Biohazard respire la grande forme. ‘New World Disorder’, le dernier Cd studio en date, tend en tout cas à prouver que le groupe a clairement retrouvé toutes ses ‘ressources’. Pas mal pour un combo extrême annoncé plus d’une fois à la dérive...
« Je partage ton avis! Ce cd-là est vraiment une bombe », nous lance gaillardement Billy Graziadei (guitariste furieux de métier). « J’estime d'ailleurs qu'on n'avait jamais réussi aussi fort. ‘New World Disorder’ c'est vraiment Biohazard à son meilleur niveau. Cet album nous pose d'ailleurs un problème, car nous nous demandons franchement comment nous allons pouvoir faire mieux » (NDR : affirmation suivie d'un rire gras). Il est vrai que des titres tels que ‘Resist’ (rien à voir avec feu Sepultura), ‘Salvation’, ‘Skin’ ou ‘Dogs Of War’ constituent de véritables ‘missiles’ de hardcore métallisé et flambé de la plus virulente espèce. Pas de doute, Biohazard a repris le mors aux dents avec rage, après un ‘Mata Leao’ qui en a laissé pas mal sur leur faim.
Faire Big mais pas simple
« Nous avons abordé l'album avec l'envie de réaliser quelque chose de grand, mais aussi de simple », explique Billy. « En fait, nous tenions absolument à bénéficier du son le plus live, le plus net, le plus direct et le plus percutant possible. Nous avons donc tout simplifié au maximum. Peu de temps en studio, pas de fioritures, juste la hargne de nos compos et un son qui canonne un maximum. Biohazard, c'est ça. Notre meilleur visage, il est là. Nous n'avons besoin de rien d'autre. Notre énergie est notre meilleur message et notre meilleur moyen de communication. En concert, j'adore ressentir les vibrations qui animent le public lorsque nous passons la surmultipliée. C'est géant, c'est grandiose. C'est ce que nous avons voulu approcher sur disque, au maximum: le contact direct en moins, bien évidemment... Je conseille donc vraiment à ceux qui veulent ‘ronronner’ d'écouter autre chose !» Billy se marre, à nouveau, toujours délicatement. Ceci dit, son discours est sans doute adéquat. D'une part, il est vrai que Biohazard n’est jamais aussi percutant que lorsqu’il preste en toute simplicité mais fermeté. Et, d'autre part, la production de l'album, signée Ed Stasium, est adroite de discrétion et de justesse. Juste les paramètres essentiels, et on y va ‘à fond les manettes’. « Ed nous a bien compris, il a bien pigé qu'il devait juste bien nous ‘rendre’. Il avait affaire à des fauves et il devait juste capter leur énergie ». Pari tenu, sans aucun doute...
Du premier jet
Au niveau de ‘l'expression’, le groupe n'a pas fait dans la dentelle non plus, comme d'habitude: « Notre but n'a jamais été de révolutionner le monde, ni même de donner des leçons. Nous livrons nos sentiments, nos sensations, nos perceptions. A l'auditeur d'en faire ce qu'il veut. Nous nous sentons concernés par ce qui se passe autour de nous, comme tout un chacun je crois. Nous livrons donc nos états d'âme. A notre avis, nous vivons une époque très désordonnée, avec son lot imposant d'inepties. Il faut en parler, car les gens doivent être conscients. Or, on les incite à ronronner et s'isoler. On les pousse vers des cultures de masse et, dans le même temps, on perd le respect de l'individu. J'ai, pour ma part, vraiment horreur de ce système. Ce n'est pas normal. Nous en parlons, nous nous exprimons sur ces sujets. C'est important pour nous ». Côté textes, Biohazard travaille également dans la simplicité et la netteté. « Le premier jet est toujours le meilleur », prétend Billy. « C'est comme pour les lignes principales des compos en général. Pas besoin de tourner autour du pot, de faire et de refaire les prises ; le message principal est souvent livré en l’état, sans qu'on y repense et qu'on y repense, qu'on le retravaille dix fois. En fait, dans notre genre, nous sommes des humanistes », explique-t-il encore. « Nous sommes très concernés par ce qui touche à l'espèce humaine, aux individus en général. Nous n'avons aucun pouvoir à faire valoir, mais nous parlons de ce qui les concerne. En voyageant à travers le monde, nous avons découvert des situations dramatiques. A l’origine, nous ne connaissions que celles qui sévissent à Brooklyn! Aujourd'hui, notre vision des événements, sur cette planète, est bien plus large ».
Bye Bob!
Dans son fonctionnement, Biohazard est un groupe terriblement démocratique et il le revendique. « Nous travaillons vraiment très fort en commun », affirme le guitariste. « Nous ne pourrions pas œuvrer autrement. Le groupe rencontre richesse dans l'apport de chacun. Nous composons, nous développons nos chansons ensemble, chacun trouvant la place nécessaire à son expression dans le répertoire du groupe. Nous nous sentons vraiment à l'aise au sein de cette formation, surtout depuis le départ de Bobby (NDLR : Bobby Hambell, parti il y a trois ans) ». Tout baigne donc pour un Biohazard qui, plus que jamais, s'érige en véritable empereur de son registre. « Nous n'avons pas besoin de dominer qui que ce soit », clame pourtant Billy Graziadei. « Nous voulons juste être très forts pour notre public et lui apporter ce qu'il est en droit d’attendre de nous ». A l’écoute de ce nouvel album, il est servi. C'est une évidence!
Article paru dans le n° 78 de novembre 99 du magazine Mofo.