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La fureur du dragon Spécial

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On les croyait voués à battre le fer kitsch rock de la tribu Tricatel, les voilà devenus un vrai groupe, avec une chanteuse, Natasha, et un album, " Spanked ". AS Dragon pourrait même être la meilleure chose qui soit arrivée au rock français depuis bien longtemps. Nous les avons rencontrés en plein milieu d'une tournée qui confirme, après celles des plages, de Burgalat et de Chamfort, leur excellence scénique. Où tout fût question d'attitude, de confiance et de persévérance.

Racontez-nous la genèse de cet album.

Hervé Bouétard (batterie) : On a rencontré Natasha en janvier 2002. Peu de temps après, on s'est mis à composer, en essayant les nouveaux morceaux en concert avec Bertrand Burgalat… Ca nous a permis de les roder, puis après on les a terminés à l'arrache au studio. Ca s'est fait très rapidement : cet album, c'est un peu une photographie de ce qu'on incarnait il y a un an. Certaines sont issues de jams, d'autres ont été apportées individuellement puis arrangées par le groupe ou bien composées ensemble… En fait notre méthode de travail est multiple. On essaie toutes les pistes possibles. C'est un vrai travail de coopération : il n'y a pas de leader. On est tous à même de composer, même si on n'est pas des foudres de guerre ! Mais il n'y a pas de dictature.

Avant l'arrivée de Natasha, on avait l'impression que vous étiez un peu le " groupe de studio " de Tricatel, le backing band de Burgalat ou de Houellebecq…

Michael Garçon (claviers) : On était un peu plus que ça, en fait. On ne se contentait pas de jouer ce qu'on nous demandait de jouer. On apportait déjà notre touche. C'est vrai que le groupe s'est soudé très rapidement autour de Michel Houellebecq… Mais si on fonctionnait bien en faisant notre travail de backing band, il nous arrivait aussi de travailler comme arrangeurs. A cette époque on commençait déjà à composer des petits trucs… On savait déjà qu'on pouvait composer, arranger. Donc le tournant s'est fait très facilement.

Hervé : On savait qu'on allait finir par devenir un groupe à part entière, avec nos compos, et puis on a rencontré Natasha, et là tout s'est accéléré. Le fait de trouver quelqu'un pour chanter nous a permis de canaliser nos compos… C'est à partir de là qu'on est devenu un vrai groupe.

Dans quelles circonstances vous êtes-vous tous rencontrés ?

Michael : Bertrand Burgalat cherchait un groupe pour accompagner Michel Houellebecq. En fait, au départ il voulait un groupe qui existait déjà, des gens qui se connaissaient entre eux. Il a d'abord demandé à Eiffel de participer au disque, mais vu qu'ils avaient une carrière à gérer, ils n'ont pas suivi… Comme la tournée de Houellebecq se préparait, Bertrand a donc dû lui-même monter un groupe. Il a récupéré Hervé et Stéphane (Salvi, guitares) du groupe Montecarl, moi qui venais de la musique électronique avec Kojak, et Fred Jimenez à la basse, qui avait proposé ses maquettes à Tricatel et dont le jeu lui a tout de suite plu. Il y avait aussi Peter Von Poehl qui travaillait beaucoup en compagnie de Bertrand, qui était un peu son bras droit. Puis Peter est parti au moment où Natasha est arrivée, et Fred en septembre 2002. C'est David Forgione qui le remplace.

Et Natasha ?

David Forgione : C'est Michael, qui sort beaucoup, qui l'a rencontrée. Et quand AS Dragon s'est mis en quête d'une chanteuse, il nous l'a présentée, et ça l'a fait tout de suite.

Michael : Elle ne connaissait ni Tricatel ni AS Dragon. Elle a écouté, et par politesse je pense, a dit qu'elle trouvait ça bien. Le lundi d'après, je l'ai appelé et dans la semaine on faisait déjà une télé et un concert.

Hervé : Depuis le début de cette aventure on a eu beaucoup de chance. Ca a fonctionné tout de suite.

A ce moment aviez-vous déjà des compositions toutes prêtes ?

Hervé : En fait on a quasiment tout repris à zéro, parce qu'on est parti du principe qu'avec Natasha il fallait une refonte : pas qu'elle colle à notre truc, mais qu'on fasse tout vraiment ensemble. Il a fallu qu'elle écrive plein de textes. Du gros boulot ! Mais on aime bien travailler dans l'urgence, saisir l'instant. On n'a fait aucune maquette, aucune pré-production : on a enregistré directement plutôt que de remachouiller des morceaux pendant des mois. C'est un peu la façon de Tricatel de bosser, et on s'y est fait. C'est assez créatif et surprenant.

Mais ne craignez-vous pas en même temps d'être vite catalogués " Tricatel " ?

Hervé : Ouais… Mais on a l'impression que depuis qu'on est là, son image a un peu changé : pour beaucoup c'était un label élitiste, parisien, easy listening,… Je pense que nous lui avons insufflé - mais sans prétention ! - un truc nouveau, un peu plus rock, un peu plus urbain, un peu plus spontané. On n'est pas du tout second degré, kitsch… Même si je pense que Tricatel ne l'a jamais vraiment été ! Puis on préfère être sur un label indépendant que sur une major : il n'y a pas de sous, mais il y a plein d'autres avantages.

En live, votre structure rythmique est impressionnante. Vous êtes, techniquement, le groupe français le plus imposant sur scène… Sans pour autant être labellisés " Made in France ". Comment vous positionnez-vous dans le paysage rock français ?

Natasha : On écoute plus de musique anglo-saxonne que française.

Hervé : On n'est pas du tout influencé par la scène française, même s'il y a des groupes en France qu'on apprécie beaucoup, mais…

Natasha (l'interrompant) : Si, on aime tous Gainsbourg, mais on essaie d'éviter de le dire parce que c'est tellement évident… A part ça, c'est vrai que le rock français, ce n'est pas vraiment notre source d'inspiration.

Hervé : Les seuls groupes intéressants en France, ils ne vendent aucun disque, et on ne parle jamais d'eux. Nous on aime bien les Married Monk, ce genre… Mais on n'est pas très " chanson française ".

Vous estimez ne pas être influencés par la chanson française, mais en même temps certains de vos titres sont chantés en français. Qu'est-ce qui vous attire dans la langue française ?

Natasha : Les quotas ! (rires) Plus sérieusement, si le morceau peut fonctionner en français, c'est un plus parce que c'est notre langue. On s'exprime forcément plus directement en français, même si musicalement c'est plus facile en anglais… Mais il ne faut se priver ni de l'un ni de l'autre, même s'il est difficile de faire sonner un texte en français, surtout en rock, sans tomber dans un truc grossier. C'est compliqué parce qu'on ne peut pas se permettre d'être aussi simpliste en français qu'en anglais… Mais si ça passe bien, c'est finalement plus révélateur du groupe que ce qu'on fait en anglais.

En cas de problème, il y a toujours Baudelaire (le morceau " Un Hémisphère dans une Chevelure ") !

Natasha : La poésie du XIXe et le rock actuel, pourquoi pas ? Si ça peut fonctionner, tant mieux !

Et les poètes maudits sont assez proches des rockeurs d'aujourd'hui...

Natasha : Mais carrément !

Hervé : Ce sont toujours des gens qui ont du mal à supporter leur époque. A travers le temps on se retrouve… C'est le point commun.

C'est vrai que vous sonnez très rock'n'roll… Très soul aussi.

Hervé : Ben c'est notre tronc commun à tous : la soul, la musique black des sixties et des seventies,… Mais on aime bien aussi la new wave, le punk rock, la musique jamaïcaine, enfin de tout, quoi.

D'où les reprises de " Tears of a Clown " avec Burgalat, et ici, de Betty Davis ?

Natasha : On y est venu très vite parce qu'on s'est retrouvé sur scène 4 jours après notre rencontre, donc forcément… Betty Davis, c'est une espèce de challenge : avant d'arriver dans le groupe, je n'avais jamais vraiment chanté.

Sans blague ! ?

Hervé : On a vu directement qu'elle avait du potentiel… Mais depuis elle a beaucoup travaillé !

Natasha : Ce que j'ai amené surtout, c'est la fraîcheur, parce que je n'avais aucune expérience, et en même temps je suis assez spontanée, je me jette pas mal à l'eau. C'est ça qui a plu, au groupe et au public. C'est ça, en fin de compte, la définition du rock : le fait de se mettre en danger.

 

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