Joe Bataan est une authentique légende de la soul latine des années 60 et 70. Du boogaloo à la salsa en passant par les premiers balbutiements du hip hop, l’homme a assurément marqué son époque. Après une longue éclipse qui a duré presque deux décennies, Joe a opéré un retour fracassant en 2004, lorsqu’il a commis « Call My Name », un album enregistré en compagnie des Dap Kings.
« King of Latin Soul » se concentre sur le glorieux passé de l’ancien bad boy de Spanish Harlem. Flanqué du groupe espagnol Los Fulanos, Joe revisite une douzaine de titres qui ont établi sa légende. Quelques uns des plus gros tubes de notre homme sont donc reliftés dans une veine funk latino énergique : « Mestizo », « The Bottle », « Johnny’s No Good », « Rap-O-Clap-O » ou encore « Puerto Rico Me Llama ». Une sélection parfaite qui résume bien l’évolution du bonhomme, des premiers pas du boogaloo aux balbutiements de la salsa, sans oublier le funk latin et le disco des années 70. Tour à tour romantique, pacifiste, acerbe observateur du ghetto, ces quelques chansons nous rappellent surtout que Joe Bataan est un compositeur extrêmement talentueux.
Au rayon des curiosités, on notera une version électro (et pas très réussie) de « Rap-O-Clap-O », un des premiers singles qui s’était penché sur le phénomène du rap ; et curieusement, un morceau qui avait décroché un énorme tube en … Belgique ! Dans un autre registre (celui des bonnes surprises), Joe chante sur « The Bottle », compo signée Gil Scott Heron, qu’il avait remaniée au cours des seventies, dans une version instrumentale sous le nom de « La Botella ».
« King of Latin Soul » se révèle un agréable disque riche en bonnes vibrations. Il n’apporte peut-être pas grand-chose aux originaux mais incitera peut-être les néophytes à découvrir la riche discographie de Joe, largement rééditée par Vampisoul et V2.