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Calexico

Cherche endroit de rêve pour enregistrer…

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Le 6 février 1993, Giant Sand se produit au Conservatoriumplein de Bissegem. A l’issue du concert, votre serviteur réalise l’interview de Howe Gelb (voir ici) et de Chris Cacavas (voir ). J’ai emmené mon fils, Jeremy, alors âgé de 14 ans. Il a assisté au concert et m’accompagne lors de l’entretien, qui se déroule à l’étage du club De Kreun. John Convertino et Joey Burns assistent aux entrevues, ce dernier y participant même épisodiquement. Depuis, John et Joey ont fait du chemin et ont surtout monté leur Calexico, une formation qui a pris une fameuse envergure. A cause de leur americana habilement teinté de références latino (mariachi, conjunto, cumbia, tejano, mambo), africaines, mais aussi de rock, de pop et de jazz.

Mais revenons à nos moutons. Ce 14 juillet 2013, la formation étasunienne (NDR : elle nous vient de Tucson, en Arizona, tout comme Giant Sand) se produit dans le cadre du festival Cactus à Bruges (voir review ici). J’ai bien tenté d’obtenir un rendez-vous, via le label, mais malgré les efforts de l’attaché de presse, les demandes sont restées lettre morte. Bref, au-cours de l’après-midi, je rejoins le stand VIP pour prendre un rafraîchissement. Je croise Jacob Valenzuela, le trompettiste et John, le drummer. Nous taillons une bavette et je leur fait part de mes illusions perdues. Ils interpellent leur tour manager, qui me demande d’attendre la fin d’une longue entrevue que Joey est occupé d’accorder à un collègue néerlandophone. Après 45 bonnes minutes (NDR : heureusement, le concert de Michael Kiwanuka n’est pas ma priorité), les deux hommes se serrent la pince. Soudain, Joey se lève et vient à ma rencontre. J’avais quand même l’impression qu’il jetait de temps à autre, un coup d’œil dans ma direction, pendant son interminable tête à tête. Je lui remémore la réunion à laquelle il était présent, il y a 20 ans. Incroyable, il s’en souvient. Le tour manager nous rejoint, et il est décidé que 15 à 20 minutes nous seront accordées. C’est déjà ça. Faudra mettre la gomme…

Le dernier album de Calexico a été enregistré à la Nouvelle-Orléans. Dans une église baptiste reconvertie en studio d’enregistrement. Un peu comme celle de Woodstock, en bois celle-là, au sein de laquelle John Agnello a accueilli de nombreux artistes pour leurs sessions. Mais quel sentiment ressent-on quand on investit un lieu autrefois sacré ? Joey confesse : « J’ai adoré ces moments-là. Lorsque je suis arrivé sur place, j’ai immédiatement constaté que c’était une ancienne église. Elle a été rebaptisée ‘The living room’. Et les aménagements qui ont été opérés par le propriétaire et les ingénieurs sont remarquables. Incroyables, même. Malgré les travaux de rénovation on ressent toujours les vibrations de ce qui a été un lieu de culte. Et c’est devenu un espace de créativité musicale. Un Hammond a été installé. Et quand tu entends ce qui en sort, c’est comme si tu entendais de l’orgue d’église. Tu as l’impression de disposer de l’endroit pour toi-même. D’en jouer comme tu le ressens dans ton cœur. C’est le rêve caché de tout claviériste. De grandes fenêtres inondent l’édifice de lumière. On y remarque également de nombreuses structures en bois. Et dans cette église, quand je me suis assis derrière le piano, je savais que j’allais écrire de bonnes chansons… »

Lorsque j’ai appris que le groupe se rendait à la Nouvelle-Orléans pour enregistrer, j’ai immédiatement pensé à une collaboration avec un ‘brass band’, comme le groupe l’avait réalisé en compagnie d’un ensemble mexicain. Mais après avoir lu de nombreuses interviews réalisées par des confrères, il est apparu que c’était tout simplement l’esprit de ce port louisianais que le band voulait communiquer à sa musique, pas ses racines. Joey précise : « Egalement l’écriture. Quand vous vivez dans un autre endroit, quand vous bossez au sein d’un autre studio, la perspective est totalement différente. Même si on pense souvent à son chez soi. Mais on souhaitait rester en Amérique, à la limite de l’hémisphère Nord et Sud, à sa frontière culturelle. Dans le Nord, l’accent est surtout porté sur le 1-2-3-4, tandis que dans le Sud, c’est davantage 6/8. C’est plus afro. Evidemment, je suis un grand fan de musique afro-cubaine. L’hémisphère Nord est plus anglo-saxon, le Sud, plus espagnol. Le Nord est plus protestant, le Sud plus catholique. La country pour le Nord. Le blues pour le Sud. Par nature. Ce que je te raconte est superbement décrit dans un livre rédigé par Ned Sublette qui s’intitule ‘The world that made New Orleans’. Je l’ai lu avant de me rendre à la Nouvelle Orléans et également pendant que j’y résidais. Il foisonne de références culturelles et historiques et j’avoue qu’elles m’ont pas mal influencé. » Manifestement, les emplacements où il enregistre et les voyages inspirent notre interlocuteur. Mais quelle sera la prochaine destination du combo ? La Guyane ? Un pays d’Afrique ou un autre pays du Golfe du Mexique ? A moins que de nouvelles idées ne se soient développées durant leurs périples à travers le monde… Joey confirme « Oui, s’il vous plaît. Toutes les destinations que tu viens de citer me bottent (NDR : il ajoute même en néerlandais, ‘alstublieft’ !) Ce sont tous des endroits de rêve. Mais tout dépend du temps dont on dispose. Les histoires sont tellement importantes. Elles sont parfois fragiles et exigent beaucoup de créativité, de patience, avant d’aboutir. J’espère que nous pourrons retourner à Cuba, nous rendre au Sénagal, au Mali, au Nigéria, en Afrique du Sud, au Maroc. Et puis j’aimerais passer plus de temps en Europe. J’aime les groupes belges. Zita Swoon. On est assez copains avec les musiciens… » Girls In Hawaii ? « Non, je ne connais pas. » dEUS ? « Oui, bien sûr. Sur scène, ils sont excellents… »

La musique de Calexico est devenue le fruit d’un croisement entre influences multiculturelles et multi linguales. Existe-t-il une explication rationnelle à ce phénomène ? Joey réagit : « Non, je n’ai pas d’explications. Toutes ces influences sont des histoires d’amour. Aujourd’hui, en Arizona, les autochtones manifestent des attitudes hostiles et agressives vis-à-vis des immigrants, prônent une philosophie de rejet à l’égard des autres langues et cultures. Je ne comprends pas ce repli sur soi. Comment est-il possible d’aimer la nourriture mexicaine, mais pas la langue, ni la chanson hispanophone ? C’est si beau, si romantique, si passionné. Il y a des individus qui ont des œillères. Un constat qui nous ramène à l’amour et au respect… » Calexico aurait un pied dans la tradition et un autre dans le monde contemporain ou, en d’autres termes, un pied dans l’Amérique et l’autre en Europe. Mais pourtant, l’Europe semble bien plus traditionnelle que l’Amérique. Il conteste : « Non, non ! Tu sais l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Il existe ici quelque chose de nouveau. Une ouverture dans l’acceptation d’une autre culture et d’une autre langue. Bien sûr, dans l’univers du football, c’est différent (rires)… c’est une exception… En Europe, on accepte de panacher les genres musicaux. On se permet de défier la définition des styles. Notre musique est mieux acceptée sur le Vieux Continent qu’aux States. C’est pas vraiment noir et blanc, mais l’atmosphère est différente ici. Il y a une autre philosophie. Davantage de largeur d’esprit… »

La colonisation, les conquêtes et l’immigration sont pour Joey des sujets brûlants de conversation, mais certainement de grandes sources d’inspiration. Il parle le plus souvent des Latino-américains, mais les Indiens –ou ce qu’il en reste– ne sont-ils pas les plus à plaindre ? Il se justifie : « Je pense que nous sommes tous dans le même bateau. Je ne spécifie pas un groupe culturel en particulier. C’est plutôt une histoire humaine. C’est ce que cherche à exprimer. Je devrais demander à mon ami Randall, un Navajo, ce qu’il en pense. Encore une fois c’est à propos des histoires. Parfois elles sont descriptives et parlent de certaines régions. On peut traduire toute l’histoire dans n’importe quelle langue ou la transposer dans n’importe quel décor ou toile de fond. Parce qu’elle est universelle. C’est pourquoi nous aimons l’histoire. Elle est l’origine de ce que nous sommes devenus aujourd’hui… »

En 10 mois, j’aurais donc assisté à trois concerts du même groupe. La première fois, en septembre, à l’AB. La seconde à l’Aéronef de Lille. Et ce soir ce sera la troisième. Mais comment organiser sa setlist pour donner davantage de variation à ses shows ? Joey a son explication : « Chaque fois que vous atterrissez dans un nouvel environnement, vous regardez ce qui se passe autour de vous. Vous essayez de sentir la direction que le public souhaite emprunter. La musique est un peu comme une forme de thérapie. Elle nous rassemble. C’est comme un voyage, un voyage spirituel. Elle te propulse dans un autre monde. Elle atteint différents niveaux de l’expérience humaine. Sur scène j’essaie d’être ouvert. Aussi, en cours de show, je regarde parfois la setlist. La conduite du concert. Et il m’arrive de penser à insérer une autre chanson, de m’éloigner du canevas affiché. Mais, ce n’est pas toujours possible. Car tous les musiciens jouent des tas d’instruments différents. Ils jonglent aussi bien avec l’accordéon, la trompette, les claviers, le xylophone, la contrebasse, la double basse, etc. Aussi, avant de modifier le parcours, je dois tenir compte de ces paramètres. Au début de la journée, j’ai assisté au set d’un fantastique groupe belge, Isbells. Et leur prestation m’a donné envie, ce soir, de jouer des compos plus calmes (NDR : finalement, le combo optera pour un set endiablé !) Parfois l’ambiance en ‘live’ t’incite à injecter du rythme et à te plonger dans l’énergie festive (NDR : c’est ce qui va se produire en soirée !) Je considère le show comme la construction d’une dynamique d’émotions et de sensations… »

Lors de leur set à Lille, en rappel, Calexico a été rejoint par The Dodos pour attaquer le ‘Little black egg’ des Night Crawlers, une compo datant de 1965. Une jam particulièrement réussie, me rappelant les Byrds, voire les compiles ‘Pebbles’ ou encore ‘Nuggets’. Il était donc d’abord intéressant de savoir qui lui avait donné l’idée de reprendre ce titre. Puis si Calexico avait l’intention, notamment ce soir, de réserver au public, ce type de surprise. Joey semble à court d’arguments : « Je ne sais pas. On a rencontré les musiciens de Bonnie Raitt. Et puis on a assisté à leur prestation en marge du podium. Ce sont des musiciens fantastiques. Je suis très honoré d’être sur la même scène que tous les autres groupes et artistes présents aujourd’hui à Bruges. Et tout particulièrement Bonnie Raitt… En fait Al Perry & The Cattle en avaient déjà fait leur version, début des nineties. Ils sont également issus de Tucson, en Arizona, comme nous. Lorsque j’ai entendu cette chanson, je me suis dit qu’elle était géante, rare même. Et la première fois qu’on l’a adaptée, c’était en compagnie de Yo La Tengo. A l’époque nous avions beaucoup tourné ensemble. Lors de la dernière date, c’était à Saint Louis, je pense ; nous l’avons jouée, sans l’avoir répétée. Ira, Georgia et moi. Georgia Hubley, la drummeuse, a un projet qui répond, en outre, au nom de Little Black Egg. Et puis j’en ai conclu que si on pouvait l’interpréter avec Yo La Tengo, on pouvait aussi le faire avec The Dodos. C’est une chanson bizarre, mais terriblement contagieuse… »

La dernière création en date de Calexico a bénéficié de la collaboration du Louisville Orchestra, un orchestre symphonique. Les prises ont été immortalisées en ‘live’. Publié en édition limitée et notamment en vinyle, le box, intitulé ‘Road Atlas’ est paru en juin dernier. Joey commente : « Une aventure extraordinaire. C’était la première fois qu’on jouait en compagnie d’un orchestre symphonique. Eux, dans le passé, avaient déjà réalisé cette expérience. Donc, ils en connaissaient un bout. Notamment dans le domaine technique et électronique à mettre en place, sur scène. Le box set est le résultat d’un travail de passionnés. Ce sont des titres qui ont été enregistrés lors d’une de nos dernières tournées. Nous l’avons réalisé pour nous, pas pour le public. La musique vire parfois au jazz, sans que ce soit vraiment du jazz. On a pris beaucoup de plaisir à concrétiser ce projet. Et il est important pour nous de continuer à prendre du plaisir. Le résultat va au-delà du classique ou de ce que nous proposons généralement. C’est aussi la raison pour laquelle je fais de la musique… »

En nous quittant, Joey me remercie et me demande si c’est votre serviteur qui a concocté le questionnaire. Je lui réponds par l’affirmative et lui explique succinctement ma méthode de travail. Il me dessine une Cadillac sur le dos de la pochette de l’album ‘Algiers’, avant de la dédicacer, et me salue à nouveau, avant de rejoindre les loges en compagnie du tour manager…

(Merci à Vincent Devos)

 

Lebanon Hanover

Totally cold

Le 16 septembre prochain, Lebanon Hanover, une des formations les plus en vue pour l’instant sur la scène cold-wave/minimal wave, accordera un concert exclusif à Bruxelles sur la Péniche Fulmar 1913. Elle viendra présenter son nouvel opus, le troisième, intitulé "Tomb For Two", à paraître en septembre chez Fabrika Records.

Composé d'un couple : Larissa Iceglass, originaire de Suisse, au chant, aux guitares et aux synthés et William Maybelline, d'Angleterre, au chant, à la basse et aux synthés, Lebanon Hanover propose une musique froide, dominée par des voix sombres, hantée par une basse lugubre et déchiquetée par des guitares acérées. Une sorte de pop synthétique apocalyptique, qui rappelle Siouxsie & The Banshees, The Cure, Bauhaus voire Xmal Deutschland.

Au cours d'une interview réalisée en avril dernier à Gand lors du REWIND festival, Larissa et William ont confié avoir choisi le patronyme de leur groupe en référence à un endroit sis dans le Vermont, en Amérique du Nord. "C'est un coin très esthétique. Nous ne voulions pas une appellation du style ‘The Something’, donc nous avons opté pour ce nom, car il ne sonnait comme aucun autre". Il reflète également la dualité anglais-allemand qui est le fondement tant du couple que de la formation.

Pour produire leurs disques, le couple adopte une démarche très DIY, Do It Yourself, très ‘minimale’. "Les sentiments sont plus importants que la production", souligne Larissa. "C'est pourquoi j'aime la musique des années 40, 50, 60 et 70. Elle recèle tellement de chaleur. Après 80, ce n'est plus intéressant pour moi. Il y a trop de fréquences aiguës, difficiles à supporter. Mes oreilles sont habituées à la musique ancienne."

On l'a compris, Larissa et William ne sont pas comme les autres. Ils ne recherchent en aucun cas la célébrité. Il m'a d'ailleurs fallu pas mal de temps, et une première tentative (manquée) à Amsterdam avant de les convaincre d’accorder une interview. C'est qu'ils attribuent une importance primordiale à leur authenticité. "Le plus important au sein de notre groupe, c’est d'exprimer notre point de vue par rapport au monde actuel", poursuit Larissa. "Nous sommes plongés au sein d’un monde très rapide et très dangereux. En fait, notre manière de vivre est différente de celles des autres. Nous n'avons pas de job, ce qui nous donne beaucoup de temps pour penser et écrire. C'est bien de prendre le temps de s'arrêter et de profiter de la vie."

Le couple partage son emploi du temps entre l'Allemagne (Bochum) et l'Angleterre (Newcastle). William préfère l'Allemagne à l'Angleterre, car la population est plus tolérante. "A Newcastle, les gens vous insultent parce que vous êtes vêtus de noir. Ils éloignent même les enfants de nous! (rires). Comme si on était satanistes ou quelque chose comme ça. En Allemagne, c'est différent, vous êtes juste un ‘Grufti’ comme tant d'autres..."

Organisation: Mad About Music
Première partie: Luminance (Belgique, new-wave crossover cold)

Adresse:
PENICHE FULMAR 1913
22 Quai des Péniches 1000 BRUSSELS

Tickets:
€8 en prévente (ELEKTROCUTION Record Shop, 37 Rue des Pierres - 1000 Bruxelles) ou 10€ at the doors

Lien: https://www.facebook.com/events/179654118878431/

 

Jeronimo

Sortir du cadre…

Écrit par

Jeronimo, c'est une histoire Belge.
Tendre et drôle à la fois.
Plus Toto le héros que Tintin, mais aussi aventurier...
Un petit garçon dont la route prend des chemins de traverse, juste pour voir où ils mènent.
Qui s'abîme les genoux sur des chardons ardents et hume l'embrun du Nord soufflé par le vent.
Un petit garçon qui sait que ses bras sont trop courts pour toucher la lune. Mais refuse d'abandonner son dessein, et finit quand même par en caresser l'image à la surface d'un lac.
Ce lac est celui de Garde. Un endroit essentiel dans la genèse de « Zinzin », le quatrième et dernier album en date de Jérôme Mardaga.
Un lieu de ressourcement propice au plongeon, un grand plongeon, plus loin, encore plus loin, là où tout est possible.
Après avoir décidé de mettre un terme à son aventure, Jeronimo a ressuscité Jeronimo.
Mais avant de pousser plus avant ses recherches qui le mèneront sans doute en marge du cadre au sein duquel il se sent de plus en plus à l'étroit, le Liégeois sait qu'il doit encore apprendre, tel un peintre qui tend à l'abstrait ou recherche l'épure.
Petit bout de chemin en compagnie de cet attachant zozo…

« L'album est venu de lui même » confie d'emblée l'artisan liégeois en sirotant sa bière dans un des confortables fauteuils du hall du Radisson Hôtel, en marge des Francofolies, où il s'est produit plus tôt en journée. « Il est né ainsi, sans doute parce que pendant deux ou trois ans, j'avais mis de côté tout le mécanisme où on est toujours à l'affût d'une phrase, d'un texte, d'une suite d'accords, d'un groove, d'un arrangement. J’avais pris du recul en jouant pour d'autres, ne retenant que le côté fun, et puis c'est revenu en un instant. C'est comme un travail journalier accumulé dans le subconscient et puis subitement, il prend forme, puis éclot, en un rien de temps, spontanément. »

On revient alors sur ce havre de paix qui a influencé la créativité.

« Oui, je passais en effet des vacances chez mon frère, là bas, au lac de Garde. J'avais emporté quelques albums de Bob Dylan que j'écoute souvent, mais particulièrement là-bas. Il y avait une vielle guitare, et un jour je me suis dit, avec un truc de Dylan en tête, juste pour le fun, que ce serait sympa d’interpréter une chanson pendant l'apéro ; une chanson que je puisse faire écouter à mon frère. J'ai alors écrit ‘Princesse au regard couleur ciel de Belgique’ ; et on en a conclu que c'était pas mal. De fil en aiguille, en un peu moins d'un mois, je me suis retrouvé à la tête de treize, quatorze ébauches de compos. »

Je lui fais alors remarquer que malgré la patte imprimée et estampillée Jeronimo, la sensibilité semble accrue sur ce disque par rapport à ses trois premiers opus. Remarque sur laquelle il peine à statuer.

« Oui ? Vraisemblablement ? Je ne sais pas. Peut être est-ce la pause qui fortuitement a induit cette perception ? Personnellement, à la fin de l'enregistrement de « Zinzin », en réécoutant le résultat, j'ai ressenti de la déception. J’en ai déduit que rien n’avait vraiment changé. Que je ne m’étais pas réellement renouvelé. »

J'en conclus donc que c'est la raison pour laquelle il n'a pas modifié de nom, ne s’abrite pas derrière une nouvelle identité.

« Il m'a semblé évident, quand les chansons sont revenues, la voix et le reste aussi d’ailleurs, que je ne pouvais pas baptiser le projet autrement. A l’issue des sessions d’enregistrement, il y a eu ce moment, où je me suis dit, mince, c'est pas vraiment différent de ce que j'ai fait avant. On se refait pas, quoi. Maintenant, je suis relativement content du travail, hein ! C'est de bon augure pour la suite. Mais on voudrait toujours tout changer drastiquement ; or, c’est un challenge difficile à accomplir. Faudra renouveler catégoriquement la méthode de travail pour le cinquième. »

On envisage alors ce virage et la façon de l'aborder.

« C'est juste que j'ai réalisé quatre albums de chansons sensiblement Pop. Couplet-refrain-couplet-refrain, quatre minutes. Point. Je me suis demandé s'il n'était pas temps de décadrer. J'ai souvent ce mot en tête. Sortir du cadre, tout en continuant à chanter en français. »

Le rapport à d'autres types de production, comme des musiques de films me vient forcément à l'esprit, ce que Jérôme confirme expérimenter dans le futur.

« Et j’assure également un job de production pour d'autres artistes, mais par rapport à mon propre boulot, le maître mot sera sortir du cadre dans lequel je me suis enfermé. Pop/chanson française. J'y ai consacré une quarantaine de chansons. Voilà, j'ai fait le tour. C'est déjà ce que j'avais affirmé auparavant. Mais là, j'aimerais bien m'y tenir, me faire violence. »

J'insiste alors sur ma perception de ‘Zinzin’, lui faisant remarquer le cheminement perçu depuis ‘Mélodies démolies’.

« C'est vrai qu'il est venu plus facilement. Mais ce n'est pas encore ce à quoi je tends. J'ai pas mal écouté Léo Ferré dernièrement. Il ne fait pas de couplets, pas de refrains. C'est ce que j'ambitionne : sortir du carcan Pop. On verra si j'y arrive. »

Toute cette réserve semble être de la modestie, mais en fait, Jérôme est quelqu'un d’extrêmement lucide.

« Je connais mes limites. Le truc important quand tu sors un disque, c'est de bien les cerner. Et je les cerne bien. En ce qui me concerne, voir celles qui sont à l'intérieur de mon travail. Elles sont très nettes. Je suis réaliste. Mes disques ont les leurs. Et j'ai eu de la chance. Mes deux premiers albums, ‘Un Monde Sans Moi’ et ‘12h33’, ont été au delà, par rapport à l’accueil du public, à la chance de pouvoir partir en tournée, etc. C'était inattendu. Mais c'est ce que je garde toujours à l'esprit : les limites de mon travail. On ne travaille bien qu'à l'intérieur de limites. Si tu imagines qu’elles n’existent pas, il y a danger… »

Il aborde ici un album qu'il réécoute depuis trois jours et qui semble le hanter, comme un exemple parfait de réussite, et sur lequel il reviendra souvent, notamment lors de la conférence de presse accordée juste après notre entretien.

« J'écoute ‘Spirit Of Eden’ de Talk Talk. Et après on est calmé. Pour moi, c'est la seule façon de travailler. Je parle de musique seulement. Pas de business ou je sais pas quoi. C'est un disque que je considère majeur. Un idéal que j'aimerais atteindre. Mais je n'y suis pas encore parvenu. Loin de là. A chaque album, je progresse, mais c'est lent et compliqué. Parfois, on se plante. Mais c'est le chemin obligé. En fait, il est très difficile d’aligner dix bonnes chansons sur un album. Perso, je n'y suis pas encore arrivé, non plus. Il y en a dont je suis extrêmement fier. Mais voilà. Faudrait peut-être que je sorte des disques de cinq ou six titres ? »

Manifestement les chansons de Jeronimo ne sont pas nécessairement destinées à plaire à un public.

« Tout à fait. C'est un point de vue très égoïste. L'avis des autres, tu y penses, c'est certain, mais ce n'est pas mon leitmotiv. J'ai travaillé en studio en compagnie d’artistes dont l'ambition était de plaire. Des gens qui te disent pendant l'enregistrement ‘Ouais, mais les gens, les gens, les gens...’ C'est insupportable d’entendre la même rengaine, quand tu es en plein processus de création ; car lorsqu’on bosse, il n'y a pas les gens, le manager, la maison de disque... Quand j’entreprends l’enregistrement d’un disque, il y a un facteur clé, c'est le timing. Il faut qu'il soit bon. C'est con, mais j'aime bien avoir mon matos, mes guitares. C'est un peu enfantin, mais je fonctionne ainsi. C'est une partie vitale du truc. Pour moi, un album, c'est un prétexte pour en faire un autre. Peut-être aussi pour se faire applaudir l'espace de quelques concerts. Mais perso, je suis vite saoulé par ce bazar là. C'est comme un examen de conscience. Ça c'est bien, ça c'est moins bien. Après ‘Mélodies Démolies’ je me suis remis en question. Puis j'étais blasé aussi. C'est pas un très beau mot, mais j'étais entraîné dans cette spirale album-concerts-promo ; et un jour, justement au lac de Garde, une idée m’est passée par la tête : ‘Et si je me débarrassais de l’identité de Jeronimo, ne serait-ce pas plus facile, le matin ?’ Passer à autre chose. En fait, j'aimais bien l'idée du triptyque. Trois albums et puis basta. Ben, voilà, c'est raté... Et comme je suis pas content du quatrième, il y aura un cinquième panneau. Mais d'abord finir le travail sur celui ci. »

Se pose alors la question d’évaluer l'impact que la critique de ‘Zinzin’ pourrait avoir sur la suite.

« On est de toute façon influencé par la critique. On est influencé par tout. J'ai lu ce matin le papier de Luc Lorfèvre dans le Moustique. Il a raison. Il dit, album Pop et tout ça. Et j'ai vraiment envie de sortir de ce cadre. L'écho que te renvoie la presse, les gens, est très constructif. C'est comme un miroir. Mais il peut aussi devenir destructif. Il l'a été par le passé. Maintenant je m'en sers pour avancer »

Notre entrevue prend fin précipitamment, car Jérôme est appelé en salle de conférence… De celle-ci, on en retiendra son plaisir renouvelé de jouer aux Francofolies, où il fait presque figure d'abonné, et il reviendra sur ce lieu majeur qu'est le lac de Garde ainsi que sur  l'influence que pourrait avoir ‘Spirit Of Eden’ sur sa conception d'une musique appelée à être moins formatée Pop. En attendant, ‘Zinzin’ est un voyage poétique qui, s'il regorge encore trop de clichés pour son interprète, découvre néanmoins une nouvelle facette d'un auteur qu'on est heureux de retrouver et ne veut plus lâcher cette fois.

 

Lescop

De l'art d'être à la fois populaire et alternatif...

Mathieu Peudupin, alias Lescop, est issu de Châteauroux, en France. C’est au cœur de l’Indre, dans le Centre. Avant d’embrasser une carrière individuelle, il a milité chez Asyl. Comme chanteur. Ce 6 mai 2013, il se produisait dans le cadre des Nuits Botanique. Nous l’avons interviewé, à l’issue de son concert. Dans sa loge. Autour d’un verre de whisky, en compagnie de mes amis Vincent et Valéria, qui m'ont présenté à l'artiste. Il est détendu et souriant…

« Je suis alternatif, mais pas confidentiel », nous confie d'emblée Lescop en répondant aux critiques sur son côté pop mainstream. « Je n'aime pas trop le côté élitiste de certains artistes qui gravitent dans l’univers de la musique underground. Si j'ai finalement écouté les grands groupes alternatifs comme Einstürzende Neubauten ou Joy Division, c'est parce que j'avais découvert Depeche Mode, New Order ou même Indochine à la TV. Ces formations se sont fondues dans une culture populaire qui proposait des filtres pour entraîner les gens à emprunter une autre voie. » Ce pari, rendre populaire une musique plus alternative, Lescop est clairement occupé à le gagner. Sa ‘pop wave’ minimale, qu’il chante dans la langue de Molière, évolue quelque part entre Daho, Taxi Girl, Indochine et Joy Division. Teintée d'éléments 'dark', elle rencontre un beau succès, notamment grâce au hit lumineux ‘La Forêt’, qui a révélé au grand public un artiste talentueux et réservé.

La musique de Lescop est particulièrement influencée par le cinéma, surtout à travers les réalisateurs Jean-Pierre Melville, Fassbinder et Schlöndorff. Le titre ‘La Nuit Américaine’ en est une preuve évidente, même si Lescop nous assure qu'il n'avait pas encore vu le long métrage de Truffaut, quand il l'a écrite. Etonnant! « En fait, je l'ai composée après avoir regardé 'Gilda', qui met en scène Rita Hayworth. J'avais des images de ce film dans la tête. J'aime bien ce vieux cinéma américain en noir et blanc ; son côté un peu emprunté. C’est un peu comparable à mon approche de la chanson. Mes paroles, par exemple, ont l'air d'être simples, mais en fait elles ne le sont pas. Elles sont légèrement décalées, un peu étranges. Je les aborde quelque part dans l’esprit d’un Jean-Pierre Léaud, le comédien de Truffaut : il jouait faux mais en même temps, c'était juste, car il causait volontairement un décalage. De manière à susciter l'attention du public. J'essaie aussi de créer une tension, une ambiguïté qui invite à tendre l'oreille. »

Dans son processus de composition, Lescop prend comme point de départ une phrase ou une 'punchline' un peu mystérieuse et ensuite la développe. « D'abord, je saisis une phrase un peu bizarre, puis je bâtis une histoire autour, et quand je l’ai terminée, je bosse sur la musique. Pour 'La Forêt', par exemple, je disposais de ces quelques mots : 'La Forêt soudain qui frémit, Puis s'installe le silence...' et j'ai construit le texte à partir de cela, au fur et à mesure des rimes. »

Comme il évoque ‘La Forêt’, je ne résiste pas à l'envie de lui poser à nouveau la question concernant la ressemblance, troublante, entre sa chanson et celle de Dernière Volonté, ‘Cran d'Arrêt’. Toutes deux traitent d'une forêt, d'un pistolet et évoquent une ambiance menaçante. Lescop répond qu'avant que je ne lui en parle, en octobre dernier, il ne la connaissait même pas. « En fait, ce sont des influences communes que nous partageons, c'est le fruit d’un imaginaire collectif. Son thème est assez universel : jalouse, une fille tue son bien aimé dans une forêt. Je suis sûr qu'il doit exister des Chinois ou des Africains qui ont imaginé des histoires semblables. »

Au sein du label Pop Noire, Lescop côtoie une autre nouvelle sensation de la scène 'dark', le groupe Savages, emmené par Camille Berthomier aka Jehnny Beth. « Il y a 15 ans que je connais Camille. Elle est dans une période de sa vie où elle a compris un truc ; et son projet est en train de décoller. Elle a beaucoup travaillé. Elle a mis du temps pour y arriver. Quand je l'ai rencontrée, elle était âgée de 13 ans et avait déjà vachement envie de réussir dans la musique. » Lescop n'est d'ailleurs pas peu fier d'avoir contribué à l'éducation musicale de Camille: « C'est moi qui lui a fait écouter Joy Division pour la première fois! », annonce-t-il à notre grand étonnement! Je m'écrie: 'Voilà un scoop!' Un 'Lescoop' ajoute mon ami Vincent, à l’humour typiquement 'darkomique' (les initiés comprendront cette 'private joke')... Lescop rit également car, curieusement, ce calembour ne lui avait jamais été signifié. Il a fallu qu'il vienne en Belgique pour entendre un tel jeu de mots ! 

En poursuivant notre conversation relative à Savages, Lescop nous confie aimer le côté ‘violent’ de leur musique. Parce que la notion d’agressivité est absente. « On peut être violent sans être un trou du c**. J'aime cette violence. Elles l’assument. Rien à voir avec cette paranoïa qui me saoule. La violence, c'est bien ! Ce qui n'est pas bien, c'est cette agressivité manifestée à l’égard d’autrui. Tout ce qui est important est violent. Les musiques importantes sont violentes et ce n'est pas une question de décibels ! Si tu prends l’exemple de Nico, quand tu écoutes "Chelsea Girl", sa musique est douce, mais en même temps, hyper violente ! Tomber amoureux, c'est violent. Faire l'amour, c'est violent. Ce que je dis, ce que je fais, c'est violent. Mes chansons, aussi. Ce sont des lettres d'amour violentes. II faut ressentir ces émotions capables de te flanquer des frissons partout. S'il n'y a plus ça, c'est fini... »

Quand on évoque ses projets, Lescop avoue avoir envie de diversifier ses activités. « Je vais écrire pour d'autres et bosser sur le scénario d’un film. J'ai besoin d'interrompre ce cycle concerts/album/concerts, etc. C'est pas bien, la routine. Le système qui régit la scène musicale a tendance à te robotiser. Je n'ai pas envie d'adopter ce mode de vie professionnel. Il faut conserver une envie, une fraîcheur... »

Au moment où l'interview s’achève, Lescop se lève soudain et propose : « Si on allait boire un coup ? » Tout comme il y a 6 mois, nous l'avons emmené au Café Central, haut lieu bruxellois de la musique alternative, où nous avons savouré un peu trop de délicieuses bières belges jusqu'au bout de la nuit... Parce qu'ici, Leschop, elles sont bonnes... OK, je sors...

Pour écouter l'interview complète en audio sur Youtube, c’est ici 

(Merci à Mathieu, Vincent, Valeria, Cédric et Antoine!)

Organisation du concert: Botanique

Pour lire la chronique du concert de Lescop, accordé dans le cadre de l’édition 2013 des Nuits Botanique, c’est .  

(Photo : Xavier Marquis)

Carl Roosens

Un mix entre réalité, souvenirs et imaginaire…

Écrit par

Carl Roosens est un artiste multidisciplinaire. Il se consacre à l’illustration, la gravure, la vidéo, le dessin animé et la musique. Et parfois, ces différents projets sont liés. Il aime aussi raconter des histoires. Son dernier album, « La paroi de ton ventre », pourrait d’ailleurs servir de conte pour adulte. Ou plutôt de recueil de contes pour adulte. Il puise son inspiration dans son imagination, pour écrire ses lyrics. Mais comme quelqu’un qui se serait enfermé dans une boîte en carton, pour regarder le monde qui l’entoure, à travers une petite ouverture. Carl a donné un nom à son backing group : Les Hommes-Boîtes. Faut dire que l’intéressé aime s’entourer pour exercer son art. Et sait aussi choisir ses collaborateurs. A l’instar de Noémie Marsily en compagnie de laquelle il réalise des films d’animation. Ainsi « Caniche » a récolté toute une série de distinctions, et plus récemment le clip « Autour du lac » a été sélectionné au Festival International du film d’animation d’Annecy et a déjà enregistré plus de 25 000 vues sur le net (voir ici ). On se demande même si Carl a encore le temps de dormir. Il s’explique…

Oui, bien sûr. Et puis je ne suis pas seul. Mes collaborations sont multiples. Pour enregistrer l’album nous avons bossé à cinq-six ! Le clip « Autour du Lac » a été réalisé en compagnie de Noémie Marsily. J’aime beaucoup travailler en équipe. Cette méthode apporte de l’énergie. Et te pousse toujours dans différentes directions, car en solitaire, tu peux parfois tomber dans certains pièges, et notamment la répétition. Je pense que c’est ce qui me permet d’avancer et me donne l’envie de toucher à tout.

Quel est votre objectif ? Vous servir du dessin animé pour sonoriser votre musique ou utiliser votre musique pour illustrer vos dessins animés ?

Ce sont deux projets différents. Par exemple, en compagnie de Noémie Marsily, nous réalisons des courts-métrages. C’est un boulot à part entière qui n’a pas beaucoup de lien avec la musique, même si on peut utiliser ma musique pour le court métrage. C’est un travail que nous développons ensemble. Pour « Autour du Lac », nous avons clairement essayé d’illustrer cette chanson, parce que tout seul, je me serais cassé la figure. Déjà écrire la chanson, puis la mettre en image, c’est un peu difficile. Noémie m’a déclaré que si elle devait réaliser un clip, elle choisirait « Autour du Lac » ». En fait, c’est elle qui a été l’initiatrice du projet. Sinon, nous planchons sur un autre projet. Nous sommes occupés de l’élaborer. Il s’agira d’une série de court métrages qui mêleront musique et film d’animations. Il devrait s’intituler « Pauvre histoire pauvre ». Et il aura un lien direct avec l’album. Sur scène, nous le diffuserons sous forme de projection. Enfin, nous allons lui consacrer un site internet que nous allons bientôt mettre en ligne.

N’avez-vous pas l’intention de vous lancer dans le long métrage ?

Non, car le court métrage a une richesse énorme. Tout est permis. Alors que dans le long métrage, souvent les gens développent une idée qui pourrait tourner en une demi-heure. Je trouve que la forme plus petite, comprise entre une, cinq ou dix minutes, permet de réaliser plus de choses. Ce format m’excite pas mal en ce moment. Donc non, je n’ai aucune envie de m’attaquer à un long-métrage.

Quels sont vos principales influences musicales ? Le slam ? Veence Hanao ?

Je n’ai jamais voulu me lancer dans le slam, car c’est un mouvement musical que je connais assez peu. Mon but est, au départ, de raconter des histoires. Ce n’est pas nécessairement relié à un mouvement précis dans le slam. En ce qui concerne les références, tout dépend des films que je regarde, de la musique que j’écoute, des bouquins que je lis. C’est très varié. Très diversifié. Veence Hanao est un ami, donc c’est clairement quelqu’un dont j’apprécie le boulot…

Le roman de Kõbõ Abé vous a inspiré le nom de votre groupe. Il raconte l’histoire d’un homme qui a décidé de se retirer physiquement du monde dans lequel il vit, pour l’analyser, à travers une lucarne. Pour écrire votre album, avez-vous perçu notre société de cette manière ?

Il faut savoir que le concept du nom de Carl et les Hommes-Boîtes est venue postérieurement. L’album était terminé. Après avoir lu ce roman, l’idée m’a plu, même si l’histoire ne se déroule pas ainsi, au début du roman, lorsqu’il décrit ses personnages vivant dans les boîtes. La narration est tortueuse. Elle part dans tous les sens. J’aimais beaucoup cette perception : observer le monde par le prisme d’une ouverture dans une boîte, avoir un regard plus juste, en se retirant du monde. Maintenant l’album n’a pas de rapport direct avec le roman. C’est simplement l’idée qui me plait beaucoup. Et elle est devenue le titre.

A contrario, le fait de s’enfermer dans une boîte en carton pourrait également faire penser à la politique de l’autruche. Le message ne risque-t-il pas de porter à confusion ?

La politique de l’autruche, c’est plutôt mettre sa tête dans un trou et ne pas voir ce qui se passe dans ton entourage. Là, c’est le contraire. C’est vraiment regarder autour de soi ce qui se passe, sans interagir ; mais justement tu viens mettre ton grain de sel, alors que la politique de l’autruche, c’est vraiment se voiler les yeux. Il s’agit de deux attitudes opposées.

Analysez-vous tout ce qui se produit dans votre environnement, pour écrire vos histoires ?

Non. Je dirais qu’on a tous un certain vécu, une existence propre. Tout simplement, quand tu sors le matin de chez toi, tu croises un visage, tu rencontres une personne, tu reçois le coup de fil d’un ami, tu lis un bouquin. Chaque journée apporte son lot de découvertes. Je voulais raconter quelques impressions personnelles que j’ai ressenties.

Vos textes semblent issus de votre imaginaire. Mais de l’imagination à la réalité, il n’y a qu’un pas. Quelle est la part de réalité dans votre imagination ?

Comme je disais, quand je marche dans la rue, j’ai des idées, qui viennent naturellement, et elles s’entrechoquent. Dans l’écriture, c’est un peu la même chose. C'est-à-dire qu’il y a un mix entre réalité, souvenirs et imaginaire. On peut également y ajouter les fantasmes. Quand je commence à écrire, je peux partir d’un fait très concret, puis bifurquer dans l’étrange. J’aime bien quand tout se mélange.

Quand on lit pour la première fois le titre de votre album « La Paroi de ton Ventre », on pense d’abord à une femme qui attend un enfant. La confusion était-elle voulue ? Ou alors la signification est-elle valable, mais plus subtile qu’elle n’y paraît ?

Pour le titre, je ne réfléchis pas beaucoup à tous les sens qu’il pourrait avoir. Je m’intéresse beaucoup à ce que l’auditeur pense lorsqu’il découvre l’album. Pour les chansons, c’est la même chose. Il y a mon sentiment personnel, mais je ne vais jamais chercher à expliquer la signification d’une chanson. Je suis bien plus intéressé par l’interprétation qu’une personne fera de mon morceau. Comment il voit les choses, comment il ressent telle ou telle parole. Je laisse l’alternative au public de trouver sa propre explication. Idem pour les titres. J’y ai mis des choses, mais elles restent ouvertes.

« Plaine de Jeux » est une chanson qui parle de l’enfance. C’est la vôtre ? A-t-elle eu une influence primordiale sur l’écriture de vos textes ?

Non, il s’agit d’une observation. Enfin, je me contredis quand je dis ne pas aimer raconter mon histoire. La genèse de cet épisode vient de la construction d’une plaine de jeux devant laquelle je passais régulièrement. Elle était en chantier. Avant, c’était un terrain vague. Ensuite, petit à petit, des poteaux ont été plantés, puis des jeux installés. J’ai découvert au jour le jour, la transformation des lieux. Il était amusant de voir cette plaine se monter au quotidien. Et le regard des enfants chaque fois qu’un d’entre eux passait devant. Parce qu’il faut savoir que le terrain était grillagé. C’était bizarre. Les gosses n’y avaient pas accès mais ils voyaient des adultes travailler sur une surface qui allait devenir leur terrain de jeux. C’est donc parti d’une observation. Donc, ce texte n’a aucun rapport avec mon enfance.

Sur l’illustration de la pochette de l’album, on ressent comme une forme de détresse. On y distingue des arbres coupés ou sans feuilles, des personnages nus et visiblement tristes. Est-ce réellement ce que vous ressentez ou est-ce simplement le fruit de votre imagination ?

Je dirais qu’il s’agit d’un mélange de fantasme et de réalité. Je me laisse aller. Pour les dessins, je ne fais pas vraiment de croquis préparatoire. Je me lance dans l’improvisation puis ça sort comme ça. Quant à donner un sens particulier à ces dessins, une fois encore, chacun met le ressenti qu’il veut. Mais je n’ai pas vraiment voulu communiquer une impression de tristesse. Je pense qu’on y trouve plein de sentiments mélangés. On peut le percevoir de différentes manières.

Vous avez dit avoir vu ou imaginé, « L’objet qui n’a pas de nom », mais vous ne vous rappelez plus très bien. Pouvez-vous nous dire à quoi il ressemble réellement ?

Justement, si je le savais, je l’aurais écrit.

Sur votre album, on entend des sonorités plutôt originales. Vous utilisez des instruments insolites ? Vous les fabriquez vous-même ou vous les dénichez dans les brocantes ?

Nos instruments sont très classiques. Il y a une batterie, une trompette, un trombone. Des machines aussi. Le groupe compte de nombreux musiciens assez touche-à-tout. Des personnes qui apprécient expérimenter. Ils aiment bien bidouiller les synthétiseurs, les machines. Mais certains, il est vrai, font parfois les brocantes.

Comment parvenez-vous à accorder votre voix à ces sonorités inhabituelles ?

Au sein du groupe, on improvise. Puis quand on trouve une piste, je sors mes textes et je cherche à voir s’il y en a un qui pourrait coller. Généralement, je me consacre à l’écriture d’abord. C’est un travail que je fais seul. C’est notre méthode de composition.

Comment s’est faite la rencontre avec le label Humpty Dumpty ?

Notre rencontre remonte au premier album. J’avais envoyé de nombreuses démos à droite et à gauche. Et les responsables de Humpty Dumpty ont répondu à mon mail parce que j’avais remporté le Concours « Musique à la Française ». Ils m’ont donc recontacté et l’aventure a pu commencer à ce moment-là.

En concert

06.05 - Bruxelles – Nuits Botanique
15.05 - Louvain-la-Neuve – Ferme du Biéreau
25.05 - Braine l’Alleud – MJ Le Prisme
22.06 - Namur – Fête de la Musique
22.06 - Charleroi – Fête de la Musique

Photo : Caroline Lessire

 

Scorpion Violente

Déséquilibre orthographique…

Scorpion Violente, c'est un groupe issu de Metz, qui pratique une musique trance-disco-psyché-indus complètement hypnotique et hallucinante. La formation a littéralement explosé le Café Central à Bruxelles lors de la release party de son dernier Ep, ‘The Rapist’, le 15 février dernier. Nous avons profité de l'occasion pour discuter avec la bête à deux têtes....

Il y a d'abord ce nom, 'Scorpion Violente', très intriguant: "Il s’inspire des films policiers de série B italiens", raconte Thomas Violente. "Particulièrement d'un long métrage qui s'intitule 'Rome Violente'. On a donc pensé à 'Scorpion Violent', mais c'était plus marrant en y commettant une faute d'orthographe. Elle crée une tension, un déséquilibre." Et cette tension et ce déséquilibre, on les retrouve dans le son, à cause du clash permanent entre une rythmique minimale obsédante, des synthés indus lancinants et des rares voix délayées dans des réverbs et delays ; le tout baignant dans une atmosphère glauque, crade, très sexuelle. Les références mises en avant sont bien sûr Suicide, D.A.F. mais aussi Throbbing Gristle. "Oui, Throbbing Gristle, je suis tombé dedans à pieds joints", précise Thomas. "Je n'ai écouté qu’eux pendant deux ou trois ans. Dans l'ensemble, on aime surtout les musiques des années 60, 70, jusque 80. Après, on ne connaît pas trop. On ne s’intéresse pas aux productions actuelles." Pour Scott Scorpion, "c'est surtout Suicide : je suis un grand fan. Et puis les groupes krautrock comme Can ou Neu!"

Sur scène, le projet est minimal sous tous ses aspects. Il y a très peu de matériel. Juste un vieux Korg Poly61 pour les basses, un Caravan R6, un vieil orgue italien des années 70, pour les nappes et les lignes mélodiques façon scie sauteuse ; et, enfin, une boîte à rythmes Yamaha RX11. Sans oublier les effets vintage comme les réverbs à ressorts ou les sound stretchers paramétriques. "Au niveau du jeu, l'idée était de n'utiliser que 4 doigts au total (2 x 2) pour jouer. Et le côté minimal, on l'applique aussi aux moyens : pas de voiture, les déplacements sont effectués en train, on aime le côté 'à l'arrache' de ce genre d'organisations", rappelle Scott, en affichant un sourire carnassier.

Mais si les moyens sont 'minimaux', le résultat est, lui, sans limite. Ces sonorités obsédantes s'insinuent de façon très insidieuse dans votre esprit et provoquent une sorte de transe. "On aime bien le côté psyché, voire psychobilly. On reprend d'ailleurs ‘Strychnine’ des Sonics. Tout est mélangé à une musique plus froide. Principalement instrumentale... sur des morceaux de 5 à 6 minutes..." Leur tout dernier titre-phare, ‘The Rapist’, s'étale, lui, sur plus de 10 minutes, et son adaptation ‘live’ a clairement été un des tout grands moments du concert, au Café Central.

Au niveau des ambiances, vu la région d'origine du duo, on identifie bien sûr un côté postindustriel. Mais aussi une dimension sensuelle très marquée. On se croirait dans une boîte SM... "C'est vrai, il y a un côté sexe dans notre musique, mais c'est plus du désir que du sexe consommé", corrige Scott. "Comme si tu avais quelqu'un qui transpire un peu, son odeur t'attire mais il n’est pas sûr que tu rentres avec elle (ou lui) le soir. Et en plus, on vient de Metz, une ancienne région minière. C'est un peu comme à Bruxelles : le temps est gris 200 jours par an ; donc l’ambiance est particulière".

Leur musique affiche une forme très trance, très dansante. Au concert, nous avons été très étonnés par la moyenne d'âge des fans, qui oscille autour des 20 ans. Ce sont des jeunes qui viennent d'un univers techno, electro, absolument pas goth ni dark. "En fait, on est vraiment le cul entre plusieurs chaises, placé entre différents styles musicaux... Au début, c'était en effet orienté 'dark', mais maintenant on a un pied dans plusieurs zones. Pour moi, en montant Sorpion Violente, je voulais couper avec une scène expérimentale où je commençais vraiment à m'emmerder. Je voulais créer une musique que j'ai envie d'écouter, qui m'éclate la gueule... Donc forcément, il y a cet aspect dansant, viscéral, body : c'est délibéré. C'est pour se faire plaisir. C'est la musique que je souhaitais entendre dans un club."

Les albums de la formation sont publiés exclusivement en format vinyle: "On aime les vinyles pour le son, mais surtout pour l'esthétique des pochettes, qui claquent quand même beaucoup plus en format 33 tours qu'en Cd." Comme le nom du groupe, les graphismes se réfèrent également aux films vintage de série B. "Sur le premier maxi, la photo est de Maurizio Merli, le comédien qui joue dans 'Rome Violente'...", précise Thomas. "C'est un flic à la Dirty Harry, un 'Justicier Dans La Ville', mais sans le côté moralisateur... On a trippé grave sur ce film et on a déniché cette image, où Merli a un putain de look... Pour ‘The Rapist’, on a repéré le cliché par hasard. On cherchait des illustrations sur internet en utilisant des mots-clés comme viol, etc. et je suis tombé sur un film japonais très sérieux et cette photo d'un japonais très malsain et ses fleurs… On en a conclu qu’elle collait bien avec le titre."

Le dernier Ep est d'ailleurs déjà complètement épuisé, quelques semaines à peine après son lancement. Le label, Teenage Menopause, se démène pour faire connaître la formation en Europe et même sur les autres continents. Jusqu’à présent, leurs tournées ont couvert la France, la Belgique, l'Allemagne, l'Espagne et bien sûr l'Italie... 'Rome Violente', joué en Italie, c'était en somme logique! Au chapitre des projets, Scorpion Violente participe à l'album d'hommage à Snowy Red que prépare le nouveau label Weyrd Son. Une compilation où une quinzaine de formations alternatives européennes et américaines reprennent des titres de ce génie belge de la new-wave et de la new beat, malheureusement disparu trop tôt, en 2009. "On reprend ‘Euroshima (War Dance)’, se réjouit Scott. "C’est une copine qui m’a permis de découvrir ce titre, il y a deux ou trois ans. Il est excellent. Puis j'ai approfondi le reste. Quand on nous a proposé de réaliser une reprise pour le 'Tribute', on a tout de suite accepté et on a vite imaginé une manière d'adapter le morceau à notre son, sans le dénaturer… Il y a des points communs clairs entre Snowy Red et nous, notamment ce côté répétitif et hypnotique. On est resté assez fidèle à l'original. Le son est un peu crade. On a utilisé un 4 pistes pour obtenir ce résultat... Ca va le faire, je pense..."

Ensuite, Scorpion Violente a l'intention de graver des nouveaux titres sur un maxi via le label Bruit Direct et dans un avenir proche, d'enregistrer de nouveaux morceaux plus ambient en studio, à l’aide d’un matériel plus important. "Jusqu'à présent, on a toujours accompli nos projets de façon brute, dans l'urgence. Là, on va prendre le temps. Ce sera une musique pour voyager, pour faire des trips... On va se servir d’un matos qu'on ne pourra pas emmener en tournée, etc..  On va tenter ce challenge, mais ça donnera peut-être de la merde..." (rires)

Page de Scorpion Violente sur Facebook : https://www.facebook.com/pages/Scorpion-Violente/203358213043181?ref=ts&fref=ts

 

ROSA†CRVX

Les artisans gothiques de la machinerie humaine

Peu de groupes peuvent se targuer d'offrir un spectacle complet à leurs fans, en conjuguant son, vidéo, lumières et surtout performances. ROSA†CRVX appartient à cette catégorie. Une légende du XIIIème siècle raconte qu’un ermite s’est affublé du pseudonyme de Rosenkreicht et a consacré sa vie à la recherche du corps et de ses limites… C'est en s’inspirant de cette légende qu'Olivier Tarabo, alors élève à l'école des beaux-arts de Rouen, en 1984, a choisi le patronyme de son nouveau projet : ROSA†CRVX. La rose représente la beauté, la vie, l’éphémère, symbole d’amour et de pureté ; la croix, le sacrifice, la mort exposée (en spectacle), la cruauté et l’intolérance...

Nous avons pu rencontrer Olivier à l’issue de l'impressionnant concert, accordé par sa formation, dans le cadre du Methuselah's Ball au sein du Théâtre des Deux Gares, à Bruxelles. Il nous raconte la genèse de son projet. "L'école des beaux-arts à Rouen est un ancien ossuaire", raconte-t-il. "Un des derniers de France, voire d'Europe. C'est une cour carrée remplie de sculptures qui représentent la peste et la mort. Comme c'était une fosse commune, on racontait qu'en fouillant dans le sol, on pouvait y ramasser des dents. Un lieu qui marque quand on y passe 5 ans. Donc, j'ai eu envie de créer un concept de groupe tout à fait nouveau, très sombre. L'idée n’était plus d’écrire de textes mais d'aller fouiner dans les bibliothèques ; et je me suis mis à chanter en latin. J'ai effectué un an de recherches pour fabriquer des faux parchemins et aujourd'hui, ce sont des copies exactes de ces manuscrits que nous vendons dans la Box de ROSA†CRVX."

On le comprend : c'est en véritables artisans que ces musiciens conçoivent leur art. C’est ainsi qu’ils façonnent les instruments et machineries utilisés sur scène : carillons d'église, batterie de tambours automate et autres machines qui semblent venir tout droit de l'atelier de Léonard de Vinci. "J'ai suivi une formation de beaux-arts, surtout dans le domaine de la construction, la sculpture et le modelage. Donc, j'ai le réflexe naturel, quand je pense à quelque chose, de me demander comment je vais le fabriquer. Avec l'expérience, on parvient à créer un peu ce qu'on veut. Comme nous formons une équipe, on est assez nombreux et j'ai tendance à tenter des projets impossibles à réaliser seul. C'est un vrai petit corps d'armée. Une vraie petite escouade."

Cette petite troupe milite eu sein d'une coopérative d'artistes installée dans un ancien grand moulin, à Rouen. "On a créé cette structure pour disposer d’ateliers en commun. L'idée vient des Quais de la Gare à Paris et de l'Usine, à Genève. Ce sont de grands bâtiments squattés, organisés, où les artistes restent longtemps. Il y a un disquaire, des salles de concert et de théâtre, des boites de nuit..."

En compagnie de Claude Fenny, son fidèle acolyte, Olivier Tarabo a mis en place un style musical unique pour habiller les textes anciens, un croisement entre la musique médiévale, le rock gothique et les chants tribaux. A côté des instruments traditionnels, la troupe exploite les possibilités des technologies modernes. Un côté 'rétro-futuriste'... "Oui, on fouille dans l'ancien alors que, côté technique, c'est très hi-tech… J'ai une grande passion pour la technologie. Evidemment, il ne faut pas qu’elle nous mange. On a, par exemple, créé une BAM (Batterie Automate Midi), qui a demandé 4 ans d'élaboration."

S'inspirant des écrits d'Antonin Artaud, les concerts de ROSA†CRVX sont enrichis de performances exécutées sur scène ou au milieu du public sur le thème du corps en souffrance (Dance de la Terre, Homme dans la Cage) créant dans la salle des situations proches de celles d'un rituel sacré. La première performance a été réalisée sous les voûtes de l'abbatiale de St-Ouen en 1986. Tarabo avait obtenu un double des clés et est entré dans la nuit accompagné d'une équipe de tournage. Un homme a été enfermé dans une cage de fer suspendue au plafond. Elle a été précipitée 22 fois contre la plaque d'acier qui faisait office de gong. Un rituel que le public a pu revivre à Rouen en 2011 lors du festival Dark Ritual. "Tout ce qui est installations et performances a été un boulot énorme", raconte Olivier. "J'ai passé 15 ans de ma vie pour réaliser cet objectif, complètement isolé." Il y a aussi le carillon, dont la confrérie a fabriqué elle-même les huit cloches, la batterie BAM, mais aussi l'octabasse, une contrebasse géante en fer dont on joue grâce à un énorme système de pédales. "J'ai 12 ou 15 machines semblables à Rouen. Il y a aussi un rail de 18 m avec 2 personnes qui se poussent dans un ciseau géant qui se replie et se déplie à 3 m de hauteur."

Et Tarabo de fustiger les pouvoirs publics, qui pratiquent un ostracisme systématique envers les spectacles comme le sien qui ont un côté sulfureux, dérangeant. "Ils ont peur de nous", ironise-t-il. "Ils ont même mené une enquête pour vérifier si on n'était pas des néo-nazis ou des gens d'extrême-droite. Il existe des a priori très lourds. Mais quelque part, ça me plaît. C'est génial qu'après 30 ans, ce mouvement continue encore à faire chier autant les autres ; c'est très bien (rires)..."

Aujourd'hui, ROSA†CRVX prépare un nouvel album. Il sera produit par le groupe et diffusé par le label allemand Trisol. La croisade sacrée de la confrérie continue, contre vents et marées, avec une authenticité et une sympathie qui forcent l'admiration.

Pour écouter l'interview dans son intégralité: http://www.youtube.com/watch?v=Ex-CVkFpY5o

Lisez la chronique complète du concert ici

(Photo : Xavier Marquis)

 

Organic

Comme un Yéti dans l’eau…

‘Under Your Carbon Constellation’ constitue une des meilleures productions belges de 2012. Elle est signée par le groupe Organic. Un véritable OMNI (NDR : objet musical non-identifié) qui combine post-rock, électro, progressif, psyché, stoner, new-wave et postpunk. Excusez du peu ! Créé par Raphaël Haubourdin aux voix, claviers et programmations (également dans Graceland) et Joris Oster à la basse et aux programmations, (aussi chez Silver Riot), ce groupe bruxellois inclassable pourrait bien devenir le nouveau dEUS pour notre petit pays ! Une occasion idéale de les rencontrer.

« On n'aime pas travailler avec des œillères », précise d'emblée Joris Oster. « C’est pourquoi notre album est hybride, voire surréaliste, en proposant beaucoup de couleurs différentes. » Raphaël Haubourdin ajoute : « C'est parce qu'on écoute énormément de styles musicaux ; et comme on fait les choses naturellement, sans essayer de sonner comme d'autres groupes, le résultat est varié, tout en respectant un fil rouge, quand même. »

Un des piliers de la musique d'Organic repose sur la basse de Joris Oster. Omniprésente, elle s'inspire de maîtres comme Peter Hook (Joy Division, New Order) mais aussi Chris Squire (Yes). Polymorphe, elle peut se transformer en guitare solo, façon stoner ou metal, grâce à une armada d'effets. Les arrangements élaborés par le duo lorgnent clairement vers le post-rock ou le krautrock. « On aime beaucoup Neu!, Can, Hawkwind ou plus récemment Fuck Buttons ; tous ces groupes qui font évoluer la musique en la déstructurant et en expérimentant », confie Haubourdin. « On a aussi assimilé certains aspects du prog, mais pas les côtés chiants. » En effet, les solos kilométriques ont été évités pour faire place aux sonorités et structures plus complexes susceptibles d’évoquer King Crimson (‘21st Century Schizoid Man’!), mais aussi Porcupine Tree !

Pas de guitares chez Organic ; cependant, la basse, la batterie et les synthés remplissent à ce point l'espace sonore que cette absence ne se ressent pas. Les claviers sont vintage, avec des vieux synthés comme le Casiotone mais aussi beaucoup de plug-in. Ils sont tour à tour atmosphériques ou bruitistes mais toujours intéressants. On décèle çà et là quelques touches d'un émulateur Mellotron, qui renforce le côté délicieusement prog. La batterie, quant à elle, a une présence extrêmement claire adoptant un côté réaliste typiquement krautrock. Notons, que, sur scène, c'est Olivier Justin qui assure les parties de drums. Ajoutez-y une touche de new-wave, synth-pop des années '80, et vous obtiendrez une musique inédite, totalement novatrice. La voix de Raphaël Haubourdin est également très originale. Versatile, elle peut être tout en retenue, comme celle de Franz Treichler (The Young Gods) ou devenir incisive, voire ‘éructante’ à la manière d'un Bertrand Cantat ou d'un Kristoffer Grip (Agent Side Grinder). « En fait, quand je compose, j'écris quelques bases, je me mets dans la peau d'un personnage lors d’une situation précise ; et puis, je me lâche. Ainsi le résultat peut en effet partir dans tous les sens. »

Comme nul n'est prophète en son pays, Organic a dû se tourner vers l'étranger, plus précisément vers un label suédois de musique alternative (Complete Control Production ou CCP) pour être signé. « On leur a envoyé nos morceaux et ils ont aimé, surtout un de nos titres en français : 'Johnny Craque'. » Aujourd'hui, ‘Under Your Carbon Constellation’ est disponible en CD mais aussi sous la forme d'un magnifique double LP vinyle, enrichi de plusieurs titres en bonus.

La pochette mérite quelques mots d'explications, que nous fournit Oster. « Elle représente un Crabe Yéti, un crustacé entre homard et écrevisse, qui niche dans les profondeurs abyssales de l'océan Pacifique sud. Merveille de l'évolution, cet animal a été découvert en 2005 par un biologiste français, Michel Segonzac, à qui nous avons dû demander l'autorisation pour reproduire la photo. »

Cette photo et le titre de l'opus sont en accord parfait avec la thématique qui transcende les chansons du duo. « On est inspiré par la nature, par sa grandeur, sa force, sa complexité. On aime particulièrement l'eau, donc l'océan », raconte Haubourdin. « C'est une vision très post-rock, voire même écologiste : on appréhende l'humain petit face à la Terre, comme un 'singe tout nu'. En corollaire, on fustige la société de consommation. La dictature de l'argent, aussi. Elle est occupée de détruire la Terre à coups de pelleteuses. »

Après quelques concerts, dont un accordé au Botanique, en première partie de Graham Coxon, Organic recherche des 'bons plans' pour tourner en Belgique et à l'étranger. En attendant la suite, nous avons en nos mains cet album étonnant, extrêmement brillant. Véritable jaillissement créatif, il foisonne de trouvailles et gagne à être réécouté plusieurs fois pour être apprécié à sa juste valeur. Comme un bon vieux Yes. A acheter et à écouter d'urgence !

Pour écouter l'album en streaming : https://soundcloud.com/organic-music-1/sets/album-cd

L'album sera disponible en Belgique chez Mandaï distribution www.mandai.be à la mi-janvier.

Photo : Xavier Marquis

http://www.thisisorganic.be

 

SX

The next Big Thing from Belgium

Il y a eu dEUS, puis Selah Sue... Aujourd'hui, il y a SX. Ce groupe issu de Coutrai, emmené par Benjamin Desmet et Stefanie Callebaut, est occupé de devenir le plus grand espoir de notre petit pays dans le domaine de la musique pop-rock alternative. Révélé l'année dernière lors d’un concours organisé par Studio Brussel (Vibe On Air) et par un superbe premier titre, ‘Black Video’, qui avait cartonné sur Youtube et les réseaux sociaux, ces petits génies viennent de publier un premier album, intitulé ‘Arche’. Ils ont présenté ce disque à une poignée de fans dans le cadre d'un showcase accordé au Planetarium de Bruxelles. Nous avons pu les rencontrer.

SX, c'est une histoire de contraste. Comme dans le nom, par exemple. "Dans SX, il y a le 'S' qui incarne le côté féminin", précise Stefanie. "C'est la chaleur mais aussi les éléments connus, du passé, habituels. Par contre, 'X' exprime la tension, le côté mystérieux, futuriste. Les deux lettres s'attirent mutuellement et représentent bien notre musique. Nous combinons des éléments connus et nous les transformons en quelque chose de puissant, d'alternatif".

Le résultat est en effet une musique fascinante, une dreampop psychédélique et magnétique qui s'inspire d'un éventail très large de styles pour créer quelque chose de neuf. On pense à Beach House pour la voix et les atmosphères éthérées mais aussi à Animal Collective et surtout à MGMT. Benjamin admet : "MGMT a été, en effet, un déclencheur pour nous. Il apporte une dimension créative nouvelle. Il combine de nombreux styles et y met sa propre empreinte. Mais nos influences vont aussi vers la soul, le blues, le jazz avec des artistes comme Marvin Gaye, Stevie Wonder, Herbie Hancock..."

Cette influence soul on la perçoit notamment dans la voix de Stefanie Callebaut, une voix de soprane, capable d'atteindre les notes les plus hautes mais aussi de produire un volume, un coffre typiquement soul, évoquant parfois Grace Jones. Ses tonalités mystérieuses, plus 'dark', la rapprochent aussi de Zola Jesus, Austra et Kate Bush. "C'est le résultat d'une longue recherche pour trouver 'ma voix'. J'ai toujours aimé la musique soul et le gospel, la musique noire en général, donc c'est normal qu'il y ait cette influence. Je m'efforce en permanence de repousser mes limites et de créer un timbre qui me soit propre." La présence d'une voix aussi atypique, très 'black', chez une frêle jeune fille blonde fait immédiatement penser à Selah Sue, même si la musique est tout à fait différente... "Oui, Selah Sue est incroyable. Mais elle, elle fait de la véritable musique soul... "

Le premier opus de SX s'intitule 'Arche'. Le mot grec 'αρχή' signifie 'début' mais aussi 'principe' ou 'fondation'. "C'est le premier principe, la fondation sur laquelle nous construisons notre projet". Pour le produire, le groupe a réussi à dénicher un producteur de renommée internationale, Ben H Allen III. "Nous n'avions pas encore de contrat à ce moment-là. Nous lui avons simplement envoyé un e-mail, avec nos démos et bien sûr ‘Black Video’. Il a répondu très vite et un mois plus tard, nous étions en studio à Atlanta pour les enregistrements. Nous l'avons choisi car sa perspective musicale est très large. Il a produit du hip-hop, des artistes comme MIA, Animal Collective mais aussi Gnarls Barkley. C'est un ingénieur du son expérimenté ; mais il sait aussi comment écrire et arranger une chanson. Il a bien compris l'approche 'SX' et donc c'était le producteur parfait pour nous."

Dans la production, on remarque à nouveau un contraste : celui entre la technologie moderne d'enregistrement numérique et les instruments analogiques, voire 'vintage'. Benjamin explique pourquoi : "Nous avions préparé nos démos sur ordinateur mais en studio, à Atlanta, nous avons tout refait avec des instruments analogiques, par exemple, le DX7 de Yamaha, le Juno et le Jupiter de Roland, des vieux Prophet, Korg, etc. Les compresseurs et les égaliseurs aussi étaient analogiques. Même les effets de réverbération étaient produits à l’aide de ressorts et de plaques..."

Mais il ne s'agit pas là d'une approche fondamentaliste. "Nous n'utilisons pas ces machines parce que c'est cool d'avoir des machines 'vintage'. C'est juste parce que nous aimons ces sonorités, en particulier. " Le résultat est un son ample, très clair et extrêmement riche en relief. On est loin des bidouillages de la techno!

A côté de Ben H Allen III, SX a pu bénéficier d'un coup de pouce d'autres parrains ; et notamment dEUS. La troupe de Tom Barman a en effet emmené SX comme 'suppport act', lors de sa tournée européenne. "Une expérience très intense! Jouer tous les soirs devant 1 500 personnes nous a permis de progresser énormément. Le feedback du public de dEUS était excellent et nous avons même pu construire une 'fan base'. En revenant, nous étions devenus un nouveau 'band', comme si on avait connu un 'upgrade'..."

Aujourd'hui, SX a signé un contrat pour la Belgique et est en négociation avec plusieurs compagnies de disque pour une distribution à l'échelon mondial! "Nous ne voulons pas aller trop vite. Nous sommes très prudents car voulons surtout garder un contrôle total sur ce que nous faisons." Entretemps, le groupe continue à répéter afin d'améliorer ses prestations live... A plus ou moins brève échéance, leur agenda prévoit un concert à l'AB fin novembre (déjà sold out) et plusieurs dates en Flandre (Gand, Anvers, Louvain et Courtrai) ainsi qu’aux Pays-Bas. La formation va également sortir deux 'club remix' de leur nouveau single, ‘Gold’, des remix qui intégreront certainement les DJ playlists, car ‘Gold’ est tout simplement une des 5 meilleures chansons de l'année 2012 ('in my humble opinion').

Après l'interview, Stefanie et Benjamin, flanqués de leur batteur, Jeroen Termote, ont donné un mini-concert exclusif de 30 minutes au Planetarium. Jouant dans le noir sous la monumentale coupole, ils ont fourni une bande-son appropriée pour les hallucinantes animations de l'espace et des planètes projetées 360° au-dessus et autour des spectateurs. Une expérience psychédélique unique, au cours de laquelle SX a interprété 6 chansons d'‘Arche’, y compris une version retravaillée, quasi acoustique, de ‘Gold’...

En sortant du Planetarium, la tête dans les étoiles, nous avions la certitude d'avoir assisté à un concert d'exception, accordé par des musiciens appelés à devenir des stars... 

Vidéo du showcase ici

Prochains concerts :

SX album release show @ AB - Autumn Falls
vendredi 30 novembre 2012

SX @ Paradiso, Amsterdam (Nl)
samedi 22 décembre 2012

SX @ Eurosonic Noorderslag, Groningen (Nl)
vendredi 11 janvier 2013

SX @ Het Depot, Louvain
jeudi 21 février 2013

SX @ De Kreun, Courtrai
samedi 23 février 2013

SX @ Handelsbeurs, Gand
jeudi 28 février 2013

SX @ Trix, Anvers
vendredi 1er mars 2013

 

Dernière Volonté

En français dans le texte…

Le succès aussi fulgurant que surprenant du hit de Lescop, « La Forêt », a braqué les projecteurs des médias sur un genre de musique, la 'French new-wave'. Se réclamant de Daho et Taxi Girl, ce genre puise dans les sonorités synthétiques des années 80 et les combine à un chant dans la langue de Molière, avant de plonger le tout dans des ambiances mélancoliques, voire sombres. Mais il existe un groupe, actif depuis plus de 10 ans, qui peut d'une certaine manière (mais pas uniquement) être rattaché à ce mouvement, c'est Dernière Volonté, le projet du Français Geoffroy Delacroix, dit ‘ Geoffroy D’. Nous avons eu l'occasion de le rencontrer avant le concert qu'il a donné au Magasin 4, à Bruxelles, le 12 octobre dernier.

Créé en 1998, Dernière Volonté était à l’origine un projet de musique ‘dark ambient’, très bruitiste, caractérisé par un côté martial. Geoffrey raconte « Quand tu es jeune, tu commences par du bruit parce que c'est tout ce que tu sais faire, surtout quand tu n'es pas musicien. Puis tu structures un peu plus ta production et tu te rends compte que tu peux créer des mélodies ; mais ce processus vient au fil du temps. Plus tu avances, plus tes compos sont construites. Ce qui ne veut pas dire qu'elles soient meilleures. Souvent, au départ, la musique est énergique, mais c'est un bordel sans nom ; puis elle devient mélodieuse, mais chiante et surtout perd toute son énergie. Donc j'essaie de trouver le bon équilibre entre les deux. En vieillissant, j'essaie de me rapprocher de mes influences. »

Précisément, côté références, on pense de suite à Taxi Girl. « Taxi Girl est en effet une influence très importante pour moi. J’ai découvert ‘Mannequin’ et ‘Les Yeux des Amants’, quand j'avais 8 ou 9 ans. Si je chante en français, je crois que c'est grâce à eux. » Mais Geoffroy cite également Soft Cell, Kraftwerk, Test Dept, Laibach et Suicide, comme sources d’inspiration. Sans oublier Dominique A. Surtout les premiers albums, jusqu'à ‘L'Horizon’.

Petit à petit, Geoffroy prend confiance dans ses compositions chantées dans sa langue maternelle. En publiant ‘Les Blessures de l'Ombre’ en 2003 et ‘Devant le Miroir’ en 2006, il confirme sa nouvelle direction, basée sur l’électro-pop. Le côté martial est cependant toujours présent dans les paroles, la musique et les aspects visuels du groupe.

Cette fascination pour ce profil martial étonne quand on connaît la douceur et la finesse de la personnalité de l'artiste. « Je ne suis pas militariste. En fait, je suis né dans une famille qui a vécu la guerre... Il y a dans cet univers une esthétique que je trouve très forte. C'est aussi sexuel... C'était aussi lié à la vie que je menais... Le combat de tous les jours. On est dans une société de plus en plus dure... et sans aucun avenir. Les gens sont de plus en plus agressifs, comme des soldats individualistes. Déjà à l'époque c'était troublant et aujourd'hui, c'est de plus en plus flagrant. »

On l'a compris : Geoffroy utilise une métaphore, celle de l'homme comme soldat dans l'ère moderne. « Ce n'est pas la guerre en tant que telle qui me fascine, c'est plutôt le bourbier de l'âme humaine. Je n'ai jamais chanté la conquête guerrière, ce que j'aime c'est la description du côté perdu de cette âme humaine... »

Lorsqu’on évoque Lescop et le renouveau de la French new-wave, Geoffroy se réjouit mais souligne quand même quelques similarités entre la musique de Lescop et la sienne. « Quand j'écoute ‘La Forêt’, j'ai l'impression d'entendre une de mes chansons. Il y a peut-être des coïncidences, mais j'ai constaté que le texte ressemblait beaucoup à ‘Cran D'Arrêt’, sur l'album ‘Devant Le Miroir’. Dans celle de Lescop, il y a des phrases qui sont presque similaires. » Comme Lescop viendra dans quelques semaines au Botanique, nous aurons l'occasion de lui poser la question... « En tout cas, il est important, Lescop, parce qu'il représente une alternative à toutes ces groupes français qui chantent en anglais et rivalisent de conneries. Je ne suis pas fan mais il incarne un concept intelligent et fort. Enfin un artiste qui chante en français et réussit à passer au-delà de la variété stupide. »

Geoffroy va même plus loin. «  Nous avons une langue extraordinaire, qui marche dans tous les pays. Il y a 40 ans, Yves Montand réalisait un carton à Broadway. Il n'y pas de raison que cette situation ne se reproduise pas. Le premier groupe électro-punk au monde, en 1976-77, c'était Métal Urbain et il s’exprimait en français! Leur premier disque a très bien marché en Angleterre et s'est exporté aux Etats-Unis. Le leader des Dead Kennedys en est un fan absolu et il a influencé les Jesus & The Marychain. Ce sont des Français qui chantent en français!  »

Au moment de clôturer cet article, je me souviens des dernières paroles de Geoffroy lors de son interview. Je lui avais demandé quelle était sa vision de la musique. Sa réponse est claire et sans équivoque : « Le plus important, c'est le fond. Dans toutes les formes d'art, c'est ce que tu as dans le cœur qui compte, ta vérité, ton émotion pure. Les groupes qui m'ont fait vibrer, c'est des mecs qui avaient quelque chose à dire, qui étaient tourmentés par leur passion. Tous les autres, à côté, ce sont des copieurs qui torchent des textes idiots. Il y en a quelques uns qui valent le coup ; le reste, pour moi, c'est du plastique... »

Merci à Geoffroy D, Michel Kirby et au Magasin 4.

(Photo : Xavier Marquis)

 

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