La Flemme tente de nous endormir…

La Flemme émerge comme un tourbillon coloré dans le paysage musical français, entraînant son public dans un univers où convergent des sonorités pop garage, des textures psychédéliques et une indéniable énergie nerveuse. Originaire de Marseille, ce groupe de…

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Brazen tient la distance…

Après près de dix-huit ans de silence trompeur, Brazen (Genève), revient avec « Distance », une épopée indie-rock ambitieuse où s’entrelacent modulations mélancoliques et harmonies vocales sur un tapis instrumental planant. Les huit titres qui composent…

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Pierre Vangilbergen

Pierre Vangilbergen

jeudi, 14 mai 2015 01:00

La maîtrise de la puissance

En ce jeudi 14 mai, ce n’est pas vers un ciel quelconque, mais bien dans la petite ville flamande de Vosselaar que l’Ascension du jour s’est déroulée. Tout comme la figure mythique du grand barbu qui change l’eau en vin (NDR : pour la circonstance, la bière aurait été plus appropriée), c’est un Sylosis ressuscité qui est apparu ce soir sur les planches du Biebob. En effet, fin septembre 2013, les Anglais, alors en supporting act de Trivium et DevilDriver, sont proches d’y laisser leur peau, suite à un accident de voiture. Profondément marqués par cet évènement, les artistes sortent, au début de cette année, telle une catharsis, l’album « Dormant Heart ». Déclinaison par la scène.

C’est sous un crachin indigne d’un mois de mai que votre serviteur débarque devant le Biebob. Quelques badauds, adossés à la façade, bravent la pluie et grillent une cigarette. Une porte dérobée sur le côté permet d’entrer dans cet espace hybride, à mi-chemin entre le bar et la salle de concert. Ambiance intimiste assurée. La maigre affluence est probablement la conséquence de ce jour férié. On ne peut pas dire qu’on se bouscule. Mais bon, finalement, rien de tel pour profiter du spectacle à son aise.

Tout droit venu de San Diego, Wovenwar grimpe sur le podium. Quoique responsable d’un seul elpee à son actif, paru l’année dernière, la formation californienne n’est pourtant pas inconnue sur la scène Metal. Et pour cause, elle implique le chanteur de Oh, Sleeper. Et puis des membres du combo de Metalcore As I Lay Dying qui, pour pouvoir poursuivre leur job –vu que leur vocaliste s’est fait coffrer pour avoir payé un tueur à gages, afin de liquider sa femme– ont donc décidé de changer de crèmerie. Wovenwar joue ici davantage la carte du Heavy Metal, malgré une image quelque peu hétéroclite. Tel un Gaulois à la moustache plus que fournie et voluptueuse, Jordan Mancino siège derrière les fûts. Nick Hipa, le guitariste, pourrait être un cousin germain de Chuck Billy. Et Josh Gilbert, casquette à l’envers vissée sur le front, se consacre à la basse. Un étonnant tableau ! Mais il faut reconnaître que la prestation musicale est moins éclatante. Le groupe est en effet loin de bénéficier, ce soir, d’une balance de son optimale. La belle voix de Shane Blay est étouffée et les parties de guitares sont à la fois confuses et uniformes. Ce qui n’empêchera pas le quintet de donner ce qu’il a dans le ventre. Pour un public qui va se montrer réceptif et enthousiaste. Neuf des quinze plages de leur LP seront exécutées pendant ce set, au cours duquel le frontman va s’armer de sa six cordes, pour trois d’entre elles. Tous les ingrédients étaient bien présents, et il en a fallu de peu pour que la sauce prenne.

Les roadies débarrassent ensuite le matos afin d’installer celui de Sylosis. Les Anglais ne s’embarrassent apparemment pas de décors superflus. Seuls deux petits amplis Marshall (au fond orange flanqué d’un ‘S’ entouré d’un cercle noir) évoquent l’imagerie du band. La petite salle anversoise est à peine plongée dans le noir que retentissent les premières notes de l’épique « Wheres the Wolves Come to Die ». Les artistes apparaissent un à un sur l’estrade, mais le vocaliste Josh Middleton rencontre des problèmes avec sa gratte. Très calmement, un roadie vient à son secours et l’aide à enfourcher une nouvelle, pendant que s’écoule petit à petit l’inquiétante introduction du morceau. Middleton finit par s’en sortir et y replonge sans aucune difficulté. Il rejoint son micro et commence à s’époumoner. Force est de constater que les soucis techniques rencontrés par Wovenwar ne sont plus ici du même ordre. Ce n’est certes pas encore parfait mais désormais tout à fait acceptable. Bien qu’en tournée pour la promotion de son dernier elpee, « Dormant Heart », Sylosis n’oublie cependant pas d’intégrer de plus anciennes compos, la setlist épinglant deux morceaux de chacun de ses précédents opus. 

Les Britanniques ne sont pas du style à arpenter la salle dans tous les sens. Tout le monde reste à sa place et se concentre sur l’exécution des morceaux, tissant petit à petit une bulle qui graduellement va englober l’auditoire. Pas la peine de mentir, ce n’était pas l’affluence des grands soirs. Seule la moitié de la petite salle était remplie. N’empêche que les metalheads qui assistaient au show savaient pourquoi ils étaient venus, écoutant tantôt presque religieusement certains passages lancinants et hypnotiques (« Leech », « Mercy ») mais donnant également de la voix quand la situation s’y prêtait, se lançant même timidement dans un circle-pit et un ‘wall of death’, à la demande des artistes.

L’aspect le plus impressionnant de cette soirée a sans doute été de pouvoir ressentir physiquement l’aspect technique des compos, mais également des émotions aussi diverses que variées en notes. Tout en parvenant à contenir intérieurement cette puissance presque jouissive, quoique insidieuse. Bien palpable, elle n’est jamais dévoilée au grand jour. Elle pointe juste le bout de son nez, de temps à autre. Une intensité que le band parviendra à entretenir tout le long du set qui, au final, aurait pu durer un peu plus longtemps. Une heure de spectacle, comme tête d’affiche, ce n’est pas le minimum syndical mais on n’en est pas loin. A moins d’être forcé de marcher un caillou dans la chaussure, Sylosis a donc encore de belles années devant lui.

P.S. : le 20 décembre 2014, la chronique de l’album « Dormant Heart » s’achevait par la phrase suivante : ‘(…) à voir si le band parviendra à transcender de la même manière son public, quand il montera sur les planches ». Pari gagné!’

Setlist : Where the Wolves Come to Die - Fear the World - Dormant Heart - To Build a Tomb - Mercy - Teras - Servitude - Leech - All Is Not Well - Altered States of Consciousness - Empyreal - Conclusion of an Age (rappel).

(Organisation : Biebob concerts)

jeudi, 14 mai 2015 15:01

Live at the Opera (Dvd)

Ecran noir. Le logo du groupe Satyricon fait son apparition. Il est sous-titré par la mention ‘With the Norwegian National Opera Chorus’. Des chuchotements se propagent, rapidement surplombés de notes au violon et piano. Lever du rideau sur un podium plongé dans l’obscurité, fumante en arrière-plan. Seules quelques lumières tamisées éclairent le plafond, permettant de deviner l’ombre d’un guitariste sur le côté droit de l’estrade. L’auditoire ne peut s’empêcher de lâcher un cri, suivi d’applaudissements nourris. Mais attention, en y mettant la forme. Opéra oblige. Des lumières rouges s’éveillent peu à peu, laissant percevoir une chorale d’une quarantaine de personnes. Sortant des abysses du plancher de la salle d’art norvégienne, Frost et son impressionnante batterie font irruption, sur les premières notes de « Voice of Shadows », titre d’ouverture de leur dernier LP en date, sobrement intitulé « Satyricon ». Des fumigènes envahissent à présent l’avant de la scène, avant que n’émerge Satyr, frontman du band, des entrailles de l’opéra norvégien. Deux spots éclairent  en permanence les deux artistes, laissant le reste des musiciens dans l’obscurité, histoire de rappeler qui sont les deux seuls membres permanent de ce groupe phare du Black Metal. Le backing group est d’ailleurs toujours constitué de musiciens de session. ‘J’ai une longue histoire de coopération avec des musiciens de musique classique’, explique le vocaliste, avant de poursuivre : ‘Un violoncelliste du Trondheim Symphony Orchestra a notamment contribué avec nous sur l’album « Volcano ». Pareil sur « Now », « Diabolical » et sur « The Age of Nero », où c’étaient là des cuivres du Norwegian Radio Broadcasting Orchestra qui ont apporté leurs sonorités. Donc, au final, travailler avec le cœur de l’Opera Royal Norvégien n’a pas été quelque chose de nouveau pour moi mais bien une continuation d’expériences de ces vingt dernières années. Cela n’empêche, il s’agit là de notre plus grosse coopération’.

Cet enregistrement atypique, enregistré à la fin de l’année 2013, marquera certainement l’histoire du groupe norvégien. Non seulement le cadre est splendide, chargé d’histoire et de spiritualité, mais le cœur de l’Opéra Royal apporte une profondeur incroyable aux morceaux, une aura aux contours diffus mais belle et bien présente. Preuve en est, par exemple, lors de cet intermède qui précède « Die By My Hand », où le chœur seul vient annoncer le morceau dans une envolée lyrique, sobre et inquiétante, figeant Satyr à l’avant de l’estrade. Outre l’intéressant clivage visuel entre le cœur tiré à quatre épingles et un Satyr légèrement maquillé, cheveux longs emmêlés et tout de cuir vêtu, il est agréable de constater cette passion pour la musique qui unit les artistes. Une rencontre de deux mondes que, à première vue, tout oppose. Mais une année et demie de travail a permis d’explorer les compositions jusqu’à atteindre une essence commune. Une alchimie explosive qui vous transporte et vous prend aux tripes. On dépasse le stade du musical pour, de temps à autre, toucher du bout des doigts le monde du spirituel. Moment particulier lors de « Phoenix », tiré de leur dernier opus, où Satyricon est rejoint sur les planches par l’ex-Madrugada, Sivert Høyem (NDR : chanteur norvégien de rock). Les classiques barrières du Black Metal, pourtant bien enracinées, sont ici détruites pièce par pièce. Le public a de plus en plus de mal à rester assis. Faisant la part belle aux dernières compositions, ce ‘live’ va de temps à autre quand même puiser dans un répertoire plus ancien, et notamment « The Pentagram Burns », « To The Mountains », « Den Siste »… ou encore un des grands classiques, « Mother North ». Si vous n’avez pas les poils qui se dressent sur la peau, à l’écoute de ce titre, devenu un hymne de l’histoire du Metal, alors je ne comprends plus rien.

Que vous soyez fan ou pas de Satryricon, vous ne pouvez pas passer à côté de cet hybride musical. Une rencontre hors du commun qui creuse profondément au sein de vos entrailles et repousse encore un peu plus les murs de la création. A vivre!

Tracklist : Voice Of Shadows - Now, Diabolical - Repined Bastard Nation - Our Wold, it Rumbles Tonight - Nocturnal Flare - Die By My Hand- Tro Og Kraft - Phoenix - Den Siste - The Infinity of Time and Space - To The Mountains - The Pentagram Burn -  Mother North - K.I.N.G

 

Cet été, le 24 juillet plus précisément, les Américains de Death Angel sortiront "Thrashumentary", un film racontant l’histoire du band, des premiers jours jusqu’à aujourd’hui. Avec la participation de nombreux guests, contemporains ou non, ce reportage retrace les hauts et les bas du groupe et, plus généralement, du mouvement Thrash.


Cerise sur le gâteau : ce thrashumentary sera accompagné de "The Bay Calls for Blood", un album–live enregistré à San Francisco.

" Ce qui a tout d’abord commencé comme étant une vidéo live pour «River of Rapture» en 2010 a en fait évolué en un documentaire historique sur le groupe et la scène Thrash", explique le réalisateur Tommy Jones. "C’est la première fois que les membres du groupe, dans son line-up actuel, parviennent à s’asseoir tous ensemble et à raconter Death Angel du point de vue de Mark, Rob, Ted, Will et Damien. Composé de moments live tournés aux Philippines, en Asie, en Allemagne, en Europe et en Amérique du Nord, ce reportage montre une amitié longue d’une vie".

Chapitres du Thrashumentary

01. Start
02. We Grew Up In The Bay Area Thrash Scene
03. The Original Lineup Of Death Angel
04. Kill As One
05. The Ultra Violence
06. Frolic In The Park
07. Act III08. The Accident
09. The O
10. Swarm
11. Thrash Of The Titans
12. I Like Everything About Ted
13. The Art Of Dying
14. Killing Season
15. Relentless Revolution
16. I’m Looking For Will Carroll
17. And Then Damien Came In
18. Relentless Retribution
19. Impressions Of Suecof
20. Relentless Touring
21. Thrashers
22. Death Angel Is
23. The Last Song Of The Evening
24. Credits

Extra:
25. Mistress Of Pain Live

Tracklist de « The Bay Calls for Blood »

1. Left For Dead
2. Fallen
3. Buried Alive
4. The Dream Calls For Blood
5. Execution/Don't Save Me
6. Truce
7. Detonate
8. Bored
9. Caster Of Shame
10. Territorial Instinct/Bloodlust

Site Internet de Death Angel
Page Facebook du groupe

Cradle of Filth, une des têtes de file du Vampire/Horror Metal, a dévoilé la pochette de ‘Hammer of the Witches’, leur onzième album studio depuis 1991. « L’artwork de Hammer of the Witches a été créé par Arthur Berzinsh, un artiste de Lettonie. Il représente une traversée fastueuse du lyrisme et de la peinture de la période de la Renaissance, en la représentant sous la forme de scénarios déroutants. La moitié de ces pièces, riches en détails, ont été spécialement créées pour cet album. Les autres, quant à elles, sont des classiques de Berzinsh, astucieusement adaptées aux thèmes de l’opus, passant de la sorcellerie à la persécution, de la rétribution à la libération spirituelle sans entraves. La forme féminine se retrouve rampante tout le long de l’artwork, ouvertement disposée dans son interprétation classique de la beauté… et de l’horreur », explique Dani Filth, frontman du groupe britannique.
 
L’artiste, quant lui, raconte que son « leitmotiv personnel a été de représenter un conflit entre la pensée libre et le totalitarisme, où le pouvoir dans sa forme brute a toujours gagné haut la main face à l’individualisme. L’acte de faire de l’art est un art théurgique, créant de l’existence dans la réalité platonicienne – la réalité des idées. Pour moi, le bouc de Mendes sur la cover représente la figure du bouc émissaire, usé par ce rôle humiliant et aspirant à la revanche. Ce personnage est un symbole archétypal de la libido et d’autres forces primordiales et instinctives de l’être humain ». Connu pour ses graphismes provocateurs neo-symboliques, Arthur Berzinsh a été proclamé comme étant le « monstre sacré du postmodernisme letton ».
 
Après trois années de silence, ce nouvel LP sortira au mois de juillet chez Nuclear Blast.
 
Interviewé récemment par Jamey Jasta (chanteur d’Hatebreed), lors d’un enregistrement du Jasta Show, Kirk Hammett, guitariste de Metallica, a confessé s’être tiré une balle dans le pied concernant l’écriture de leur prochain album : 'J’ai pris l’habitude d’enregistrer mes riffs dans mon iPhone, mais quelque chose de vraiment malheureux m’est arrivé il y a six mois : j’ai précisément perdu mon iPhone qui contenait pas moins de 250 idées musicales.Cela m'a vraiment cassé . Je n’avais évidemment rien sauvegardé. J’ai été complètement abasourdi pendant deux ou trois jours. J’errais dans la maison quand ma femme m’a demandé : ‘Oh,oh, qu’est ce qui se passe ? ‘. ‘Aurais-tu reçu un coup de fil d’un proche’, je lui ai demandé. ‘Non’ m’a-t-elle répondu, ‘qu’est-ce qui se passe ?’. Je lui ai raconté ce qui s’était passé et elle a compris.'
 
‘J’ai tout simplement perdu ce téléphone. Je suis toujours occupé à la rechercher aujourd’hui. J’ai dû le poser quelque part et… voilà. Essayer de me rappeler ces riffs ? Je peux seulement m’en rappeler huit ! Alors tant pis, je fais avec et je vais de l’avant…’
 
‘Pour moi, la musique vient tout le temps durant la journée. Quand j’ai un riff, parfois c’est un riff complet et je peux directement le jouer, parfois ce n’est qu’un morceau et je dois le développer. Parfois c’est seulement un rythme ou une sélection de notes. Peu importe, dès qu’une idée vient, je la mets dans mon iPhone et je pensais qu’ils étaient à l’abri…’
 
‘A tous les musiciens qui utilisent leur téléphone, soyez bien sûrs qu’un backup automatique soit mis en place…’, conseille, un peu tard, le guitariste. C'est ballot.
 
samedi, 11 avril 2015 01:00

Durbuy Rock 2015 : samedi 11 avril

Après quelques heures de repos salvatrices, en route pour cette seconde partie du festival. Et vu l’affiche prévue, mieux vaut être en forme. Le gros avantage de disposer d’une place VIP est de pouvoir stationner son véhicule à proximité du site, mais aussi avoir accès à un espace plus privé, doté d’un bar, de tables et de chaises, mais totalement coupé des deux scènes. L’intérêt est dès lors plus limité… Placée essentiellement sous les auspices du Hardcore, cette journée devrait réserver son lot de surprises. Certains groupes sont réputés pour mettre l’ambiance, d’autres sont plus incertains quant à leur place lors d’un tel événement, particulièrement en ce qui concerne la tête d’affiche. Choisi comme headliner, Skip the Use a laissé pas mal de festivaliers perplexes sur les réseaux sociaux. A voir si les Français du Nord-Pas-de-Calais pourront relever le défi…

Vainqueur d’un des quatre tremplins du Durbuy Rock, Stand for Truth a la lourde tâche d’ouvrir le bal. Autant dire que la barre est déjà placée haute alors qu’il n’est pas encore midi. Composée partiellement d’anciens membres du groupe belge Do or Die, une des figures de proue du genre en Belgique, la formation tournaisienne est rompue au ‘live’. Et on le ressent immédiatement. ‘On n’a que 25 minutes pour jouer, on vous a donc réservé nos sept meilleurs morceaux’, précise Angelo, en s’adressant à une fosse déjà acquise à leur cause. Un set dense, puissant et qui en a dans le caleçon. Nul doute que si elle revient, sa place sur l’affiche ne pourra être que bien plus avantageuse.

Suite à un désistement d’un combo qui devait se produire plus tard dans la journée, il revient finalement à Bursting de prendre d’assaut le podium principal. Responsable d’un Thrash/Death épicé, les Hutois vont envoyer une volée de décibels aux spectateurs presque à jeun, tout en martelant leurs tempes encore un peu endormies. ‘Je le vois mec, t’as du mal hein !’, s’exclame Laurent, vocaliste du band, à un spectateur adossé contre une barrière Nadar. ‘Alors Durbuy, vous avez bien baisé hier soir ?’, embraie-t-il. Vous avez compris, on ne fait pas dans la finesse, tant musicale que verbale. Mais qu’importe, on passe un bon moment en leur compagnie.

Retour ensuite à l’extérieur, où les gars de Lifers sont prêts à renvoyer la sauce. En effet, suite au désistement de dernière minute d’Enthroned, enregistré la veille, les Liégeois avaient courageusement accepté de les remplacer au pied levé. Eux non plus ne sont pas des néophytes. Né en partie des cendres de Spitfire, Lifers délivre un set de Metalcore pour le moins puissant et carré. ‘Je veux voir le même bordel qu’hier soir’, exige Seba en poursuivant son set par « Lack of Tolerance », une très bonne reprise de Crowbar.

C’est donc correctement échauffé que le public, de plus en plus nombreux, se dirige vers le podium principal afin d’accueillir Feed Them Lies, le dernier gagnant des tremplins du Durbuy Rock. Dès les premières notes, le ton est donné : c’est direct et rentre-dedans. La puissance vocale de Fred est impressionnante. Dur à croire que le band n’existe que depuis trois ans. De nombreux fans semblent avoir accompli le déplacement pour eux. Les moshers s’en donnent à cœur joie, faisant voltiger pieds et mains au rythme des morceaux. Emporté par le mouvement, Fred descend de l’estrade, monte sur les barrières et se laisse transporter par la fosse. Une belle découverte !

L’estomac commençant à crier famine, je fais l’impasse sur les Kublai Khan, histoire d’être d’aplomb pour voir le show d’AqME. Deux familles vont à présent se renvoyer la balle tout le long de cet après-midi : celle du Metal français, puis d’Impericon, fournisseur de merchandising (et label) allemand. Grand backflag à l’arrière-plan frappé du logo du groupe, deux structures sont disposées de part et d’autre de la ‘stage’. Elles représentent de face et de dos l’étrange personnage à deux têtes figurant sur leur dernier elpee. Bref, tout est fin prêt pour accueillir les Français. Attendant un heureux évènement, Charlotte, leur bassiste, est remplacée par Julien Mancini, le frère jumeau du chanteur. Pendant près d’une heure, les quatre musicos vont se démener comme de beaux diables, afin d’enflammer la fosse. ‘Durbuy, est-ce que tu as de la voix ? Allez, ça commence à se réveiller !’, vocifère Vincent en provoquant la foule. Le public répond présent et n’hésite à se lancer dans un braveheart musclé. Pour les avoir vus la dernière fois à la Fiesta Du Rock à Liège, il y a deux ans, je constate que leur prestation scénique s’est largement améliorée. Cependant, et c’est strictement personnel, la sauce n’arrive pas à prendre. Force est également de constater que les anciens morceaux, du temps où Thomas était derrière le micro, remportent toujours le plus de succès (même si Vincent manque parfois de justesse sur ces derniers). Il n’est jamais facile pour un combo de muer et d’opérer un changement radical tout en gardant le même patronyme…

La pluie et les nuages ont malheureusement décidé d’eux aussi faire partie du décor de ce samedi. C’est donc sous un fin crachin que déboulent, sur le second podium, les Anglais de Napoleon. Le froid –ou peut-être une autre quelconque raison obscure– aura raison du chanteur Wes Thompson, victime d’un saignement de nez intempestif tout au long du set. Limité pourtant à 30 bonnes minutes, ce show paraît interminable tant la musique des Insulaires est imperméable. Tout semble confus, déstructuré, Sam Osborn s’excitant sur sa gratte, dans son coin, au détriment de l’homogénéité de l’ensemble. Un curieux mélange difficilement comestible et qui laissera sur sa faim.

C’est donc en quête de mieux que je retourne vers le podium principal, curieux de voir ce que vont nous servir les Parisiens de Black Bomb A. Et le moins qu’on puisse dire… c’est qu’ils ont fait honneur à leur réputation de metteurs d’ambiance. Arno, de retour dans le line up, a une présence charismatique aussi incroyable que sa voix puissante et gutturale. A ses côtés, telle la face opposée d’un aimant, Poun s’époumone dans les aigus à chaque morceau, comme s’il s’agissait des derniers cris qu’il pouvait pousser. Une magnifique alchimie entre ces deux vocalistes, offrant aux compositions de Black Bomb A un résultat détonnant. Souffrant malheureusement d’un son un peu trop fort, les Parisiens parviendront néanmoins à mettre le feu dans l’auditoire. On se pousse dans tous les sens, ça pogote sec et le bravehart en milieu de show sera d’une rare intensité. Le groupe se met à nu et son public le lui rend bien. ‘Ne vous en faites pas bande de fêtards, on le jouera plus tard ce morceau…’, rassure Arno quand la foule entonne le refrain de « Mary », composition la plus connue du band. Snake, le guitariste, ne peut s’empêcher d’afficher à ce moment là une mimique agacée, énervé peut-être que la foule résume ce combo à ce morceau. Quoi qu’il en soit, le groupe a démontré qu’il était toujours dans le coup, offrant un des meilleurs moments de ce festival.

Histoire de s’économiser quelque peu, je décide de passer mon tour pour Malevolence, afin de retrouver en pleine forme le troisième groupe de la famille française, Dagoba. Sur une introduction toute en emphase et en majesté, les Marseillais débarquent sur l’estrade principale. Derrière ses fûts, Franky Costanza ne cessera tout le long du show de faire des acrobaties avec ses drum sticks. Z et Werther, respectivement guitariste et bassiste, arpentent de long en large les planches, pendant que Shawter, vocaliste, se déchaîne sur son micro entouré de grosses chaînes. ‘Ce sont ceux qui poussent qui font la loi, faites-moi un putain de wall of death’ ordonne-t-il à la foule. Comme d’habitude, Dagoba offre un show carré et précis. Le public est cependant moins exalté que pour leurs prédécesseurs. Certaines attitudes laissent parfois également un peu perplexes, comme notamment lorsqu’un pull est jeté en direction du chanteur, surprenant ce dernier et manquant dès lors de le faire trébucher de l’ampli sur lequel il était monté. Visiblement énervé, Shawter relance le vêtement derrière lui, déterminé à ne pas le rendre. Il finira néanmoins par le restituer à la fosse, en ayant pris le soin au préalable de faire semblant de s’en frotter l’arrière-train. Soit c’était du troisième degré, soit la dérision était restée dans les vestiaires.

Direction à présent la salle extérieure, où les Canadiens d’Obey the Brave s’apprêtent à démarrer leur set. Alex Erian, le charismatique chanteur du groupe, ne met pas bien longtemps avant de mettre tout le monde d’accord. Certes le quintet n’existe que depuis trois ans, mais manifeste déjà une fameuse maîtrise. La basse de Miguel Lepage est mise en avant ; ce qui confère à la formation un son rond et lourd. ‘C’est la première fois qu’on joue en Belgique francophone et c’est sûr, on reviendra’, annonce le frontman en guise de promesse. Originaires de Montréal et Ottawa, les musicos proposent quelques morceaux dans la langue de Voltaire, ce qui est plutôt rare dans ce style. Malgré un sol mouillé, les mosheurs s’agitent. Certains tombent mais sont de suite rattrapés par leurs compères. Une violence fraternelle.

Cette journée riche en Hardcore ne pouvait pas mieux s’achever que par Madball, véritable icône du genre. Actif depuis 88, Madball était tout d’abord un side project d’Agnostic Front. Roger Miret, alors chanteur chez les deux bands, laissera par la suite sa place à son demi-frère cadet, Freddy Cricien. Quand on vous dit que le Hardcore est une histoire de famille… Madball, un terme qui pourrait résumer, à lui tout seul, la prestation scénique de son vocaliste. Tout le long du set, Freddy ne cesse de sauter sur ses longues jambes, à tel point qu’on a l’impression qu’il lui suffit de trois foulées pour parcourir la stage. Une pêche incroyable. Les vieux de la vieille ont, une fois de plus, démontré qu’ils étaient les patrons. Faisant la part belle à leur dernier album, « Hardcore Lives », le groupe va néanmoins puiser dans l’ensemble de sa discographie, au grand plaisir des fans d’hier et d’aujourd’hui. Telle une prophétie, le ban new-yorkais clôt son set musclé par « Hardcore Still Lives ». On est parti encore pour de longues années…

La nuit commence à pointer le bout de son nez et l’estomac tient à rappeler qu’il est dans les talons et qu’il est temps de le rassasier… Il faut donc faire un choix et Romano Nervoso passe à la trappe.

C’est donc revigoré que je m’adosse contre une barrière à l’arrière de la salle afin de voir l’ovni de ce festival, Skip the Use. Autant les festivaliers s’en donnaient à cœur joie sur Facebook, ne cessant de s’interroger quant à leur présence, autant la brochure du festival préconisant ‘de venir sans a priori, afin de peut-être prendre une claque…’ Et c’est là que le mot ‘peut-être’ prend toute sa profondeur. ‘Tout le monde se demande ce qu’on fout ici, autant vous que nous… On va donc s’emmerder l’un l’autre pendant une heure’, proclame Mat Bastard, le chanteur, visiblement défoncé. Côté challenge, on repassera. Plus les morceaux défilent, plus le public se disperse. Quelques reprises parviennent cependant à faire remuer les têtes, à l’instar du « Killing in the Name » de Rage Against the Machine. ‘Allez les gars, on va faire une reprise de Gojira… non, je déconne hein…’ envoie Mat, tant suffisant que dépité, avant d’embrayer par : ‘On a toujours rêvé de jouer ça dans un festival de Heavy Metal. Faites pas attention, ce sera un moment de masturbation entre nous…’ Sur ces belles paroles, le band attaque « Ghost », son tube. ‘Je sais bien qu’on entend tout le temps ce morceau à la radio, mais il ne faut pas nous en vouloir les mecs, si vous ne voulez pas passer à la télévision et donc ne pas être connus, c’est de votre faute…’ Il est inutile d’aller plus loin dans l’aperçu de ce show, son seul moment intéressant surviendra lorsque Arno, chanteur de Black Bomb A, est invité à monter sur l’estrade afin de reprendre, dans un bel ensemble, le « Ace of Spades » de Motörhead. Un coup dans l’eau, assurément.

C’est donc quelque peu dépité que je me rends à l’extérieur pour le dernier set de la soirée sur la seconde scène, où est installé un écran géant en arrière-plan. The Experimental Tropic Blues Band présente ce soir « The Belgians ». Comprenez : une projection en continu d’épisodes qui ont marqué la Belgique –que ce soit des extraits de journal télévisé, d’évènements politiques, sociaux, culturels, économiques, sportifs, etc.– le tout soutenu par le rock déjanté des Liégeois. Peut-être dû à la fatigue, mais je ne suis pas parvenu à rentrer dans leur trip.

Le froid aidant, j’ai préféré rentrer dans le hall sportif afin d’attendre la clôture de ce festival abandonnée aux Gallois de Skindred. Une longue bâche recouvre à présent l’arrière du podium, sur laquelle figure sobrement le nom du groupe. Il est passé minuit et bon nombre de spectateurs sont encore prêtes à les accueillir. Et ce n’est pas si étonnant : Skindred a la réputation de mettre le feu. Oubliez les allumettes, c’est à coups de chalumeau qu’ils allument le brasier. Les lumières s’éteignent et un morceau d’AC/DC retentit dans les haut-parleurs. Il n’en faut pas moins pour que les premiers pogos s’ébrouent, alors même que le show n’a pas encore débuté. Vient ensuite le début de la célèbre « Marche Impériale », faisant briller les yeux des fans de Star Wars, remixée rapidement et agrémentée de basses bien lourdes. Le band opère son entrée, mené par son chanteur hyper charismatique, Benji Webbe. Tout de rouge et de blanc vêtu, coiffé de dreadlocks, lunettes à pointes sur le nez, le frontman agrippe son micro et démarre « Kill the Power », titre maître du dernier elpee. La fosse s’embrase directement. Très vite, on peut néanmoins remarquer que la voix de Benji n’est pas au top de sa forme ; et pour cause, il ne parvient pas à sortir de notes aigues de sa bouche. Peu importe, la relève est dès lors prise par Mikey Demus et Daniel Pugsley, guitariste et bassiste du band. ‘Are we here in Germany ? Are we here in France ? No, we are in Belgium so move your ass’, provoque le frontman. Les plus grands tubes des Gallois défilent, depuis « Ratrace » à « Nobody », en passant par « Pressure » et « Ninja ». Le quintet ne lâche pas le public d’un décibel, les poussant à puiser dans le peu d’énergie qu’il leur reste. C’est donc à genoux que finiront les festivaliers de cette dix-neuvième édition du Durbuy Festival, lessivés mais certainement partants pour une nouvelle édition, l’année prochaine !

Organisation DRF

(Voir aussi notre section photos ici )

 

 

 

 

 

vendredi, 10 avril 2015 01:00

Durbuy Rock 2015 : vendredi 10 avril

Direction Durbuy, plus précisément Bomal-sur-Ourthe, en province de Luxembourg, afin d’assister à la dix-neuvième édition du Durbuy Rock Festival, un des premiers festivals à tendance Metal et Hardcore de cet été. Après avoir parcouru de nombreuses rues zigzagantes au cœur des vallées de la région, je finis par arriver à un hall sportif, transformé pour l’occasion en terrain festivalier. Ici, pas de champs ou de terres désertes, nous sommes au cœur du village. Une fois passé les contrôles de sécurité (assez poussés, n’espérez pas introduire sur le site, boisson ou nourriture), on pénètre de suite dans l’espace où trône le podium principal du hall, dotée à sa gauche de tables pour le merchandising des groupes et à sa droite d’un long bar, histoire d’étancher la soif de ces fans de décibels. Une porte permet sur la droite d’accéder à l’extérieur, où est installée une estrade de taille plus modeste, entourée de part et d’autre de stands nourriture ou autres t-shirts. Vu l’affiche de ce premier jour, on peut dire que les cheveux longs (s’il en reste) et les vestes en cuir gagnent la mise. Principalement orientée Heavy-Thrash et Black Metal, la fin d’après-midi de ce vendredi a apparemment attiré un public de trentenaires. Les amplis sont branchés, les pompes a bière ronronnent et les saucisses commencent à griller : le festival peut commencer.

C’est aux Liégeois de Doganov qu’il revient la tâche d’ouvrir les hostilités. Il faut tout d’abord savoir que le Durbuy Rock organise quatre rencontres ponctuelles au cours de l’année. Baptisées tremplins, elles sont le théâtre d’une compétition entre groupes. Les vainqueurs sont alors sélectionnés pour participer au festival. Vous l’avez compris, Doganov est un des lauréats. Et il se produit sur la ‘stage’ extérieure. Le trio propose un mélange sombre de Metal et d’électro. Certes répétitif, il a permis aux cervicales des quelques personnes de se décoincer. Certaines esquissent même quelques pas de danse, histoire de se plonger dans l’ambiance.

Cette dernière va monter de quelques degrés quand Sublind, second vainqueur d’un tremplin, va nous balancer son Thrash rentre-dedans. ‘Eh les gars, on vient du Luxembourg et on fait du Thrash Metal alcoolique’ avance l’imposant Luca T., perfecto sur le dos et bière à la main. Teintée d’humour et de bonne humeur mais souffrant d’une certaine linéarité dans le ton, la musique de ces amoureux du houblon a cependant permis à l’assistance, d’atteindre un premier palier dans l’extrémité sonore promise en ce jour.

Mais restons dans l’humour potache afin de voir ce que les Ardenne Heavy ont dans le ventre. S’affichant comme joueurs de Heavy à la sauce ardennaise, les Bastognards font dans le lourd. Tant sur le plan musical qu’humoristique. ‘Et voici une chanson qui parle de licornes et de petites libellules’, lâche Simon, guitariste/chanteur du groupe, avant d’envoyer une flopée de leurs cds au parterre devant eux. C’est ensuite torse nu qu’il descend du podium pour aller  jouer au milieu de ses fans. Le combo ne révolutionne certes pas le genre, mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il met l’ambiance !

Après cet échauffement d’un peu plus d’une heure et demie, les choses sérieuses peuvent à présent débuter. Rendez-vous sur le podium principal afin d’accueillir, comme il se doit, le premier des trois groupes étiquetés Black Metal de la soirée. Après avoir brûlé les planches pendant plus de dix ans, Carach Angren est considéré comme une des valeurs montantes du style. C’est le visage grimé en blanc et noir, tradition black-metalienne oblige, que le trio néerlandais prend d’assaut la scène. Vêtu d’un t-shirt gothique et d’un pantalon en latex noir, Seregor libère toute sa rage et sa hargne. A sa droite, Ardek, vêtu d’une tunique bordeaux en velours, insuffle, à l’aide de son clavier, le cachet ‘horreur et grandiloquence’ de leur musique. Muet tout le long du set, l’inquiétant Aradek ne cesse de fixer le public, roulant de temps à autre les yeux en arrière lors de passages endiablés. Puissant et précis dans l’exécution de ses morceaux, Carach Angren devrait certainement encore faire parler de lui, dans les années à venir.

Je quitte les ténèbres pour revenir à la lumière du jour. Le temps de faire la file en vue d’estomper ma faim d’un pain/saucisse ketchup moutarde crudités, je remarque qu’un quintet intéressant (le programme promet un doom/sludge expérimental) se prépare sur la scène extérieure. Impliquant notamment deux violonistes, Sub Rosa amorce son set et… c’est la déception. Incontestablement, Rebecca Vernon chante faux. Du début à la fin. Un voisin, apparemment tout aussi déçu, me confie ‘ne pas comprendre ce qui se joue actuellement, n’ayant rien à voir avec la version sur cd’. C’est lourd, confus et dérangeant.

Raison de plus pour m’asseoir sur un des bancs à proximité des stands, finissant mon mets en prenant mon mal en patience. Nous sommes à présent en fin de soirée, le soleil fait ses valises et le point de rendez-vous est fixé face à la grande scène. Les festivaliers sont sur place et, visiblement, bon nombre ont accompli le déplacement pour applaudir Alestorm. Il y a maintenant plus de dix ans que les Ecossais pratiquent, selon leurs dires, du ‘True Scottish Pirate Metal’, autrement dit du Folk Metal largement inspiré par l’univers pirate, tant au niveau des sonorités que des lyrics et du visuel. Le tout dans un esprit second degré et, autant que possible, arrosé. Une chose est sûre : ils ne sont pas venus pour se prendre au sérieux mais bien pour faire la fête. Des festivités qui débutent avant le show, tant entre les artistes en backstage qu’au niveau de la fosse, reprenant à gorge déployée des airs du groupe. Christopher Bowes, chanteur du band, finit par débouler sur l’estrade, coiffé de son chapeau à la Jack Sparrow, armé de sa keytar (un synthé dont on se sert comme d’une guitare). Tel qu’on pourrait s’imaginer le stéréotype d’un corsaire brigand, Christopher puise régulièrement de l’énergie dans une bouteille de vin posée près des drums de Peter Alcorn. Au sein d’une ambiance surchauffée, Alestorm picore au sein de ses quatre elpees studio des morceaux sulfureux, tels que « Keelhauled », « The Sunk’n Norwegian », « Captain Morgan’s Revenge » ou encore « Shipwrecked ». Une heure de fête, que les membres du combo prolongeront ensuite en rejoignant le public, au plus grand plaisir de leurs aficionados.

Changement d’espace, changement d’atmosphère, changement de musique. La lune a désormais repris ses droits et le froid mordant de ce début de mois d’avril est de plus en plus palpable. Cinq Américains, à l’allure tout à fait banale et classique, veste ou pull de rigueur, casquette visée sur le front de Bryan Funck, chanteur du groupe Thou. Une allure générale en totale contradiction avec leur musique, un hybride de Sludge et de Black Metal atmosphérico-mélancolique. Le quintet semble sous influence. Le comportement de ses membres, altéré. Ils sont dans une bulle, une bulle à géométrie variable susceptible d’englober toute personne qui se laisserait happer par leur environnement expérimental. C’est lent, c’est lourd et les cris glacés et aseptisés de Bryan Funck, les yeux plantés vers un infini perdu, enrobent l’expression sonore des Américains d’une aura malsaine et dérangeante. Un ovni hors du temps, un virus contagieux qui attaque directement l’âme. Une petite heure de show, hors du temps et de l’espace, que rien ne pourra brusquer, même pas les joyeux lurons d’Alestorm désormais retournés dans leurs loges à côté de la scène extérieure, affichant joyeusement par la fenêtre leurs arrière-trains, certains mimant une sodomie à coups de micros. Ces moussaillons ont certainement dû avoir mal aux cheveux le lendemain.

L’esprit encore embrumé par la mélancolie de Thou, les metalheads sont à présent en condition afin de recevoir les salves d’un des groupes les plus attendus de ces deux jours, Satyricon. Véritable fer de lance du Black Metal, les Norvégiens ont annoncé ne faire qu’une tournée cette année. Il ne fallait donc pas manquer l’occasion. Un grand back-flag est hissé à l’arrière-plan, représentant un ciel gris parsemé d’oiseaux en vol. Un pied de micro trône au milieu de la stage, composée de grosses ronces métalliques. Il en va de même pour la structure entourant la batterie, totalement décentrée vers la droite. Satyricon peut aujourd’hui se résumer à deux hommes : Satyr au chant (et à la guitare occasionnellement) et Frost à la batterie. C’est le cœur noir du band, accompagné de musiciens de session lors des prestations live. Le groupe est également connu pour sans cesse repousser les limites de ses compositions et croiser le chemin d’autres styles ou d’autres sources d’inspiration. Il en va de même pour leur tenues en ‘live’ ; elles sont, certes, toujours noires, mais très sobres : on oublie les classiques ‘war paints’ blancs et noir du Black Metal. Le set débute par « The Rite of our Cross », issu de l’LP « Now, Diabolical ». Le son est puissant, percutant même, et la voix de Satyr est bien mise à l’avant-plan. Les vingt-quatre années d’existence de ces icônes sont passées en revue, incluant même « Walk the Path of Sorrow », extrait de leur premier long playing, dans la pure tradition du Black Metal norvégien originel. Un show qui s’achève en beauté, par leur morceau culte, « Mother North », grand classique du genre, suivi du teinté Heavy « Fuel for Hatred » et du péchu « K.I.N.G. ». L’ensemble vient finalement saluer l’auditoire, l’occasion enfin d’apercevoir leur énigmatique et notoire drummer, Frost. Ce dernier, fidèle à sa réputation antipathique, enverra balader l’assistant qui lui proposait d’envoyer ses baguettes dans la foule. Esprit Black Metal, quand tu nous tiens...

Un style musical dont les fers de lance ne se cantonnent pas qu’à la Norvège, notre pays recensant également quelques guerriers, dont les plus connus sont certainement incarnés par Enthroned. C’est donc impatient de voir ce que nos couleurs locales sont capables d’arborer, que je me dirige vers l’extérieur. Douche froide : le groupe, pour d’occultes raisons, n’est pas de la partie ce soir (le groupe annoncera plus tard, le dimanche, sur sa page Facebook, que leur chanteur a dû entrer d’urgence à l’hôpital, suite à des problèmes de nerf optique et du système sanguin).

Appelés in extremis, la formation liégeoise Lifers a courageusement accepté de les remplacer au pied levé. Comme il est également programmé le lendemain, je préfère me concentrer sur leur show du samedi, davantage ancré dans le Hardcore. Grand respect néanmoins pour ce band qui accepté de sauver les meubles, alors qu’il n’a été prévenu à peine une demi-heure avant le début du concert !

Les profondeurs de la nuit sont à présent tombées. Il est 1h du matin et les gars d’Eyehategod montent sur les planches, paisiblement, afin d’installer leur matos. Pas de roadies, pas de décor, malgré leurs vingt-sept ans d’expérience, les Américains ne se prennent pas au sérieux et sont uniquement là pour la musique. Considérés comme un des pionniers du Sludge Metal, Eyehategod ne découvre malheureusement devant lui qu’un parterre pour le moins clairsemé ; seul les plus combatifs sont encore sur pied. L’heure tardive de passage y est certainement la cause… Mais peu importe, le groupe ne s’en plaint pas et va servir un magnifique show, démontrant tout son savoir-faire en ne faisant que jouer, sans en remettre une couche, son talent transpirant naturellement. Mike Williams, frontman du groupe, semble être sur une autre planète, bredouillant maladroitement lorsqu’il ne hurle pas à pleins poumons pendant les morceaux. Faut-il rappeler qu’il avait été forcé de prendre du repos en début d’année, suite à une grosse fatigue mentale et physique. Jimmy Bower, surnommé le ‘Godfather of Southern Metal’, dû notamment à son statut de membre fondateur du combo, mais également de celui de Down, Crowbar et Superjoint Ritual, entraîne à l’aide de sa guitare, en toute simplicité, le reste de l’auditoire présent à l’aide de ses volutes musicales hypnotiques. La faible audience pouvait susciter deux réactions : soit le band est frustré et le manifeste, soit il joue le jeu et profite de la proximité du public. Et c’est immanquablement la deuxième solution qu’il a choisie, les membres d’Eyehategod plaisantant avec les spectateurs, se vannant mutuellement. En prenant un peu de recul, on a eu l’impression de vivre une jam entre amis. Une prestation qui restera certainement gravée dans l’esprit des metalheads encore éveillés ce soir là, certainement autant touchés par la puissance des maîtres du genre que par l’aspect humble de ces grands artistes. Gros coup de cœur. Il est à présent 2h30 et il est plus que temps de rejoindre les bras de Morphée…

Organisation DRF

(Voir aussi notre section photos ici )

 

 

 

mercredi, 08 avril 2015 21:49

La Messe Noire de Behemoth

Behemoth vient de sortir un nouveau clip intitulé « Messe Noire », issu de leur dernier album en titre, « The Satanist ». Mis en scène par Zev Deans, cette nouvelle vidéo insuffle une atmosphère sombre et totalement surréaliste au morceau. « L’histoire de la chute de Lucifer, suivi de sa provocante renaissance, me rappellent le combat personnel qu’a mené Nergal ces dernières années [ndla : le chanteur de Behemoth a en effet combattu une leucémie, diagnostiquée en 2010]. Behemoth a aujourd’hui surmonté ces épreuves et est plus fort que jamais. Avec Messe Noire, j’ai eu la chance de pouvoir travailler avec des gens les plus talentueux de ce genre. Je dois notamment le succès de ce projet à l’intense sacrifice qu’ont fait Sharon [ndla : la styliste des costumes du clip] et le reste de l’équipe », explique le metteur en scène. Nergal, frontman du groupe de Metal polonais, enchérit en affirmant que « cela faisait longtemps que le groupe cherchait à dépasser artistiquement sa zone de confort. The Satanist est l’album qui nous a mis au challenge à différents niveaux. Et en voici un autre avec ce clip, aidé par ce metteur en scène de vidéo qui est un authentique visionnaire ! Ce clip ajoute incontestablement de la qualité à notre art et le rend encore plus transcendantal… j’en suis très fier ! ».





mercredi, 01 avril 2015 01:00

Flash-back sur 29 ans de carrière !

Grosse affluence, ce mercredi soir, en la salle De Kreun, à Courtrai. Et pour cause, l’Alcatraz Club Show a programmé U.D.O., une grosse pointure du Heavy Metal. Suite à un virage musical opéré par Accept en 1987, son fondateur et chanteur Udo Dirkschneider quitte le navire et fonde un groupe qui portera son nom, U.D.O.. Des vieux de la vieille à qui il ne faut certainement plus la raconter. Immersion dans les champs de bataille du Heavy Metal.

La progression dans les tranchées commence dès que je pénètre dans la Cité des Eperons d’Or. Manque de bol : la kermesse foraine annuelle squatte la Place du Conservatoire, me contraignant à rechercher une place de parking dans les environs. Après avoir tourné, tourné et encore tourné, je parviens enfin à dénicher une aire de stationnement. Résultat : dix minutes de retard par rapport au timing prévu. Je parviens enfin à rejoindre ma destination, surpris par la belle affluence. Vu le nombre de tempes grises croisées, les enfants sont restés à la maison.

Quatre hommes longuement chevelus squattent l’estrade, vêtus de pantalons en cuir, denims et t-shirts ou gilets sans manche. Du haut de leur stature de conquérants typés old-school, headbanging de rigueur, les membres de Garagedays ont insufflé un premier souffle de Heavy pêchu et rentre-dedans. Pendant quarante minutes, les Autrichiens, responsables de deux opus studio, ont effectué un premier tour de chauffe des metalheads présents, fans des sonorités du triton de la première heure. ‘We had fun tonight, it’s now time to drink some beers with you’, lance Marco Kern à l’auditoire, avant que l’ensemble du groupe ne le salue tout en promettant de revenir bientôt.

Changement de décor, à l’exception de la batterie qui reste en place. Deux roll-ups sont placées de part et d’autre de la scène, représentant un squelette drapé, mains jointes et tenant sous le coude un obus sur lequel est inscrit : ‘God forgives… I don’t’. Tout un programme ! Les musiciens prennent petit à petit place sur l’estrade. Yeux maquillés et t-shirt déchiré à l’effigie du groupe, le bodybuildé batteur (de remplacement, apparemment) du band prend place derrière ses fûts, suivi du géant suédois Andreas Strandh et de Jimmy Hitula, respectivement bassiste et guitariste de Sister Sin. « Food for Worms », titre d’ouverture de leur dernier elpee, « Black Lotus », démarre par la même occasion ce set et Liv Jagrell, toute de cuir et de résille vêtue, opère son entrée et agrippe son pied de micro. Quelle voix et quelle hargne ! Un show dense d’une quarantaine de minute de Heavy musclé et percutant, auquel le public répondra très favorablement. ‘Fight Song, Fight Song’, lance un spectateur, quelque peu invasif, entre chaque morceau. Un titre qu’il finira par obtenir à la fin du show, avant que Liv s’en aille rapidement en coulisse afin de prendre son téléphone portable et faire un selfie avec la fosse. La setlist s’ouvre et s’achève par des titres de leur dernier opus, « Sail North », clôturant cette prestation haute en couleurs des Suédois. Un très bon moment et une agréable découverte (photos ici)

A peine les dernières notes de sa partition exécutée, le guitariste de Sister s’empresse de déposer son matériel et de déplier le roll-up à l’effigie du groupe, qui le suit. Tout doit être rapidement prêt pour accueillir les icônes de ce soir, U.D.O.. Un podium aménagé pour l’occasion tel un baraquement militaire, du filet camouflage recouvrant les murs et les planches sur lesquelles est posée l’impressionnante batterie de Sven Dirkschneider, qui n’est autre que… le jeune fils de 21 ans d’Udo, vocaliste et fondateur du band. Comme quoi, il n’y a pas que Max Cavalera qui recrute au sein de sa famille… Côté mise en scène, c’est la première fois que sont installées des barrières Nadar entre la ‘stage’ et le public. Et c’est bien dommage, car ce dispositif n’avait pas été dressé lors des deux show précédents. Pourquoi établir cette distance, quand on sait que le Heavy pratiqué par Udo, certes pourtant direct et puissant, n’invite pas spécialement à se lancer dans le crowd surfing ?

Bière à la main, les nombreux spectateurs sont à présent plongés dans le noir. Des spots bleus tournoient dans les airs et des bruits de sirène mêlés aux vrombissements d’avions de guerre envahissent l’espace sonore. Le fils Schneider prend possession de sa batterie et flagelle ses cymbales, sous les éclairs des stroboscopes aveuglants. Le guitariste Kasperi Heikkinen et le bassiste Fitty Wienhold (plus ancien du band, actif depuis le break de la formation entre 1992 et 1996), montent sur le podium et occupent la moitié gauche de la scène, Andrey Smirnov, second guitariste, s’appropriant celle de droite. Harrison Young, également nouvelle recrue d’U.D.O., siège derrière son clavier, à côté de la batterie. Une proximité apparemment autant physique qu’affective, car les deux nouveaux venus vont prendre un malin plaisir à se taquiner tout au long du concert. « Speeder », titre d’ouverture de leur dernier opus, publié au début de cette année 2015, lance les hostilités. Udo Dirkschneider fait son apparition –veste, pantalon et chaussures militaires de rigueur– et vient se planter à droite, en retrait. Place qu’il ne quittera guère, car manifestement, ce n’est pas le type de frontman à arpenter l’espace scénique pendant le show. Une disposition des artistes quelque peu atypique, mais bon, why not ? Petit par la taille mais réellement impressionnant par sa puissance vocale, Udo fait claquer sa voix rauque et aigue. Du haut de ses soixante-deux balais, l’homme respecté du Heavy Metal n’a rien perdu de sa superbe. Il suffit d’observer les chanteurs pendant leurs concerts pour se rendre compte que quelques-uns ont fréquemment besoin de sprays ou autre remèdes magiques pour pouvoir tenir le coup. Udo, quant à lui, n’aura recours pendant son set (de plus de nonante minutes) qu’à… deux gorgées d’eau. Respect !

A peine le premier morceau terminé que s’opère un brusque retour vingt-cinq ans en arrière, grâce à « Blitz of Lightning », tiré de « Faceless World », paru en 1990. Kasperi Heikkinen, fermement agrippé à sa gratte, ne cesse de fixer le public, en affichant un sourire mi-fou, mi-démoniaque (un peu à la Joker, dans Batman, vous voyez ?) et de pointer de son index toute personne le photographiant, n’hésitant pas à jouer le jeu en prenant des poses stéréotypées, au grand bonheur des photographes présents. On revient ensuite aux compositions contemporaines, et notamment « King of Mean » ainsi que « Decadent ». Le combo ne fait pas dans la dentelle. C’est lourd, c’est rapide et ça flaire le cuir et la testostérone. Tout est précis et calculé. Ces gars-là ne sont pas venus pour rigoler, non plus. Autant l’aspect visuel que musical reflète un aspect martial. Autre fait intéressant à remarquer : Udo Dirkschneider est un artiste qui vit sa musique. Quand il chante, c’est tout son corps qui se contracte sur lui-même, fermant la plupart du temps les yeux, comme pour procurer le max d’énergie à sa voix. Et quand il se tait, ce sont ses muscles du visage qui se contractent au rythme des riffs Heavy. A de nombreuses reprises, il va se planter auprès de ses musiciens, scrutant les va-et-vient sur les manches de guitare tout en effectuant des mimiques, telles que la déformation des traits de la bouche ou des plissements d’yeux on ne peut plus expressifs. Une complicité qu’il partage également quelquefois avec son fils, de manière quasi pudique, en lui envoyant notamment à la figure son bouchon de bouteille d’eau, provoquant l’hilarité des deux compères. 

Les spots s’éteignent et deux pieds sont placés à l’avant de l’estrade, sur lesquels reposent deux guitares sèches. La scène se rallume dans un halo bleu et Harrison Young démarre au piano « Tears of a Clown ». Udo vient y poser une voix grave, calme et posée, démontrant par la même occasion une nouvelle facette de ses capacités vocales. Une parenthèse forte en émotions, véritable parenthèse sur le champ de bataille, accompagnée de douces mélodies à la guitare sèche. Et s’ensuit un second morceau plus calme, « Secrets in Paradise », profitant d’un switch justement dosé, signant le retour aux notes électriques.

Neuf long playings parmi les quinze que compte la discographie seront ainsi visités par les Allemands durant leur long set, passant en revue à la fin du show, « Pain », « Untouchable » et « Metal Machine ». Le groupe s’éclipse en coulisse et laisse le public le rappeler afin de lui accorder une dernière salve. Un rappel qui opère un retour dans le temps. Et tout d’abord, à travers « Break the Rules », issu de leur second LP, gravé en 1988. On aura ensuite droit à quelques reprises d’Accept, dont Udo, faut-il le rappeler, était le membre fondateur. Kasperi Heikkinen prend plaisir à se mettre à l’avant de la scène, démarrant chacune de ces compositions, entraînant à chaque fois une vive acclamation de la part de l’auditoire. « Princess of the Dawn », « I’m a Rebel » et « Fast as Sharks » viennent clôturer cette très belle prestation. ‘Thank you Belgium, you were amazing tonight’, proclame le vocaliste, en s’adressant à la fosse, avant de se pencher et de lancer un long cri aigu, venu de nulle part, en guise de signature d’icône du Heavy. L’emblématique et incontournable « Balls to the Wall » finira de mettre d’accord les fans d’old-school venus ce soir. Une prestation qui ne restera certes pas dans les annales pour son interactivité entre les musicos et la foule, mais bien parce qu’elle a brossé une carrière vertigineuse de vingt-neuf années, quasi sans interruption, de Heavy Metal dans toute sa noblesse. (photos )

Setlist : Speeder, Blitz of Lightning, King of Mean, Decadent, Independence Day, Black Widow, Never Cross My Way, The Bullet and the Bomb, Under Your Skin, Tears of a Clown, Secrets in Paradise, Faceless World, Pain, Untouchable, Let Me Out, Metal Machine, Metal Eater, Break the Rules, Princess of the Dawn, I'm a Rebel, Fast as a Shark, Balls to the Wall.

(Organisation : Alcatraz Clubshows)

Après avoir écumé les bars américains à coups de reprises de Glam Metal des années 80, les amis d’école de Metal Skool décident de composer leurs propres morceaux et deviennent, en 2008, les Steel Panther. Reconnus pour leur humour franchement décalé, portant essentiellement sur leur côté festif, la drogue et le sexe à outrance, les Américains ont la réputation de dispenser des shows explosifs et totalement déjantés. Ils avaient mis une fameuse ambiance, lors de leur dernier passage en Belgique, au Graspop Metal Meeting, en 2014 ; mais quid de leur première date à l’Ancienne Belgique ? Immersion au cœur des paillettes et du troisième degré en dessous de la ceinture.

Alors que je m’attendais à croiser un public plus âgé, nostalgique de l’âge d’or du Glam Metal de la fin des 70 et du début des années 80, marquées par Twisted Sister, Mötley Crue ou encore W.A.S.P., c’est au contraire un public majoritairement dans la vingtaine qui a répondu ce soir à l’appel des glammers. Deuxième surprise : il y a très peu de monde à l’ouverture des portes. Impossible pourtant que la foule ne se soit pas déplacée pour applaudir les Yankees potaches… La raison procède peut-être de l’absence d’une première partie ‘consistante’. D’ailleurs, le public va affluer progressivement jusqu’à finalement transformer le show en spectacle sold-out. Mission réussie.

Sur l’estrade, sont disposées deux toiles tendues sur des armatures métalliques. Sur l’une d’elle figure l’inscription ‘The Lounge Kittens’ en lettres néon multicolores ; sur l’autre, les initiales ‘TLK’, toutes aussi bariolées. Trois femmes montent sur les planches, vêtues d’une tenue moulante rayée verte et noire. Seul un petit piano trône sur l’estrade. Et là… surprise : sur une rythmique digne d’un twist complètement déjanté, les trois demoiselles vont reprendre pendant une demi-heure des classiques du Metal ; depuis Slipknot à Iron Maiden, en passant par Metallica, Limp Bizkit, Papa Roach, System of a Down, mais aussi Queen, Bob Marley ou encore Prodigy. De véritables ovnis. Se réappropriant totalement les chansons, toutes trois ont chauffé l’ambiance à coups d’humour, de stéréotypes et de folie, le tout dans un style cabaret décalé. Une ouverture de show atypique, dont la sauce a peut-être eu du mal à prendre au début tant ce genre d’‘opening act’ est unique en son genre. Mais au final, un bon moment de bonne humeur. De quoi mettre en appétit avant un show qui va glisser directement à la troisième vitesse, en matière de facéties décalées.

Un voile bleu, similaire à de la soie, cache l’ensemble de la scène de l’Ancienne Belgique. La fosse, mais également les gradins, sont à présent bien remplis. La salle est plongée dans le noir lorsque retentit « Runnin’ with the Devil » de Van Halen. L’ambiance monte crescendo, atteignant son apogée à la fin du morceau, lorsque retentissent des coups de batterie. Les premières notes de « Pussywhipped » s’envolent et font tomber le voile, laissant apparaître les membres du band en grande forme. Vous voyez Slayer ? Faites-en un cliché en négatif et vous obtiendrez l’image qui correspond le mieux à Steel Panther. A la virilité exacerbée à coups de laque, pantalon moulant, lifting et gestes obscènes à outrance, les membres n’hésitent pas à stéréotyper et à amplifier le mouvement Glam. Tout sourire et les yeux un peu plus ouverts que la normale, vêtu d’un pantalon noir ultra serrant étoilé et d’un t-shirt à tête de chat, Michael Starr enflamme directement le public. Et le band d’attaquer « Party Like Tomorrow Is the End of the World », issu de son dernier opus, « All You Can Eat » (qui est en outre l’appellation de la tournée). Michael exécute ses mimiques, en triturant son micro, tel un phallus en érection. Le bassiste, Lexxi Foxx, le plus efféminé des rockers, se dandine dans son cuir pailleté et lance des regards appuyés à la foule, tenant sa bouche en cul de poule. Satchel, quant à lui, le guitariste musclé, légèrement vêtu d’un treillis déchiré de partout, manie sa guitare vigoureusement, tout en lançant des clins d’œil aux premiers rangs, pour le bonheur de ces dames médusées. Plus discret, le puissant Stix Zadinia, bandeau autour de la tête pour tenir ses cheveux, se contente de marteler les fûts de sa batterie, élevée sur un podium.

Les Steel Panther sont également reconnus pour leurs blagues commises pendant leur show, prenant le temps de se vanner l’un l’autre tout le long du set. Exprimant la plupart du temps des propos à connotations sexuelles, ils se plaisent à évoquer la taille de leur sexe, se rappeler qui ils ont baisé la nuit dernière ou encore savoir qui s’est envoyé la mère, la fille ou la grand-mère des filles qu’ils ont connues. Finesse, quand tu nous tiens. Une part belle du concert sera consacrée à leur second LP, paru en 2009, « Feel The Steel », à travers les tubes tels que « Asian Hooker », « Eyes of a Panther » ou encore « Death to All but Metal ». Récemment questionné pour savoir si, vu leur renommée importante, le groupe allait enfin écrire des chansons un peu sérieuses, la réponse de Michael Starr avait été très explicite : ‘Non ! On veut uniquement se marrer et on va toujours plus loin. On a décidé qu’on prendrait toujours notre pied et qu’on ne se prendrait jamais au sérieux’. Du fun à la Steel Panther, c’est aussi inviter un maximum de filles sur le podium lors du morceau évocateur « 17 Girls in a Row », où les plus aventureuses (et plantureuses) se sont ruées sur la stage afin de rejoindre, parfois de manière très proche, les Américains. Les plus échauffées ont atteint Michael Starr, s’y frottant de manière suggestive avant de dévoiler leur poitrine, pour le plus grand plaisir des mâles, dans la fosse. Le chanteur va même comparer les nichons des deux nanas, présentant l’une comme la version post-chirurgie esthétique de l’autre. Une attitude stéréotypée qui s’assoit parfois sur le respect et glorifie pompeusement le machisme, mais ne semble pas affecter les donzelles montées sur l’estrade.

Steel Panther ne manque également pas de régler ses comptes avec le rappeur Kanye West. Car ce dernier leur aurait manqué de respect lors de la remise d’un Grammy Awards. Avant de démarrer le morceau « Kanye », les artistes invitent la foule à entonner en chœur un ‘Fuck Kanye’ tout à fait suggestif. Cette revanche passée, les glammers poursuivent par « Weenie Ride » ou encore « Why Can’t You Trust Me », issus de leur elpee « Balls Out », au cours duquel Michael Starr s’amuse à lancer son chapeau que rattrape au vol Stix Zadinia, de sa baguette. Les filles de The Lounge Kittens –qui terminent le supporting act de la tournée Steel Panther, ce soir– sont conviées à rallier la tête d’affiche pour attaquer « Girl From Oklahoma », et de poursuivre par la reprise du « Ain't Talkin' 'Bout Love » de Van Halen.

‘You’re absolutely amazing tonight, Belgium. I must admit, it’s the best show of our career’. Bon, on continuera à prendre sa déclaration au troisième degré, en évitant de penser que le frontman doit certainement avoir le même discours lors de chaque prestation. La scène est plongée dans le noir, seul le backflag à l’effigie du band reste éclairé par des spots de couleur bleue. Les spectateurs en redemandent, hurlant un ‘We want more’ avant de reprendre tel un seul homme le refrain de « Party All Day (Fuck All Night) ». Après un long moment d’attente, Michael Starr et Satchel finissent par réapparaître et abordent « Community Property », puis leur tube réclamé par la foule pendant le rappel, laissant un auditoire désormais rassasié après quasi deux heures de show explosif. Vu le niveau des lyrics et l’attitude qu’on qualifiera sans limite dans l’obscénité, ce type de projet n’aurait jamais dû dépasser le stade de la reconnaissance locale. Mais comme les membres de Steel Panther sont de redoutables musicos, ils parviennent à relever le défi d’enchaîner les bêtises et les blagues potaches en se servant de compositions puissantes et accrocheuses. Personne (ou du moins, peu de monde) ne peut vraiment confirmer qu’ils sont, comme ils le prétendent, des bêtes de sexe. Mais toute l’Ancienne Belgique a bien conclu, jeudi soir, que les Steel Panther étaient définitivement des bêtes de scène. (Voir aussi la section photos ici)

Tracklist : Pussywhipped, Party Like Tomorrow Is the End of the World, Fat Girl (Thar She Blows), Tomorrow Night, The Shocker, 17 Girls in a Row , Gloryhole , If I Was the King, Ten Strikes You're Out, Kanye, Weenie Ride, Stripper Girl, Why Can't You Trust Me, Girl From Oklahoma, Ain't Talkin' 'Bout Love, Asian Hooker, Eyes of a Panthers, Death to All but Metal, Community Property, Party All Day (Fuck All Night)

(Organisation : Ancienne Belgique)

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