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Le langage de la guitare... Spécial

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Avant d'embrasser une carrière musicale, Steve Wynn était correspondant de presse. Pour un journal extrêmement populaire à Los Angeles. Ses articles, il les consacrait à la rubrique sportive ; et en particulier au base-ball, discipline qu'il affectionne d'ailleurs toujours autant, aujourd'hui. Depuis sa tendre enfance, il joue bien de la guitare, seul ou en compagnie de quelques potes. Mais sans grande ambition. Un hobbie qui deviendra, pourtant, une véritable passion. En 1980, après avoir écouté les Pistols et le Clash, il décide de passer à l'action. Et fonde les Suspects, en compagnie de Gavin Blair, Russ Tolman et Kendra Smith. Faut dire, qu'à cette époque, la scène alternative de Los Angeles est en pleine ébullition. Les groupes poussent comme des champignons. Tournent dans les mêmes salles. Les musiciens se rencontrent, apprennent à se connaître, à s'apprécier même. Puis se découvrent une passion commune pour tout ce qui touche au psychédélisme par la guitare. Et en particulier pour des groupes comme le Velvet Underground, Television et Quicksilver. Cette scène, au sein de laquelle on retrouvera True West, les Plimsouls, Rain Parade, Green On Red, Naked Prey et consorts prendra pour nom, le " Paisley underground ". Une scène que Steve espère voir un jour entrer dans l'histoire du rock'n roll.

" Ce serait génial que mes amis et moi-même puissent être reconnus comme une source d'inspiration, de voir les kids pouvoir parler de nous, dans 20, 30 ou 40 ans. C'est important de ne pas être oubliés ! "  Quant à la guitare, c'est encore et toujours pour lui, un manifeste. " La guitare est essentielle ! Parmi tous les instruments, elle demeure à mes yeux, la plus expressive. Deux personnes peuvent jouer exactement les mêmes notes, sur une même guitare, sur un même ampli, dans un même endroit. Et malgré tout obtenir un son différent. La guitare est un langage personnel. Et j'aime ce langage. C'est donc pour moi le meilleur outil pour créer de la musique. Cependant, ce n'est pas parce que la guitare est associée au rock'n roll que je la trouve supérieure, mais parce qu'elle est unique ".

En 1981, il rejoint Sid Griffin au sein des Long Ryders. Mais les deux personnages ont des goûts trop différents ; et Steve éprouve à nouveau le besoin de changer d'air, en fondant le Dream Syndicate avec son ex bassiste Kendra Smith, Karl Precoda et Dennis Duck. Une aventure jalonnée de neuf albums, qui durera jusque 1989, même si Kendra et Karl seront remplacés, respectivement par Mark Walton et Paul B Cutler (devenu depuis un célèbre producteur). En fait, Steve incarne le lien fédérateur entre la plupart des musiciens qui ont sévi sur cette scène. Il a d'ailleurs joué avec pratiquement toutes les personnes qui l'ont fréquentée. Et est même souvent parvenu à concrétiser ces collaborations à travers l'une ou l'autre chanson, voire l'un ou l'autre disque. En 1985, il enregistre ainsi, un album de country rock avec l'imbuvable, quoique talentueux, Dan Stuart, sous le patronyme ‘Danny & Dusty’, expérience qu'il ne compte cependant plus reconduire, puisque Dan est parti, en quelque sorte, en préretraite ( !?!?). " Nous avons travaillé ensemble pendant près de 15 ans. Et nous avons toujours eu d'excellents contacts. Il a un humour génial (NDR : ah bon !) ; mais c'est vrai que les tournées le rendaient de mauvaise humeur (NDR : et le mot est faible !). Il a toujours préféré le studio. Il y est actuellement pour enregistrer ; et je suis certain que son album sera excellent. Parce que Dan dégage un feeling unique, donne tout ce qu'il a dans le ventre lorsqu'il s'investit. Un peu comme Neil Young !… " Neil Young est d'ailleurs un des artistes auquel la presse fait le plus souvent référence, lorsqu'elle parle de Steve. Il considère pourtant cette comparaison comme un compliment. « J'ai toujours admiré Neil Young, Bob Dylan et Lou Reed. Ce sont mes héros. Pourtant, je ne souhaite pas les rencontrer à tout prix. Je veux qu'ils demeurent mes héros. Un point c'est tout ! »

Après avoir milité en faveur du syndicat du rêve pendant presque une décennie, Steve décide de continuer son aventure sous son propre nom. Ce qui va lui permettre de multiplier les rencontres avec d'autres musiciens. Et puis de se remettre en question, un peu comme si chacun de ses disques était une réaction par rapport à l'album précédent. " Je suis facilement influencé par les événements qui gravitent autour de moi. Et cette situation se ressent sur chaque album. Chacun d'entre eux est un peu la photo d'un épisode de ma vie ".

Dès la sortie de son premier elpee solo, il se distingue par la qualité du choix de ses invités. Johnnette Napolitano (Concrete Blonde) pour ‘Kerosene Man’ (1990) et ‘Dazzling display’ (1992), opus sur lequel on retrouve également Peter Buck (REM), Joey Westley Harding et Russ Tolman, qu'il avait côtoyé au sein de True West. " Lorsque je lui téléphone, ce n'est plus pour lui demander de jouer avec moi, mais pour lui réclamer mes royalties, parce qu'aujourd'hui, il travaille pour une firme de disques ".

En 1996, il engage la formation bostonienne de Thalia Zedek et de Chris Brokaw, Come, pour assurer le backing group et enregistrer ‘Melting in the dark’. " Ce que nous avons fait était génial, et j'ai beaucoup apprécié les moments où nous avons joué ensemble. Mais je serais incapable de travailler full time avec eux, parce qu'il serait trop difficile de trouver un terrain d'entente. Nous vivons dans des mondes différents ". On le retrouve en 1992, pour un duo composé avec l'ex Long Ryders Steven Mc Carthy au sein de Gutterball, pour l'album ‘A down to earth – Supergroup’. Une expérience qu'il pense renouveler, même si ce n'est pas pour tout de suite. Et il serait injuste de ne pas mentionner les multiples collaborations qu'il a menées avec deux de ses meilleurs potes. Chris Cacavas, tout d'abord. Qu'il retrouve régulièrement en studio. Et Howe Gelb. Dont il a quelque peu perdu la trace. " J'admire ce qu'il fait. Tant en solo, avec Giant Sand qu'au sein OP8. Parce que nous parlons le même langage musical"

Steve Wynn enregistre à une cadence infernale. Mais au cours des dernières années, ses disques sont souvent sortis en édition limitée. " J'ai observé la marge de progression d'un groupe. Si tu souhaites vendre un album au grand public, tu dois attendre deux ou trois ans avant de pouvoir le sortir. Dans ces conditions, il est impossible de voir l'évolution du groupe. Parce qu'il y a une fracture entre chaque disque. Et c'est ce que je veux éviter, en enregistrant le plus d'albums possible, mais en édition limitée. D'ailleurs, je pense que les fans apprécient particulièrement cette démarche. " Et c'est encore le cas pour ‘My midnight’, paru en mars dernier, dont la sortie était limitée à 6000 exemplaires. Depuis novembre, Steve est rentré chez lui. Plus à Los Angeles, mais à New York, où il s'est installé. Il compte prendre un peu de repos, et puis se remettre au travail, pour sortir, dès cet été, un nouvel album….

Version originale de l'interview parue dans le n° 81 (mars 2000) du magazine MOFO

 

 

 

 

 

 

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