Special Friend, tout feu, tout flamme !

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L’indie rock de Th Da Freak

Le 31 mars 2022, Th Da Freak annonçait la parution surprise d'un nouvel elpee, « Indie Rock », pour le lendemain. Vrai-faux poisson d'avril puisque le 1er avril 2022, l'album sortait bien, sur bandcamp uniquement et en téléchargement gratuit... pour 48H…

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Leuze En Folie 2019 : mercredi 30 avril

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‘Leuze en folie’ c’est d’abord LA fête de l’année qu’attendent tous les Leuzois ! Depuis plus de 25 ans, habitants du centre-ville et des villages se rassemblent le 30 avril (veille du 1er mai, jour férié) pour profiter d’une grande fête populaire et d’une braderie sur la Grand Place et ses alentours. Et c’est dans ce cadre qu’un festival musical est organisé par l’association les Jeunes Leuzois Actifs-JLA. La foule flâne parmi les échoppes et s’arrête de temps en temps pour assister aux concerts. Il y a même des saltimbanques, des échassiers, des cracheurs de feu et des graffeurs qui participent aux festivités…

Le premier groupe qui grimpe sur le podium n’est pas musical, mais une troupe de danseurs baptisée Orpheo Teamdanceforever. En bas collants noirs, des jeunes exécutent des superbes chorégraphies sur des rythmes latinos, r’n’b, funk ou disco. Un défilé qui va durer près de 45 minutes…

Les histoires sérieuses commencent par Des Bruits et Du vent, une formation tournaisienne qui appartient au collectif ‘La Fanfare Toi-Même’. Cinq multi-instrumentistes (Justin et Martin Desmet, Pierre Roekens, Thibaut et Florian Fauquet) qui se partagent ukulélé, basse, guitare à 5 cordes, percussions, accordéon et cuivres. Ils passent d’un instrument à l’autre avec une facilité déconcertante et chantent tour à tour dans la langue de Shakespeare ou de Molière. Etonnant, bien que composant son propre répertoire, le groupe pratique une musique qui oscille entre folk, rock et world, musique du monde très susceptible de nous entraîner, tour à tour, dans les Balkans, le Brésil ou encore l’Afrique, depuis la côte Ouest jusqu’à Madagascar. Et les titres font mouche, car les spectateurs dansent et chantent. Vraiment une chouette découverte !

Circus Café est un combo qui s’est formé à la faveur des nuits bruxelloises. Finaliste de l’édition 2016 du concours ‘L’Envol des Cités’, il implique le chanteur/guitariste Anthony Circus, alias Antoine Petit, le sixcordiste Steven Mayence, le bassiste Bastien Scutnaire et le préposé aux synthés Jackson Fiasco, aka Martin de Gennes. Fondé en 2014, le quatuor est responsable d’une pop hétérogène, brute, enivrante, fruitée et tonique, née des différentes influences des musicos, des influences qui oscillent de Guns N’Roses aux Wombats, en passant par Justice et Red Hot Chili Peppers.

Le set s’ouvre par « Gran Canaria », un morceau qui trempe dans l’électro/funk. L’absence de drums est compensée par les samples des synthés ; ce qui n’empêche pas la section rythmique de se révéler consistante. Mais si la voix est puissante, ce sont les interventions de la basse et de la guitare qui font la différence. La première est souvent jouée en slapping alors que la seconde, distincte et percutante, emprunte tour à tour des sonorités latines à Carlos Santana voire Diego Higueras ou funkysantes à Nile Rodgers. Une musique très excitante qui a incité bon nombre de spectateurs à remuer le bas des reins… comme sur un dancefloor…

Setlist : « Gran Canaria », « She’s Seen Heaven », « Burning Man », « Santiago », « Magdalena », « Monsters Inside Us », « Lose Your Senses »

Il n’y a pas grand-monde sur la Place devant le podium lors du soundcheck de Juicy. Votre serviteur y assiste. Faut dire qu’il est devenu accro au r&b des deux filles. Elles lui ont même avoué qu’elles égaient des ‘Miss Catastrophe’. On en reparlera. Et notamment lors d’une interview qu’elles ont eu la gentillesse d’accorder à Musiczine et qui sera publié d’ici quelques semaines.

Malgré les problèmes techniques rencontrés –micro pour Julie Rens et gratte pour Sasha Vonk– la prestation va se révéler convaincante. Chaque concert de Juicy est différent. Que ce soit à travers la chorégraphie, les mimiques, les costumes et même l’interactivité. C’est une constante chez les Bruxelloises…

Dès les premiers accords de « LTGL », la foule rapplique sur la place. Faut dire que même électroniques, des sirènes qui retentissent ont de quoi interpeler ! Les filles ont enfilé des fringues de couleur noire à capuche. Elles se plantent face à la toile de fond, dos au public, les bras en l’air, sous un éclairage de teinte bleue. Mais à cet instant, la nuit n’est pas encore tombée. Et ce n’est qu’au fil du concert que le light show produira son incidence. Elles enchaînent par « Mouldy Beauty », morceau propice aux contorsions. Elles se consacrent toutes les deux aux synthés, samplers et vocaux. Sasha se réserve cependant la guitare et Julie, la boîte à rythmes. Ce qui ne les empêche pas de troquer leurs instruments. Elles amorcent « Mouldy Beauty » en mode dubstep, mais light ! Elles se tortillent maintenant sensuellement, comme des geishas. Même les mains ondulent sur les instrus. Ce qui émoustille le public. Le moment est alors idéal pour communiquer avec cette foule et faire monter en pression. Sasha est passée maître dans cet exercice de style. Julie se plante derrière son synthé et active le MPD. Le tandem nous propose une version plutôt paisible de « Seed & Ride ». Pas de guests ce soir, elles assument seules le show. Ce qui n’est pas un problème, car elles sont complices, presque fusionnelles. Elles pourraient être frangines… Après un bref conciliabule, elles attaquent « La Boulette », le morceau préféré de votre serviteur. Julie le pointe du doigt et le dédicace au fan ‘number one’. Sympa ! Très rythmée et entraînante, cette compo met une belle ambiance dans la fosse. D’ailleurs, et c’est une bonne habitude, Juicy est parvenu à faire danser la foule. Le duo se produira dans la plupart des festivals d’été : Couleur Café, Les Francos de Spa, Ronquières, Dour et Solidarités à Namur.

Entre le set de Juicy et celui de Gustave Brass band, on va assister à un joli feu d’artifice… ponctuant cette édition 2019 particulièrement réussie…

Setlist : « LTGL », « Mouldy Beauty », « Seed & Ride », « Hard Nut To Crack », « Didn’t Knock », « What You Can’t Confess », « Over My Shoulder », « La Boulette », « GHB », « Mama Told Me », « See Me Now », « Count Our Fingers Twice ».

(Organisation : Les Jeunes Leuzois Actifs)

DJ Pourri And kardel + Gustave Brass Band + Juicy + Circus Café + Des Bruits Et Du Vent + Orpheo Teamdanceforever

Les Nuits Botanique 2019 : lundi 29 avril

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Grand espoir de la scène belge, Thomas Mustin, aka Mustii, est un fameux showman ! Baptisé ‘An intimate portrait of the 21st Century Boy’, son spectacle proposé ce soir est une première. Thomas est aussi à l’aise sur les planches d’un théâtre (NDR : il y a joué le rôle de ‘Hamlet’ dans une adaptation de la célèbre pièce de Shakespeare), d’une salle de concert ou à l’écran, que ce soit à travers les téléfilms ou les longs métrages. Il ne lui a fallu qu’une petite année pour réinventer le concept unique de son premier opus alors que certaines stars n’y parviennent 10 ou 15 ans plus tard.

Le supporting act est assuré par la Canadienne Emilie Kahn. A l’origine, elle se produisait sous le patronyme d’Emilie & Ogden, soit l’artiste et sa harpe. Puis, elle a décidé d’opter pour sa véritable identité. Ce soir, la Montréalaise va nous proposer de larges extraits de son nouvel opus, « Outro ». Elle grimpe seule sur les planches pour y jouer de son instrument privilégié… en chantant d’une voix douce, presque enfantine. Plutôt timide, elle se concentre sur ses cordes, à la manière d’Agnès Obel. En cours de show, un musicien la rejoint sur l’estrade pour tapoter sur un MPD ou la soutenir à la basse. Parfois, sa musique baigne au sein d’un climat proche de celui entretenu par Marie-Michèle Beausoleil, aka M’Michèle (NDR : elle s’était illustrée dans le cadre des Francos de Spa, en 2014). ‘Tabernacle’ comme dirait René-Charles, le Canada est une mine d’or, musicalement parlant…

Le décor est sobre. Il se limite à un immense drap replié contre le mur et quatre téléviseurs vintage qui vont diffuser des images consacrées aux thèmes des chansons. L’estrade destinée à l’artiste est blanc, tout comme le light show qui va jouer sur le contraste entre la lumière et les ombres projetées par Thomas sur la scène. Tout vêtu de noir, élégant (NDR : pour lui, la mode est un moyen d’expression qu’il apprécie), il est soutenu par un claviériste.

En débarquant, il déclare : ‘Bienvenue à tous dans mon salon’. Rayonnant, son aura en impose, un peu comme un Benjamin Clémentine qui aurait le teint clair et la chevelure blond platine. D’une très belle voix, il interprète ce répertoire de manière singulière, intimiste, théâtrale et interactive, en même temps. Très technique mais impeccable, la prestation du préposé aux ivoires révèle une grande complicité entre les deux artistes. Bien que prévu pour 70’, son show ne durera qu’une bonne heure ; mais le Bruxellois va se livrer corps et âme. Ce qui explique sans doute pourquoi il n’accordera pas de rappel ni ne rencontrera ses fans, à l’issue de sa prestation.

Il propose la set list de son premier elpee, dans le désordre, sous des versions totalement revisitées, mais concède quand même deux covers ; tout d’abord le « Strange weather » d’Anna Calvi, puis, non pas l’hommage au Duke, « I’m Deranged », mais le « Playground Martyrs » de David Sylvian. Pourtant, tout au long de cette représentation, le fantôme de David Bowie a plané. Faut dire que c’est l’idole de Mustii, dont il cherche manifestement à marcher sur les traces…

En cassant les codes, Mustii nous a réservé, ce soir, un concert exceptionnel, même si on espère le revoir lors d’un même type de spectacle, mais un peu plus long…

Setlist : « Intro », « 21 St Century Boy », « The Darkest Night », « The Ride », « People (Are Running The Streets) », « Simple Slave », « Safety Zone », « Strange Weather » (cover Anna Calvi), « Get Down », Turn It Off », « Where Do I Belong », « I’m Deranged (cover David Bowie).

Mustii (Création) + Emilie Kahn

(Organisation : Botanique)

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Les Nuits Botanique 2019 : vendredi 26 avril

Ce soir, à la Rotonde, dans le cadre des Nuits Botanique, deux artistes plutôt atypiques, si pas carrément décalés ont été programmés.

Dès 20 heures, Mathilde Fernandez grimpe sur les planches. Cette jeune Niçoise, aujourd’hui partagée entre Bruxelles et Paris, est un véritable OVNI dans le paysage musical. Dès les deux premières chansons, « Amérique » et « Egérie », on est plongé dans son univers singulier. Imaginez un mix entre la folie et la démesure de Catherine Ringer, le lyrisme de Kate Bush ainsi que la synth-pop aux accents gothiques de Mylène Farmer et vous obtiendrez une solution personnifiée par Mathilde Fernandez. Adoubée par la presse 'indé' et encensée, entre autres, par Christophe, cette artiste touche-à-tout, issue du milieu des arts visuels, échappe à toute catégorisation. Seule sur scène et vêtue d'une large jupe à carreaux colorés, elle fascine et provoque l'enthousiasme des fans venus nombreux en ce début de soirée.

Dans la setlist, elle a bien entendu inclus les titres de son deuxième Ep, « Hyperstition », paru il y a quelques semaines. « Oubliette » en constitue le morceau-phare et on se délecte à nouveau des envolées lyriques quasi-mystiques de Mathilde, exécutées avec une maîtrise irréprochable. Dans « Mon Dieu » et « Pressentiment Prémonitions », peut-être ses deux plus belles compos, la chanteuse se lance dans une danse empreinte d'une grande sensualité et, pour clôturer ce set endiablé, elle nous offre un inédit : « Temple Sourire ». Avant de quitter l’estrade, elle remercie le public et présente le spectacle suivant en précisant qu'elle ‘jalouse leur accent...’

Le principe d'un festival est d’aller à la découverte d’artistes ou de formations au hasard de la programmation élaborée par les organisateurs. Assister au show d’Hubert Lenoir, un illustre inconnu, revêtait donc pour nous un intérêt particulier. Très précoce, ce jeune chanteur québécois a formé son premier groupe à l’âge de 17 ans : The Seasons. Son premier LP, « Pulp », à l’origine d’une reconnaissance critique, lui a permis de partir en tournée un peu partout dans le monde. Intitulé « Darlène », son nouvel essai est un album concept, accompagné d’un roman du même nom, écrit par Noémie D. Leclerc, sa meilleure amie. Dans cet opus, Lenoir y marie les influences r&b, jazz, glam et psyché rock afin de réaliser une œuvre pop, éclectique, imprévisible et audacieuse.

Le résultat en live ? Un opéra post-moderne et une performance explosive et carrément punk. Soutenu par un groupe au complet, Hubert campe une créature hybride, un peu comme si Brian Molko avait mangé Eminem, Rita Mitsuko et Johnny Rotten. Complètement survolté, il passe en revue, au cours de sa prestation, tous les comportements outrageants du rock : stage diving, crachats, gestes obscènes et strip-tease (presque complet). Fidèle à son personnage ambigu, il échange des baisers appuyés à son guitariste et à sa choriste. Le public, en majorité québécois, réserve un triomphe au musicien et quand le groupe se retire, Lenoir refuse de quitter les planches afin d’accorder à son public un dernier titre a capella. Qu'on aime ou pas, il faut reconnaître que ce soir, Hubert Lenoir a retourné la Rotonde...

Hubert Lenoir – Mathilde Fernandez

(Organisation : Botanique)

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Les Nuits Botanique 2019 : jeudi 25 avril

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Soirée rock’n’roll dans le cadre des Nuits Botanique, ce jeudi 25 avril sur l’ensemble du site. Votre serviteur a choisi la Rotonde où se produiront Raketkanon, qui vient de publier son troisième elpee, sobrement intitulé « RKTKN # 3 », et en supporting act, Daggers. La première formation est gantoise, la seconde liégeoise.

En entrant dans l’hémicycle le personnel de la sécurité invite les spectateurs à rester debout, car la salle risque d’être blindée.

Daggers est un quatuor qui implique le drummer Yannick Tönnes, le bassiste Thomas Fagny, le guitariste Thierry Tönnes et le chanteur Gregory Mertz. Une formation qui compte déjà 12 années d’existence et jouit d’une certaine notoriété à l’étranger. Son dernier elpee, « It’s Not Jazz, It’s Blues », remonte quand même à 2014, et il va nous en dispenser de larges extraits. C’est ce disque qui avait permis au combo de s’exporter. Dans la salle, on aperçoit des membres de Cocaine Piss. On peut toujours rêver, mais pourquoi pas une jam ? On va tout de suite couper les ailes au canard, les musiciens de la Cité Ardente resteront bien sagement à leur place.

La voix du chanteur est particulièrement rauque. Le band pratique une musique alternative, fondamentalement rock mais fruit d’un cocktail entre garage, doom, metal, prog et sludge. Bien équilibré, le set va démontrer toute la maturité du combo sur les planches et puis surtout va permettre de bien chauffer la salle. Comme si on n’était pas déjà plongé dans une fournaise… 

Raketkanon vient donc de graver un tout nouvel opus. Intitulé « RKTKN # 3 », il a été mis en forme, et pour la troisième fois, par célèbre Steve Albini (Pixies, Nirvana, P.J. Harvey et bien d’autres). A l’instar des trois précédents long playings, les compos portent le titre d’un prénom masculin ou féminin (NDR : « Nico Van Der Eeken » a aussi droit au nom de famille !).

Ce quatuor réunit le chanteur Pieter-Paul Devos, le bassiste/claviériste Lode Vlaeminck, le guitariste Jef Verbeeck et le drummer Pieter de Wilde. Placé à droite du podium, Devos fait face à son micro et à une table truffée de manettes en tous genres, destinées à moduler sa voix. Et il a préparé un fil suffisamment long pour son microphone, afin de se lancer dans la foule. C’est un rituel !

Mais grosse surprise, le morceau d’entrée, « Robin » est plutôt paisible. Pieter-Paul caresse sa semi-acoustique, en susurrant ses mots. Le groupe se serait-il assagi ? Que nenni ! Dès le deuxième titre, « Hanz », en à peine plus de 3 minutes, le set s’embrase. Devos chante d’une voix nerveuse, un peu distordue, en flamand en anglais et dans une langue qu’il a inventée : le rocket cantonais. Plutôt noisy, la musique est entretenue par des riffs de gratte graisseux, huileux, chargés de testostérone ainsi que par un drumming tribal, sauvage, mais métronomique.

Si le band est totalement déjanté sur l’estrade, Devos plonge régulièrement dans la foule qui le porte à bout de bras, tout en continuant à chanter. Et à travers ce show, on sent une grande complicité entre la foule et le band. Finalement, on est surpris lorsque le band se retire. Mais rapidement, il revient pour nous réserver trois derniers titres, tout aussi percutants et énergiques. Probablement déjà un des meilleurs moments de cette édition 2019 des Nuits. Si vous n’avez jamais assisté à un concert de Raketkanon, ne les manquez surtout pas quand il passera près de chez vous. C’est un groupe vraiment taillé pour le live !

Setlist : « Robin », « Hanz », « Nico Van Der Eeken », « Florent », « Harry », « Fons », « Suzanne », « Herman », « Ricky », « Ernest », « Lou ».

Rappel : « Mélody », « Judith », « Abraham ».

Raketkanon + Daggers

(Organisation : Botanique)   

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Les Nuits Botanique 2019 : mercredi 24 avril

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Triple affiche ce mercredi à l’Orangerie du Botanique qui accueille, dans le cadre des Nuits Botanique, Alice Phoebe Lou, une Sud-africaine établie à Berlin, Halehan, un chanteur/compositeur bruxellois que votre serviteur avait découvert en supporting act d’Asgeir au Cirque Royal, il y a 2 ans, toujours dans le cadre du même festival, et Olmo, invité depuis deux jours à peine, Un Italien qui partage sa vie entre Londres et Berlin. Et la soirée est décrétée sold out !

Alias Francesco Lo Giudice, Olmo est un pote à Alice. Lorsqu’il débarque sur les planches, il y a déjà pas mal de monde dans la fosse. Si sa musique oscille entre électro et acoustique, sa voix est plutôt soporifique, voire fausse. On a l’impression qu’il est un peu à côté de ses pompes. Ce qui explique peut-être pourquoi il a enfilé des chaussettes de couleur différente. Il alterne entre claviers et gratte, mais manifestement, il n’est pas très à l’aise sur l’estrade. Trop approximative, sa prestation incite votre serviteur à s’éclipser au bout de trois chansons… 

Né en 1994, Alexandre Lambrecht a choisi le pseudo Halehan comme nom de scène. Cet auteur, compositeur et chanteur belge puise manifestement ses influences chez Bon Iver, Norah Jones, Chet Baker ou encore Peter Doherty.

Il chante en s’accompagnant à la gratte acoustique ou électrique, et se sert d’une basse lors de l’interprétation de son dernier single, « Kind of blue », une compo qui fait un véritable tabac sur les ondes radiophoniques, en Belgique. D’autant plus qu’il a une très belle voix, chargée de feeling, et très susceptible de faire craquer le public féminin, une voix qu’il peut rendre nasillarde, à la manière de Max Colombie d’Oscar And The Wolf. Halehan va passer en revue l’essentiel des plages de son Ep, « Temple Of Maia », mais faute de temps, il n’a pu clore son concert par « Snow », morceau prévu dans la setlist. Par contre, il a bien interprété son single phare, « Whirlwind ». Au cours de sa prestation, il est rejoint par la jeune Camille Camille. Ensemble, ils brodent délicatement leurs voix en harmonie, un peu comme de la fine dentelle. Interactif et particulièrement sympa, il s’adresse à la foule en trois langues.

Derrière les ivoires, il nous réserve un excellent « Gene’s man », un morceau de hip hop teinté d’électro et de jazz, qui figurera sur son prochain Ep. La foule est conquise par le set de ce talent à l’état brut, déjà qualifié par certains médias de nouvelle perle du folk. A vivement conseiller si vous appréciez Lias Hannigan, Damian Rice ou encore Tamino

Setlist : « Maia », « Dragon », « Whirlwind », « Shades », « Waterbird », « Cause Of You », « Humi », « Gene’S Man », « Kind Of Blue », « Snow ».

Alice Phobe Lou possède une approche farouchement indépendante de la musique. Epurée, sa musique est profondément ancrée dans le blues et le folk, un style qu’elle a développé dans les rues de Berlin où elle s’est installée. Elle connaît bien Bruxelles, car ses grands-parents y ont vécu et sa mère y a étudié. Elle a autoproduit son deuxième elpee, « Paper Castels », un disque paru en mars dernier et dont elle va nous réserver de larges extraits. 

Longs cheveux blond platine, plutôt jolie, vêtue d’un short argenta, elle débarque sur le podium, flanquée de ses musicos. En l’occurrence un drummer, un guitariste et un bassiste. Elle opère les derniers réglages des micros et des retours de scène, pendant que ses musiciens meublent l’intermède…

Le set s’ouvre par « Something Holy » et embraie par « Girl On An Island », deux morceaux assez consistants, allégés par les interventions de flûte traversière. Egalement très interactive, Alice occupe tout l’espace scénique. Elle se sert également épisodiquement d’une gratte. Les sonorités puissantes du saxophone boostent littéralement « Skin Crawl » et « My Outside ». La voix de Lou est feutrée, délicate et aérienne. Techniquement, ses musiciens sont irréprochables. Le set s’achève par « She », une compo tirée de la BO du film « Bombshell » et nominée aux Oscars. Quand elle entame ce titre, un fol enthousiasme empare l’auditoire. Faut dire que bon nombre de spectateurs connaissait ce hit et attendait impatiemment qu’elle l’interprète. Mais vu la version un peu trop molle du genou, le soufflé est rapidement retombé. Dommage, car le reste du show a parfaitement tenu la route…

Setlist : « Something Holy », « Girl On An Island », « Nostalgia », « Want Me » (cover Puma Blue), « Plastic » (cover Moses Sumney), « Drive », « Fynbos », « Skin Crawl », « Paper Castles », « My Outside », « New Song », « Galaxies », « She »

(Organisation : Botanique)

Alice Phoebe Lou + Halahan + Olmo

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BRDCST 2019 : dimanche 7 avril

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Depuis quelques années déjà l’Ancienne Belgique organise le BRDCST, un festival qui se déroule quatre jours de suite. Ce dimanche 7 avril, il est programmé dans trois salles ; en l’occurrence l’AB Box, l’AB club ainsi que l’AB Salon, un espace situé au-dessus du Café. Lors des trois premières soirées, il a été délocalisé au Café Central, Beursschouwburg, Café Bonnefooi et La Machine, des endroits sis près de l’AB. Cet événement est destiné à faire découvrir des musiques issues de toute la planète ; et pour cette édition, il s’intéresse aussi bien au black metal féminin, au psychédélisme turc, à la noise abstraite, au classique contemporain, au hip-hop, à l’afrofuturisme, à l’electronica, à la poésie sonore, à l’avant-jazz, à la world d'Afrique du Nord, au dub, à l’american primitive guitar, au (post) punk, au piano préparé, au grime qu’au flamenco. C'est donc une belle occasion d'assister à des shows de groupes ou d'artistes qui sortent de l’ordinaire. Compte-rendu du dernier jour qui accueille la formation belge Whispering Sons, les artistes canadiens Jason Sharp et Yonotan Gat (qui a prévu le concours d’invités), américaines Morgan et Léa Bertucci, espagnol Refree, sans oublier le Dj gantois Bolt Ruin.

En débarquant, Refree (poulain de l’écurie global sounds Glitterbeat) a déjà entamé son set. Il joue de la gratte dans un style, ma foi, expérimental, entre flamenco et de jazz. Il y a pas mal de peuple au salon qui semble apprécier ce set empreint de sérénité…

Direction L’AB Box pour le set du Gantois Bolt Ruin qui vient de publier un vinyle, en février dernier, un disque baptisé "Circuit". Le Dj se produit, derrière une immense table de mixage, recouverte d'un drap noir, devant une salle quasi-vide qui va heureusement quelque peu se remplir au fil des minutes. Des images d'usagers qui se déplacent au sein d'un métro futuriste ou tournées en accéléré sur un place devant une église, défilent en arrière-plan, sur grand écran. Tantôt plus lentes, tantôt soutenues, les sonorités électroniques sont chargées d'infra-basses et alimentent l'univers sonore torturé et dark de l'artiste, alors que le light show inonde la fosse. Classique!

La prestation de Jason Sharp se déroule au même endroit. Il grimpe sur les planches à 19h00, flanqué d’un préposé en bidouillages. Un certain Adam Basana qui a recours à divers ustensiles en verre. Il dispose également de deux microphones. Quant à Jason, il se consacre à un énorme saxophone basse. Issu de la scène montréalaise expérimentale, il a milité au sein de nombreux groupes de jazz avant-gardistes et contemporaines. Il s’est forgé une solide notoriété, en pratiquant la respiration circulaire, une technique qui permet de maintenir, pendant un laps de temps assez long, un souffle d'air continu à l'aide de la bouche. Cette technique particulière focalise toute l’attention de l’auditoire, d’autant plus qu’elle est prolongée par des boucles. Malgré une fameuse dose d’impro, il faut reconnaître que les deux musicos se complètent parfaitement. Un concert aussi étonnant que captivant…

Direction l’AB Club pour y découvrir Léa Bertucci, une artiste américaine qui a publié un Ep en février dernier, un disque intitulé « Metal Aether ». Minimaliste, sa musique est alimentée par un saxophone alto, un pc mac et une petite machine qui ressemble à un dictaphone qui propage des sonorités électroniques ‘ambient’. Et elle est particulièrement habile pour jongler entre ses instrus, notamment lors d’un morceau de près de 20 minutes, au cours duquel elle ne reprend pas son souffle, tout tapotant sur son sax ou le triturant dans tous les sens.

Yonathan Gat est considéré comme un des meilleurs guitaristes au monde. Il se sert d’une double gratte à 12 et 6 cordes… comme Jimmy Page. Il est épaulé par une section rythmique basse/batterie qui semble prendre beaucoup de plaisir sur l’estrade. Mais le clou du spectacle sera atteint lorsque deux Amérindiens (The Eastern Medecine Singers) vêtus de parures rituelles (NDR : des Sioux, des Iroquois ?) viennent frapper sur un énorme tambour indigène à l’aide de manches terminés par un morceau de métal, tout en psalmodiant des incantations. Bien que saccadées et hypnotiques, leurs interventions collent parfaitement à la musique proposée par le trio. Ce cocktail de punk rock, pow pow drum et psychédélisme, ouvert à l’impro, en devient alors fascinant. Sans oublier que Gat en profite pour étaler toute sa virtuosité sur son double manche. Epatant !

Kelly Moran se produit au club, mais votre serviteur prend une petite pause avant le show final. Qu’assure un des meilleurs combos belges, actuellement sur le circuit. En l’occurrence The Whispering Sons. Et tant les médias que les mélomanes ne tarissent pas d’éloge le band. Pas étonnant que leurs concerts soient sold out. La salle est pleine à craquer.

Le quintet débarque sur le podium. Il réunit le guitariste Kobe Lijnen, le bassiste Tuur Vandeborne, le claviériste Sander Hermans, le drummer Sander Pelsmaekers et la chanteuse Fenne. Cette dernière est également la figure de proue du band. Sauvage, elle possède une manière particulière de se déhancher ; et puis androgyne, sa voix est capable de passer du plus clair au baryton. Régulièrement, elle ponctue sa véhémence de coups de poing dans le vide. On la sent habitée par sa chorégraphie.

Le post punk de la formation est paradoxalement énergique, glacial et dansant. Mais cette fusion tient parfaitement la route.

Whispering Sons ne devrait probablement pas s’éterniser dans les tournées des petites salles. A mon humble avis, il est à l’aube d’une carrière internationale fructueuse…

L’an prochain, le BRDCST se déroulera du 2 au 5 avril.

Setlist The Whispering Sons : « Stalemate », « Got A Light », « Alone », « White Noise », « Performance », « Skin », « No Time », « Fragments », « Hollow », « Waste », « Wall », « Insights », « Dense »

Rappel : « No Image ».

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(Organisation : Ancienne Belgique)

Les Nuits Botanique 2019 : dimanche 28 avril

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Après avoir été programmé au Rock Werchter et s’être produit dans un Wiltloof Bar comble, il y a deux ans, Sam Fender est de retour au Botanique, mais dans le cadre des Nuits. Pas étonnant que l’Orangerie ait vite affiché complet. Et qu’une grande partie du public soit anglophone. Faut dire qu’il a bénéficié d’un sérieux coup de pouce médiatique outre-Manche, grâce à sa nomination au ‘BBC's Sound of 2018’ et surtout après avoir décroché un ‘Brit Awards Critics’ Choice’.

Et la soirée débute déjà sous l’égide britannique, puisque The Pale White ouvre les hostilités. Originaire de Newcastle, ce trio semble vouloir nous en mettre plein la vue et surtout les oreilles, sur le peu de temps (30 minutes) qui lui est imparti. Sans temps mort, il enchaîne sept titres, tel un Anthony Joshua qui alignerait ses uppercuts ou encore un Queens of The Stone Age qui aurait suivi une cure de jouvence (NDR : et son public aussi). « Loveless », « Medecine » et en clôture « End of time » constituent autant de singles que l’on entendrait volontiers sur les ondes radiophoniques…

L’Orangerie se remplit davantage avant que Sam Fender et sa troupe ne débarquent. La température monte d’un cran, au propre au comme au figuré, les jeunes filles agglutinées aux premiers rangs commençant à pousser des cris stridents. Le set commence fort par le très rythmé « Millenial », un morceau rappelant Arctic Monkeys. Guère avare de commentaires entre les titres, le natif de North Shields (NDR : une petite ville proche de Newcastle d’où est originaire le supporting act) n’hésite pas à plaisanter avec l’auditoire, le comparant à celui de Glasgow. A l’instar de son dernier passage au Bota, « Dead boys » et « Hypersonic missiles », des titres qui devraient figurer sur son premier LP, un éponyme, font mouche. Le second gratteur, Dean Thompson, enrichit les compos, pourtant déjà captivantes, de touches plus rock, parfois folk. Et ses interventions sont judicieuses. « Play gold » clôt une première moitié de set, à l’issue duquel Sam est abandonné par son backing group. Seul sur les planches, il simule un rappel. Puis nous réserve trois titres en solo. Sa voix est alors haut-perchée, comme hantée par le regretté Jeff Buckley. Toujours aussi loquace, ce beau gosse continue son one-man show en blaguant entre les morceaux (NDR : son expérience d’acteur, notamment dans des séries anglaises, doit certainement le servir). Lors du final, la formation est à nouveau au complet pour attaquer le single « That sound ». Si le premier elpee de Sam Fender ne paraîtra qu’au mois d’août prochain, manifestement, la route vers le succès de ce jeune Britannique qui vient de souffler ses 25 bougies est toute tracée…

Sam Fender + The Pale White

(Organisation : Botanique)

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Rock Legends : Tribute Bands - Gary Mullen and The Works - Letz Zep - The Doors Alive

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Fort de ses 30 années d’expérience dans le monde du spectacle, Richard Walter Productions a décidé de consacrer une tournée au concept ‘Rock Legends’ à travers l'Hexagone et la Belgique, un concept réservé aux cover bands de mythes de l'histoire du rock'n'roll, concept devenu un véritable phénomène outre-Atlantique. Nostalgie, nostalgie ! En montant ces shows, RWP cherche à bouleverser les codes et surtout à tordre le cou aux idées reçues sur l’intérêt suscité par les Tribute Bands. Le Cirque Royal est presque complet pour accueillir les clones des Doors, du Led Zeppelin et de Queen, bien décidés à nous faire vibrer au son des « Whole Lotta Love », « Riders in the Storm » ou encore « We are the Champions! ». Enfin, excellents musiciens, les membres de Letz Zep, Gary Mullen and The Works  et The Doors Alive sont déterminés à faire revibre leurs modèles, à travers leurs prestations.

La soirée est divisée en 3 parties de 45 minutes. The Doors Alive ouvre le bal...

The Doors Alive :  Morrison s’est mis dans la peau de Mike Griffioen. Il est épaulé par un trio réunissant un drummer, un claviériste et un gratteur, qui se servent d’instruments vintage afin de restituer le plus fidèlement possible le son du trio de référence. Mike ressemble étrangement au Roi Lézard lorsqu’il était jeune et beau. Et son baryton est très proche de feu Jim. « Break On Through (To The Other Side) » et « Alabama Song (Whisky Bar) » ouvrent les portes d’un univers que l’auditoire espérait secrètement pénétrer. Plutôt enthousiaste, ce public se lève de temps à autre pour applaudir les artistes et reprendre les refrains. Et tout naturellement, « The End » clôt le show. On ferme les yeux et on se remémore les images de guerre reproduites dans le film ‘Apocalypse Now’, un long métrage sorti en 1979.

Setlist : « Break On Through (To The Other Side) », « Alabama Song (Whisky Bar) », «Back Door Man », « Light My Fire », « Riders On The Storm », « Touch Me », « The End » 

Letz Zep :  Billy Kulke veut réincarner Robert Plant. Non seulement, il lui ressemble, mais sa voix est capable de monter dans les aigus jusqu’à presque rompre ses cordes vocales, comme le natif de West Bromwich, lorsqu’il avait 20 ans. Il s’autorise, en outre, les mêmes déhanchements. Pour gouverne, Plant avait confié au sujet de Letz Zep : ‘I walked in, I saw Me!!!’. Un fameux compliment ! Billy est épaulé par le gratteur Andy Gray, le claviériste/bassiste Jack Lonergan et le batteur Pete Tullock. Très concentré et jouissant d’une fameuse technique, il impressionne par ses solos, surtout à la double guitare, en l’occurrence une Gibson EDS-1275. De « Kashmir » à « Immigrant Song », en passant par « Stairway To Heaven » et « Whole Lotta Love », les morceaux interprétés sont bluffants d’authenticité. Et la mise en scène l’est tout autant. Le public est debout pour reprendre les refrains et applaudir ces artistes. En fermant les yeux, on se croirait presque face aux idoles originales. Un beau voyage en dirigeable de trois quarts d’heure.  

Setlist : « Rock And Roll », « Black Dog », « Since Loving You », « Kashmir », « Stairway To Heaven », « Whole Lotta Love », « Immigrant Song ».

Gary Mullen and The Works : Place enfin au plat de résistance. ‘One Night Of Queen’ with Gary Mullen and The Works va rendre un hommage très authentique et particulièrement impressionnant à Queen. Mullen est la véritable réincarnation de Mercury. C’est une authentique bête de scène comme l’était Freddy. Il est soutenu par un batteur, un guitariste, un bassiste et un claviériste. « Tie Your Mother Down » ouvre le set. Mullen gambade et sautille un peu partout sur le podium. Il aime bien se faire toucher les fesses par la gente féminine et masculine. A plusieurs reprises, il les offre aux premiers rangs. Les hits sont passés à la moulinette. Les interventions du gratteur sont imparables. Et celles de Mullen qui a alors empoigné une six cordes semi-acoustique, le sont tout autant sur « Crazy Little Thing Called Love ». Il s’autorise régulièrement des bains de foules, et inévitablement, on ne peut que se remémorer le concert mythique accordé à Wembley en 1986 lors de la tournée ‘Magic’, 6 mois avant le décès de Mercury…

Setlist : « Tie Your Mother Down », « Another One Bites The Dust », « Somebody To Love », « Under Pressure », « I Want To Break Free », « Don't Stop Me Now », « Fat Bottomed Girls », « Crazy Little Thing Called Love », « Bohemian Rhapsody », « Radio Ga Ga », « We Will Rock You », « We Are The Champions ».

(Organisation : AA Productions en accord avec Richard Walter Productions)

 

 

 

Sinner's Day 2018 : samedi 1er décembre

Organisé depuis 2009, le Sinner’s Day est le festival limbourgeois qui met en exergue la fine fleur du mouvement punk/new wave. Cette année, la programmation rend également hommage aux précurseurs, qui ont sévi de la fin des sixties à la fin des seventies. Implanté jusqu'ici à Hasselt, le Sinner's Day a déménagé à Genk, dans le Limburghal, une salle plus petite que l'Ethias Arena. Un repli peut-être dû à la concurrence, sur le même créneau, du W-Festival, en pleine croissance… Ce dernier organise d'ailleurs ce même soir un concert de Peter Murphy au Vooruit, à Gand. Un conflit d'agenda fort regrettable! Qu'à cela ne tienne, quelque 4 500 fans, contre 7 000 il y a deux ans, se sont déplacés, bien décidés à enclencher la machine à nostalgie.

L'ensemble du programme du festival se déroule dans le grand hall, sur une seule grande scène, divisée en deux parties. Celle de droite est réservée aux formations internationales et celle de gauche, aux groupes belges. Pendant qu'un concert se déroule d’un côté, l'autre est occulté par un rideau noir pour permettre au combo suivant de s'installer. Un système astucieux et pratique mais qui limite quand même l'espace vital disponible pour chaque show.

Quand on débarque sur les lieux, Cabaret Voltaire vient d’entamer son set. Il est 16h05. Le groupe est, on le sait, devenu le 'one-man band' de Richard H. Kirk. Créé en 1973 et pionnier de la musique industrielle, à l’instar de Throbbing Gristle, le gang de Sheffield a marqué son époque grâce à des hits alternatifs comme « Nag Nag Nag » et, plus tard, « Just Fascination » et « Sensoria ». En live, Richard H. Kirk propose depuis plusieurs années un show qui ressemble plus à un spectacle audio-vidéo qu'à un concert. Debout derrière ses ordinateurs, à la façon d'un DJ/VJ, il contrôle une bande-son synchronisée à l’aide d’images abstraites. Ennuyeux, d'autant qu'il n'y a quasi aucun titre connu dans la setlist.

Sans aucune transition, Cocaine Piss embraie. Le band liégeois s’est forgé une solide réputation en dispensant un punk-noise violent et sans concession. La plupart de ses 'chansons' ne dépassent pas les 2 minutes. Sur l’estrade du Sinner's Day, la bande à Aurélie Poppins fait le show et comme d'habitude... il est très chaud…

Flashback de 40 ans en arrière (ou quasi), ensuite, pour (re-)découvrir Fischer-Z, le projet du 'lumineux' John Watts. Alternant les hits comme « So Long » ou « The Worker » et titres moins connus, l'Anglais démontre toute l'étendue de son inspiration, qui couvre la pop aux accents reggae, le post-punk et la new wave. Sa voix très haut perchée, ‘une voix de petit singe’, comme il se plaît à le rappeler, a quelque peu mué au fil du temps et elle nuit un peu à l'identification des morceaux. Mais la sympathie de l'artiste et l'intemporalité de « In England », « Battalions of Strangers » et surtout « Marliese », calée en fin de parcours, vont finir par conquérir les fans.

Après quelques minutes de répit, place à Funeral Dress. Formé en 1985, ce combo belge est adapte d'un punkcore ultrarapide et particulièrement 'heavy'. Arborant fièrement la crête, les musicos déversent un flot de décibels et leur enthousiasme est contagieux. Le public des premiers rangs connaît la plupart des paroles de leurs chansons, et notamment celles de « Party On ». Même la reprise du « Down Under » de Men At Work fait mouche. Belle ambiance !

On passe d'un gang à un autre, puisqu’il est l’heure de Gang of Four ! Originaire de Leeds, la Bande des Quatre a contribué à façonner les contours du post-punk en '78. De la formation originale, il ne subsiste plus qu'Andy Gill, le guitariste. Entouré de 3 jeunes substituts, il affiche la soixantaine grisonnante et fait penser à Jimmy Page voire Michael Caine. En compagnie du chanteur, il entretient un climat tendu, sur le fil du rasoir. Après une introduction vidéo dévoilant un rituel amérindien, il triture sa guitare et la frappe sur le sol pour en tirer des bruits stridents qui alimentent « I Love Anthrax », la flip side de « Damaged Goods », sorti il y a tout juste 40 ans ! Ce mélange unique et singulier de post punk et de funk blanc (NDR : cette basse !) est parfaitement identifiable, surtout tout au long de « Not Great Men ». A la section rythmique, les petits jeunes assurent un max. Etonnamment amorphe, le public réagit surtout sur « I Love A Man In Uniform » et « Damaged Goods ». Après « To Hell With Poverty », qui souligne le côté engagé du quatuor originel, le rappel permet enfin au chanteur de se défouler sur un four à micro-ondes installé sur le podium. Avec sa dégaine de petite frappe, il le défonce à l'aide d'une batte de baseball. Pas vraiment du meilleur goût. Bref, un show intense, malgré l'absence du hit pourtant incontournable « What We All Want »…

Le temps d'aller chercher une bière et Red Zebra prend place sur la moitié 'belge' du podium. Les chouchous du public flamand fêtent leurs 40 ans d’existence et se montrent plus forts que jamais. Leur punk-pop est toujours aussi énergique et communicatif, que ce soit à travers « Spit on the City » ou « Shadows of Doubt ». Lors de ce dernier morceau, Peter Slabbynck glisse son allusion habituelle à « This is not a love song », soulignant l'évidence filiation avec P.I.L. Et le hit « I can't live in a living room » constitue, bien entendu, le point focal de cette prestation. Mention spéciale également, à la reprise du sublime « Winning » de The Sound. 

Place maintenant à une légende absolue du rock : John Cale. A 76 ans, le musicien américain a tout inventé, surtout au sein du Velvet Underground, à la fin des années 60. Co-instigateur d'un art-rock sombre et expérimental, il a contribué à façonner tout un pan de la musique moderne, du (post-)punk à l'indie-rock. Lorsque le rideau se lève, c'est avec émotion que l'on découvre l'homme en noir, les cheveux gris lumineux et les yeux bleus tristes et profonds. Assis derrière son clavier Kurzweil, il est impressionnant de calme et de sérénité pendant « Hedda Gabler ». Tout au long de son set, il va alterner compositions expérimentales (« Fear Is A Man's Best Friend »), morceaux proto-(post-)punk (l'incroyable « Rosegarden Funeral of Sores ») et ballades poétiques déclamées façon 'spoken word' (« Helen of Troy »). En écoutant sa voix de crooner crépusculaire, on se rend compte de l'influence, phénoménale, qu'il a exercée sur des artistes comme Patti Smith, Scott Walker, Brian Ferry, David Byrne, Peter Murphy, Nick Cave, John Maus, et la liste est loin d’être exhaustive ! Le show manque un peu de pêche mais le public est fasciné, voire même hypnotisé. Evidemment, des reprises du Velvet sont prévues au programme : « Heroin », qui s'étend sur plus de 6 minutes et, en fin de set, « Waiting For The Man ». Datant de 1977, ce morceau a inspiré le « Heroes » de David Bowie. En rappel, Cale clôture par une séquence enchaînant « Gun », extrait de son album « Fear » (1974), et « Pablo Picasso», le titre composé par Jonathan Richman, des Modern Lovers, le tout interprété par le maître debout et à la guitare ! Un moment unique et inoubliable.

On passe de l'artiste le plus vieux au groupe le plus jeune du festival. Pour les 'locaux' que sont nos amis de Whispering Sons, ce concert est un peu comme un retour triomphal à la maison. Après deux années complètement folles, qui a vu la formation grimper au sommet tant en Belgique qu’à l’étranger, la bande à Fenne Kuppens peut savourer ce moment magique devant tous ses fans. ‘Come On, Fenne !’, crient ces derniers au moment où le concert commence, provoquant chez la chanteuse un sourire gêné. Comme à l'AB Club récemment, les 'Sons' vont aligner les titres de leur nouvel et excellent album « Image », entrecoupé de quelques incursions dans leur back catalogue. Un 'Home Run' réussi à tous points de vue, d'autant qu'ils ont joué l'extraordinaire « Waste », une tuerie absolue à la fin de laquelle, Fenne s'arrache littéralement les cordes vocales.

Dans le line up international, les organisateurs ont fait fort car à côté de John Cale, on a droit à MC-5, rebaptisé MC-50 pour des raisons de droits. Ce groupe américain est aussi considéré comme un des précurseurs du (post-)punk. La formation de Detroit (NDR : MC signifie Motor City) est emmenée aujourd'hui par un seul de ses fondateurs originaux, Wayne Kramer. Ce dernier est le premier à fouler les planches ce soir, sa guitare décorée en drapeau américain, en bandoulière. Il est soutenu par un véritable super-groupe, composé du guitariste de Soundgarden, Kim Thayil, du chanteur/bassiste de King's X, Dug Pinnick, du batteur de Fugazi, Brendan Canty, et de Marcus Durant, le chanteur de Zen Guerilla. Ce dernier ressemble à un Joey Ramone qui aurait forci. Et sa coiffure accentue cette impression. Lors de son set, MC-50 va aligner les classiques du rock garage avant la lettre tels que « Kick Out The Jams », « Ramblin' Rose » ou « Motor City Is Burning ». Tout comme celle des Stooges, sa musique a ouvert la voie au punk et le public ne se fait pas prier pour fêter le 50ème anniversaire de la formation.

Le point d'orgue du festival est bien choisi : Vive La Fête, le sympathique projet de Danny Mommens (ex-dEUS) et Els Pynoo, a l'art de clôturer en beauté. Formé en 1997, VLF est connu dans le monde entier grâce à sa pop electro-wave enjouée et irrésistible. Pour les festivaliers, les hits du groupe, que ce soit « Nuit Blanche », « La Vérité », « Maquillage » ou le nouveau « Toute la nuit », issu du nouvel LP, « Destination Amour », constituent les cerises sur le gâteau après un programme fort bien fourni. Tout le monde sourit, chante et danse. Le festival approche de son dénouement dans une ambiance ultra positive...

La note finale est apportée par une dernière légende vivante : Wolfgang Flür. Ce musicien allemand a milité chez Kraftwerk de 1973 à 1987, soit la période dorée des pionniers de la musique électronique. Percussionniste à l'origine, c'est lui qui a développé les batteries électroniques de la formation teutonne. Après son départ, il a embrassé une carrière solo, concrétisée, entre autres, par l'album « Eloquence ». Sur le podium, Herr Flür est planté derrière ses 2 ordinateurs Mac et nous réserve d'excellents 'reworks' de titres de Kraftwerk, tels que « Home Computer », « Neon Lights » ou « Pocket Calculator ». Mais également des compositions plus personnelles, pour lesquelles il a reçu le concours de différents musiciens, dont Bon Harris, le leader de Nitzer Ebb. Le show s'apparente davantage à un DJ set, agrémenté de vidéos et de photos de l'époque Kraftwerk ainsi que de films plus récents. Le public, moins nombreux à cette heure tardive, est conquis par ce ‘Flürilège’ de hits électros. A noter que Wolfgang Flür nous a confié en backstage avoir signé pour un nouvel album, dont la sortie est prévue pour l'année prochaine, qui sera à nouveau réalisé au travers de collaborations.

Au moment de tirer le bilan, on ne peut que féliciter les organisateurs pour l'excellente affiche et la logistique impeccable. On aurait bien entendu préféré voir davantage de groupes récents dans le line up mais, au regard de la moyenne d'âge des spectateurs, on peut comprendre la priorité accordée aux 'anciennes gloires'. On aurait également apprécié une offre plus étoffée en catering car la file devant l'unique frit kot était franchement rédhibitoire. Sans quoi, bravo à l'équipe !

En lever de rideau, les visiteurs déjà présents en début d'après-midi ont eu droit aux prestations de :

         O Veux : un groupe de punk/no-wave issu d'Hasselt qui a connu son heure de gloire dans les années '80 et a repris ses activités il y a peu au travers de rééditions mais aussi de nouvelles productions.

         Claw Boys Claw : un des groupes les plus importants de l'histoire du rock néerlandais. Fondé en 1983, il n’a connu qu’un seul grand succès en 1992 : "Rosie".

         Marcel Vanthilt : à 60 balais, Marcel a toujours l’âme d’un gosse de 18 ans. Figure de proue de la télévision flamande, il est aussi connu pour son travail au sein d'Arbeid Adelt! Aujourd'hui, l'icône belge est toujours là. La preuve : Vanthilt a enregistré son premier album solo cette année: « CA$HCA$H ». Au programme : une pop électronique aux accents eighties.

         De Brassers : eux aussi, des locaux ! Aux dires des personnes interrogées, ce sont eux qui ont gagné le prix de la meilleure ambiance dans la première partie du programme ! 

Pour regarder les photos de Wim Heirbaut, c'est ici

 

 

W-Festival 2018 : dimanche 19 août

Ce dimanche, c'est le dernier jour du W-Festival et également l'heure du bilan. Dans l'ensemble, cette 3ème édition peut être créditée d’un franc succès. Plus de 30 000 visiteurs, venus de Belgique mais aussi de France, d'Allemagne, d'Angleterre et des Pays-Bas ont envahi la plaine d'Orroir, provoquant une véritable vague noire (NDR : ou presque !) Comme si, fêtant ses 40 ans cette année, la new-wave se la jouait couguar pour se refaire une nouvelle jeunesse…

Hormis le jeudi soir, gâché par un orage dantesque, le temps a été idéal et le soleil généreux. L’évaluation du festival est globalement positive ; son organisation, le site, les chapiteaux, la logistique, l'accueil, le son et les lumières (excellents!), la mise en place, le respect des horaires, les écrans vidéo, le catering, les boissons, le camping, le prix des tickets et les tarifs en général.

A améliorer pour l'année prochaine : un restaurant moins onéreux et un plus grand choix de bières. On est en Belgique, quand même ; et supprimer la blanche, alors qu’au départ elle était prévue sur les affichettes réservées aux tarifs a suscité une réaction normale d’incompréhension ! Côté programmation, il serait judicieux d’accorder davantage de place aux groupes internationaux de la nouvelle génération post-2000. Elle est extrêmement vivace, et pourrait réduire l'empreinte, omniprésente et légèrement nécrophile, des 'vieilles gloires' des années 80. Enfin, le gros point noir : l’accès au site. Personne n'a compris pourquoi on imposait aux festivaliers un détour interminable (25 minutes de marche) alors que l'entrée principale était en fait à quelques mètres seulement de la rue principale.

Mais revenons à la journée de dimanche. C'est le 4ème jour (le 5ème pour celles et ceux qui ont débarqué mercredi) et la fatigue commence à éprouver les organismes. Ce qui explique pourquoi de nombreux spectateurs ont déclaré forfait ou arrivent tardivement. Mais comme le dit l’adage, les absents ont tort car sous le coup de 13h40, Captain Sensible s’empare de la scène Synth. Et, en dépit de ses 64 balais, le capitaine à bord, Raymond Ian Burns de son vrai nom, a conservé son look éternel et traditionnel : il a enfilé une chemise en jeans sans manches et customisée, est coiffé d’un béret rouge, arbore une chevelure blonde et est chaussé de lunettes de soleil extravagantes. Le début du set est plutôt punk. Il faut dire que Raymond milite, depuis plus de 40 ans, au sein du mythique The Damned. Il est soutenu par les membres de Fifty Foot Combo : son bassiste, et la toujours sexy claviériste. Des musiciens que le leader prendra le temps de présenter, avant que le guitariste ne lui rende hommage en décrétant ‘Without him, the band couldn’t exist’. Après un début de set très punk donc, il opère un écart dans le rock psychédélique, ‘parce que le rock actuel est malade’, signale le Capitaine. Avant de se lancer dans son tube indémodable « Wot » (NDR : mais si, vous connaissez le refrain ‘He said me Captain, I said Wot’). Le chanteur n’hésite pas à préciser à la fin ‘It’s the most stupid song I’ve written ! But it saved me for working hard the rest of my life’. C’est de l’humour très british, of course! Le show est ponctué par son premier single, datant de 1978, une reprise de « Ca plane pour moi » dans une version plus punk intitulée « Jet Boy, Jet Girl ». Et dans la langue de Shakespeare, s'il vous plaît ; excepté lors du refrain, que le public reprend en chœur. Un bon moment propice à la bonne humeur ; et il est impressionnant de constater à quel point un rockeur qui a roulé sa bosse à travers le monde, et a côtoyé des légendes comme Lemmy Kiliminster ou Malcom McLaren, prend encore autant de plaisir devant quelques centaines de spectateurs. (**)

Dans la tente « Wave », après Struggler, le désistement de dernière minute de Fär permet à Lizard Smile de participer à la fête. Etabli à Anvers, ce groupe réunit le bassiste Albi (Albert Van Onckelen), le guitariste Strobo (Bart Van Laeken) et le chanteur (également préposé aux visuels, beats et synths) Beatnick (Nico Van Aerde). Son 4ème opus, « Wandering in Mirrors », est paru récemment chez Wool-e-Discs. Devant quelque 150 spectateurs, le trio dispense un cocktail ‘gothic-electro-rock’ très mélodique et, ma foi, fort séduisant. Et si on pense tour à tour à The Mission, The Cure, Sisters & Fields, la signature est propre…

Un crochet rapide par la Synth-Scene permet ensuite d'entrevoir le set d’Animotion, la formation américaine responsable, en 84, de la célèbre version synth d'« Obsession », le hit de H. Knight et M. Des Barres, bien que les 'Wavers' apprécient surtout celle, sublime, de Kirlian Camera et Dive, datant de 1998. Le duo se produit pour la première fois en Belgique. Malgré un son plutôt brouillon et une voix féminine nasillarde, voire agaçante, le set satisfait sa fan base… 

Changement de scène pour Dole, une formation issue d'Athus, près d'Arlon, qui compte près de 40 ans de carrière. Elle peut se targuer d'avoir bénéficié du concours de la production du regretté Adrian Borland (The Sound) et d’être la première signature sur le label belge PiaS. Et bien, franchement, les musiciens ne font pas leur âge et restent pimpants en ‘live’. Leur 'dark pop' lorgne vers The Cure et les Smiths, époque « The head on the door » et reste, ma foi, très agréable à entendre. A l’instar de « Walking on Air », « The Dream » ainsi que « Snowflakes », une nouvelle compo plus electro, au cours de laquelle le groupe adresse un clin d'oeil appuyé au « Blue Monday » de New Order. Fun !

Autre formation belge, Red Zebra met le feu à un chapiteau ‘Synth’ plein à craquer. Les chouchous du public flamand ont accompagné le W-Fest depuis les débuts et, après quelques séparations et dissensions diverses, le groupe brugeois fête ses 40 ans d’existence et se montre plus fort que jamais. Son punk pop est toujours aussi énergique et communicatif, que ce soit à travers « Spit on the City » ou « Shadows of Doubt ». Lors de ce dernier morceau, Peter Slabbynck glisse son allusion habituelle à « This is not a love song », soulignant l'évidence filiation avec P.I.L. Et le hit « I can't live in a living room » constitue, bien entendu, le point d’orgue de cette excellente prestation.

Chouette découverte live, ensuite, sous la tente ‘Wave’. Antipole est le projet du Norvégien Karl Morten Dahl et propose un post punk froid, éthéré et mélodique. Un croisement entre The Cure période « Faith » et Interpol. En tout cas, il est soutenu par un backing group au complet, au sein duquel figurent la chanteuse Eirene et le chanteur Paris Alexander, tout deux originaires de Brighton. La setlist s’appuie sur le superbe premier opus, « Northern Flux », publié l'année passée par notre ami Pedro, d'Unknown Pleasures Records. Parmi les moments forts, on épinglera « Someday 45 », un morceau caractérisé par son excellent riff de basse, « Part Deux » et, en final, « Please Let Me Sleep » puis « Narcissus ». Nice job, guys !

A 17h40, en raison d'un changement d'horaire de dernière minute, c'est le premier 'schedule clash' du festival. Il faut en effet choisir entre Shriekback sous la tente Synth et Trisomie 21 dans l'autre. Heureusement, les deux correspondants se répartissent la tâche.  

Votre serviteur prend en charge Shriekback, dont le concert est très attendu. La formation anglaise a marqué les années 80 grâce à une wave-fusion teintée de funk, sise à la croisée des chemins de A Certain Ratio, Talking Heads et Gang of Four. Face à un auditoire moins nombreux que prévu, un véritable big band épaule les deux chanteurs/compositeurs, Barry Andrews et Carl Marsh. Ils sont huit sur les planches ! « All Lined Up », « Black light trap » et « Underwaterboys » passent bien la rampe, mais il manque ce petit plus pour que le show décolle. Probablement la faute au mixage ; car la basse, qui constitue normalement le point focal, la moelle épinière des compos (NDR : pensez à « My Spine is the Bassline » !), est insuffisamment mise en exergue. Une belle prestation, donc, mais qui aurait pu s’avérer bien plus percutante, si les balances avaient été mieux réglées…

A même moment, la tout grande foule s’est massée sous la tente Wave pour le concert de Trisomie 21. Il faut dire que ces Français du Nord (Valenciennes) jouent presque à domicile, peu de temps après avoir foulé les planches des Nuits Secrètes d’Aulnoye. Et nombreux sont les fans ch’tis présents dans l’audience. Actif sur le label PiaS de 1985 à 1997, le band avait été lui-même surpris de son succès international, touchant même le Canada et l’Amérique du Sud. A sa tête, on retrouve toujours Philippe (au chant) et Hervé (à la guitare) Lomprez, secondés par un claviériste. La voix de Philippe ne semble pas avoir pris une ride, même s’il reste plutôt statique sur scène, et assez mal à l'aise dans ses rares chorégraphies. On aurait aimé aussi un peu moins de samplings et un vrai batteur en chair et en os ! Mais qu’importe puisque les mélodies de « Where Men Sit », « La fête triste » et bien sûr le tubesque « The last song » résonnent comme autant d'impérissables souvenirs de jeunesse... (**)

Pressés de faire une pause dans ce marathon, musical, nous zappons honteusement Clan of Xymox. Il est vrai que le combo batave est omniprésent, lors des festivals 'dark', depuis quelques années ; et après avoir les avoir vus une dizaine de fois en ‘live’, on commence à connaître la... musique.

Marc Almond, l'ex-chanteur du mythique Soft Cell, s’était également produit dans le cadre du festival, deux ans plus tôt, lors d’une prestation cinq étoiles. On ignore si le botox est le principal responsable, mais son visage est un peu bouffi. Mais son look de Peter Pan de la Wave est inaltérable et au cours d'un set passionnant, il régale son public grâce à une succession de hits incontournables, comme « Bedsitter » ou « The Torch ». Les versions sont malheureusement moins ‘minimal synth’ que les originales, vu la présence d'un véritable batteur ; cependant, l'ensemble sonne très bien. Pendant « Jacky », la reprise de « La Chanson de Jacky », de Jacques Brel, qu'Almond a publiée en 1991, le chanteur se saisit d'une photo de Brel, tendue par un fan, et la montre au public qui répond par une clameur : un bel hommage ! Le climax atteint, bien entendu, son sommet pendant « Tainted Love », la reprise de Gloria Jones qui avait propulsé Soft Cell au sommet des charts. La compo est enchaînée, comme d’habitude, par un « Where Did Our Love Go » jouissif à souhait. Pendant un des derniers titres, « Say Hello Goodbye », Almond réalise l'exploit de tenir une note aiguë pendant quasi 30 secondes. On a même eu peur qu'il s'étouffe !

Changement radical de style ensuite car on a rendez-vous de l'autre côté de la plaine pour le spectacle des pionniers de la ‘harsh electro-indus’, baptisée également ‘aggrotech’ : Suicide Commando. Créé par Johan van Roy en 1986, le projet inclut également, lors de ses live shows, Torben Schmidt aux claviers et Mario Vaerewijck aux drums. C'est revêtu d'une chasuble noire et coiffé d'un chapeau pointu que van Roy grimpe sur le podium, pendant que les notes de « The Gates of Oblivion » retentissent. Un look gothique solennel qui, combiné aux vidéos assez 'horror movies', communique une impression générale 'dark'... très 'dark'. Mais le chanteur reprend bien vite sont look habituel pour « My New Christ », signe avant-coureur d’un set intense, palpitant, imprimé sur des beats sataniques. Van Roy arpente la scène de gauche à droite (et inversement) ; et, en bon showman, vient titiller les fans des premiers rangs, qui éructent les paroles en même temps que lui. L'ambiance est infernale et monte encore d'un cran lors de « God Is In The Rain » et « Cause of death : Suicide ».

Mais il est temps de quitter ce chapiteau pour rejoindre l’autre, car D:uel, le projet réunissant les ex-Propaganda Claudia Brücken et Suzanne Freytag, va bientôt grimper sur l’estrade. Rappelons que Propaganda était, à l'origine, un groupe allemand, formé en 1982 par Freytag, Ralf Dörper (Die Krupps) et Andreas Thein. Claudia Brücken rejoint le line up un an plus tard et le band signe alors sur fameux label de Trevor Horn et Paul Morley, ZTT Records. Cette année, profitant de la réédition de leur album culte, « A Secret Wish », les deux chanteuses rendent hommage à Propaganda dans une série de concerts exceptionnels. Sur le podium, la cinquantaine fringante, elles portent des vestes à paillettes et font une belle impression. « dr Mabuse » ne manque pas d’allure, mais dès « A Dream within a Dream », on décèle les premières lacunes et les séquences de solos réalisées à la guitare, à la batterie et aux claviers, sont un peu limite : il est clair qu'il manque Trevor Horn à la production. Confirmation, « Duel » vire carrément au massacre. Heureusement, le sublime « p:Machinery » remet les pendules à l'heure, même si le riff aux claviers est trop faible dans le mix. Un show émouvant, donc, très nostalgique, mais dont la mise en place a manqué de rigueur, voire de précision…

L'heure avance et la lassitude envahit progressivement les organismes. C'est sans doute la raison pour laquelle nous sommes restés complètement insensibles au show de Lords of Acid. Le projet de Praga Khan, lancé par le hit « I Sit on Acid » en 1988, livre des shows démentiels, puissants et agressifs mais l'ensemble ressemble plutôt à un cirque, un barnum, voire même un foutage de gueule. Le même sentiment éprouvé face aux lamentables spectacles de Marilyn Manson. La chanteuse, Marieke Bresseleers, est très sexy, se meut sur l’estrade comme une panthère en chaleur et chante comme une hard-rockeuse. Mais cette représentation navigue en permanence à la limite du mauvais goût, surtout quand apparaissent, sur l’estrade, une poupée gonflable et trois 'danseuses' proposant les plus gros clichés ‘kinky’ et ‘SM’ possibles et imaginables. Le groupe a néanmoins de (très) nombreux fans et l'ambiance est électrique. Comme quoi...

Quittons bien vite le chapiteau (de cirque) pour rejoindre une dernière fois la Synth-Scene. Le point d'orgue du festival est bien choisi : c'est Vive La Fête, le sympathique projet de Danny Mommens (ex-dEUS) et Els Pynoo. Formé en 1997, VLF est connu dans le monde entier grâce à sa pop electro-wave enjouée et irrésistible. Pour les festivaliers, les hits du groupe, que ce soit « Nuit Blanche », « La Vérité », « Maquillage » ou le nouveau « Toute la nuit », issu du nouvel LP, « Destination Amour », constituent les cerises sur le gâteau après 4 (ou 5) jours de folie. Tout le monde sourit, chante et danse et c'est donc sur une note ultra-positive que se referme le W-Festival.

Pour être tout à fait complet, ajoutons qu'Anne Clark présentait tout au long du festival un spectacle vidéo 360° ainsi qu'un showcase live dans une tente séparée en forme de dome installée au milieu de la plaine.

En conclusion, bravo aux organisateurs et aux artistes et... rendez-vous l'année prochaine pour la 4ème édition, dont l'affiche est déjà quasi-complète ! Sont annoncés The Human League, Killing Joke, The Stranglers, Alphaville, Nick Kershaw, Peter Hook & The Light, Tony Hadley (ex-Spandau Ballet), Time Bandits, China Crisis, Allez Allez, The Blow Monkeys, Toyan Schmutz, Monreal Biarritz, Johnny Hates Jazz, Rational Youth, Lavvi Ebbel, Fehlfarben, Psyche, Nitzer Ebb, VNV Nation, And One, She Wants Revenge, Blutengel, Mesh, Escape With Romeo, Merciful Nuns, Lebanon Hanover, Kowalski, The Cassandra Complex, Pink Turns Blue, Apoptygma Berzerk, Signal Aout 42, Whispering Sons, Apparaat, Desperate Journalist, Palais Ideal, Portion Control, Solar Fake, In Strict Confidence, Empathy Test, Rational Youth, Alphaville, Lebanon Hanover et Adam Ant, notamment.

Prévue au départ comme tête d'affiche, Blondie a publié un démenti sur les réseaux sociaux : une erreur commise par une agence de booking est à l’origine de ce petit couac.

(Organisation : W-Festival)

(**) Sébastien Leclercq

 

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