Au fil du temps, Diablo Blvd est parvenu à se hisser au rang de groupe incontournable dans l’univers du Metal, en Belgique. Actif depuis 2005 et signé dix ans plus tard chez le prestigieux label Nuclear Blast, le groupe vient d’achever l’enregistrement de son nouvel opus et s’apprête, dès le mois de septembre, à conquérir le monde. L’occasion de rencontrer son chanteur, Alex Agnew, qui prétend que le Heavy appartient à son ADN. Un passionné sans limites, dont le credo est de toujours aller plus loin. Le tout, évidemment, à la sauce rock’n’roll. Rencontre.
Le rendez-vous est fixé dans un café de Berchem, dans la périphérie d’Anvers. Le temps est typiquement belge : maussade. Accusant quelques minutes de retard, Alex Agnew finit par débarquer. Perfecto sur le dos, il porte un pull à l’effigie du band Mayhem. Il commande un thé, votre serviteur opte pour le café. L’entretien peut commencer.
Alex Agnew est une hydre à deux têtes. C’est en effet sous son masque de comédien/humoriste que l’artiste est essentiellement notoire au Nord de la Belgique. Il a ainsi rempli pas moins de neuf fois le SportPaleis d’Anvers. Outre-Senne, c’est par contre entouré des musiciens de Diablo Blvd, qu’Alex –ses lunettes noires vissées sur le nez– est le plus populaire. Deux projets couronnés de succès, qui s’entremêlent, et au milieu desquels le bekende Vlaming tente de trouver un équilibre. Il y a trois ans, il prenait un congé sabbatique dans sa carrière d’humoriste. Deux ans plus tard, Diablo Blvd publie ‘Follow the Deadlights’, le 4ème LP du groupe. Depuis 2016, il est revenu à l’avant-plan en créant un nouveau one-man show, baptisé ‘Unfinished Business’, sans pour autant laisser sa formation musicale de côté. Trois années se sont écoulées depuis la sortie du dernier opus… Et aujourd’hui, où en est-il ? « Nous avons achevé l’enregistrement d’un nouvel album. Il sortira en septembre chez Sony et dans le monde entier via Nuclear Blast ! », annonce fièrement le vocaliste.
La formation peut en effet se targuer d’être le premier band belge à être hébergé, depuis 2015, au sein de l’écurie de ce label allemand, un des plus importants et influents de la scène Metal. Cette signature avait permis au dernier elpee, ‘Follow the Deadlights’, de bénéficier a posteriori d’une ‘seconde’ vie, vu qu’il était déjà sorti quasi un an auparavant. Intitulé ‘Zero Hour’, le dernier sera donc le premier à bénéficier d’une diffusion simultanée aux quatre coins de la planète. « On a vraiment bossé dessus pendant un bout de temps, on voulait que tout soit parfait », confie le chanteur. « Avant, les seuls groupes concurrents étaient belges. Il y en a certes de très bons, mais on ne peut pas affirmer qu’il y a en ait énormément. Ici, on va directement se retrouver dans la cour des grands et rivaliser avec plus gros que nous ».
L’occasion idéale pour le quatuor d’opérer un virage dans la composition : « Je voulais quelque chose de plus sombre que dans le passé. Nous sommes toujours, bien évidemment, une formation de Metal, c’est dans notre ADN ; mais il sera désormais davantage nourri par cette vague New-Wave qui a influencé les années 80. Je pense à Type O Negative, Killing Joke, Tears for Fears ou encore Sisters of Mercy », explique-t-il. Plus sombre dans la musique, mais également plus sombre dans les paroles. Le musicien voulait en effet retrouver davantage d’adéquation entre ses lyrics et la société telle qu’il la voit aujourd’hui. « Vu la tournure que prennent les évènements actuellement, où on parle sans cesse de revenir à un âge d’or qui n’a jamais existé, de bâtir sans cesse des murs entre les gens, je pense qu’il est temps que l’espèce humaine mue vers un être plus intelligent que nous. Un peu comme l’homme de Neandertal : on a fait notre temps, il faut à présent s’en aller, laisser la place à quelque chose de meilleur, avant de vraiment tout foutre en l’air », confie-t-il d’un ton légèrement amer.
Un nouvel opus que l’artiste qualifie également de moins commercial ; ce qui n’a pas manqué d’interpeller le label Nuclear Blast lors d’une première écoute. Le label s’attendait en effet plutôt à quelque chose qui soit dans la veine du répertoire de Volbeat. « On nous compare souvent à eux. C’est sûrement dû à la puissance de nos voix respectives. Mais je ne suis pourtant pas un grand fan de cette formation… J’ai toujours plutôt été plus inspiré par un Danzig dans années 80. On a d’ailleurs réalisé une reprise de Samhain (NDR : « To Walk the Night »), un des groupes underground de cette époque, où chantait également le chanteur de Danzig. Je n’ai jamais prétendu vouloir ressembler à un band actuel… », déclare Alex Agnew. Un album qui se veut également plus roots, plus primitif et dès lors plus violent. « Le mixage n’est aussi plus tout à fait le même : ma voix se mêle davantage à l’ensemble, les guitares sont plus lourdes et s’est évertué à ne pas devoir les enregistrer quinze fois, afin d’obtenir le meilleur rendu. On voulait un résultat plus spontané, plus cru. Ouais… Les responsables de Nuclear Blast ont vraiment été étonnés, la première fois qu’ils l’ont entendu… », ajoute-t-il en rigolant.
Diablo Blvd, c’est aussi et avant tout une histoire d’amour pour la musique. Le patronyme de ce band a par exemple été choisi en hommage à la chanson du même nom, issue d’‘America’s Volume Dealer’, septième album long playing du combo américain de Stoner, Corrosion of Conformity. Un choix d’autant plus symbolique, suite à rencontre qui s’est produite entre les musicos et Pepper Keenan (le guitariste et chanteur de CoC), il y a quelques années, dans les coulisses de l’Ancienne Belgique. « Quelqu’un avait parlé de nous à Pepper. Il avait demandé un t-shirt et un cd du groupe ; et on est allé lui apporter. Il nous a expliqué que ‘Diablo Blvd’ vient du nom d’une rue en Californie ; ce qu’on savait déjà. Par contre, on ignorait totalement que James Hetfield (NDR : le chanteur de Metallica) habitait au coin de cette artère. Pepper nous a raconté qu’un soir, alors qu’ils se baladaient ensemble (NDR : les deux artistes sont des amis), ils sont tombés sur un panneau indiquant le nom de cette rue. Pepper a alors demandé à James s’il l’avait déjà utilisé pour une de leur chanson. Vu que ce n’était pas le cas, Pepper a alors déclaré qu’il s’en servirait pour une des siennes », raconte Alex Agnew, des étoiles dans les yeux.
L’artiste n’a jamais en effet jamais caché sa passion pour Metallica : « J’adore ! Les musiciens ont toujours eu besoin de tenter des challenges et se foutent pas mal de ce qu’on pourrait penser d’eux. On l’a bien vu lorsqu’ils ont enregistré un disque avec Lou Reed. Une telle démarche teste les limites de leurs fans… Mais qu’importe, ils l’ont fait ! Nombreux sont ceux qui considèrent Slayer comme un vrai groupe de Metal. Mais ces gars n’ont jamais pris de risques ! Et à la fin… ça peut devenir chiant ! », et d’enchaîner : « Prends maintenant ce duo avec Lady Gaga ! C’est aussi un truc bizarre, mais qui peut être intéressant ! Lady Gaga est une bonne chanteuse. Elle a une bonne voix. Une chose est sûre : s’ils partent en tournée ensemble, j’irai les voir ! », ponctue-t-il dans un éclat de rire.
Même si un prochain périple, en compagnie de Metallica, semble relever davantage de l’utopie que de la réalité, Alex Agnew reconnait que la publication prochaine de son nouvel LP, en septembre, sera certainement l’occasion d’écrire une nouvelle page dans l’histoire du band, qui sera ponctuée par une tournée internationale. Quant à savoir qui a la préférence pour partager les planches, le souhait est empli d’espoirs de bons moments futurs. « Ce serait super intéressant de pouvoir tourner en compagnie de Ghost par exemple ou encore Gojira ou Down. Mais perso, je pense être capable tourner avec n’importe qui… », admet-il, pensif, avant d’embrayer : « Mais Killing Joke, ce serait vraiment un de mes rêves. Bon, on serait déchiré tous les soirs, mais on s’en fout ! ».
Hasard du calendrier, Channel Zero, l’autre porte-drapeau du Metal en Belgique, publiera également son nouveau long playing à la rentrée scolaire. Et ce n’est pas la première fois que les chemins de ces deux combos se croisent. On se rappellera notamment la précédente édition de ‘Music for Life’, cet évènement caritatif organisé chaque année par la radio néerlandophone Studio Brussel. « Franky (NDR : De Smet Van Damme, le vocaliste de Channel Zero) a déjà chanté avec nous ; c’était avant que Channel Zero ne se reforme, en 2009. C’était sur le toit de la Glazen Huis, à Anvers. On avait joué une reprise du ‘Sad But True’ de Metallica. Et une autre de Killing Joke, ‘Eighties’ ; Marcel Vanthilt, un présentateur de la TV néerlandophone qui avait auparavant travaillé pour MTV, était aussi de la partie », s’épanche Alex, jamais à court d’anecdotes.
Quant à imaginer une tournée belge en compagnie de ces deux formations phares du plat pays, Alex Agnew n’est en tout cas par opposé. En forme de clin d’œil, il confie d’ailleurs que de leurs derniers elpees respectifs, c’est Diablo Blvd qui en vendu le plus. « Il y a toujours eu comme une saine rivalité entre nous, afin de savoir quel LP déchirera le plus. Et cette compétition est nécessaire, c’est ce qui te fait avancer ! Tu t’obliges à toujours être le meilleur ! ».