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La dream machine... Spécial

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Le premier album de Girls In Hawaii vient donc de sortir. Le 31 octobre très exactement. Un disque très attendu pour ce sextuor dont les prestations scéniques et le premier Ep (" Found in the ground - The winter ") avaient fait l'unanimité dans l'éloge. Avant de se produire en première partie de Venus, à la Maison de la Culture de Tournai, ce 28 octobre dernier, Antoine et Lio nous ont accordé cette interview. Pour celles et ceux qui l'ignoreraient encore, ce sont les membres fondateurs, mais aussi les compositeurs du groupe Un entretien fort sympathique qui devrait vous permettre de beaucoup mieux cerner leur univers sonore…

Pour le groupe, le collectif jaune orange leur a servi de tremplin. Le premier déclic qui leur a permis de prendre confiance. " Nous nous produisions pour la première fois dans le cadre d'un festival organisé à Bruxelles. Et plusieurs personnes de ce collectif étaient présentes. A l'issue du set, elles sont venues nous féliciter. Nous dire qu'elles avaient beaucoup apprécié notre prestation. L'énergie qui s'en dégageait. Personnellement, j'estime que nous n'avions pas été très transcendants. Mais ces encouragements nous ont fait chaud au cœur. Pour nous, ce collectif nous a apporté le premier contact, les premiers compliments ; et les premières propositions de concerts viennent de chez eux. Nous avons toujours été invités à toutes leurs fêtes et on a conservé d'excellents contacts avec eux. Leur mission est à la fois insensée, hors de l'ordinaire et pas du tout évidente à mettre en œuvre. Ils parviennent à toucher un large public avec très peu de moyens. Parce que ce collectif, c'est quelque chose de vraiment très très petit…"

Le deuxième coup de pouce leur est venu d'un concours organisé par Studio Brussel : le 'Démopoll'. Une drôle d'aventure, puisqu'elle leur a permis de se produire à l'AB Club. Mais les organisateurs se sont rendu compte que les musiciens étaient wallons. Résultat des courses, lors de leur set, aucun représentant de cette radio n'était présent. " Pourtant on entretient de bons contacts avec la Flandre. Mais pour y jouer ce n'est pas évident. Parce qu'il existe énormément de groupes, de salles pour y jouer. C'est un peu comme en Angleterre. Enfin, pas tout à fait, mais presque. Et la réaction d'un Flamand est instantanée. Ou il aime ou il n'aime pas. Et s'il n'aime pas, il décroche. Chez eux, c'est 'musique, musique, musique'. Ils peuvent assister à des concerts tous les jours. Des tonnes de groupes s'y produisent. Aussi bien le week-end qu'en semaine. Et y faire sa place, ce n'est pas évident… " Enfin le troisième soutien leur est venu de Magic et des 'Inrockuptibles'. Ce qui leur a probablement permis de se produire au 'Glaz'art à Paris et dans le Nord de la France. A Tourcoing notamment. Antoine tempère : " Les Inrocks ? Nous leur avions transmis une démo de deux ou trois titres, dans le cadre d'un autre concours. Via le net. La critique n'était pas très pointue, mais très favorable, je le reconnais. Mais maintenant on va avoir droit à un examen de passage. Ou l'album est encensé ou il se fait démolir ! "

L'occasion était donc belle de parler de ce premier album. Et en particulier du climat qui a entouré son enregistrement. " Il n'a pas été facile à réaliser. Parce qu'au départ, nous avions amené des démos. Et qu'il a parfois fallu recommencer 3 fois la prise avant de parvenir à restituer la bonne ". Pas de producteur. Une auto production ! Pas pour des raisons financières, mais simplement parce que le groupe craignait de faire un mauvais choix. De ne pas trouver celui qui aurait collé à leur feeling.

" Nous n'avons pas la chance de connaître 10.000 personnes impliquées dans la musique, en Belgique. Bien sûr, nous aurions pu nous renseigner pour engager un pro. Cependant, nous ne voulions pas de formatage : des prises studios réalisées en une semaine ; très, trop rapidement. Nous préférions se prendre la tête. Bosser. Passer un an et demi à se disputer, à se mordre, à se tirer les cheveux en travaillant dans notre 'home studio'. Mais au moins nous avions l'assurance d'être maître du jeu. A l'avenir, il n'est pas exclu que nous fassions appel à un producteur. Mais pour cet opus, ce n'était pas prévu. Nous voulions conserver l'aspect spontané, naturel de notre musique. Une certaine fraîcheur. Nous disposions ainsi d'un éventail de compos assez large. Mais pour ces raisons, nous avons délibérément écarté certaines chansons. A l'avenir, soit elles figureront sur la flip side d'un single, soit elles finiront à tout jamais dans la poubelle ". Maintenant qu'il est officiellement paru, quelles sont les premières impressions du groupe à son sujet ? " Nous attendons le feedback des médias, les chroniques de cet album. Et jusqu'à présent la critique a été plus que favorable. Bien sûr, l'album alterne le bon et le moins bon (NDR : modeste !) Mais intrinsèquement, nous sommes fiers du résultat. Et puis nous l'assumons complètement… "

Pour composer leurs chansons Antoine et Lio se servent d'une 'dream machine'. Mais qu'est ce que c'est que cette 'dream machine' ? " Un truc super ! Digital. Qui te permet de stocker des informations sur un disque dur. Elle fixe les idées. On en a toujours une à notre disposition. " A l'origine limitée à huit pistes, elles est depuis passée de 16 à 24 pistes. Mais qu'est ce qui a poussé ce duo à s'intéresser à la musique ? Pas les disques de leurs parents, en tout cas. Lio était surtout fasciné par ses cousins, lorsqu'ils jouaient de la guitare. " Des Italiens ! Ils m'ont appris à en jouer. Et mon apprentissage a été très rapide ". Le père d'Antoine était guitariste. Il a même sévi au sein d'un groupe, il y a quelques années. " Mais comme à la maison, il y avait toujours une guitare, j'ai été naturellement attiré vers la musique. " En parcourant les quelques articles consacrés au groupe, les noms de Blonde Redhead et de Papas Fritas reviennent régulièrement à la surface. Alors, Girls In Hawaii serait-il le chaînon manquant entre ces deux formations ? (Antoine exhibe le badge de Papas Fritas épinglé sur son pull) " Blonde Redhead surtout ! Lors de l'enregistrement de l'album nous écoutions souvent le 'Way You Walk' des Fritas, mais nous ne sommes pas vraiment accros à leur musique. En fait, ce sont des groupes qu'on aime bien, parce que leur démarche est très intègre. Ils concoctent leurs disques dans leur coin, sans se mettre de grosse pression… "

Le choix du patronyme Girls in Hawaii soulève inévitablement quelques légitimes interrogations. D'autant plus que lors de leur set accordé au festival de Dour, en août dernier, le public comptait quelques jeunes et jolies filles très fleuries. Serait-ce leur fan club ? " Absolument pas. De temps à autre, il arrive de retrouver ces filles qui portent ces colliers de fleurs. Mais tant que l'initiative n'est qu'épisodique, je trouve qu'elle est chouette. Par contre, j'apprécierais moins si nous devions nous produire constamment devant un public qui se couvre de fleurs et les lancent en l'air en jouant, pourquoi pas, du ukulélé. Parce que notre musique n'a strictement rien à voir avec les traditions hawaïennes. C'est simplement un bête nom qu'on a choisi pour le fun. Notre idée était qu'en vivant en Belgique, à Bruxelles, sous la pluie, il était possible de rêver un peu… "

 

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