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The Black Crowes

Make up your own fuckin' mind!

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Les Black Crowes ont sorti le meilleur de leurs albums de nostalgie seventies dont ils se défendent être les représentants : "By Your Side". Heureusement, ces jeunes hippies américains qui traînent derrière eux une carrière chahutée vieille de dix ans déjà ont un discours autrement plus convaincant quand il traite des remous puritains qui secouent (hé, hé) leur pays...

Pour l'un de vos albums, "Amorica", vous aviez commis une pochette choquante ornée d'une photo d'un monokini aux couleurs du drapeau américain d'où dépassaient quelques poils pubiens... Quelle est ta réaction face à ce qui s'est passé aux Etats-Unis pour Bill Clinton?

Chris Robinson : Je ne suis pas vraiment surpris que des gens baisent, que le président baise... Je ne suis pas tellement étonné par ce qui se passe non plus. Aux States, c'est le règne de la fausse moralité qui prévaut: les couples dorment dans des lits séparés... Je ne regarde pas les infos. Je ne crois pas au gouvernement américain, je crois aux gens. Les politiciens manipulent pour leur propre bénéfice. Ils sont pires que les rock-stars. Il faut être diablement machiavélique pour devenir président. Tout le monde semble surpris qu'il ait menti: savez-vous combien de gens mentent là-bas à Washington? C'est devenu ‘l'American Way Of Lying’! Aucun politicien ne dit la vérité car elle est trop dangereuse. Quand on ose la dire, il y aura toujours quelqu'un pour ne pas être d'accord. Et cette situation, les politiciens veulent absolument l'éviter parce qu'ils ont besoin du vote de tous. Je n'ai besoin du vote de personne. Pour qu'on ne s'attarde pas sur les sujets importants, les médias et le gouvernement tentent de dévier notre attention vers des histoires de grosses dondons à cigare.

Pourquoi n’en parles-tu pas dans tes chansons?

Chris Robinson : Ce consumérisme, cette rapacité est un mensonge pour moi, et je ne veux ne rien avoir à faire avec lui. C'est pourquoi je ne m'intéresse pas aux nouvelles.

Mais en tant que personne médiatisée, tu pourrais avertir ton public de...

Chris Robinson : Pourquoi? Je parle de ma politique en matière de relations humaines et d'émotions. Si je commence à dire aux gens ce que j'en pense et ce qu'ils doivent faire, je deviens alors moi-même un politicien. ‘Make up your own fuckin' mind’! Je dis ce que je pense, mais je ne pense pas que ce soit forcément bien pour tout le monde... Chacun doit avoir son propre jugement.

Tous les soucis rencontrés par le groupe vont finalement donner un certain sens de la sérénité?

Chris Robinson : Oui. Comme le reste. Au plus longtemps on reste sur cette planète, au plus de merde on doit traiter... Moi, je peux écrire des chansons à ce propos, mais des chansons qui peuvent signifier quelque chose à quelqu'un dans une situation similaire. Et nous passons tous par là des périodes différentes ou identiques de la vie. C'est ce qu'on appelle apprendre, la sagesse en quelque sorte.

Croyez-vous que l'accomplissement total d'un album, peut se faire uniquement dans la douleur et l'effort?

Steve Gorman : Pas nécessairement. Travailler dur peut aider mais ce n'est pas nécessaire. On se sent bien mais après être passés par la douleur, la confusion et l'angoisse. C'est la vie.

Chris Robinson : Les seules personnes qui sont constamment heureuses sont les chrétiens ou les gens qui se sont fait lobotomiser. Le reste du temps, c'est... je fais face!

Croyez-vous que la nostalgie des seventies vous a aidés dans votre carrière?

Steve Gorman : Non, parce que s'il existe une nostalgie pour les années 70, j'imagine qu'elle va rapidement céder sa place à une autre pour les années 80.

Chris Robinson : C'est ce qui se passe...

Steve Gorman : Si les gens qui écoutent nos albums se rappellent leur jeunesse, c'est leur perception de notre musique.

Chris Robinson : Notre musique n'a rien à voir avec les seventies. On a beau porter les cheveux longs et des boucles de ceinture imposantes... Les gens du heavy metal avaient les cheveux longs lorsque nous avons débarqué. Et je déteste le heavy metal.

Que pensez-vous de tous ces vieux groupes qui se reforment?

Steve Gorman : Ca dépend. Si on se réunit pour le chèque, les gens le voient. C'est leur choix, leur formation et leurs chansons. C'est mieux qu'un autre groupe les imitant pour chanter la même chose. L'âge n'est pas un problème dans le rock si tu as conscience de l'âge que tu as et que tu n'entres pas en compétition avec toi-même. Avec toi à 21 ans ou avec quelqu'un qui a cet âge alors que tu en as déjà 10 de plus. Mick Jagger aurait dû grandir il y a bien longtemps je crois. Il pourrait, en tant que plus grand frontman du monde, être un peu plus sincère, je pense.

Voyez-vous des liens entre vous, les Stones, Aerosmith et Ten Years After?

Chris Robinson : Nous nous sentons plus proches de Bob Dylan ou de Neil Young.

Steve Gorman : Ils enregistrent des disques qui leur ressemblent et c'est sans doute la raison pour laquelle ils sont toujours populaires. Ils restent sincères.

Quel bilan tirez-vous de vos dix ans d'existence?

Chris Robinson : Le bilan est... que quelque chose a survécu, ce qui n'est pas rien... Il est bon de savoir que nous avons fait ce que nous avions envie de faire et que nous sommes toujours là. C'est comme quelqu'un qui atteint la maturité, qui se retourne et voit dix ans dans le rétroviseur en se disant qu'il peut réellement jouir du moment présent parce qu'il sait que c'est ici et maintenant. Et qu'il espère survivre à d'autres épreuves et connaître d'autres joies.

 

Interview parue dans le magazine Mofo n° 71 de mars 99.

American Music Club

Le bar des âmes perdues

Écrit par

C’est dans un bar sis dans le centre de Bruxelles que Mark Eitzel accordait des interviews à l’occasion de la sortie de son nouvel album, « The golden age ». C’est également dans un bar, que j’avais rencontré le Californien pour la dernière fois. C’était le 12 mars 1998. A l’Aéronef de Lille. A l’époque, il se produisait en solo. Et nous avions taillé une bavette impromptue à l’issue d’un concert pour lequel il partageait la même affiche que Chris Bailey (ex-chanteur des Saints) et Ignatus (un artiste français réputé pour ses textes engagés). C’est ce que je lui rappelle en commençant notre entretien…

Il s’en souvient vaguement. Il est vrai que 10 ans, c’est un bail. Et puis des rencontres au bar, Mark en fait tous les jours, et même surtout la nuit… C’est d’ailleurs une de ses sources d’inspiration. Même s’il s’en défend. Aussi lorsqu’on lui demande si elles puisent essentiellement entre ses rencontres, la politique ou ses rêves, il me remercie vivement pour la question. « Une question géniale. La politique me met en colère. Rien ne peut sortir d’un poing levé. Pourtant, ce sujet m’interpelle tout particulièrement ; mais lorsque je traite de cette matière, je ne ponds que des chansons de merde. Rencontrer des gens ? Non, ce n’est pas mon truc. Parce que je hais les êtres humains. Et lorsque je prends l’avion, personne ne souhaite s’asseoir à côté de moi. C’est de notoriété publique. Et il n’y a que les connards qui s’asseyent à côté de moi. En outre, je déteste voyager en avion. Il existe des tas de gens qui sont heureux et qui se posent des questions. Les yeux restreignent notre champ de vision. Nos sens nous limitent. Et depuis quelques années, j’essaie de ne pas être trop à l’écoute de mes sens. J’avais peur de mes idées. Chaque fois qu’une idée naissait, je devenais son esclave. Je refuse aujourd’hui de devenir une machine qui écrit des chansons. Qu’est ce qui m’inspire ? Je ne sais pas. C’est souvent inattendu. Tout récemment, quelqu’un que j’apprécie beaucoup, alors que je le connais à peine, m’a expliqué qu’il vivait un dilemme. Sa copine veut se marier. Lui pas. Or, s’il acceptait, elle serait folle de bonheur. Ce type de situation m’inspire… » Tout comme ses nuits passées au bar. Paradoxalement, une chanson comme « John Berchman Victory chair » en est une belle illustration. John Berchman est le patron des enfants de chœurs. Un Belge qui n’a vécu que 22 ans et dont la dévotion l’a poussé à suivre une formation de Jésuite avant de donner des cours de philosophie aux Dominicains, contre l’avis de ses parents. Il priait beaucoup et ne dormait pratiquement pas. Et la journée, il se consacrait aux tâches pratiques de l’Eglise : il allumait les bougies, chantait à l’office, etc. Mark a lui-même été enfant de chœur ; mais cette compo ne traite pas du vin de messe qu’il aurait pu boire en cachette, lorsque l’occasion se présentait. (rires) « Non, parce que j’ai bu des choses bien plus fortes » N’empêche, il existe un message derrière cette chanson… Il s’explique : « C’est marrant ! Ne crois pas que je change de sujet. Mais voici réellement ce qui s’est passé. Je prenais un verre en compagnie d’une copine, dans un bar. La nuit. Tout à coup, elle est devenue songeuse. Et je lui ai demandé à quoi elle pensait. A ma grande surprise, elle s’est mise à jurer. Alors pourquoi cet accès de colère ? Parce que le jour se levait… Et pour elle, la levée du jour était une malédiction. Alors que pour moi, c’est le bonheur. Non, ce n’est pas de l’ironie… » ‘The windows of the world’ signifie ‘les fenêtres du monde’. Mark y parle également d’un bar. Celui qui était établi au sommet du World Trade Center. Mais dans quelles circonstances a-t-il écrit cette compo ? « C’était en 2 000. A cette époque, je vivais à New-York. Nous prenions un verre entre copains. Et l’un d’entre eux m’a proposé de sortir. Et d’ajouter que si on voulait aller dans un lieu sympa, le sommet du WTC serait idéal. On voulait faire la fête et on s’est pointé là-haut. Et j’ai voulu écrire sur la semaine de folie que j’ai vécu à cette époque, à New-York. Et en particulier les journées passées de bar en bar, à du 130 à l’heure. Le week-end. Jour et nuit. C’est une espèce d’hommage au WTC ; et pourtant, ce n’était qu’un bar. Et un an plus tard, le WTC s’est effondré… » Et il n’y a plus de bar… ‘All the lost souls welcome you to San Francisco’ (Traduction : ‘Toutes les âmes perdues vous souhaitent la bienvenue à San Francisco’ aurait également pu être un hommage à la ville où il est né. Ce n’est pas le cas. Ce n’est pas davantage une chanson auto-parodique. Explications. « J’ai également des amis à San Francisco. Entre potes, on fréquente souvent les mêmes bars. Trois exactement. Je voulais les faire rire. En fait, j’ai invité ma manager, qui vit à New-York, à visiter ma ville. Et elle a décliné la proposition, en prétextant qu’il y vivait trop d’âmes perdues. J’ai mis 10 ans à comprendre. En fait, la différence entre elle et moi, c’est qu’elle sait ce qu’elle veut : des dollars ! Tandis que moi et mes copains on ne savait pas ce qu’on voulait. Mais j’aime les âmes perdues. Je ne partage pas cette idée répandue aux States, attestant que si tu y crois, tu vas y arriver. Allez-vous faire foutre ! Je hais cette idée. Je préfère célébrer nos âmes perdues… »

Dave Trumfio (Wilco, Grandaddy, My Morning Jacket) s’est chargé du mixing et de la production du nouvel opus. Pour quelle raison ? Mark confesse. « En fait, au départ, je souhaitais concocter un album le plus simple possible. Une guitare, une basse des drums. Peut-être un zeste de claviers et quelques backing vocaux. Or ce producteur a mis en forme des artistes qui émargent à ce style. Et je pensais que la sauce allait prendre. En outre, je ne voulais pas perdre le contrôle de l’enregistrement de ce disque. Je ne me suis pas trompé. » Certains médias comparent ce nouvel opus à ‘California’. Qu’en pense Mark ? « C’est l’avis des fans qui est le plus important. D’autres médias le comparent à ‘Mercury’. Personnellement, je ne sais pas. J’ai lancé cette boutade pour susciter l’intérêt vis-à-vis de ce cd. » N’empêche, le line up a quand même changé, puisque American Music Club dispose aujourd’hui d’une nouvelle section rythmique (le bassiste Sean Hoffman et le batteur Steve Didelot). N’était-il plus satisfait de celle qui le soutenait auparavant ? La réponse fuse. « Non. (rires) En fait, sur le disque précédent, ils étaient mauvais. Surtout quand j’ai vu la compétence des autres. Je les ai découverts à Los Angeles. C’est d’ailleurs là-bas que la plupart des sessions d’enregistrement se sont déroulées. En plus Vudi, (le guitariste) y vit aujourd’hui… » Mais ce changement n’est-il pas également dû au nouveau projet développé par Mooney and Pearson ? « Aux nouveaux projets ! Des enfants, de la famille des divorces. Et un autre groupe. Notre collaboration n’était plus possible ; mais on reste copains… » Sur ‘In know that’s not really you’, il y a des cuivres mariachi. N’a-t-il jamais pensé à inviter Calexico pour participer aux sessions d’enregistrement ? (rires) «  Cela n’a jamais été dans mon intention. Autour de moi, je sui intoxiqué par la musique mariachi. Un voisin derrière chez moi a installé des haut-parleurs à sa fenêtre qui diffusent de la musique mariachi, toute la journée. Et c’est horrible. Mais d’un autre côté j’adore. En fait, pour cette compo, l’idée était de la mettre au parfum mexicain. Nous ne vivons pas loin du Mexique. Quand à envisager une collaboration… J’ai ma voix. J’adore voir Calexico en live ! Leur drummer est le meilleur que j’ai pu voir sur scène. Il est même meilleur que mon batteur. Mais j’aime bien Steve et je ne m’en séparerai jamais. Il surfe. C’est aussi mon premier fan, en plus. C’est un peu comme Vudi, il fait partie de la famille. Nous avons toujours des choses à se dire. Nous sommes tous une grande famille… » Ainsi, c’est le groupe qui a demandé de reprendre la chanson ‘Candy ass’ et de l’insérer dans le tracklisting. Sous un autre titre : ‘The sleeping beauty’. Et pour respecter la démocratie, Mark a accepté. Enfin, si la mélodie de ‘The decibels and the little pills’ peut rappeler Crosby, Stills, Nash and Young, c’est en pensant à John Martyn qu’Eitzel a composé ce morceau. C’est une de ses plus grandes influences. Et il est toujours fasciné par sa voix. Par contre, pour les Replacements, c’est uniquement l’esprit de 1984 qui continue de le hanter. Ajoutant : « J’affirme que de temps à autre, il faut continuer de boire… »

Boire et déboires. Déboires comme lorsque Mark a participé à l’enregistrement du remarquable album de Toiling Midgets, ‘Son’ en 1990. Manifestement, il ne les porte plus dans son cœur : « Des trous du cul. Des drogués. Ils m’ont exploité. Ils ont mangé leur parole. Ils me doivent de l’argent… » Autre désillusion, la bande sonore du film muet ‘Street angel’. Qu’est-elle devenue ? « Nous ne l’avons jouée qu’une seule fois. Nous avions répété 4 mois. Nous étions fiers du résultat. Et il n’en reste qu’un enregistrement pourri effectué par un cameraman amateur. C’est une grande frustration. Et pourtant, à l’issue de cette prestation, nous avions récolté une ‘stand ovation’. La Century Fox n’a jamais voulu lâcher les bandes. Et pourtant, c’était un beau film mélodramatique (NDR : paraît que la pellicule était quand même de piètre qualité ; n’empêche !) En outre, nous devions effectuer une tournée de 4 à cinq dates. On n’avait jamais ressenti une telle excitation pour un tel challenge. Nous avions sollicité l’autorisation pour le jouer ‘live’. On avait réservé 7 mois à l’avance pour Bruxelles, Amsterdam, Londres et Berlin. Il fallait confirmer quatre mois avant. N’ayant aucune réponse on a dû annuler. Et puis, deux semaines avant le concert de l’AB, on a reçu le feu vert pour utiliser le concept gratuitement. On s’est foutu de notre g*****, c’est une honte… »

Merci à Vincent Devos.

En concert le 16 mars au 4AD de Diksmuide 

 

 

Girls In Hawaii

Une nouvelle évasion très planifiée.

Écrit par

Il y a quatre ans, "From Here to There" se faisait une place dans les charts et les six Brainois de Girls In Hawaï étaient élevés au rang d'espoir du rock belge. Ils étaient pop, ils étaient peps, ils reviennent aujourd'hui avec "Plan your escape", un album qui se veut moins instantané et plus sombre. Un temps d'attente long pour les fans, synonyme d'éternité dans les propos du groupe qui se revendique d'une maturité nouvelle, d'un regard radicalement neuf.  La légèreté ne peut-elle côtoyer l'âge adulte? Faut-il la renier pour ‘grandir’ artistiquement? Analyse du nouvel opus et de sa gestation difficile en compagnie de Denis Wielemans le, batteur du sextet.

Quatre ans sans nouveauté, c'est un pari risqué pour un jeune groupe... 

La tournée a été très très longue. Elle a compté de nombreuses dates en Europe et aux Etats Unis et surtout des sorties étalées. Puis on a tardé avant de se remettre à l'écriture. Je pense qu'on avait besoin de calme, de retrouver notre quotidien à Bruxelles, de renouer avec l'anonymat et un rythme qui nous ressemblait plus. Il fallait trouver le moment intéressant, un propos pertinent. On ne voulait pas se sentir obligés de sortir un disque tous les deux ans. Cette cadence est la norme pour les maisons de disques, ce n’est pas la nôtre.

Besoin de temps... d'isolement aussi?

Oui, on est allés dans les Ardennes, dans une petite maison à l'écart de tout. Sans internet, sans portable et on a pu avancer. On est tous des citadins mais on a trouvé du calme, une plénitude, un isolement dont on avait besoin. Se retrouver seuls, en pleine forêt pour faire avancer le projet. C'était une solution qui nous convenait alors on y est partis six ou sept fois, pour des séjours de deux à trois semaines. Et on a eu la chance que Jean (NDR : Jean Lamoot, également producteur de Bashung) soit rentré dans notre jeu. Il a régulièrement partagé notre isolement. C’était important de pouvoir travailler avec quelqu'un qui soit prêt à épouser nos habitudes.

Ce deuxième opus est radicalement différent du premier. Une évolution inévitable?

On a vieilli. On voulait briser les codes du premier disque qui était une espèce de carte postale du moment. C'était un album de fans, une compile de fin d'adolescence, un hommage à ce qu'on avait écouté. C'était très pop, très court. Là le contexte est différent. Antoine (NDR : chanteur et parolier) approche la trentaine. On voulait du plus complexe. Quelque chose de plus alambiqué. Quand tu te sens vieillir, tu portes un regard plus pessimiste sur les événements. Je pense qu’elle est inévitable, oui. Tu as une approche plus terre à terre, moins joyeuse. Tu sors d'un rapport immédiat au quotidien. C'est ce qu'on voulait faire transparaître : notre évolution.

Le concept ‘bande de potes’ survit-il au passage à l'âge adulte?

Il fonctionne plus que jamais. On a tous des hauts et des bas mais jamais en même temps. Ce qui permet de toujours porter le projet. On a surmonté des périodes de doutes, de blocage. Humainement, ces épreuves nous ont renforcés en tant que groupe.  

Vous avez vraiment envisagé de tout arrêter?

Durant une période... oui!

Mais pour faire quoi?

C'était un peu le problème et la solution. C'est parfois tellement dur que tu te demandes pourquoi tu fais ça. C'est beaucoup de stress mais tu connais le plaisir que tu prends quand tu fais de la musique. Un plaisir que tu n'arrives pas à retrouver ailleurs. Il y a la volonté permanente de retrouver cette satisfaction, de composer des trucs qui te font planer. Tu es dans la perpétuelle attente de la surprise, du plaisir, tu veux être à nouveau amusé... C'est tellement fort que tu veux à tout prix le retrouver. En fait, c'était impossible de tout lâcher!

Les doutes semblent vous avoir poursuivis, jusqu'à retirer deux titres de l'album à la veille de la mise en presse...

Paradoxalement je pense que cette décision nous a rassurés. C'était impulsif, c'est sûr, mais on avait besoin de se sentir libre. D'avoir un rapport décomplexé au disque. Ce n'est pas le Graal! En opérant ce retrait, on avait juste envie de se dire qu'on était peut-être en train de faire une connerie mais qu'on s'en foutait... Puis dans la première version, on avait tout mis. C'était la playlist de tout ce qu'on aimait. C'était trop long. On voulait du moins bavard, du plus condensé. On a, par exemple, ôté un morceau qui était plus abrasif, plus dans la lignée de ce qu'on avait fait sur le premier. Je pense qu'on l'avait retenu parce qu'il nous rassurait. Et puis avec le recul, on a analysé, et on a décidé d'assumer cette nouvelle part de nous, ce qu'on était devenus. Le disque est plus cohérent sans ces deux titres. Mais, ils ne sont pas perdus pour autant, car on les adore et on les jouera en concert. Et puis on les placera sur le site. Les morceaux finissent toujours par avoir une histoire...

A l'heure de la sortie, vous êtes apaisés?

Oui, il y a eu énormément d'angoisses durant le processus de création mais maintenant c'est du passé. L'avis des gens, bien sûr, est important. Mais à la base, la conception d'un album, c'est vraiment égoïste. Tu as juste envie de te faire trouver, de te faire plaisir. Cette pression est derrière maintenant et je suis satisfait du résultat. En plus les premiers échos sont positifs. On a été agréablement surpris. Les gens semblent avoir compris notre démarche.

Triggerfinger

Apparemment simple, mais pas simple du tout...

Écrit par

Triggerfinger est un trio issu du Nord de la Belgique, qui possède une réputation d’enfer sur les planches. Lors de l’édition 2007 du festival de Dour, il avait d’ailleurs cassé la baraque. Et pourtant, leur musique est fondamentalement basique. Du rock qui s’inspire d’incontournables formations classiques comme les Stones, Led Zeppelin, AC/DC, Deep Purple, ZZ Top ou encore le Creedence Clearwater Revival et inévitablement de grands guitaristes de blues. Fondée en 1998, la formation avait enregistré un album éponyme en 2004. Son premier. Le groupe anversois vient de sortir son deuxième : « What’s grab ya ? ». Pour la circonstance, le bassiste (Monsieur Paul) et le chanteur/guitariste (Ruben Block) consacraient une journée aux interviews. Ils l’ont déclinée en français, surtout. En anglais, parfois. Et en néerlandais, circonstanciellement. Un entretien fort agréable, au cours duquel nos deux interlocuteurs ont souvent joint le geste à la parole.

Mais tout d’abord, essayons de comprendre pourquoi il a fallu trois personnes pour mettre en forme l’opus : Filip Goris, Jo Francken et Fred Kevorkian. C’est Monsieur Paul qui nous éclaire : « Pour mettre les choses au point, Filip Goris et Jo Franken sont respectivement l’ingénieur du son et le producteur. Quand à Fred Kevorkian, il s’est chargé de la masterisation. C’est un New-yorkais qui a vécu toute une époque à Paris. Nous avons enregistré les bandes au Red Tape Studios. A trois. Bon, c’est vrai que j’aurais pu assurer cette production. Et Filip, mon compagnon de studio, également. Mais je joue au sein de Triggerfinger, et Filip nous connaît trop bien. Or nous souhaitions bénéficier d’un avis extérieur sur notre création. C’est la raison pour laquelle on a demandé à Jo Francken d’accomplir cette tâche. Et le mixing a été opéré aux studios Galaxy à Mol. Pour Fred, c’est une autre histoire. En fait, notre batteur, Mario, a participé à l’enregistrement de l’album de Black Box Revelation. Il l’a produit et apporte également son concours aux drums. Le disque a été mixé aux States et masterisé par Kevorkian. C’est une des raisons pour lesquelles on s’est déplacé là-bas… » Ruben enchaîne : « En fait, normalement nous devions nous rendre à Vilvorde pour réaliser ce mastering ; mais les locaux étaient alors occupés. En outre, nous avions beaucoup tourné, au cours des dernières années ; et nous avions envie de prendre quelques jours de répit. Nous sommes donc partis à New York. » Paul embraie : « Nous nous pointions de temps en temps en studio pour acquiescer ou réfuter ses choix. Et pour le reste on a fait du tourisme. Ce n’est pas parce que c’était mieux de nous envoler là-bas, mais simplement, parce que les circonstances on dicté ce choix… »

On entre donc dans le vif du sujet : les compos de l’album. Mais pourquoi avoir choisi la chanson ‘What’s grab ya ?’ comme titre de l’elpee ? Ruben s’explique : « Ce titre représente quelque chose de très important pour moi. Lorsque j’écoute de la musique, mais aussi dans la vie en général, je suis constamment à la recherche de sensations qui m’agrippent (il saisit son poignet droit de la main gauche), me passionnent, me dévorent… Je souhaite les vivre le plus intensément possible. Même lorsque je sors avec ma copine ou encore quand je vais voir un film. C’est un peu comme si j’avais des oreilles dans le cou. Je pense que ce titre correspond le mieux au message que nous voulions faire passer. » Monsieur Paul exhibe la pochette de l’album : « Et l’image n’est pas explicite. Elle suggère. C’est ‘kapoen’ (NDR : coquin), mais dans le bon sens du terme… »

L’album affiche de multiples références aux groupes mythiques des seventies. Le Led Zeppelin en tête. ‘Lines’ pourrait même devenir leur ‘Since I’ve been lovin’ you’. Et tout au long de ‘Is it’, on a envie de taper du pied comme quand on écoute un morceau de ZZ Top. Paul partage totalement mon point de vue. Mais il nuance : « Ce n’est pourtant pas le but. C’est arrivé par hasard. Certains ont même rapporté que cette compo leur rappelait Status Quo. A cause des riffs de guitare. C’est la dernière chose à laquelle je pensais. Personnellement, j’estime que le morceau évoque davantage Bad Company, le Free et même Humble Pie… » Par contre ‘First taste’ et ‘Halfway town’ se révèlent paradoxalement simples et complexes. En fait, c’est la gestation de ces compos qui a été difficile. Et lorsque je les écoute, les spectres de Mark Lanegan (Screamin’ Trees) ou de Jeff Martyn (Tea Party) traversent mon esprit. Avis que ne partagent pas les deux compères. Monsieur Paul est perplexe : « Je ne vois pas très bien où se trouve la similitude. En ce qui concerne ‘First taste’, on y recèle plusieurs influences rythmiques. Dont celle de Kiss. Mais si notre tempo est plus rapide, il laisse de la place au chant (NDR : il fredonne ‘I was made for loving you’). La voix rappelle plutôt Ian Gillan (NDR : le chanteur de Deep Purple). Pendant le refrain surtout, même si ce n’est pas encore ‘Child in time’ » Ruben vocalise avant de reprendre le crachoir : « Mais c’était inconscient. C’est simplement un ressenti dans la musique. Cette chanson a eu différents refrains avant qu’on ne choisisse le définitif. Mario était satisfait du résultat ; mais j’estimais qu’il y avait moyen de trouver mieux ! Et subitement, l’inspiration et apparue. Et j’ai crié ‘wouaaaahh’. » Monsieur Paul reprend : « Pourtant ce refrain épouse la forme la plus rudimentaire qui puisse exister. C’est une peu comme ‘Be-bop-a-lula she's my baby’. Cela ne veut rien dire, mais tout le monde comprend. » Ruben tente une métaphore : « Et ça gèle dans ma tête avec le reste des mots. C’est complémentaire » Paul revient sur cet épisode : « En fait, au départ, le morceau baignait plutôt dans le country rock. Nous l’avions répété à plusieurs reprises, mais Ruben ne semblait pas convaincu. Et lors de l’enregistrement, il s’est arrêté au beau milieu de son interprétation, en clamant : ‘Ce n’est pas nous !’ Et je lui ai demandé ce qu’on allait faire maintenant. Et il m’a répondu, oublions-le et on recommence tout. Pense à quelque chose d’autre. Il a gratté quelques accords, on a répété cinq ou six fois et soudainement, en deux temps trois mouvements, il était terminé. Sauf les textes. Mais non, la chanson ne me fait penser à rien d’autre qu’à du Triggerfinger. Encore qu’elle baigne au sein d’un climat bizarre, un peu comme dans ‘Pulp fiction’ de David Lynch… Et j’aime bien le disque, parce qu’il paraît très simple ; cependant, je t’assure, ce n’est pas du tout simple… »

L’opus recèle une seule cover : le ‘No Teasin around’ de Billy ‘The Kid’ Emerson. Ruben l’interprète seul. Il la chante en s’accompagnant à la guitare. Un enregistrement qui a son histoire. Il confirme : « Je l’ai enregistré au croisement de deux couloirs, dans l’immeuble qui abrite le studio. En fait, je répétais entre les prises de son, à cet endroit. Sans amplification. Un peu par hasard. Et je me suis rendu compte que l’acoustique était excellente. Donc on a décidé de l’enregistrer à cet endroit. On a transporté le matos : mon ampli, une guitare semi-acoustique, des micros dont un pour mettre avant la guitare et un autre plus sensible pour capter l’atmosphère de la pièce, des couloirs. Et le résultat était stupéfiant. » Paul y va de son commentaire : « Tu entends même l’onglet glisser sur les cordes… » A ce sujet, Ruben est-il constamment à la recherche du riff parfait ? Il réagit : « On a travaillé dur à chercher des éléments qui collent aux compos. Parfois, il est difficile de mettre toutes tes bonnes idées dans le même panier. Parce que si le riff est trop compliqué (il mime), les drums (il mime encore) doivent suivre. Et parfois, c’est ‘too much’ ! J’aime les riffs simples, pas trop sophistiqués et qui collent bien au morceau. Et c’est ce que nous avons essayé de réaliser : créer de bonnes chansons tout en incorporant l’ensemble des instruments du groupe. » Monsieur Paul témoigne : « En outre, il ne faut pas oublier que nous disposons d’un excellent drummer ; et à l’instar des groupes du passé, nous lui donnons également droit au chapitre. C’est notre John Bonham ! » Ruben approuve : « Mario est incontestablement le meilleur batteur en Belgique. Il est important de lui réserver régulièrement de l’espace pour qu’il puisse s’exprimer. Lorsque c’est son tour à se mettre en évidence, on se confine dans la simplicité. Et les deux autres musiciens adoptent cette règle, lorsque c’est la guitare qui se libère ; mais il est important de le faire… »

Finalement, le groupe n’aurait-il pas préféré vivre au beau milieu des seventies ? C’est Monsieur Paul qui prend la parole : « J’ai vécu cette époque. Tu sais, j’ai cinquante balais. J’ai joué au sein d’une multitude de groupes ; mais non, je ne veux pas replonger dans cet univers. C’était trop difficile. Et puis on ne se rendait pas compte des conséquences de notre mode de vie. Il y avait de la drogue partout, personne ne nous disait qu’elle était dangereuse pour notre santé. Or, on en consommait régulièrement. Je l’avoue, parce que je suis encore en vie ; mais j’ai plein d’amis qui ne sont plus de ce monde à cause de cette addiction... En plus, il y a aussi l’aspect technique. As-tu connu ‘Jazz Bilzen ? (NDR : je lui réponds par l’affirmative, puisque j’y ai assisté en 1971). J’y suis allé chaque année. Le matériel de sonorisation qui est aux halles de Schaerbeek, c’est la sono originale de ce festival. La première fois que je me suis rendu à Bilzen, j’avais été impressionné par les haut-parleurs qui crachaient la musique en stéréo (rires). Mais aujourd’hui, si on utilise à nouveau ce type de matériel, tu vas te boucher les oreilles. J’en suis sûr. Mais à l’époque… Depuis, tout a évolué… » Et Ruben d’avouer : « La seul chose que j’aurais voulu vivre, ce sont les concerts de Led Zeppelin, de Deep Purple, du Jimi Hendrix et du Who. Ce sont les seuls regrets que je puisse émettre, en pensant à cette époque… » C’est sans doute la raison pour laquelle Triggerfinger aime les reprises. Et est parvenu à faire de celle du ‘Commotion’ de Creedence Clearwater Revival, son cheval de bataille en ‘live’. Le combo envisage même d’en proposer de nouvelles. Mais uniquement pour les jouer sur scène. Dont des ‘medleys’. A suivre donc… 

Triggerfinger rallie les suffrages des métalleux. Stéphane, notre spécialiste en la matière, se demande si la formation estime être sur la même longueur d’ondes que des groupes comme Southern Voodoo et Cowboy & Aliens ; et si le trio a l’impression d’appartenir à une même nouvelle scène hard rock belge. La question méritait donc d’être posée. Monsieur Paul prend la parole : « Nous connaissons bien les musiciens de Cowboy & Aliens » Et Ruben de remettre les pendules à l’heure : « Mais nous sommes plus rock’n roll que hard rock, je crois. Plus sexy aussi. Dans l’esprit de Chuck Berry. Et pas seulement dans les riffs, mais aussi dans les lyrics. » Monsieur Paul commente : « Triggerfinger existe depuis dix ans, maintenant. Et je suis le plus jeune. (rires) Non enfin, le dernier arrivé, puisque j’ai rejoint le line up, il y a 5 ans. Mario et Ruben y militent depuis les débuts. J’ai connu le groupe impliquant un autre bassiste. Et ce qui me plait le plus chez Triggerfiner, c’est son côté rock’n roll. Un peu de volume, un peu de technique, mais surtout de l’atmosphère. J’aime bien les gars de Cowboy & Aliens, mais je ne crois pas que nous alimentions le même créneau. Il existe des tas de groupe de métal, dont j’écoute les disques dans ma voiture. Mais nous ne sommes pas un groupe de métal ». Ruben raconte : « Lors d’une édition du festival Graspop, j’avais constaté que tout au long du festival, les mecs chevelus, tatoués sur les biceps, s’agglutinaient sur le devant de la scène. Mais lorsque nous avons commencé à jouer, ils se sont tous retirés au bar, à l’arrière ; et leurs copines se sont toutes ruées vers le podium. C’est là que se situe la différence. » Paul nuance : « Ce qui ne veut pas dire que tu dois nécessairement être jolie pour aimer notre musique. Il y a du sexe chez James Brown. Et comme chez lui, notre musique incite à se bouger le cul. » Et Ruben de s’interroger : « Est-il possible de ne pas être trop explicite dans les mots ? Simplement être un peu sensuel, mais pas trop. Un érotisme qui permet de deviner les charmes et de ne pas tout dévoiler. » Paul enchaîne : « C’est ce qu’on aime. Cette tension suggestive, comme chez David Lynch. »

Une chose est sûre, ils aiment les White Stripes. Ruben concède : « Absolument ! Autant les White Stripes que les Raconteurs. Tout ce qui tourne autour de Jack White. C’est un musicien remarquable. » Mais l’artiste auquel ils vouent la plus grande admiration, c’est Howlin’ Wolf ! Cette fascination est même partagée. Paul est le premier à se confier : « Pour moi c’est un maître. Et pour Ruben, aussi. Vraiment. C’est un fil rouge dans notre vie. Parce que c’est un tout grand. Pas seulement comme artiste. Un colosse aussi. Un sanguin auquel, il valait mieux ne pas se frotter, quand il avait bu un whiskey de trop. Contradictoire, mais qui savait ce qu’il voulait. Très structuré aussi. Un business man avec lequel il fallait se lever tôt pour le rouler. Il a un jour déclaré qu’il ne voulait pas signer sur un label, parce que c’était toujours source de problèmes. Je l’ai rencontré un jour. Enfin, sans le savoir. J’étais en compagnie de Roland (NDR : Roland Van Campenhout, un artiste belge notoire dans le domaine du blues). Nous devions assister au concert de Howlin’ Wolf, à la salle Reine Elisabeth de Bruxelles, mais nous sommes restés en rade au bar. Bref, nous étions un peu éméchés, quand soudain, un type de grande taille, de couleur noire, les yeux rouges, vêtu d’un costard, nous demande l’entrée de la salle. Je lui ai indiqué la route, mais je n’aurais pas osé le contrarier. Roland n’a pas dit un mot. Il était pétrifié. Quand le gars est parti, je lui ai demandé, ce qu’il avait. Et Roland m’a répondu : ‘Tu ne l’as pas reconnu, mais c’est Howlin’ Wolf’. Ben, non, je ne l’avais pas reconnu, mais rien qu’en le croisant, il m’avait déjà impressionné. » Ruben en remet une couche : « Pour moi, c’est le plus grand. Le king ! Il avait une voix comme un amplificateur de guitare » Monsieur Paul précise : « Avec des lampes ! ». Et Ruben de conclure : « Tu vois, quand tu m’en parles (NDR : il me montre ses bras), j’en ai la chair de poule…

(Photo : Koen Bauters) 

 

Rogue Wave

L’esprit de groupe

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Rogue Wave est une formation californienne (NDR : d’Oakland, très exactement) fondée en 2002, par Zach Schwartz. A l’origine, c’était même son projet personnel. Il avait ainsi enregistré son premier elpee, intitulé « Out of the Shadow », en solo. Mais se rendant compte rapidement que son entreprise allait droit à l’échec, il s’est alors entouré de trois collaborateurs : Pat Spurgeon (drums), Gram LeBron (guitariste, claviériste, ingénieur du son) et la bassiste Sonya Westcott. Elle cèdera ensuite le relais à Evan Farrell, en 2004 ; mais suite au décès de ce dernier, survenu en 2007, il a été remplacé par l’ex-Beulah, Patrick Abernethy. Des épreuves, le groupe en d’ailleurs traversées toute une série. Ainsi, Spurgeon a subi une transplantation rénale, l’an dernier ; Gram a perdu son père, Zach, sa mère (NDR : heureusement, il fêté la naissance de sa fille) et quinze jours après le début des sessions d’enregistrement du troisième opus (‘Asleep at heaven’s gate’), les bandes ont été malencontreusement endommagées. Ce qui ne les a pas découragés. Le quatuor semble même plus soudé que jamais. C’est Gram qui se charge de l’entretien…

« Effectivement, les bandes ont été abîmées, deux semaines après le début des sessions d’enregistrement. En fait, c’est la machine qui a cramé. On a donc décidé d’affronter les problèmes au jour le jour. De faire face aux événements. Tout en continuant à travailler. Afin de jouer notre musique. C’est aussi l’avantage d’appartenir à un groupe, de se soutenir mutuellement… »

‘Asleep at heaven’s gate’ est paru en Amérique, l’an dernier ; et il n’est sorti officiellement en Belgique que ce 22 février. Un disque pour lequel la formation a reçu le concours de Roger Moutenot à la production, un personnage responsable de la mise en forme d’albums de Yo La Tengo, Sleater Kinney et Elvis Costello, notamment. Sachant que Gram est également ingénieur du son, il était intéressant de savoir comment s’était déroulée leur collaboration. « Il s’est beaucoup investi pour notre projet. Il a même joué de la guitare sur certains morceaux. Et puis, nous avons énormément bossé sur les overdubs ensemble. J’ai servi, en quelque sorte, d’ingénieur du son pour lui. Il s’était déplacé de Nashville pour nous conseiller. Et nous avons travaillé en studio pendant deux mois. Il m’a révélé des techniques que je ne connaissais pas et m’a filé de nombreux tuyaux pour être plus performant. Ce serait un grand plaisir de faire à nouveau équipe avec lui… » Mais comment se déroule le processus de composition des chansons chez Rogue Wave ? A contrario des deux premiers elpees, Zach semble s’être davantage ouvert aux idées des autres membres du groupe. Pas pour les lyrics, on suppose…  « Zach a écrit la plupart des chansons. Par contre, tout le band a contribué aux arrangements et nous avons pu donner notre avis sur la construction des différents morceaux. Mais, c’est Zach qui est le principal songwriter. En fait, c’est un oiseau de nuit. C’est une période de la journée idéale pour lui, quand il veut créer. Et le lendemain matin, il nous invite à partager ses découvertes… »

Lors des sessions d’enregistrement, une panoplie d’instruments a été utilisée. Plus de 150 ! Partagée entre une multitude de guests. Une des plages implique même 30 musiciens différents, outre le combo. Ce qui méritait une explication : « Effectivement, beaucoup de monde a coopéré à la confection de notre disque. Je suis occupé de lire un bouquin consacré à Geoff Emerick (*). Il a été ingénieur du son pour les Beatles. Il tirait parti d’un maximum d’instruments. Et notamment acoustiques. Les musiciens jammaient ensemble. Et on les filmait pour analyser le résultat obtenu. » C’est ce qui explique sans doute que certaines compos d’‘Asleep at heaven’s gate’, et en particulier ‘Lullaby’ ainsi que ‘Cheaper than therapy’, réverbèrent des sonorités fort proches de celle des Fab Four. Manifestement puisées sur ‘Abbey road’ et ‘Sgt Peppers’. Gram précise : « Les chansons que tu viens de citer, certainement. Et font référence à ‘Sgt Pepper’s’. Tu sais pour nous, les albums des Beatles sont des encyclopédies. Elles nous aident à progresser. Et on y a recours quand c’est nécessaire ; parce qu’on y trouve toujours quelque chose à apprendre… » Le combo a également utilisé des tas de claviers. Parfois vintage, dans l’esprit de Todd Rundgren ou encore des eighties. On a même parfois l’impression que le groupe s’est aventuré dans le domaine de l’électronique. Gram confirme : « Nous avons employé des tas de claviers. En fait, lorsqu’on est arrivé en studio, il y avait un mellotron. Et comme on adore toucher à tout, on l’a testé. Et même intégré. Il y avait également un enregistreur 4 pistes. Ce n’était pas l’objectif de reproduire des sonorités eighties ; mais on s’est dit que ce serait un plus. On a beaucoup expérimenté. Quand on enregistre, on fourgue le max de trucs ; et puis on enlève ce qui ne nous plaît pas. Et là, on l’a conservé. Ce qui explique ta remarque. Très pertinente, mais j’avais totalement perdu de vue cet épisode… »

Pour en revenir aux invités, Matthew Caws (NDR : le chanteur/compositeur/guitariste de Nada Surf) et John Vanderslice (NDR : ex-mk Ultra, ce musicien a fondé un groupe sous son propre patronyme) ont apporté leur concours aux vocaux. Apparemment de bons amis. Gram confirme : « A cette époque, Matthew bossait sur leur nouvel album, à New York. On lui a envoyé les bandes. C’est un type qui compte beaucoup pour nous. On tourne d’ailleurs en leur compagnie. Il a donc donné son avis sur certaines harmonies vocales. Et en a ajoutées. John était à San Francisco, près de chez nous. On l’a invité à participer aux sessions ; et il a débarqué en quatrième vitesse. » On comprend mieux ainsi pourquoi, les harmonies vocales de leur troisième opus sont aussi soignées. Parfois, elles me rappellent même Simon & Gardfunkel (‘Like I needed’) voire Crosby Stills & Nash (‘Lake Michigan’, ‘Missed’). C’est dire ! Encore que parfois le timbre de Zach semble fort proche de Robert Pollard (NDR : leader du défunt Guided By Voices). Rogue Wave serait-il ‘Guided By Voices’ ? (NDR : traduisez littéralement ‘guidé par les voix’). Gram semble surpris et ravi en même tempsde ma remarque : « (rires) Guided By voices ? On les connaît très bien. Nous avons fréquenté la même université ; et nous y avons parfois partagé la même scène… Pour le reste, on ne peut nier ces influences. Tu peux même y ajouter Neil Young. Nous en sommes des fans. Non, ces comparaisons ne me vexent pas et je les prends pour un compliment. »

Rogue Wave avait sorti ses deux premiers opus chez Sub Pop. ‘Asleep at heaven’s gate’ est paru chez Brushfire et bénéficie d’une distribution via Universal. Pourquoi ce changement de label ? Gram s’explique : « Nous avions signé un contrat pour réaliser deux albums pour Sup Pop. Nous avions d’autres offres. Or, Sub Pop n’a jamais cherché à garder le contact. En fait, des tas d’amis de Zach nous ont ouvert des portes pour gravir les échelons. Progressivement. Ce qui nous a permis de décrocher ce deal. »

Une des chansons de l’album résume bien l’esprit de groupe des musiciens : ‘Cheaper than therapy’ (NDR : ‘la musique est meilleur marché que la thérapie’). Et Gram confirme : « Cette chanson a été écrite, un peu sous la forme d’une boutade. Nous avons tous perdu des parents proches au cours des dernières années. Et le fait de jouer au sein d’un groupe, d’être ensemble, nous permet de surmonter ces épreuves. Cette chanson a été inspirée par le décès de la mère de Zach. »

Merci à Vincent Devos

 

 

(*)Né en 1946, Geoff Emerick est un ingénieur du son particulièrement connu pour son travail accompli en compagnie des Beatles sur les elpees ‘Revolver’, ‘Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band’, ‘The Beatles’ et ‘Abbey Road’.’Revolver’ a été le premier album sur lequel il a travaillé, et ‘Tomorrow Never Knows’ la première chanson. A l’instar de George Martin, le producteur des Beatles, Geoff Emerick a pris une part de risques et d'expérimentations dans sa profession. En plus de son travail de fond auprès les Beatles, il a également mis en forme des albums de Paul McCartney et les Wings (‘Band on the Run’), des Zombies (‘Odessey & Oracle’), Badfinger (‘No Dice’), Elvis Costello (‘Imperial Bedroom’, ‘All This Useless Beauty’), et Nellie McKay (‘Get Away From Me’) – source Wikipédia)

 

 

Savalas

Ne pas se contenter du fromage…

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Savalas est un trio fondé par le bassiste Diederik Luyckx, le chanteur/guitariste Jan Roelkens et le claviériste David Poltrock. Ce dernier a longtemps milité chez Hooverphonic et rêvait un jour pouvoir exploiter ses propres compositions. Eponyme, leur premier opus paraît en 2006. Il recèle un single particulièrement efficace : ‘Today’. A l’époque, la presse parle de pop tourmentée et de mélodies touchantes dans la veine de Keane ou de Tom McRae. Ce disque va rencontrer un certain succès en Allemagne et en Hollande et leur permettra également de participer à quelques festivals d’envergure. Le combo ne compte pas en rester à ce stade et décide de travailler sur les compos d’un deuxième elpee. Et c’est dans ce cadre de la sortie de cet ‘Exercise and Karma drills’, que nous avons rencontré Jan Roelkens. C’est avec gentillesse qu’il répond à nos questions dans un français parfait. 

Mais revenons tout d’abord sur le patronyme de ce groupe flamand : Savalas. En fait, le band a choisi ce nom en hommage à Telly Savalas. Né le 21 janvier 1924 à Garden City (État de New York) et mort le 22 janvier 1994 à Universal City (Californie), Telly Savalas était un acteur américain d'origine grecque. Il est principalement connu pour avoir interprété le rôle principal dans la série Kojak, ainsi que celui d’Ernst Stavro Blofeld dans le film de James Bond, ‘Au service secret de Sa Majesté’. 

Savalas est une formation née aux hasards de rencontres de studio. David Poltrock, avait terminé les chansons d’un album et cherchait des musiciens. « Ma voix a plu tout de suite », nous confie Jan Roelkens, le chanteur et guitariste du groupe. La sauce prend directement et leur morceau ‘Today’ déroche un hit sur les ondes belges et étrangères. Ils commencent à écumer les concerts (NDR : notamment au Botanique à Bruxelles et au Handelsbeurs à Gand) ; mais également les festivals un peu partout en Europe. Dont plusieurs réputés en Flandre : Marktrock, Suikerrock, Maanrock. Jan garde d’ailleurs un souvenir particulier du Marktrock à Leuven : « On a eu une malchance incroyable. Il n’a pas arrêté de pleuvoir. On attendait normalement entre 2000 et 3000 personnes mais à cause des intempéries, on a du se contenter de jouer devant 300 courageux qui avaient bravé la pluie pour nous assister à notre prestation. »

Leurs chansons tapent dans l’oreille de la laiterie batave ‘Campina’, qui souhaite s’en servir pour lancer une campagne publicitaire vantant leur nouveau fromage. Jan sourit : « Cette opération nous a vraiment ouvert des portes aux Pays-Bas. C’était drôle et il ne fallait rien faire. Puis, c’était chouette de nous entendre à la télévision ». Sans oublier que cette campagne de pub leur a apporté un paquet de royalties, plus qu’appréciable. En outre, leur musique a bénéficié d’un coup de pouce inattendu, puisque cet opus a été diffusé à bord des vols réguliers de la Swiss Airlines ainsi que des lignes aériennes internationales sud-africaines. De quoi leur donner des ailes (NDR : rien à voir avec cette boisson énergisante bien connue). Malheureusement, l’album ne rencontrera que peu de succès en Belgique. 

Pour la réalisation de leur second essai, le groupe Savalas s’est enfermé dans un chalet en Ardennes et n’en est ressorti qu’une fois leur ‘Exercise and Karma drills’ bouclé. « Cet album est vraiment différent. Pour ‘Exercise and Karma drills’, on est parti de rien et on a réussi à réaliser quelque chose de plus pur », précise Jan, heureux mais un peu nerveux par cette sortie.

A l’instar de leur premier elpee, le drummer de Triggerfinger Mario Goossens (NDR : une interview consacrée au trio anversois, vient d’être publiée dans Musiczine, suite à la sortie de leur second opus, ‘What grabs ya’’) est venu leur filer un coup de main. Une fameuse aubaine, quand on sait que Mario est considéré comme le meilleur batteur en Belgique.

(Photo : Thomas Verfaille)

 

The Teenagers

Obsessions adolescentes

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Quentin Delafon, Dorian Dumont et Michael Szpiner, alias The Teenagers, se confrontent à la réalité d’une carrière décollant sur les chapeaux de roues. Ils remixent les plus grands, recueillent les éloges du NME et accouchent de leur premier bébé, « Reality Check ». Les Teenagers ne sont manifestement plus des enfants.

Les Teenagers, est-ce une histoire d’amour adolescente ou celle d’une relation durable ?

Dorian : On s’est rencontré à l’école. Quentin et moi, nous côtoyions depuis plus de dix ans. Quant à Michael, je le connais depuis plus ou moins quinze ans. Nous n’avions jamais partagé d’expérience musicale auparavant. Mais en 2005, à Noël, on a composé une chanson pour rigoler. Dans la foulée, la même nuit, notre Myspace était créé et cette chanson y était proposée en écoute. Ensuite, nous sommes retournés à nos occupations pendant six mois. L’idée de monter un groupe était en gestation ; puis, en juin 2006, on a composé « Homecoming ». Et tout a commencé. Quelques labels nous ont contactés et The Teenagers est devenu est un vrai groupe.

Dans les textes, on retrouve beaucoup de préoccupations adolescentes. Le nom du groupe reflète-t-il votre état d’esprit lorsque vous composez ?

D. : On est à un âge où l’on ne sait pas vraiment s’il faut grandir et devenir plus sérieux. On a plutôt penché pour l’autre option, celle de rester jeunes et de continuer à faire la fête. Nos textes viennent de préoccupations que l’on a aussi (rires). Ils sont arrivés sans que l’on ne doive se forcer.

La femme a une grande place dans « Reality Check ». Hormis Nicole Ritchie et Scarlett Johansson, que vous célébrez à votre manière, respectivement sur « Fuck Nicole » et « Starlett Johansson », quelles sont les femmes qui ont influencé vos textes ?

D. : - Ma maman. (rires)

Quentin : - Ma sœur.

D. : - On a effectivement écrit une chanson au sujet de Nicole Ritchie et une autre sur Scarlett Johansson ; mais je sais pas si les femmes, en général, ont vraiment influencé les textes…

Q. : - Les paroles de nos chansons pourraient être considérées comme misogynes, mais nous ne le sommes pas du tout. On est juste timides (rires). Je peux comprendre qu’il y ait une mésinterprétation, mais on est vraiment loin d’être misogynes.

« Homecoming » a été élu 4e meilleur single de 2007 dans le fameux magazine anglais NME. Vous attendiez-vous à un tel accueil en Grande Bretagne ?

D. : - Je suis content qu’on nous pose cette question, je l’ai attendue toute la journée ! Tout le monde s’en fout, apparemment ! (rires)

Q. : - Quand on a commencé, c’était vraiment pour s’amuser. Il n’y avait aucune attente. On était donc très surpris et super content de retrouver l’une de nos chansons dans le top 4 des meilleurs morceaux de l’année. On était juste avant ou après Rihanna, il me semble…

D. : - Avant !

Q. : - On a battu Rihanna et son parapluie !

D. : - Pas mal…

Q. : - Ouais. Le classement était un top 50. Quand on a regardé l’ensemble, on a tout de même constaté qu’il y avait pas mal de beau monde. C’était étrange de se voir en photo devant tous les groupes anglais qui avaient cartonné pendant l’année.

« Reality Check », est-ce votre propre confrontation à la réalité ? Un bilan de ce qui s’est passé pour vous ces derniers mois ?

D. : - Entre autres.

Q. : - Parce qu’on peut lui attribuer différentes significations. Mais la majorité des chansons sont basées sur l’imaginaire, le fantasme. C’était donc marrant d’avoir un disque qui s’intitule « Reality Check ».

D. : - Comme on le disait, au départ, The Teenagers n’était pas un véritable groupe. Juste trois mecs qui balançaient des chansons sur MySpace. Et là, on se retrouve chez un vrai label, responsable d’un véritable album qui va sortir partout dans le monde et à la veille de participer à de vraies tournées mondiales. Un dénouement qui pousse au questionnement. Tout ce qui arrive, c’est un peu notre ‘reality check’. Une confrontation avec notre nouvelle vie…

Vous vous êtes exilés en Grande Bretagne. Un choix artistique ?

Q. : - En fait, après mes études, j’ai vécu pendant trois ans en Angleterre parce que je ne savais pas trop quoi faire. Les autres sont restés à Paris. Entretemps, The Teenagers est né. Les deux autres se sont finalement décidés à venir me rejoindre. On n’a donc pas vraiment débarqué là-bas dans l’espoir que ça marche mieux pour nous.

D. : - Michael et moi y avons effectivement émigré pour des raisons pratiques. Le label, le tourneur et le manager du groupe sont domiciliés à Londres. De plus, The Teenagers a pas mal tourné l’année dernière en Grande Bretagne. C’était donc plus simple que les trois membres du groupe se retrouvent dans la même ville.

Musicalement, est-ce la vie parisienne ou votre aventure londonienne qui vous influence le plus ?

D. : - Je sais pas trop. The Teenagers n’appartient pas à une scène spécifique. Des chansons ont été composées à Paris et d’autres à Londres. Cette dernière est sans doute une ville où tu peux exprimer un peu plus aisément ta créativité. Hormis cette réserve, je pense qu’on exprimait déjà assez bien la nôtre à Paris. Il est vrai qu’à Londres, les gens ont moins honte de tenter des expériences. Mais on ne s’est jamais gêné chez nous, à Paris, de les entreprendre. Le déménagement n’a pas vraiment changé grand-chose.

Et vos influences artistiques ?

D. : - Elles sont très larges. Elles vont de Jacques Lu Cont (NDR : Les Rythmes Digitales), aux Strokes en passant par Britney Spears. On est aussi bien influencés par des groupes indés que d’autres plus électroniques. Et également par tout ce qui est ‘mainstream’.

Vous avez remixé Au revoir Simone, Chromeo, Air, ou encore Simian Mobile Disco. D’autres projets de remixes ou de simples collaborations en vue ?

D. : - Pas pour le moment. Terminer notre album était une priorité qui nous semblait beaucoup plus importante qu’une collaboration. Aujourd’hui, tout le monde cherche des ‘featurings’ pour vendre des disques. The Teenagers n’a jamais vraiment bataillé pour obtenir des collaborations. Elles arrivent plutôt naturellement. Quant aux remixes, nous avons reçu beaucoup plus de sollicitations que nous n’avons proposé d’offres. Parfois, il arrive que des artistes demandent à leur label de les mettre en contact avec d’autres artistes. D’autres fois, ce sont juste les maisons de disques qui effectuent la démarche.

Q. : - Cependant, bosser en compagnie de Jacques Lu Cont ne nous déplairait certainement pas.

Vous venez de terminer une tournée aux Etats-Unis, quel bilan tirez-vous de cette aventure ?

Q. : - C’était ‘ouf’ ! ‘C’est la folie’ ! (chantant un extrait de « Streets Of Paris »)

D. : - On a vécu trois semaines dingues. Je rêvais d’y aller. Et le fait que le séjour se soit bien passé n’a rien gâché. Le groupe s’est produit dans des salles qui pouvaient accueillir entre 400 et 600 personnes. La moitié des concerts étaient sold-out. En sachant que l’album n’était même pas encore sorti, le bilan est tout simplement : ‘génial !’.

Des rencontres artistiques intéressantes ?

D. : -  Non, pas vraiment. Juste les gens du label.

Q. : - Il faut avouer que les groupes programmé en première partie étaient assez miteux. Nous n’étions pas du tout sur la même longueur d’ondes. A Los Angeles par contre, on a découvert deux groupes assez bien et on est descendu les voir. Rien d’autre.

Pour finir, dans le morceau « Steets of Paris », vous chantez ‘Les rues de Paris, c’est la folie’. Quelle est l’histoire la plus folle qui vous est arrivé en Ile de France ?

Q. et D. (en chœur) : - La nuit où on s’est fait agresser à Paris.

Q. : - On a du courir vite. Si on n’avait pas pris nos jambes à notre cou, on se serait bien fait castagné, je pense. « Streets Of Paris » est en fait la seule chanson autobiographique de l’album.

D. : - Sinon en Grande Bretagne, c’est plus palpitant. Il s’y passe des aventures qui ne se produiraient pas à Paris. A Londres, tu ne sais jamais où, quand et comment la fête s’arrêtera…

 
Album : « Reality Check », sortie le 14-03-2008 (XL Recordings / Merock / V2)

Concert : Les Nuits Botanique, 17-05-2008

 

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Je n’écoute pas mes chansons, je les crée…

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Echange de quelques mots en compagnie du chanteur Jason Merritt à l’occasion de la sortie du dernier opus de Timesbold. Encore largement méconnu, c’est le genre de groupe que l’on espère pourtant ne jamais voir grimper aux sommets des hit-parades. On veut juste le garder pour soi, brandir fièrement ses albums comme si on en était le géniteur et surtout, surtout, ne pas se perdre dans un Foret National pour aller l’écouter. Petit tête-à-tête avec un tout grand…

D’où vient le nom de Timesbold?

C’est suite à un contretemps fortuit survenu dans une usine d’autocollants. Il fallait d’abord choisir la police et le caractère des lettres que nous souhaitions. Mais la machine s’est détraquée et les mots ‘times’ et ‘bold’ sont apparus partout. Alors on a gardé ce nom.

Pourquoi une telle pochette?

J’ai rêvé d’une ville gelée. Tous ses habitants aussi étaient gelés. Seul un coq hurlait à tue-tête pour essayer de les réveiller. Ensuite, un ami a peint la scène.

J’ai lu que lorsque vous écriviez vos chansons, c’était en compagnie d’un oiseau…

(Il m’interrompt en riant) Oh oui, c’est vrai ! Il y avait ce p***** de geai bleu qui me cassait les oreilles. Où que j’aille il me poursuivait. Son jasement était terrible. Et quand j’ai commencé à travailler sur le son de mes chansons, il s’est arrêté. Je pense que ma voix était peut-être aussi laide pour lui que la sienne l’était pour moi.

Vous jouez aussi en solo (Whip). Comment déterminez-vous à qui, de Whip ou Timesbold, s’adresseront les chansons ?

En général, les chansons elles-mêmes savent où elles veulent aller. C’est un peu comme si elles avaient leurs propres jambes. Je ne prends pas vraiment cette décision, je pense que ce sont les chansons qui la prennent.

Timesbold a vécu plusieurs changements de line up. Quelles sont les qualités requises pour en faire partie ?

On a accueilli pas mal d’‘invités’, mais le noyau principal est plus ou moins resté le même. En ce qui concerne les changements, une multitude de paramètres peuvent entrer en ligne de compte. Exemple : certains laissent leurs vies de côté pendant un moment pour partir en tournée ou travailler en studio une dizaine de jours. Parfois ce sont juste les circonstances qui déterminent les décisions.

Quels artistes écoutiez-vous pendant que vous écriviez vos chansons ?

Des artistes comme le chanteur de blues Blind Willie Johnson. Je l’ai beaucoup écouté! Il y avait aussi le songwriter d’Omaha, Simon Joyner. Je venais juste de découvrir Billy Childish et Holly Golightly. Des Britanniques ! Il y en avait pas mal…

Quelle est votre chanson préférée sur le dernier album ?

Je ne pense pas qu’il en existe une précisément. Pour tout dire, je ne suis même pas certain de savoir quelles chansons figurent sur celui-ci. Je pense en cerner quelques-unes, mais je n’en ai pas une favorite. Je crois que je n’y pense pas. C’est une sorte de libération.

Ecoutez-vous parfois vos propres albums ?

Jamais. C’est d’ailleurs assez difficile de parler de cet album. Je n’écoute jamais mes chansons. C’est dur d’écouter tes propres compos. C’est comme prendre un verre d’eau, cracher dedans et le boire après. Certaines personnes peuvent y parvenir, moi pas.  

Je suppose et j’espère que vous n’avez pas la même impression sur scène…

Non, non ! J’aime me produire sur scène. J’y prends beaucoup de plaisir. Mais je n’écoute pas vraiment mes chansons, je les crée. C’est une situation différente. C’est plus intéressant. J’aime beaucoup jouer parce qu’on peut tout changer en ‘live’ : les arrangements, le tempo... On fait tout ce qu’on veut, on est libre à nouveau.

Vous abordez souvent des thèmes tels que la rédemption ou la mélancolie. Y en a-t-il d’autres que vous avez toujours voulu explorer sans jamais les avoir abordés ?

J’aimerais écrire plus de chansons drôles. Vraiment. Mes chansons préférées sont de tous les genres : chansons d’amour, chansons tristes, drôles, ridicules… chansons sur la nourriture … (rires) Je véhicule parfois cette image de misérable et de triste con ; mais elle ne reflète pas ma personnalité.  

Des textes tels que ceux de Leonard Cohen vous inspirent-ils parfois ?

Bien sûr ! Et il a écrit des chansons vraiment très drôles ! Tout le monde pense que c’est un gars triste ou mélancolique mais il a écrit des textes vraiment sympas. Oui, bien sûr, il est chouette !

Tes chansons véhiculent-elles des messages ?

Eh bien, je n’aime pas dire aux gens ce qu’ils doivent penser. J’aime qu’ils retirent ce qu’ils veulent de mes chansons. Je préfère quand ce ‘processus’ reste ouvert.

D’où votre inspiration provient-elle?

Du subconscient. Toujours. C’est toujours un vrai travail d’accomplir quelque chose de cohérent.

Selon vous, quel lien pourrait-il y avoir entre votre état d’esprit et vos chansons ?

Il existe certainement un lien, mais je n’essaie pas pour autant de rédiger une biographie ou des chansons typiques. Mais le lien est certainement présent, car mes chansons émanent d’un certain endroit inconscient. J’écoute souvent ce que les gens disent. Parfois, sans m’en rendre compte, je reproduis leurs propos. Mais il est évident que cette opération transite par le subconscient. Comme si c’était un job. Au quotidien. Je suis capable, pendant quatre heures, de me rendre dans un endroit spécifique, comme une bibliothèque. Je regarde les titres des livres, j’écoute ce qu’on raconte autour de moi. Et cette situation m’inspire. J’essaie de leur donner du sens. Et là, il y a un travail intérieur, qui rassemble le tout comme les pièces d’un puzzle. C’est comme du recyclage.

Tout le monde a ses dépendances. Quelles pourraient être les vôtres ?

Pour l’instant, je ne sais pas trop… La cigarette. I think I’m addicted to addictions’. Mais ces jours-ci, rien de trop dangereux.

Si vous pouviez choisir un artiste avec lequel vous pourriez travailler, qui choisiriez-vous?

Marcel Duchamp ! Définitivement. Une telle collaboration pourrait être drôle. C’est vraiment un grand farceur.

Selon vous, quelle pourrait être la différence entre le folk aux USA et le folk européen ?

Il y a probablement plus de points communs qu’il n’y a de différences. Le folk est en général écrit par les gens pauvres, peut-être pas toujours gâtés par la vie mais qui essayent de se sentir mieux en le transposant en chansons. Mais je parle ici de la vraie musique folk.

Vous avez déclaré un jour vous sentir particulièrement bien en Belgique.

(Montrant le cadre du Botanique, ensoleillé) Comment ne pourrais-je pas l’être ?

Qu’aimez-vous dans ce pays ?

Les endroits comme celui-ci. J’aime vraiment beaucoup Bruxelles. C’est une ville vivante peuplée de gens différents. J’aime la bière, qui est fantastique. J’aime que tous les endroits soient près les uns des autres et qu’il ne faille pas conduire plus de deux heures pour atteindre une destination. Oui, j’aime beaucoup la Belgique. J’y séjourne souvent, plusieurs fois par an pour mes tournées et parfois, lorsque j’ai un jour de repos, alors j’en profite pour visiter, regarder et écouter les gens.

Le public belge jouit, en général, d’une bonne réputation. Qu’en pensez-vous ?

Tout à fait ! Les gens sont très gentils à mon égard. Vous savez, la chose la plus chouette qui vous arrive, lorsque vous voyagez, alors que vous ne parlez pas le langage local, c’est de pouvoir entendre le bruit des conversations. C’est sympa de ne pas être capable de comprendre ce que les gens disent. Ca repose bien l’esprit.

Vous ne parlez pas un mot de français ?

Non. Je crois que je peux seulement dire ‘close your mouth’, mais je ne vais même pas essayer de le prononcer (rires).

Y a-t-il une question que vous aimeriez que l’on vous pose et que j’aurais oubliée ?

Non. Mes chansons comptent déjà un nombre important de mots et je n’aime pas en dire davantage. Pour être honnête, j’aimerais ne pas devoir répondre à toutes ces questions. Mais j’apprécie tout de même ces conversations, car elles font partie du métier. Certaines personnes, par contre, ne se limitent pas à mes chansons et cherchent à sonder ma vie privée. Ce que j’aime beaucoup moins.

J’espère que mes questions ne vous ont pas trop dérangé ?

Non, non ! Cette interview était plutôt sympa. Ne vous inquiétez pas. (Sourire)

C’est sur ces paroles que l’interview s’achève et je le remercie. Bien que souriant, il a toujours gardé cet air mystérieux. Apaisée et euphorique, je le quitte tout de même à regret. Néanmoins, en sachant qu’il accomplit une moyenne de deux tournées par an en Belgique, il y a de quoi se réjouir déjà d’une prochaine rencontre. A nos agendas, donc !

Merci à Geert

Photo : Julie Moors 

 


 

GusGus

Le rasoir ? Avec ou sans (sex-ap)peal ?

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Ils sont neuf, islandais, tirent leur nom d'un film de Fassbinder et viennent de signer, avec "This Is Normal", un second album technopop aussi efficace qu'un bon Underworld, l'humour nordique en plus... Ils sont impliqués dans des activités aussi différentes que la musique, la photo, l'épilation, le ciné, la mode et l'informatique. Gus Gus peut en outre s'enorgueillir d'avoir remixé Depeche Mode, Juan Atkins, Zazie et Noir Désir. Sans oublier Björk à qui, comme tout artiste islandais qui se respecte, chacun de ses membres voue un culte sans bornes... Y compris Siggi Kjartansson!

Existe-t-il une seule bonne raison de vivre à Reykjavik?

Non, il en existe plusieurs. On y trouve la sécurité, la joie de vivre et de très bons alcools. C'est une ville propre où il est très facile de se concentrer sur son travail. Il suffit de rouler dix minutes en voiture pour se retrouver au milieu de nulle part.

Quelque chose de gentil à dire à propos de Björk?

Björk est quelqu'un d'exceptionnel et d'extrême. Elle sait ce qu'elle veut et n'a pas peur de dire ce qu'elle pense sans tenir compte des normes.

Pourquoi avoir écrit une chanson à propos d'un rasoir pour femme?

Comme toutes nos chansons, "Ladyshave" nous a été inspirée par une expérience personnelle...

Tu as donc eu une expérience personnelle avec un rasoir pour femme?

Oui, j'ai toujours beaucoup aimé raser ma copine. Je me suis dit que ce serait un bon sujet de chanson. J'avais envie d'expliquer au monde combien ça peut être agréable et déstressant.

Le groupe de rock français que tu préfères...

Je n'en connais pas beaucoup...

Un belge alors?

Je me souviens d'un groupe qui s'appelait La Muerte. J'avais deux ou trois albums de ces types que j'aimais vraiment bien.

Gus Gus a pourtant remixé Noir Désir...

Je ne connaissais pas du tout Noir Désir avant de les remixer. J'aime bien Air aussi, mais ils ne sont pas très rock.

Vous avez déjà joué à Bruxelles?

Oui, une fois. Le Pautaniik... Excellent catering!

Qui refuserais-tu de remixer, même pour un tapis de billets verts?

Billy Joël. Enfin, n'écris pas ça! Je le remixerais peut-être, mais on m'a dit qu'il était raciste. Je n'ai pas envie de travailler avec de mauvaises personnes!

Le disque le plus nul de l'histoire de la musique?

Heu... En général, je ne me souviens pas des mauvais disques.

Tu seras où, le 31 décembre 1999?

A Tokyo, j'espère!

Tu as peur du bug de l'an 2000?

Un ami à moi m'a dit que je ne devais pas avoir peur. Donc je n'ai pas peur!

Et s'il fout en l'air toutes vos machines?

Ça tombe bien: Daniel et moi avons déjà parlé d'enregistrer un album acoustique.

L'an 2000, tu le vois comment?

Je ne sais pas. Tout dépendra de la manière dont 99 va se terminer.

Un journaliste du NME a écrit que Gus Gus avait découvert la house... La mauvaise house! Tu vas aller lui refaire le portrait?

Il y a des journalistes du NME qui aiment bien ce que nous faisons et qui n'ont pas hésité à l'écrire. Tout dépend des goûts musicaux de celui qui écoute nos disques.

Quelle est la chose la plus extraordinaire que Gus Gus ait faite en tant que groupe?

Organiser un concert dans un lieu touristique à Reykjavik et y amener 300 journalistes du monde entier. En plus, l'endroit n'était vraiment pas fait pour.

Qu'est-ce qui te plait le plus dans le fait d'être dans Gus Gus?

D'avoir la possibilité d'enregistrer une chanson comme "Ladyshave" avec une complète liberté artistique. Pour ses membres, Gus Gus est une plaine de jeux qui offre à chacun la possibilité de faire ce dont il rêve.

Tu crois?

Oui!

En quoi?

En l'amour!

Quelle personnalité voudrais-tu rencontrer?

Ma copine!

C'est pas déjà fait?

Si, mais j'ai envie de la rencontrer maintenant! Je crois que si on a très envie de rencontrer quelqu'un, on finit toujours par y arriver.

Interview parue dans le n° 72 (avril 99) du magazine Mofo

Dropkick Murphys

Quand la bière est tirée, il faut la boire…

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Depuis leur création en 1996, les Dropkick Murphys ont fait du chemin. Ces Bostoniens sont devenus un groupe incontournable de la scène punk et le nombre de leurs fans augmentent de jour en jour. Pour en avoir la preuve, il suffit de faire un détour par leur site internet. Vous y découvrirez ainsi des tas de personnes, issues du monde entier, qui se tatouent les emblèmes de leurs idoles sur le corps.

Ayant subi quelques modifications au sein de leur line up, les Dropkick sont aujourd’hui désormais sept pour imposer leur style punk folk. Et ils y parviennent d’une manière remarquable tout au long de leur dernier album, paru en 2007 : « The meanest of times ». Ils réussissent en effet une nouvelle fois, tels des alchimistes des temps modernes, à marier la musique celtique avec leurs propres sonorités punk.

A l’origine, prétexte pour se retrouver et vider quelques bières, cette formation est devenue un groupe de renommée internationale qui fait désormais partie du paysage musical américain. Ils ont d’ailleurs connu un moment de gloire, en figurant sur la bande originale du dernier film de Martin Scorcese, ‘The departed’, avec leur titre  « I’m shipping up to Boston ».

A l’occasion de leur tournée en Europe, les Dropkick Murphys sont passés par la Belgique pour accorder une représentation unique à l’Ancienne Belgique. C’était le 7 avril dernier. Nous les avons rencontrés deux heures avant leur concert. Nous interrompons Scruffy Wallace, joueur de flûte et de cornemuse, dans la mise à jour de sa page MySpace où il vante les mérites de notre pays. Il répond avec gentillesse et convivialité à nos questions autour d’une Budweiser.

Est-ce que la première fois que vous vous produisez en Belgique ?

Personnellement, c’est la sixième fois que je viens en Belgique. On a participé à de nombreux festivals, notamment celui de Werchter. Vos bières sont géniales... Un peu trop peut-être... La dernière fois que je suis passé par Bruxelles, j’ai terminé la soirée à 5h du matin, porte de Hal. J’avais un peu abusé de la Duvel... Sinon, le public est vraiment formidable, c’est justement ce que j’écrivais sur la page MySpace des Dropkick Murphys.

Vous avez participé à la bande originale du dernier long métrage de Martin Scorcese, ‘The Departed’. Comment une telle aventure a-t-elle pu vous arriver ? Avez-vous rencontré le réalisateur ?

On ne l’a malheureusement jamais rencontré. C’est le manager qui a tout organisé. Scorcese tournait un film sur la mafia de Boston et il recherchait un groupe local pour donner plus d’authenticité à son scénario. Il nous a choisis. C’était vraiment incroyable ! Ce film a fait un tabac au box office en plus ! Scorcese a récolté plein d’oscars pour ce film... D’ailleurs, après la cérémonie, il est allé voir les journalistes pour leur dire : ‘Je suis impardonnable, dans mes remerciements, j’ai oublié les Dropkick Murphys !’.

Le succès de ce film vous a ouvert les portes du grand public. Désormais, la ménagère de moins de 50 ans peut chanter ‘Fuck, I’m drunk’, dans sa cuisine ! Que pensez-vous de ce succès commercial ?

On a fait ce qu’on devait faire... La chanson « I’m shipping up to Boston » n’a pas été écrite pour le film mais pour notre album « The warriors code ». On a effectivement enregistré une hausse dans la vente de nos albums. Une chanson qui nous booste, c’est excellent. On n’a pas changé, on ne se prend pas la tête. On joue toujours la musique qu’on a envie de jouer....

Etes-vous êtes engagés politiquement ? Soutenez-vous un candidat particulier pour les élections présidentielles aux USA ?

On n’a rien à voir avec la politique. Ce n’est pas notre affaire. Les artistes derrière les candidats, ce sont des tocards. Ce n’est pas parce qu’on joue de la musique qu’on doit donner son avis...

Si tu devais t’exiler sur une île déserte, en ne disposant du droit de n’emporter qu’un seul disque. Lequel choisirais-tu ?  

(sans la moindre hésitation) : «  Reign in blood » du groupe Slayer.

Je suppose que la plupart de vos aficionados ultras sont issus de Boston. Mais vu vos influences celtiques, recueillez-vous autant de succès en Irlande et en Ecosse ?

On bénit tous ceux qui suivent le groupe. Ce public veut faire la fête et partager un bon moment en notre compagnie, en buvant de la bière notamment. On véhicule le même état d’esprit dans tous les pays que nous traversons.

Avez-vous déjà des projets pour un nouvel album ? Ou des idées pour de nouvelles chansons ?

On commence en effet à enregistrer certaines chansons. On réinvente. Mais c’est normal, c’est notre moyen de subsistance. C’est notre métier. On doit donc garder notre processus de création... et en particulier pour tous nos fans. 

Aimablement invité par Scruffy Wallace, nous avons donc assisté au concert dans une Ancienne Belgique pleine comme un œuf et dans une ambiance survoltée. Les slams se sont enchaînés toutes la soirée au son des nombreux succès des Dropkick Murphys qui ont l’art de satisfaire leurs fans. Ils y ont notamment interprété leur version de l’hymne écossais et la populaire ballade irlandaise « The wild rover ». Pendant 1h30 de concert, les Dropkick Murphys ont enchaîné les morceaux, ne s’accordant aucun répit pour souffler tout en mettant littéralement le feu au public. Ils inviteront même toutes les demoiselles à monter sur le podium pour participer à l’interprétation de leur morceau « Kiss me, I’m Shitfaced ». Après s’être fait désirer quelques minutes, au son des ‘Let’s go Murphys’ scandés par le public, ils sont revenus accorder en rappel leur fameux « I’m shipping up to Boston », avant que la foule n’envahisse la scène... Bref, un concert qui restera dans les mémoires pour tous les fans de ces drôles de Bostoniens... 

 

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