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J'ai été frappé par la force de la musique... Spécial

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Dernier ambassadeur du grand ordre des excentriques anglais (auquel appartiennent, en outre, Syd Barrett, Nick Drake et Kevin Ayers), Peter Hammill n'a toujours que très peu de notoriété publique. Pourtant, ce musicien complet, ce chanteur exceptionnel, ce poète compositeur prolifique occupe depuis plus de vingt ans une position clef dans le panthéon de l'histoire du rock. Pensez donc, des artistes comme Bowie, Johnny Rotten ou même Robert Smith se sont réclamés de lui. C'est vrai que Peter, aussi bien en compagnie du Vander Graaf Generator qu'en solitaire, n'a jamais rien fait comme les autres. Et c'est probablement parce qu'il n'a jamais voulu faire la moindre concession aux temps et aux modes, qu'il a obtenu ce statut de culte. En 1993, il nous propose même, tout au long de son dernier album "The Noise", sa version du noisy! Rencontre avec ce personnage fascinant pour un entretien très riche, très profond. Un entretien auquel l'artiste s'est plié avec beaucoup de gentillesse et de simplicité. Un entretien qu'il nous accordé en français. C'est si rare et épatant qu'il faut le souligner!

En intitulant ton album "The Noise", n'as-tu pas voulu donner une nouvelle version à la 'noisy'?

Le Vandergraaf Generator consommait déjà la 'noisy' voici plus de vingt années, mais en y injectant une force positive. "The Noise" produit un bon bruit, celui de la force fondamentale du rock. A 44 piges, je pense avoir conservé l'esprit et l'âme d'un gars de 20 ans. J'aime changer régulièrement de style, et aujourd'hui, je reviens à la 'noisy' pure et dure, comme je ne l'avais plus pratiquée depuis une décennie; et tu vas pouvoir t'en rendre compte lors du concert!

N'envisages-tu pas un jour de reconstituer le VDGG?

Non, c'est de l'histoire ancienne! J'ai définitivement tourné la page. Je déteste les réunions nostalgiques destinées à exploiter la gloire du passé. Ce qui ne nous empêche pas de nous rencontrer, et de rester tous très amis. Mais pour une reformation, c'est non!

Dave Jackson joue quand même sur ton disque!

Oui, mais plus sur scène. Il est venu nous voir jouer à Londres, mais la scène ne l'intéresse plus. Il travaille dans un complexe d'art à l'extérieur de Londres. Il se consacre à la rééducation des handicapés par la musique. Guy est impliqué, dans un projet pédagogique plus ou moins similaire, mais à Londres. Quant à Hugh, il est toujours passionné par les claviers... Sur scène, c'est autre chose. C'est une expérience chaque fois unique, comme chez ce groupe en compagnie duquel je compte encore collaborer pendant une bonne année.

Tu préfères jouer seul, flanqué d'un piano ou d'une guitare, ou encore soutenu par un backing band ?

Les deux formules sont aussi intéressantes, et je les apprécie tout autant. J'aime expérimenter toutes les facettes de l'interprétation. A l'instar de l'enregistrement ou du 'live'. En solo, l'expression repose sur la voix. Elle peut flotter sur la musique... Mais la force d'un groupe, et particulièrement celle de celui-ci dans sa capacité d'improvisation. Car aucune partition n'est écrite, et chacun peut épancher sa propre sensibilité. Mais ce n'est possible que si l'ensemble est véritablement soudé!

Est-il exact que tu prépares un spectacle à Lille, en compagnie d'un orchestre philharmonique?

Oui! Et j'espère qu'il pourra se concrétiser. Le projet n'est encore qu'à ses balbutiements. J'ai rencontré le chef d'orchestre. Nous en avons débattu dans les grandes lignes. Il pourra peut-être voir le jour l'an prochain. Mais je ne souhaite pas m'étendre davantage sur ce sujet, car tout est encore à faire...

Pourquoi es-tu devenu musicien et pas écrivain?

Parce que j'ai été frappé par la force de la musique! Ecrire un bouquin prend beaucoup de temps. Tu ne vois pas la réponse du lecteur. C'est ingrat! Dans la musique, la réaction est immédiate. En public, bien sûr, mais également lors d'un enregistrement, où tu parviens à te surprendre toi-même...

Qu'est ce que l''Amour' pour Peter Hammill?

Le moteur de la vie! Personnellement, je le partage avec ma famille, mon épouse, mes filles...

Est-ce que la mort constitue pour toi, la fin de l'existence ou le début d'une nouvelle vie? Crois-tu à la réincarnation?

Je suis agnostique (NDR: personne qui professe que ce qui n'est pas expérimental est inconnaissable et, notamment, n'a pas d'opinion sur la religion), pas athée. Je ne suis pas un philosophe, mais je crois à un temps liquide qui me permet d'observer ma propre vie. Dans le temps présent, elle va du point A, la naissance, vers le point B, la mort. Dans le temps liquide, les deux points sont déjà ensemble. La réincarnation ne concerne que le temps présent. Elle peut se produire dans un animal ou une autre personne, mais n'est pas systématique. Je ne crois pas non plus à la réincarnation par paliers qui permet de perdre ou de gagner une vie meilleure ou moins bonne... Toutes les vies présentes sont probablement des réincarnations...

Te considères-tu comme un artiste marginal ou intemporel?

Je n'ai jamais voulu composer une musique difficile, mais intelligente et personnalisée. D'autre part, j'ai toujours voulu explorer des styles différents. Et puis, j'accorde une énorme importance à la richesse de la musique et au message qu'elle doit véhiculer. C'est peut-être la raison pour laquelle elle semble parfois complexe. C'est vrai qu'aujourd'hui une telle attitude se fait de plus en plus rare. Trop d'artistes suivent des règles préétablies par l'industrie du business. En ce qui me concerne, j'ai toujours voulu demeurer imprévisible. C'est dans ma nature! C'est sans doute pourquoi je suis encore un peu marginal, un peu intemporel. Mais je ne suis pas responsable de cette situation; la faute incombe aux autres. Et je déclare ceci sans la moindre manifestation d'égoïsme!

Penses-tu que l'argent est la source principale de l'égoïsme?

Je ne le pense pas. L'argent est une manière de le démontrer. Tu peux t'isoler sur une île du Pacifique, en ne vivant que de noix de coco, et encore faire preuve d'égoïsme. L'égoïsme est un problème psychologique. Il n'est pas seulement dû au matérialisme, il illustre une extériorisation de l'individu.

Dans ton œuvre, les thèmes de la mer, de l'océan et de la solitude reviennent régulièrement à la surface. Constituent-ils les symptômes d'une angoisse ou la recherche de l'infini?

La mer, l'océan, représentent des symboles. Mais la solitude, l'identité, la spiritualité sont des sujets auxquels j'accorde beaucoup d'importance. Ces thèmes, je les ai développés différemment au cours de ma carrière. Il y a vingt ans, mon écriture était plutôt intolérante, égocentrique. Je jugeais tout en noir et blanc. Aujourd'hui, ma vision du monde est plutôt grise. Au lieu de m'étendre sur mes angoisses avec mélancolie, je pose des questions comme un auteur, comme un romancier, sans nécessairement y répondre. Il est d'ailleurs possible de traiter ces sujets sous d'autres formes d'art. Disons que je tente de soulever des interrogations qui peuvent intéresser tout le monde, et pas exclusivement ma propre personne.

Comme dans ta chanson "The Great European Store" où tu sembles très ironique au sujet de la construction de l'Europe?

Je crois à l'Europe, mais en même temps, j'estime qu'il est indispensable de préserver les identités des pays et des régions du Vieux Continent. Je ne veux pas de  cette Europe standardisée, peuplée des mêmes magasins, affichant les mêmes produits de consommation, de cette image de l'Europe planifiée. Ce qui ne veut pas dire que je partage le point de vue de certains Britanniques qui s'opposent à l'entrée de mon pays dans l'Europe. Tu pourrais, c'est vrai, interpréter la chanson ainsi. Je crois à l'Europe, et en même temps sa construction me fait un peu peur. Je voyage depuis plus de vingt ans, et j'ai constaté une métamorphose des villes. Lorsque je me réveille, le matin à l'hôtel, je ne sais plus exactement où je suis. L'environnement est identique; et ce n'est que lorsque tu manipules de l'argent que tu parviens à te localiser sur la carte. Pourtant, l'avenir appartient à l'Europe... Malgré les difficultés et les coûts inhérents au traité de Maastricht, l'Europe peut continuer sans l'Angleterre, mais l'Angleterre sans l'Europe?...

Tu as fondé ton propre label, "FIE Records". N'est-ce pas plus difficile de voir sa production distribuée par plusieurs relais indépendants (NDLR: Rough Trade en Belgique et New Rose en France), plutôt que par un major?

J'ai relevé de Virgin pendant de nombreuses années, puis j'ai fait un bref intermède chez Enigma (NDR: label californien distribué chez nous par EMI), et je me suis  rendu compte que nous n'étions pas sur la même longueur d'ondes pour le marketing. En fait la promo était insuffisante, si pas nulle. Aussi, comme j'avais acquis suffisamment d'expérience dans ce domaine, j'ai décidé de gérer mes propres affaires. De l'enregistrement à la promotion, en passant par la pochette... Bien sûr, c'est un peu plus de boulot, mais je pense ne pas trop mal me débrouiller. Et puis, si ce n'est pas parfait, ce sera toujours mieux qu'une grosse maison de disques qui ne fait rien pour vendre mes albums. Enfin, le label est un peu un pari sur l'avenir. C'est un choix adulte, et j'en tire une certaine satisfaction personnelle.

Quel sentiment éprouves-tu vis à vis de 'Virgin' aujourd'hui?

J'entretiens de bonnes relations avec 'Virgin', car il gère les droits de tous les disques de 'Charisma'. Il a reproduit mon catalogue et celui du Vandergraaf sur CD, avec beaucoup de bonheur. Conclusion, je perçois des royalties de 'Virgin'. Pas des sommes folles, mais une sorte de petite rente (rires). Et ce n'est pas négligeable! Je ne me suis pas disputé avec eux, mais je dois reconnaître qu'aujourd'hui, ce label est devenu un grand complexe industriel, une part de marché d'EMI, chez qui la rentabilité prend le pas sur la créativité...

A propos de 'Charisma', que sont devenus Alan Hull et Rod Clements de Lindisfarne. Les musiciens d'Audience et de Capability Brown?

J'ai rencontré le guitariste d'Audience aux Etats-Unis, voici dix ans. Lindisfarne donne encore des concerts, mais seulement à Newcastle. Capability Brown? Je ne sais pas! Mais je dois avouer que je fréquente très peu le monde des musiciens. J'habite à Bath, pas à Londres, et la plupart de mes amis ne sont pas musiciens. A l'exception de ceux avec qui je travaille. Mais la vie fermée de ce monde où l'on ne parle que de musique, de tournées, etc. ne m'intéresse pas du tout!

Peter Gabriel est toujours ton ami?

Oui, mais nous nous rencontrons très peu. En fait, nous sommes issus du même mouvement progressif, reconnaissons des influences similaires, et vivons à Bath. Nos succès sont différents. Nous ne nous voyons qu'une ou deux fois par an. J'ai chanté sur "Us", son dernier album. Nous sommes amis, mais pas trop proches...

Version originale de l'interview parue dans le n° 14 (juin 1993) du magazine MOFO

 

 

 

 

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