V.U.E. a les mêmes initiales que le Velvet Underground, à une lettre près; et ce n'est pas qu'une simple coïncidence, tant leur musique rappelle la bande à Lou Reed par son côté bohème et décadent. V.U.E. n'en est pas pour autant le dernier avatar d'une certaine tradition américaine post-sixties qui louvoierait du côté glam de Bowie et d'Iggy Pop. Aux détours des 10 chansons de leur deuxième album, on retrouve aussi les frasques déglinguées de Nick Cave et de son Birthday Party, voire du Gun Club; sans oublier cette tension chère au punk de Californie, d'où ils sont d'ailleurs originaires. Ce retour flamboyant des guitares sur le devant de la scène nous renvoie au cœur de la tourmente rock, enterré dans les années 90 avec la mort de Kurt Cobain et ravivé ces jours-ci par des jeunots à la dent dure: les White Stripes, Strokes, The Hives et Black Rebel Motorcycle Club (dont ils font d'ailleurs la première partie pour leur tournée européenne). Pourtant, rien ne prédestinait V.U.E. à emprunter la route du rock'n'roll, telles des pierres roulant, ou plutôt surfant, sur la vague branchée des guitares qui tachent. C'est vrai que depuis quelques mois, tout le monde y va de son petit refrain tous riffs dehors, l'attitude revancharde en épingle (à nourrice) et le blouson noir sur les épaules.
" Hey Hey My My (Rock'n'roll can never die) ", chantait Neil Young à la fin des années 70. Il ne croyait pas si bien dire. Mais V.U.E. a d'abord commencé comme un groupe boutonneux de fans de Napalm Death… Dur, dur, pour la réputation (surtout quand on sait que le chanteur de ce groupe de beaufs ne porte sur scène que des maillots de cycliste). Heureusement, leur maison de disque a bien flairé ce qui se tramait en 2001 : fini l'électro ou le hard lourdingue, retour au blues explosif originel, 2002 serait rock ou ne serait pas. Tant mieux pour V.U.E., qui devrait profiter de l'engouement médiatique vis-à-vis des groupes mentionnés plus haut pour se tailler une part du gâteau. De toute manière, V.U.E. n'est pas moins bon que les autres, mais il arrive peut-être (déjà) un peu trop tard… A vouloir profiter de la vague, on finit par se noyer. C'est la dure vérité quand on est la cinquième roue du carrosse.