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L’ostréiculture de Quivers…

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Hell City

L’Apocalypse selon Hell City…

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Fondé en 2009, Hell City est un groupe belge de Heavy Metal qui monte petit à petit les échelons. « Victorious », leur dernier album, est sorti au mois de novembre dernier. L’occasion de revenir sur la conception de l’elpee, le climat au sein duquel il baigne, et ce qui lie les musiciens à leur producteur, Mikey Doling. 

Pouvez-vous retracer brièvement l’histoire de Hell City ?

Hell City, c’est tout d’abord l’histoire de deux gars qui voulaient simplement faire de la musique ensemble. Et plus précisément, des covers de Metallica. Parmi ces deux personnes figure Tommy, l’actuel batteur. Quelques compositions ont à l’époque commencé à voir le jour, dans un mélange de Heavy Metal et de Rock Stoner. On était alors en 2007. Le plus dur a été ensuite de dénicher de bons musiciens et de favoriser un déclic entre eux. Hell City a connu quelques chanteurs avant l’arrivée de Michelle (NDR : l’actuelle vocaliste). Michelle était en fait déjà présente au sein du line up, mais se chargeait seulement des backing vocals. Jusqu’au jour où on s’est rendu compte qu’on pourrait vraiment ajouter un plus si elle devenait la chanteuse principale. Ce qui a également influencé notre décision, c’est qu’elle était bien meilleure que notre chanteur précédent. Le choix a été vite fait !

Quelles sont vos sources d’inspiration ? Qu’insufflez-vous dans vos compositions, que souhaitez-vous communiquer au public ?

Nos sources d’inspiration varient fortement d’une personne à l’autre. Elles oscillent du Death Metal, genre Carcass, Arch Enemy ou At the Gates, au Funk en passant par le Rock plus classique. Note bassiste est par exemple un fan notoire de Prince ! Michelle a quant à elle de bonnes connaissances en musique électronique. Tu dois certainement te demander comment obtenir un ensemble homogène dans ce contexte ? Et c’est justement cette diversité qui est passionnante ! On retrouve dans Hell City des traces de tous ces genres musicaux, transformées en riffs de guitare, en mélodies et en lignes de chant. Le tout doit sonner rock et proposer de bon riffs accrocheurs. Et plaire au public. Cette particularité musicale nous a toujours permis de partager aussi bien une affiche où figurent des formations ‘easy-listening’ que plus lourdes.

Comment est né « Victorious » ? Quel est le processus d’écriture chez Hell City ?

Une grande partie du processus d’écriture se déroule dans nos locaux. Nous avons depuis peu notre propre espace de répétition où sont composés tous les riffs de guitare. C’est ensuite retravaillé et mis en forme, jusqu’à ce que nous entrions en pré-prod. On réalise cette tâche généralement en utilisant du matériel informatique de base, tout en réfléchissant déjà à ce qu’on pourra ajouter comme effets. Ce sont des étapes très riches musicalement parlant ! Mais c’est seulement lors de la production finale que l’ensemble prend forme. C’est également à ce moment que les compos doivent être adaptées les unes par rapport aux autres. Et c’est là que Mikey (NDR : Mikey Doling, producteur de l’album mais par ailleurs guitariste de Channel Zero et Snot) a été très bon : il a tiré l’album vers le haut, sans en perdre le côté rock’n’roll.

Comment s’est passée votre rencontre avec Mikey Doling ? Qu’a-t-il apporté à Hell City ?

Nous avons rencontré Mikey la première fois lors des Muzikantendag à l’Ancienne Belgique à Bruxelles. Franky (NDR : chanteur de Channel Zero) et lui donnaient une sorte de conférence à propos de l’arrivée de leur groupe au sein de l’industrie musicale. Nous étions à ce moment-là en plein dans le processus de mixage de notre précédent cd et nous avions déjà l’intention de lui faire écouter ce que nous avions réalisé. Il s’est montré disponible mais il a fallu attendre l’enregistrement d’un nouveau single pour qu’il intervienne. C’était pour « Ice Cold Rage », une première coopération et un premier test pour d’éventuelles implications futures. Et tout s’est très bien passé ! Mikey est un gars super, très positif et particulièrement intuitif aussi. Il nous a stimulés afin que nous nous dépassions et réalisions de cette production quelque chose de monumental. Il est lui-même guitariste. On a pu voir qu’il était également à l’aise lors des enregistrements des parties vocales. C’était vraiment un plaisir de le voir à l’action. Un de ses mots d’ordre ? ‘Don’t bore us, get the chorus !’ Des refrains ‘catchy’, c’est ce qui importe ! Que vous soyez dans le circuit commercial ou dans le monde du metal, peu importe, c’est ce qu’on retient ! Et qu’on a donc fait…

La pochette de ce nouvel album évoque un paysage apocalyptique, montrant en avant-plan un bras coupé, poing fermé, suspendu en l’air par des câbles électriques. De plus, votre site Internet, en parlant de nouvel opus, mentionne qu’‘il est de temps réaliser qu’ensemble, nous nous soulèverons, nous serons victorieux’. Doit-on y voir le symbole d’une forme de résistance dans une société bouleversée, parfois chaotique ?

On a surtout travaillé la thématique de l’apocalypse, la fin des temps comme nous l’entendons, pas nécessairement le naufrage total mais une sorte de survie dans une jungle de déchéance. C’est un thème qui nous obsède. Le nom de notre groupe va dans le même sens. Sans vouloir paraître condescendant, cette idée d’une survie de la société actuelle, rongée par ses dérives agressives, son extrémisme, son isolement, me fait penser finalement à une sorte d’évasion romantique. Le titre de l’elpee, « Victorious », se réfère plutôt à une victoire à la Pyrrhus, une victoire après une bataille dévastatrice, où les pertes sont tellement grandes qu’elle ne peut avoir qu’un goût amer. Mais ce n’est pas de l’arrogance ! Ce titre se réfère également à l’élaboration de l’album et les efforts que nous avons dû accomplir afin qu’il puisse voir le jour.

On connaît davantage de présence féminine au chant dans des groupes de Metal symphonique (tels Nightwish, Epica, etc.), plus que dans des groupe de Heavy. Hell City se définit par ailleurs sur les réseaux sociaux comme un ‘Female Fronted Metal band from Belgium’. L’identité du groupe se focaliserait-elle sur la présence de Michelle Nivelle, vocaliste de la formation ?

L’enfant doit bien porter un nom et pour beaucoup de monde, il est plus confortable de nous cataloguer comme ‘Female Fronted Metal’. Cette connotation est plutôt une discrimination positive. Pourquoi profiterions-nous du fait qu’une femme joue dans notre groupe ? Michelle est un des gars parmi nous ! Ce qui n’empêche pas beaucoup de gens d’être charmés par cette compensation féminine au milieu de cette violence musicale.

Les morceaux de l’elpee sont présentés dans le livret, sous un ordre différent de celui présenté à l’arrière du CD. Un changement de dernière minute concernant la succession des morceaux ?

C’est la malédiction de « Victorious » ! Non, c’est une blague… C’était en fait une erreur lors du processus d’impression, une erreur de communication. Ce premier lot de livrets a par la suite été remplacé par un autre, cette fois-ci correct. Tu possèdes donc un exemplaire collector !  

Le titre « Ice Cold Rage » est repris dans une version acoustique (très réussie !) en fin de long playing. Pouvez-vous nous expliquer ce choix d’une version acoustique ? Et pourquoi ce titre en particulier ?

Nous avions cette idée en tête depuis un petit temps… « Ice Cold Rage » est actuellement notre composition favorite et c’est, selon moi, le meilleur morceau du CD. Nous avions lancé pour l’enregistrement de cet album un appel à dons via crowdfunding. Un des lots à recevoir était une soirée Hell City en acoustique. Nous avions, pour l’occasion, préparé sous cette forme, un certain nombre de nos morceaux ainsi qu’un set de covers. Il ne faisait aucun doute qu’on y inclurait « Ice Cold Rage ». L’acoustique permet d’ouvrir les portes à un large public. Beaucoup de gens sont surpris quand tu arrives avec tes guitares acoustiques et, qu’au final,  tu annonces jouer du Metal. Toujours drôles ces froncements de sourcils !

Vous vous êtes produits au Graspop, au Suikkerrock et au Metal Female Voices Festival. Vous aviez également assuré la première partie de Channel Zero, au mois d’avril dernier et vous jouerez avant les Vandenberg’s Moonkings à la fin de ce mois de novembre. Une tournée est-elle prévue pour la sortie de ce nouvel LP ? Avec qui rêveriez-vous de partager l’affiche ?

Quelques concerts sont prévus pour le début de l’année prochaine ainsi que pour l’été. Nous assurons par exemple les premières parties de Snot en février pour leur tournée européenne. Nous partons ensuite sur les routes, en Angleterre et au Danemark. Le Headbanger’s Balls est également confirmé. Pareil pour le BiesenRock. De belles perspectives en vue ! Le festival rêvé durant lequel nous pourrions partager l’affiche doit hélas, quant à lui, encore être trouvé ! Ce qui permettrait en tout cas un beau clash d’artistes !

« Victorious » est un long playing qui a pu voir le jour, comme vous le dites, notamment grâce aux dons reçus de vos fans via une plateforme de crowdfunding. Le montant espéré n’a malheureusement pas été atteint mais le disque a néanmoins pu voir le jour. Le crowdfunding permet-il à de nouveaux groupes d’émerger ? De quel œil voyez-vous ce nouveau type de soutien aux créations artistiques ?

Ce projet de crowdfunding a quand même permis d’obtenir de bons résultats car bon nombre de personnes nous ont contactés en-dehors la plateforme, notamment via les réseaux sociaux ou même directement. Le total des montants reçus nous a donné assez de possibilités pour nous lancer. Mais il est toujours difficile de se vendre, vu le nombre de portions du gâteau à partager au final entre les participants. Mais désormais, l’implication du public qui te suit dans ce projet t’oblige à revoir ce que tu leur proposes. C’était devenu quelque chose de plus personnel et, pour tout dire, ça fonctionne bien.

Les sources de revenu ne proviennent plus de la vente de cd mais bien de celle de places de concerts et surtout, majoritairement, du merchandising. Partagez-vous ce constat ? Hors grosses pointures, vivre de sa musique est-il devenu illusoire ?

En effet, la musique est aujourd’hui majoritairement digitale. Les medias via lesquels la musique est écoutée sont adaptés à ce format : lecteurs mp3, GSM, autoradio en Bluetooth, docking stations, etc. C’est pourquoi le CD est aujourd’hui devenu une sorte de fossile moderne. Mais on peut remarquer que la vente de merchandising a toujours la cote auprès du public Metal. La culture du t-shirt est toujours bien vivante, ce qui permet toujours au groupe de s’y retrouver quelque peu.

Allah-Las

Pourquoi se prendre la tête quand il y a du soleil…

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Allah-Las a publié, ce 16 septembre 2014, son deuxième album. Intitulé ‘Worship the sun’, ce disque baigne paradoxalement dans une musique minimaliste et psychédélique. Qu’on pourrait qualifier de rock garage, dans l’esprit des compiles ‘Nuggets’ et ‘Peebles’, anthologies qui ont permis aux mélomanes de (re)découvrir des formations de la mi-sixties comme The Seeds, Sonics, Electric Prunes, Standells, Count Five, Chocolate Watch Band et bien d’autres. Le quatuor reprend d’ailleurs régulièrement des titres de ces groupes mythiques. En live surtout. Dont le ‘Werewolf’ des Frantics et le ‘Long journey’ de The Roots. Vu cet intérêt pour cette scène, un elpee réunissant uniquement des covers de ce type ne ferait pas tache dans leur discographie. Un peu comme Ulver l’avait réalisé pour l’excellent ‘Childhood's End’. Miles Michaud, le chanteur/guitariste, n’envisage pas du tout de se lancer dans un tel projet…  

« On aime bien glisser l’une ou l’autre chanson de ce type dans notre répertoire, mais on préfère composer nos propres chansons. L’écriture et l’enregistrement sont deux actes gratifiants. Non, nous n’avons pas l’intention de sortir un disque réunissant exclusivement des reprises… » Les recueils ‘Nuggets’ et ‘Peebles’ constituent de véritables bibles pour Rudi Protrudi, le leader des Fuzztones ; mais Miles avoue ne pas connaître ce défenseur de la cause garage. Il avoue cependant qu’il va s’intéresser au personnage. Par contre, il considère les Beatles comme une référence majeure en matière de psychédélisme. ‘Magical Mystery Tour’ serait-il un album culte pour l’artiste ? Il admet : « Oui, j’aime beaucoup cette œuvre. En outre, j’apprécie tous les albums des Beatles. Mais, il est vrai que dans le domaine du psychédélisme, ils étaient au top. Pourtant, si ce concept était élémentaire, au départ, il a enfanté autant de miracles que de canulars. Mais absolument, ‘Magical Mystery Tour’ est, à mon humble avis, un chef d’œuvre ». Miles avoue beaucoup apprécier les combos issus des 80’s et des 90’s comme Spacemen 3, Jesus & Marychain, The Gun Club, The Clean et les Gories. Et parmi les plus contemporains, il cite Brian Jonestone Massacre. Il approuve : « Absolument ! Tous les groupes que tu viens de citer m’ont marqué. Mais aussi Red Krayola, Beat Happening et Mazzy Star ». Notre interlocuteur et ses acolytes connaissent plutôt bien les Warlocks, puisqu’ils sont également issus de Los Angeles. Il s’épanche : « Ils sont de la vieille école et pratiquent un psychédélisme conventionnel. Très branché sur les guitares. Puissant, musclé. Et se servent généreusement des delays. Ce n’est pas vraiment notre tasse de thé. Nous préférons mettre l’accent sur la mélodie, les harmonies et tirer parti d’un son de guitare susceptible de booster notre son. Quand on a l’occasion, on va quand même les voir en concert… » Lorsqu’on est issu de Los Angeles, on imagine que des mythes comme Love, les Beach Boys, les Byrds et les Doors constituent des références ultimes. Il confirme : « Effectivement. Il y a quelque chose qu’il faut bien comprendre, c’est que lorsque vous bossez à L.A., vous êtes inéluctablement bercés par la musique. Il est impossible d’éluder ce phénomène. A cause de l’environnement. Du temps. Mais c’est davantage lié à la musique qu’aux groupes ou artistes, qui sont passés par la ville elle-même. »

Pour enregistrer ‘Worship the sun’, les Allah-Las ont de nouveau fait appel à Nick Waterhouse, à la production. Est-ce devenu le cinquième membre du groupe ? Miles clarifie : « On se connaissait déjà avant de fonder notre combo et que lui ne monte le sien. On s’est connus à l’université de San Francisco et on partageait les mêmes goûts musicaux. Et quand on a entamé notre aventure, il venait nous voir en concert. C’est alors qu’il a déclaré vouloir travailler avec nous. Il a ainsi mis en forme notre premier single ‘Catamaran/Long Journey’. Nous avions testé d’autres producteurs ; mais faute de résultat probant, leurs pistes avaient été abandonnées. En fait, il sait exactement ce que nous voulons, connaît nos goûts et nos influences. Dans ces conditions, nous ne pouvions qu’être sur la même longueur d’ondes… »

Penchons nous un peu sur l’album. Pourquoi avoir choisi pour titre du long playing, un morceau aussi cool que ‘Worship the sun’ ? Il s’explique : « Ce titre se focalise sur des problèmes qui n’existent pas ou compliquent la vie inutilement. Pourquoi ne pas se simplifier l’existence ? Quand au soleil, il est bien présent, on le voit. Et on peut en ressentir les bienfaits. Pourtant, un tas de monde estime que ce titre est une incitation à glander au soleil. Mais il a une explication bien plus existentielle que de simplement s’allonger pour se faire dorer la pilule… » ‘501 – 415’ traite du thème du destin et du regret. Serait-il autobiographique ? Il répond : « Je ne suis pas sûr. C’est davantage qu’autobiographique. On peut partir de sa propre expérience et la transposer ailleurs. Alors on n’est plus dans l’autobiographie. C’est valable pour tous les titres de nos chansons. Au départ, il y a toujours un élément personnel. Puis on extrapole. Aussi quand je parle de sa vie, ce n’est pas ma vie… » ‘Had it all’ semble quelque peu calqué sur le ‘Heart full of soul’ des Yardbirds. Est-ce une coïncidence ? Miles confesse : « Oui, je pense. En fait, on avait interprété ce titre en studio. Récréativement. Et puis quand on a attaqué ‘Had it all’, on l’avait encore en tête. Il se pourrait donc bien que ce soit une coïncidence… » ‘Better than mine’ baigne dans la country. L’ombre de Beachwood Sparks semble même planer. Pas étonnant vu la réponse de Miles : « Je suis un grand fan des Beachwood Sparks. Quand on a monté notre groupe, on les considérait comme un modèle. Quant au country/rock, bien sûr, on ne peut nier ces influences. Que ce soit Gram Parsons, The Byrds, The Radio, Lynyrd Skynyrd et j’en passe… » ‘Every girl’ évoque le ‘Some girls’ des Stones. Même le refrain est hymnique. « Oui, mais pour le texte on parle de la difficulté rencontrée par les hommes d’admettre qu’ils ne peuvent pas tous être acceptés par les femmes. De ces mecs qui se promènent dans rue et tombent amoureux de 20 femmes par jour, et prennent régulièrement des vestes… » Le disque recèle quelques instrumentaux. Plutôt rare en 2014. « On aime la musique instrumentale. Ce n’est pas aussi rare que tu le penses. Disons que c’est plus étrange. Mais on considère ces morceaux comme du contenu. Et ce choix peut représenter une forme de rupture par rapport aux parties vocales. On peut insérer deux ou trois titres du style sur un album ; et on a remarqué que le public les apprécie également en ‘live’ ». ‘Ferus gallery’ est une chanson qui rend hommage à un endroit et un mouvement artistique qui n’a pas obtenu la juste reconnaissance. Le band y démontre son intérêt pour d’autres formes d’art ? « Oui absolument ! On s’intéresse à tout ce qui touche au domaine visuel. Au cinéma. A la vidéo. Et puis, nous sommes branchés sur l’urbanisme. Et particulièrement l’architecture. On apprécie la manière dont elle reflète et relie la culture à l’histoire. Et l’interaction entre l’architecture et le reste. Je suis passionné par des tas de formes artistiques. Et l’architecture est l’une d’entre-elles. J’aimerais bien me mettre à la photo, mais je n’ai pas assez de temps à y consacrer… »

Le site Internet d’Allah-Las est assez particulier. On y découvre une panoplie de photos qui semblent se dérouler à l’infini. Mais qui se charge des mises à jour ? « On y participe tous, mais c’est principalement Spencer (NDR : le batteur) qui s’en charge. Surtout pour les photos »

Avant de poser la dernière question, il était intéressant de comprendre la signification du patronyme et puis d’entendre la bonne manière de le prononcer. Allah, oui, on sait pourquoi. Enfin, surtout quand on sait que le guitariste est de confession musulmane. Pour Las, on imagine une référence aux combos de la mi-sixties, et en particulier aux Shangi-Las. La ville de Los Angeles est inévitablement un symbole pour ce combo issu de la côte est des States. Mais, The La’s est également un band insulaire qui a marqué les eighties. Des comparaisons que ne conteste a priori pas Miles. Quand à la prononciation du band, dites ˈælə-lɑːz’…

(Merci à Vincent Devos)

 

 

Arsenal

Il y a une belle interactivité entre le public et nous…

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L’entretien se déroule le 30 août 2014, dans le cadre du festival des Barges à Scène sur Sambre. Les deux piliers et membres fondateurs sont au crachoir ; en l’occurrence le chanteur John Rohan et le bidouilleur/électronicien Hendrik Willemyns. C’est en 2003 que le duo a véritablement pris son envol ; et tout particulièrement lorsqu’il s’est rendu compte que le renouvellement des collaborateurs permettait à sa musique de prendre une autre envergure. Un concept que le band va reproduire, au fil des albums. Ainsi, pour enregistrer « Furu », il a bénéficié du concours de la très jolie Lydmor, une chanteuse féringienne. Quand au climat de l’elpee, il nous plonge carrément dans l’univers du pays au soleil levant…  

A chaque nouvel LP, les influences sont différentes. Est-ce intentionnel ?

Hendrik : On essaie toujours d’innover. Tant musicalement que vocalement. Au début, on engageait des artistes vivant à Bruxelles. Mais issus des quatre coins du globe. Surtout des Congolais et des Maliens. Un choix qui, au départ, a marqué notre style. Il a même été taxé de world. Une étiquette que je n’aime pas vraiment. En outre, on n'apprécie pas tellement ce style musical. A contrario de la musique brésilienne qui est primordiale, pour nous. Cependant, on a voulu se remettre en question et élargir nos expérimentations. Pour réaliser le second elpee, on a bossé en compagnie du chanteur de rock Aaron Perrino. C’était une première. Mais le projet nous a semblé intéressant. Novateur. A l’instar de ce qu’on réalise à l’aide de nouveaux instruments. C’est ce qu’on a voulu approfondir sur le nouveau cd. On a ainsi intégré des steel drums, des marimbas et autres instruments insolites. On se demandait quand même, quel serait le résultat. Mais finalement il ne nous a pas déçus.
John : Ce qui nous a permis d’acquérir davantage d’expérience. Et c’est primordial pour nous.

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Lydmor ?

Hendrik : On a découvert Lydmor sur YouTube. Ses chansons sont très belles. Sa voix est exceptionnelle. Ma copine estimait que beaucoup de filles chantaient comme elle. Je n’étais pas d’accord. Elle possède un feeling rare, spécial et différent dans la voix. Quelque chose qui dégage. Une forme de combinaison entre l’explosivité et l’originalité. Et on en eu la confirmation en studio. Si Lydmor est bien suivie et correctement managée, elle peut faire un malheur et recueillir un succès phénoménal. C'est tout ce qu'on lui souhaite.

Sur les planches, on ressent une belle connivence entre John et Léonie. Elle est instinctive ?

John : Notre coopération a très vite évolué. Nous avons rapidement été à l’aise ensemble, tout en se montrant respectueux ; ce qui a permis d'expérimenter et de se produire sur scène en sa compagnie, sans devenir pour autant un duo comique. Une certaine énergie se libère de notre connivence. Mais que nous souhaitons dispenser avec classe.

Vous vous produisez régulièrement dans le cadre des Lokerse Feesten. Et vos spectacles y sont toujours particuliers. C’est la conséquence d’une histoire d’amour entre Arsenal et le public de cette région ?

Hendrik : Oui, je pense. Il s’agit d’un des premiers festivals auxquels on a participé. On a un peu grandi grâce et au fil de ce festival. On s’y est produit pendant 8 ans. Chaque année, on y était. Non pendant 7 ans, pas l'année dernière ; mais on y est revenu en 2014. Oui, il est exact que nos shows y sont chaque fois explosifs. Le public est parfois nombreux pour applaudir des stars, mais parfois il est peu ou pas réceptif. Pour nous, il réagit toujours au quart de tour.
John : Curieux quand même ! Et pourquoi Lokeren ? Mais c'est très bien. A Lokeren, on n’a que de bons souvenirs.

Un concert d'Arsenal ressemble davantage à une fête de la musique qu’à un concert. Une explication ?

Hendrik : Ce n'est pas intentionnel. C'est parce qu’on aime ce qu’on fait. Et ce que le public aime. Au début, le concept se résumait à John et moi. On ne s’investissait pas beaucoup en ‘live’. On partageait simplement notre passion pour la musique. Puis, on s’est livré, et le public nous l’a rendu mille fois. C'est magnifique, c'est organique. Il y a une belle interactivité entre le public et nous. C'est Arsenal, quoi.
John : Et on s’est rendu compte que c’était chouette d’assister à un concert quand les artistes se livrent totalement. C’est ainsi qu’ils ont un retour. C’est ce qui marche le mieux.

Vous avez accordé la ‘release party’ de votre nouvel LP au Lotto Arena d'Anvers. Vous étiez dans une forme olympique, ce soir-là…

John : Merci, nous étions enchantés du concert. Pourtant, nous stressions avant de monter sur les planches. A cause du décor, du light show, de la mise en scène et surtout du son. Dans cette salle, tu as intérêt qu’il soit au top. Quand on organise un tel événement, il ne faut rien laisser au hasard. Finalement, on a le droit d’être fiers et satisfaits. D’autant que les réactions de la presse étaient bonnes. C'était du jamais vu pour nous en Belgique.

Avez-vous le projet de vous produire à nouveau plusieurs jours de suite à l’Ancienne Belgique ? A guichets fermés, bien sûr ?

Hendrik : On y sera le 15 mai de l’an prochain. Mais je ne crois qu’on reproduira ce type de spectacle en série. Sinon, pas que ce concept deviendrait une blague, mais plutôt une forme de concours. On veut quand même bien encore jouer quatre soirs d’affilée. La dernière fois, c’était à 6 reprises. La formule peut devenir ennuyeuse. En plus, aujourd’hui, tu ne peux plus rien faire à l’AB. Ni boire, ni fumer.

Entre vous et Gabriel Rios, il y a une grande complicité ?

Hendrik : Nous avons rencontré Gabriel à Amsterdam, alors que nous étions à la même affiche. C'est un très bon ‘performer’. Il a une belle voix. Et son concert baignait dans la world. On en a conclu qu’une collaboration pourrait déboucher sur un résultat concret. Après avoir tenté l’expérience, on en a conclu que ce n’était pas trop mal. Enfin, les compos qu’on lui avait refilées n’étaient quand même pas terribles ; mais sa carrière a explosé par la suite.  Parce qu'on était devant l'explosion avant l'explosion de Gabriel Rios. Nous disposions d’un morceau de Gabriel, « The Coming ». Et on l’a joué en studio. Puis mis en boîte. Et il a marché du tonnerre. Ce titre est devenu incontournable pour nous. Il en existe peu de comparables. Ensuite on est devenus amis. C’est un artiste que nous respectons. Je pense que c’est réciproque. Enfin, je ne sais pas, mais nous on l’estime énormément.

John le sait, je suis un fan de Puggy, et paradoxalement, les membres de Puggy sont des aficionados d’Arsenal. Ce qui m’a permis de me faire pas mal d'amis en Flandre. Votre musique est fédératrice, c'est fou quand même ?

John : Fédératrice, j'aime bien ce mot.
Hendrik : Fédératrice, je n'ai jamais entendu ce terme. C'est possible. On n'est pas un groupe flamand, mais belge. Au sein d’Arsenal, la plupart de nous parlent le français. Mais nous sommes moins connus en Wallonie que Puggy en Flandre ; et c'est dommage…
John : Je pense que Puggy est plus populaire en Flandre que nous en Wallonie. C'est bon pour eux, j'aime bien ce qu'ils font. Ils libèrent une bonne énergie en ‘live’.
Hendrik : C'est bon pour eux.

Vous vous êtes rendus au Japon pour apporter votre concours au film « Furu ». Comment s’est déroulé ce périple ?

Hendrik : En fait il s’agit d’un long métrage dont j'ai écrit le scénario en compagnie de Johny Whiteney, le mec des Blood Brothers. Celui qui participe aux vocaux sur « Lokemo » et le dernier disque aussi. On a écrit une histoire qui a servi de canevas à l'album. Nous avons produit ce film au Japon. L'avant-première sort mi-septembre à Tokyo. Ensuite, il sera présenté dans le cadre d’un festival cinématographique à Gand ; et puis, on le défendra en tournée. C'est l'histoire d'un personnage qui souhaite devenir musicien. Il habite le long de la mer. Il atteint son objectif. Et devient même célèbre. Mais il doit en payer le prix. Et il tombe ; or le verbe tomber se traduit en japonais par « Furu ».

Pas trop difficile le tournage du clip dans la piscine ?

Hendrick : Pas facile, mais finalement chouette. Y plonger en conservant ses vêtements et ses chaussures était très éprouvant. D’autant plus qu’on est resté un certain temps, au fond. J’ai bien cru que ma dernière heure avait sonné. Et à un certain moment, j'ai dit adieu.
John : C'était vraiment beau. J'ai montré le clip à Hendrick dans une prochaine vie, mais il est retourné dans l'eau.

La musique d’Arsenal est-elle tournée vers le futur ?

John : Un son du futur ! Difficile de donner une telle dimension à ta propre musique. C'est quand même un compliment, je l’avoue. Nous voulons aller de l’avant, c’est vrai. Nous ne sommes pas comme ces revivalistes qui recyclent les Beatles, les Stones ou d’autres groupes britanniques. Finalement, ils repassent toujours les mêmes plats. On essaie donc d’éviter la recette. Donc, si on me dit qu’Arsenal a un son du futur, c'est un compliment. Merci !

Mirko a bossé sur l’album de Marie Warnant. C'est une belle ouverture pour elle, en Flandre. Arsenal a de nombreux fans en Wallonie, mais y est rarement programmé en concert. Un problème de barrière linguistique ?

John : Il n’y a pas de booking ici. Depuis qu’on a sorti « Fury », c’est la première fois qu’on rejoue au Sud du pays. C’est dommage ! J’adore venir ici. Lors de la parution de nos anciens albums, nous avions accordé quelques dates à Mons, à Liège et à Charleroi. Et on a eu un franc succès. Hormis Scène sur Sambre, c’est le vide. J’espère que la situation va changer.

La musique est-elle devenue une drogue dure pour les membres d’Arsenal?

John : C'est un job superbe. Ce n'est pas une drogue dure, mais la musique en général, c'est le réveil du matin. Elle est très importante dans notre vie. C'est la première chose à laquelle on pense. Et puis je l’adore. Si je devais choisir aujourd'hui entre perdre mes yeux ou mes oreilles, j’opterai pour les yeux. Je ne peux pas vivre sans musique. C'est un choix très clair.

Hendrik, ne crains-tu pas qu’on te vole tes machines. Quelle serait ta réaction si tu subissais un tel préjudice ?

Hendrik : Aucune. Je rentre chez moi.

 

Romano Nervoso

Une tournée des bars comme répète générale…

Écrit par

Cet entretien s’est déroulé le dimanche 31 août, dans le cadre du festival des Barges, à Scène sur Sambre. Au crachoir, Giacomo Panarisi, le leader de Romano Nervoso, une formation louviéroise que votre serviteur suit depuis pas mal de temps. Intitulé « Born To Boggie », son second elpee est paru ce 22/10/2014. Et pour la circonstance, il a bénéficié d’une ‘release party’ à la Rotonde du Botanique. Malgré le succès du combo, notre 'Italian Stallion' a bien la tête sur les épaules. Tout en demeurant éminemment sympathique.

On soupçonne fort que tu sois l'enfant naturel né d’une idylle entre Marc Bolan et Mick Jagger. Qu’as-tu à nous avancer pour ta défense ?

Giacomo : Marc Bolan, mon maréchal ! On dirait un gars de Saint-Vaast qui parle. En fait, ils avaient accordé un concert à Houdeng, en 1977. Ils étaient pétés. Ils ont fait l'amour. Je ne sais pas comment, mais je suis sorti du trou de balle d’un de ces deux-là. C'est bien moi, le fils de ce couple illégitime…

Quelle est ta définition du rock spaghetti ?

Giacomo : C'est du spaghetti rock. Tout simplement du rock. Il ne diffère en rien du rock conventionnel. Sauf qu’il est chanté en italien. Donc trahit des consonances latines. Celles de mes origines. Je mets donc mes origines au service du rock'n'roll.

Ton nouvel opus sort bientôt. As-tu des détails à nous communiquer à ce sujet?

Giacomo : Il sera dans les bacs le 22 octobre, jour de notre release party, organisée à la Rotonde du Botanique. Il s’intitulera « Born To Boggie » et paraîtra chez Mottow Soundz. Et j'en suis très fier.

Il ne devait pas sortir plus tôt ?

Giacomo : Effectivement, car au départ il s’agissait d’une autoproduction. Mais finalement, un label s’est intéressé à notre projet. Le temps de discuter du deal et on a pris du retard. Et puis je n’étais pas satisfait du premier mix. Donc il a fallu le recommencer et cet épisode a encore reporté sa sortie. J’ai préféré attendre que le produit soit entièrement fini et corresponde à mes attentes. D’où ce retard.

Ton dernier single s’intitule « Aline/Maria ». Adamo y est pour quelque chose ?

Giacomo : Adamo ? Non, Christophe. Daniel Bevilacqua est français, mais d’origine italienne. Et cette chanson, je l’écoute depuis ma plus tendre jeunesse. Je voulais donc en réaliser ma propre version. Tout en rendant hommage à Christophe, compositeur de ce bon vieux morceau de blues interplanétaire.

Tu as eu l’opportunité d’assurer le supporting act de Johnny Hallyday au Sportpaleis d'Anvers. Est-ce lui qui t'a choisi ? C'est quand même une fameuse référence pour toi, non ?

Giacomo : Au départ, je pensais que c'était une blague. Effectivement, c’est lui qui nous a invités. Mais l’expérience est vraiment unique. Tu joues tous les soirs devant 25 000 personnes qui ne te connaissent absolument pas. C’est terrible ! En fait, quand on a rencontré Johnny il nous a parlé de notre musique et de nos chansons. Manifestement, c’est une des plus belles aventures que j'ai pu vivre sur la scène musicale.

Johnny ratisse large. Sa musique s’adresse aux jeunes de 7 à 80 ans…

Giacomo : Oui il ratisse large, son public oscille entre 7 à 77 ans. Le public réunit de nombreux fans, mais également des curieux qui souhaitent voir le phénomène sur les planches…

Apparemment parmi ses aficionados, nombre d’entre eux ont apprécié votre set. Des amis présents ce soir-là me l’ont signalé ?

Giacomo : Cet écho est agréable à entendre. Perso, j’ai beaucoup aimé la réaction de la foule.

Parmi les premières parties, on pourrait également épingler celles que tu as accomplies pour Skip The Use et Electric Six…

Giacomo : Electric Six ? Il y a un bail ! Skip The Use, c'était à Mons. Le groupe débutait également. Depuis, nous sommes devenus amis…  

En 2013 tu as réalisé une tournée baptisée 'We Love Bars'. Dans quel but ?  

Giacomo : Afin de bosser sur tous les nouveaux morceaux du futur album. Et la meilleure manière de les tester, c’est de les interpréter dans des conditions de merde. Enfin, pas de merde… plutôt dans des conditions qui en reviennent aux roots. C’est-à-dire dans les bars. Ce périple nous a permis de faire une répète générale avant d’entamer la tournée des salles et des festivals. Finalement, l’épisode s’est bien passé et on s’est super éclatés…

Lors du dernier festival de Dour, je t’ai aperçu discuter en compagnie de Fred Lani (NDR : le leader de Fred & The Healers) et effectuer un échange de Cd.

Giacomo : Oui nous nous apprécions, tout comme j’apprécie sa musique et lui la nôtre. Et puis, j’ai un faible pour le blues…

Quels sont tes objectifs à court terme ?

Giacomo : Sortir l’album. Se produire en concert. Bien se sentir dans ma peau et réaliser ce que j’aime, sans devoir abaisser mon froc, tout en propageant la bonne parole, l'humour et le rock 'n' roll, à travers le monde.

 

Kid Noize

Accro au vintage et à l’image…

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Cette interview s’est déroulée dans le cadre de l’édition 2014 du festival de Barges sur Scène. Dans les loges. Pour avoir les pieds au sec. Car dehors, la plaine ressemble à un véritable cloaque. Kid Noize est en quelque sorte le régional de l’étape. S’il accorde une grande importance à la musique, l’artiste en réserve tout autant à l’image.

La première fois que j’ai assisté à un de tes concerts, c’était il y a deux ou trois ans, en première partie de Stromae. Depuis, il semble que tu as parcouru pas mal de chemin…

Kid Noize : Je suis parti pendant plus ou moins deux années en France afin d’y bosser en compagnie de la même équipe qui a travaillé pour Stromae. C'était sous l’égide de Universal France. Puis, fin 2013, j'ai monté mon propre label Black Gizah. Ce qui me permet d’y sortir mes propres productions. Une première compilation devrait paraître fin 2014, et elle permettra de découvrir tous les artistes qui m'entourent.

Tu as un bon contact avec Stromae ? Vous coopérez ?

Kid Noize : On se croise de temps en temps, mais non nous ne collaborons pas.

Peux-tu nous en dire plus sur ton écurie ?

Kid Noize : Le concept est de réunir sur un label électro des artistes différents qui accordent autant d’importance à l’audio qu’au visuel. Michel Moers, ancien chanteur de Telex, nous a rejoints. Et il a déjà parcouru quelques kilomètres. Mais on a recruté des petits jeunes comme Evernest, PPWB et plein d’autres projets qui verront le jour avant la fin de l’année. Je viens aussi de publier un nouveau single, « Brooklyn », la réédition d’un titre paru il y a quatre ans. Cette nouvelle version fera l’objet d’un tas de remixes. Plus d’une dizaine que nous allons publier.

Les années 80 t'inspirent plus que les années 90 ?

Kid Noize : Les eighties ont établi les fondements d’une grande partie de la musique électronique. Pas tellement les nineties.

Tu apprécies donc plus Depeche Mode que Kraftwerk ?

Kid Noize : Non davantage Kraftwerk. Enfin finalement autant l’un que l’autre. Evidemment, Depeche Mode est sans doute la formation qui a le mieux géré l'image et le son. En outre, c’est un très bon groupe qui pratique une sorte de rock électronique.

Apparemment, tu es un grand fan des films de science fiction, comme ‘E.T.’ ou ‘La guerre des Etoiles’…

Kid Noize : Ce sont les films de mon enfance. ‘Star Wars’ est le premier long métrage que je suis allé voir au cinéma. Cette œuvre a absorbé toute la vie de George Lucas. Il avait bien réalisé un autre film, auparavant ; mais pour le reste il l’a consacré essentiellement à cette épopée. J’ai également grandi avec ‘E.T.’ et ‘Retour vers le futur’. De grands classiques. Oui, toute ma jeunesse a baigné dans cet univers.

Tu aimes les objets vintage. Tu as d’ailleurs acquis une ‘Mustang’. Il t’arrive de dormir dedans ?

Kid Noize : Des filles, parfois... j’adore les antiquités. Quand je peux me les acheter. Je me procure rarement des choses neuves. Bien sûr, il faut vivre avec son temps, et choisir un bon ordinateur, un bon appareil photo, un bon téléphone ; mais je préfère ce qui a du vécu. Comme les vieux synthés. Je les préfère que ceux de la dernière génération. Ils sont meilleurs et ont plus de valeur. Quand tu achètes une vieille bagnole, si tu l’entretiens bien, au bout de dix ans elle en a plus que neuve. Lorsque tu acquiers un nouveau véhicule, 10 minutes plus tard –ou presque– il n'en vaut plus que la moitié du prix. Le temps a fait son oeuvre. Il opère un tri entre les bonnes et les mauvaises affaires.

Tu voues un culte à l’image ?

Kid Noize : Plus que jamais. Dès le moment que tu postes une image sur Internet, il te suffit d’une demi-seconde pour 'la piger'. Le son en exige 30, 40, 50, voire 3 minutes. Oui, l'image est un support énorme.

D'où vient ton nom de scène ?

Kid Noize : Il synthétise un peu toutes ces idées d'enfants, cette espèce de bruit incessant qui revient et t’incite à y aller à fond dans ce que tu veux faire. Qui te pousse à construire ta vie sur les rêves que tu projetais, au cours de ta tendre jeunesse. On ne se rend pas compte que c'est l'enfance qui crée les structures premières du reste de ta vie. C'est à ce moment-là qu'il faut accomplir les plus grands voyages.

Es-tu tourné vers le passé ou bien le futur ?

Kid Noize : Pour moi, le rock'n'roll est une musique qui creuse dans le passé. Elle recherche constamment ses racines. La musique électronique est résolument tournée vers l'avenir. C'est la musique du futur qui cherche continuellement à se renouveler. Celle qui écrit l’histoire de la musique contemporaine…

 

 

 

 

Les R’tardataires

Horaire décalé…

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Ce vendredi 18 juillet, les R’tardataires ont ouvert le festival des Franfofolies sur la scène ' Ice Watch' du Village FrancoFou. Pas un challenge facile. Mais ils s’en sont bien tirés. Il y avait du peuple et la prestation a été bien accueillie. Les R'tardataires ont été lauréats du ‘Franc'Off’ et finaliste de la ‘Biennale de la Chanson Française’, en 2013. Une belle carte de visite. A l’issue du concert, Cédric et Max, les deux vocalistes ont accepté de nous accorder un entretien. Rendez-vous pris dans le hall de l'Hôtel Radisson Blu Palace de Spa, et pas question d’être en retard…

 

Les R’tardataires qui intitulent leur album « Mieux Vaut Tard que Jamais », c’est un peu un poncif ?

Cédric Chiappe (Céd) : Il faut bien qu'on arrive un jour. Les R'tardataires, c'est bien. Etre en retard, c'est beau. A un certain moment, il faut qu'on arrive. Et puis tout le monde est concerné. Aussi bien toi que moi. Il vaut mieux tard que jamais...
Maxime Lacroix (Max) : Ce titre, nous l’avions choisi, un an et demi avant sa sortie. On a déduit que dans le contexte, il n'était pas mal du tout.

Quelques mots sur votre parcours ?

Céd : Nous avons démarré en 2010. On a enregistré un album démo tous les deux. Nous avions déjà adopté le style qui allait devenir celui des R'tardataires. Mais on voulait immédiatement bosser en compagnie de musiciens. Pendant trois ans, on a beaucoup tourné à Liège. Ce qui nous a permis de réunir une bonne base de fans. Et puis, on a eu la chance de gagner deux ou trois concours : La Biennale de La Chanson Française et les Franc'Offs qui nous ont permis de nous produire, aujourd'hui. On a joué aux Ardentes, la semaine dernière Nous partons à Montréal pour le ‘coup de coeur francophone’, en novembre. Parcours simplifié, mais non moins beau.

On en arrive inévitablement à vos influences musicales ?

Céd : Le rap français, bien sûr. Le reggae, le ragga.
Max : Pour les autres musiciens du groupe : le funk, le rock, le jazz.

Dans vos textes vous avez constamment recours à la dérision. Et puis ils sont décalés. C’est une ligne de conduite ?

Céd : Oui, ce besoin de dérision est essentiel. Dès la première démo, nous nous en servions déjà. Nous essayons d’aborder les événements au second degré. Comme j’essaie de le faire maintenant. Et c’est un gros effort. Les textes sont donc volontairement décalés. Nous abordons des sujets sérieux sous cet angle. C'est notre kiff.

Des exemples ?

Céd : Les textes ? C'est de la merde. Sinon, franchement, on raconte la vie de tous les jours. Des mammys qu’on place dans les maisons de retraite, qu’on oublie et laisse mourir dans les homes. Des sans-abri, dont tout le monde s'en fout. Des martiens qui décident de passer leurs vacances sur la terre. Des filles qui sont belles au naturel. Des trucs parfois sans importance qui nous font bien rire. Tout ce qui nous passe par l’esprit et susceptible de faire une bonne chanson.
Max : De tout et de rien. De la folie des glandeurs. Des soirées ‘mousse’.

Votre clip « 22, fais tourner », est plutôt drôle ? D'où vous est venu l'idée du scénario ?

Céd : Pas pour remuer la merde. La réalité reste la réalité et la police n'est pas toujours... On caricature à mort. C'est à cause des décisions gouvernementales que les policiers se retrouvent parfois dans des situations délicates. On le remarque au quotidien. C’est un problème que nous dénonçons. Et que nous étalons au grand jour…
Max : Au départ, notre intention n’est pas de pleurer sur notre triste sort. Ce n’est pas la police, mais plutôt le système que l'on caricature. Et ensuite, comme les flics incarnent le système, ils deviennent les boucs émissaires…  

Vous utilisez également la toile et surtout les réseaux sociaux, pour communiquer ? Est-ce, pour vous, un maillon essentiel dans le processus de promo ?

Céd : Quand tu fais un clip aujourd’hui, il est très facile de le poster sur internet.
Max : Pour nous, non. Mais si tu veux un max de visibilité, tu n'as pas le choix. Il n'y a pas d'autre moyen aussi efficace. Tu dois faire ta propre pub via Internet. Et gérer ta promo. Tu passes par Facebook et c'est parti. Avant, ce n’était pas le cas. Ce qui change tout pour un groupe.

Prince vous aimez ?

Max : Un tout petit peu.

Et le rappeur Makyzard ?

Céd : Ah oui que l'on connaît ! C'est tout bon. On avait partagé une petite scène avec lui au Live and Stage à Chênée. Après son set on s’était un peu lancé dans l’exercice du free style. Il est terrible ce gars et en plus il crée de la très bonne musique. Son guitariste est un vrai malade mental. Il n'y a pas que lui d'ailleurs. Ses musiciens sont hors pairs. Il chope des mots qui viennent du public et les transforme en chanson. Nous avons un peu perdu cette discipline. Mais il n’est pas dit qu’on n’y reviendra pas. Quand tu explores ce créneau, tu participes à la culture hip hop. Improviser sur des mots en ‘live’, c’est très difficile à réaliser…

Sur les planches, vous libérez de l’énergie positive, non ?

Céd : Absolument ; on met toute notre énergie négative dans nos chaussures et puis on y va. Oui, à fond. Le but est de se marrer. Sur scène, devant la foule, on n'a pas envie de débarquer comme des mollassons. On souhaite que ça pète. Et en même temps, on se fait plaisir. On cherche à chauffer la foule et qu’elle jumpe avec nous. On n’est pas du genre à interpréter des chansons tristes destinées à faire pleurer les gens. Ce n'est pas notre style. Même dans les textes, on positive. La scène, c'est primordial pour nous !
Max : Good Vibrations. Le délire général du groupe c'est qu'il faut positiver un peu.

Après les Ardentes, vous ouvrez les Francos à 13h00, un joli défi pour vous ?

Céd : Oui un vendredi, c'est un challenge et on a bien relevé le défi. Du moins, je pense. Il y avait du monde malgré la chaleur. Il y avait du soleil et nos compos ont apporté au public un certain réconfort.

Votre rap est coloré, métissé, même. C’est dans l’esprit de notre musique ?

Céd : Sympa comme réflexion. C'est le but aussi. Toujours sur une base hip hop, mais bien colorée.
Max : En fait, ce feeling reflète les influences des autres musiciens. Que ce soit du reggae, ska, du latino ou de la drum&bass, quand on se lance, c’est à fond les manettes…

Quels sont vos trois albums de chevet ?

Céd : « L'Ecole du Micro d'Argent » d’IAM, le premier de Féfé, « Les Jeunes A La Retraite » et « X Raisons » de Saïan Supa.
Max : Idem que Céd. Celui de Raggasonic aussi.

Le concert qui vous a le plus fait flasher ?

Max : Celui de de Stromae aux Ardentes. C'est un grand malade, ce type. Son show à l’américaine est d’une grande précision. Mais quand tu tournes, tu te rends compte du taf qu'il y a derrière. C'est une vraie machine de guerre. Depuis deux ans, il a fameusement évolué. Au point de vue technique, c'est pointu et le top.
Céd : Perso, celui de IAM qui a accordé un show à l'ancienne. Un sommet !

Intergalactic Lovers

C’est le carnaval d’Alost qui a déterminé le nom du groupe…

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Les Lokerse Feesten en sont à leur sixième jour. Intergalactic Lovers est programmé entre Girls In Hawaii et Patti Smith. Avant de monter sur les planches, la vocaliste Lara Chedraouic et le guitariste Marteen Huygens nous accueillent dans les loges, pour un entretien. Qu’ils nous accordent dans la langue de Voltaire. Sympa ! 

J’ai découvert votre groupe, il y a 3 ans, dans le cadre des fêtes de la musique à Charleroi. Puis je vous ai revus au Rock Ternat. Dans votre fief. Et c’était très perceptible, vu la réaction du public. Vous étiez à la même affiche que Puggy, Arsenal et Das Pop, et vous aviez assuré grave. Ensuite, vous avez participé au LaSémo à Hotton. Et enfin, Puggy vous a entraînés pour assurer leur supporting act à l'Olympia en première partie. Vous vous attendiez à une telle invitation ?

Marteen : C’était pour un seul concert. Je ne me souviens plus des circonstances qui ont permis cette opportunité, mais quand on les a rencontrés, le courant est bien passé. Et notre set s’est bien déroulé. L'Olympia ne nous laisse que de bons souvenirs…

L’album « Little Heavy Burdens » vous a permis d’acquérir une certaine notoriété ? 

Lara : Oui, en fait, on a récolté le fruit de notre travail. On a énormément bossé sur ce disque. On a donné tout ce qu’on avait dans le ventre. Et on est fier du résultat. Bien sûr, la mise en forme est bien plus professionnelle. C’est le fruit de l’expérience. Tu sais mieux ce que tu veux. Et ce que tu ne veux pas. Pour moi, le second album est particulièrement réussi. Il est la suite logique du premier. On eu la chance de jouer en Allemagne et aux Pays-Bas. Et on envisage tourner en France et davantage en Wallonie. On doit encore y faire notre trou. Ce n’est pas facile, mais notre cd devrait nous permettre d’acquérir une certaine popularité.

Quelle est l’origine du patronyme Intergalactic Lovers ?

Marteen : Nous sommes alostois. Et s’y déroule annuellement un grand carnaval comme à Binche. Un carnaval au cours duquel le déguisement est roi. Mais pas dans un souci d’esthétisme. Au contraire, au plus ces accoutrements sont ridicules, moches et laids, au plus ils sont recherchés. La parade ‘Voil Jeanet’ (NDLR : la sale Jeannette) en est le plus bel exemple. Un défilé au cours duquel les jeunes gens sont travestis en femmes. Ils portent des corsets, poussent des landaus et exhibent des parapluies cassés. Et dans le passé, on organisait des fêtes autour d’un thème. Un jeu de rôle au cours duquel tout le monde devait se déguiser. C'est toujours idéal pour l'ambiance. En pensant à ce que les marginaux du futur allaient ressembler. Donc, c'était très beau à voir. Mon nom, c'était 'Intergalactic Lovers'. Un nom vraiment grotesque. Tellement absurde, qu’un membre du groupe a suggéré de le choisir pour patronyme. C’est le carnaval d’Alost qui a déterminé le nom du groupe…

Finalement, la bande sonore du film « Code 27 », vous l’avez enregistrée ?

Lara : On nous a demandé de réaliser ce soundtrack. Mais un peu tard. Nous ne disposions que d’un mois pour le terminer. Nous leur avons répondu que ce délai était insuffisant et qu’il était impossible de le respecter, vu le nombre de concerts à assurer. Finalement, le choix s’est porté sur des compos issus de notre premier album, « Greetings & salutations » ; en on y a ajouté une nouvelle chanson. Et cette collaboration nous a apporté pas mal de publicité. Le film est basé sur une série populaire programmée en Flandre.  

Au départ vous aviez signé chez EMI ; depuis le label a été absorbé par Warner. Vous sentez-vous bien soutenus par ce major ?

Marteen : Oui aucun problème, une partie du personnel d’EMI, que nous connaissions, a été transféré chez Warner, une boîte dont les responsables sont compétents. Bien sûr, on s’est rendu compte que cette fusion n’était pas encore au point. La firme n’avait pas l’habitude de sortir des disques d’artistes belges, mais plutôt américains. La situation était inédite pour eux. On l’avait remarquée, mais ils ont bien bossé pour rectifier le tir.

Votre premier opus vous a permis de décrocher un disque d'or ; et le second est, je pense, sur la bonne voie pour prendre le même chemin.

Lara : La plupart des remarques formulées à l’égard du nouvel album concernent le premier abord. On nous dit d’abord qu’il n’est pas terrible. Puis au bout de quelques écoutes, les avis changent, et il récolte de plus en plus de crédit. A tel point, qu’après quelques semaines, certains médias l’ont estimé tout bonnement génial. En fait, ce disque nécessite plusieurs écoutes pour être apprécié à sa juste valeur. Et quand il vous a investi, vous ne pouvez plus l’effacer de votre mémoire. Tu as même envie de le réécouter. Et ainsi de comprendre une nouvelle fois, le message qu’on tente de faire passer…

Sur les planches, le batteur est décalé à droite. Une configuration significative ?

Lara : Lors de nos premières prestations, le drummer se plantait derrière nous. Puis on a décidé de le décaler. En fait, chaque musicien a droit au chapitre. Mais le batteur ne doit pas nécessairement se réfugier au fond du podium. Et j’apprécie tout particulièrement les groupes qui se produisent sur une même ligne. Pas pour respecter une symbolique. Das Pop y a pensé avant nous et on s’est dit, pourquoi ne pas adopter la même formule. Et le résultat est probant…

Quand on vit à Alost, une ville administrée par la NVA, on ne craint pas l’hostilité de la presse francophone? 

Lara : Nous n'avons aucun problème avec la presse en Wallonie. Le seul souci que l'on a rencontré, c'est qu’il n’existe pas d’Airplay (NDR : un concept radiophonique spécifique au Nord du pays). Mais dès qu’on en a l’opportunité, on accorde une interview ou une session radio. Toujours. Mais on espère secrètement qu'il ait quelqu'un qui ose nous diffuser sur davantage de radios. Radio Charlekin (France) et Sud Radio ont fait le pas…

Vous vous êtes produits à Dour, Ronquières, l'Ancienne Belgique, la Citadelle de Namur, chaque fois à guichets fermés. Mais à Mons, il n’y avait pas grand monde. Une raison particulière ?

Marteen : Oui, manifestement, à Mons, le public était clairsemé. Il doit y avoir eu un problème. Probablement un manque de publicité.
Lara : Même le personnel de Sud Radio ignorait que nous nous y produisions. Tu imagines, ils bossent à Mons et ils n’ont même pas été informés…

C’est sans doute dû à une l’ouverture d’esprit de nos communautés, bien plus grande en Flandre qu’en Wallonie ?

Marteen : Je ne sais pas si c'est la raison. Il y a certainement plus de salles pour se produire au Nord du pays. Lorsque nous avons participé au festival de Ronquières, on nous a posé la même question. Au début des années 70, la Flandre a commencé à créer des réseaux. Et en récolte sans doute le fruit encore aujourd’hui. D’autre part, les radios accordent une place importante aux artistes du cru. Et certaines organisations, comme le PopPunt, aident les artistes qui font leurs premiers pas sur la scène musicale. Un ensemble de circonstances qui constituent un fameux tremplin. Mais en Wallonie, il existe également des formations qui ont acquis une dimension internationale, comme Girls In Hawaii…

On compare souvent la voix de Lara à celle de Nina Persson des Cardigans. Un compliment ?

Lara : Oui, un compliment ! C'est la première fois que j'entends cette réflexion. Ou peut-être la seconde. Il est vrai que j’aime sa voix. Et aussi le groupe. Cette remarque me fait plaisir…

Tu as participé aux sessions d’enregistrement de « Death And Glory », le dernier elpee de Montevidéo. Et je dois avouer que ta performance aux vocaux et remarquable. Qui a eu l’idée de t’inviter ?

Lara : En fait, leur manager a appelé le nôtre. Il a demandé si j’étais intéressé de participer aux choeurs. Au départ, j’ai mal compris ce qu’on je demandait, car je pensais devoir écrire des trucs sur cette chanson. Quand j’ai débarqué aux studios, on m’a demandé de me charger des backing vocaux. Je leur ai signalé que j’avais préparé le travail. J’ai donc été invité à me jeter à l’eau. Ce que j’ai fait. Et finalement, tout le monde était content du résultat. Moi aussi, d’autant plus que c’et un chouette album.

Et si nous parlions des influences d'Intergalactic Lovers ? Certain médias vous attribuent des références avec le hard rock mélodique…

Marteen : C'est une question très difficile. Il y a cinq personnes dans le groupe, et chacun a ses propres influences. Il y en a bien que nous aimons tous, mais dans l’ensemble nos goûts sont assez éclectiques… Le hard rock mélodique ? En live, alors. J'apprécie Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath et compagnie.
Lara : Oui, surtout sur scène. Et il est vrai que nos performances sont meilleures en ‘live’ que sur disque.

Vous paraissez très soudés au sein de la formation. Vous vous partagez l’écriture de la musique et des textes ?

Marteen : Nous nous connaissons depuis longtemps. Plus besoin de savoir sur quel bouton il faut pousser. Notre professionnalisme découle tout simplement de l’expérience acquise.
Lara : Nous participons tous à l’écriture de la musique. Je me charge des lyrics, mais Marteen y a également collaboré sur le dernier opus. Marteen, Raf et Brendan se concentrent davantage sur la musique. Et le plus souvent, ce dernier crée les ébauches à l’aide d’accords de piano. Bref, c’est le fruit d’un travail collectif. Et il arrive que dans un texte, l’un d’entre eux me dise qu’il est préférable de changer un mot ou une phrase. Tout le monde apporte ses idées, et lorsque nous sommes tous d’accord, on est satisfaits. Maintenant, il est exact que certaines influences inconscientes peuvent dicter notre conduite.

Quel est le meilleur concert que vous ayez accordé à ce jour ?

Lara : La première fois que nous avons joué à l’Ancienne Belgique ; et même si nous étions un peu trop nerveux, ce n’était pas mal. Mais le meilleur souvenir remonte à notre première participation au festival de Dour. En fait nous attendions devoir nous produire devant une centaine de personnes. Et quand nous sommes montés sur le podium, on s’est rendu compte que le chapiteau était plein à craquer. Une fameuse surprise ! Tous ces gens étaient venus pour nous. Nous n’en revenions pas. Un moment magique ! 

 

[inc.ognito]

Une mise au point qui fait la différence…

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Dans le cadre du festival ‘La Vie en Rock’, un événement destiné à financer la recherche contre le cancer, une vingtaine de groupes ou artistes avaient accepté de laisser tomber leurs émoluments pour la bonne cause. Dont Inc.Ognito, une formation issue de la région du Centre. De La Louvière très exactement. Née en 2010, elle implique deux membres qui participent également à d’autres projets. Ainsi, le guitariste Loïc Vanhoolandt (loïc.ognito) sévit au sein de Rock En Stock, combo de covers qui jouit d’une solide réputation, alors que le drummer Lucas Lepori (loo.ognito) prête aussi ses baguettes à Romano Nervoso. Le line up est complété par Angelo Guttadauria (angel.ognito) préposé au chant, à la gratte et aux claviers, ainsi que Mourad Agjij (moo.ognito), qui se charge de la basse. Ce dernier bosse également dans l’univers musical, puisque c’est l’ingé-son du Bota.

Pourquoi ce point au beau milieu de votre patronyme ?

Angelo : Parce que Inc. est l’abréviation d’Incorporation, en anglais. Il s’ajoute au nom d’une entreprise, d’une industrie. C'est la grande corporation. Ces lignes jaunes et noires sur l'Ep, le design, tatouées sur main, indiquent que nous sommes toujours en construction. Ce détail nous permet également de nous différencier d’un autre groupe qui s'appelle Incognito.

Une question que l'on vous a certainement déjà posée : que signifie cette bande noire peinte à hauteur des yeux ?

Angelo : Lorsque sur une photo, on veut cacher l’identité de quelqu’un, on dissimule ses yeux à l’aide d’une bande noire. Et il reste incognito…
Mourad : On a voulu se la jouer à Zorro ou à Batman.

La région du Centre La Louvière est un véritable vivier de talents ; mais y a-t-il une scène propre à La Louvière ? 

Mourad : La scène du Café des Arts a été nettoyée, il y a peu de temps ; elle est donc bien propre. Non, je rigole.
Angelo : Une scène spécifique à la région de La Louvière ? Non, je ne crois pas. On y rencontre des tas d’artistes et de groupes, oui, mais qui adoptent un bel éventail de styles différents. Certains pratiquement même le reggae. Mais la plupart cherchent un créneau personnel, expérimentent, et ne se contentent pas de faire de la musique pour faire de la musique. Ce qui démontre qu’ils écoutent un bel éventail de genres et y puisent une large source d’influences…

Et si on évoquait un peu le parcours d’Inc.Ognito ?

Loïc : On a démarré de La Louvière et on a emprunté l'autoroute pour rejoindre Dour. Et on a fait le plein à Thieu. Je rigole. En fait je joue de la guitare depuis mon plu jeune âge. En autodidacte.
Mourad : Loïc m’a appris à me servir d’une basse, il y a 3 semaines. C'est un bon pédagogue. Et quand on a recours à des bandes en play-back, c'est beaucoup plus facile.
Lucas : J'ai suivi des cours de batterie à l'Académie. J'ai étudié le solfège. J'ai ensuite opté pour les cymbales et le xylophone afin de me consacrer aux drums, dans des formations de rock'n'roll. Et m’impliquer dans ce que je souhaitais faire, en fait.
Angelo : Je baigne dans la musique depuis que je suis tout petit. J'ai reçu une formation classique, mais j’ai appris à jouer de la guitare, en autodidacte, vers l'âge de 13 ans.

Quels sont les derniers concerts auxquels vous avez assisté ?

Loïc : Celui de M. Un fameux show !
Mourad : Perso, j'en vois jamais (NDR : Mourad déconne encore, puisque c’est un des ingé-son du Botanique, donc il en voit tous les jours). Sérieusement, le dernier auquel on a tous assisté est celui de Prince, au Stade de France. Lucas ne nous avait pas accompagné.
Lucas : Tant que je ne me produirais pas au Stade de France, je ne m’y rendrais pas. Le dernier set que j’ai vu, c’était celui des Hives.

Quel est l’album qui vous a récemment le plus enthousiasmé ?

Mourad : Celui des Vismets, « Abracadabra ». Je l’ai découvert ce matin.
Loïc : Le dernier de Billy Talent (NDLR : « Dead silence » ?).
Angelo : De Pete And The Pirates, une formation britannique (NDLR : « One Thousand Pictures »?)
Lucas : J’apprécie tout particulièrement celui de Temples (« NDLR : « Sun Structures ».)

Loïc milite au sein de Rock En Stock, est-ce un moteur musical dans la région de la Louvière ?

Loïc : C’est surtout l’occasion de faire la fête, dans le secteur, tous les derniers vendredis du mois.
Lucas : Oui c'est un moteur dans la région, car les musiciens sont les papas de pas mal de musiciens que nous connaissons. Ce sont eux qui ont donné envie aux jeunes de jouer de la musique.
Mourad : Oui, inconsciemment le groupe constitue un moteur pour nous.

Quel mode de fonctionnement adoptez-vous pour composer ?  

Angelo : A l'oreille et à l'instinct.

Qui est responsable de la musique et des paroles ?

Angelo : Je me charge des deux.
Mourad : Et après on apporte les corrections.
Lucas : Un jour on a essayé d’apprendre à Mourad comment lire les notes ; et il lui a fallu une demi semaine pour comprendre...
Mourad : En fait, je ne sais pas lire, sauf de droite à gauche. Par contre je suis doué pour les chiffres, et je me charge de la comptabilité.
Lucas : Tu lis à l'envers, quoi !
Angelo : La genèse de ce groupe est une histoire de potes. Outre les répétitions, nous avons énormément partagé d’événements ensemble. Quand je compose, je pense à la ligne de basse que pourrait adopter Mourad. Mais en bout de course, chacun d’entre nous apporte sa touche finale.
Mourad : Parfois je cherche à exécuter des notes qui sont au-delà de mes aptitudes. Et ces exercices de style me donnent beaucoup de travail.
Lucas : Aujourd'hui, c'est la première fois que Mourad va jouer sur une basse à 4 cordes. D'habitude elle n’en compte que deux.

Mourad, j’ai une question personnelle : une boîte de caviar sur laquelle est monté un manche de brosse et une ficelle pour toute corde. N’as-tu jamais joué de ce type d'instrument ?

Mourad : Si, si, j'ai utilisé cet instrument artisanal. Après avoir vu le groupe Hoquets s’en servir...

 

The Chills

Les fans des Chills sont des gens sympas…

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The Chills est une formation néo-zélandaise qui a participé activement à l’épanouissement de la scène pop/rock de Dunedin, incarnée par le label Flying Nun. A l’instar de The Clean, JPS Experience, Tall Dwarfs, The Bats, Able Tasmans et consorts… The Chills c’est avant tout Martin Phillipps qui drive la formation depuis 34 longues années, même si son aventure a été marquée par quelques interruptions. Et il doit avoir consommé plus d’une vingtaine de ‘line up’ depuis la naissance de son band. En 2013, il avait gravé un elpee live, « Somewhere beautiful ». Car son dernier opus studio, « Sunburnt », remonte déjà à 1996. Depuis, le band n’a sorti que des Eps, des compiles et des singles, dont « Molten gold », l’an dernier. Et bonne surprise, il va publier un véritable nouvel album, pour fin 2014, début 2015. Dans le cadre du festival Boomtown, le quintet nous a réservé cinq chansons écrites récemment, en ‘live’. Martin nous en parle…

« Nous venons de terminer l’enregistrement de l’album, juste avant d’entamer la tournée. Et quand elle sera achevée, on va s’occuper de la promo. Il devrait paraître vers la Noël. Ou au plus tard, début de l’an prochain. Il s’intitulera ‘Silver Bullets’ et synthétise un peu tout ce que les Chills ont réalisé à ce jour. Et nous en sommes fiers… »

Les Chills on connu, au cours de leur histoire, une succession impressionnante de line up. Alors pourquoi ne pas penser à écrire un bouquin sur ce parcours ? Martin tempère : « Je signale quand même que le bassiste et le batteur participent à l’aventure depuis 1999. Qu’Erica nous a rejoints, il y a 9 ans, et Oli, le claviériste, en 2008. En fait, c’est le premier chapitre de l’histoire des Chills qui a vu transiter bon nombre de musiciens. Et la plupart de ceux qui nous ont quittés ne pouvaient pas faire carrière dans ce métier. Il n’y a jamais eu ni friction, ni colère. Ils sont souvent partis de leur plein gré, et à mon grand regret. »

Quand on parle de Chills, on ne peut évidemment pas passer sous silence le label néo-zélandais Flying Nun. Une écurie qui a donné naissance à The Clean, The Bats, Tall Dwarfs, JPS Experience, Able Tasmans, les Verlaines, David Kilgour et encore bien d’autres. Un label indépendant qui était finalement plutôt bien distribué en Europe, et notamment via Semaphore aux Pays-bas, jusque le moitié des 90’s. Et quand ces distributeurs on fermé boutique, le Vieux Continent a été sevré de cette scène antipodale. Notre interlocuteur confirme : « Entre 87 et 90, nous nous étions établis à Londres. Et c’est vrai que Flying Nun disposait de plusieurs excellents relais en Europe. Pas des grosses boîtes, mais surtout de petites structures efficaces. Hitch-Hyke Records en Grèce, Rough Trade en Angleterre, etc. Les ventes n’étaient pas exceptionnelles, mais honnêtes. La disparition de tous ces petits satellites a coïncidé avec un certain essoufflement de la scène néo-zélandaise. Aujourd’hui, Flying Nun a repris du poil de la bête. Et héberge à nouveau de très bons groupes et artistes… » J’en profite pour lui parler de Connan Mockasin, qui m’avait avoué ne pas connaître la scène de Dunedin. Il embraie : « Je suis aujourd’hui âgé de 51 ans ; et vu l’explosion de la scène musicale, je ne parviens plus à suivre. Et en Nouvelle-Zélande, cette vague est aussi conséquente. La plupart des groupes ou artistes n’ont même pas besoin de label, puisqu’ils traitent tout par Internet. Ils s’adressent directement à leurs fans. Cependant, Flying Nun jouit toujours d’une fameuse réputation. Et pas mal de monde leur font confiance. J’en suis ravi… Connan Mockasin, je ne le connais pas personnellement, mais deux membres de mon band, bien. En fait, l’histoire de la musique pop et rock n’intéresse plus beaucoup les jeunes. Ils ont grandi dans un monde où on entend de la musique éphémère. Ceux qui signent chez Flying Nun apprécient plutôt celle qui est authentique, intemporelle. Ils la respectent également. Et ne se contentent pas de la reproduire… » Pour en revenir à Flying Nun, une des causes principales de son succès serait dû aux femmes. Ce qui méritait des éclaircissements. « Chez Flying Nun, toutes les formations devaient impliquer au moins une fille. Et à cette époque, c’était quand même un phénomène particulier. Oui bien sûr, Patti Smith, Kim Gordon (NDR : la chanteuse/bassiste de feu Sonic Youth) et quelques autres étaient devenues des icônes du rock. Des situations que ces artistes féminines estimaient normales. Mais elles ne réalisaient pas que dans d’autres parties du monde, ce n’était pas du tout considéré comme normal… »

On a souvent établi un parallèle entre la scène de Dunedin et celle dite ‘postcard’ (Orange Juice, Aztec Camera, The Pastels, Joseph K, et même les Go-Betweens, un duo australien émigré en Ecosse). Comment expliquer ce phénomène ? Martin clarifie : « Cette synchronisation de mouvements identiques qui naissent à des endroits opposés de la planète est dû à l’essoufflement du post punk. Il fallait trouver une alternative, un nouvel élan. Roger Shepherd, le fondateur de Flying Nun était un grand fan de postcard. Et un des premiers singles paru sur son écurie est un disque de postcard. Il y en a même eu plusieurs. Donc il est en quelque sorte le détonateur de cette situation. Même les artistes adoptaient un look similaire. C’est dire ! »

Les Go-Betweens et les Chills étaient très proches. Tant musicalement qu’humainement. Martin acquiesce : « J’aimais beaucoup leur musique. Elle était excellente. On a souvent joué à la même affiche. C’était de bons amis. Nous étions assez proches. Grant (NDR : McLennan est décédé en 2006) me manque beaucoup. C’est une histoire triste. Ils bossaient énormément. Il ne collaient pas à la mode, mais cherchaient à composer de bonnes chansons. Et les deux groupes manifestaient énormément de respect l’un vis-à-vis de l’autre… »

Martin a un jour affirmé que la mélancolie était au cœur de sa création, qu’elle reflétait l’environnement de la Nouvelle-Zélande. S’il était né en Australie, aurait-elle été différente ? Il réagit : « Enormément. Il y a plus ou moins 3 000 km entre les deux terres. Et les mentalités y sont très différentes. D’une certaine manière on pourrait affirmer que la Nouvelle-Zélande est plus européenne et l’Australie plus américaine. Le peuple indigène, constitué de Maoris, n’a jamais été sous le joug de la colonisation britannique. Cette culture est demeurée très importante. En Australie, les aborigènes ont été pratiquement tous assimilés. Et la civilisation indigène a pratiquement disparue. Chez nous, nous avons conservé une grande proximité avec le peuple Maori. L’art de planter, par exemple. » Martin a pourtant vécu quelque temps en Australie. « J’y suis allé souvent. Pour la simple et bonne raison qu’on y gagne mieux sa vie. Tu as de meilleures perspectives d’avenir. Mais le racisme est omniprésent. Pire qu’en Afrique du Sud. »   

Le Velvet Underground, Wire et les Beach Boys seraient, selon certains médias, les références majeures des Chills. Un journaliste a même écrit que Martin était le Brian Wilson du post punk. Ce qui fait sourire notre interlocuteur. « Il ne faut pas exagérer quand même. Je suis bien un fan de Brian Wilson. Mes bases musicales sont très rudimentaires, pour ne pas dire pauvres. Je suis seulement apte à interpréter mes morceaux pour les maintenir à flots. Lui, il avait la musique dans la tête. Il était capable de créer des harmonies, des mélodies et des structures renversantes, étranges, au sein d’une même chanson. Pense à ‘Good vibration’, ‘Cabin essence’ ou ‘Heroes and Villains’. Et je remercie Brian Wilson pour tout ce qu’il a fait, mais je n’arrive pas à sa cheville… » En ce qui concerne Wire, je lui signale que sur son plus gros hit ‘Pink Frost’, j’y ressens une même sensibilité mélodique que sur ‘The 15th’, et que le quatuor londonien avait intitulé son premier elpee ‘Pink Flag’, devenu depuis le nom de leur label. Bref, pas mal de concordances… « C’est une coïncidence. Je n’écoute pas Wire. Je connais seulement leur chanson ‘I’m the fly’. A cette époque, je découvrais le psychédélisme garage issu des sixties. Scott Walker. Tim Buckley, le Velvet Underground, MC5… Pas vraiment la musique britannique. Ce n’est que plus tard que je m’y suis intéressée, mais pas au début des 80’s. Par contre, un des courants importants qui m’a marqué est certainement le krautrock de Can, Kraftwerk et Amon Düül 2. Pas que j’ai essayé de les copier, mais ils ont eu une influence sur mon écriture. Le but n’était pas de sonner comme eux, mais d’y puiser des sources. C’est beaucoup plus sain. Avant de trouver sa propre voie… »

Il considère Kris Knox comme un maître. Et il le reconnaît : « Oui, il incarne la plus grande inspiration dans ma vie. Il y a longtemps que je me soucie de savoir ce qu’il pense de moi. Comme si c’était mon père. Pour l’instant, il n’est pas en bonne santé. Il a été victime d’une attaque cérébrale. Il ne peut plus parler, mais son cerveau fonctionne encore. Il fait encore de la musique, mais il ne s’exprime plus très bien. Il hurle. C’est très douloureux de l’entendre… » Martin a également vécu de graves problèmes de santé. Il est atteint de l’hépatite C. « Heureusement, depuis quelques années, mon état de santé s’améliore. Bien sûr, à court terme, j’ignore comment cette pathologie va évoluer ; mais pour l’instant, l’important est de se sentir bien pour sa tournée… »

The Chills est aujourd’hui considéré comme un groupe culte. Et des tas de formations, dont les Shins, Panda Bear, I’m Barcelona ou John & Bjorn, ont repris certains de leurs titres. Martin réagit instantanément : « Non, non, je ne veux pas faire l’objet d’une vénération. Nous sommes arrivés, tout simplement, au bon endroit, au bon moment. Les fans des Chills sont des gens sympas. Et il en existe pas mal autour du monde. Ce nombre ne cesse, en outre, de croître. Certaines personnes de mon âge ont grandi avec notre musique ; et ils viennent assister à nos concerts. Mais on y rencontre également bon nombre de jeunes. Dont les parents écoutaient notre musique. Ou qui l’ont découverte à travers d’autres groupes. Il était donc judicieux de revenir en Europe pour constater l’évolution de notre popularité. Et manifestement on est sur la bonne voie. Elle décolle à nouveau… Pas mal de formations ont repris nos chansons ; et c’est un signe qu’on revient dans le parcours. Fin des nineties, je sentais que le groupe périclitait ; mais la tendance s’est depuis inversée. Beaucoup d’artistes écoutent de nouveau les Chills et nous remercient. John & Bjorn ont adapté deux de nos compos. C’est épatant. Car manifestement, de nouvelles oreilles sont attentives à notre musique… »

Merci à Vincent Devos 

 

Ozvald

Notre passion va nous conduire au cimetière…

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Dans le cadre du festival ‘La Vie en Rock’, un événement destiné à financer la recherche contre le cancer, une vingtaine de groupes ou artistes avaient accepté de laisser tomber leurs émoluments pour la bonne cause. Dont Ozvald, une formation issue de la région du Centre. Giuseppe, le leader, et les musicos de son backing group, ont accepté de subir le feu de nos questions.

Outre Giuseppe Petolillo, le line up réunit le gratteur et doux rêveur Stéphane Panozzo (NDR : paradoxalement drummer de formation), le bassiste Fabrice Giacinto et le batteur Maxime Pasquini. Et une violoniste qui remplace intérimairement Laurence Leclercq. Une suppléante manifestement talentueuse, puisque après deux répétitions, elle s’était déjà complètement fondue dans l’ensemble. Faut dire qu’elle a suivi une formation classique. Le combo vient de graver un Ep 5 titres baptisé « United Opposites ». Et Giuseppe est évidemment le mieux placé pour nous présenter sa troupe.

Guiseppe : Ozvald est né il y a deux ans. J'ai tourné pendant une quinzaine d'années en compagnie de mon ex-groupe Al Dente ; et j’avais vraiment envie de vivre une nouvelle aventure. Ozvald est cependant né des cendres de mon ancien band. Je voulais tourner la page et notamment remplacer les cuivres par un violon. Il y a longtemps que je rêvais de ce changement. De m’investir dans quelque chose d'un peu différent. Les compos, je les avais déjà écrites et arrangées. Chez moi. J'ai rencontré Stéphane. Batteur, qui s’est reconverti à la guitare. Il m'a aidé pour réaliser les maquettes et surtout les parties de drums. Puis le bassiste, Fabrice Giacinto, et enfin le batteur Maxime Pasquini, via un intermédiaire. La violoniste attitrée, Laurence, je l’ai croisée par hasard. On a ensuite beaucoup bossé sur les maquettes ; et dès qu’elles étaient terminées, j'ai appelé les musiciens pour entamer les répétitions. On a accordé notre premier concert en septembre 2013. Il y a un peu moins d’un an qu’on se produit en ‘live’. Nous en sommes encore à nos balbutiements. L'Ep est paru en févier. C'est donc tout frais. Les musiciens sont issus de la région de Mons et La Louvière.

Une région en pleine ébullition ?

Guiseppe : Elle regorge d’excellents musiciens. C'est peut-être parce qu’on vit dans une zone sinistrée où la population trouve un exutoire dans ses passions, comme celle de la musique. Sincèrement, pour exercer ce boulot-là en Belgique, il faut être mordu. Heureusement, nous le sommes tous. Si certains membres du band ont un job alimentaire en parallèle, la musique demeure notre leitmotiv. Vivre de sa musique en Belgique est très difficile. Aussi, on cherche avant tout à se faire plaisir. Former une bonne équipe de copains qui partagent un même projet. Et comme il y a une belle entente dans le groupe, on prend plaisir à jouer ensemble.

Votre patronyme comporte un ‘z’ au lieu d’un ‘s’. Une raison ?

Guiseppe : Ce nom, je l’ai créé. Inventé, si tu préfères. Il reflète une autre face de ma personnalité. Il y a une planète au milieu de la pochette. De quoi imaginer un voyage intergalactique. En direction d’un astre quelconque qui gravite au sein de l'univers.

Es-tu un adepte de l’expérimentation ?

Guiseppe : J'adore mélanger les styles. Faire preuve d’audace. Et manifestement, dans le domaine de la recherche, il y a encore de la marge. A notre échelle, le violon apporte une touche mélancolique, classique et lyrique à nos compos. Et les guitares dissonantes s’intègrent parfaitement à l’ensemble. Mais on souhaite approfondir le concept. De plus en plus. Et j’espère que je pourrais encore me produire sur les planches, quand je serais vieux ou retraité. Pour partager ma passion. Je suis conscient que pour être bien dans ma tête et escompter décrocher un peu de bonheur, j'ai besoin de la musique. Elle m’apporte énormément. C'est ma thérapie, une addiction. Lorsque je prends une pause d’un mois, je suis à côté de mes pompes. Notre passion va nous conduire au cimetière…
Stéphane : Je partage le point de vue de Guiseppe, mais il est très difficile de survivre dans ce milieu…

Quand j’écoute vos compositions, je pense au Grand Nord, et en particulier à l'Islande ?

Guiseppe : On me l’a déjà signalé. Au sein des pays nordiques, les artistes osent davantage que chez nous. Mais leurs chansons ne sont pas diffusées à la radio. Donc des groupes novateurs, dont la musique est riche et qu’ils ne craignent pas de défendre, même s’ils ne bénéficient pas de distribution ou de support sur les ondes. Les Nordiques sont en avance sur nous dans pas mal de domaines. Leur culture est basée sur le respect. Nous avons beaucoup à apprendre d'eux. Dans ces pays, il y a moins de 'bordel' qu’ici. Tout est pensé dès le départ. L'éducation est une valeur fondamentale. Les programmes scolaires sont organisés en conséquence. Si l’enfant jouit d’une grande considération, il est également préparé au sens des valeurs humaines. Ce qui est totalement différent de notre système adopté dans notre vieille Europe.

Après avoir intégré du violon, dans votre musique, n’avez-vous pas l’intention de vous frotter aux instruments atypiques, comme la scie ou glockenspiel ?

Guiseppe : On y pense. Et peut-être aussi une harpe. Mais le violon est déjà trituré par des tas d’effets spéciaux ; ce qui plonge notre musique au sein d’un univers particulier.

Quel processus d’écriture respectez-vous chez Ozvald ?

Guiseppe : Je me réserve les textes, mais pour certains morceaux j’ai bénéficié du concours du chanteur d’un autre groupe, Frédéric Viseur. Je suis également responsable de la musique. Pour les arrangements j’ai reçu un fameux coup de main de Stéphane. Notamment ceux réservés aux maquettes. Et tout particulièrement pour les parties de batterie. On a aussi testé quelques guitaristes, et finalement j’ai demandé à Steph de s’y coller, car il s’y débrouille plutôt bien.

Question plus classique, puisqu’elle concerne vos influences…

Guiseppe : Elles sont multiples. J’ai écouté Jimmy Hendrix à l’âge de 5 ans. Il m'a marqué. Tout comme ces artistes majeurs issu des 70’s. Led Zeppelin, notamment, que mon frère aîné m’a permis de découvrir. Et puis toute cette vague progressive, dont le King Crimson de Robert Fripp. Que je considère comme un grand maître. Chaque fois qu’il s’est produit en Belgique, j’étais présent. C'est ma référence incontournable ! Malgré mes goûts éclectiques, je considère Hendrix, Fripp et Metheny comme des maîtres. Ce sont les trois références qui ont forgé mon style. Mais aujourd’hui je me suis ouvert à d’autres courants, dont l’opéra. Il y a toujours moyen de tirer parti d’autres genres.
Stéphane : Mes goûts sont assez variés, également. J’apprécie le rock, le funk, la prog et le jazz fusion. J'ai participé à l'ancien projet de Guiseppe.
Maxime : Je suis aussi très ouvert. Même au classique, au rap et au rock. Et puis comme batteur, j’ai un faible pour Muse et Red Hot Chili Peppers.
Hélène : À trois ans, j’écoutais Mozart. De la musique classique. A cause de la culture inculquée par mes parents. Et tout particulièrement ‘La Flûte Enchantée’. En double cassette. Mon violon est devenu, au fil du temps, le socle de mes influences. Puis j’ai écouté les Beatles, Michael Jackson et surtout Björk et Sting. Des artistes incontournables. Mais je ne considère pas ces artistes comme influences majeures. Simplement, ils m’ont apporté une ouverture d’esprit. Je signale quand même que je ne suis qu’une remplaçante…

La qualité du son, c’est une priorité pour vous ?

Stéphane : C’est le relais nécessaire entre notre musique et l’auditoire. Il est indispensable que l’ingé-son soit au diapason, sinon on est grillés.
Guiseppe : C'est également une marque de respect vis-à-vis du public. Il est important qu’on puisse reproduire en ‘live’, ce qu’on a démontré sur disque.

Quel est le dernier concert auquel vous avez assisté ?

Stéphane : Celui de Ben Harper au Cirque Royal, il y a un mois. Sans quoi, c’est la prestation de Fink qui m’a le plus fait flasher. La grande classe !
Guiseppe : Je dispose de moins de temps qu’auparavant, pour aller applaudir d’autres groupes ou artistes. Le peu qu’il me reste, je le consacre à mon projet. J’ai quand même eu l’occasion d’assister à un set de Balthazar. Il y a une certaine violence dans leur démarche. Elle est totalement différente de la nôtre. Je ne connaissais absolument pas ce band ; mais j’ai vraiment apprécié leur show.

Question bateau, quels ont les disques qui vous ont le plus marqués ?

Stéphane : Celui de Fink. Il existe un feeling authentique dans sa musique. Il est autodidacte et se sert d’une guitare dont les cordes sont en nylon. J'aime bien sa démarche. Il parvient à communiquer une grande profondeur à ses compos, alors que sa musique est rudimentaire. Mais d’une grande pureté…
Guiseppe : Perso, j’estime le que le meilleur album paru au cours de ces 20 dernières années, c’est le « Grace » de Jeff Buckley. Il n’est plus de ce monde, mais il a influencé un tas de monde…

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