tout en criant ‘Rastafari’ : on est en plein dub-reggae ! Revivez ce moment ici   

Si « Stigmata Martyr » nous crucifie sur place, « Dark Entries » déclenche instantanément un pogo, aux premiers rangs. Murphy y joue également de la guitare électrique. Curieusement, Murphy ajoute une reprise de Dead Can Dance, « Severance », comme dernier morceau du set, un choix discutable, car l'ambiance retombe malheureusement d'un cran à ce moment clef.

Lors du premier rappel, Murphy nous réserve le très beau « All We Ever Wanted Was Everything », sur lequel Emilio Chine utilise son violon comme une contrebasse, puis son deuxième morceau solo, « Subway », une chanson atypique, plutôt planante, dominée par de superbes nappes d'un synthé Roland Jupiter 80, sur lequel Murphy fait mine de pianoter, même si de toute évidence, cette partie est reproduite par un séquencer. Quoi qu'il en soit : c'est une bien belle chanson, qui montre toute l'étendue de l'inspiration de cet artiste polyvalent. Enfin, l'explosion finale nous viendra de « Ziggy Stardust », ce morceau de Bowie auquel Bauhaus avait donné une seconde vie.

Le second ‘encore’ est entamé par une version a capella de « Cool Cool Breeze », ce titre 'caché' tiré de l'Ep « Recall » de Peter Murphy (1998) et surtout, divine surprise, une de mes chansons préférées de Bauhaus, le lancinant « Hollow Hills ». Dans l'obscurité presque complète, la son de la basse se répand, rond et menaçant. Murphy chante et en même temps joue un jeu d'ombre et de lumière à l’aide d’un néon portable qu'il tient dans la main. Encore un moment magique, qui flanque la chair de poule ! Regardez la vidéo  

Pour clôturer ce concert d'anthologie, Peter Murphy et son band nous gratifieront encore un excellent « Spirit », extrait de « The Sky's Gone Out... » (1982). A l’issue du concert, on n’entendait que des louanges. Des louanges répercutées sur les réseaux sociaux. ‘Superbe concert !’ ou encore ‘Murphy is undead !’ ; et force est de constater que le fascinant chanteur a réussi son pari. Musicalement, c'était parfait et surtout, ce ‘godfather of goth’ a démontré qu'il avait l'énergie et la motivation pour ressusciter le moribond Bauhaus de si belle façon ! Pas de doute, Peter Murphy est toujours le Prince des Ténèbres...(voir section photos ici )

En première partie, Kiss The Anus Of A Black Cat (voir section photos ), la formation belge emmenée par Stef Heeren, a enchanté le public. Sa musique folk/darkwave aux accents tribaux évoque 16Horsepower pour la voix habitée à la David Eugene Edwards et Sisters of Mercy pour les superbes parties de guitare. Le groupe, dont le patronyme est tiré d'un rituel de sorcellerie, gagne clairement à être vu et entendu dans le cadre d'un concert complet, même si sa présence scénique pourrait être améliorée. Par le biais de vidéos, par exemple!! En tout cas, une très, très belle découverte. Regardez la vidéo du morceau « Take My Word As Gospel » ici 

(Organisation : AB)

 

mercredi, 08 mai 2013 03:00

Quelque part dans les étoiles…

Vous ne connaissez pas SX ?Dommage ! Issu de Courtrai, ce groupe emmené par Benjamin Desmet et Stefanie Callebaut est un des plus grands espoirs belges, dans le domaine de la musique pop-rock alternative. Révélés en 2011, lors d’un concours organisé par Studio Brussel (Vibe On Air) et par un superbe premier titre, « Black Video », ces petits génies ont publié l'année dernière un premier album intitulé « Arche ». Une pure merveille ! Après avoir accordé de nombreux concerts, en Belgique et à l'étranger, en première partie de dEUS –excusez du peu !–, ils reviennent à l'AB en tête d'affiche. Une consécration fulgurante, même si c'est l'AB Box, la salle sans les étages, qu'ils ont remplie sans problème.

En première partie, Mittland Och Leo, le duo anversois constitué de Joke Leonare Desmet et Milan Warmoeskerken est invité à chauffer la salle. Le patronyme de la formation est né d’une contraction entre ‘mon pays’ en langue suédoise et les noms des deux membres du tandem. La musique électronique instrumentale très 'vintage' de Mittland Och Leo (NDR : la paire est équipée exclusivement d'instruments analogiques, dont un vieux Crumar) évoque Kraftwerk et Jean-Michel Jarre, mais en plus moderne. Une agréable entrée en matière qui a charmé l’auditoire. (section photos ici )

Au moment où SX se prépare à monter sur le podium, on entend un synthé jouer le premier accord de "Gold", créant une ambiance très psychédélique, à la Pink Floyd ; et c'est en effet par leur plus récent single que le groupe courtraisien entame son show. Benjamin Desmet s’installe à gauche, près de ses synthés, sa guitare Fender Stratocaster et son ampli Fender Chorus. Au milieu, tout de noir vêtue, Stefanie Callebaut se plante derrière son clavier ; et à sa gauche, Jeroen Termote siège derrière ses drums. Une grande plaque circulaire brillante trône en hauteur, derrière les musiciens, évoquant la sphère reproduite sur la pochette de leur album.

La musique est fascinante. C'est une dreampop hypnotique et magnétique qui s'inspire d'un éventail très large de styles pour créer un concept neuf. On pense à Beach House pour la voix et les atmosphères éthérées mais aussi à M83, Animal Collective et surtout à MGMT. L'influence de la musique soul est perçue dans la voix de Stefanie Callebaut, une voix de soprane, capable d'atteindre les notes les plus hautes mais aussi de produire un volume, grâce à un coffre typiquement soul, évoquant parfois Grace Jones. Dans "Aurora", ses tonalités mystérieuses, plus 'dark', la rapprochent aussi de Zola Jesus, Austra et Kate Bush. Au début, le mixage ne met pas assez en valeur cet organe, mais ce problème sera bien vite résolu par la suite.

La setlist se concentre bien entendu sur le premier opus du groupe, « Arche ». Le mot grec 'αρχή' signifie 'début' mais aussi 'principe' ou 'fondation'. Une fondation solide car que ce soit la plage titulaire ou "Beach" et "Graffiti", on se rend compte, en les regardant jouer sur l’estrade, de toute la puissance de ces compositions. Stefanie Callebaut chante et joue avec beaucoup de passion, prolongeant son feeling dans des gestes et des déhanchements soutenus. On se surprend à rêver qu'elle quitte sa place derrière les claviers pour donner libre cours à son extraordinaire expressivité.

Comme si elle m'avait entendu, elle s'avance au bord de la scène. Elle s'accroupit et nous livre "Strange Fruit", une toute nouvelle chanson interprétée quasi a capella, uniquement soutenue par quelques accords de synthés à l'arrière-plan. Sa voix exceptionnelle de puissance et de précision s'élève au dessus de la foule, dans un silence religieux. Stefanie met tout son cœur dans cette compo aux accents très soul et on redécouvre une voix capable de rivaliser avec les plus grandes chanteuses, d'Amy Winehouse à Victoria Legrand (Beach House). Elle en fait même juste un peu trop à la fin du morceau, mais on lui pardonnera cet excès, dû à sa jeunesse... Regardez ce moment exceptionnel ici

Ensuite, le band enchaîne par le complexe "Midnight Hour" et le lumineux "Pearls", avant de nous livrer un second inédit, "The Disc". Très prometteur, même si, à mon humble avis, les sonorités de basse étaient trop puissantes. Enfin, c'est le moment tant attendu par les fans: "Black Video", le hit qui les a révélés au public, malheureusement uniquement dans le Nord du pays, pour l'instant. L'interprétation de ce morceau d'exception est parfaite ; et en fin de parcours, Stefanie ose une improvisation vocale ahurissante, déchirant littéralement sa voix dans les dernières mesures. Impressionnant! Perso, ce morceau aurait dû clôturer le concert mais le groupe ajoute un dernier titre, en guise de rappel: "The Future", moins énergique, mais parfait pour finir en beauté.

Au final, trop court (moins d'une heure), ce concert s’est révélé très percutant et plein de vigueur et d'intensité. Je le répète. Il serait souhaitable que Stefanie Callebaut se libère de ses claviers et prenne sa place de 'frontwoman', afin de donner libre cours à sa mobilité physique et à son sens inné de la communication avec le public. Une chose est sûre, la dream pop céleste de SX nous a propulsés quelque part dans les étoiles… Aucun doute, ces musiciens sont appelés à devenir des stars... (section photos ici)

Regardez l'interprétation de "Black Video" ici 

Et pour lire l'interview réalisée l'an dernier lors du showcase au Planetarium de Bruxelles, c’est

 

 

La SABAM, la société belge qui gère les droits d'auteur, assigne en justice les trois principaux fournisseurs d'accès Internet belge, BELGACOM, VOO et TELENET dans l'espoir d'obtenir le paiement d'environ 30 millions d'EUR de droits d'auteur par an. C'est ce qu'a annoncé Christophe Depreter, directeur général de la SABAM, lors d'une session d'information sur les droits d'auteurs en ligne, qui s’est déroulée ce lundi 29 avril 2013, au siège de l'organisme.

On savait que la SABAM était en discussion avec les fournisseurs d'accès Internet. Elle estime en effet que ces derniers doivent payer pour la mise à disposition d'œuvres protégées sur internet. La SABAM avait adressé une lettre leur demandant de payer l'équivalent de 3,4% du prix de leur abonnement Internet. Belgacom, entre autres, avait réagi négativement. Elle estime s'acquitter des droits d'auteur lorsque c'est nécessaire, comme par exemple, dans son offre Deezer et pour le reste, son rôle se limite au transport de contenu ; réclamer de tels droits pour le simple fait de transporter des données est, selon l'opérateur, aussi idiot que de demander à La Poste des droits d'auteurs pour l'envoi d'un livre dans une enveloppe timbrée.

Aujourd'hui, il semble que le ton de ces discussions ait monté d'un cran. Faute d'avoir pu obtenir un accord négocié, la SABAM a décidé de s’adresser à la Justice pour obtenir gain de cause. Selon nos informations, cette assignation sera délivrée officiellement dans les tout prochains jours.

Ces actions ont pour but de faire face au changement de paradigme de l'industrie musicale, qui devient de plus en plus virtuelle avec le téléchargement, le streaming mais aussi le 'cloud' et le piratage. Christophe Depreter a précisé que la SABAM doit faire face à une diminution de 54% des droits perçus entre 2002 et 2012 via les supports physiques, ce qui équivaut à un manque à gagner de quelque 16 millions d'EUR que la hausse des perceptions via Internet (+ 225%), soit 0,9 million EUR est loin de compenser.

Contrairement à d'autres pays, comme la Suède, par exemple, où la proportion de droits perçus via Internet peut atteindre 34%, la Belgique est clairement à la traîne, avec seulement 8 à 9% de droits perçus via Internet.

Il s'est également élevé contre les pratiques commerciales de géants tels que Google ou Apple, qui abusent souvent de leur position dominante. Ils imposent par exemple des clauses de non-divulgation (NDA) dans leurs contrats afin de renforcer l'opacité des conditions et vont même jusqu'à exercer du chantage dans le cadre des négociations. Tout cela afin de nier l'importance des droits d'auteur ou de les limiter à des proportions ridiculement faibles.

Mr Depreter voit cependant deux signes positifs pour l'avenir : la chute du marché de l'industrie musicale au niveau mondial (supports physiques et virtuels confondus) semble être terminée ; et cette année, pour la première fois, on a enregistré une hausse de 0,3%, hausse très faible, certes, mais symbolique. Enfin, il remarque qu'énormément d'acteurs majeurs du marché, y compris les 'venture capitalists' investissent massivement dans des plates-formes de distribution musicale (voir le lancement récent de Google Play), ce qui est de bon augure pour l'avenir...

De notre point de vue, il serait en effet grand temps qu'un modèle commercial puisse se mettre en place afin de permettre une juste rétribution des artistes via Internet car, pour l'instant, la perception de droits y est ridiculement basse. Pour un téléchargement, un artiste perçoit en moyenne 0,07 EUR et pour une écoute sur Spotify, par exemple, il ne gagne que 0,01 EUR! Mais pour arriver à un accord, il faudrait d'abord que les différents acteurs de l'industrie et les pouvoirs politiques se parlent plutôt que de s'invectiver par le biais de la presse ou de la Justice. Sinon, au final, ce sont les auteurs qui vont réagir et attention à ceux-là : ce n'est pas du lait qu'ils iront déverser devant le Parlement, le Berlaymont ou Google Mons, mais, bien un déluge de décibels! Pourquoi pas du Death Metal pendant tout une journée? Ca ferait peut-être bouger les choses...

 

Est-il vraiment utile de présenter Steve Hackett ? Car il est tout simplement un des meilleurs guitaristes de l'histoire du rock. Il a d’abord milité chez Genesis, le légendaire groupe de rock progressif, entre 1971 et 1977, et a contribué à la confection d'albums qui sont autant de chefs-d’œuvre, depuis "Nursery Cryme" jusqu'à "Wind And Wuthering". Sa carrière solo a été très prolifique, mais ne lui a pas permis de renouer avec le succès de masse.

Il y a quelques mois, il publiait le second volume de son "Genesis Revisited". Un ambitieux quadruple LP (2xCD) enregistré en compagnie de pointures comme Steven Wilson, Michael Åkerfeld, John Wetton, etc. Au cours d'une interview, Hackett a déclaré qu'il estimait intéressant de ‘réinterpréter des morceaux comme "Can-Utility And The Coastliners" ("Foxtrot") 40 ans plus tard, en utilisant les techniques actuelles et en tirant parti de son expérience acquise comme musicien et producteur’.

J'attendais donc, très impatiemment, la transposition ‘live’ de cet opus. Et je n'étais pas le seul ; l'Ancienne Belgique affichait, en effet, ‘sold out’! Etonnant mais, en même temps, révélateur de l'extraordinaire aura dont bénéficie toujours Genesis aujourd'hui. La nostalgie est un refuge bien utile dans cette période de vide créatif abyssal…

Soudain retentissent les premiers accords de "Watcher Of The Skies" et une intense clameur monte de la foule. On va probablement assister à un événement d'unique. Et en effet, il sera unique. Plus de 2 heures de musique. Et des compos exclusivement issues du répertoire de Genesis. Soit un florilège de véritables joyaux, à l’instar de "The Chamber Of 32 Doors", tiré de "The Lamb Lies Down On Broadway", un titre qui montre bien toute l'étendue du spectre musical de Genesis. C'est orchestral, puissant et d'inspiration classique mais également jazzy, burlesque, entrecoupé de passages carrément folk. ‘C'est juste une petite chanson que j'ai composée en venant ici’, ironise Hackett.

Sur les planches, Hackett est flanqué de Roger King, le claviériste américain qui est à ses côtés depuis les années 90, Rob Townshend à la flûte et au saxophone soprano, Gary O'Toole, son fidèle batteur ainsi que Lee Pomeroy (The English Rock Ensemble, Archive) à la basse. Mais le grand point d'interrogation, c'est bien entendu le micro. Qui Hackett a-t-il choisi pour interpréter les parties vocales, exceptionnelles, de Peter Gabriel et de Phil Collins? L'heureux élu est un certain Nad Sylvan, le chanteur du groupe prog anglais Agents de Mercy (ex-Unifaun). Au niveau technique, il se débrouille pas mal ; il a une voix assez proche de celle de Gabriel, mais un peu trop nasillarde à mon goût. Le maquillage noir autour des yeux, les longs cheveux blonds et la longue redingote : son look est plutôt gothique, mais son attitude est un peu trop théâtrale. Il a tendance à sur-jouer, se permettant même un geste déplacé sur "The Musical Box". Dans l'ensemble, le show est dépouillé. Pas de décors ni de déguisements, juste un superbe lightshow et quelques vidéos discrètes.

Un des grands moments du concert est sans nul doute "Dancing With The Moonlit Knight", au cours duquel public entonne la mélodie hyper connue : ‘Can You Tell Me Where My Country Lies...’ Pendant le break instrumental, on découvre l'exceptionnelle technique de Hackett, qui est un des inventeurs du 'finger tapping'. Popularisée par Eddie Van Halen, elle consiste à venir frapper le manche à l’aide des doigts (NDR : de la main droite pour Steve), en hammer-on/pull-off pour dispenser des séquences très rapides de notes. Hackett a élaboré cette méthode en regardant certains bluesmen et de jazzmen (surtout Emmett Chapman, le créateur du 'Stick'). Le tout premier 'finger-tap' figure probablement dans l'intro de "The Return Of The Giant Hogweed", paru sur "Nursery Cryme", en 1971!!

Refermons cette parenthèse musicologique... Après "Fly On A Windshield", sur lequel Gary O'Toole prend en charge des parties vocales, place à un autre moment très attendu: "Firth Of Fifth". Au milieu du morceau, le très célèbre passage instrumental n’est pas joué à la flûte traversière, mais au saxophone soprano par l'excellent Rob Townshend. Ensuite, Steve Hackett prend le relais pour accorder un solo exceptionnel, dans un style inimitable, puissant et très fluide, tout en 'sustain', qui se répand dans la salle comme la plainte d'une mélancolie insondable. On a la gorge serrée en assistant à ce moment exceptionnel…

L'introduction de "Blood On The Rooftops" (extrait de "Wind And Wuthering") nous donne l'occasion d'écouter le virtuose à la guitare classique, un instrument qu'il maîtrise également à la perfection. C'est Gary O'Toole qui reprend ici les parties vocales de Phil Collins. Ensuite, le groupe s’accorde une petite pause afin de résoudre un petit problème technique. De claviers, très exactement. Mais il est bien vite de retour pour interpréter trois titres supplémentaires de "Wind And Wuthering", dont le très beau et lancinant "Afterglow". Embrayant par l’hypnotique et particulièrement jazz-rock "Dance On A Volcano", suivi du bouleversant "Entangled".

Pour clôturer le concert, Steve Hackett nous propose ensuite le plat de résistance: "The Musical Box" et "Supper's Ready", deux chefs-d’œuvre ultimes de Genesis. Ici, à nouveau, on frise la perfection musicale. Pendant l'instrumental joué à la flûte, au cœur de "Supper's Ready", Hackett et Sylvan constatent, étonnés et admiratifs, que la mélodie est reprise en chœur par des voix masculines venues du public : on en a la chair de poule...

Lors du rappel, la formation revient pour un "Los Endos" très jazz-rock et très puissant! A la fin du morceau, l'ambiance est indescriptible. On a l'impression que l'AB va exploser. Le public réclame un second ‘encore’, mais en vain, car les lumières se rallument. On quitte l'AB la tête remplie d'une musique magnifique et on remercie Steve Hackett d’avoir donné une seconde vie à la période la plus inspirée de Genesis, même si quelques aspects du spectacle, comme le choix du vocaliste, sont sujets à discussion. Maintenant, imprégné de ces vibrants moments, je pars vite me replonger dans les versions originales de ces compositions d'anthologie, pour m’en délecter ! Si tout le monde en fait autant, Steve Hackett aura parfaitement rempli sa mission...

Setlist

        Watcher of the Skies

        The Chamber of 32 Doors

        Dancing With the Moonlit Knight

        Fly on a Windshield

        Firth of Fifth

        Blood on the Rooftops

        'Unquiet Slumbers for the Sleepers...

        ...In That Quiet Earth

        Afterglow

        Dance on a Volcano

        Entangled

        The Musical Box

        Supper's Ready

        Rappel:

        Los Endos

(Organisation : AB + Live Nation)

 

jeudi, 28 mars 2013 02:00

Le petit Prince est de retour...

IAMX, le projet de Chris Corner (ex-Sneaker Pimps), inaugurait sa tournée ‘Animal Impulses’ à l'Ancienne Belgique, le 28 mars dernier. C'est la 4ème fois en 4 ans que la formation réserve cette salle mythique bruxelloise au cours du mois de mars : une belle régularité! Cette tournée sert à promouvoir le cinquième opus du groupe, "The Unified Field", sorti le 15 mars.

Mais c'est d'abord Moto Boy qui ouvre les hostilités. Oskar Humlebo est un bellâtre suédois un peu efféminé qui chante des mélodies douces d'une voix touchante et quasi-religieuse, proche de Jeff Buckley... Que ce soit soutenu par une bande-son ou seul à la guitare, il parvient à attirer l'attention du public, surtout au moment où, délaissant son micro, il vient se planter au devant de l’estrade pour chanter sans amplification. Une découverte intéressante.

Pour son nouveau spectacle, IAMX a disposé, sur le podium, trois écrans vidéo. Un à chaque extrémité et le troisième derrière devant une grande toile qui sert également aux projections. On remarque également la présence d’un fût de bière au milieu du jeu de quilles. Serait-ce un clin d'œil adressé à une des spécialités de notre beau pays ? La clameur du public devient insistante et derrière la scène, on aperçoit l'ombre de Chris Corner qui se sert un verre de vin. Jolie entrée en matière! La formation monte sur les planches pour entamer "Animal Impulses". Un choix étonnant, car la chanson n'est pas vraiment un hit. Egalement tiré du dernier opus, "Sorrow" permet à l'ambiance de monter d'un cran, surtout au moment du superbe refrain. En plus de Janine Gezang, la fidèle complice, aux claviers et au chant, Corner est accompagné de Richard Ankers à la batterie, Alberto Alvarez à la guitare et d'une très jolie blonde aux claviers : Sammi Doll. Le son est excellent et la voix de Corner, forte et cristalline. Par contre, le groupe nous a malheureusement choisi un light-show très minimaliste. Ainsi, la plupart du temps, le spectacle est plongé dans l'obscurité.

Soudain retentit le riff de basse synthé de "Kiss + Swallow" et toute la salle s'embrase. Ce hit imparable date de 2006 et n'a pas pris une seule ride. Chacun se surprend à chanter à tue-tête ‘Echo, Echo, I know it's a sin to Kiss and Swallow’. L'intensité se prolonge sur "Kingdom of Welcome Addiction" et "Tear Garden", au cours duquel Corner se déchaîne aux percussions. Après le très beau "My Secret Friend" et le plus terne "Trials", c'est un nouveau moment phare du concert : "The Unified Field", probablement le titre le plus efficace du nouvel album éponyme. Un beat électro irrésistible, un riff de synthés et des mélodies accrocheuses. Tout y est! La réaction du public est enthousiaste (NDR : voir ici)

Ensuite, le groupe aligne une succession ininterrompue de hits, jusqu'au dernier morceau du set : "The Alternative". Mais IAMX revient bien vite pour trois titres supplémentaires: "I Come With Knives" (NDR : à regarder ), une chanson forte et hypnotique incluant un poème en allemand chanté par Janine Gezang et Sammi Doll, suivi de l'incroyable et très burlesque "President", avant de finir par un "Nightlife" (NDR : à découvrir encore ici) très bien enlevé, qui se termine a capella, à l'unisson avec le public.

Dans la setlist, on remarque l'absence de certains titres phares comme "Spit It Out" ou "After Every Party I Die" mais dans l'ensemble, c'est une bonne combinaison de nouveautés et de 'classiques'. Le groupe est en pleine forme et semble même avoir reçu une nouvelle impulsion grâce au nouvel opus. Evidemment, on regrette la folie qui animait les premiers concerts de Corner en 2006-2007, mais le musicien a mûri et reste quoi qu'il en soit un des meilleurs singers/songwriters des 10 dernières années. Multi-instrumentiste, chanteur, compositeur et producteur, il a réussi à développer un univers musical étonnant, qui combine avec bonheur des éléments new-wave, funk, dance et indie-pop, soulignant le tout de paroles intelligentes et extrêmement sexy. Le petit Prince est de retour et il assure grave!

Setlist:

Animal Impulses
Sorrow
Kiss + Swallow
Kingdom
Of Welcome Addiction
Tear
Garden
My Secret Friend
Trials
The Unified Field
Cold Red Light
Walk With The Noise
Music People
The Alternative

Rappel :

I Come With Knives
President
Nightlife

(Organisation : Nada Booking & AB)

 

jeudi, 28 mars 2013 02:00

Delta Machine

Le titre de ce 13ème album du trio de Basildon donne le ton: "Delta Machine". Il évoque le côté ‘blues’, celui du delta du Mississipi et le côté synthétique, pour ‘Machine’. En plus, jolie trouvaille, les initiales ‘DM’ correspondent à celles du groupe. Sorti près de quatre ans après "Sounds Of The Universe", "Delta Machine" a été enregistré l'année dernière en partie à New York et aussi à Santa Barbara. Il a été produit par Ben Hillier et mixé par Flood.

Il est toujours ardu de chroniquer le nouvel album d'un groupe très connu. Il faut pouvoir faire abstraction de ses propres attentes et de la 'machine' de marketing qui matraque ses messages subliminaux. Il faut se concentrer sur la musique, uniquement la musique. Et de ce point de vue, "Delta Machine" est un très bon album. Plus direct, plus organique, plus pop que "Sounds Of The Universe", qui était, lui, très cinématique. "Delta Machine" renoue avec les ambiances de "Violator" (surtout "Personal Jesus") et de "Songs Of Faith And Devotion". On y retrouve ce mélange de blues, de thèmes liés au sexe, à la religion et à l'amour, le tout rehaussé par des sonorités et des mélodies très accrocheuses.

"Welcome To My World" commence en douceur, contaminé par des accents dub. On imagine que DM a viré dubstep ou lorgne vers ce style de musique comme Muse mais non, ce n'est qu'un clin d'œil car la chanson se développe dans un style typiquement synth-pop lent, débouchant sur un très beau refrain chanté en harmonie par Gahan et Gore. On connaissait déjà "Angel", un morceau quasi gospel articulé autour de textures synthétiques très incisives, quasi industrielles. "Heaven" est une des plus belles compositions de Martin L. Gore, un classique basé sur une descente au piano ‘lennonesque’ et sur une mélodie qui évoque aussi Radiohead ("Karma Police"). "Secret To The End" est ici la première composition écrite par Dave Gahan en collaboration avec Kurt Uenala, un musicien/ingénieur du son d'origine suisse et le résultat est ma foi fort bon. C'est un titre typiquement synth-pop, très bien construit, presque archétypique de Depeche Mode.

Changement d'ambiance pour "My Little Universe", qui sonne très assez trip-hop et on pense évidemment à Portishead. Le chant est assez discret, façon crooner et la plage se termine en une construction 'minimal techno' très expérimentale : fun! A nouveau, un virage à 180 degrés et c'est l'intro carrément bluesy de "Slow", à la guitare. Ici, le rythme est louvoyant, très sensuel et le chant est ouvertement sexuel. Une bande-son à essayer pendant la galipette!

Dans "Broken", Dave Gahan démontre à nouveau qu'il est parfaitement capable de composer un classique de Depeche Mode. Tout y est : la rythmique, les harmonies et les mélodies. Le plus étrange, c'est que cette composition sonne plus ‘old school’ que celles de Gore, sensées apparaître comme plus ‘modernes’, plus expérimentales. "The Child Inside" est la ballade calme 'habituelle' chantée par Martin Gore, ici enrichie de jolis motifs synthétiques. "Soft Touch / Raw Nerve" est direct et sans fioriture : une rythmique saccadée, des vocaux libérés et au final, un hit imparable. "You Should Be Higher" est signé Gahan. Dès les premiers accords, on est immédiatement accroché par la base rythmique très sensuelle, qui évoque "Closer" de NIN et le refrain est tout bonnement sublime, aérien et hypnotique : une merveille! 

L'intro et les arrangements de "Alone" évoquent John Foxx And The Maths, surtout dans les arpèges synthés galopantes et les nappes éthérées. La chanson commence en douceur mais se muscle au fur et à mesure pour se clôturer sur un tapis de séquences analogiques. Ensuite, place à "Soothe My Soul", un hit absolu pour pistes de danse. Un beat electro irrésistible, combiné à des mélodies 'catchy' et vous vous surprendrez à monter le volume, puis d'improviser un pas de danse dans votre salon... Ce titre a d'ores et déjà gagné sa place dans la playlist de mon prochain DJ set! En point d'orgue du CD, la boucle est bouclée sur un ton bluesy dans l'intro et le couplet de "Goodbye". Par contre, le refrain est une réelle surprise. Très sixties, il lorgne carrément vers les Beatles voire les Stones ("Goodbye, Ruby Tuesday"). On peut s’attendre à voir le groupe inviter le public à le chanter en boucle, à la fin d’un concert!

En bonus, sur le double Cd et le double LP, figure la seule chanson composée ensemble par Gore et Gahan: "Long Time Lie". C'est un morceau lent, ensorcelant dominé par un refrain très mélodieux et des sons électroniques analogiques très crus. "Happens All The Time", issu de la plume de Gahan et Uenala, s’inscrit dans la même veine ; mais la programmation est un peu moins bien réussie. "Always" est une nouvelle ballade chantée par Gore et le tout dernier titre, "All That's Mine", qui était déjà inclus sur l'Ep "Heaven", prouve la qualité des compositions de Gahan/Uenala. J’estime même qu'il méritait mieux qu'un morceau 'bonus'.

Au moment de tirer les conclusions, on se doit de reconnaître que cet album est une vraie réussite. Les compositions sont brillantes, les arrangements audacieux et inventifs et le son, résolument moderne. Après 30 ans de carrière, les vieux complices n'ont rien perdu de leur inspiration et semblent très heureux d'être ensemble et de repartir sur la route. Pas de doute, Depeche Mode est toujours à la... mode!

Tracklisting :

1. Welcome To My World
2. Angel
3. Heaven
4. Secret To The End
5. My Little Universe
6. Slow
7. Broken
8. The Child Inside
9. Soft Touch/Raw Nerve
10. Should Be Higher

11. Alone
12. Soothe My Soul
13. Goodbye  

Bonus sur le 2CD Deluxe et le 2LP

14. Long Time Lie
15. Happens All The Time

16. Always
17. All That's Mine

La version Deluxe propose aussi un très beau livre de 28 pages de photos réalisé par leur collaborateur artistique historique Anton Corbijn.

 

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