‘Tour de chauffe’ est un dispositif d’accompagnement aux pratiques amateurs mené avec le soutien financier de LMCU par trois structures culturelles de la métropole lilloise : le Centre Musical les Araces de Faches Thumenil, la Maison de la Musique-le Nautilys de Comines, la Maison Folie-Ferme d’en haut de Villeneuve d’Ascq.
Cette opération a permis à 18 groupes de la métropole de bénéficier, durant l’année 2006, d’une résidence de travail scénique, d’un enregistrement professionnel de 2 titres, d’une aide à la structuration administrative et à la communication, et de formations diverses et variées (législation du spectacle, MAO, mise en scène, master-class, chant…) Un festival dans les trois lieux et un double cd compilatif concluent cette année de travail. Une compile sur laquelle nous allons nous pencher…
Le premier disque nous entraîne à la découverte de 10 formations. Depuis Automaticq, version electro-pop de Noir Désir à Deinzen, responsable d’une formule electro-pop-jazz lorgnant tour à tour vers Perry Blake ou Thom Yorke, en passant par The Clercks, combo parisien vivant à Manchester dont le post punk (à moins que ce ne soit la cold wave) juvénile puise manifestement ses influences chez Joy Division, Blondie, Bis et Elastica, Day One A Porno et ses atmosphères ténébreuses, sombres, réminiscentes d’And Also The Trees et Sad Lovers & Giants, le post rock singulier de L’Objet, mêlant habilement cold et no wave (imaginez une rencontre hypothétique entre Cure, Sonic Youth et Slint), le hip hop teinté de Philly sound cher à Mic Familia, le post hip hop de MasKgaz, l’electro opératique de Maymun, susceptible de virer au minimalisme sous des accents dub ou empruntés à la chanson française, Valentine’s Day, sorte de Hooverphonic en moins trip hop et le jazz/prog de Six Reine (ou les prouesses vocales de Gentle Giant transposées chez Meredith Monk).
La deuxième plaque épingle 8 artistes ou groupes. Elle s’ouvre par Rodrigue, disciple de la chanson française, évoluant dans un registre plus proche de Cali que de Thomas Fersen, et s’achève par la world fusion de Borka. Un disque qui se révèle globalement plus intéressant. Mon premier coup de cœur va ainsi à Kinski Palace, dont la musique cinématique, à la croisée des chemins d’Enio Morricone, de CharlElie Couture, Calexico et Bashung est hantée par le baryton de Venko. Yukiko The Witch ensuite. Un duo responsable de 18 albums autoproduits à ce jour et pourtant qui végète toujours dans la zone crépusculaire de l’underground. Des artistes complets, puisqu’ils partagent leur passion musicale avec la peinture, la lutherie et la sculpture. Leur pop/rock mélodique semi-acoustique, mélodieuse (pour ne pas dire contagieuse) me rappelle même les meilleurs moments de Travis. Et la troisième bonne surprise nous vient de The Neverending. Parce que sa vision hardcore évolue dans un registre mélodique, cosmique, proche d’Isis. Le reste de l’elpee épingle encore le déglincore de Tronckh, qui se réclame autant de Primus de Cypress Hill que de Faith No More, le rap teinté d’exotisme de Fiensou et enfin nous invite à voyager à travers le riche patrimoine kabyle sous la houlette de Trad’Am…